« J’entendais l’obscurité sans voix où les mots sont les actions et où les autres mots, ceux qui ne sont pas les actions, ceux qui ne sont que ces vides dans ce qui manque aux gens, descendant comme des cris, ces cris qui, dans les terribles nuits d’autrefois, descendaient des ténèbres sauvages à la recherche des actions, comme des orphelins à qui on montre deux visages dans une foule en leur disant : Voici ton père, voici ta mère ».
« Je tremblais de tout mon corps, je gémissais et j’étais près de pleurer de terreur. A moins que je puisse discerner des indications quant aux formes dont usait une personne pour se présenter aux autres et traiter avec eux, indications qui me conduisaient à élaborer les formes adéquates pour à mon tour me présenter à elle (…). Il n’y avait rien alors qui ne m’emplit de terreur et de confusion. Vous êtes vu et vous ne voyez pas ; Vous êtes entendus et vous n’entendez pas ; et bien que vous soyez entouré, vous êtes seul ».
On pourrait s’arrêter là… mais rappelez-vous… ou à défaut souvenez-vous et alors imaginez ! Un cri d’enfant, votre enfant, vous enfant, n’importe quel cri d’enfant dans la nuit… non, plus précisément le cri dans son sommeil d’un enfant non totalement endormi.
Entendez ce silence, pesant parce que dense et opaque, jusqu’à être compact. Le silence, comme un vide ouvert par une blessure, qui suit un cri déchirant la nuit, dans l’attente - son attente, que quelqu’un vienne, et l’attente, votre attente que ce cri se répète…