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Article de revue

Le désir d’enfant dans tous ses états

Pages 27 à 33

Notes

  • [1]
    Éd. Dunod, 2010.
  • [2]
    Elle a dirigé le livre Accueillir le nouveau-né, d’hier à aujourd’hui (éd. érès, 2013).
  • [3]
    Lire l’article La malédiction de la femme stérile, p. 48.
  • [4]
    Coauteure avec Catherine Dolto de L’aventure de la naissance avec la PMA (éd. Gallimard jeunesse Giboulées, 2014).
  • [5]
    Cf. Insee, 2012. Lire l’article Parents sur le tard, p. 34.
  • [6]
    Elle est également vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et présidente de la Société française de gynécologie.
  • [7]
    En 2014, Facebook et Apple ont provoqué un débat aux États-Unis en décidant de financer la congélation d’ovocytes pour leurs employées.
  • [8]
    Auteure de l’ouvrage Le désir d’enfant (éd. PUF, 2011).

1Quelle expression plus courante que celle de « désir d’enfant » ? Pourtant, malgré son apparente évidence, elle désigne une réalité complexe, qui a évolué au fil du temps et recouvre des situations extrêmement diverses.

2La signification de certaines expressions françaises connaît parfois de véritables métamorphoses au cours de l’histoire. Celle de « désir d’enfant » en est un exemple parlant. Si, aujourd’hui, nous entendons ces mots comme l’affirmation d’un choix délibéré, la décision sciemment élaborée de faire un bébé, il n’en a pas toujours été ainsi. « Pendant très longtemps, on ne pouvait pas parler d’un désir d’enfant personnel : la femme était soumise au devoir d’enfant, elle était la servante de la fécondité, l’agent passif de la reproduction », écrit Jean-Marie Delassus, médecin et chercheur en périnatalité, dans son ouvrage Le corps du désir. Psychanalyse de la grossesse[1]. « Il existait certes un désir d’avoir des enfants, mais pas un désir d’enfant au sens d’une réalité psychologique. Ce dernier était comme censuré, on ne parlait pas comme ça », poursuit-il.

3Autrement dit, pendant des siècles, les couples ne se posaient pas la question de savoir s’ils désiraient ou non des enfants. Ils en faisaient parce qu’ils devaient en faire, parce que la société attendait cela d’eux, et que le mariage n’avait pas d’autre finalité que la procréation. A contrario, celle-ci n’était tolérée que dans le cadre du mariage, et les mères célibataires étaient bannies de la société. « Il n’y avait pas de plus grand malheur pour un couple marié que de ne pas avoir d’enfant. Une femme sans descendance était considérée comme une branche morte de l’arbre généalogique, inutile socialement », remarque Marie-France Morel, présidente de la Société d’histoire de la naissance [2]. « Certains textes, par exemple, racontent les démarches acharnées d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII qui, ne parvenant pas à enfanter, avait multiplié les pèlerinages ou recours à telle ou telle eau thermale, réputée faciliter la fécondité[3]. Un parcours du combattant qui n’est pas sans rappeler celui des femmes d’aujourd’hui, quand elles se lancent dans la procréation médicalement assistée ! », insiste-t-elle. Selon l’historienne, les parents, autrefois, avaient autant envie d’avoir des enfants que ceux d’aujourd’hui, mais ils soumettaient la procréation à d’autres critères que leur désir personnel, des critères davantage liés aux contraintes sociales.

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©Albertine

La révolution de la contraception

4De quand date l’émergence du désir d’enfant dans son acception contemporaine ? Deux événements ont sans nul doute joué un rôle essentiel : l’autorisation de la pilule contraceptive par la loi Neuwirth, en 1967, et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) par la loi Veil, en 1975. « Les femmes ont eu la possibilité de se poser la question : est-ce que je veux un enfant ou pas ? Est-ce que je le veux maintenant, ou à un autre moment ? La légalisation de la contraception les a mises en situation de regarder en face leur désir d’enfant, et même de le verbaliser, sans plus laisser jouer le seul hasard », décrit Myriam Szejer, psychiatre et psychanalyste [4].

5Ces lois ont délivré les femmes du fardeau d’accueillir des enfants non désirés, elles leur ont permis de faire l’amour sans l’angoisse de tomber enceinte. Un progrès et une liberté qu’elles ont « payé », indirectement, car rien n’est plus complexe – et parfois douloureux - que de se confronter à son désir d’enfant. « Cette expression est souvent galvaudée, employée à tort et à travers, simplifiée à outrance. L’envie d’enfant, la volonté d’enfant, parfois même l’exigence d’enfant n’ont rien à voir avec le désir d’enfant, qui est directement connecté à l’inconscient, affirme Myriam Szejer. On peut consciemment vouloir un enfant et, inconsciemment, ne pas le désirer : une ambivalence qui explique parfois des cas d’infertilité. De même, on peut consciemment ne pas en vouloir et, inconsciemment, en désirer un : d’où ces bébés “accidents”, parce que le désir inconscient est, finalement, plus fort que tout. »

Le désir d’enfant à l’épreuve de l’âge

6La réalité biologique peut aussi compliquer la réalisation d’un désir de grossesse : à partir de 35 ans, la fertilité chute grandement chez les femmes (plus que chez les hommes), et les chances de tomber enceinte diminuent. Jadis, elles ne se souciaient pas de cet élément, puisqu’elles enfantaient tôt dans leur vie. Mais, depuis la fin des années 1960, l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant ne cesse d’augmenter : 24,2 ans en 1967 et 28,1 en 2010 [5]. Les sociologues avancent plusieurs explications à ce phénomène : les femmes doivent souvent asseoir leur carrière professionnelle avant de devenir mères, les employeurs hésitant à confier des postes à responsabilité aux jeunes femmes, susceptibles de partir en congé de maternité. Elles veulent aussi être sûres d’avoir choisi le « bon » père pour leurs enfants. Enfin, dans une société où règne le jeunisme, beaucoup sont dans une forme de déni du temps biologique et du vieillissement de leurs ovules. Résultat, elles laissent tourner l’horloge, remettant à plus tard la concrétisation de leur désir d’enfant, et l’arrêt de leur contraception. « Ce faisant, elles mésinterprètent le fameux slogan féministe des années 1970 : “un enfant, quand je veux, si je veux”, commente Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie-obstétrique et de médecine de la reproduction du centre hospitalier des Quatre Villes de Saint-Cloud (92) [6]. Elles pensent maîtriser leur fécondité, et que celle-ci est au service de leur désir. C’est un contre-sens absolu ! La contraception permet de ne pas avoir de bébé quand on n’en veut pas. Mais l’arrêter ne garantit pas d’en avoir un au moment où on le décide. » Les médecins tentent régulièrement d’alerter les femmes sur cette baisse de la fertilité à mesure qu’elles avancent en âge mais leur discours, peu en phase avec l’air du temps, ou considéré comme rébarbatif, est très peu relayé par les médias. Par ailleurs, la société dans son ensemble, et le monde du travail en particulier, ne semblent pas décidés à envisager une réorganisation sociale, pour permettre aux femmes d’enfanter plus jeunes, sans se mettre en danger professionnellement. La seule solution proposée – en France cela n’est pas encore le cas mais la pression est de plus en plus forte – consiste à congeler leurs ovocytes [7] !

Désir d’enfant : inné ou acquis ?

Le fait est indéniable : la majorité des humains ressentent l’envie de faire des bébés. S’agit-il d’un élan naturel, dicté par nos gènes, ou d’un désir construit socialement par des discours entendus depuis l’enfance ? Difficile de trancher.« Certains penseurs, dans le sillage de Darwin, affirment qu’étant des mammifères, nous sommes génétiquement programmés pour nous reproduire. Et que le désir d’enfant n’est qu’une illusion : nous sommes en fait le jouet d’un besoin biologique », explique Marie Gaille, philosophe. Une thèse déjà avancée par Platon, qui s’exprimait en ces termes dans le Timée : « Ce qu’on appelle matrice ou utérus est un animal au-dedans d’elles (les femmes), qui a l’appétit de faire des enfants. » Selon le philosophe grec, la femme n’est donc pas le sujet de son désir d’enfant, mais celui-ci est un animal affamé qu’elle abrite en elle !
À l’opposé, certains sociologues veulent rompre avec ce déterminisme du corps. « Ils mettent en avant les mécanismes au sein des familles, à l’école, dans les médias et chez des publicitaires, qui construisent ce désir d’enfanter chez les enfants, et chez les jeunes adultes, décrit Marie Gaille. Ce matraquage, selon ces sociologues, imposerait l’idée qu’une vie sans enfant n’est pas réellement accomplie. »
« Nous réclamons que la jeunesse cesse d’être conditionnée, qu’on organise dans les lycées des débats sur le bien-fondé ou non d’être parents. Pourquoi ne pas dire aux adolescents : ne pas procréer c’est aussi bien, sinon mieux, que procréer[1]  ? », s’exclame Théophile de Giraud, auteur de L’art de guillotiner les procréateurs : manifeste antinataliste[2] et cofondateur de la Fête des non-parents.
Si ces analyses ont toutes les deux leurs raisons d’être, une troisième voie, plus nuancée, permet de mieux cerner notre désir – ou non – de pouponner. « Nous sommes des êtres de langage, et la parole et la pensée peuvent nous déprogrammer, et nous éloigner de notre destin initial de mammifères, analyse Myriam Szejer, psychiatre et psychanalyste. Certains peuvent ainsi nourrir un non-désir d’enfant[3], souvent sous l’influence de leur histoire personnelle et familiale, construite sur plusieurs générations. D’autres sont des sortes de puristes, des militants par exemple, qui subliment leur désir de reproduction dans un désir de sauver le monde. Je n’engendre pas de bébé, mais une planète plus humaine, et en bonne santé ! » Où l’intime se retrouve à la croisée des chemins, entre le biologique et le social…
I.G.

Du désir d’enfant au droit à l’enfant

7Autre évolution marquante de ces dernières années : avoir un enfant semble être devenu un droit absolu, un dû parfois réclamé avec insistance. « Alors qu’autrefois les couples en mal d’enfants finissaient pas se résigner à leur sort, ceux d’aujourd’hui ont du mal à renoncer, analyse Marie Gaille, philosophe [8]. Face aux progrès incessants et extraordinaires en matière d’assistance médicale à la procréation (AMP), ils se sentent en droit de revendiquer, d’exiger. Pourquoi devraient-ils renoncer à avoir un bébé alors que la médecine semble toute-puissante ? Le contexte scientifique et le discours médiatique favorisent l’émergence d’un désir qui ne tolère plus la moindre limite. » L’annonce récente, très médiatisée, de la grossesse de la femme d’affaires Margarita Louis-Dreyfus à 53 ans ne peut que créer de formidables attentes chez les femmes d’un certain âge.

8Selon Myriam Szejer, ce droit à l’enfant résulte aussi d’une grande difficulté à supporter la frustration. « Nous vivons une époque où le moindre caprice doit être satisfait, le plus souvent par le biais de la consommation. De là à ravaler l’enfant au rang d’un produit de consommation, censé contribuer à la réussite d’un “plan de vie”, il n’y a qu’un pas… Tout se passe comme si nous n’étions plus capables de sublimer un désir d’enfant non satisfait, par une production artistique par exemple, un engagement militant ou caritatif, ou toute autre initiative. » « Lors de mes consultations, je me retrouve fréquemment face à des patientes qui m’assènent qu’elles ont droit à quatre FIV (fécondations in vitro), confie Joëlle Belaisch-Allart. Quand je leur réponds que, certes, l’assurance maladie rembourse quatre tentatives, mais que nous ne les ferons pas toutes obligatoirement, je constate leur surprise, leur douleur, parfois leur colère. Je ne peux pas les encourager à se casser la tête contre un mur pendant des années si leurs chances de grossesse sont quasi nulles. »

De la maternité à la grand-maternité

Le souhait pressant chez une femme de devenir grand-mère est-il de même nature que le désir d’enfant éprouvé quand elle était en âge de procréer ?
« J’ai la conviction que le désir d’enfant ne tarit pas avec les années ! Les femmes ménopausées n’y renoncent que parce que la physiologie les y contraint, décrypte la psychiatre et psychanalyste Myriam Szejer. Mais l’envie de tenir un petit dans les bras et de s’en occuper ne les quitte pas pour autant. Elles attendent de la génération suivante qu’elle leur permette de combler ce désir, en reprenant le flambeau de la procréation. »
Pourtant, cette envie de grand-maternité est rarement exprimée ou revendiquée de nos jours. Comme si elle était politiquement incorrecte, ou désuète. « La société presse les femmes mûres de rester jeunes et de ressembler à leurs filles, alors elles n’osent pas avouer leur rêve, ni se l’avouer à elles-mêmes », poursuit la spécialiste.
Des réticences souvent balayées dès l’arrivée du petit-enfant, tant le rôle de grand-parent se révèle gratifiant : un pur plaisir, sans les responsabilités éducatives incombant aux parents. « C’est le petit-enfant qui fait devenir grand-parent ! Il est porteur d’un tel désir de créer la relation, qu’il est difficile d’y résister », conclut Myriam Szejer.
I.G.

Les couples homosexuels face au désir d’enfant

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© Magali Delporte
Entretien avec Nicole Prieur, psychologue et philosophe [1].
Le désir d’enfant revêt-il la même forme chez une personne homosexuelle, et chez une personne hétérosexuelle ?
Le désir d’enfant s’explique en partie par un besoin existentiel de se prolonger, et de continuer à exister après sa mort à travers sa descendance. Il a également un fondement éthique : solder la dette contractée lorsqu’on a reçu la vie, en la donnant à son tour. Ces élans étant propres à l’être humain, sans lien aucun avec l’orientation sexuelle, il n’y a guère de raison pour qu’ils soient absents chez les homosexuel(le)s. Cela dit, ce désir peut avoir plus de mal à émerger, à être reconnu et accepté par eux, les forces de refoulement étant parfois très puissantes.
Pourquoi ce processus de refoulement, dont on sait qu’il est psychiquement coûteux et douloureux ?
Malgré les récentes évolutions sociétales, qui ont conduit à une meilleure acceptation de l’homosexualité, le pari est encore loin d’être gagné ! De nombreux(ses) homosexuel(le)s craignent que l’affirmation de leur désir de fonder une famille ne les expose encore plus au rejet. Par ailleurs, les hommes savent que cela sera matériellement très compliqué pour eux de devenir parents. Leurs chances de se voir confier un bébé à l’adoption sont réduites. Et tous ne sont pas prêts à avoir recours à la gestation pour autrui (GPA), illégale en France, ou à faire un enfant avec un couple de lesbiennes, ou une maman solo. Ils peuvent, plus ou moins consciemment, mettre en place une forme d’autocensure, et étouffer leur désir d’enfant, plutôt que de souffrir.
Les lesbiennes expriment-elles plus facilement leur désir d’enfant ?
Il est sans nul doute moins entravé chez elles. Est-ce parce qu’il est plus puissant chez les femmes que chez les hommes ? Ou parce que, matériellement, les choses sont plus accessibles pour elles (elles peuvent se faire inséminer à l’étranger par exemple) ? Ou encore, parce que l’image d’un enfant élevé par deux femmes rompt moins avec notre modèle traditionnel de la maternité que celle d’un enfant élevé par deux hommes ? Difficile de trancher. Reste qu’elles doivent faire face à des interrogations complexes. Qui portera l’enfant ? Quel sera le rôle de « l’autre mère » ? Qui, dans leur entourage, pourra jouer le rôle de figure d’identification masculine ? Une partie de ces questionnements concerne aussi les hommes, d’ailleurs. Il faut souligner que, chez les homosexuel(le)s, le désir d’enfant est, la plupart du temps, très travaillé et élaboré. Sachant qu’ils seront des parents différents, et encore fréquemment stigmatisés, ils ont à cœur d’être les meilleurs parents possibles, et de s’y préparer. Ils se laissent rarement porter par leur désir avec insouciance et légèreté, mais se donnent les moyens d’en être les acteurs, mûrs et réfléchis.
I. G.
figure im3
© Albertine

9Bien sûr, il ne s’agit pas de porter un jugement moral, ni de réduire ces revendications d’un « droit à l’enfant » – entendues aussi chez certains militants de la cause homoparentale, ou chez des mamans solos, qui vont se faire inséminer à l’étranger – à d’odieux caprices. Car elles cachent aussi leur lot de souffrances, terribles et bien réelles, de ne pas réussir à faire naître ce bébé tellement désiré. Elles sont aussi sous-tendues par un lourd sentiment d’injustice : pourquoi les autres deviennent-ils des parents comblés, et pas nous ? « Jadis considéré comme une force de travail, et une assurance pour les vieux jours des parents, l’enfant répond aujourd’hui à des attentes affectives, décrit Marie Gaille. La relation à l’enfant n’étant plus instrumentale mais affective, la force du désir s’en trouve décuplée. ». D’où l’insupportable douleur de ceux qui ne parviennent pas à le concrétiser.

Bibliographie

À lire

  • La fabrication des enfants. Un vertige technologique, de François Ansermet (éd. Odile Jacob, 2015).
  • La fabrique de la famille, de Serge Hefez (éd. Kero, février 2016).
  • Les verrous inconscients de la fécondité, de Joëlle Desjardins-Simon et Sylvie Debras (éd. Albin Michel, 2010).

Notes

  • [1]
    Éd. Dunod, 2010.
  • [2]
    Elle a dirigé le livre Accueillir le nouveau-né, d’hier à aujourd’hui (éd. érès, 2013).
  • [3]
    Lire l’article La malédiction de la femme stérile, p. 48.
  • [4]
    Coauteure avec Catherine Dolto de L’aventure de la naissance avec la PMA (éd. Gallimard jeunesse Giboulées, 2014).
  • [5]
    Cf. Insee, 2012. Lire l’article Parents sur le tard, p. 34.
  • [6]
    Elle est également vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et présidente de la Société française de gynécologie.
  • [7]
    En 2014, Facebook et Apple ont provoqué un débat aux États-Unis en décidant de financer la congélation d’ovocytes pour leurs employées.
  • [8]
    Auteure de l’ouvrage Le désir d’enfant (éd. PUF, 2011).
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