Salvador Juan (SJ) : L’ouvrage Ecología e igualdad propose une réflexion sur les enjeux écologiques à partir de l’histoire de la pensée. D’une certaine manière, plusieurs éléments de la question écologique – notamment la relation entre production, ressources et population –, étaient déjà débattus bien avant l’avènement de l’écologisme comme mouvement social. Tu dis même que Nicolas de Condorcet a inventé le « développement durable », que François Quesnay a démonté la croyance selon laquelle la richesse d’une nation et le volume de population étaient parallèles (il donne le contre-exemple de la Chine de son temps) et que Thomas Robert Malthus est le premier à prendre au sérieux les limites physiques de la planète (évoquées mais balayées par Condorcet). Pourtant, durant les presque 140 ans qui séparent la naissance de Quesnay et le décès de Malthus, la population du globe et la ponction sur les ressources sont encore dérisoires… Comment expliquer cette inquiétude ?
Ernest Garcia (EG) : Condorcet n’a pas utilisé l’expression « développement durable », mais « perfectionnement sans fin de l’homme » (Condorcet, [1793-1797] 1970 : 40). Cependant, la signification des deux notions est la même : un progrès ininterrompu. Et surtout, lorsqu’il s’est demandé si la finitude de la planète ne risquait pas un jour de stopper cette voie d’amélioration, il a écarté cette crainte avec trois arguments. D’abord, bien que limitée, la planète est très vaste et les ressources naturelles mettraient longtemps à s’épuiser…
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