Un jeune homme, « un enfant du siècle », souffre d’un siècle qui ne tient nulle promesse autant que d’une amante qui les rompt toutes. Alfred de Musset s’écrie : « Notre siècle n’a point de formes ».
La forme, une forme, n’est-ce pas ce que cherche, désespérément et douloureusement, l’angoisse ? Une forme pour que le danger – moteur de l’angoisse – soit connu, repéré, identifié. Une forme pour se réorganiser grâce à la lutte contre un danger réifié. Une forme… quitte à se tromper et à investir un prêt-à-porter proposé par le socius en lieu et place d’un retour sur soi d’où la détresse pourrait sourdre.
Sans prétendre à l’exhaustivité, ce dossier souhaite examiner les expressions que peut prendre l’angoisse, cet « état d’affect » quasi-consubstantiel de l’âme humaine, dans leur interdépendance avec les transformations de la société et de sa conscience. Il repose sur un double questionnement : le premier, contenu dans son titre même, vise à examiner les variations autant que les permanences des formes de l’angoisse au fil des générations. Certains sociologues affirment que « la société est en nous », mais qu’en est-il dans la clinique ? Que nous indique notre écoute analytique quotidienne ? Les formations de l’inconscient sont-elles poreuses au socius ? À cette question, les articles apportent une réponse nuancée. Certaines manifestations de l’angoisse, notamment chez l’enfant, restent stables, alors qu’elles se modifient de façons bruyantes chez l’adolescent et le jeune adulte…