Après son « peuple de l’océan » consacré en 2010 à l’art de la navigation de ces habitants des multiples îles qui parsèment le Pacifique tropical, l’amiral Desclèves nous offre un ouvrage d’une tout autre envergure. Son but est de montrer que ce peuple n’avait rien de primitif, ainsi que le voulaient les découvreurs du XVIIIe siècle, tous animés d’une volonté d’affirmation de la place prépondérante de la raison dans leur approche de ces « peuplades », tous fascinés aussi par la manière dont ils naviguaient sans boussole et autres instruments de la modernité, celle de ces « popa’a » pour la plupart issus du monde blanc. Tous incrédules devant des actes dont Emmanuel Desclèves entend démontrer qu’ils incarnent une civilisation « océanienne » que partagent des gens pourtant éloignés de plusieurs milliers de kilomètres. Il lui faut recourir aux mythes fondateurs, à ce qui est la référence de tous ces « îliens » qui n’ont d’origine aucune idée de ce que peut-être un continent. Ils vivent dans « un océan d’îles », ils vivent des ressources que leur offrent ces « eauxdu-dessous », cette matrice d’où tout a émergé avec le temps en observant ces « eaux-du-dessus », ce ciel où ils reconnaissent la position changeante, par cycles, des étoiles innombrables qui les guident dans leurs pérégrinations maritimes. Dans ce ciel émerge « l’eau vivifiante des Dieux », la Voie lactée et l’image de ce Dieu, Te Ma’o roa, qui est le Grand requin bleu, symbolique en sa capacité à toujours se déplacer. L’océan des îles et l’océan des étoiles sont ainsi les deux faces d’une même réalité et d’une même culture originelle…