L’étude clinique des usages et des relations numériques est une branche en plein développement. Cette dernière décennie, quelques cliniciens francophones qui croient en la potentialité heuristique de ce domaine ont tenté de partager leur expérience en ce domaine. Ils se sont souvent heurtés à de la frilosité et parfois même à des critiques plus propices à la polémique qu’au débat constructif (Haddouk, 2016, Vlachopoulou et Missonnier, 2015, Stora 2018, Haza, 2020, Huerre, 2013).
Pour ceux-là, la crise sanitaire qui vient d’être traversée est une période de grands bonheurs scientifiques ! Quelle satisfaction d’entendre des orthodoxes qui ne daignaient lever un cil quand la discussion portait sur ces sujets faire des gorges chaudes du maintien de leur activité clinique via le téléphone, la vidéo-conférence, etc. Quel délice d’observer ces cliniciens découvrir avec un bonheur non dissimulé les subtils contrastes entre représentations associées dans des cadres thérapeutiques « présentiels » et des cadres thérapeutiques métamorphosés sous la contrainte en « distanciel » ! Oui, oui et oui pour un psychothérapeute, un analyste, c’est un territoire d’une richesse sémiologique, psychopathologique et métapsychologique remarquable que de mettre en perspective les modulations transféro/contre-transférentielles d’un setting en présentiel devenu, à l’occasion du confinement, distanciel. Le retour des patients au cabinet le sera tout autant.
L’objet de cette contribution n’est pas d’explorer ce vaste territoire clinique inédit et passionnant mais bien d’en mettre en exergue quelques rudiments qui permettront à chacun d’aller plus loin dans cette direction et de convenir qu’il est désormais essentiel d’en discuter entre professionnels…