Notes
-
[1]
<http://www.cnrtl.fr/definition/Emotion>
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[2]
Vidéo en ligne <http: //www.huffingtonpost.com/2011/11/10/rick-perry-oops-video_n_1 085336.html>
-
[3]
Cohn-Bendit interrogé par Delahousse, 19 décembre 2011 : « Vous êtes toujours un optimiste ? – Oui vous allez voir, on va s’en sortir, l’Europe va s’en sortir, et Marine Le Pen a raison, ce n’est pas de revenir au franc qui va nous sauver mais c’est plus de solidarité et plus d’investissement en Europe qui va nous sauver. – Vous avez dit Marine Le Pen a raison, a tort je pense ? – [hilare] J’ai dit a raison ? Vous avez raison de me reprendre, je radote, c’est pour ça que je ne veux pas être candidat à la présidentielle. » Ce lapsus est commenté par Le Post <http: //www.lepost.fr/article/2011/12/18/2663367_daniel-cohn-bendit-marine-le-pen-a-raison.html#xtor=EPR-344-[NL_1144]-20111219>
-
[4]
<http://www.oops.fr>
-
[5]
<http: //www.imdb.com/title/tt0116629/quotes>
-
[6]
Il faut exclure les faux impacts, comme celui-ci : Bonjour, La mention BOF, signifie Fédération Ornithologique Belge.
-
[7]
<http://www.usatoday.com/life/music/news/story/2012-05-25/beyonce-show-baby-blue-ivy/55213978/1>
-
[8]
Auteur : David P. [sic], éditions Jourdan, trois volumes parus <http://www.eric2.net/eurobd/beurk.html>
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[9]
<http: //www.dailymotion.com/video/x564lf_collaro-show-1978_fun>
-
[10]
Pour plus de détails, voir l’affiche et la vidéo de Lettre à ma mère <http://www.youtube.com/watch ?v=BAxjlL0wZH8>
-
[11]
CNRS, Le journal n° 236 (septembre 2009), titre d’une interview de Pierre-Michel Menger, sociologue, directeur de recherche au Centre de sociologie du travail et des arts (CNRS / EHESS) à Paris <http://www2.cnrs.fr/journal/4463.htm>
1. EMOTION, PAROLE ET COGNITION GESTUELLE
1 Les lexiques des langues naturelles présentent un nombre parfois impressionnant d’émotimots (émoticônes verbaux) et émotiphrases (expressions et propositions complètes à effet interjectif) : des unités signifiantes de diverses natures (pseudo-cris : aïe !, ouille ! ; onomatopées : pan !, vlan ! ; interjections : oups !, na !, miam ! ; substantifs : catastrophe ! (dont certains transgressifs, les jurons : putain ! et leurs substituts plus corrects : purée !, punaise !) ; des adjectifs : grave !, dément !, génial ! ; des préfixes : super ! ; des sigles : lol ! ; des lexies : bon sang de bonsoir ! ; des citations : gag !, bonjour les dégâts ! ; des phrases figées : il est trop !, ça va pas la tête ?
1.1. Quelques approches antérieures
2 Les travaux existants (Buridant 2006) ont abondamment porté sur la typologie des marqueurs concernés (Ameka 1992 ; Barbéris 1992 ; Wilkins 1992 ; Kleiber 2006), la relation à l’onomatopée (Guiraud 1967), le statut d’unité phrastique des marqueurs (Tesnière, 1936 & 1959 : les phrasillons ; Bally, 1965 : l’interjection phrastique opposée à l’onomatopée non linguistique en syntaxe ; Barbéris, 1995 : les déclencheurs conversationnels), le classement des émotions subjectives ou interactives exprimées, les conditions pragmatiques d’utilisation (Olivier 1994), les conditions d’apparition de formes innovantes (par emprunt xénolexical : yesss ! ; par mode filmographique ou autre : casséééé !). On a estimé des interjections qu’elles sont extérieures à la langue en tant que système, se bornant à exprimer les émotions à la manière d’un cri ou du langage animal (Moignet 1965), puis dépassé cette vision en évoquant un faire dans l’interaction ; on a signalé qu’elles ne se relient grammaticalement à aucun élément de la phrase, n’expriment pas de lien entre les éléments d’une phrase, mais peuvent soit faire phrase à elles seules (en particulier, si on se réfère à la théorie de la phrase de A. H. Gardiner (1932/1990)), soit intervenir en différents moments de la linéarité (début, milieu, fin), et pour certaines fonctionner comme des connecteurs discursifs (à l’initiale) et dialogaux (à la fin).
1.2. Situation de notre approche : l’émotion concerne l’individu mais aussi l’interaction
3 On considèrera dans la présente étude que les émotimots et émotiphrases sont des unités verbales de production d’un effet à la fois émotionnel et interactif, et que leur forme s’échelonne de l’interjection souvent monosyllabique, parfois onomatopéique, à la phrase figée, en passant par divers intermédiaires (mots intacts ou diversement remaniés, affixés, rédupliqués, intensifiés...), ce qui permet de fixer l’unité du concept du côté de la fonction pragmatique plutôt que de la forme, et de couvrir l’hétérogénéité formelle des exemples inventoriés dans les listes. La page de Wiktionary dédiée à l’interjection en anglais en inventorie 1 634 au bas mot (mêlant des archaïsmes comme Zounds ! (abréviation de God’s wounds, blessures du Christ avant la Crucifixion ; utilisé par Shakespeare dans Romeo and Juliet), des régionalismes, des pédantismes, avec de grandes disparités de fréquence et de conditions d’emploi).
4 Faut-il se centrer sur l’émotion comme perturbation du sujet pensé comme individu ou sur l’émotion pensée comme accident au sein d’une dynamique interactive (Colletta & Tcherkassof 2003 ; Plantin, Doury & Traverso 2000) ? V. Christophe (1998) insiste sur le fait que le traitement de l’émotion a insuffisamment pris en compte la dimension interactive et sociale en psychologie ; J. Cosnier (1986, 1987), dans le cadre d’une approche éthologique du langage, voit dans la parole l’outil de la résolution de crises interactives. Le mot émotion lui-même, étymologiquement [1], signifie :
- avant 1475, « trouble moral » (G. Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, Œuvres, t. 4, p. 224) ;
- 1512, « troubles, mouvements (d’une population ou lors d’une guerre) » (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule et Singularitez de Troyes, Livre II, éd. J. Stecher, Œuvres, t. 2, p. 107)
6 la notion de mouvement (motion), avant que de concerner la perturbation individuelle, a eu trait à l’animation des groupes ; à la limite, centrer l’émotion sur le sujet exclusivement comme on le fait encore parfois tend à relever d’un malentendu sémantique qui s’enracine dans l’évolution du sens du terme même. Il s’impose donc d’articuler le rôle ou l’effet de l’émotimot dans l’expression de l’émotion subjective et sa contribution dans l’économie des relations collectives perturbées par les « éruptions » personnelles.
7 L’émotion a longtemps été conçue comme un évènement corporel, la réponse à un stimulus : réponse physiologique observable empiriquement (pâlissement), analysable scientifiquement (rythmes respiratoires et cardiaques, variation de taux hormonaux et d’activité électrique), et partiellement traduite en ressentis pour l’expérient (palpitations, spasmes, sensation d’étreinte ou d’étouffement...). Pour certaines émotions primaires et universelles comme la grande frayeur, les réponses mesurables et observables sont généralement considérées comme universelles, même si la question est débattue. Mais la plupart des émotions sont des cocktails de ressentis hétérogènes (colère, agacement, embarras, honte, joie...), liés à la complexité de l’interaction en milieu social avec ses présupposés et anticipations, et que le sujet apprend à vivre individuellement dans le cadre des rapports à autrui. De ce fait, l’émotion de l’un, manifestée en contexte interactif, perturbe non seulement son expérient, mais affecte l’ensemble du groupe. Pour cette raison, les manifestations émotionnelles se présentent aussi comme des répertoires de gestes relationnels « régulés », non opposables à la « raison » (Plantin 2011), et normativisés par des routines : il existe, dans les communautés humaines, des lexiques émotionnels qui caractérisent des cultures, et même des routines d’enchaînements formant une sorte de « syntaxe ». Même hors de ses manifestations verbales, les émotions sont munies de propriétés interactives qui les rapprochent du terrain des interactions verbales.
1.3. Le cadre théorique
8 Dans la présente étude, on défend l’hypothèse que les émotimots sont fondamentalement des mots comme tous les autres : des reproductions de modèles d’autrui, des comportements collectifs appris au gré des interactions, des opérateurs munis d’un sens convenu. Les locuteurs apprennent à les pratiquer de manière plus ou moins automatique, voire réflexe dans certains cas. De ce fait, leur sémantique ne réside pas tant dans la classe d’émotion qu’ils encodent que dans l’effet émotionnel qu’ils produisent sur la scène interactive au moment de leur survenance (Swiatkowska 2000) : cet effet consiste à la fois à se faire vivre réflexivement une expérience émotionnelle typique en la profilant conformément aux modèles collectifs par l’usage de l’émotimot qui la vectorise, et à distribuer aux allocutaires et observateurs témoins la connaissance et le partage empathique du modèle émotionnel éprouvé, ce qui contribue à réguler la coordination des comportements des uns et des autres en situation de crise inopinée et d’improvisation.
9 On définit l’émotimot comme un opérateur enactif (Bottineau 2010, 2011), un geste corporel verbal muni d’un effet cognitif conforme à un modèle collectif, d’ordre relationnel, intersubjectivement distribué entre les partenaires de l’interaction le cas échéant. L’émotimot permet de co-agir sur soi-même et sur autrui en temps réel. Ce geste peut survenir en tant que partie du fonctionnement du réseau interactionnel, étant involontairement pris en charge par l’un des participants (paradigme de la cognition distribuée non localisable), comme il peut être volontairement pris en charge en vue de produire ou simuler des effets intentionnels.
10 Cette étude se rattache implicitement au paradigme de la « cognition des 4E » (4E cognition – embodied : incarnée ; embedded : située dans l’environnement ; enacted : produisant des effets cognitifs à travers l’action ; extended : artificiellement médiée par des moyens technologiques, comme on le verra avec le rôle d’Internet) et rattache les compétences langagières à une technique cognitive interactive et incarnée (Bottineau 2012), qui consiste à produire des effets sémantiques au moyens d’activateurs de modèles de connaissance, d’expérience et de construction.
2. DU GESTE RÉFLEXE À LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE INTERACTIVE
2.1. Le mot quasi réflexe
11 Certains émotimots ont un fonctionnement quasi automatique très proche du réflexe conditionné en réponse à une situation vécue d’ordre psychologique ou pragmatique. C’est tout particulièrement vrai du cri de douleur aïe (sensation et non émotion), qui semble se présenter comme une réponse. La chose est pourtant illusoire : le mot aïe, comme tout autre, est appris et relatif à une langue, son lexique, son système phonologique ; et surtout, il se prête à une gamme de variations formelles et contextuelles qui l’affranchissent du statut de réponse, comme aïe aïe aïe anticipatif, ou aï-e ! de protestation véhémente.
12 Dans les bandes dessinées, les émotions primaires comme la peur, la colère, sont exprimées par des diacritiques convenus (points d’interrogation et d’exclamation, variant en forme, taille, couleur, texture visible, comme le point d’exclamation brisé, fréquent dans Astérix ; ou encore divers pictogrammes comme la tête de mort avec ses dents, le poing, le tourbillon...) : les interjections, en général assez complexes, sont utilisées à la fois pour spécifier l’émotion et pour caractériser le personnage, souvent en le ridiculisant (un Romain dit rarement aïe, mais plutôt ouap ! ouaille ! waïoutch ! et bien d’autres). En fait, dans bien des cas, il n’existe pas vraiment d’interjection signant caractéristiquement une émotion simple comme le coup de foudre ou le « désoubli » (le moment où un souvenir important revient brusquement à la conscience).
13 Ces quasi-réflexes verbaux, de forme normalisée par l’usage collectif, fournissent aux usagers des sortes de « prêt à réagir », des gammes de gestes émotionnels préformatés qu’un sujet peut exécuter à tout moment, seul ou en présence d’autrui, et être compris : bof ! pour le désintérêt, yesss ! pour l’enthousiasme, rrrôôô pour la réprobation choquée, pouah et beurk pour l’anticipation ou la sensation de l’écœurement, tous les jurons du dépit. Ces gestes verbaux-émotionnels créent l’illusion de la subjectivité du fait de la spontanéité apparente de leur emploi, mais ils sont hautement contraints dans leurs conditions d’emploi et produisent des effets intersubjectivement distribués extrêmement précis, que chaque sujet apprend par la pratique à produire dans le cadre des interactions communautaires. Ces gammes de geste participent de la spécification culturelle d’un groupe donné et de l’inscription de chaque sujet dans la dynamique de groupe par le jeu des contributions efficaces qu’il introduit dans les enchaînements. Considérons le cas de oups.
2.2. Oups !
14 Lorsque l’on commet une maladresse comme renverser un verre en présence d’autrui, on profère, presque immanquablement, « oups ». Dans une langue donnée, le sujet parlant qui maîtrise oups est entraîné à proférer la reconnaissance de ses erreurs et maladresses de manière instantanée et automatique, à la limite sans aucune intention ni conscience de le faire au départ, mais avec pour effet de produire réflexivement une telle reconnaissance à l’arrivée, puisque le sujet perçoit son propre dit, se perçoit comme ayant dit la chose, s’interprète lui-même comme ayant reconnu son erreur – et admet implicitement l’avoir faite, et perçoit autrui dans l’environnement comme réagissant à cette reconnaissance.
15 On ne peut pas dire que oups « exprime la reconnaissance d’erreur » en tant qu’exclamation intentionnelle, car oups fonctionne en fait comme opérateur survenant automatiquement dans certaines situations de dérèglement, avec pour effet de coordonner et synchroniser les réceptions interprétatives et les réactivités pragmatiques des différents sujets confrontés : oups attribue au geste maladroit une valeur convenue et acceptée, minimise le cas échéant la gravité matérielle ou symbolique de la chose, amorce un engagement individuel ou collectif dans sa réparation, et en principe prévient toute autre réaction émotionnelle plus critique, telle que le juron de dépit de la part du fauteur ou l’invective de la part des éventuelles victimes. Le rôle de oups est d’activer un modèle de régulation des comportements interactifs en situation de mini-crise : sa profération par l’un amorce involontairement et multilatéralement une distribution de rôles différenciés ayant trait à la reconnaissance, l’excuse indulgente, la réparation et la relance de la dynamique perturbée, ce qui fait beaucoup pour un seul mot lorsqu’il fonctionne dans sa pleine efficacité.
16 Dans leur fonctionnement automatique, des mots comme Pardon ! et Merci ! produisent des effets distributifs comparables : leur pratique réflexe amène les usagers à distribuer malgré eux des coordinations de rôles sociaux qui garantissent la fluidité des interactions et préviennent les conflits par politesse – le fait d’être poli, métaphoriquement le fait de présenter une surface lissée par friction, sans aspérités, qui n’accroche pas en cas de contact avec la surface d’autrui, elle aussi polie.
2.3. Expression individuelle et régulation interactionnelle
17 On peut interroger l’émotimot à la fois sous l’angle individuel et interactionnel :
- Quelle est la nature de l’émotion qui le motive, et quel est son effet réflexif sur la régulation de cette émotion auprès de l’expérient ? Par exemple zut, mince et flûte atténuent le dépit, alors que merde et bordel le développent et le compensent par effet d’exutoire, au risque de l’amplifier.
- Quel effet produit son emploi sur la coordination interactive des interlocuteurs ou sujets confrontés (même sans dialogue) ?
19 Dans le premier cas, on pense la sémantique lexicale en se concentrant sur l’individu, ses émotions, ses motivations, au risque de surévaluer son intentionnalité. Dans le second cas, on pense la sémantique lexicale comme un système d’opérateurs agissant sur la relation intersubjective au sein des groupes et au moyen des contributions vocales individuelles des participants, conformément au paradigme de la cognition distribuée (pour l’action sur la relation) et incarnée (pour la modalité corporelle et motri-sensorielle de l’action elle-même) : dire pardon, ce n’est pas demander pardon, c’est distribuer deux rôles, à la manière d’un arbitre sportif, par lesquels le fauteur reconnaît sa faute et la victime l’accepte (une fois que pardon est dit, la victime, en principe, ne peut plus protester sans transgresser la règle des enchaînements d’actions programmées par le mot), ce qui fait de pardon un performatif distributif. Les émotimots imposent aux joueurs des échanges dialogaux d’assumer des actes d’arbitrage non réservés à un observateur extérieur.
20 Adresser à quelqu’un zut, merde, flûte, prout, etc., ce n’est pas l’informer de quoi que ce soit ni révéler un état d’âme subjectif, mais intervenir sur la relation locuteur-allocutaire en redéfinissant en temps réel les valeurs et rôles symboliques distribués à l’un et l’autre, et expliciter la teneur de cette réforme du « casting » dans une situation donnée nécessiterait un exposé étendu, ce qui en dit long sur l’efficacité et la rentabilité schématique et opératoire de ces mots, qui en font bien plus qu’ils n’en disent, en proportion inverse.
21 Toutes ces expressions sont plutôt réfractaires à une analyse sémantique statique où l’on s’interroge sur ce qui est dit au juste, de quoi on parle, mais elles deviennent transparentes si on s’interroge sur l’effet intersubjectif produit par leur mobilisation.
3. DE LA RÉPONSE STIMULÉE À L’IMPROVISATION THÉÂTRALE
22 Les émotimots possèdent des qualités contradictoires : d’un côté, leur emploi collectif conditionne des réflexes régulateurs des incidents émotionnels individuels dans le contexte interactionnel ; de l’autre, ils se prêtent à un usage contrôlé permettant un usage dégagé du réflexe et sont exposés à une variation des conditions d’insertion contextuelle qui les affranchit de leur dimension automatique : un film carrément bof, oups de chez oups, super méga oups, big beurk, etc.
3.1. Emploi-réflexe individuel et intersubjectivement distribué
23 Certains émotimots s’utilisent de manière exclusivement réflexe, comme en allemand da da da da da (employé par les femmes pour interrompre un homme disant une bêtise) ou shhh (réflexe d’expression d’une réprobation). De manière générale, les émotimots présentent à la fois les emplois automatiques, conditionnés par l’usage et distributeurs d’effets, et les emplois libres, où le locuteur fait preuve de degrés variables d’autonomie énonciative : da da da da da se dit rapidement et avec voyelle brève en cas de réflexe, mais lentement, avec voyelles longues, en cas de contrôle. Les principaux cas sont les suivants :
- le locuteur transfère analogiquement l’émotimot automatique à une situation d’emploi qui ne le déclenche pas mécaniquement. Un exemple spectaculaire a été fourni avec oops anglais par le candidat à l’investiture républicaine pour la présidentielle 2012 Rick Perry (RP), lorsque, interrogé par le journaliste Ron Paul et débattant avec Mitt Romney sous la modération d’un animateur (Host), il a été incapable d’énumérer les trois agences fédérales que son programme prévoyait de supprimer [2] :
R. Perry : The third agency of government I would – I would do away with education, the – commerce. Commerce and, let’s see. I can’t. The third one, I can’t. Sorry. Oops !
26 Le candidat, considérant rétroactivement son acte manqué comme une bourde analogue à un geste manqué, a fini par produire, comme un aveu d’impuissance, le oops de sortie de crise, qui stabilise la situation par la reconnaissance de l’erreur. Cette gaffe mémorable, très médiatisée, a mis un terme définitif à la candidature de Rick Perry.
- il se développe actuellement, en anglais comme en français, un usage par lequel oups / oops est utilisé comme commentaire par un observateur qui attribue à un acte observé le statut de bourde et simule le oups par lequel cet acteur pourrait, par réflexe, accuser réception de sa propre erreur : ainsi, pendant la campagne où Bush (père) était opposé à Clinton, Bush a remercié ceux qui l’accueillaient pour un discours par le lapsus Thank you so much for this nice recession (recession se substituant à reception), ce qui a soulevé un Oops ! chez un des journalistes présents. Exemple français : Le Post a titré récemment Oups, le lapsus de Daniel Cohn-Bendit : « Marine Le Pen a raison » [3]. Oops ! est aussi le titre d’un magazine « pipole » féminin (français) [4] de grande diffusion (avec sous-titre à double sens : Les stars n’ont qu’à bien se tenir !).
28 Cet emploi qui se généralise revient à adopter par empathie le point de vue du gaffeur, mais implique également que si un sujet parlant est censé être entraîné à produire un oups en cas d’acte manqué, un sujet parlant est également entraîné à recevoir un « oups » de la part de celui qu’il voit commettre un acte manqué, et si ce oups attendu ne vient pas de la part de celui qui aurait dû le produire en première instance, il peut être, en compensation, introduit sur la scène par un autre participant ou observateur, et recevoir une valeur de commentaire selon le degré d’intentionnalité prêté à la remarque par ses récepteurs (y compris le locuteur lui-même, qui a posteriori considère qu’il a voulu dire cela alors qu’il pouvait s’agir d’un réflexe). Autres exemples authentiques du même type :
- à l’université, je me précipite dans un ascenseur dont les portes se ferment, et manque de heurter une collègue qui tenait un gobelet de café : une fois mon mouvement arrêté, je produis un oups ! qui faisait autant allusion à ma maladresse qu’à l’imprudence de la collègue avec son café (la scène est courante dans cet ascenseur). Ayant bien compris l’ambivalence du propos, la collègue a demandé : qui ça, oups ? Cet emploi rappelle une scène du film Avatar, où une biologiste renverse délibérément le minigolf de son chef (pour être écoutée) et s’exclame effrontément, les yeux dans les yeux, d’une voix grave, « Oops. »
- dans le film Independence Day de Rolland Emmerich (1996), Will Smith (Captain Steve Hiller, CSH), tente son premier décollage en soucoupe volante extraterrestre, part en arrière et heurte le mur du hangar, reconnaissant sa bévue (« Oops »). Jeff Goldblum (le copilote David Levinson, DL) le force à se rétracter, annuler le « oops » anti-héroïque, et à restaurer son statut de héros, comme si oops était un performatif [5] :
CSH : [after reversing into the rear wall] Oops. |[après avoir heurté le mur derrière] Oups.|
DL : W-what do you mean, oops ? |C-comment ça, oups ?|
CSH : Some jerk put this... [turns the piece of paper round] the wrong way round. |Il y a un idiot qui... [il retourne la feuille de papier] a mis ça à l’envers.|
DL : Don’t say "oops". |Pas de “oups”.|
CSH : What do you say we try that again ? |Vous êtes d’accord pour un autre essai ?|
DL : Yes, yes. Yes. Without the "oops". Thataway. [points forward] |OK, OK. D’accord. Sans le « oups ». |C’est par là. [il pointe le doigt vers l’avant]|
31 Cette citation, très célèbre, fait partie des memorable quotes et est entrée dans l’usage courant (138 000 occurrences Google, dont beaucoup de la part de journalistes, adressées à des politiques américains, en particulier après l’affaire Rick Perry).
3.2. Simulations intentionnelles et variations formelles
32 Apparemment, le tour allemand da, da, da, da, da n’est utilisé que comme réflexe, ce qui en fait un cas particulier. En général, les émotimots spontanés font l’objet d’une gamme de détournements divers qui attestent de leur récupération contrôlée par les locuteurs, qui les emploient pour se mettre en scène comme éprouvant une émotion donnée, quitte à s’identifier à une classe de personnage par le mot utilisé. En la matière, on relève au moins les procédés suivants :
3.2.1. L’utilisation d’émotimots archaïques
33 L’utilisation de certains émotimots archaïques comme bigre, fichtre, sapristi, saperlipopette, tralalère apparaît légèrement désuète ou affectée.
34 Cet emploi est courant en langue parlée et dénote souvent l’habitude de certaines personnes à produire leurs émotions dans le cadre d’un jeu d’acteur qui différencie la source énonciative apparente de la personne telle qu’on est censé la connaître : l’émotion sincère émane d’un acteur de comédie, ce qui permet de masquer pudiquement et ludiquement la source réelle tout en comptant sur la complicité de l’autre et les habitudes partagées pour trier les instances confrontées.
35 Un collègue a ainsi pour habitude de proférer des Bigre ! à chaque fois que se présente une situation compliquée, prenant un certain plaisir au rôle joué et dans l’effet produit sur les autres. Ce procédé prend souvent pour ressource des émotimots créés pour les besoins de la littérature, de la bande dessinée et du cinéma, comme le M’enfin ! de Gaston Lagaffe, le rrrôôôgntudjûûû de Fantasio, le c’est pô juste de Titeuf, le Damned des personnages d’Edgar P. Jacob (Blake, Mortimer, Olrik), le Cassééé ! (et toute la gamme) de Dujardin dans Brice de Nice, et bien d’autres, souvent repris par des générations plus jeunes qui en ignorent l’origine et les assimilent comme des émotimots d’ambiance, détachés d’une source définie. On se croit parfois l’inventeur d’un émotimot, comme moi-même avec Pouarf ! pour le ras-le-bol un peu dépité, mais dont Google détecte 24 000 occurrences... Il est difficile de déterminer si l’on reproduit des exemplaires antérieurs inconsciemment enregistrés en mémoire procédurale ou si l’on réinvente des formes conformément à des processus lexicogénétiques partagés.
3.2.2. La variation sur les émotimots existants
36 La variation sur les émotimots existants se fait par :
- Intensification (très, trop, super, hyper, méga, giga, carrément) : Renaissance Beach Resort & Spa : Agréable, mais la chambre trop bof ; carrément oups ! (ah oui carrément oups : lol : Pourquoi contredire une femme, il est tellement plus simple d’attendre qu’elle change d’avis.) ; super oups, méga oups, giga oups ; croisement de constructions : oups de chez oups ! (par analogie avec ouf de chez ouf, ouf étant le verlan de fou : S a m a n t h a !!!!!!!!!!! Complètement oups ou ouf !????) ; super méga oups ! (en référence au Super méga casse ! de Brice de Nice) ; À propos d’un anniversaire oublié : Oups de chez oups !!!!!!Je suis désolée Stel., de t’avoir zappée ! ; Oups de chez oups ! J’ai failli rater l’Epiphanie.
-
Recatégorisation :
- utilisation d’émotimots comme adjectifs de jugement de valeur : avoir son bac avec mention bof (1 470 occurrences Google) [6] ou mention très bof (7 occurrences) ;
- adverbe de verbe : (ce mec) il embrasse très bof, ici aussi avec croisement de constructions (cf. avoir son bac avec mention bof, rater son bac avec mention (très/trop) nul). Bof est couramment utilisé précédé de l’adverbe très (151 000 occurrences Google), voire de deux adverbes (261 000 occurrences) ou trois (78 500 occurrences) ; au-delà, ce ne sont plus que des hapax ;
- dans trop bof, bof est soit adjectif (Ton style est trop bof), soit adverbe (Ça marche trop bof) ; on trouve même bof comme adverbe semi-négatif (Ça le fait bof, 13 200 occurrences, à rapprocher de Ça le fait pas) ;
- avec oups comme adjectif : mais le dernier professionnel qui a touché mon pc l’a formaté et installé une version complètement oups !!!
- émotion et nom propre : dans Les aventures de Tintin (Vol 714 pour Sydney), on trouve un pilote du nom de Szut (ce qui permet au Capitaine Haddock de trébucher, tomber dans ses bras, et s’exclamer ce prénom) ;
- l’anglais se caractérise par un usage diversifié de ce procédé : de l’exclamation admirative wow ! (ouaouh !) on tire un adjectif (she’s really wow), un nom (she’s a wow ! = admirable dans la qualité évoquée en contexte : beauté physique, qualité du chant, talent d’oratrice ou de joueuse), un verbe to wow aux constructions multiples (intransitive : pousser un cri d’admiration ; transitive : adresser un cri d’admiration à une personne ciblée). Titre d’un article récent (25 mai 2012) : Beyonce wows in first post-baby performance (glose : Beyonce en concert suscite l’admiration à l’occasion de son premier concert post-accouchement) [7].
-
Recatégorisation par réduplication
- (à propos d’un bronzage au henné en institut de beauté) Le principe ? on vous enduit d’une préparation au henné sur tout le corps (bof bof l’odeur mais bon on s’y habitue vite et puis c 100 % naturel donc que du bon pour la peau). On laisse bosser heure au chaud puis gommage, puis douche, puis pour terminer en beauté petit lissage au miel sur tout le corps... : -) En cette position, bof employé seul peut être compris soit comme interjection, soit comme adjectif prédicatif : Bof, l’odeur ! (cf. Pas terrible, l’odeur !) ; la réduplication donne à l’interjection le statut syntagmatique de mot ou de locution, lui fait perdre son statut de réponse onomatopéique interjective et garantit l’interprétation « adjectivale » ;
- Aïe peut être triplé aïe aïe aïe ! (expression de l’appréhension d’une catastrophe imminente) ou quintuplé aïe aïe aïe aïe aïe, avec une prosodie particulière (alternance des niveaux mélodiques haut-moyen-haut-moyen-haut) et un emploi plus directement relié à une catastrophe en cours de déroulement (avec réprobation et appréhension des conséquences).
- Réduplication et aspect. Les interjections, par leur dimension performative, ont un aspect perfectif en ce qu’elles marquent l’exécution en une tirade brève d’un processus complet tel que la reconnaissance d’erreur (oups !), la prise de décision (bon !), l’appréciation conclusive (bien !), le détournement par désintérêt (bof !). La réduplication permet non pas de répéter le processus mais d’impliquer que le mot dans sa première édition ne conclut pas l’affaire, si bien que le processus est saisi imperfectivement, dans l’intériorité de son déroulement, avec l’hésitation que cela suppose : bon bon bon ! (on revient en arrière sur une décision suite à une protestation énergique de l’interlocuteur) ; bof bof bof (on hésite à statuer définitivement sur la valeur de l’objet) ; oups oups oups oups oups (on tente de rattraper la bourde en temps réel, comme arrêter le liquide renversé).
- Recontextualisation : utilisation d’émotimots dans des genres textuels ou discursifs décalés, comme ce titre de bande dessinée [8] Beurk ! La cruelle histoire de l’humanité, ou Zut !, nom de répertoires de dossiers qu’une collègue avait créé sur mon ordinateur pour des fichiers d’articles rédigés par elle.
- Variations morphologiques et mots-valises comme mouaif = mouais + bof : Mais en fait ya pas de nouvelles... c’est une période mouaif... Nul, très nul et trop nul ont été complétés par super/hyper/méga/giga/archinul, nullissime, nul à chier / nullache / nullach’, tous utilisables comme interjections. On peut prédire nullachissime, indétecté à ce jour (mais bofissime, 1 720 occurrences ; boffissime,
- 45 occurrences ; comme coucou coucou !! mon loft est boffissime lol !!, où le lol exprime sans doute davantage l’auto-satisfaction éprouvée par la rédactrice de cette phrase incongrue que le côté comique de sa situation).
- Recontextualisation intonative : Lol !, intensifiable par réduplication (lololol !, lololololol !), peut aussi signifier « ça ne fait rire personne » avec l’intonation et le regard adéquats (ton bas, mimique réprobatrice ou consternée).
3.2.3. Innovation pure et simple
- par utilisation inédite de mots intacts ou déformés comme interjections (Grave ! Sale ! Crade ! Gag ! dans le Collaro Show), éventuellement avec réduplication ((Oh) Dur ! Dur ! avec l’index et le majeur des deux mains levés en V de la victoire – même origine, 1978 [9]) ;
- par invention de formes inexistantes : Lin-lin ! (Roland Magdane ; signification approximative : « tu déconnes totalement » / « c’est du délire total », se prononce avec une gestualité manuelle et mimique indescriptible [10], qui a été très à la mode en milieu scolaire, s’utilisait couramment comme forme d’invective entre automobilistes énervés à la fin des années quatre-vingt.
39 Une fois lancées, ces interjections disparaissent ou se libèrent de leur contexte d’origine en évoluant sémantiquement et syntaxiquement : Dur dur, dont l’emploi isolé est presque obsolète (malgré quelques survivances : le lundi matin, dur dur / dur dur dur), est désormais associé à la construction de + infinitif, comme avec le titre d’une chanson de Jordy (1992) : Dur dur d’être un bébé ; Florence Foresti, un sketch de 2009 : Dur dur de vieillir ; divers blogs : Dur dur de contester un PV, Dur dur de s’abonner aux forfaits mobile de Free, Dur dur l’élection de Miss Côte d’Ivoire 2012, Scarlett Johansson : Dur dur d’être la plus belle femme du monde. Même le CNRS l’a adoptée dans un titre qui commente une interview : Dur dur d’être un artiste [11].
40 Le développement des nouvelles technologies de la communication (courriels, chats, forums) a créé des lieux où les internautes produisent d’eux-mêmes une image théâtralisée par la surenchère d’émotivité simulée et une créativité que l’on ne trouverait sans doute pas dans des productions orales spontanées :
[sic] pri en fla gran déli d’overdoze de gato arab hi hi oups de oups de oups... ; oups de oups de oups de oups / Je ne sais plus ou me mettre / *confuse* / J’suis toute rouge de honte / Que dois-je faire pour me faire pardonner, j’suis toute honteuse... Me pardonnerez vous un jour ?
42 Ce procédé permet de ponctuer un récit d’insertions de fragments de paroles simulées, plausiblement extraites de segments de discours ou de pensées empruntées aux évènements narrés au moment de leur déroulement : oui je sais, et elle me la prouvé encore ce soir, suite a mes betises oups, j ai monter et demonter un meuble dans le salon, sans protéger le sol oups oups oups, pas bon la pas bon LOL ; cet entrelacement des instances énonciatives présente et passée permet de raconter la scène en la rejouant et de déclencher le rire.
43 Plus généralement, ces discours écrits se présentent comme des patchworks énonciatifs qui regorgent de segments de phraséologie interactive impliquant des jeux de rôles reliant plusieurs personnes, créant l’impression que le scripteur est effectivement engagé dans une série d’interactions virtuelles ou, du moins, sait jouer le rôle de ces interactions et se présente comme un virtuose spontané (en anglais, a natural) de ce genre discursif. Chaque variation idiosyncratique sur les lexies est censée manifester la virtuosité de son créateur en articulant les figements et la créativité, mais la manière dont circulent les créations sur les media fait que chaque innovation prolifère très rapidement (trouver 13 200 occurrences de Ça le fait bof est tout de même assez stupéfiant). Comme cette manière de « se faire être » verbalement est caractéristique des communautés d’internautes qui se rencontrent in absentia dans les espaces virtuels des divers réseaux sociaux, elle contribue à forger l’identité de modes interactifs au sein de communautés émergentes et finit par profiler des psychologies de groupes et des mentalités qui créent des effets d’ambiance de famille (Simondon 1989), d’où leur succès considérable.
4. CONCLUSION
44 L’approche enactive permet d’envisager l’émotimot comme un opérateur verbal qui produit un effet psychologique et pragmatique complexe, conventionnel, intersubjectivement distribué, régulateur de situations, employé tantôt par réflexe conditionné, tantôt comme levier intentionnel : l’émotimot n’expulse pas une émotion, il impulse un devenir relationnel et (auto) produit des états de consciences en interaction.
45 L’importance de la chose n’a pas échappé aux éditeurs commerciaux, avec des publications telles que :
Youpi ! Oups ! Beurk ! Tout sur ces émotions qui pimentent la vie, les petites et les grandes, les simples et les complexes, les émotions en général et certaines émotions en particulier comme la surprise, la colère, la joie, la honte, la tristesse, la jalousie, la fierté, la peur, le dégoût, la douleur, l’amour, le mépris, la nostalgie, la compassion, la frustration, l’angoisse, la rancune, le remords, le désir, la déception, la culpabilité, le chagrin, le trac (Zürcher & Nicolet 2012)
47 L’ouvrage est présenté comme « Un livre pour découvrir et apprivoiser ses émotions » – apprendre à s’autoproduire en épousant les modèles communs matérialisés par les interactions verbales, apprendre à « se faire être » comme les autres.
Bibliographie
Références bibliographiques
- [WIKTIONARY] http://en.wiktionary.org/wiki/Category : English_interjections
- AMEKA F. (1992), “Interjections : The universal yet neglected part of speech”, Journal of Pragmatics 18, 101-118.
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- BOTTINEAU D. (2012), « La parole comme technique cognitive incarnée et sociale », La Tribune Internationale des Langues Vivantes 52/53, 44-55.
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- CHRISTOPHE V. (1998), Les émotions. Tour d’horizon des principales théories, Lille : Septentrion.
- COLLETTA J.-M. & TCHERKASSOF A. (éds) (2003), Les émotions. Cognition, langage et développement, Liège : Mardaga.
- COSNIER J. (1986), « La parole, régulateur émotionnel de la vie quotidienne », in J. Guillaumin, R. Kaes & J. Cosnier (éds), Ordre et désordre de la parole, Lyon : Université Lyon 2, 1-5.
- COSNIER J. (1987), « Expression et régulation des émotions dans les interactions de la vie quotidienne », Colloque La psychologie sociale et les émotions (5-9 janvier 1987), Paris : MSH. [http://icar.univ-lyon2.fr/membres/jcosnier/articles/VI-3expression_regul_emotio.pdf]
- GARDINER A. H. (1932/1990), Langage et acte de langage : aux sources de la pragmatique, Lille : Presses Universitaires de Lille.
- GUIRAUD P. (1967), Structures étymologiques du lexique français, Paris : Larousse.
- KLEIBER G. (2006), « Sémiotique de l’interjection », Langages 161, 10-23.
- MOIGNET G. (1981), Systématique de la langue française, Paris : Klincksieck.
- OLIVIER C. (1994), « Les interjections et autres signaux linguistiques comme marqueurs d’actes de prédication », Champs du Signe 4, 215-231.
- PLANTIN C. (2011), Les bonnes raisons des émotions. Principes et méthode pour l’étude du discours émotionné, Berne : Peter Lang.
- PLANTIN C., DOURY M. & TRAVERSO V. (2000), Les émotions dans les interactions, Lyon : Presses Universitaires de Lyon.
- SIMONDON G. (1989), L’individuation psychique et collective, Paris : Aubier.
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- TESNIÈRE L. (1959), Éléments de syntaxe structurale, Paris : Klincksieck.
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- ZÜRCHER M. & NICOLET S. (2012), Youpi ! Oups ! Beurk ! Ces émotions qui pimentent la vie, Paris : Nathan.
Notes
-
[1]
<http://www.cnrtl.fr/definition/Emotion>
-
[2]
Vidéo en ligne <http: //www.huffingtonpost.com/2011/11/10/rick-perry-oops-video_n_1 085336.html>
-
[3]
Cohn-Bendit interrogé par Delahousse, 19 décembre 2011 : « Vous êtes toujours un optimiste ? – Oui vous allez voir, on va s’en sortir, l’Europe va s’en sortir, et Marine Le Pen a raison, ce n’est pas de revenir au franc qui va nous sauver mais c’est plus de solidarité et plus d’investissement en Europe qui va nous sauver. – Vous avez dit Marine Le Pen a raison, a tort je pense ? – [hilare] J’ai dit a raison ? Vous avez raison de me reprendre, je radote, c’est pour ça que je ne veux pas être candidat à la présidentielle. » Ce lapsus est commenté par Le Post <http: //www.lepost.fr/article/2011/12/18/2663367_daniel-cohn-bendit-marine-le-pen-a-raison.html#xtor=EPR-344-[NL_1144]-20111219>
-
[4]
<http://www.oops.fr>
-
[5]
<http: //www.imdb.com/title/tt0116629/quotes>
-
[6]
Il faut exclure les faux impacts, comme celui-ci : Bonjour, La mention BOF, signifie Fédération Ornithologique Belge.
-
[7]
<http://www.usatoday.com/life/music/news/story/2012-05-25/beyonce-show-baby-blue-ivy/55213978/1>
-
[8]
Auteur : David P. [sic], éditions Jourdan, trois volumes parus <http://www.eric2.net/eurobd/beurk.html>
-
[9]
<http: //www.dailymotion.com/video/x564lf_collaro-show-1978_fun>
-
[10]
Pour plus de détails, voir l’affiche et la vidéo de Lettre à ma mère <http://www.youtube.com/watch ?v=BAxjlL0wZH8>
-
[11]
CNRS, Le journal n° 236 (septembre 2009), titre d’une interview de Pierre-Michel Menger, sociologue, directeur de recherche au Centre de sociologie du travail et des arts (CNRS / EHESS) à Paris <http://www2.cnrs.fr/journal/4463.htm>