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Article de revue

En ligne avec Serge Cottet

Pages 10 à 22

Notes

  • [*]
    L’équipe de rédaction de La Cause du désir a adressé ses questions à Serge Cottet par courriel ; il y a répondu on line.
  • [1]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 13.
  • [2]
    Lacan J., « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 423.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 863.
  • [5]
    Cf. Laurent É., Lost in cognition, Nantes, Cécile Defaut, 2008, p. 12.
  • [6]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 31.
  • [7]
    Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Des réponses du réel », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris viii, leçon du 23 novembre 1983, inédit.
  • [8]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xvi, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 150.
  • [9]
    Ibid., p. 121-136.
  • [10]
    Bachelard G., La philosophie du non, Paris, puf, 1962, p. 36.
  • [11]
    Gribbin J., Le chat de Schrödinger, Paris, Flammarion, 2009, p. 283.
  • [12]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 186.
  • [13]
    Cf. Miller J.-A., « L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique », La Cause freudienne, n° 35, février 1997, p. 6.
  • [14]
    Miller J.-A., « Le réel au xxie siècle. Présentation du thème du ixe Congrès de l’amp », La Cause du désir, n° 82, octobre 2012, p. 93.
  • [15]
    Cf. Canguilhem G., « Qu’est ce qu’une idéologie scientifique ? », Idéologie et rationalité, Paris, Vrin, 1988, p. 44.
  • [16]
    Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, op. cit., p. 527.
  • [17]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 858.
  • [18]
    Cf. Miller J.-A., « La suture. Éléments de logique du signifiant », Cahiers pour l’analyse, n° 1, janvier 1972, p. 27-49.
  • [19]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 861.
  • [20]
    Cf. Lacan J., « Radiophonie », op. cit., p. 437.
  • [21]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 863.
  • [22]
    Cf. Lacan J., « Position de l’inconscient », Écrits, op. cit., p. 847.
  • [23]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, op. cit., p. 119.
  • [24]
    Cf. Lacan J., « Réponses à des étudiants en philosophie », Autres écrits, op. cit., p. 211.
  • [25]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 859.
  • [26]
    Ibid., p. 862.
  • [27]
    Lacan J., Le Séminaire, livre vii, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 277.
  • [28]
    Cf. Lacan J., « La troisième », La Cause freudienne, n° 79, octobre 2011, p. 19.
  • [29]
    Lacan J., « Entretien avec Emilio Granzotto », Magazine Littéraire, n° 428, février 2004, p. 28.
  • [30]
    Lacan J., « Radiophonie », op. cit., p. 445.
  • [31]
    Cf. Berthelot M., Chimie organique fondée sur la synthèse, Paris, Mallet-Bachelier, 1860.
  • [32]
    Cf. Miller J.-A., « Quatrième de couverture », in Lacan J., Autres écrits, op. cit.
  • [33]
    Lacan J., « La troisième », op. cit., p. 32.
  • [34]
    « Le sujet psychotique à l’époque Geek. Typicité et inventions symptomatiques », xie Congrès de la New Lacanian School, Athènes, 18 & 19 mai 2013.
  • [35]
    Cf. Lacan J., « Entretien avec Emilio Granzotto », op. cit., p. 29.
  • [36]
    Lacan J., « Interview de Lacan sur la science-fiction », dans ce numéro de La Cause du désir, p. 9.
  • [37]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre ii, Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1978, p. 313-315.
  • [38]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, op. cit., p. 272-273.
  • [39]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xii, « Problèmes cruciaux pour la psychanalyse », leçon du 7 avril 1965, inédit.
  • [40]
    Cf. Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », Écrits, op. cit., p. 817.
  • [41]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, op. cit., p. 17.
  • [42]
    Lacan J., Le Séminaire, livre viii, Le transfert, Paris, Seuil, 1991, p. 287.

1Anaëlle Lebovits-Quenehen — On parle volontiers de « La » science, comme si, de la logique à la physique, il n’était jamais question que du même champ absolument homogène. En vérité, les disciplines scientifiques sont nombreuses et variées. Quel rapport la psychanalyse entretient-elle avec la logique ? Les mathématiques ? La physique ? La chimie ? La biologie ?

2Serge Cottet—Je crois pouvoir dire qu’il y a bien pour Lacan, « La » science, ce qui n’implique pour lui aucun idéal d’unité.

3Malgré la diversité de son champ empirique, le moment fondateur de la science perdure. C’est là le moment galiléen, c’est-à-dire la mathématisation de la physique et l’émergence avec Descartes du sujet de la science, c’est-à-dire le corrélat nécessaire à cette réduction du réel à une extériorité « entièrement manipulable ».

4Certes, il y a longtemps que l’unité de la nature comme l’universalité de ses lois ont volé en éclats. Pourtant, comme idéologie et comme discours, la science est Une en effet.

5Bien sûr, on assiste depuis le milieu du xxe siècle à un éclatement du savoir : une fragmentation des disciplines sans communication les unes avec les autres. Cet éparpillement fait le jeu des spécialistes. Les procédures démonstratives dépérissent au profit des experts de l’information. Dès lors, le savoir est évalué à l’aune de la performance technique et économique.

6Cet éclatement n’empêche pas un mythe unitaire, partout présent dans les disciplines scientifiques. Ce mythe de l’unité perdure notamment dans la physique et l’astrophysique avec les théories du Tout ou de la grande unification, gut (Grand Unified Theory). Le rêve de réduire les quatre forces à une seule achève ce grand rêve de synthèse.

7Voici quelques jalons : la synthèse de l’optique et l’électricité réalisée par Maxwell, puis l’effet photoélectrique découvert par Einstein et qui ouvre la voie à la physique quantique. Les embarras de l’interprétation du dualisme, ondes et corpuscules, sont en partie résolus par les équations de Bohr et de Shrödinger. Paul Dirac, en 1928, combine la théorie quantique et la relativité restreinte pour décrire le comportement de l’électron. Plus récemment, en 1979, l’unification se réalise entre la force électromagnétique et la force nucléaire faible.

8Il arrive à Lacan de s’exprimer sur ce chapitre de l’histoire des sciences. Lacan tient pour caractéristique du positivisme cet idéal d’unité du champ [1]. C’est l’idéologie de la science « Une » postulant un réel entièrement réductible au nombre. Cependant l’interprétation de la gravitation par la physique quantique, croix des physiciens, se fait attendre.

9Lacan y est sensible, il le souligne en 1970 : la notion de champ, notamment chez Maxwell, se distingue de la gravitation et cette dernière « résiste à l’unification de ce champ » [2]. La théorie quantique des champs atteste d’un « déchet d’une symbolisation correcte » [3]. L’idéal d’un déchiffrage par les lois du déterminisme classique trouve sa limite avec les équations d’incertitude de Heisenberg dont les historiens des sciences soulignent combien elles ont ébranlé l’idéologie scientifique au xxe siècle.

10C’est l’origine de l’intérêt de Lacan pour les sciences dites, à un moment, « conjecturales » concernant un réel qui résiste à la formalisation et à l’axiomatique. Leur opposition aux sciences exactes, d’ailleurs, ne tient plus en 1966 [4].

11Certaines d’entre elles sont dites affines à la psychanalyse, notamment celles qui témoignent de l’incomplétude du symbolique révélée avec Gödel par les apories de la logique mathématique : un réel qui résiste à la symbolisation par l’écriture. C’est la part d’aléatoire qui fait leur point commun. Lacan y inclut le calcul des jeux de hasard quand il s’intéresse aux lois du hasard de Borel. Le lien à la psychanalyse concerne le rôle qu’y jouent la contingence et l’imprévisibilité dont témoigne notamment l’expérience de la rencontre amoureuse dans la combinatoire de la tuché avec les signifiants de l’inconscient.

12Par ailleurs, Lacan déconstruit le champ de la vision comme celui du fantasme à l’aide de la géométrie projective et il utilise les figures topologiques pour rompre l’intuition commune d’un intérieur et d’un extérieur dans la vie psychique.

13Un mot encore sur les neurosciences et prétendues sciences « naturelles de l’esprit » dont certaines préjugent d’un inconscient neuronal : ces disciplines ne séduisent guère la psychanalyse, en ce qu’elles postulent implicitement une linguistique pré-saussurienne en recourant aux concepts d’état mental ou de représentation [5]. Le traumatisme du langage se manifeste dans le symptôme avec plus de réalité que dans l’image cérébrale. Certes, Lacan est attentif à la chimie pour son apport à la génétique. À l’époque de la découverte de l’adn, il commente les travaux sur la double hélice de Crick et Watson pour faire remarquer que le décodage génétique a beau reposer sur le paradigme de l’information, il est pourtant sans lien avec le langage conçu alors comme ce qui « mange le réel » [6], et en discontinuité. Il y a donc une certaine solitude de la psychanalyse ; aucun rêve d’interdisciplinarité n’est permis.

14A. L.-Q. — Lacan s’est toujours intéressé aux mathématiques en particulier. Pourquoi selon vous ? À la fin de son enseignement, c’est par la topologie qu’il se laisse spécialement éclairer. Qu’est-ce que la topologie lui apporte qu’aucune littérature n’a jamais pu saisir avec des mots et du sens ?

15S. C. — Lacan s’est fait accompagner durant trente ans par le mathématicien Georges Guilbaud. Dans son cours « Des réponses du réel », Jacques-Alain Miller a développé les raisons de l’engouement de Lacan pour les mathématiques et notamment le pari de Pascal [7]. Ce n’est pas au titre d’inventeur du calcul de probabilités que celui-ci l’intéresse mais en raison du réel qu’il suppose ; un réel non pas trompeur mais aléatoire et angoissant, qui peut répondre oui ou non. On sait que Lacan réinterprète le pari de Pascal à partir du fantasme du joueur de voir se réaliser l’objet a[8].

16Le traitement de l’infini mathématique, les suites de Fibonacci mettent en question le signifiant Un et les problèmes de commensurabilité. Avec les paradoxes soulevés par Bertrand Russel de la théorie des ensembles, la théorie logique de la vérité est subvertie, elle sert de modèle à différentes apories et impasses ouvertes par la théorie de l’inconscient en tant que trou, butée, refonte. La notion de fonction et de variable fait vaciller l’ontologie. Notamment dans le Séminaire D’un Autre à l’autre, les problèmes d’incommensurabilité en mathématique trouvent une application dans l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel. Dans le chapitre « Le Un et le petit a », on voit à l’œuvre l’impossibilité d’un chiffrage de la jouissance : le petit a est soustrait à l’Un que ce soit au niveau du nombre ou au niveau du sens [9].

17La topologie, elle, confirme l’intérêt de Lacan pour les surfaces et les différentes formes de coupure. Là aussi, on rencontre des paradoxes et des apories : la bande de Möbius, le cross cap, la sphère sont des surfaces visibles que l’on peut manipuler. Elles défient l’intuition spontanée de l’espace, toujours collée au dualisme de l’intérieur et de l’extérieur. Il semble que Lacan ait sollicité le mathématicien Jean-Pierre Petit en 1979, à partir de son article sur le retournement de la sphère – le mathématicien ne sachant d’ailleurs pas à quelle fin pouvait servir sa compétence. Lacan confirme ici que ces figures servaient à extraire l’objet du fantasme, sa traversée, et différentes coupures nécessaires à la pratique psychanalytique. Il en est de même pour les nœuds borroméens. Sont-ils des métaphores du nœud que forme le symptôme avec ces trois consistances R, S, I ? Ou bien, le réel du nœud s’égale-t-il au réel de la jouissance exclusive du sens, irréductible à l’interprétation ?

18En fait, le problème est plus pragmatique, ces objets topologiques, on les manipule, on les montre, on se trompe, on s’embrouille, on bute sur leur mode d’emploi et même les mathématiciens se cassent les dents pour les formaliser. C’est encore la preuve d’un réel qui résiste à un savoir protocolaire.

19Au reste, quand on considère l’appel des cosmologues à la topologie, aux trous, aux espaces à n dimensions, on voit dans Lacan un précurseur. Les scientifiques ont recours aujourd’hui au cross cap pour penser les paradoxes de l’espace-temps. Une notion comme celle de bord est irreprésentable dans un univers euclidien. La théorie des cordes en astrophysique donne de l’actualité aux nœuds de Lacan, comme celle des tores : toute une tuyauterie à l’œuvre, selon Stephen Hawking, dans la représentation de l’univers.

20A. L.-Q. — Au siècle des Lumières, les grands philosophes croyaient fermement que la science mettrait fin aux croyances religieuses. Lacan montre, au contraire, que plus la science avance, plus le religieux progresse. Comment expliquer ce paradoxe ?

21S. C. — Bien qu’il y ait une différence entre Freud et Lacan, Freud non plus ne pense pas que la religion soit détruite par la science. La religion n’est pas une erreur que la vérité scientifique pourrait rectifier, mais une illusion, tout comme un délire ; elle n’est pas ébranlée par le réel du savant.

22Si le catholicisme a du plomb dans l’aile, c’est plus en raison de la dissolution du Nom-du-Père dans la culture que du fait des avancées de la science. La question du mariage pour tous a fortement ébranlé les catholiques. D’ailleurs, jusqu’à Einstein, la question demeure d’un Dieu dans l’univers, si l’on suppose un monde régi par des lois uniformes. Peu de science nous éloigne de la religion et beaucoup nous en rapproche disait, paraît-il, Pasteur. L’univers d’aujourd’hui est plus désordonné, ça ne fait qu’augmenter le mystère de l’existence de notre planète. L’humanité a du mal à croire au hasard. On veut donner du sens : certains savants en récupèrent, au titre d’un « intelligent design ». Aux États-Unis, la guerre du singe reprend en faveur des créationnistes. Et le Big Bang est exploré par des charlatans comme preuve de l’existence de Dieu. Rappelons que le pape Pie xii y avait applaudi, comme preuve de la création.

23La science est affaire de spécialistes, et donc elle n’implique pas l’esprit scientifique d’une communauté. Selon Danièle Hervieu-Léger, les intégristes et les communautaristes progressent un peu partout quelle que soit l’expansion du savoir. Spiritualité indienne et progression de la recherche atomique vont très bien ensemble. L’hindouisme et l’islam coexistent avec le sujet de la science.

24Benoît Delarue — La science et la psychanalyse ont ceci en commun qu’elles ont vocation à approcher le réel et à en rendre compte de façon rigoureuse… Mais quel est le point de rupture entre psychanalyse et science dans leur abord du réel ?

25S. C. — Parler du réel en psychanalyse invite d’abord à l’inclure, comme le voulait Freud, dans la science : celle de la thermodynamique. La pulsion freudienne peut tenir lieu de ce réel : comme poussée constante, comme jouissance qui se répète, elle se déplace. Nulle énergétique de la jouissance pourtant, seul l’Un de la constante numérique justifie la comparaison. De même, pour Lacan, traiter l’inconscient de « savoir qui ne se sait pas » lui confère des affinités avec la lettre inscrite dans le réel, comme pour les planètes chez Newton. L’analogie s’arrête là, car la science moderne construit son réel plus qu’elle ne l’observe. Le réel de la science, c’est essentiellement des instruments et des appareils qui sont, comme disait Bachelard, des théories matérialisées : voyez aujourd’hui l’accélérateur de particules au cern de Genève ; « Un physicien ne connait vraiment une réalité que lorsqu’il l’a réalisée » [10].

26Et quand la nature n’a pas l’air de souscrire à nos hypothèses, on peut la forcer. Des exemples où l’objet est déduit avant d’être observé sont innombrables, du positron de Dirac, jusqu’au fameux boson de Highs, en passant par les trous noirs, la matière sombre, etc.

27Le réel de la science est au bout des équations mathématiques. Il est réduit au nombre. Son objet n’est plus la matière, définitivement éclatée entre les quatre interactions fondamentales avec différents rayonnements. La physique des quantas a pulvérisé la notion de substance et de chose en dématérialisant son objet réduit à la fonction d’onde par Schrödinger en 1926. La contradiction onde / corpuscule rend la réalité incertaine : à moins d’être observé, l’électron est-il réel ? Hugh Everett affirme que tout ce qui est possible advient dans une version de la réalité « quelque part dans le supraespace » [11]. C’est ainsi que la science moderne abandonne le chosisme naturel au profit du champ. Et Lacan peut qualifier ses créations d’insubstance, de réduction à « l’achose » [12].

28Dans les sciences, le réel est tellement fonction du semblant, de la fiction, voire du fantasme du savant, qu’on a plutôt affaire à un réel dissolu, contradictoire, incertain[13]. La psychanalyse, en revanche, conserve le matérialisme de l’objet a dans la « substance jouissance » avec la notion de cause que le positivisme récuse.

29C’est maintenant contre Gaston Bachelard qu’on peut donc opposer au réel de la science capable de tout réaliser, le réel comme impossible. C’est celui de la psychanalyse, notamment l’impossibilité d’écrire une formule du rapport sexuel. Il y a là, dit J.-A. Miller, « un trou dans le savoir inclus dans le réel » [14]. Et la question se pose pour l’inconscient d’un Réel sans loi.

30En revanche, l’entendement mathématique n’est jamais à court d’idée quelque soit le désordre du monde, il y a toujours du savoir dans le réel. L’indéterminisme en physique appelle les lois de la probabilité. Même les spéculations sur les univers parallèles, ou sur les planètes carnivores, obéissent à des calculs stricts. Enfin, la constante cosmologique d’Einstein fait retour pour expliquer le rôle de la matière noire dans l’expansion accélérée de l’univers.

31B. D. — Où situeriez-vous la limite entre la science et le scientisme ?

32S. C. — Il y a des sciences, de fausses sciences (comme l’astrologie), et des idéologies scientifiques. Georges Canguilhem qualifiait d’imitation une science qui louche du côté d’une science constituée [15]. On peut faire semblant de science : on observe, on mesure, on vérifie. Encore faut-il avoir un objet et aboutir à un savoir démontré. La question est de savoir si la psychologie, par exemple, a un objet. Lacan pensait qu’elle procédait d’une erreur sur le sujet. Aujourd’hui, la réduction de l’émotion à une réponse physico-chimique participe d’une même imposture. Le sujet humain est essentiellement affecté par des mots. C’est le réductionnisme qui caractérise le scientisme et, contrairement à ce qu’on croit, c’est Auguste Comte qui s’insurgeait contre la réduction du supérieur à l’inférieur. Mais Comte visait le matérialisme, celui qui réduit le biologique au chimique. Les médecins étaient assimilés à des vétérinaires, et la sociologie qui croyait au déterminisme de la race et du climat, en louchant sur la biologie, n’était pas scientifique à ses yeux – la psychologie, pas davantage. En sociologie, le darwinisme social issu de la lutte pour la vie est une semblable idéologie au regard, par exemple, de la lutte des classes de Marx.

33Il y a beau temps que la science n’a pas les mêmes principes humanistes. Heisenberg a réduit la chimie à la physique des particules. Avec l’adn, on n’oppose plus le supérieur à l’inférieur, ni le matérialisme au spiritualiste. La psychanalyse, dans son idéal de science, s’est fondée sur la mécanique signifiante. En revanche, on appelle scientisme l’extension autoritaire d’une méthode scientifique avérée dans un champ à une discipline qui a son objet et ses lois propres dans un autre. L’impérialisme de l’informatique ne touche pas aux effets de la langue sur le mode de jouissance, c’est à dire du signifiant Un sur le corps. L’inconscient n’est pas structuré comme une machine de Turing.

34Bien entendu, le behaviorisme est une idéologie scientifique postulant l’application à l’homme des observations faites sur les animaux avec le modèle réflexe / stimulus / réponse comme seul principe.

35La dégradation du langage, enfin, a permis le déferlement de pratiques asservies au modèle de l’informatique, et ainsi, le concept d’information a pris le pas sur le simple fait de dire.

36Alice Delarue — Pour Lacan, l’avènement du « sujet de la science » est une condition nécessaire à l’exercice de la psychanalyse. En quel sens entendre cette thèse ?

37S. C.—Oui, c’est un paradoxe. N’oublions pas que Lacan souscrit au scientisme de Freud pour fonder l’inconscient sur la logique et la rhétorique comme instruments de déchiffrage contre tout obscurantisme : « Freud par sa découverte a fait rentrer à l’intérieur du cercle de la science cette frontière entre l’objet et l’être qui semblait marquer sa limite. » [16]

38Dans « La science et la vérité », le syntagme de « sujet de la science » est le corrélat de la supposition qu’il y a du savoir dans le réel [17]. Bien entendu, il n’y a rien de subjectif dans ce sujet, il est le résidu de l’ascèse du mathématicien. C’est le cogito cartésien qui procède d’une suppression de toutes les représentations subjectives ainsi que du rejet de tout savoir préalable, inaugurant un sujet ponctuel et évanouissant. Or, l’inconscient a cette même structure, un savoir supposé, S1–S2, qui appelle un sujet émergeant des lapsus, des ratages de l’acte. L’inconscient, c’est donc un savoir dans le réel, distinct du moi qui le méconnaît. Certaines disciplines scientifiques suggèrent cette structure, comme c’est le cas avec la formalisation de l’arithmétique par Gottlob Frege. J.-A. Miller a fait valoir l’émergence de la notion de sujet à partir de la logique du signifiant dans la « suture » [18]. C’est le concept de zéro comme non identique à soi qui engendre la suite des nombres. On en trouve également une trace dans les apories de la formalisation chez Gödel, comme dans le pari de Pascal.

39On parlera alors de sujet comme réponse du réel : on ne sait justement pas ce qu’il va répondre. Mais, aussi bien, la science ne veut rien savoir de cette contingence, puisque ce sujet, elle tente de le suturer en gommant toute incertitude [19]. On peut donc affirmer en même temps que la science est une « idéologie de la suppression du sujet » voire de sa forclusion [20]. Il y a là une trace des affinités de la science avec la psychose comme réduction de tout le symbolique au réel. D’éminents savants l’attestent, Georg Cantor, on le sait, mais aussi P. Dirac, autiste mutique crayonnant son tableau à longueur de temps.

40Au reste, ce n’est pas parce que la psychanalyse opère sur le sujet de la science qu’elle entre elle-même dans la science. L’objet a y fait objection [21].

41Aujourd’hui, le syntagme « sujet de la science » a peut-être perdu de sa respectabilité. Il a perdu de son universalité et glissé vers l’expertise, notamment parce qu’il a pris une épaisseur politique à la remorque des idéologies contemporaines de l’évaluation.

42Aurélie Pfauwadel — Le savoir de la science semble servir alternativement à Lacan soit de modèle, soit de repoussoir pour penser le savoir propre à la psychanalyse. Comment la psychanalyse peut-elle à la fois s’inspirer de la science dans sa voie d’accès au réel, tout en restaurant la place du sujet et de la vérité comme cause ? Quelle est la position de Lacan sur ce point à la fin de son enseignement ?

43S. C. — D’abord, l’ambition de Lacan a été d’étendre l’idéal galiléen à la psychanalyse comme de reformer l’entendement analytique englué dans l’imaginaire. « Notre Science » est-il dit dans les Écrits. La structure du langage a permis de contourner le scientisme de Freud. Par ailleurs, la logique du signifiant, la théorie générale de la lettre, du mathème, semblait pouvoir remplir ce programme. Mais Lacan ne se contente pas des modèles mathématiques et axiomatiques pour inclure la psychanalyse dans la science. En plus des sciences affines à la psychanalyse – logique, mathématiques, topologie, linguistique – il recourt à certains paradigmes de la physique moderne.

44On peut donner plusieurs exemples qui requièrent une formalisation mathématique ou topologique du réel clinique. C’est notamment le cas du concept de bord pulsionnel que Lacan logifie avec « le flux du rotationnel » dans un théorème de Stokes [22]. Lacan rend raison, par la théorie électromagnétique, de la surface que constitue la zone érogène et de la constante de la poussée de la pulsion.

45On trouve encore dans la mécanique quantique un argument pour décrire la division du sujet, quand Lacan se réfère au paradoxe de la localisation de l’objet, « à la jonction de la théorie ondulatoire et de la théorie corpusculaire […] qui passe en même temps par deux trous distants » [23]. Dans sa « Réponse aux étudiants… », Lacan prend garde toutefois de se démarquer du programme structuraliste qui est une sorte de scientisme appliqué aux sciences de l’Homme [24]. En effet, pour lui, il n’est pas de structure sans sujet d’une combinatoire, ce qui est le cas dans l’œuvre de Claude Lévi-Strauss. Exception notoire, car Lacan confond « les sciences de l’Homme » avec un appel à la servitude [25]. L’exemple majeur est fourni par la psychologie contemporaine au service d’un dressage autoritaire. J’ai dit que la stratégie des jeux l’avait toujours intéressé : le Séminaire ii est consacré à la cybernétique, mais on sait quel usage peut en être fait dans l’entreprise au service « d’exécrables fins » [26].

46Sans doute faut-il distinguer la science de ses applications, mais avec l’élaboration des quatre discours, elle apparaît tellement inféodée au discours du maître qu’il devient difficile de l’exonérer de ses réalisations les plus inquiétantes.

47Un repoussoir, oui, dans le sens où la science déchaîne le réel. Déjà dans son Séminaire L’éthique de la psychanalyse, Lacan notait l’automatisme du sujet de la science : une fois lancée, elle avance toute seule et « nous en sommes à nous demander si le discours de la physique, engendré par la toute puissance du signifiant, va confiner à l’intégration de la Nature ou à sa désintégration » [27]. À l’époque, on n’était pas loin de la bombe. Aujourd’hui, nous pensons aux catastrophes nucléaires de Tchernobyl ou Fukushima, au réchauffement climatique, au pire. Ce réel de la science, la psychanalyse a pour but de le contrer. Voilà le point de rupture.

48Dans sa conférence « La troisième », la pulsion de mort de la science s’invite dans le laboratoire des biologistes par l’infection bactériologique, l’avenir de la planète avec l’eugénisme et l’euthanasie [28]. Ici, Lacan vise davantage l’irresponsabilité des savants dans cette frénésie puisqu’il leur vient à l’esprit que « les bactéries élevées si amoureusement dans les blancs laboratoires se transformaient en ennemis mortels » [29].

49A. D. —Y a-t-il un fantasme de la science ?

50S. C. — Après 1970, Lacan ne croyait plus à la scientificité de la psychanalyse, un voisinage étant même compromettant après le discrédit dont la science avait été l’objet les années précédentes. D’où un déplacement, c’est désormais plutôt la science qui doit rendre compte de son fantasme tandis que la psychanalyse peut se dispenser de lui complaire. « [S]outenir la réalité du seul fantasme » [30], c’est le programme même du discours du maître en même temps que la réalisation de tous les semblants qui ont l’appui du discours scientifique. Le spoutnik de 1957, puis le lem alunissant trahissent le pur fantasme de toute puissance américano-soviétique hors du mythe d’exploration d’un cosmos qui n’existe plus.

51Les utopies eschatologiques sont souvent le moteur de la recherche. On lira à ce sujet les élucubrations d’un Marcelin Berthelot, « pontife du scientisme républicain » sur la synthèse chimique dans les années 1860, qui assigne comme origine à la chimie deux chimères : la pierre philosophale et l’élixir de longue vie [31]. Elles sont suivies de déclarations enflammées sur l’avenir de l’humanité promis à un environnement entièrement dénaturé.

52D’où l’angoisse du savant devant ce réel qui est fonction de son irresponsabilité même. Ce n’est certainement pas la psychanalyse qui peut arrêter ça. En revanche, une science qui inclut la psychanalyse, comme mise en cause du Tout mesurable, n’est pas impensable.

53On sait que cet affolement suscite des comités d’éthique. Ils n’empêcheront pas les chercheurs de continuer vaille que vaille à faire que ce qui est possible techniquement trouve une application réelle. On voit aujourd’hui la chirurgie triompher au service de la dénaturation du corps. Un corps morcelé aussi bien au service de l’esthétique que du transsexualisme : la chirurgie confirme la malédiction sur le sexe en réalisant techniquement l’indépendance de la reproduction et du rapport sexuel – l’utérus artificiel, le trafic d’organes, la gpa, etc. C’est l’avènement du self made man[32].

54A. P. — Lacan, dans « La troisième », restait sceptique quant à la possibilité que nous devenions « nous-mêmes animés vraiment par les gadgets » considérant que « nous n’arriverons pas vraiment à faire que le gadget ne soit pas un symptôme » [33]. Qu’en est-il finalement ?

55S. C. — Nous sommes entourés d’objets auxquels nos corps sont appareillés : Mp3, jeux vidéos, ordinateurs, etc. – pour la grande satisfaction du sujet contemporain. Un symptôme est plutôt encombrant, il parasite alors que ces gadgets sont faits pour le confort. Pourtant, ils ne font pas l’économie de l’angoisse que suscite cette jouissance affranchie de l’Autre. Avec la génération Samsung Corby, l’homme appareillé disparaît dans ses appareils.

56Ça commence avec la science-fiction et ça se réalise avec les puces cérébrales (brain chip). On dirait que l’individualisme moderne, le rapport virtuel à l’autre, réalise l’accouplement du corps avec le savoir. De fait, les appareils électroniques à l’intérieur du cerveau soulageront les handicapés, feront marcher les tétraplégiques. Le branchement direct homme-machine suggère le remplacement du partenaire manquant par un nouvel organe. C’est l’envers du corps sans organe d’Artaud et Deleuze : un organe supplémentaire contrôlant l’organisme à la place du corps schizophrène comme sac vide, un corps paranoïaque surinformé, robotisé, le cyborg de Terminator.

57Un Congrès doit avoir lieu sur les geeks qui, a priori, montrera l’affinité de la recherche technologique avec l’autisme et la psychose, au service de la jouissance de l’Un tout seul [34].

58Deborah Gutermann-Jacquet — La science sérieuse, c’est la science-fiction ?

59S. C. — C’est ce que dit Lacan dans une interview [35]. Des projets scientifiques apparaissent aussi délirants que des films de séries B. Réciproquement, d’innombrables films catastrophes spéculent sur la guerre bactériologique, sur les implants dans le cerveau, les mutants, les voyages intergalactiques, la menace des rayons cosmiques.

60Qui nourrit l’une et l’autre ? Les programmes de communication interstellaire dans les années 1950 ont multiplié les ovnis. Comme les créatures d’Asimov dans le cycle Fondation, la robotique et la vulgarisation de la relativité d’Einstein sont à l’origine de nombreuses fictions sur les voyages dans le passé ou dans l’avenir. En plus des ouvrages de grande vulgarisation, sur la physique quantique notamment, Hawking n’hésite pas à donner crédit à la fiction des voyages dans le passé, au prétexte que les « trous de ver » permettraient un raccourci par rapport à la vitesse de la lumière.

61Ces fictions font flores au cinéma, transposant à l’échelle des galaxies tantôt des nostalgies œdipiennes recuites, tantôt les tensions internationales des années 1970.

62En 1927, il y avait en urss des tentatives de créer des hybrides homme-singe. Le fantasme de l’homme nouveau avait tourné la tête au biologiste Ivanov, spécialisé dans l’insémination animale. Concernant les hommes singes, la science-fiction existait depuis 1920. Dans L’étrange créature du lac noir, film de 1954, apparaît un hybride homme-poisson, chaînon manquant dans l’évolution. Aujourd’hui, un savant fou veut créer un hybride femme-homme de Néandertal à partir de son adn. Il cherche une femme décidée pour cette exaltante mission.

63La dénaturation du corps par la science n’a pas de limite mais la science-fiction va plus loin. Elle parle avec les signifiants de la science, ceux que celle-ci justement exclut : le savoir inconscient, « le rêve du corps en tant qu’il parle » [36].

64Caroline Leduc — En matière de sexuation, l’assertion freudienne selon laquelle « l’anatomie, c’est le destin » est sérieusement contredite par ce que la science rend possible aujourd’hui. Comment la position lacanienne permet-elle de se décaler de cet antagonisme stérile ?

65S. C. — Aujourd’hui, il n’est pas très politiquement correct d’évoquer l’anatomie s’agissant de la différence des sexes. Le binaire de l’inné et de l’acquis, de la nature et de la culture est le cadre ordinaire de la doxa animée d’enjeux égalitaires. En France, cette rude pensée est mise à la sauce Bourdieu / Beauvoir. Conséquences de l’uniformisation, la différence homme / femme passe de moins en moins par le corps. Elle s’inscrit dans des rôles et des statuts conventionnels. On conditionne ainsi les enfants à être fille ou garçon.

66Il est curieux qu’on impute cette idée à Freud, alors que le destin de la pulsion est justement indépendant d’un déterminisme biologique. C’est le montage de la pulsion et de l’Œdipe qui décide de l’identité sexuée. Le corps et l’inconscient ne sont pas en harmonie : hystérie, transsexualisme, homosexualité en témoignent. La différence anatomique intéressant la psychanalyse, c’est la castration, c’est-à-dire la présence visible ou l’absence sur le corps de l’image phallique. Ce n’est pas un préjugé sexiste que de relever les « conséquences psychiques » des rêves de défloration des jeunes filles. De même, Lacan, dans le Séminaire ii, cite un cas d’hermaphrodisme féminin rendant problématique l’identification sexuée : un « genre » introuvable [37]. Concernant les hommes et les femmes, dira-t-on que chez Freud c’est la différence anatomique, chez Lacan la différence signifiante ?

67Pas si simple. Lacan, revenant sur la sentence freudienne, souligne l’importance de l’anatomie, au sens étymologique de dissection, morcellement [38]. Son intérêt pour l’anatomie ne s’est jamais démenti, comme il en témoigne dans le Séminaire xii, à propos du « Traité des membranes » de Bichat [39]. À l’époque, les bords, l’enveloppe corporelle constituent une référence nouvelle pour le regard médical. Or, les zones érogènes elles-mêmes sont bien délimitées par le trait anatomique du bord, comme l’objet pulsionnel qui se détache sur un corps morcelé [40]. C’est l’articulation de la coupure du signifiant « femme », par exemple, avec la coupure anatomique qui fait que la pulsion c’est l’écho du dire dans le corps[41] ; un écho qui n’est pas le même pour tous.

68D’ailleurs, l’anatomie n’est pas la nature, elle est elle-même artificialisée. Dans l’art baroque, Daniel Arasse montre que les planches anatomiques en vogue à la Renaissance subissent dans la peinture une déformation aux ordres du seul fantasme. Il n’est que de signaler le maniérisme, notamment chez Cranach dans sa représentation de « la forme gracile de la féminité » [42], pour vérifier cet artifice. Et Lacan isole cette forme entre pubère et impubère comme image même la plus favorable à l’équation mädchen = phallus.

69Celle-ci s’étale sans la moindre retenue dans l’hyper sexualisation des mini-miss, comme dans l’amaigrissement des nouvelles Barbies gagnées par l’anorexie. Au reste, la science fait miroiter par la chirurgie esthétique le rêve d’un destin nouveau pour chacun.

Notes

  • [*]
    L’équipe de rédaction de La Cause du désir a adressé ses questions à Serge Cottet par courriel ; il y a répondu on line.
  • [1]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 13.
  • [2]
    Lacan J., « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 423.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 863.
  • [5]
    Cf. Laurent É., Lost in cognition, Nantes, Cécile Defaut, 2008, p. 12.
  • [6]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 31.
  • [7]
    Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Des réponses du réel », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris viii, leçon du 23 novembre 1983, inédit.
  • [8]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xvi, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 150.
  • [9]
    Ibid., p. 121-136.
  • [10]
    Bachelard G., La philosophie du non, Paris, puf, 1962, p. 36.
  • [11]
    Gribbin J., Le chat de Schrödinger, Paris, Flammarion, 2009, p. 283.
  • [12]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 186.
  • [13]
    Cf. Miller J.-A., « L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique », La Cause freudienne, n° 35, février 1997, p. 6.
  • [14]
    Miller J.-A., « Le réel au xxie siècle. Présentation du thème du ixe Congrès de l’amp », La Cause du désir, n° 82, octobre 2012, p. 93.
  • [15]
    Cf. Canguilhem G., « Qu’est ce qu’une idéologie scientifique ? », Idéologie et rationalité, Paris, Vrin, 1988, p. 44.
  • [16]
    Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, op. cit., p. 527.
  • [17]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 858.
  • [18]
    Cf. Miller J.-A., « La suture. Éléments de logique du signifiant », Cahiers pour l’analyse, n° 1, janvier 1972, p. 27-49.
  • [19]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 861.
  • [20]
    Cf. Lacan J., « Radiophonie », op. cit., p. 437.
  • [21]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 863.
  • [22]
    Cf. Lacan J., « Position de l’inconscient », Écrits, op. cit., p. 847.
  • [23]
    Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, op. cit., p. 119.
  • [24]
    Cf. Lacan J., « Réponses à des étudiants en philosophie », Autres écrits, op. cit., p. 211.
  • [25]
    Cf. Lacan J., « La science et la vérité », op. cit., p. 859.
  • [26]
    Ibid., p. 862.
  • [27]
    Lacan J., Le Séminaire, livre vii, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 277.
  • [28]
    Cf. Lacan J., « La troisième », La Cause freudienne, n° 79, octobre 2011, p. 19.
  • [29]
    Lacan J., « Entretien avec Emilio Granzotto », Magazine Littéraire, n° 428, février 2004, p. 28.
  • [30]
    Lacan J., « Radiophonie », op. cit., p. 445.
  • [31]
    Cf. Berthelot M., Chimie organique fondée sur la synthèse, Paris, Mallet-Bachelier, 1860.
  • [32]
    Cf. Miller J.-A., « Quatrième de couverture », in Lacan J., Autres écrits, op. cit.
  • [33]
    Lacan J., « La troisième », op. cit., p. 32.
  • [34]
    « Le sujet psychotique à l’époque Geek. Typicité et inventions symptomatiques », xie Congrès de la New Lacanian School, Athènes, 18 & 19 mai 2013.
  • [35]
    Cf. Lacan J., « Entretien avec Emilio Granzotto », op. cit., p. 29.
  • [36]
    Lacan J., « Interview de Lacan sur la science-fiction », dans ce numéro de La Cause du désir, p. 9.
  • [37]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre ii, Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1978, p. 313-315.
  • [38]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, op. cit., p. 272-273.
  • [39]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xii, « Problèmes cruciaux pour la psychanalyse », leçon du 7 avril 1965, inédit.
  • [40]
    Cf. Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », Écrits, op. cit., p. 817.
  • [41]
    Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, op. cit., p. 17.
  • [42]
    Lacan J., Le Séminaire, livre viii, Le transfert, Paris, Seuil, 1991, p. 287.
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