L’effacement psychique caractérise une absence du sujet à lui-même, tant dans des formes psychiques que corporelles. Corporellement nous le trouvons dans une voix atone, une peau blanche, une absence de tonicité et de mouvements du corps, une absence d’éprouvés, d’affects, si ce n’est parfois une sensation de vide, de blanc que plusieurs patients décrivent. Psychiquement, nous le décelons dans les oublis et les absences de mémoire, dans cette façon que certains ont de ne rien penser et d’être sans histoire ; dans l’impossibilité de se représenter des expériences vécues. Ces sujets ne peuvent pas ou peinent à se raconter dans leur présent, dans leur passé, plus à l’aise parfois à raconter la vie des autres. Ils sont dans l’impossibilité d’être sujets de leur histoire.Ils sont là devant nous en séance et en même temps nous percevons qu’une partie d’eux n’est pas là. Ils sont, partiellement ou totalement, absents à eux-mêmes, à l’autre, comme abritant du rien : pas de souffrance, ou si peu et généralement pas reconnue, pas ressentie, sans représentation, juste cette disparition dans l’indifférence, le blanc, l’oubli, le rien, le vide ; juste cette manifestation d’un retrait psychique. Ou bien au contraire parfois, une souffrance diffuse massive, déchirante, envahissante, sans histoire et sans répit dont ils ne peuvent rien dire. Parfois les deux se côtoient étrangement.En suivant A. Green (1979) il est possible de penser que ce blanc de l’effacement renvoie à l’invisible, l’impensable et coupe « l’interaction entre la motion pulsionnelle et l’objet » et que « ce blanc n’est pas entre les représentations et les pulsions, mais il gomme, efface les représentations »…