Notes
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[1]
EA 450, Psychopathologie adulte, Université Rennes II. Psychanalyste et MDC, 12, rue du Hainaut, 75019 Paris, France
<david.allen@uhb.fr> -
[2]
Docteur en psychopathologie, psychologue clinicienne, EA 4050 “Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social”, Université de Rennes II, 13 rue de la forêt, 35830 Betton, France
<carolemariotti@yahoo.fr> -
[3]
C’est à partir des années 1990 que l’on redécouvre l’importance de Leuret, Cf. Trémine T., La personne de moi-même in Littoral no 34-5, avril 1992. Cf. aussi Baumstimler et al. Délire des négations, Actes du colloque de décembre 1992, Paris, éditions de l’Association freudienne internationale.
-
[4]
Leuret ne développe pas ici le problème de cette fausse reconnaissance.
-
[5]
Il s’agissait vraisemblablement d’un avocat ou d’un ami du curé, peut-être les deux.
-
[6]
Précision fournie par le malade.
-
[7]
Orthographe et ponctuation respectées.
-
[8]
[4] p. 5.
-
[9]
Cf. Allen et al., Pour le 90e anniversaire de la découverte du rationalisme et du géometrisme morbide. Essaim 2014 : 33.
-
[10]
[4] p. 6.
-
[11]
cf. ibid p. 263.
-
[12]
Eliascheff S. Des écrits pour le délire d’interprétation. [Thèse]. Gisors : 1928, sous la direction de Paul Sérieux. 136 p.
-
[13]
Il s’agit ici d’un délire d’interprétation presque pure.
Leuret (1834) dans son étude, émet, à propos de malades qu’il appelle arrangeurs, certaines considérations qui semblent pouvoir s’appliquer aux délires interprétatifs […]. Les interprétateurs n’inventent pas de toutes pièces des faits imaginaires… Leur délire s’appuie sur les données exactes des sens. Un regard, un sourire, un geste, les cris et les chansons des enfants, un rien sert de prétexte aux interprétations.
Introduction
1Pour saisir l’importance primordiale du travail de François Leuret [3] sur le délire d’interprétation et sa relecture par Paul Sérieux et Joseph Capgras, il est nécessaire de relire la première édition du Traité de la manie de Pinel où nous trouvons les lignes suivantes : « Caractères spécifiques de la manie sans délire : elle est continue ou marquée par des accès périodiques. Nulle altération sensible dans… la perception … [ni dans] la mémoire… [on note aussi des] impulsions aveugles à des actes de violence ou même d’une fureur sanguinaire » [13]. Pinel insiste sur la violence et les passages à l’acte. Cette sorte de manie est si « peu rare » dit-il dans la deuxième édition du Traité « qu’on lui donne le nom vulgaire de folie raisonnante » [13].
2Selon l’aliéniste Campagne (1869), « quelques auteurs lui ont attribué l’invention du mot folie raisonnante ; mais Pinel n’emploie jamais cette expression sans y joindre le mot vulgaire, ce qui prouve qu’il n’en est pas l’inventeur » [3]. Il développe son hypothèse et arrive à la conclusion que la notion de folie ou de manie raisonnante a été primitivement inventée par les infirmiers pour « distinguer les aliénés lucides d’avec ceux qui ne le sont pas » [3].
Un peu d’histoire et de clinique : le travail de François Leuret
3Né le 30 décembre 1797 à Nancy, François Leuret rejoint la capitale en 1816 pour y suivre des études de médecine. Son père lui en veut de ne pas reprendre la boulangerie familiale et lui coupe les vivres. Dépourvu de moyens d’existence, il « s’engage en 1817 dans la légion de la Meurthe alors en garnison à Saint-Denis, ce qui lui permet de suivre l’enseignement d’Esquirol à la Salpêtrière » [15]. Un confrère, Ulysse Trélat, parvient à le faire réformer et lui obtient un poste d’externe chez Royer-Collard à Charenton. En 1821, il succède à Trélat comme interne d’Esquirol et en 1826 soutient sa thèse intitulée Essai sur l’altération du sang. En 1828, il remplace Georget à la maison de santé d’Esquirol et devient rédacteur en chef des Annales d’hygiène publique et de médecine légale. En 1834, il publie ses Fragments psychologiques sur la folie [7] (avec le mot « psychologiques » en caractères minuscules…), et deux ans après, il obtient un poste de médecin-chef à Bicêtre. À partir de 1847, sa santé décline. Souhaitant terminer sa vie dans sa ville natale, il retourne à Nancy où l’accompagne Trélat. Il meurt le 6 janvier 1851 d’une double affection du cœur et du foie.
4Comme l’a démontré Pierre Morel [10], Leuret fut un personnage contradictoire et paradoxal. Il s’intéressa aux prostituées et aux démunis qu’il fallait à son sens protéger et eut le courage intellectuel de dénoncer la méthodologie qui sous-tendait le dogme des monomanies. En effet, la conception qui avait prévalu après la Révolution française avait été instaurée par Jean-Baptiste Pussin (1746-1811) et Philippe Pinel (1745-1826), que l’on considère habituellement comme les fondateurs de la psychothérapie institutionnelle en France.
5À ce propos, on oublie parfois que derrière la façade philosophique de Pinel se trouvait l’empirisme de Pussin. D’ailleurs, dans un premier temps, Pinel reprit peut-être ce que Pussin lui dictait sans la moindre prétention nosographique [12]. Toujours est-il que, selon eux, le « fou » avait un reste de raison, une « partie saine » que l’on pouvait soigner, d’une part, en lui permettant d’exercer une activité professionnelle au sein de l’hôpital, d’autre part, en l’incitant à s’identifier aux soignants ; de ce fait, l’asile était un espace où subsistait une relative ouverture sociale.
6Selon Postel, « le message que nous apporte la première édition du Traité médico-philosophique [14] où la manie est véritablement révolutionnaire. Cette reconnaissance d’une subjectivité et d’un reste de raison chez l’aliéné permet le traitement moral dans une communauté où le patient n’est plus isolé dans sa loge, mais invité à une véritable convivialité. Cet espace de la rencontre rendue possible avec le fou est à l’origine de l’asile qui n’est pas alors conçu comme lieu de renfermement et d’exclusion. Il le deviendra, mais seulement lorsque l’enseignement de Pinel aura été oublié » [14].
7En effet, l’héritage de Pinel et Pussin fut rapidement dilapidé. À l’époque de Leuret, leurs idées étaient déjà largement tombées en désuétude : le traitement moral n’était plus qu’une simple « gestion » administrative. Selon Morel et Quétel : « De la théorie du traitement moral à sa pratique, l’échec apparaît éclatant […]. Par une espèce d’ultime perversion, le traitement moral, à défaut de son individualisation dans un rapport de parole avec le médecin, s’est rapidement confondu avec l’asile lui-même… » [11].
8Leuret, lui, supposant que la folie n’était très souvent qu’erreur, punissait, au nom même du traitement moral, ceux qui ne reconnaissaient pas l’« erreur exagérée » de leur « raison ». Ainsi s’attirait-il les foudres de ses confrères, qui pouvaient, à bon droit, l’accuser de pratiquer une technique de « révulsion morale » [9] incluant le recours à la douche froide.
9Le docteur Esprit Sylvestre Blanche (1796-1852), plus soucieux de ses patients, n’a pas hésité à se heurter publiquement à Leuret à propos de l’application quelque peu brutale du traitement moral qu’il recommandait. En 1839, Blanche publia d’ailleurs une petite plaquette contre lui [2].
10Leuret se sentit sans doute incompris car il écrira en 1840 : « Dans mes observations, il n’est pas uniquement question de l’emploi de la douche ou de la crainte inspirée par ce remède ; il y est encore fait mention des raisonnements dont je me suis servi, des récompenses que j’ai accordées, des soins de toutes les heures et de tous les instants donnés à mes malades : sur tout cela, pas un mot dans votre article. Ce qui peut inspirer des préventions contre moi, vous le dites ; ce qui peut les dissiper, vous n’en parlez pas. Est-ce de la justice ? » [8]. Leuret n’était certainement pas le seul en Europe à utiliser la douche froide.
11Malgré cette polémique, par son rejet de la doctrine des monomanies, qui consistait à classer les délires selon leurs thèmes.
12Leuret a sans doute contribué directement à la mise en place d’une véritable psychopathologie des psychoses ; ce savoir ancien, qui trouve ses lettres de noblesse avec l’introduction de la notion de structure par Minkowski lui-même, est aujourd’hui radicalement menacé par la construction méthodologique et théorique du DSM V.
13En effet, sous le titre « délire de l’intelligence », Leuret parvient à opposer deux axes constitués par les « incohérents » et les « arrangeurs », dont le délire revêt un caractère de vraisemblance en étant « presque logique ». Nous allons les examiner pour mieux saisir l’importance historique et clinique du délire d’interprétation.
Les incohérents
14« Les idées qui naissent dans l’esprit des malades que j’appelle incohérents, nous dit Leuret, ont de la force et de la justesse, mais la durée en est trop rapide ; elles cèdent la place à d’autres idées avant que leurs conséquences aient pu se développer. Dans le monde, un faible degré de cette aberration, produit ce que l’on appelle un manque d’esprit de conduite, et à un degré plus avancé, l’étourderie [7] ». Tout d’abord, remarquons que cette aberration existe, certes sous une forme plus bénigne, « dans le monde » et de manière « plus prononcée » chez les « réputés aliénés » : ainsi, le pathologique apparaît-il comme un continuum de la vie ordinaire, la question de la folie étant posée sur le plan d’un facteur de degré et non pas sur celui d’une différence radicale et infranchissable entre des « espèces ».
15L’incohérence serait une forme de folie mais elle n’est pas causale pour Leuret ; dans une diatribe contre Pinel, il écrit : « Je n’entends pas soustraire l’entendement aux lois qu[e] lui impose l’organisation, ni établir que ses aberrations soient indépendantes de l’altération des organes… » [7]. De plus, Leuret souligne le rôle de l’incohérence qui se reflète dans le langage aberrant. Il considère que cette incohérence du sujet cohabite avec une cohérence « bien ordonnée ».
16Comment ne pas reconnaître ici la précision de sa description du néologisme psychotique ? Figure lexicale qui nous semble tout à fait significative des modifications que fait subir le sujet psychotique au langage. « Chez ceux qui sont réputés aliénés en raison de cette incohérence, l’aberration est plus prononcée, elle peut aller jusqu’à des mots dont l’assemblage ne forme aucun sens, jusqu’à des syllabes qui ne forment aucun mot » [7].
17François Leuret précise qu’on ne saurait déterminer des « règles » dans l’organisation des idées qui, de surcroît, viennent en surnombre : « Les myriades d’idées et de passions qui se succèdent en suivant un ordre déterminé chez l’homme sain arrivent presque sans règles dans l’esprit des malades, et sont rendues, avec leur incohérence, par l’écriture, par les paroles ou par les gestes ; quelquefois par ces trois formes d’expression simultanément. Ce n’est pas tout : avec des paroles gaies, suivies, on voit coïncider un air de tristesse, des pleurs et des sanglots, et réciproquement, avec un air de bonheur, des paroles exprimant des idées affligeantes ; ou bien, avec des sentiments durables, avec des habitudes d’un travail régulier, et qui exige une grande attention, des pensées tout à fait incohérentes ; et le contraire de tout cela, des actions en désordre, des passions exagérées, bizarres par leur caractère ou leur apparition inattendue, la brusquerie de leur chute, la variation de leur durée, avec une faculté de comprendre lucide, entière et bien ordonnée » [7].
18Il est possible de percevoir en filigrane le trouble idéo-affectif et son double visage : une harmonie des actes accompagnée d’une incohérence de la parole, et vice versa. On voit ainsi que Leuret anticipe d’une certaine façon sur le grand Philippe Chaslin qui, 80 ans plus tard, en 1912, donnera à ce phénomène le nom de discordance.
L’incohérence apparente [5]
19Leuret prend soin de distinguer l’aliénation mentale de ce qui pourrait lui ressembler : tout d’abord il prend pour exemple la lettre de recommandation suivante, trouvée entre les mains d’une femme de la Salpêtrière :
20« J’ai soussigné que la nommée Louise a travaillé chez mois pendant l’espace de deux ent, en qualité de doubleur certifie en outre qu’el à toute les qualitié requise et toute les protection qu’elle meritte a tout égard, des personnes probe à toute honneur : je nai qua me louuyer de son meritte, ces pour coit que je luis é délivré le present certificats pour luis cervir au besoin de moye d’existence.
21J’ai l’honneur de la recommandeer a cette egard en daignant jetter un douregard sur sa pôsition » [7].
22Ici, muni d’un cas de figure assez simple, Leuret est d’emblée aux prises avec un problème qu’il reconnaît avoir le plus grand mal à résoudre sur le fond, à savoir le degré de relation entre l’incohérence d’une lettre et celle d’un être. Son argumentation est que, a priori, on comprend l’intention de l’auteur de la lettre, et qu’il faut donc attribuer sa mauvaise rédaction à un manque d’habitude en la matière et non pas à une incohérence de son esprit au sens pathologique du terme.
23Cependant, le problème, exposé avec une fraîcheur et une clarté qui traversent presque deux siècles sans rien perdre de leur acuité, reste presque entier. Qu’on en juge : « Ce certificat – le croira-t-on après une première lecture ? – a été écrit sérieusement, par un homme jouissant de sa raison. Que veulent dire tant de mots bizarrement assemblés ? Grammaticalement, la plupart ne signifient rien ; cependant tout le monde les a compris » [7].
24« La forme est celle d’un certificat, le fond est plein de bienveillance et du désir d’obliger. Sans doute la plupart des mots employés ne sont pas à leur place ; tout en désordre qu’ils sont, ils indiquent néanmoins le but du signataire et ce but est rempli, dès qu’il est entendu » [7].
25La référence « tout le monde » est donc maintenant accompagnée par l’élément que « tout le monde » peut reconnaître, à savoir l’intentionnalité qui sous-tend un geste, élément qui permet sa « lisibilité » par le groupe. Ayant tissé un cadre autour de la cohérence, l’intentionnalité et la lisibilité par le groupe, Leuret se doit de poser un autre problème d’incohérence apparente, la « fausse conscience » des hommes de sciences et de lettres, concept qui sera d’ailleurs développé plus tard par Joseph Gabel [6].
26« J’ai travaillé ; loin d’avancer, je me suis embarrassé davantage. Il ne m’a pas été possible, quoi que j’aie fait, de distinguer, par sa nature seule, une idée folle d’une idée raisonnable. J’ai cherché, soit à Charenton, soit à Bicêtre, soit à la Salpêtrière, l’idée qui me paraîtrait la plus folle ; puis, quand je la comparais à un bon nombre de celles qui ont cours dans le monde, j’étais tout surpris et presque honteux de n’y pas voir de différence » [7].
L’incohérence « véritable »
27Leuret poursuit son développement sur le « délire de l’intelligence » en montrant ce qu’il considère comme l’incohérence véritable. Pour ce faire, il cite le cas d’un jeune homme qui se trouvait à Charenton à cause d’un accès de manie « caractérisé par une pétulance exagérée » et des idées fausses tenant tantôt à des visions, tantôt à des conceptions « mal fondées ». Il avait rédigé à l’intention de ses parents la lettre que voici :
28« J’ai voulu tuer un homme ou même plusieurs hommes qui étaient des agents provocateurs, et qui, sachant par des propos que j’avais tenus à la guinguette et de côté et d’autre que je me vantais de vouloir frapper à mort la personne qui me ferait un affront, ont fait leur possible pour me faire que je m’étais trompé, afin que je vous fisse mes adieux, et afin de dire que j’avais eu une vision. Mais, direz-vous, ils auraient pu se défaire de toi, en te faisant faire guillotiner ; c’est là, au contraire, ce qu’ils craignaient ; car, puisqu’on m’eût jugé en audience publique, le délit de provocation eût été reconnu dans l’interrogatoire qu’on m’eût fait subir, et ils ont craint de se faire guillotiner eux-mêmes, si je paraissais en justice, et parce qu’ils vous ont dit que j’avais une fièvre, vous les avez crus. Mais, ma mère, c’est à vous que je m’adresse, pourquoi donc êtes-vous tombée par terre quand je vous ai dit : on a découvert mon crime ? Vous saviez donc bien que j’avais mérité la mort, et que pour un crime comme le mien, on ne mène pas un homme dans une maison de santé, mais à l’échafaud. Et vous mon père, pourquoi baissiez-vous les yeux, en me disant : tais-toi donc ? Pourquoi mes amis regardaient-ils dans la rue, pour voir s’il y avait des mouchards ? Pourquoi ma sœur s’est-elle mise à pleurer ? C’est que vraisemblablement vous saviez tous que j’avais mérité la mort, que je n’étais pas un malade, mais un scélérat. Et puis vous direz encore que je n’étais pas malade, et qu’une fièvre m’agitait ! Mais, direz-vous, les Martin sont de méchantes gens. Quand je verrai des gens étudier un enfant pour le faire souffrir, quand j’entendrai Martin dire, d’un air tout doucereux, souffre, pauvre bête, parce qu’un chien vient, je crois, d’être écrasé ; quand j’entendrai une femme me dire : j’ai fait cela dans l’intention de faire de la peine à ma mère » [7].
29L’incohérence dans ce texte est proche d’un mécanisme d’interprétation qui permet au jeune homme de prêter des intentions et un sens à des choses relativement banales. Or il nous semble que c’est surtout l’attribution d’idées à autrui que Leuret souligne ici. Cependant, une petite ambiguïté réside dans le fait que Leuret, au sens le plus strict, cite une phrase pour expliquer sa vision de la folie qui n’existe point dans le texte proprement dit. Il ajoute : « Pour démontrer sa thèse il [le malade] emploie […] une sorte de raisonnement : puis tout à coup, sans transition d’idées et tout en conservant une forme de discours en harmonie avec ce qui précède, il change de sujet. Son « mais tu prétends » est le commencement brusque d’une nouvelle thèse, tandis que le « mais » annonçait une objection et une preuve de plus. C’est là qu’est l’incohérence » [7].
30L’extrait de la lettre citée ci-dessus ne contient pas la formule « mais tu prétends » ; néanmoins, il serait méthodologiquement nuisible de sacrifier le sens à la formulation grammaticale. En effet, Leuret met en relief la fusion de deux éléments : l’attribution d’une pensée à autrui, puis la mise en avant d’une objection ou d’une preuve.
L’incohérence prononcée
31Ce troisième stade de l’incohérence selon Leuret est illustré par le cas d’un homme paré de toutes les vertus, nous dit-il, sauf – et cela n’est énoncé que de manière implicite – celle de la chasteté : ledit curé « porta trop loin » l’oubli de ses vœux et le public « en fut informé ». Comme dans le cas du jeune homme aux prises avec les « agents provocateurs », l’âge du patient lors de la survenue des troubles n’est pas donné. Son discours se défait et se répète lorsqu’il tente de lutter contre les accusations de péché sexuel.
32Leuret comprend le processus subjectif de ce qui apparaît assez nettement comme une désagrégation des facultés mentales par le biais des « soins de la défense » qui « troublèrent sa raison ».
33« Absous, il se défendait encore, et sa préoccupation devint telle qu’il fut incapable de parler d’autre chose. D’abord, ses raisonnements étaient suivis et il délirait seulement en cela qu’il répétait toujours la même chose, avec exaltation. Bientôt […] la défense s’embrouilla et maintenant cette défense est tout à fait incohérente » [7].
34Le curé, qui « confondrait » [4] tous les médecins, narre lui-même son histoire sur l’invitation de Leuret, et cela lors d’une première prise de contact :
35Le curé. – M. Dupin [5] s’est comporté admirablement avec moi : on m’accusait d’avoir assassiné la princesse de Lamballe, pour cela j’étais en prison ; cet assassin était de ma paroisse ; on vient chercher cet homme, on vient me chercher aussi : cet homme est encore vivant, et de la famille la plus atroce, la plus atrocement inique qu’il soit possible de voir […]. Dieu m’a exposé à tout dès le ventre de ma mère. On dit à l’accoucheur que j’étais le vingt-quatrième enfant […].
36Leuret. – Veuillez revenir à votre procès.
37Le curé. – On m’interrompt ; je défie 20 docteurs de me faire dire autre chose et de me faire divaguer. M. Dupin apprend par un de ses amis qu’il y a une affaire bien autrement grave que celle de Lesurques, celle d’un ecclésiastique pour lequel M. Dupin a fait un mémoire […]. Vous savez que dans le temps, les robins ont voulu éloigner les Bourbons. Il a assisté à ma première messe et m’a dit qu’il n’avait jamais vu un prêtre officier aussi bien que moi. Je ne m’en glorifie pas. Dieu peut faire d’un vase d’ignominie un vase d’élection.
38Leuret. – Vous vous interrompez, prenez garde.
39Le curé. – Quand on m’aura mis sur la voie, je m’y remettrai. J’étais ami de l’abbé Grégoire, qui a dit souvent qu’il n’y avait pas de théologien plus savant que moi ; nous nous confessions l’un à l’autre, nous nous accusions réciproquement.
40Leuret. – Les prêtres se confessent-ils comme ils confessent les laïques ? Se mettent-ils à genoux ?
41Le curé. – À genoux… non, non : il n’y avait que les femmes qui m’auraient dévoré si je ne les avais pas fait mettre à genoux » [7].
42L’entretien prend fin ici. Le curé se met alors à chanter des vers improvisés qui sont « aussi décousus que les paroles », puis il répète quelques phrases de l’écriture sainte. Pour Leuret « ce désordre n’est pas complet, et, alors même que le malade s’écarte de son sujet, on suit le mécanisme de la déviation. Une idée accessoire de son discours l’entraîne à un discours nouveau, mais il y a au moins cet enchaînement d’une idée accessoire […]. Ajoutons aussi qu’il y avait harmonie entre les pensées et les expressions […], ce qui le rapproche encore davantage des personnes raisonnables » [7].
43L’auteur ne précise pas comment il parvient à savoir ce que le curé « pense », il semble plutôt indiquer que même si le discours paraît s’éloigner du thème de l’entretien, qui consiste à se défendre contre les accusations, nous pouvons en suivre les déviations. Le curé dit avoir quatre-vingt-deux ans [6], mais l’âge ne semble pas être un critère pour Leuret qui finalement articule la notion d’incohérence autour de ce qu’on pourrait appeler le « degré de compréhensibilité ». Qu’il nous soit permis d’insister sur la générosité de cette notion. Nous entendons par là que le degré de contact et d’échange semble être pour Leuret une véritable mesure de la folie.
44Nous conclurons sur l’observation suivante : « Un ancien employé dans les fourrages de l’armée […] se croit persécuté pour des malversations dont on l’accuserait de s’être rendu coupable. Entre autres moyens de se justifier auxquels il a eu recours, il a fait faire une lithographie dans laquelle on le voit montrant du doigt, sur une carte géographique étalée devant lui, le village de Kempen, où il a été garde-magasin. Au-dessous est écrit : « C’est-à-dire qu’incorruptible là, en comptabilité comme en politique et partout, traverses de 35 ans, brouilles de mariage de 10, captivité de 15, interdiction, expropriation, tout vient de là […]. C’est-à-dire qu’incorruptible là, tout vient de là, l’interdiction, l’expropriation, des voleurs de famille, comme la captivité, la prescription, des voleurs de l’état » [7].
45Pour Leuret, cette légende est « obscure », mais si nous sommes prévenus qu’elle a pour but de signifier la bonne moralité de l’ancien employé des fourrages, « on voit qu’elle est seulement obscure et qu’elle n’est pas incohérente » [7].
46Vers la fin du premier chapitre de son ouvrage, Leuret tente à plusieurs reprises de cristalliser ses théorisations, parfois sous forme de contre-distinctions en disant par exemple que l’incohérence n’est pas une pensée obscure ou difficile à saisir, et aussi sous forme de « coup d’œil analytique » : « Nous voyons que le manque de force dans l’association des idées forme le caractère essentiel de leur délire ; que ce caractère peut exister en même temps que des visions, des hallucinations, sans être influencé par elles ; qu’il est très compatible avec une lucidité complète ; qu’il se complique quelques fois d’actions dysharmoniques, mais aussi que le contraire a lieu, c’est-à-dire que des habitudes de vie régulières, de travail suivi, persistent quelques fois, malgré l’incohérence des idées ; enfin, que l’incohérence paraît être plus grande dans les écrits que dans les paroles. Il semble que chez les incohérents, la folie soit toute en dehors, tandis que l’homme intérieur est raisonnable » [7].
Les arrangeurs : « pièce de conviction »
47Si l’incohérent souffre d’une « altération survenue dans l’association des idées » et d’un « manque de force » de celle-ci, l’« arrangeur », lui, est habile car il donne « une apparence de réalité à ses conceptions » [7]. Paul Sérieux et Joseph Capgras [16], dans le chapitre historique de leur célèbre ouvrage sur le délire d’interprétation, font de l’arrangeur un ancêtre de la folie raisonnante. Il est celui qui « se trompe » là où le « bon sens suffit » et qui donne avec un talent « particulier » une « apparence de réalité » à ses idées. Convaincu du bien-fondé de celles-ci, il semble prêt à la discussion ; c’est un bâtisseur systématique, et « pour prouver ce qu’il a dans l’esprit, tout lui sert : il n’est dissuadé ni embarrassé par aucune preuve contradictoire » [7].
48Très schématiquement, donc, l’arrangeur « n’a pas d’hallucination, de vision, d’inspiration ou de penchant perverti. [Il] ne peut se défaire de son idée [déraisonnable], il en est esclave, il n’a plus qu’elle, il est identifié avec elle » [7]. L’arrangeur est néanmoins adroit : « d’abord il n’a pas nécessairement ce qu’on appelle une idée folle ; son idée, si elle n’est pas vraie, est au moins spécieuse, et il l’appuie sur des raisonnements » [7].
49La « pièce de conviction » est une lettre rédigée par un ancien militaire qui « a été mis au nombre des aliénés » en raison d’une colère qui « ne cessait jamais » : il « prenait en mauvaise part » toutes les actions de ses supérieurs hiérarchiques « et n’avait de bienveillance que pour ses inférieurs, ou pour ceux qu’il pensait être malheureux comme lui. […] Il se disait persécuté, et il rattachait tout à cette prétendue persécution qui, dénuée de fondement réel, avait néanmoins dans sa bouche quelque chose de spécieux » [7].
« À monsieur le lieutenant-général, baron Damand command’élhôtel royal des militaires invalides.
Mon Général,
Si, par l’affreuse bizarrie du sort, je suis destiné à mourir dans ce cloaque des fous et des insensés, où sont rassemblés tous les maux sorties, jadis, de la boète de Pandore, et les foudres vengeresses de la redoutable inquisition, je n’ai plus qu’un vœu à former, c’est de prier le souverain arbitre de l’univers de trancher le fil d’une existence Qui me devient chaque jour plus insupportable, par la férocité des portes-foudres du despotisme de cette maison maudite ! Représentez-vous, mon général les gorgones tourmantant les malheureuses victimes dévouées à leurs fureurs infernales, et vous aurez la mesure des souffrances de toutes espèces, des humiliations les plus douloureuses, et des injustices les plus criantes dont se rendent coupables à notre égard, des monstres profanateurs de ce qu’il y a de plus sacré, violateurs de tous les droits, et qui accumulent journellement crime sur crime, et toujours un plus énorme sur un plus énorme.
Oui, je le dis sans crainte, et avec vérité, il n’est pas de supplice assez rigoureux, pour punir des tyrans subalternes, instruits, dès leur enfance par le démon de l’hypocrisie : le ciel est dans leurs yeux, l’enfer est dans leurs cœurs. […] Ces tygres yvres de Sang, inventent à chaque instant, pour nous faire périr dans les tourmens, des tortures aussi horribles que cruelles. […] Dix rames de papier ne suffiraient pas, pour vous signaler les abus monstrueux de ce lieu d’horreur et à jamais exécré.
Jelhonneur d’être avec le plus profond respect,
Mon général,
Vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Charenton, ce 21 fev 1818 » [7] [7].
51La période qui précède la Première Guerre mondiale est assez riche, en ce qui concerne la psychopathologie des psychoses, avec des publications influentes de Bleuler, Freud, Abraham, Jung, Jaspers, Kraepelin, Chaslin, Ballet, et en 1909 Les folies raisonnantes : le délire interprétation de Paul Sérieux et Joseph Capgras [16] :
52Pour eux, l’interprétation délirante est « … un raisonnement faux ayant pour point de départ une sensation réelle, un fait exact, lequel…. prend une signification personnelle pour le malade (…).
53Le délire d’interprétation est une psychose chronique caractérisée par :
- la multiplicité et l’organisation d’interprétations délirantes ;
- l’absence ou la pénurie d’hallucinations, leur contingence ;
- la persistance de la lucidité et de l’activité psychique ;
- l’évolution par extension progressive des interprétations ; l’incurabilité sans démence terminale » [8].
54Incurabilité sans démence terminale… On entend, ici, manifestement non seulement un rejet de la doctrine d’Émile Kraepelin mais aussi la reconnaissance d’une logique autre qui va ouvrir le chemin à la notion de structure qu’abordera Minkowski une dizaine d’années après la Première Guerre mondiale. [9] La psychose n’est pas de l’ordre de la démence, mais plutôt de l’ordre d’une structure (para)logique !
55« … les sujets qui en sont atteints conservant… toute leur vivacité d’esprit, avec une aptitude … à discuter et à défendre leurs convictions (…). Les interprétateurs… restent en relation avec le milieu…. (…) S’entretient-on avec eux… non seulement il arrive qu’on ne relève aucun propos déraisonnable, mais on constate une façon de s’exprimer correcte… des souvenirs très fidèles… une intelligence intacte, parfois fine et pénétrante. On ne peut mettre en évidence ni hallucinations actives, ni excitation, ni dépression ; pas de confusion, pas de perte des sentiments affectifs » [10].
56Les deux auteurs prennent grand soin à opposer le délire interprétation au délire de revendication ; le premier cas de figure est un état chronique avec des interprétations multiples, diverses, primitives et prédominantes. Les conceptions délirantes sont variées, chez les persécutés, les idées de persécution sont très actives et chez les mégalomanes les idées de grandeurs sont systématisées. Le « sens moral » est intacte, le délire va s’étendre progressivement et le milieu extérieur sera transformé.
57Dans le délire de revendication en revanche est un état passionnel avec de rares interprétations construit sur une idée prévalente de préjudice qui est « plausible ». L’hypertrophie du moi existe sans mégalomanie, l’excitation intellectuelle est permanente, le délire ne s’étend pas, le milieu du sujet n’est pas transformé par l’activité délirante et selon les deux auteurs, il existe une possibilité d’amélioration [11].
58En 1928, Éliascheff, un élève de Paul Sérieux, consacre une assez longue thèse aux écrits dans le délire d’interprétation – ce choix est logique si on accepte l’idée que l’écrit ne ment pas – il constitue une preuve d’aliénation psychotique que le médecin – mis en cause par une campagne de presse – peut présenter au juge ! Les écrits des interpretateurs deviennent l’indicateur objectif de la folie, ainsi l’aliéniste peut se défendre contre les juges, la presse et la vox populi…
59Comme Sérieux avant lui, Éliascheff place le travail de Leuret [12] comme point de départ de toute compréhension du délire d’interprétation ensuite il va définir trois grandes classes du délire, à savoir les interprétations exogènes [13], endogènes et frustres. La troisième partie de sa thèse est consacrée aux écrits de patients dans le délire de persécution, de grandeur, de jalousie ainsi que dans les délires mystiques.
60Le chapitre IV est consacré à la place du délire d’interprétation dans la littérature, le dernier chapitre explique l’importance des écrits pour la médecine légale car l’interprétateur risque de porter plainte pour internement arbitraire. Éliascheff cite longuement le cas d’une patiente qui répond, point par point, au rapport d’expertise la concernant. Il soulève aussi une question qui reste d’actualité à savoir les dispositions testamentaires des délirants.
Conclusion
61En 1909, dans le sillage de Pinel, Campagne et d’autres, Sérieux et Capgras ont pu définir avec une grande clarté le mécanisme central d’un grand nombre de psychoses, il est logique donc qu’ils rendent un hommage appuyé aux « arrangeurs » de Leuret. En effet, le délire d’interprétation explique, en partie, la logique profonde et inébranlable de la paranoïa et de la paraphrénie. L’absence ou encore la pauvreté de l’interprétation expliquerait, peut-être, certains aspects cliniques du délire paranoïde, la psychose hallucinatoire chronique de Ballet [1] ainsi que l’hébéphrénie à évolution lente et insidieuse que l’on trouve encore dans les services dits de « chroniques » ou encore dans la chronicité à domicile.
62Le travail de Sérieux et Capgras sur la « folie raisonnante » pourrait constituer la base même d’une interrogation sur les psychoses – qu’elles soient discrètes (comme dans la personnalité as-if) ou délirantes. Or ce travail n’a pu aboutir qu’à partir de la relecture de l’œuvre de François Leuret et sa répartition du délire d’interprétation entre « incohérence » et « arrangement ». Le délire d’interprétation participe, il nous semble, à l’essence même de la logique psychotique et constitue donc un concept clé qui mérite d’être questionné à nouveau.
Liens d’intérêts
63les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en rapport avec cet article.
Bibliographie
Références
- 1Ballet G. La psychose hallucinatoire chronique. Encéphale 1911 ; 8 : 501-8.
- 2Blanche E. Du danger des rigueurs corporelles dans le traitement de la folie. Bull Acad Royale Med 1838-1839 ; IV: 79-87.
- 3Campagne Dr. Traité de la manie raisonnante. Paris : Masson, 1869.
- 4Sérieux P, Capgras J. Les Folies raisonnantes. Le délire d’interprétation. Paris : Alcan, 1909 [Réédition Marseille : Laffitte, 1982].
- 5Esquirol J-É. Des maladies mentales (1838). Paris : Baillière, 1989, pp. 75-113.
- 6Gabel J. La fausse conscience : essai sur la réification. Paris : Éditions de Minuit, 1962.
- 7Leuret F. Fragments psychologiques sur la folie 1834. Paris : Frison-Roche, 2007.
- 8Leuret F. Du traitement moral de la folie. Paris : Baillière, 1840, pp. 75-113.
- 9Leuret F. Mémoire sur la révulsion morale dans le traitement de la folie. Bull Acad Royale Med 1840-1841 ;VI : 692-715.
- 10Morel P. Préface. In : Leuret F, éd. Fragments psychologiques sur la folie (1834). Paris : Frison-Roche, 2007.
- 11Morel P, Quétel C. Les thérapeutiques de l’aliénation mentale au XIXe siècle. In : Nouvelle Histoire de la psychiatrie. Paris : Privat, 1983.
- 12Pichot P, Rein W, éds. Les premières observations « cliniques » de Philippe Pinel. L’Approche clinique en psychiatrie, II. Le Plessis-Robinson : Synthélabo, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 1993.
- 13Pinel P. Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale ou La manie. Paris : Éditions Richard, Caille & Ravier, 1801.
- 14Postel J. Philippe Pinel et le mythe fondateur de la psychiatrie franc¸aise. Psychanal Univ 1979 ; IV: 213.
- 15Postel J, Quetel C. Nouvelle Histoire de la psychiatrie. Toulouse : Privat, 1983.
- 16Sérieux P, Capgras J. Les Folies raisonnantes. Le délire d’interprétation. Paris : Alcan, 1909 [Réédition Marseille, Laffitte, 1982].
Mots-clés éditeurs : psychose, délire d'interprétation, délire de Sérieux et Capgras, érotomanie, histoire de la psychiatrie
Mise en ligne 02/10/2014
https://doi.org/10.1684/ipe.2014.1235Notes
-
[1]
EA 450, Psychopathologie adulte, Université Rennes II. Psychanalyste et MDC, 12, rue du Hainaut, 75019 Paris, France
<david.allen@uhb.fr> -
[2]
Docteur en psychopathologie, psychologue clinicienne, EA 4050 “Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social”, Université de Rennes II, 13 rue de la forêt, 35830 Betton, France
<carolemariotti@yahoo.fr> -
[3]
C’est à partir des années 1990 que l’on redécouvre l’importance de Leuret, Cf. Trémine T., La personne de moi-même in Littoral no 34-5, avril 1992. Cf. aussi Baumstimler et al. Délire des négations, Actes du colloque de décembre 1992, Paris, éditions de l’Association freudienne internationale.
-
[4]
Leuret ne développe pas ici le problème de cette fausse reconnaissance.
-
[5]
Il s’agissait vraisemblablement d’un avocat ou d’un ami du curé, peut-être les deux.
-
[6]
Précision fournie par le malade.
-
[7]
Orthographe et ponctuation respectées.
-
[8]
[4] p. 5.
-
[9]
Cf. Allen et al., Pour le 90e anniversaire de la découverte du rationalisme et du géometrisme morbide. Essaim 2014 : 33.
-
[10]
[4] p. 6.
-
[11]
cf. ibid p. 263.
-
[12]
Eliascheff S. Des écrits pour le délire d’interprétation. [Thèse]. Gisors : 1928, sous la direction de Paul Sérieux. 136 p.
-
[13]
Il s’agit ici d’un délire d’interprétation presque pure.