Les luttes sociales contemporaines présentent des accents plus ou moins marqués de « spontanéité », d’« immédiateté » ou d’« instantanéité ». En 2023 par exemple, des mères ont manifesté contre les responsables militaires, en Russie ; des femmes ont déchiré leur voile et défié la dictature religieuse en Iran ; des citoyens chinois ont critiqué le dirigeant suprême pour sa gestion sanitaire contraignante. De manière imprévisible, trois des dictatures les plus féroces ont été ainsi ouvertement défiées, fusse momentanément. Pour autant, s’agissant de spontanéité, les écueils interprétatifs foisonnent. Les quatre suivants seront notamment pris en considération dans ce dossier.Primo, une vision mécanique de la spontanéité. Certes, dissoudre et interdire les organisations contestataires expose à un risque d’explosion sociale ; c’est un acquis de l’art de gouverner qu’il faut laisser une soupape de sécurité, pour éviter une pression trop forte. Mais si l’on réduit la spontanéité à un mécanisme résultant automatiquement d’un excès d’autorité, elle devrait surgir plus souvent. Or la contestation de l’autoritarisme se fait parfois attendre, notamment dans les trois pays précités. Et le présent dossier témoigne de ce que la spontanéité existe aussi en régime démocratique.Secundo, illusion ou réalité ? La spontanéité est dans un entre-deux. Du fait de son instrumentalisation à des fins médiatiques ou politiques, la critique académique lui a souvent récusé tout fondement social en évacuant tout caractère spontané aux luttes…
Mise en ligne 16/02/2024
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