Résumé
Cette recherche se fonde à la fois sur une série de documents musicaux recueillis en 1946 chez les Pygmées BaBinga de la Haute-Sangha (République du Congo) par la mission Ogooué-Congo, et sur l’ensemble des publications ethnomusicologiques parues à ce jour sur les Pygmées, disséminés d’est en ouest de la grande forêt équatoriale, de l’Itouri au Gabon. À la question: «Pourquoi les Pygmées musiquent-ils autant?», qu’invitent à se poser ces données, il est répondu: «Pour survivre». «Musiquer» (et non « faire de la musique») apparaît comme constituant pour eux une véritable technique du corps social et, partant, de la vie collective. Les effets qu’ils en attendent doivent être vus comme conjuguant deux types d’efficacité, d’une part une «efficacité musicale symbolique», à l’œuvre dans leurs rituels de chasse et liée à leurs pratiques magico-religieuses, d’autre part une «efficacité musicale socio-somatique», à l’œuvre dans l’ensemble des activités musicales (chants et danses) qu’ils mènent quasi quotidiennement. En fin d’article, de nombreuses notes abordent divers problèmes, jodel et polyphonie notamment, concernant cette musique et ce musiquer.
Mots-clés
- Afrique
- Pygmées
- pratiques musicales
- symbolisme
- efficacité somatique
Abstract
This research is based on musical documents that the Ogooué-Congo Mission collected in 1946 among the BaBinga Pygmies (Haute-Sangha, Congo Republic) and on the ethnomusicological publications to date about the Pygmies, who are scattered over the equatorial forest from east to west, from Itouri to Gabon. These documents lead us to ask, «Why do the Pygmies “musick” so much?» and to reply, «To survive.» For them, «musicking» – instead of «making music» – is a technique of the «social body» and group life. The effects they expect of it must be seen as combining two types of effectiveness: a «symbolic musical effectiveness» operational in their hunting rites and their magic and religious practices; and the «sociosomatic musical effectiveness» of all the musical activities (song and dance) that they do every day. Several notes at the end of the article comment on various problems, in particular yodeling and polyphony.
Keywords
- Africa
- Pygmies
- musicking
- symbolism
- somatic efficiency
Mots-clés éditeurs : Afrique, pratiques musicales, efficacité somatique, symbolisme, Pygmées
Date de mise en ligne : 01/12/2004
https://doi.org/10.4000/lhomme.24855