Tenter une approche de Bion par son concept de « rêverie », souvent appréhendé en lieu commun de la psychanalyse, suppose, pour recouvrer sa fraîcheur autant que sa profondeur, l’éclairage apporté par deux notions : celle de contenant maternel, dont la réceptivité accueille les identifications projectives de l’infans ou du patient, et en assume la transformation, et celle d’une fonction onirique, dont la rêverie constitue l’origine avant son déploiement dans le « rêver ». La prescription « Sans mémoire, sans désir, sans compréhension » [Bion, 2013 ; Ithier, 2023] a pour fonction de donner aux interventions de l’analyste une qualité affective apportant à son rêver une ascèse émotionnelle dans laquelle le déploiement du sentiment d’être à l’« unisson », at-one-ment, comme disait Bion – ou tout simplement : sur la même longueur d’onde que le patient –, nous rapproche de « O », lieu de la Vérité ultime, inconnu et inconnaissable. L’exemple clinique donné plus bas viendra clarifier cette assertion.La révolution bionienne, qui renversa la méthodologie transfert/contre-transfert avec l’introduction de la double notion de contenant-contenu et de rêverie, a également introduit le trauma issu des défaillances du contenant dans la situation du couple originaire et primaire, et partant, du couple analyste/analysant.
En effet, étant donné que la communication s’effectue, pour l’enfant, par des canaux constitutifs des liens Amour, Haine et Connaissance (A, H, C), l’impact des qualités psychiques – riches ou pauvres – de la mère est considérable, et peut instaurer au moins deux situations problématiques…
Mise en ligne 16/02/2024