Notes
-
[1]
“Extended sequences in interaction need to be understandable and analyzable as whole units because they represent complex systems of action or activity system.” (Psathas, 1992 : 99)
-
[2]
C’est en quoi l’approche que j’appelle ci-dessous temporalisée, si elle tend vers l’adoption du point de vue des participants emic (vs. etic) n’y correspond peut-être pas toujours (voir aussi Traverso & Galatolo 2008). Sur ces questions, qui touchent à la fois à l’intention des participants et à la conscience qu’ils ont des organisations séquentielles, voir Mandelbaum & Pomerantz 1991 ; ainsi que Drew, qui pose les choses en ces termes : “hilst the orderliness of the pattern is produced in the first instance by participants, they may be acting in response to interactional contingencies, without any view to the orverall organization of a sequence, or to any particular stage in it.” (1995 : 121).
-
[3]
Voir les descriptions des séquences de « confidence » (Traverso 1996), des « échanges à bâtons rompus » (Traverso 2005a) et des cristallisations de désaccords (2005b), et des séquences ouvertes par une « plainte » (Heinemann & Traverso 2009).
-
[4]
Voir aussi les conférences données à Lyon à la journée d’étude sur les genres de l’oral, 2003 (http://icar.univ-lyon2.fr/ > Recherche > Equipe 1 > Documents), notamment les textes de Kerbrat-Orecchioni, Moirand et Traverso.
-
[5]
Elles peuvent aussi intervenir aux niveaux phonétique et syntaxique (cf. notamment Goodwin & Goodwin 1987 ; Auer 2002).
-
[6]
La forme de cette préface marque aussi que la prise de parole qui va suivre est délicate : si je peux parler de X indique soit que ce que je vais dire à propos de X est critique ou négatif, soit que parler de X est problématique à ce moment-là (voir aussi le si je peux me permettre, ci-dessous). Il en irait différemment avec moi je voudrais parler de..., moi c’est à propos de....
1 Dans cet article, je m’attache aux méthodologies et aux descriptions existant dans le champ interactionniste pour les « longues séquences ». Ce niveau de l’interaction reste sous étudié par rapport aux échanges (simples ou étendus) et, si des descriptions existent, elles concernent des types particuliers (comme le récit). Mon objectif est d’exposer les questions théoriques et méthodologiques soulevées par cet objet, qui sont liées à la position surplombante ou temporalisée choisie pour l’analyse, au fait de considérer si les longues séquences relèvent ou non du même « ordre de l’interaction » que les paires et les échanges, et au choix d’une méthodologie suffisamment générale et réutilisable. Après une discussion de ces questions, la première partie de l’article présente une méthodologie d’analyse visant la généralité pour étudier comment les participants organisent et construisent les longues séquences. Dans la seconde partie, cette méthodologie est mise en œuvre sur un extrait de réunion. L’analyse fait apparaître la nécessité de prendre en compte plusieurs dimensions rarement intégrées dans la description de ce niveau de l’interaction : le nombre de participants et la construction de cadres participatifs en perpétuelle reconfiguration dans lesquels se mettent en place différents modes de participation et la multimodalité des ressources mises en œuvre, faisant intervenir, outre les regards et les orientations gestuelles et posturales, la prise de notes effectuée de ce qui se passe.
1. LONGUES SÉQUENCES
2 En écho à G. Psathas [1], je définirai les longues séquences comme des morceaux d’interaction d’une certaine longueur qui forment un tout reconnaissable. Cette définition de travail intègre les deux éléments qui seront discutés dans l’article : la forme d’homogénéité de cette entité et la question de sa « reconnaissabilité ». Les entités répondant à ce type de définition peuvent correspondre à deux types d’objets relativement différents.
3 D’une part, des ensembles composés de plusieurs échanges, diversement articulés, qui réalisent, préparent, accomplissent jusqu’à complétude ou amplifient une certaine action. De telles organisations peuvent s’étendre largement. E. Schegloff, dans un article de 1990, rend ainsi compte d’une interaction téléphonique complète, dans laquelle l’appelante demande à son interlocuteur de lui prêter un pistolet, l’achèvement de cette paire « requête/réalisation » faisant intervenir des expansions de différents types, intervenant avant ou après chacun des membres de la paire. De nombreux cas peuvent être décrits d’après ce mode d’organisation (requête, offre, invitation, compliment, etc.) reposant sur le même principe de la dépendance conditionnelle – une première action en rend une seconde pertinente et attendue –, qu’il s’agisse d’une organisation minimale composée de deux tours ou d’une architecture plus complexe.
4 Tout autre sont les organisations qui ne s’inscrivent pas en continuité avec le niveau de l’échange. H. Sacks les décrit en ces termes en introduction aux analyses de ce qu’il nomme les big packages, et notamment du storytelling :
It turns out that one central problem in building big packages is that the ways the utterances that turn out to compose the package get dealt with as single utterances or pairs of utterances or triplets of utterances, etc. may have almost no bearing on how they’re to be dealt with when an attempt is made to build a larger package. That is to say, that the operation is not at all additive. (Sacks, 1995 : 354)
6 Il considère ici qu’« en remontant » par des formes diverses de composition à partir de la paire adjacente, on ne peut pas rendre compte de la cohérence de certaines entités plus étendues.
7 Une des questions que pose l’analyse de ces formes plus amples d’organisation concerne leur pertinence, ou même leur simple existence, pour les participants. G. Jefferson aborde ce point dans son étude du trouble talk, à propos de la structure en six épisodes qu’elle dégage et dont elle observe qu’elle n’est jamais attestée en tant que telle dans les interactions de son corpus, où se manifeste toujours du « désordre ». Elle s’interroge sur la source de ce désordre, se demandant s’il est inhérent aux longues séquences (“perhaps a feature of big packages in general”, 1988 : 419), s’il est lié aux spécificités de « parler de ses problèmes », ou s’il est simplement le résultat d’incidents et d’aléas inévitables. En d’autres termes et plus globalement, cela conduit à se demander de quel type d’organisation il s’agit. S’il ne fait aucun doute qu’un certain ordre existe, et que cet ordre est produit par les participants, il n’est pas sûr que l’ordre produit le soit en vue de la séquence globale (en la visant, en s’y référant). Il peut n’être qu’un ordre local, et la vision organisée de la séquence globale (comme dans le cas du trouble talk) être seulement celle de l’analyste, construite à partir de la récurrence d’un déroulement observé [2], ou encore il peut être le résultat d’une sorte de retraitement effectué a posteriori par les participants, qui adoptent alors une vision rétrospective.
8 Les formes d’organisation, non strictement rapportables à la paire adjacente, qui ont fait l’objet d’études à divers degrés sont l’organisation thématique (topic organization, cf. Schegloff & Sacks 1973) et certaines activités interactionnelles, en particulier le récit conversationnel.
1.1. Longues séquences et activités interactionnelles
9 Les « activités interactionnelles » sont des organisations socio-pragmatiques locales, comme par exemple « prendre rendez-vous ». Elles ne correspondent pas aux activity types de S. Levinson (1992) qui, très similaires aux speech events de D. Hymes (1974) et à ce que nous avons appelé des « types d’interactions » (Kerbrat-Orecchini & Traverso 2004), se définissent en partie en référence à des données situationnelles. Les activités interactionnelles qui m’occupent ici correspondent à ce que font les participants au cours d’une interaction (d’un speech event), comme par exemple se présenter au début d’une réunion ou raconter une anecdote, et dont je fais l’hypothèse qu’ils le rendent reconnaissable, mettant ainsi en place la possibilité que les activités soient co-construites [3]. Les activités se rapportent dans bien des cas à des formes ou modèles d’organisation discursives-interactionnelles (cf. Kerbrat-Orecchini & Traverso 2004), que l’on peut mettre en relation avec les « genres » de discours (Bouquet (ed.) 2004) [4]. On peut aussi les analyser dans la perspective de leur construction collective et temporalisée au cours de l’interaction. C’est l’approche que j’adopte ici en traitant les activités comme des longues séquences mises en place dans le fil temporel de l’interaction, introduites et rendues reconnaissables à un certain moment, et rendant pertinents en retour certains types de contributions, qui vont les développer jusqu’à la transition vers autre chose.
1.2. Une approche temporalisée
10 Contrairement à la vision « surplombante », décrivant la séquence comme un tout achevé que l’on examine de l’extérieur ou d’au-dessus pour dégager les éléments qui la caractérisent, l’approche temporalisée s’attache à sa construction dans le temps et aux processus d’introduction, de reconnaissance, d’acceptation, de poursuite, d’arrêt, de relance, de transformation, etc. qu’elle connaît, en suivant le développement progressif de l’interaction. Cette approche, tout autant que la précédente, permet d’aboutir à une description « globalisante » de l’objet examiné (cf. la structure à trois phases de l’indication d’itinéraire – Psathas 1986 – ou l’organisation en six épisodes du trouble talk, Jefferson 1988). Mais elle conduit aussi à mettre au jour les procédures utilisées par les participants pour développer temporellement et co-construire les activités interactionnelles. À partir de la question « pourquoi (font-ils) cela à ce moment-là » (why that now, Schegloff & Sacks 1973), elle fait non seulement apparaître le caractère organisé des pratiques, mais permet d’examiner quelle forme d’ordre (très local ou plus ample) est mise en œuvre. Enfin, reposant sur la description des ressources utilisées, elle favorise la découverte des détails pertinents dans leur usage.
1.2.1. Frontières et transitions
11 Sur le plan méthodologique, un des aspects de l’analyse des longues séquences sur lequel les auteurs s’accordent consiste à identifier et à décrire leur ouverture et leur clôture (cf. Hymes 1974 ; Psathas 1986 ; Levinson 1992). Les travaux actuels ont montré la temporalité détaillée de ces moments structurants de l’interaction. Se sont ainsi développées des recherches sur les transitions, dans la filiation à la fois des études portant sur l’organisation séquentielle de l’interaction et sur son organisation thématique, les montrant comme des passages qui se déploient dans le temps. Trois phases constituent les transitions – celle dans laquelle les participants indiquent qu’ils cessent/vont cesser ce qui est en cours ; celle dans laquelle ils introduisent ce qui vient après, et celle au cours de laquelle les uns et les autres s’alignent (ou non) sur la nouvelle activité – et chacune peut s’allonger amplement, être suspendue au profit d’un retour en arrière tout aussi bien que négociée. Ces travaux mettent en évidence les ressources de différentes natures utilisées dans les transitions, à la fois syntaxiques (constructions figées ou en voie de figement), lexicales (marqueurs en tous genres, mais aussi formules et formes stéréotypées, reprises lexicales, échos et répétitions), phonétiques, prosodiques et rythmiques, gestuelles au sens large (gestes proprement dits, postures, regards), faisant ou non intervenir des déplacements dans l’espace, et l’usage d’artefacts, ainsi que la façon dont elles sont mises en œuvre dans des co-constructions élaborées collectivement dans le temps (sur les transitions dans les réunions, voir Mondada & Traverso 2005 ; Bruxelles, Greco & Mondada 2008 ; Traverso 2008 ; Depperman, Mondada & Schmitt 2010).
1.2.2. Projection
12 Une autre notion importante des recherches actuelles pour l’étude des longues séquences est la projection. Ce procédé a été bien mis en évidence dans la description des préfaces de récits, montrant comment l’action effectuée à l’instant t par la préface, projette le récit et sa chute (Sacks 1995), c’est-à-dire est produite en vue du « tout ». Si cette forme d’organisation peut être soumise à divers aléas, il n’en reste pas moins que ce qui se passe à un certain instant t s’articule au tout.
13 Les projections peuvent concerner une action que le locuteur va faire lui-même ou qu’il engage les autres participants à faire, et viser une simple action suivante ou une entité plus complexe [5]. La projection par un participant d’une action future d’un autre participant est à l’œuvre dans tout échange : l’action du premier participant rend pertinente celle du second, comme une question projette une réponse ; c’est le principe de la dépendance conditionnelle. La projection à l’instant t d’une action future du même participant correspond aux « pré-séquences » (cf. Schegloff 1980 ; Streek 1995 ; Auer 2002). Outre le travail local effectué par ces pré-séquences, au moment où elles sont produites, elles ont en effet pour fonction de projeter quelque chose qui va se produire plus loin. Elles peuvent être de forme plus ou moins spécifique ou générale ou encore annoncer métadiscursivement ce qui va être fait (cas des « préliminaires de préliminaires » enchaînant deux préfaces : « je voudrais poser une question, c’est parce que j’ai entendu dire... » avant que l’action annoncée soit effectivement accomplie) (voir les présentations détaillées de ces différentes formes dans Schegloff 2007).
14 Ce qui est projeté n’est évidemment pas nécessairement accompli. Ainsi ce que disait H. Sacks des trajectoires topicales : “You don’t own the course of topical operation, but you can own next position and what’s to be done in it” (1992, II : 566) s’applique à tous les types de projections, et notamment aux trajectoires des activités.
15 Dans ce qui suit, je me focaliserai sur ces aspects de projection et trajectoire qui me serviront de ligne directrice pour décrire une activité qui semble a priori peu structurée et qui se déroule dans un cadre participatif étendu. Les questions discutées dans cette première partie sur les formes d’organisation et sur la référence à la longue séquence par les participants seront reprises dans le bilan à la lumière de l’analyse.
2. ANALYSE
16 L’analyse est faite sur un extrait de réunion qui regroupe environ 30 participants préparant un forum qui va se tenir en juillet 2012. C’est une réunion semi-formelle : elle a une heure de début et un lieu, et un ordre du jour, mais qui est surtout indicatif (sur différents aspects des réunions, notamment l’animation, voir Boden 1994 ; Ford 2008 ; Détienne & Traverso 2008 ; Asmuss & Svennevig 2009 ; Svennevig 2012). Une participante (GAB) anime la réunion et prend des notes qui sont projetées simultanément par vidéo-projecteur (image 1 de la salle ; image 2 de ce qui est projeté).
17 Un des thèmes récurrents est la discussion critique du titre prévu pour le forum : Construisons la transition et la métamorphose, apprenons la résilience, inventons les alternatives au chaos. L’extrait sélectionné prend place après le tour de table de présentation, lorsque l’animatrice fait une proposition d’ordre du jour. GIS prend rapidement la parole en revenant à un des points que GAB a évoqué (le titre du forum) et lance la discussion collective.
2.1. Lancement d’une activité : « trouver une périphrase... »
18 GIS prend la parole sous la forme suivante :
19 GIS prend la parole pour aborder les problèmes de compréhension du mot « résilience » et proposer de trouver une autre manière d’exprimer la même notion (« trouver une périphrase... », l. 16).
2.1.1. Préfaces et préliminaires : différentes formes de projections
20 Le tour de parole de GIS est constitué d’une série de préfaces (l. 1 à 14), suivies du point qu’elle veut faire et du lancement d’une activité dans le groupe. Comme on l’a dit, les préfaces sont interprétables à la fois par ce qu’elles effectuent localement, et par ce qu’elles projettent. La première, moi si j` peux parler du titre, commence par un énoncé hypothétique, qui projette syntaxiquement le deuxième membre, qui est l’objet de la prise de parole (quelque chose comme je dirai). Localement, cette préface fait le lien avec un des points de l’ordre du jour qui a été proposé par GAB, et elle permet de s’assurer que les participants acceptent cette thématique [6]. Ainsi, GIS ménage une pause (l. 4), qui permet à GAB de produire un continueur (l. 5), marquant l’accord. Après l’obtention de cet alignement, GIS n’introduit pas son point (deuxième membre de la construction hypothétique), mais ajoute une autre préface, elle aussi formulée comme une hypothétique s’ajoutant à la précédente (et si l’on veut de plus... sortir de notre bulle d’initiés...), qui oriente de façon un peu plus précise vers l’évocation d’un changement (sortir de notre bulle...), puis une autre (et j’ai cherché un synonyme... et j’ai pas trouvé) avant d’en arriver au point qu’elle veut effectivement faire, dont elle commence l’énonciation par donc :
21 La procédure employée permet à GIS de faire apparaître le changement de titre comme une nécessité et prépare le lancement de l’activité qui suit (trouver une périphrase ou transformer le mot résilience). C’est une forme d’usage argumentatif des préfaces. Cela lui permet donc, après la pause de la ligne 22, de poursuivre en proposant explicitement la recherche d’idée comme activité collective :
22 La proposition d’activité collective apparaît comme une conclusion arrivant naturellement. Elle réalise une autre forme de projection, rendant pertinente et attendue la production « d’idées » par les membres du groupe d’interlocuteurs, c’est-à-dire de deuxièmes parties de paires proposant des titres possibles pour le forum. La demande de ces deuxièmes tours est effectuée avec une adresse explicite, par le fait de laisser l’énoncé inachevé et, sur le plan de la posture, par le fait de balayer le groupe du regard de sa gauche à sa droite (images 3, 4), puis dans l’autre sens (image 5), alors que jusque-là GIS était essentiellement orientée vers GAB (comme dans l’image 3) dans une posture peu mobile. À partir de là, on peut observer différentes façons de s’aligner sur l’activité, et donc de contribuer à construire la séquence.
23 L’activité de « trouver des idées en réunion » n’est pas un genre discursif-interactionnel classiquement décrit, mais elle correspond pourtant à une activité très courante, qui témoigne d’une certaine compétence et de savoir-faire. Dans la description qui suit, le contexte de polylogue et le fait d’avoir accès à la multimodalité permettent de faire apparaître les dimensions spatiales et temporelles de l’activité.
2.1.2. Formes d’alignements et développement de la séquence
24 Après la pause à la fin du tour de GIS, PAU enchaîne en disant : PAU débute par un « pré-pré » (moi c’était une question qu` j` voulais poser/, 26), suivi d’un autre préliminaire référant au document qui circule, avant d’en venir à sa question (c’est un titre ou pas). Après la réponse de GAB (l. 31 à 36), il enchaîne en traitant tout ce qui précède comme une forme d’échange préliminaire préparant une évaluation du titre du forum (pa`ce que si c’est l` cas, 37), et comme justifiant son adhésion à la proposition de GIS (38). Avec cette prise de parole, PAU montre qu’il s’inscrit bien dans l’activité en cours : outre l’enchaînement thématique (moi c’était une question que...), il traite à la fin de sa prise de parole les échanges ouverts par sa question comme une sorte d’insertion clarifiant un aspect de la contribution de GIS (presque comme un repair), avant de reformuler la demande de cette dernière. Il est intéressant d’ailleurs d’observer les indices gestuels qui accompagnent ce développement et montrent comment il compose son cadre de participation, regardant GIS au début du tour (image 6), puis fixant son attention visuelle et son orientation corporelle vers GAB (image 7), pour se réorienter vers GIS en la désignant de la main lorsqu’il réitère la question qu’elle a posée (image 8).
25 À la fin de la contribution de PAU (46-47), nous sommes donc à un moment où, à nouveau, des deuxièmes tours de propositions d’idées (pour le titre) sont pertinents et projetés.
26 Après la pause de la ligne 49, LIN fait une première proposition :
27 Son tour de la ligne 50 commence par une préface (j’ai une petite idée) dans laquelle elle reprend littéralement la formulation de la demande de GIS (si vous avez des idées euh : : ), puis elle produit un autre commentaire anticipant une possible inadaptation de sa proposition (51), et enfin formule son idée en fin de tour on parl`rait du phoenix (53). La préface utilisée indique clairement sur quelle activité la locutrice s’aligne et positionne sa prise de parole comme une réponse, qui par sa formulation, relance explicitement l’activité collective. On observe d’ailleurs que c’est au cours de cette préface, une fois que ce qui va venir est projeté de façon suffisamment certaine, c’est-à-dire après la parenthèse sur les langues, et alors que LIN a repris le fil essentiel du discours, que GAB, qui prend des notes, commence à écrire « proposition : » (l. 52-53), c’est-à-dire ce que LIN est en train de faire.
2.2. Progression de l’activité et trajectoires
28 À ce point de l’interaction, un « premier » deuxième tour a été produit. Relativement à l’activité de chercher des idées de titre, au moins deux trajectoires sont alors possibles pour les participants suivants : produire d’autres idées, i.e. poursuivre l’activité de recherche d’idées (un peu comme on le ferait dans un brainstorming), ou alors répondre à la proposition de LIN qui contient une demande d’évaluation (demande particulièrement marquée dans ce cas par la catégorisation relative aux langues à travers laquelle LIN s’interroge sur la recevabilité par le groupe « français » de la métaphore que les « anglophones » qu’elle dit représenter choisiraient). Dans le deuxième cas, la progression serait linéaire, le tour suivant enchaînant sur le tour précédent ; dans l’autre, il poursuit la réalisation de deuxièmes tours, pertinents en vertu de la demande de recherche d’idées, et développe un autre forme d’organisation.
2.2.1. Progression linéaire et réalignement
29 La proposition de LIN suscite un rejet immédiat de JOM : Le rejet de JOM, exprimé ligne 56, est développé pendant quelques tours, alors que LIN s’efforce de répondre sans arriver à développer un tour (lignes non reproduites). À partir de la ligne 76, JOM rappelle l’activité en cours avec l’emploi de « trouver/prendre » une idée (76, 85). La proposition qu’il fait de prendre cette idée là pour montrer comment les mots nous trahissent (76-79) n’obtient aucun enchaînement, il la reformule jusqu’à la ligne 91 sans plus de succès (malgré les longues pauses aux lignes 87 et 91), puis il avance alors lui aussi une proposition à partir de la ligne 92 (on note que malgré cela, sa proposition ne fait pas l’objet d’une prise de notes) :
30 Cette proposition s’accompagne d’une redéfinition du cadre de participation : alors que jusque-là son interlocuteur principal était LIN dont il discutait la proposition et qui régulait ses propos (l. 77, 80, 86), il s’oriente vers une autre participante, MAU en reprenant un mot qu’elle a employé lors du tour de table de présentation (l. 93-94) :
31 En citant MAU et la désignant, en l’alignant ainsi énonciativement sur la proposition qu’il développe, il obtient qu’elle se positionne comme son interlocutrice privilégiée dans le groupe. Elle commence par produire des continueurs (hm hm, 95), puis elle finit par enchaîner véritablement à la ligne 102.
2.2.2. Désalignement et réalignement à distance
32 Au moment où elle prend la parole, MAU se trouve dans une position en partie similaire à celle qu’avait JOM à la fin du tour de LIN. Mais la projection qui a été faite par l’ébauche de proposition de JOM comprend, outre l’attente d’une évaluation, le présupposé que MAU va s’aligner. En effet, alors que LIN présentait sa proposition comme peut-être non recevable par les non-anglophones, JOM a présenté la sienne comme émanant en partie de MAU. Dans son enchaînement, elle effectue un mouvement de désalignement – réalignement :
33 Elle commence en chevauchement ligne 102, mais elle a déjà anticipé sa prise de parole, et surtout son destinataire (aussi bien que la source énonciative de ce sur quoi elle enchaîne) dès la ligne 100 : alors que jusque-là elle regardait JOM (qui lui parlait et parlait d’elle), et qui se trouve en face d’elle dans la salle, elle oriente son regard vers LIN (image 10), tandis que JOM la regarde toujours (image 10bis).
34 Puis elle accentue son orientation posturale vers LIN à la ligne 101, d’un petit geste de la main droite (image 11), ce qui entraîne également le regard de JOM vers LIN. À la ligne 102, au moment où elle commence son tour de parole, MAU est clairement orientée vers LIN et pointe en sa direction de la main gauche (image 12).
35 Le tour de parole de MAU débute par une série de marqueurs (oui mais après (.) ‘fin) suivis d’une préface (si j`peux m` permettre sur l’idée du phœnix), qui réalise plusieurs actions : elle situe ce sur quoi la locutrice enchaîne et elle indique également que ce qu’elle introduit est anti-orienté avec ce que développait JOM (et qu’elle interrompt). Cette préface est suivie d’un autre commentaire préliminaire introduit par parce que (c’est en fait un « pré-pré ») qui dure jusqu’à la ligne 108, dans lequel MAU explique pourquoi elle trouve, elle aussi, gênante l’idée du phœnix en se référant à ce qu’est pour elle la résilience (l. 105-106, et suivantes non reproduites, voir extrait 8). Puis elle énonce la proposition d’inventer un animal mythologique (117-118).
2.2.3. Absence d’alignement et disparition
36 À ce moment-là, LIN reprend la parole pour s’affilier à MAU, et cela a comme effet de gommer la dimension de proposition d’activité du tour de cette dernière : Le tour de MAU présente formellement toutes les caractéristiques qui lui permettraient de transformer l’activité de « trouver un titre » en celle d’« inventer un animal mythologique ». Elle présente une forme fréquemment utilisée pour lancer les activités (est-ce qu’on pourrait..., est-ce qu’il y aurait pas...). Mais la position adjacente, immédiatement après la proposition, qui serait la plus propice pour un enchaînement affiliatif, est occupée par autre chose, LIN reparlant du phœnix. MAU essaie à trois reprises de faire entendre sa proposition (l. 117-118, 123, 128), mais ses paroles sont en chevauchement avec celles de LIN. Enfin, au moment où « son » activité pourrait être reproposée, i.e. lorsque LIN achève son tour, un autre participant, PA, qui n’a pas encore parlé jusque-là, intervient pour proposer un autre commentaire sur les problèmes posés par l’image du phœnix.
37 Ces extraits montrent comment l’activité se structure à partir de la proposition qui est faite au départ, à l’aide d’une variété de ressources linguistiques (lexicales et syntaxiques notamment), interactionnelles et mimo-posturo-gestuelles et de procédés récurrents, utilisés pour montrer comment l’action en cours s’attache à l’activité en cours ou s’en détache. L’intelligibilité et la reconnaissabilité de ces procédés peuvent aisément conduire l’analyste à dégager une structure de longue séquence comportant les phases :
(préparation) – introduction– projection (sous forme de demande) – formulation d’une première idée (une première « réponse »), à partir de laquelle deux modes de structuration s’articulent :
- une construction par succession d’idées (ajout de deuxièmes tours) ;
- un développement autour de la première idée (évaluation), suivi ou non d’une proposition suivante.
40 L’analyse a également mis en évidence des contingences interactionnelles qui peuvent empêcher le déroulement (par exemple, l’enchaînement de PA, qui ne permet pas à la proposition de MAU d’être prise en compte).
41 Les ressources utilisées sont, en particulier, des formes variées de pré-séquences qui s’additionnent souvent dans le tour du locuteur et qui ont différentes fonctions. Elles préparent la place de l’action qui vient, dans des usages que l’on peut dire argumentatifs dans lesquels le locuteur construit de préface en préface, et en s’appuyant sur des projections liées aux constructions syntaxiques, l’emplacement de l’énoncé du point qu’il vise. Elles projettent une activité engageant les autres comme « trouver des idées », et elles indiquent à quoi l’on rattache la contribution, en réactivant l’élément qui justifie la prise de parole, parfois par la simple reprise d’un mot, comme « idée ». Les configurations des cadres participatifs sont également à souligner, à travers les jeux de regards et d’orientation du corps qui jouent un rôle essentiel dans la construction des alliances, ralliements ou distanciations énonciatives.
42 Nous allons maintenant adopter un point de vue plus complet sur ce qui se passe en observant un autre aspect de la même activité.
2.3. Activité parallèle, autre temporalité
43 Parallèlement à la progression de l’activité collective que nous venons de mettre en évidence et aux recompositions des cadres de participation locaux, s’effectue une prise de notes (image 2) à partir de laquelle se dégage une autre temporalité de l’activité. Reprenons l’extrait au cours de l’intervention de JOM :
44 Pendant la prise de parole de JOM, et alors que jusque-là, la prise de notes donnait une version écrite et synthétique des actions accomplies (cf. extrait 3), JEC, le voisin de GAB qui a fait une recherche dans un téléphone portable dès que GIS a parlé de synonyme de « résilience » (extrait 1), se penche vers GAB pour lui montrer son téléphone, ce qui va peu à peu mettre en route une activité en parallèle :
45 Pendant que JOM commente la proposition de LIN, JEC et GAB se détachent de l’activité collective pour concentrer leur attention sur l’information que JEC a trouvée dans le dictionnaire du téléphone à propos de « résilience » (sur ces formes de schismes ou scissions du cadre de participation, voir Egbert 1997 ; Traverso 2004). Après avoir lu ce que JEC lui montre, GAB prend le téléphone et commence à noter (l. 88). À partir de là, la prise de notes se détache de ce qui se dit, et GAB note :
47 Cette prise de notes est effectuée jusqu’à la ligne 114, où GAB finit de taper le -er de adapter puis se réaligne sur ce qui se dit à partir de la ligne 117 :
48 Il est intéressant de voir qu’après avoir tapé la définition de résilience provenant du dictionnaire, GAB réaligne presqu’immédiatement la prise de notes aux échanges en cours, en commençant, ligne 117, à noter un des éléments de définition de résilience mentionné par MAU aux lignes 105-112 pour justifier en quoi la métaphore du phœnix la gêne (mourir ou ne pas mourir). Elle poursuit également sa prise de notes au cours de la prise de parole de PA qui suit.
49 Dans un dernier extrait, on voit comment la définition qui a été notée est introduite dans la discussion, après l’intervention de PA qui a suscité le désaccord de MAU :
50 LIN rappelle la règle du jeu de « trouver des idées » (chercher quelque chose qui ferait penser métaphoriquement à la résilience), ce qui peut être vu comme un procédé visant à éviter la transformation de l’activité de recherche d’idées en autre chose qui est en train d’émerger et qui pourrait se cristalliser, une activité de gestion de désaccord par exemple. GAB intervient à ce moment-là pour proposer que JEC lise la définition du dictionnaire, ce qui rompt l’activité de recherche d’idées. Ce qui s’est développé ainsi pendant un temps sur un deuxième floor, dans un cadre participatif restreint et en parallèle de l’activité principale est (ré) introduit sur le floor principal. On peut souligner que la temporalité de cette introduction n’est pas relative à la fin de la notation de la définition du dictionnaire, puisque GAB a repris pendant quelque temps des notes des échanges, mais bel et bien à ce qui se passe dans l’échange, et cela peut être vu comme un indice du fait qu’elle perçoit que l’activité de recherche d’idées est en train de se déstructurer.
3. BILAN
51 L’étude de cette séquence, dans une réunion plurilocuteur, montre l’ordre mis en œuvre par les participants et son caractère intelligible.
52 Sur le plan méthodologique, l’approche temporalisée met en évidence que les participants s’attachent à rendre compréhensible à quoi se rattache ce qu’ils sont en train de produire à l’instant t. Elle montre la structuration en train de se faire, sa multidimensionalité et la variété des ressources qu’elle fait intervenir. Parmi les procédés les plus récurrents se dégage un usage très constant de pré-séquences de différentes formes. Cet emploi est sans aucun doute dû en partie au cadre polylogal, mais dans notre perspective, il convient surtout de souligner que les projections que ces préfaces permettent d’accomplir, de même que les procédés de reprise et de rétroaction, montrent la référence au tout de la séquence, et son fonctionnement prospectif et rétrospectif.
53 La configuration des cadres de participation est une autre ressource récurrente. Non seulement, l’analyse multimodale montre bien comment un participant construit en même temps que sa prise de parole le cadre de participation dans lequel il la déploie (notamment par le regard et les gestes), mais elle met également en évidence le marquage récurrent des sources sur lesquelles le locuteur enchaîne parfois à distance (par les mêmes procédés de regards, gestes et parfois postures), ainsi que des jeux d’adresse (c’est toi qui en parlais), de regard et de citation qui effectuent des petits coups de force énonciatifs. Et là encore, ces procédés montrent la permanence de l’activité pour les participants et leur collaboration à la construction de la longue séquence.
54 Cette description est en partie remise en question par la prise en compte de l’activité silencieuse (mais officielle puisqu’elle est projetée en temps réel) de prise de notes. On est ainsi contraint d’admettre que pendant que les participants (qui parlent) contribuent à construire une certaine longue séquence, dont ils rendent l’introduction et le développement intelligible et reconnaissable, d’autres s’affilient à la même activité selon une autre modalité, par la prise de notes, et parfois s’en détachent momentanément en établissant un second floor qui n’est plus subordonné à ce qui se dit. Deux commentaires s’imposent. D’une part, la prise de notes garde l’ossature minimale de la structure de l’activité (la paire adjacente constituée de « trouver des périphrases » sur une ligne et « proposition : métaphore du phœnix » à la ligne suivante). D’autre part, lorsque les deux floors se réunifient, il apparaît que la progression de la longue séquence n’a pas échappé à la personne prenant des notes, malgré la scission, puisqu’elle l’effectue de façon significative par rapport à son développement : au moment où elle semble se déstructurer.
55 En conclusion, on peut dire que ce qui, dans une certaine perspective, peut être décrit comme une activité collaborativement organisée qui construit progressivement une longue séquence reconnaissable, à l’aide de procédures et de ressources récurrentes, se complexifie amplement si l’on élargit le point de vue, mettant en évidence, outre la multiplicité et la labilité des cadres de participation, la coexistence de plusieurs temporalités dans la construction de l’activité, qui se disjoignent puis se rejoignent. La description de ces phénomènes permet de revenir sur la question de savoir si les contributions des participants se rattachent à une entité de niveau global. L’analyse montre que les réponses possibles doivent prendre en compte, à partir des projections, non seulement l’incertitude des trajectoires et les phénomènes de rétroaction et de recyclage, mais aussi le fait que peuvent coexister, dans les situations, différentes modalités d’alignement sur une même activité et de contributions à son développement. Tous ces phénomènes, ajoutés aux scissions, disjonctions et renouages qui ont lieu dans le fil de l’interaction tendent à montrer que l’entité de niveau global a bien une forme d’existence pour les participants, puisqu’ils en suivent la temporalité même lorsqu’ils s’en détachent, et qu’ils sont sensibles à ses modes de progression et à ses transformations.
Conventions de transcription
56 Les conventions de transcription sont une version simplifiée des conventions ICOR dont la version complète est consultable sur le site CORINTE [http://icar.univ-lyon2.fr/projets/corinte].
par amorce / intonation montante/ descendante : allongement .h aspiration
(.) (p<a0u.2sse) s non chronométrées (il va) transcription incertaine
(2.2) speacuosnedses) chronométrées (en °bon° voix basse ou très basse (°°bon°°)
& càolnatliingunaetisounivdauntteour de parole ALORS vdo’ilnusmisteanacuegmenté ou autre marque = enchaînement rapide < ((belnabrliaa>nt)) eDnétlriemditoeulablpeosrptéaerednuthpèhséensomène décrit ((rire)) phénomènes non transcrits [...] coupure due au transcripteur
57 Les conventions pour la notation des gestes s’inspirent librement de celles développées par Mondada, consultables sur le site CORVIS [http://icar.univ-lyon2.fr/projets/corvis/].
(()) Description de geste
» Indique que le geste continue aux lignes suivantes jusqu’à la borne suivante
# sLietuseymexbaoctleemapenptarl’aeîmtépglaalceemmeennttcdo’munmeeimreapgèeretirdéaendselalacoblaonndneevdiedséopsdeaundsolnaytmraensscription. Dans la colonne des pseudonymes suivi du pseudo en minuscules indique que la ligne est ?
consacrée à une reproduciton de ce que le locuteur écrit
?
blabla Marque les repère du début et de la fin de l’écriture : en italiques apparaît ce qui est écrit, ? en caractères droits la description de ce qui est écrit
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : structuration, préface, polylogue, séquence, projection, réunion, multimodalité
Date de mise en ligne : 14/11/2012.
https://doi.org/10.3917/lf.175.0053Notes
-
[1]
“Extended sequences in interaction need to be understandable and analyzable as whole units because they represent complex systems of action or activity system.” (Psathas, 1992 : 99)
-
[2]
C’est en quoi l’approche que j’appelle ci-dessous temporalisée, si elle tend vers l’adoption du point de vue des participants emic (vs. etic) n’y correspond peut-être pas toujours (voir aussi Traverso & Galatolo 2008). Sur ces questions, qui touchent à la fois à l’intention des participants et à la conscience qu’ils ont des organisations séquentielles, voir Mandelbaum & Pomerantz 1991 ; ainsi que Drew, qui pose les choses en ces termes : “hilst the orderliness of the pattern is produced in the first instance by participants, they may be acting in response to interactional contingencies, without any view to the orverall organization of a sequence, or to any particular stage in it.” (1995 : 121).
-
[3]
Voir les descriptions des séquences de « confidence » (Traverso 1996), des « échanges à bâtons rompus » (Traverso 2005a) et des cristallisations de désaccords (2005b), et des séquences ouvertes par une « plainte » (Heinemann & Traverso 2009).
-
[4]
Voir aussi les conférences données à Lyon à la journée d’étude sur les genres de l’oral, 2003 (http://icar.univ-lyon2.fr/ > Recherche > Equipe 1 > Documents), notamment les textes de Kerbrat-Orecchioni, Moirand et Traverso.
-
[5]
Elles peuvent aussi intervenir aux niveaux phonétique et syntaxique (cf. notamment Goodwin & Goodwin 1987 ; Auer 2002).
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[6]
La forme de cette préface marque aussi que la prise de parole qui va suivre est délicate : si je peux parler de X indique soit que ce que je vais dire à propos de X est critique ou négatif, soit que parler de X est problématique à ce moment-là (voir aussi le si je peux me permettre, ci-dessous). Il en irait différemment avec moi je voudrais parler de..., moi c’est à propos de....