Pendant longtemps, la société française en général et les institutions chargées de la protection de l’enfance en particulier ont pensé que les enfants n’étaient pas concernés par les violences entre leurs parents du moment qu’elles ne s’exerçaient pas directement à leur encontre. Il a fallu trente ans de recherches en psychologie, menées d’abord au Canada et aux États-Unis, puis plus récemment en France, pour amener à une évolution des mentalités. L’ensemble de ces travaux conclut en effet sans équivoque à l’impact particulièrement délétère des violences conjugales tant sur la construction des liens d’attachement des enfants, sur leur développement psychologique et cognitif, que sur leur santé physique. Un décret entré en vigueur en février 2022, précisant que les enfants exposés à des violences conjugales ne sont désormais plus considérés comme de simples témoins mais officiellement reconnus comme des victimes à part entière, est venu entériner ce changement de perspective. Dans l’immense majorité des situations de violence conjugale – entre 83 % et 85 % selon les études –, les hommes sont les auteurs, les femmes les victimes. Voilà pourquoi nous parlerons plus fréquemment ici d’« hommes violents », sans oublier cependant que des femmes peuvent elles aussi s’en prendre à leur conjoint (lire l’encadré p. 37).
Pour mieux cerner les effets des violences conjugales sur les enfants, il est important de se faire d’abord une idée du type de relations qu’elles installent au sein du foyer…