Un psychiatre est-il en droit de mener une réflexion psychopathologique sans soigner directement un patient ? C’est, convenons-en, périlleux. Néanmoins, face à certains faits émergents, il semble difficile de maintenir une position d’attente, flegmatique, stoïque et silencieuse. Réfléchir et suggérer des « voies évolutives alternatives », c’est donc ce qui sera tenté, à propos des processus dits transidentitaires chez les enfants et les adolescents, dont le nombre irait croissant en France. Toute discussion de ce point de vue sera bienvenue.
La psychopathologie, cœur de notre métier, constitue notre sphère de légitimité. Elle instruit des dangers de la productivité inhérente aux troubles graves, qui peut survenir chez tout un chacun, s’exporte ou exporte ses conséquences : l’entourage et l’environnement reçoivent les éclats, perçoivent/ressentent la douleur, s’évertuent à réparer les dégâts, tandis que celui/celle qui projette nie toute souffrance… et toute responsabilité. L’essentiel de ce qui suit est l’esprit et donc l’intention : observer, voir, écouter, entendre, assembler, lier, puis analyser,éclairer,suggérer une incertaine intelligibilité, ainsi contribuer au mieuxêtre des personnes et de la communauté. Fidèle à un principe : primum non nocere.Bénéficiant d’une médiatisation troublante, une situation sollicite de plus en plus la médecine et ses praticiens, que l’on nomme de façon simpliste la transidentité. Elle concerne notamment des mineurs, affirmant être, en vérité depuis toujours — depuis leur plus tendre enfance — d’un genre différent de leur sexe anatomique, génomique et administratif…