En ce qui concerne la créativité, Winnicott ne se reconnaît ni dans les travaux de Freud sur Léonard de Vinci, qui démontent le « pourquoi » pulsionnel de l’acte créateur, ni dans ceux de Melanie Klein et son introduction de la notion de réparation, même s’il reconnaît l’importance centrale du sentiment de culpabilité personnelle. Pour lui, seule une vie créative, en communication avec le vrai self donne le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue.Elle est liée au développement du moi, n’est pas « fondamentalement liée aux conflits des instincts, et conduit à la santé » dans un mouvement de vie et d’authenticité. Nous verrons qu’elle concerne tout individu sain et non uniquement les artistes créateurs. Elle convoque l’illusion, et est en jeu dans l’aire transitionnelle, qui se déploie entre elle et la réalité extérieure.« Il faut dire que le bébé a créé le sein, mais cela n’aurait pas été possible si la mère n’était pas venue donner le sein au bon moment. On communique au bébé : “Viens vers le monde avec créativité, crée le monde ; ce n’est que ce que tu crées qui a un sens pour toi”. Puis vient : “Le monde est sous ton contrôle”. À partir de cette première expérience d’omnipotence le bébé est capable de commencer à faire l’expérience de la frustration, de parvenir même un jour à un point opposé à l’omnipotence et d’avoir le sentiment de n’être qu’une petite poussière dans l’univers ; dans un univers qui existait déjà avant que le bébé ne soit conçu, et conçu par deux parents qui prenaient du plaisir l’un avec l’autre…
Date de mise en ligne : 10/04/2024.