Patrick Guyomard, vous êtes psychanalyste, de formation philosophique, élève de l’École normale supérieure. Vous êtes professeur à l’Université Paris Cité, président de la Société de psychanalyse freudienne (SPF) et responsable des éditions Campagne Première. Peut-être puis-je commencer par vous demander comment s’est faite, dans votre parcours, la rencontre avec la psychanalyse ?Patrick Guyomard : J’ai fait des études de philosophie. Je suis rentré à l’École normale supérieure, ce qui était une voie, sinon royale, du moins un peu tracée, mais je n’ai jamais voulu enseigner la philosophie. J’ai tiré de la philosophie un intérêt pour la pensée et les textes, pour la conceptualisation, mais j’appartiens à une génération qui a été très critique à l’égard d’une certaine philosophie classique, académique, universitaire, qui nous apparaissait collectivement à l’époque, soit idéaliste, soit complètement en dehors de la vie, c’est-à-dire ne prenant d’aucune façon en considération les différents déterminismes sociaux, politiques de la vie humaine, que ce soit ceux apportés par Marx, par Nietzsche, par Freud, etc. Donc, c’est ça que j’ai rencontré à l’École normale, où enseignaient à l’époque Althusser, Derrida. Lacan faisait un séminaire. Canguilhem était très présent également.
Très vite, ma génération – ça n’a pas duré longtemps dans les générations de normaliens – a voulu avoir une pratique. Certains de mes camarades ont voulu avoir une pratique politique, ne pas simplement militer, mais s’établir…
Mise en ligne 30/07/2024