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Article de revue

Des hommes et des femmes dans les professions de la petite enfance. Une question d’inclusion ?

Pages 181 à 200

Notes

  • [1]
    La proportion d’hommes travaillant avec des enfants handicapés dans l’EAJE semble être un peu plus élevée, au moins en Allemagne ; mais il n’y a pas de données internationales disponibles.
  • [2]
    Néanmoins, il convient de mentionner que certains pays sont surreprésentés dans cette recherche – en partie du fait de la prédominance de la langue anglaise dans la recherche internationale en EAJE, en partie parce cette question a été beaucoup plus débattue dans les pays nordiques et en Allemagne, par exemple, qu’en France.
  • [3]
    Une Kita comprend une crèche, un jardin d’enfants (kindergarten) et parfois une garderie après l’école ;le terme éducateur est utilisé pour des professionnels formés à l’EAJE de 0 à 6 ans (en allemand « Erzieher ») et à l’accueil péri-scolaire.
  • [4]
    Entre-temps, la campagne a été relancée et a abandonné ce slogan.

1 L’inclusion dans l’Éducation et l’accueil des jeunes enfants (EAJE) porte principalement sur l’inclusion des enfants. Une approche plus large prendra également en compte la diversité des adultes : les personnels ainsi que les familles. En ce qui concerne les métiers de l’EAJE, il est évident que les hommes ne sont pas inclus. L’EAJE est un secteur hautement sexospécifique et l’écrasante majorité des professionnels et des assistants des métiers de l’EAJE est féminine. Cela fait l’objet d’un débat depuis des décennies, bien avant que l’inclusion ne devienne un principe fondamental des métiers de l’EAJE.

2 Déjà dans les années soixante-dix, des actions positives pour qu’il y ait davantage d’hommes dans le préscolaire ont été lancées en Suède dans le cadre de la politique de l’égalité des sexes. Quelques années plus tard, ces actions furent interrompues, après qu’un syndicat enseignant s’était plaint que les hommes avaient tendance à occuper les quelques postes élevés (Wernersson, 2015, p. 17). La question des « hommes impliqués dans l’accueil/l’enseignement » passa au second plan, tandis que des programmes de grande échelle en faveur de l’arrivée de filles et de femmes dans les secteurs des sciences et de la technologie étaient mis en place. Quarante ans plus tard, la proportion d’hommes dans ce secteur est encore faible dans le monde entier [1]. Par exemple, en France, on estime que la proportion de professionnels masculins dans l’EAJE oscille entre 1 et 3 % (Commissariat général à la stratégie et à la prospective 2014, p. 45). En 2011, la Commission européenne annonçait « qu’il existe un besoin urgent de rendre les carrières dans le secteur de l’EAJE plus attrayantes aux hommes dans tous les pays de l’UE » (Commission européenne, 2011). Or, beaucoup de choses ont changé depuis les années soixante-dix et les établissements de l’EAJE ont mis en avant à bien des égards. L’importance d’avoir des services d’EAJE de bonne qualité est reconnue dans le monde entier et les centres d’EAJE sont acceptés et considérés comme la première étape du système éducatif.

3 En définitive, au cours des dix dernières années, le concept d’inclusion est devenu l’un des principes directeurs de l’accueil et du travail pédagogique auprès des enfants. Cet article tente de déterminer si l’inclusion des hommes est pertinente pour le développement futur de l’EAJE. L’argumentation est issue de recherches conduites dans un large éventail de pays [2] et, notamment, d’une recherche de l’auteur croisant plusieurs méthodes en Autriche et en Allemagne, et s’inscrit dans les débats d’un réseau international de recherche sur la mixité des genres (www.siggender.eu). On étudiera les arguments en faveur d’une augmentation du nombre d’hommes sous quatre angles différents : les enfants, les collègues féminins, les collègues masculins eux-mêmes et les parents. Enfin, les campagnes en faveur d’une augmentation du nombre d’hommes sont traitées dans une perspective critique du genre.

L’inclusion est-elle suffisante pour inclure des enfants ?

4 Historiquement, le concept d’inclusion est issu du concept d’intégration d’enfants et d’adultes présentant des handicaps ou des besoins particuliers. Par exemple, en Allemagne, les débats sur l’intégration de ces enfants dans les jardins d’enfants et les écoles ont commencé dans les années 1970 du siècle dernier. Apparaissent alors des modèles de projets, des activités de recherche et des échanges professionnels (Prengel, 2014). Néanmoins, il a été observé que l’institutionnalisation de l’intégration peut conduire à la ségrégation interne des enfants ayant des besoins particuliers au sein de l’institution. Ainsi, le concept d’intégration a dû être reconsidéré et le terme inclusion s’est fait jour, reliant le handicap aux autres dimensions de l’hétérogénéité. Les définitions les plus récentes s’éloignent des déficits des personnes handicapées et se rapprochent de l’aspect participatif. Une définition largement partagée de l’inclusion dans l’EAJE précise que « l’inclusion dans la petite enfance symbolise les valeurs, les politiques et les pratiques selon lesquelles tout nourrisson et enfant en bas âge et sa famille, quelle que soit son aptitude, a le droit de participer à un large choix d’activités et de contextes en tant que membre à part entière de la famille, de la communauté et de la société » (DEC/NAEYC 2009, p. 2).

5 La vue d’ensemble est encore plus vaste lorsqu’on élargit les dimensions de l’exclusion prises en compte. Dans les récents débats, on a réfléchi aux nombreux aspects relatifs à l’hétérogénéité en termes d’inclusion et d’exclusion, par exemple la race, la couleur et le sexe. Ces points de vue sont liés aux droits de l’homme et, en ce qui concerne les enfants, à la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant. Dans l’article 2 de cette convention, l’organisation chargée du réseau européen DECET (Diversité dans l’éducation des jeunes enfants et dans la formation) a annoncé : « Tous les enfants et les adultes ont le droit d’évoluer et de se développer dans un contexte de reconnaissance de l’équité et du respect de la diversité. Les enfants, parents et éducateurs ont droit à des services pédagogiques de bonne qualité dans la petite enfance sans aucune forme de discrimination manifeste ou cachée, individuelle structurelle due à leur race, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique ou autre, origine nationale, ethnique ou sociale, fortune, handicap, naissance ou autre statut. » (DECET, 1998, page non précisée).

6 Cette déclaration est une revendication non seulement pour les droits des enfants, mais également pour une diversité des métiers de l’EAJE, qui donne aux enfants la possibilité d’interagir avec plusieurs adultes, hommes compris. En ce qui concerne la diversité dans l’EAJE, l’absence de professionnels masculins est l’une des caractéristiques les plus flagrantes des personnels. Dans la plupart des pays du monde, la proportion de professionnels masculins dans l’EAJE est inférieure à 3 %. Même dans les pays ayant le taux le plus élevé d’employés masculins, la Norvège et le Danemark, moins d’un employé sur dix est un homme. Beaucoup de personnes s’accordent pour dire que c’est un problème qui devrait être traité. Dès les années quatre-vingt-dix, un groupe de travail de la Commission européenne s’était penché sur la question (European Commission Network, 1993). En 1996, le réseau suggéra que dans les dix ans à venir, 20 % de la main-d’œuvre de l’EAJE soient masculins (European Commission Network, 1996). Deux décennies plus tard, nous sommes encore loin de cet objectif. En 2001, le rapport de l’OCDE intitulé Starting Strong I (Petite enfance, grands défis), expliquait le besoin d’avoir des « stratégies visant à recruter des personnels mixtes et divers », mais Starting Strong II soulignait que seuls « quelques pays prenaient le sujet au sérieux », alors que « cette question n’est même pas abordée dans la plupart des pays » (OCDE, 2006, p. 170).

7 Dans un rapport récent sur l’inclusion dans l’EAJE en Europe, John Bennett et Peter Moss déclarent : « Cette situation n’a absolument pas changé depuis des dizaines d’années et semble refléter des incompréhensions profondément enracinées sur la nature du travail de l’EAJE et sur l’aptitude innée des femmes à l’entreprendre, exacerbée par une incapacité de la part de presque tous les principaux acteurs (par exemple gouvernements, établissements de formation, prestataires de services) à traiter la question de manière systématique et soutenue. » (Children in Scotland/ Les enfants en Écosse, 2010, p. 60).

8 Néanmoins, on a observé quelques changements au cours de ces dernières années. Les questions de genre dans la petite enfance ont fait l’objet d’un grand nombre de recherches, notamment la question de l’équilibre entre les sexes dans les métiers de l’EAJE (Brownhill, Warin et Wernersson, 2015 ; Hauwelle, Rubio et Rayna, 2014 ; Rohrmann et Emilsen, 2015). Au Danemark, en Norvège, en Belgique et en Allemagne, les projets destinés à augmenter le nombre de professionnels masculins ont enregistré des résultats positifs, même s’ils sont encore loin des 20 % fixés en 1996 (Peeters, Rohrmann et Emilsen, 2015). Curieusement, on a également observé une augmentation impressionnante des enseignants masculins en préscolaire en Turquie, sans aucune politique de soutien (Sak, Sak et Yerlikaya, 2015). Le tableau 1 illustre la proportion de professionnels masculins dans certains pays d’Europe.

Tableau 1 : Calendrier de la proportion de professionnels masculins dans certains pays d’Europe

Tableau 1 : Calendrier de la proportion de professionnels masculins dans certains pays d’Europe

Tableau 1 : Calendrier de la proportion de professionnels masculins dans certains pays d’Europe

Flandre : hommes employés dans le secteur de la prise en charge des enfants (de 0 à 3 ans et garde extra scolaire) (Peeters et al., 2015).
Allemagne : professionnels dans les Kitas (centres de l’EAJE [3]) y compris responsables et (quelques) administrations, et également garderie (Statistisches Bundesamt 2015, ses propres calculs).
Norvège : responsables, responsables pédagogiques et assistants dans les maternelles (Statistisk sentralbyrå 2015, ses propres calculs).
Turquie : enseignants pour la petite enfance (Sak, Sak etYerlikaya, 2015a ; Sak et Sak, 2015b).

9 Malgré ces changements et ces initiatives, les raisons pour lesquelles il faudrait avoir davantage d’hommes pour l’EAJE ne sont toujours pas très claires. L’une de ces raisons est qu’une main-d’œuvre entièrement composée de femmes serait, semble-t-il, trop homogène. L’expression souvent utilisée main-d’œuvre féminisée, non seulement souligne que la majorité des employés sont des femmes, mais également que les attitudes spécifiques et les styles de comportement sont liés à des stéréotypes propres à un sexe. L’inclusion des hommes, ainsi que l’inclusion des professionnels ayant des antécédents culturels différents, est considérée comme des étapes importantes vers une main-d’œuvre plus diversifiée. Mais cela est-il vrai ?

Pourquoi davantage d’hommes ?

10 Même s’il règne, semble-t-il, un large consensus en faveur d’un meilleur équilibre des sexes dans l’EAJE, il existe des arguments différents et parfois contradictoires en faveur d’une augmentation du nombre de professionnels masculins. Par exemple, en Norvège, des efforts pour accroître le nombre d’hommes favorisent l’égalité des sexes. Dans l’évaluation du troisième plan d’action norvégien en faveur de l’égalité des sexes, on explique que « les rôles traditionnels homme/femme doivent être remplacés par de nouveaux modèles où les hommes et les femmes font la même chose et où les femmes et les hommes ne sont pas des catégories complémentaires. Les catégories du genre ne doivent pas déterminer ce que les hommes et les femmes peuvent, pourraient et devraient faire » (Johannesen, 2010, p. 5). Ainsi espère-t-on qu’une plus grande proportion d’hommes incitera les gens à faire plus d’efforts en vue d’une égalité hommes/femmes (p. 7).

11 Le président d’un centre d’accueil pour enfants en Malaisie a, quant à lui, une toute autre attitude vis-à-vis d’une augmentation du nombre d’hommes, comme il l’a expliqué récemment : « Les hommes sont plus stables émotionnellement, pas aussi sensibles que les femmes. 1. En cas de problème, en particulier des plaintes ou toute autre affaire concernant le centre ou les enfants, ils essaieront de les résoudre de manière rationnelle. 2. Les hommes ont toute la force nécessaire pour accomplir des tâches telles que déplacer des meubles et autres matériels. Porter des choses lourdes et effectuer d’autres travaux divers que parfois les femmes ne peuvent pas faire. […] 4. Les hommes peuvent pratiquer des activités intéressantes en plein air comme par exemple le football, le jardinage […] ou tout type de sport. » (Basri, 2015). Les deux argumentations sont favorables à une augmentation du nombre d’hommes, mais ont des attentes très différentes quant aux contributions des professionnels masculins à l’EAJE.

12 Wernersson (2015) a mis au point un modèle très utile pour classer les suppositions relatives aux employés masculins et féminins. Celles-ci peuvent se différencier suivant deux dimensions : la féminité et la masculinité en tant que polarités et la hiérarchie des sexes. En ce qui concerne la polarité, on peut dire que les hommes et les femmes ont des qualités et des aptitudes semblables ou différentes. Quant à la hiérarchie des sexes, on accorde une valeur plus ou moins supérieure aux hommes qu’aux femmes. Dans les exemples cités, il est clair que l’approche norvégienne considère que les hommes et les femmes sont semblables et de même valeur, tandis que dans l’exemple malaysien les hommes et les femmes sont différents, en donnant un statut plus ou moins supérieur aux hommes. Un troisième exemple serait l’idée d’un modèle de référence masculin qui domine dans de nombreux débats publics sur le développement des garçons et qui est également très populaire parmi les parents (Brownhill, 2015). Dans ce concept, les hommes ne sont pas nécessairement plus valorisés que les femmes, mais on considère qu’ils ont des tâches spécifiques dans leur relation enfant-adulte liée à leur sexe biologique.

13 Les différentes hypothèses qui existent sur les hommes et les femmes dans l’éducation sont peut-être dues aux différences culturelles, l’égalité entre les sexes étant plus manifeste en général en Norvège qu’en Malaisie. Néanmoins, les recherches effectuées dans plusieurs pays montrent que des attentes contradictoires sont fréquentes dans le monde entier, au sein de nombreuses équipes responsables de maternelles et également dans des pays où l’égalité hommes-femmes s’affiche plus franchement. Les hommes doivent en même temps satisfaire et surmonter les attentes du comportement masculin traditionnel, par exemple prendre en charge toutes les tâches, indépendamment du sexe et jouer au football avec les garçons (Aigner et Rohrmann, 2012, p. 274). Le modèle de Wernersson (2015) est un outil utile pour analyser les arguments pour (ou contre) davantage d’hommes dans l’EAJE, mais il convient de rappeler que les attitudes et comportements sexospécifiques sont des questions complexes. Les enfants, les hommes et les femmes peuvent avoir des besoins différents et des points de vue qui divergent sur l’importance et sur les rôles des hommes et des femmes dans l’éducation, en fonction des situations de la vie quotidienne et des expériences professionnelles.

Le point de vue des enfants

14 Du point de vue de l’enfant, les hommes font tout simplement partie de leur monde. L’importance des hommes dans la vie des enfants a été prouvée par des recherches sur les relations père-enfant. Lamb (2010) les résume en ces termes :

15 « Les chercheurs ont réuni des éléments probants concernant les avantages de l’implication positive des pères pour le bien-être des enfants. » (p. 2). Même si les recherches sur les interactions père-nourrisson et mère-nourrisson ont montré que les pères et les mères présentent beaucoup de similitudes lorsqu’ils s’occupent des bébés, plusieurs études mettent en exergue la pertinence des différences entre père et mère. Le Camus (2000) a souligné que les enfants en profitent le plus lorsque les pères sont présents dans leur vie et leur comportement et mode interactionnel est distinct du comportement de leur mère. Mais cela s’applique-t-il aussi aux aidants et aux enseignants hommes et femmes ?

16 À première vue, la plupart des enfants des établissements de l’EAJE n’ont aucun problème à inclure des hommes dans leur monde. Au contraire, ils semblent apprécier le fait d’être avec des hommes et de s’amuser avec eux. Tout comme les rapports des praticiens, la plupart des études indiquent que les enfants réagissent très positivement envers les enseignants et les aidants masculins. Parfois les professionnels masculins ont un retour extrêmement positif, tout simplement parce qu’ils sont là. Dans une étude autrichienne, un jeune professionnel avait même l’impression « d’être une vedette […] comme si j’étais un souverain ou un roi » (Aigner et Rohrmann, 2012, p. 278). Les professionnels hommes aussi bien que femmes expliquent également que les enfants les approchent différemment, souvent avec des modèles stéréotypés liés aux sexes. Si on interroge les personnels de l’EAJE, il semble qu’une répartition équilibrée hommes-femmes parmi les professionnels apporte davantage d’opportunités aux enfants, parce que les hommes et les femmes sont différents. Dans le même temps, ils soulignent souvent que tous les professionnels remplissent les mêmes tâches, indépendamment de leur sexe et qu’ils ne traitent pas les filles et les garçons différemment.

17 Malheureusement, on manque d‘études d’observation évaluant les similitudes et les différences dans les interactions des professionnels hommes et femmes de l’EAJE avec des enfants. Récemment seulement, quelques projets de recherche ont mis au point de nouvelles approches. L’étude allemande Tandem comparait les professionnels hommes et femmes de l’EAJE dans une situation quasi-expérimentale (Brandes et al., 2015). En ce qui concerne les dimensions des critères professionnels, comme la qualité de l’interaction, les professionnels masculins et féminins n’affichaient aucune différence significative. Néanmoins, on a observé des différences entre les sexes dans l’utilisation des outils et dans le développement des sujets. Par ailleurs, dans des situations avec des connotations sexospécifiques manifestes, les professionnels de l’EAJE agissent apparemment d’une manière particulièrement authentique. Un sous-texte sexospécifique implicite semble accompagner le comportement pédagogique et la routine quotidienne.

18 Avec une approche différente, une étude autrichienne a observé les interactions quotidiennes en maternelle. De même, cette étude n’a trouvé aucune différence significative dans la qualité pédagogique entre les hommes et les femmes. Néanmoins, il s’est avéré que les professionnels masculins peuvent être particulièrement intéressants pour des garçons (au moins quelques-uns) (Aigner et al., 2013). Curieusement, les deux études signalent que les interactions sexospécifiques entre enfants et adultes sont des processus réciproques. Les résultats semblaient être plus influencés par le sexe de l’enfant que par le sexe des adultes. Il est tout à fait possible que « les enseignants masculins et féminins du préscolaire interprètent les besoins des enfants, leurs intérêts et les niveaux de développement des enfants différemment les uns des autres », comme l’expliquent Sak et al. (2015b, p. 7), mais ce sont aussi les enfants qui « font eux-mêmes une distinction entre les personnels de la petite enfance » (Aigner et al., 2013, p. 111). Cela signifie que ce ne sont pas les différences entre les hommes et les femmes qui sont le plus pertinentes, mais les interrelations entre le sexe des enfants et le sexe des adultes. Brandes et al. (2015) concluent que « cela n’a pas beaucoup de sens d’examiner l’incidence du sexe des professionnels de la petite enfance sans prendre en compte le sexe des enfants en même temps » (p. 325).

19 Malheureusement, il n’existe pratiquement aucune une étude qui a interrogé les enfants eux-mêmes pour savoir comment ils ressentent les professionnels masculins et féminins. Dans une petite étude grecque, Tsigra (2014) a analysé les points de vue des enfants au sujet de leurs enseignants féminins et masculins en maternelle lors d’entretiens et à partir des dessins d’enfants. Les enfants différentiaient leurs enseignants selon leur aspect extérieur, mais ils les classaient dans plusieurs rôles différents, du nourricier au régulateur de comportement. Même si certains résultats indiquaient que les enfants pouvaient représenter des enseignants masculins dans des postures stéréotypées par sexe, leurs points de vue étaient modérés par la culture scolaire, les activités quotidiennes et la personnalité des enseignants. Pour surmonter les hypothèses stéréotypées au sujet du rôle des hommes dans la vie des enfants, il est nécessaire de tenir compte davantage de l’opinion des enfants.

Le point de vue des collègues femmes

20 Que pensent les professionnelles de l’EAJE de leurs homologues masculins ? À première vue, beaucoup d’entre elles semblent être favorables à l’idée d’avoir un plus grand nombre de collègues masculins. D’autre part, il s’avère que les équipes uniquement féminines préfèrent souvent des candidates et beaucoup d’hommes ont fait état d’expériences négatives sur le lieu de travail, ce que Murray (1997) a qualifié de « discrimination subtile » des hommes dans la profession majoritairement féminine de garde d’enfants. Des recherches effectuées dans plusieurs pays font mention d’attitudes et de réactions incohérentes de la part de professionnelles à l’égard de collègues masculins (Rohrmann, 2014a, 2015). À première vue, beaucoup de collègues femmes semblent être favorables à l’idée d’avoir un plus grand nombre de professionnels masculins. Une analyse plus approfondie révèle que les professionnelles ont souvent tendance à avoir des points de vue stéréotypés sur les rôles masculins et féminins dans la pratique courante. Elles voient les hommes dans des rôles modèles pour les garçons, elles veulent qu’ils jouent au football ou qu’ils s’impliquent dans des jeux turbulents. Il est également signalé qu’on attend souvent des hommes qu’ils fassent le travail de concierge lorsqu’ils entrent dans un centre. D’autre part, on s’attend moins à ce que les hommes s’investissent dans les soins intimes des nourrissons ou qu’ils prennent les enfants sur leurs genoux. Parfois il existe des règles qui interdisent aux hommes de changer les couches, conséquence de soupçons selon lesquels les hommes qui travaillent avec des enfants pourraient être pédophiles. Ces craintes bien souvent ne sont pas exprimées librement, mais influencent néanmoins le comportement pédagogique et les relations entre les hommes et les femmes travaillant ensemble.

21 Dans le même temps, de nombreuses femmes mettent en avant que les hommes et les femmes devraient être également responsables de toutes les tâches dans la pratique courante, niant ainsi toute différence entre les sexes. On peut aussi trouver ces incohérences dans leurs attentes relatives aux modes de communication. Les professionnelles femmes apprécient le fait que les hommes soient plus directs et simples, mais en même temps elles veulent qu’ils soient empathiques et coopératifs. Comme Jones (2003) l’a expliqué dans une étude britannique, les enseignantes veulent « le bon type d’homme » qui doit

22

  • « adorer les jeunes enfants et être jeune d’esprit
  • écouter – et ne pas être arrogant
  • savoir travailler en équipe et avoir le sens de l’humour
  • être macho – et ne pas être une poule mouillée ! » (Jones, 2003, p. 570f).

23 Le dernier aspect est, semble-t-il, intéressant, car un homme qui remplirait les trois premiers critères pourrait néanmoins être écarté s’il n’est pas un « homme, un vrai » s’il est trop sensible ou efféminé. Jones résume en quelques mots que le « bon type d’homme […] est construit en même temps par des discours partiaux de masculinité traditionnelle, fusionnés avec des discours plus progressifs donnant des hommes sensibles et bienveillants » (p. 572) et concède que cela se traduit par des constructions conflictuelles d’enseignants masculins aux identités multiples. Un autre point de vue des collègues de sexe féminin mérite d’être mentionné : celui des experts de l’égalité entre les sexes et des chercheurs féministes. Fait intéressant, il a été rapporté que certains responsables et spécialistes de l’égalité entre les sexes ne sont pas favorables aux mesures visant à plus d’hommes dans l’EAJE. Il s’agit d’« une vision institutionnelle persistante selon laquelle s’il est essentiel de promouvoir activement l’arrivée des femmes dans des métiers masculins tels que la médecine et le droit, il appartient aux hommes eux-mêmes de manifester individuellement un intérêt pour le travail d’EAJE » (Koch et Farquhar 2015, p. 385). C’est partir du principe que les hommes ne sont intéressés que par l’accès aux postes les plus élevés, bloquant ainsi les possibilités de carrière pour leurs collègues de sexe féminin. En outre, même des experts de grande notoriété en reviennent à des images stéréotypées du genre. Par exemple, un chercheur reconnu a justifié son opposition à la présence des hommes dans l’EAJE en arguant que « les jeunes enfants ont toujours, et dans toutes les cultures, été élevés par des femmes », réalité qui, selon elle, repose sur les « lois de l’évolution » (Keller 2013, p. 47).

24 Dans la perspective de l’inclusion, ces résultats suscitent la réflexion. Les attitudes stéréotypées envers les hommes ne sont clairement pas compatibles avec une approche inclusive. Considérer les hommes comme différents, même si cela est positif, conduit à stéréotyper les attributions de tâches et d’activités. L’inclusion, par ailleurs, est comprise comme étant « le droit […] de participer à un vaste choix d’activités et de contextes », comme cela a été mentionné précédemment. En outre, les professionnelles qui mettent en avant la similarité des professionnels hommes et femmes semblent être plus proches de l’idée de l’inclusion, mais semblent souvent faire complètement abstraction de la pertinence du sexe et ignorent ainsi la signification des différences comme source de développement. Pour échapper à ce dilemme, il conviendrait de surmonter les hypothèses de l’homme (THE man) vers une diversité d’hommes (et de femmes), comme dans la citation suivante extraite de l’étude allemande : « Eh bien, si vous regardez le programme des Kitas à Berlin, on y lit que nous devrions préparer les enfants à la vie. La vie à Berlin est colorée. Et elle comporte des hommes, également. Et la plus grande variété d’hommes possible. Des grands, des petits, des gros, des ronds, des calmes, des bruyants […]. Sinon notre programme ne sera pas mis en œuvre » (Administratrice d’une Kita, Cremers et al., 2010, p. 43).

Le point de vue des professionnels masculins

25 Comment les hommes se perçoivent-ils dans le monde des femmes du développement de la petite enfance ? La caractéristique de l’EAJE est que c’est un secteur féminin, non seulement en ce qui concerne la socialisation sexospécifique des professionnelles, mais également dans la culture de l’équipe, la décoration intérieure, les outils, les activités pédagogiques et les réactions face au comportement des filles et des garçons (Friis, 2006, Vandenbroeck et Peeters, 2008). Wohlgemuth (2015) parle d’un « air de care » comme étant une série de signaux comprenant des comportements, des modèles de discours et de communication, des conseils pratiques et la décoration intérieure des établissements de soins. Elle souligne que ces signaux ne sont pas féminins en soi, mais sont caractérisés par la domination numérique des femmes dans l’EAJE.

26 Au sein du système d’égalité des sexes des maternelles, les hommes apparaissent différents et étranges. Cette altérité perçue est liée à l’idéalisation des hommes, ainsi qu’à la résistance contre leur participation à la vie des jeunes enfants (Murray, 1997 ; Rohrmann, 2014a). Plusieurs études émanant de différents pays ont analysé la façon dont les hommes construisent leur identité masculine entre ces attentes et réactions contradictoires. Les résultats montrent des professionnels masculins luttant entre les normes de la société et les attentes des collègues, entre les définitions de professionnalisme sexospécifiques et neutres sur le plan des sexes et entre l’idéalisation et une méfiance générale à l’encontre des hommes travaillant avec des enfants. Beaucoup d’hommes se plaignent d’être contraints à jouer des rôles et à adopter des comportements traditionnellement masculins, tandis que d’autres semblent se sentir plutôt confiants dans une niche masculine. Certains hommes tentent d’échapper aux notions traditionnelles de la masculinité, en développant des aspects de professionnalisme neutres sur le plan des sexes, d’autres affichent une sorte de comportement hyper masculin qui pourrait assurer leur masculinité. Ces contradictions reflètent les attentes des collègues féminines décrites précédemment. Face à ces difficultés, être un homme dans une maternelle ou même un modèle de référence masculin, devient une tâche ambiguë. Toutefois, il apparaît que la satisfaction au travail des professionnels hommes dans l’EAJE est en général très élevée (Aigner et Rohrmann, 2012). Beaucoup d’hommes affirment avoir de bonnes relations avec des collègues femmes, les enfants et les parents, mais, en même temps, les taux de décrochage des hommes sont plus élevés que ceux des femmes et les hommes font état d’une subtile discrimination sous divers aspects. Ils disent souvent qu’ils sont interrompus lorsqu’ils proposent de nouvelles idées ou qu’ils remettent en question des habitudes de travail établies. On peut retrouver ces commentaires dans d’autres études à travers le monde, ce qui semble indiquer que les conflits entre les routines féminines d’EAJE et le comportement masculin typique sont des phénomènes transculturels. En effet, il est vrai, comme le souligne Wohlgemuth (2015), qu’« un plus grand nombre d’hommes est souhaitable, mais changer les procédures est une toute autre histoire » (p. 401).

27 On peut le comprendre dans le contexte de la hiérarchie traditionnelle des sexes et des conceptions polaires des caractères masculin et féminin. À première vue, l’altérité des hommes est considérée comme un enrichissement et un complément au travail de base des femmes. Étant donné que les qualités masculines sont jugées socialement plus précieuses que les qualités féminines, cela peut se traduire par l’idéalisation des professionnels hommes, même lorsqu’ils manquent d’expérience et de formation. Dans le même temps, lorsqu’un homme veut travailler avec de jeunes enfants, cela suscite de la suspicion. Comme ce genre de travail ne devrait pas intéresser les hommes, on imagine d’autres motivations – notamment des tendances pédophiles/pédosexuelles.

28 Une méfiance générale à l’égard des professionnels masculins que l’on imagine potentiellement pédophiles et agresseurs sexuels est un problème que l’on rencontre dans le monde entier, mais dont l’ampleur et les conséquences varient selon les cultures nationales des personnels de l’EAJE et selon les rôles des hommes et des femmes dans la société en général. Pour l’Allemagne, Cremers et al. (2010) parlent d’un « contrôle efficace des éducateurs masculins » (p. 59). Même si la moitié des administrateurs et des parents pensent au risque de maltraitance des enfants par des hommes, la grande majorité ne généralise pas cette crainte et confierait un enfant à des professionnels hommes « sans aucune appréhension » (p. 60). Au Royaume- Uni, une méfiance générale à l’égard des hommes est l’une des principales raisons qui explique la faible proportion d’hommes dans la petite enfance (Cameron et al., 1999). Dans certains pays, en Nouvelle Zélande par exemple, quelques cas isolés d’abus sexuel ont provoqué un vent de panique morale qui s’est traduit par une diminution du nombre d’hommes dans l’EAJE (Farquhar et al., 2006). Curieusement, Wernersson (2015) raconte qu’en Suède dans les années soixante-dix, personne n’imaginait que des professionnels hommes voulaient travailler avec des enfants pour des « raisons douteuses ». « En revanche à l’heure actuelle, beaucoup d’hommes travaillant dans le préscolaire en Suède attestent qu’ils se sentent suspectés. » (Wernersson, 2015, p. 21).

29 Être en contact avec des hommes ayant agressé sexuellement des enfants peut avoir une incidence sur les professionnels masculins de différentes manières. Tout d’abord, c’est la raison primordiale pour laquelle les hommes ne choisissent pas cette profession ou ne restent pas dans ce secteur (Aigner et Rohrmann, 2012 ; Cameron et al. 1999 ; Cremers et al. 2010). Cela engendre également des incertitudes au quotidien, notamment en raison des contacts étroits entre les professionnels et les enfants. On avertit les hommes de ne pas se retrouver seuls avec les enfants (Wernersson, 2015) ou d’avoir un contact intime avec le corps, afin de ne pas être accusé de comportement « incorrect ».

30 Dans la mesure où le travail avec les enfants et en particulier avec les nourrissons est impossible sans contact proche avec le corps, cela risque de compliquer leurs relations avec les enfants. Ces derniers pourraient ne pas comprendre pourquoi l’adulte bien aimé se comporte soudain différemment envers eux, voire les repousse loin lorsqu’ils veulent se rapprocher de lui. Peeters (2012), entre autres, considère qu’une politique qui tend à minimiser le contact physique et l’expression des émotions est très risquée pour le moins, parce qu’une attitude professionnelle indifférente irriterait les parents. Les personnels de l’EAJE doivent s’investir émotionnellement avec les enfants, sans oublier de réfléchir auparavant pour s’assurer qu’un contact proche est « destiné au bien de l’enfant et n’est pas lié aux sentiments de l’aidant » (p. 19).

Le point de vue des parents

31 Des rapports et des études émanant de plusieurs pays montrent qu’une majorité de parents sont favorables à une hausse du nombre de professionnels hommes. En 2003, dans une étude réalisée en Grande-Bretagne, 77 % des parents étaient d’accord pour qu’il y ait davantage d’hommes dans l’EAJE. Ils attendaient notamment des modèles de référence masculins positifs et un environnement mixte (Daycare Trust, 2003). En Allemagne, une étude nationale représentative révélait que la plupart des parents faisaient confiance aux éducateurs masculins et étaient d’accord pour que les centres recrutent davantage d’hommes. Plus d’un tiers des parents étaient même « entièrement d’accord » pour dire qu’une « Kita employant des éducateurs masculins était plus attrayante qu’une Kita n’ayant que des éducatrices » (Cremers et al., 2010, p. 43f). De même, dans une étude autrichienne, les parents étaient extrêmement favorables à la présence d’hommes dans les maternelles ; plus de 90 % pensaient qu’il fallait davantage de professionnels masculins (Aigner et Rohrmann, 2012, p. 319f). Les professionnels masculins eux-mêmes signalaient dans ces études qu’aussi bien les mères que les pères avaient réagi positivement.

32 On considère que la présence de professionnels masculins est particulièrement importante pour l’inclusion des pères. Une étude de 2011 réalisée par le Minnesota Fathers and Families Network (MFFN) observait que l’absence de personnel masculin constituait l’une des principales difficultés à l’implication des pères dans les programmes de la petite enfance. Les auteurs concluent que « la présence de personnels et de bénévoles masculins fournit un indice prouvant qu’il s’agit d’un environnement masculin convivial où d’autres hommes sont bienvenus et attendus » (2011, p. 15). De même, une étude néozélandaise révélait que 85 % des personnes interrogées (professionnels/enseignants de la petite enfance, hommes et femmes) confirmaient que « la participation d’un plus grand nombre d’hommes dans l’enseignement des jeunes enfants serait une bonne chose pour […] la participation des pères et des aidants masculins dans le programme EAJE de leurs enfants » (Farquhar, 2012, p. 6) ; seul « l’accès des enfants aux modèles de référence masculins » était mieux noté. Quelques études mentionnent que les professionnels masculins de l’EAJE peuvent représenter un intérêt particulier pour les pères issus de familles de migrants. En effet, un professionnel masculin avec un passé de migrant peut aider à créer des passerelles, comme l’a expliqué une administratrice : « Eh bien, c’était très clair lorsque ce Turc travaillait ici. Naturellement, c’était l’occasion idéale pour de nombreux pères turcs de venir ici et de dire quelque chose ou ce qu’ils avaient sur le cœur ou d’entamer une discussion avec lui. Ils savaient qu’il y avait quelqu’un qui comprenait leur langue, etc. Et de surcroît, c’était aussi un homme. » (Cremers et al., 2010. p. 52).

33 Les hommes peuvent également être des interlocuteurs importants pour les mères comme l’ont fait remarquer plusieurs professionnels masculins. Dans l’étude autrichienne, un homme racontait comment certaines mères venaient pleurer sur son épaule. Un autre pensait qu’il était peut-être plus facile pour une mère de parler à un professionnel homme en maternelle, parce que les femmes sont plus sceptiques et sur la défensive (Aigner et Rohrmann, 2012). Les professionnels hommes en maternelle peuvent être particulièrement importants pour les mères célibataires qui ont des garçons et qui ont peu de contacts positifs avec les hommes.

34 Par ailleurs, les réactions négatives de parents à l’égard des professionnels masculins peuvent provoquer de graves problèmes. Même si un professionnel masculin est accepté par une majorité de parents, certains parents peuvent être irrités lorsqu’ils voient un professionnel homme en étroite interaction avec leur enfant. Certains parents ne veulent pas d’un homme pour s’occuper de leur fils ou de leur fille. Bien souvent, la défiance et des attitudes négatives ne sont pas mentionnées directement, mais elles ont une influence sur les échanges informels et l’ambiance quotidienne du centre. Cremers et al. (2010) remarquent qu’« il existe manifestement quelques personnes (même si elles sont très peu nombreuses) qui expriment un fort degré de scepticisme à l’égard des éducateurs masculins », p. 45. Les commentaires négatifs des parents peuvent se traduire par des sentiments d’insécurité, en particulier lorsqu’un professionnel masculin est le seul homme d’un centre. Dans ce cas, le soutien des collègues féminines et des responsables du centre est indispensable.

Images de masculinité dans les campagnes en faveur des hommes dans l’EAJE

35 Que peut-on faire pour que les hommes rejoignent le secteur de l’EAJE ? Depuis les années quatre-vingt-dix, il y a eu des campagnes publiques en faveur des hommes dans plusieurs pays européens. Des chercheurs et des décideurs s’accordent pour dire que le nombre et la proportion d’hommes n’augmenteront pas sans actions spécifiques (Peeters, 2007). Diverses mesures dans plusieurs domaines et à des étapes différentes des parcours professionnels s’imposent. Ces stratégies reposaient en partie sur des campagnes de relations publiques où figuraient des professionnels masculins de l’EAJE. Ces campagnes mettent souvent en avant les caractéristiques et des images masculines typiques, lorsqu’elles décrivent les avantages de la profession ou présentent des images de professionnels hommes.

36 Curieusement, beaucoup d’hommes se retrouvent dans une maternelle sans avoir vraiment prévu de travailler dans ce domaine. En général, les hommes ne veulent pas être des professionnels de l’EAJE, parce que ce sont des hommes. Au contraire, les motivations qui les poussent à choisir un métier dans des secteurs socio-éducatifs sont variées : « Leur choix est dû à des raisons multiples et complexes. Malheureusement, ces raisons sont rarement reconnaissables dans les campagnes de recrutement, principalement guidées par la perception du sexe masculin comme l’homme hégémonique. » (Wohlgemuth 2015, p. 401f). Avec ce point de départ, il convient d’analyser les campagnes en faveur des hommes dans l’EAJE d’un point de vue sexospécifique.

37 En Norvège, cela fait plus de 20 ans qu’il existe des campagnes en faveur des hommes. Lorsque la première vidéo Kindergarten – a working place for men (La maternelle – un lieu de travail pour hommes) a été lancée en 1994, on disait que c’était sympa de travailler dans une maternelle. Dans cette vidéo, des hommes étaient présentés, par exemple, dans des maternelles en plein air, ce qui est très fréquent en Norvège, reliant ainsi la question à une image précurseur masculine profondément enracinée dans les idéaux traditionnels de la masculinité de la société norvégienne. Dix ans plus tard, Friis (2006, p. 12) critiquait le fait que tous les hommes ne pouvaient pas s’identifier au type de masculinité présenté dans ces premières campagnes. À cet égard, il est nécessaire de présenter des types d’hommes et de femmes différents dans les campagnes de l’EAJE.

38 Une étude danoise de Wohlgemuth (2015) défendait ce point de vue en montrant que les motivations des hommes qui choisissaient des métiers dans le secteur du care étaient variées et très personnelles. C’est pourquoi un programme du gouvernement danois a adopté une approche différente. La campagne Skift job (Changez de métier) visait des hommes qui pouvaient avoir envie de passer à un métier traditionnellement féminin, notamment dans l’EAJE. Cette campagne essayait de déconstruire le lien entre l’identité du sexe et la profession, à l’aide du message clé suivant : « Inutile de changer votre identité [masculine] pour changer de métier » (www.skiftjobb.dk [4]). Schulte a analysé comment les média ont couvert la question des hommes dans l’EAJE pendant les campagnes en faveur des hommes en Allemagne et a critiqué l’usage des modèles stéréotypés des masculinités dans les media. De son point de vue, « les centres d’EAJE devraient être décrits comme des lieux où les hommes ne sont perçus ni comme des “vrais durs“, ni comme des “poules mouillées“, mais comme des membres d’une équipe mixte qui forts, de toutes leurs compétences, contribuent à l’éducation de la petite enfance » (Schulte, 2014, p. 9). Les présentations d’images de la masculinité ont été largement discutées dans les campagnes régionales en faveur d’un plus grand nombre d’hommes parmi les personnels de l’EAJE pendant le programme modèle de 2011-2013 DAVANTAGE d’hommes dans l’EAJE, financé par le Fonds social européen (Rohrmann, 2014b). À Stuttgart, une campagne a choisi le slogan « Starke Typen für starke Kinder » (« Des types forts pour des enfants forts »), avançant qu’il serait plus facile d’atteindre les hommes jeunes en ayant recours aux stéréotypes traditionnels. Cela a donné lieu à des polémiques lors des conférences sur ce sujet. D’autres projets ont tenté d’afficher une image plus diversifiée des masculinités. Dans la campagne « Votre talent au service des enfants », le diocèse catholique de Cologne a décidé de représenter des hommes jeunes tatoués arborant d’énormes boucles d’oreilles, apparence inhabituelle dans de nombreuses maternelles catholiques de la région rurale autour de Cologne. Hambourg a choisi le slogan « Vielfalt Mann » (traduisible par « La diversité des hommes »). Ils ont montré des hommes en T-shirts présentant un large choix de métiers tels que cuisinier, beatboxer, développeur de jeux, musicien, aidant, constructeur, chercheur, acteur, clown, DJ et bien d’autres.

39 Curieusement, même si les campagnes étaient très différentes selon les images qui illustraient la masculinité, les hommes représentés affichaient certaines similitudes. La plupart d’entre eux étaient jeunes et beaux, barbus, souvent avec une cicatrice, comme dans les figures 1, 2 et 3. Radicalement à l’opposé des notions traditionnelles de la masculinité affichée dans certaines campagnes, le bureau national de coordination pour les hommes dans les Kitas a monté ensuite une exposition qui présentait tout un éventail très varié de professionnels masculins de l’EAJE. Depuis lors, c’est le visage de l’un de ces professionnels qui figure sur le site Web des bureaux de coordination (cf. figure 4). Le charme plus ou moins androgyne de cette image pourrait irriter le type d’homme précurseur qui avait été choisi dans les premières campagnes en Norvège, il y a une vingtaine d’années.

40 Compte tenu des exemples donnés, il est évident qu’il est nécessaire de débattre des images de masculinité communiquées par ces campagnes publiques. On pourrait dire que la campagne de Hambourg et l’exposition du bureau national de coordination sont plus inclusives que d’autres campagnes (par exemple, des gens de couleur y figurent).

41 Néanmoins, à mon avis, il est impossible d’échapper aux débats en essayant d’être neutre sur le plan des sexes ou conscient de la question des genre car chaque décision véhicule des attitudes personnelles, des valeurs et des idéologies sur les caractéristiques et les rôles des hommes et des femmes dans l’EAJE et dans la société en général.

Figure 1 : Campagne Starke Typen für starke Kinder à Stuttgart (Allemagne) Source : ESF model project konzept-e

Figure 1 : Campagne Starke Typen für starke Kinder à Stuttgart (Allemagne) Source : ESF model project konzept-e

Figure 1 : Campagne Starke Typen für starke Kinder à Stuttgart (Allemagne) Source : ESF model project konzept-e

Figure 2 : Campagne Dein Talent für kids à Cologne (Allemagne)

Figure 2 : Campagne Dein Talent für kids à Cologne (Allemagne)

Figure 2 : Campagne Dein Talent für kids à Cologne (Allemagne)

Figure 3 : Campagne Vielfalt Mann à Hambourg (Allemagne)

Figure 3 : Campagne Vielfalt Mann à Hambourg (Allemagne)

Figure 3 : Campagne Vielfalt Mann à Hambourg (Allemagne)

Figure 4 : Visage sur la page d’accueil du site web www.koordination-maennerinkitas.de

Figure 4 : Visage sur la page d’accueil du site web www.koordination-maennerinkitas.de

Figure 4 : Visage sur la page d’accueil du site web www.koordination-maennerinkitas.de

Conclusion

42 On peut en conclure que la question des hommes dans l’EAJE est effectivement une question d’inclusion, mais ce n’est pas en augmentant simplement le nombre d’hommes que les personnels de l’EAJE deviendront inclusifs. Comme l’a souligné un conseiller de l’EAJE : « Le fait d’être un homme n’est pas un critère de qualité. » (Rohrmann 2008, p. 289). Au contraire, il est nécessaire de réfléchir aux constructions des sexes sous de nombreux aspects, de la socialisation sexospécifique des enfants aux images des masculinités dans les campagnes publiques en faveur des hommes. Dans ce processus, il est nécessaire d’inclure les points de vue de toutes les parties prenantes du système – enfants, parents, professionnels féminins et masculins, sans oublier les prestataires de services et les experts.

43 Cet article a mis l’accent sur l’équilibre entre les sexes comme l’un des aspects de l’inclusion en général. Il n’a pas posé la question de savoir en quoi la présence de professionnels de sexe masculin pourrait présenter un intérêt spécifique pour les enfants ayant des besoins particuliers, pour la principale raison que cet aspect n’a pas du tout été discuté dans le domaine de l’EAJE. Néanmoins, il est important de remarquer que le handicap bouscule la conception traditionnelle de ce que c’est d’être un vrai homme. La masculinité typique s’oppose non seulement à la féminité, mais aussi à l’être handicapé. Si les professionnels masculins sont perçus comme des durs, de plongeant au sol et jouant au football, à quel genre de modèle de référence vont-ils correspondre pour des garçons multi-handicapés ? Mais, d’autre part, s’ils sont capables d’intégrer la prise de conscience de la question des genres dans leur rôle professionnel, ils peuvent contribuer à libérer le sentiment d’appartenance de sa subordination à la manifestation de capacités spécifiques genrées, ce qui pourrait être tout à fait pertinent pour la mise en œuvre de l’inclusion dans les institutions. Du point de vue de l’inclusion, il est clair qu’employer des hommes peut se traduire par un enrichissement de l’EAJE. Brandes et al. voient leurs résultats comme « une confirmation empirique de l’hypothèse selon laquelle, en ce qui concerne les outils et les sujets, les professionnels masculins de l’EAJE peuvent influencer positivement la diversité des activités d’apprentissage dans les établissements d’accueil de jour des enfants » (2015, p. 326). Dans le même temps, cela peut favoriser des stéréotypes et une séparation entre les sexes. Réfléchir aux questions du genre s’impose non seulement dans les équipes, mais également dans les structures des prestataires de services. Davantage d’hommes ne garantit pas l’égalité hommes-femmes – mais l’égalité des sexes sans homme n’est que la première mi-temps.

44 Tant que les hommes formeront une petite minorité, le problème de base de l’inclusion des hommes sera leur rôle exceptionnel dans de nombreux établissements de l’EAJE. Au lieu d’être un seul individu parmi un groupe de plusieurs individus, les hommes sont souvent mis en avant comme étant représentatifs de leur genre : que pensez-vous de cela en tant qu’homme ? Cela obscurcit le point de vue de la diversité au sein du groupe de professionnels masculins. Une manière d’accéder à cette diversité et de la renforcer consiste à créer des groupes de travail pour les hommes dans l’EAJE (Emilsen et Rohrmann, 2013). Un groupe de professionnels masculins israéliens illustre de manière impressionnante cette diversité : « Une des choses les plus intéressante a été de rencontrer des hommes israéliens et de voir la palette de personnages : éducateurs religieux, hommes orthodoxes, colons, laïques de Tel-Aviv, gauchistes, des gens de tous horizons. Nous sommes tous venus à cause de notre passion pour l’éducation, en agissant, en voulant partager, peut-être pour devenir plus professionnels et faire partie d’un groupe. Je pense que c’est très très important. » (Dayan, Perez et Brody, 2013, p. 5).

45 C’est ce genre d’inclusion que les hommes devraient mettre en œuvre dans l’éducation de la petite enfance. Si l’inclusion est censée assurer un contexte où l’équité et le respect de la diversité sont souhaités et réalisés, l’inclusion des hommes dans toute leur diversité peut contribuer à bien des égards au développement de l’EAJE. Au lieu de chercher un professionnel masculin idéal de l’EAJE (ou le bon type d’homme), ce professionnel devrait être naturellement accepté comme membre à part entière des personnels de l’EAJE, sans être contraint de présenter une forme spécifique de masculinité.

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Mots-clés éditeurs : Idéalisation, Point de vue des enfants, Inclusion, Professionnel masculin, Attitude pédagogique, Genre, Professionnel féminin, Discrimination, Petite enfance, Qualité professionnelle, Professionnalisme

Date de mise en ligne : 30/08/2016

https://doi.org/10.3917/nras.073.0181

Notes

  • [1]
    La proportion d’hommes travaillant avec des enfants handicapés dans l’EAJE semble être un peu plus élevée, au moins en Allemagne ; mais il n’y a pas de données internationales disponibles.
  • [2]
    Néanmoins, il convient de mentionner que certains pays sont surreprésentés dans cette recherche – en partie du fait de la prédominance de la langue anglaise dans la recherche internationale en EAJE, en partie parce cette question a été beaucoup plus débattue dans les pays nordiques et en Allemagne, par exemple, qu’en France.
  • [3]
    Une Kita comprend une crèche, un jardin d’enfants (kindergarten) et parfois une garderie après l’école ;le terme éducateur est utilisé pour des professionnels formés à l’EAJE de 0 à 6 ans (en allemand « Erzieher ») et à l’accueil péri-scolaire.
  • [4]
    Entre-temps, la campagne a été relancée et a abandonné ce slogan.

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