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Pages 114 à 122

Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (XIXe-XXe siècle), Stéphane Audouin-Rouzeau, Paris : Seuil ; 2008

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1Au moment où la mort de dix soldats en Afghanistan provoque l’émotion collective et que l’on se retrouve tout surpris d’être obligés de se rendre à l’évidence que c’est bien une guerre qui se mène dans ce lointain pays, on ne peut qu’interroger notre incapacité à penser la guerre. On s’est tant appliqués à l’écarter de notre horizon et à la juger dépassée une fois le « dernier poilu » enterré, au profit des opérations de « maintien de la paix » et des « missions humanitaires », qu’elle semble en effet devenue impensable. Bientôt peut-être les monuments aux morts paraîtront aussi démodés que les églises de campagne désertées, et les municipalités les vendront au profit de superbes périphériques villageois qui achèveront de faire mourir le centre ville, ou de la viabilisation d’hypothétiques zones commerciales...

2Stéphane Audouin-Rouzeau, responsable du Mémorial de Péronne, historien bien connu pour ses travaux sur la Première guerre mondiale, questionne d’abord le paradoxal silence des sciences humaines, y compris de l’histoire, sur la réalité anthropologique de la guerre. Bien sûr, la guerre, on en parle, mais les discours diplomatiques, journalistiques et même stratégiques semblent la surplomber et c’est donc à une étude de sa réalité au ras du sol, des combats et de leurs protagonistes qu’il nous invite. Alors que les géopoliticiens du petit matin survolent les conflits exotiques qui ensanglantent la planète, c’est sur le silence des anciens combattants qu’il s’attarde et qu’il s’étonne d’abord, montrant par exemple le paradoxe de savants, parfois profondément blessés dans leur chair, jetant un voile pudique sur leurs propres souffrances. Tel était ainsi un Pierre Renouvin, grand blessé de guerre, pour qui celle-ci était d’abord une affaire diplomatique, ou un Norbert Elias décrivant l’histoire de l’Europe comme « un processus de civilisation » refoulant la violence quand l’Europe du XXe siècle manifestait l’évidence du contraire dans la montée aux extrêmes. Il met en valeur en regard ceux qui, comme Marc Bloch au détour de quelques pages de L’étrange défaite, et surtout George L. Mosse, trop méconnu, ont clairement jeté une lumière crue sur ce que celui-ci nommait la « brutalisation du monde » ouvrant un siècle de fer et de sang où surgiraient les totalitarismes.

3À force de vouloir ne pas choquer les âmes sensibles ou humilier ceux qui souffrent, la véritable violence de la guerre qui s’exerce sur les âmes et d’abord sur les corps et leur « physicalité », comme Stéphane Audouin-Rouzeau le démontre avec une grande force, en vient à être élidée et même déniée. Si aujourd’hui le concept de guerre « zéro mort » devient une exigence, c’est bien qu’il est conforme à l’idéal démocratique selon lequel chaque individu a une égale valeur et ne peut être sacrifié en vain, au moins pour les pays et les armées qui s’inscrivent dans ces principes. Mais, c’est aussi une illusion, car la guerre ne s’est pas pour autant retirée du monde ou réfugiée dans ses marges, les causes des conflits perdurant que nulle diplomatie ne peut encore totalement éliminer. Elle reste donc notre horizon, et pas seulement sur les terrains humanitaires. Aussi demeure-t-il nécessaire de la penser, ce à quoi contribue précieusement ce très remarquable ouvrage.

4François Giraud

Cliniques du jeu. Jouer, rêver, soigner ici et ailleurs, Christian Lachal, Hélène Asensi, Marie Rose Moro (Eds) Grenoble : La Pensée Sauvage ; 2008

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5J’ai coutume de penser qu’il m’est facile et agréable de m’intéresser aux ouvrages et articles divers produits sur le thème du jeu. Je m’étais donc engagée à rapidement m’acquitter de la tâche de lecture critique de ce livre ; j’ai, finalement, décidé de m’y attarder. La première accroche tient au concept même de jeu : lorsque l’on cherche à s’y intéresser, on se retrouve inévitablement convié à préciser ce que l’on recherche. Selon que l’on souhaite parler de l’objet, de la fonction à laquelle il est destiné ou de l’acte du joueur, la définition diffère. En fait, le jeu n’existe jamais en soi, ou réduit à la dimension de « matériel de jeu ». Pas plus qu’un conte ne peut se dire hors de la situation qui rassemble le conteur et ses auditeurs, le jeu ne peut se concevoir hors de la situation ludique ou pressentie telle. Dès son titre l’ouvrage Clinique du jeu. Jouer, rêver, soigner, ici et ailleurs induit un jeu sur la langue, destiné sans doute à perpétrer le jeu dans la pensée. Du jeu à l’action de jouer au jeu, il existe comme une impatience qui aurait empêché de trouver des mots intermédiaire. C’est cette même impatience, matérialisée par ce titre sans article – sans déterminant devrais-je dire - qui semble être à l’œuvre ici. Plusieurs questions donc s’imposent : Cherche-ton à comprendre ; que cherche-t-on à mieux comprendre ? Y aurait-il quelques mystères ? Quels chemins humains se propose-t-on d’explorer à travers un médium qui se range définitivement du côté du langage et de l’ouverture à l’autre sans que l’on soit en capacité d’en affirmer l’alchimie ?

6Longtemps, le jeu a été divertissement. Hors la clinique, nous retrouvons cette dichotomie entre jeu et éducation dans l’opposition, qui perdure, entre temps de classe et récréation, ou entre école et centres de loisirs, même si les professionnels, de part et d’autres de l’édifice essaient de se manger du terrain.

7Les animateurs ne conçoivent plus de proposer la moindre activité ludique sans lui adjoindre d’objectifs pédagogiques, tandis que les enseignants proposent en classe des séances intitulées « jeux mathématiques » ou « jeux d’écriture ». Il n’en demeure pas moins que le jeu dans son acceptation ordinaire s’oppose au sérieux et que cette caractéristique reste paradoxale alors qu’à l’instar des principales études portant sur le comportement cognitif et affectif de l’enfant, les articles qui nous sont proposés reposent précisément sur l’observation d’enfants en train de jouer. Le livre traverse de part en part l’objet jeu annoncé, certains textes sont entrés plus fortement en résonance avec ma pratique, voire avec mon intimité et il m’a semblé pertinent de les revisiter. Je ne proposerai donc pas une vision d’ensemble de l’ouvrage mais plutôt une promenade « inspirée » entre une problématique annoncée et les effets produits sur la lectrice non clinicienne que je suis. Je m’arrêterai un plus long moment sur quatre articles pour rendre l’autre côté du « jeu du lire », jeu dans le jeu quand l’écriture positionne le propos dans la vie de l’autre.

8Les deux premiers articles que je souhaite citer rejoignent mon champ professionnel et corroborent mes propres observations. Les propositions de Jacqueline Rabain-Jamin concernant la façon dont les enfants sénégalais ou maliens construisent un espace séparé de la mère, à l’instar des enfants occidentaux, mais selon des modalités et des résonances différentes, prenant en compte les paramètres sociaux qu’impose le milieu, constitue l’illustration d’une perspective plus vaste dans laquelle vient se fondre l’idée de « relativisme culturel » chère à Lévi-Strauss et à Jérôme Bruner (« Car la culture donne forme à l’esprit »). Les enfants jouent et se construisent de nouvelles opportunités motrices et cognitives à travers l’action ludique mais ces constructions ne peuvent se concevoir hors d’un cadre signifiant. Pour que le jeu soit jeu, la culture doit le permettre et même y inviter. Ces enfants, pour qui « l’adulte n’est pas un compagnon de jeu » (p. 172) élaborent des méthodes et des principes de jeu qui, faute d’une médiation et d’une verbalisation adulte, pour riches et intéressants qu’ils soient, ne pourront être récupérés par le système cognitif au moment de l’apprentissage formel scolaire, en revanche, le jeu verbal qui consiste à demander à l’enfant de restituer au plus près sa propre expérience correspond assez bien à ce que les pédagogues appellent « rétroaction métacognitive » ou « entretien d’explicitation ». C’est une pratique favorisante et structurante de la compétence langagière dont l’aspect ludique est indéniable. L’enfant se joue et se rejoue « en train de » en savourant l’effet produit sur l’interlocuteur et en essayant de susciter les questions auxquelles il lui serait plaisant d’avoir à répondre. « Dans la société de tradition orale, les pratiques de narration renvoient à un savoir familial, constitutif d’une identité socioculturelle forte » (p. 176). Pour les enseignants, ce pourrait être un point d’appui quant à l’accès à la langue seconde. Dans l’article suivant : « Le Bâton Peul sur les sentiers du jeu dans la région du Seno » (M. Querre), j’ai pu constater combien le jeu, dans ce type de déploiement, prépare les enfants à ce que le sociologue Goffman appelle « la gestion de la face ». Il fait état d’une différence, pour un même individu, entre « la face » et le moi profond. Dans les rites d’interactions sociales, en cohérence avec ses rôles, tels qu’il les définit, la personne se laisse à voir selon trois expositions différentes : le rôle, image qu’elle véhicule mais dont elle peut se sentir différente ou en désaccord ; le moi profond, qui correspond au moi psychique et qui assure la continuité à travers les différentes phases sociales ; et « la face » qui prend la valeur que la personne veut se voir attribuer dans sa façon de paraître. La face est l’outil de gestion des interactions par excellence. Elle détermine la cohérence d’une personne qui manifeste vers l’extérieur ce que les autres s’attendent à lui voir manifester. La face porte pour caractéristique principale une extrême vulnérabilité, dans la mesure où elle ne peut être maintenue qu’au prix de la constance dans les échanges auprès d’un groupe donné. C’est dans le respect de la face de l’autre que se construit le respect de ma face. Les codes sociaux de politesse, de bienséance, de savoir-vivre, ont pour fonction de permettre ce maintien. La menace à la face peut être endogène - la colère, la perte du sang froid, la peur peuvent venir contrarier l’habitude et faire perdre la face - mais le danger peut aussi venir de l’autre, qui, par un comportement inattendu, inadapté, oblige à une autre réponse que celle habituellement cadrée. Les degrés de menace varient en fonction du contexte et de la vulnérabilité de la personne, allant du simple malaise dû à un manque de considération, à des degrés divers d’atteinte à l’intégrité, dus au mépris, à l’humiliation ou à la critique. Les règles de maintien de la face sont universelles, la vie en société les impose. Les contenus changent par contre en fonction des groupes. Il existe peu d’études quant aux modifications de la face en situation interculturelle et, aucune ne prenant en compte plus précisément les enfants. Le jeu, tel qu’il est décrit précédemment semble un terrain propice à une sorte d’entraînement de la face. Dans une fiction particulière, les partenaires partagent les mêmes codes et les mêmes repères, à l’instar de l’unité qui intervient dans une culture donnée. Là aussi, le transfert au monde de l’éducation et notamment en situations pluri et interculturelles semblerait très pertinent.

9J’ai été particulièrement sensible, pour des motifs plus intimes, aux articles intitulés : « Entre Jeu et je : Figure du traumatisme dans les jeux d’enfants victimes » (H. Romano, T. Baubet) et « Jouer avec la terreur. Entre Auschwitz et le monde intérieur » (F. Giraud). Dans un parallèle qui s’est imposé à moi, concernant les enfants victimes de guerre ou témoins d’horreurs, l’expression de ces souffrances m’a arrêtée ; j’en ai abandonné mon jeu critique. En quelques sortes, j’ai dit « pouce » et là encore, le mot « jeu » joue de son ambiguïté. Si l’on en croit Johan Huizinga, il s’agit d’« une action libre, sentie comme fictive et située en dehors de la vie courante, capable néanmoins d’absorber totalement le joueur ; une action dénuée de tout intérêt matériel et de toute utilité ; qui s’accomplit en un temps et dans un espace expressément circonscrit, se déroule avec ordre selon des règles données, et suscite dans la vie des relations de groupes s’entourant volontiers de mystère ou accentuant par le déguisement leur étrangeté vis-à-vis du monde habituel. ». Alors, jusqu’à quand le joueur/acteur/patient se caractérise-t-il par sa propension à adhérer à la situation pressentie ludique ? Jusqu’à quel dépassement le théoricien du jeu peut-il accepter de ne pas se sentir dépossédé de son objet ? Ce jeu-là, nous dit François Giraud, n’est certainement pas fait pour s’amuser. Est-il encore aussi gratuit et frivole que le définissait Huizinga ? Plus proche du jeu d’acteur que du faire-ludique, le jeu en psychothérapie me semble confiner parfois au vertige d’une situation dans laquelle le joueur créerait une délimitation si épaisse entre l’espace potentiel et la réalité qu’un no man’s land s’insinuerait entre les deux. C’est peut-être la traversée de cette région inquiétante que le médiateur propose à l’enfant en lui tendant la main …

10Pour le clinicien « clinique du jeu » peut s’entendre clinique par le jeu, jeu dans la clinique ou même mise en jeu ; pour l’éducateur voici le jeu devenu étayage cognitif, support de l’attention conjointe tel que Bruner l’enseigne ; pour le profane de la clinique, touriste en éducation, ludologue, à l’affut de la créativité des enfants, le jeu donne juste à voir et à entendre… Ici et ailleurs, comme l’écrit si souvent Marie Rose Moro, tel, au fond, le sable si dur et si mobile qui s’insinue à l’offre de tous les contenants, le jeu s’est installé dans toutes les sphères réservées jusque-là si jalousement aux activités intellectuelles « supérieures ». De l’entreprise à l’école, du catéchisme à la lecture du Coran, des sciences du langage aux applications cliniques, voilà le jeu venu souffler le premier rôle dans le champ si vaste et si sérieux de la connaissance humaine. ce livre riche des expériences croisées de praticiens tournés vers l’enfant nous soumet des pensées en mouvement. Le jeu, ce jeu-là parfois outil, toujours disponible, est décrit par tous comme cet espace potentiel ouvert par Winnicott : à l’évidence le jeu met du jeu dans la clinique.

11Martine Chomentowski

Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, Boualem Sansal, Paris : Gallimard ; 2008. 264 p.

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12C’est l’histoire de deux frères. Aussi d’un père et d’un village. Ce père et ce village ne sont pas comme les autres. C’est le village de l’Allemand et l’Allemand, c’est le père, ancien SS devenu émir respecté de ce village, combattant de l’indépendance algérienne, mais lui-même assassiné dans un massacre collectif par des terroristes islamistes. Le roman est bâti sur l’alternance des journaux des deux frères Schiller, Rachel et Malrich, immigrés en France. Le premier, ingénieur, marié à une Française, a parfaitement réussi son intégration. Apparemment, car la découverte du passé secret de son père l’entraîne dans une quête mémorielle terrible, rongée de culpabilité, jusqu’au suicide. L’autre, adolescent indocile de banlieue, entre conflits avec la police et contestation de l’imam radical, s’interroge davantage sur les raisons du naufrage de ce frère que sur le passé de son père.

13À travers ces deux frères, Boualem Sansal ne montre pas seulement que le passé ne pèse pas également sur eux, le plus vulnérable n’étant pas celui qu’on croit, il fait s’entrechoquer les temporalités et les événements. D’un côté, le désir de vivre et de s’en sortir. De l’autre, le poids des tragédies du XXe siècle, le nazisme, la Shoah, la guerre d’Algérie, l’islamisme radical, comme les différentes faces kaléidoscopiques d’une même barbarie qui menace. Par l’intermédiaire de ces journaux et de ces pensées intimes, un roman qui nous parle – ce n’est pas si fréquent – de notre monde, de ses violences, de l’histoire, des échos qu’ils renvoient dans le destin des individus.

14François Giraud

Races, Racismes et Antiracisme dans les années 1930, Carole Raynaud Paligot, Paris : P.U.F. ; 2007

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15L’auteure, chercheuse à l’Institut historique allemand de Paris nous propose un panorama très documenté qui démontre la persistance, dans les années trente, des approches différentialistes et inégalitaires de l’altérité dans la communauté savante et dans le monde colonial. Cette vision du monde et ses rejetons contemporains très perceptibles sous différentes formes sont une connaissance importante pour les chercheurs et les cliniciens en psychiatrie transculturelle.

16L’étude de l’anthropologie raciale largement développée en France depuis le XIXe siècle est souvent restée à l’écart des recherches des historiens. L’auteure souligne les différentes étapes de la pensée anthropologique qui, sans l’abandonner, passera d’une anthropométrie décevante à une psychologie raciale censée éclairer les politiques coloniales et identifier l’immigration souhaitable sur le sol métropolitain au regard d’une « psychologie ethnique » définissant les « immigrés désirés et indésirables ». L’historicisation des développements de la pensée anthropologique retrace des étapes contrastées qui, chacune, modèle le regard porté sur l’autre, inconnu, étranger, exotique, indésirable. L’auteure rappelle les tentatives importantes et vaines de classification des races qui vont passer de l’anthropométrie initiée par Paul Broca dès la création de la Société d’Anthropologie de Paris, à la sérologie et à la génétique. Bien que l’anthropométrie donne des résultats particulièrement décevants, elle rencontre un renouveau d’intérêt et de développement dans le monde colonial et n’est pas absente des enseignements de l’Institut d’Ethnologie crée en 1925 par Lucien Lévy-Bruhl, Paul Rivet et Marcel Mauss. La faillite de l’anthropométrie dans l’impossibilité à déterminer des races n’entraîne pas le renoncement à la classification, mais de nouvelles orientations ; l’utilisation des groupes sanguins dont le résultat s’avéra assez mince conforte plutôt d’idée de peuples métissés que de race homogène, la tentative génétique des années trente souligna les mêmes impasses dans une tentative de définition de la race. Ces impasses ne conduisirent pas pour autant les anthropologues à renoncer au concept de race et aux tentatives de classification mais, à la fin des années trente, l’essor de l’anthropologie raciale nazie mit encore plus en relief l’enjeu politique de la notion de race. Elle ne laissa pas la communauté anthropologique française indifférente et suscita en partie une mobilisation antiraciste. Pour autant la majorité de la communauté scientifique et anthropologique reste attachée à la notion de race et est très ambivalente quant à leur égalité. À l’instar des études américaines des années trente, qui tentent de démontrer l’infériorité de la population noire eu égard à la configuration du cerveau, certains scientifiques français posent quasiment les mêmes conclusions en incluant les Indochinois. D’autres au contraire, en créant en 1937, la revue Race et Racismes s’engageaient pour lutter contre la diffusion des thèses racistes et de la législation raciale allemande. L’installation du régime de Vichy, l’occupation et la collaboration vont illustrer à l’image de Georges Montandon, « une version collaborationniste et violemment antisémite de l’anthropologie française » et la communauté anthropologique resta assez silencieuse dans sa majorité face à cette orientation.

17Face aux apories de l’approche raciale, nombre de scientifiques se tournèrent vers une nouvelle déclinaison du caractère racial au travers de la dimension psychologique en développant et en redécouvrant le domaine de la psychologie des peuples, en intégrant des phénomènes culturels sans renoncer à la raciolologie au travers des comparaisons des volumes du cerveau. Les peuples ou « races historiques » ont acquis des aptitudes ou dispositions fixées par l’hérédité et la constitution mentale propre à chaque peuple produit une culture et des institutions spécifiques. L’essentialisme et l’hérédité psychologiques sont parmi les composantes majeures de la psychologie des peuples dont on peut percevoir quelques aspects dans la sociologie de Durkheim, mais également chez Marcel Mauss et plus encore chez Lucien Lévy-Bruhl. Ainsi la psychologie des peuples renouvela la raciologie et trouva un débouché exceptionnel dans les colonies, en prenant la forme d’une psychologie ethnique et en modelant les politiques scolaires définies pour les indigènes dans l’univers colonial. L’universalisme républicain trouve là une pierre d’achoppement en se prévalant à la fois d’un humanisme colonial et du différentialisme permettant de conserver jusqu’en 1946 le régime de l’indigénat et le travail forcé, allégeant la scolarisation des indigènes à l’image de leurs manques d’aptitudes intellectuelles. Pour se prévaloir de l’humanisme colonial et républicain, les peuples ou races colonisées ne sont plus définis comme inférieures mais « d’attardées » ; cependant la lenteur de leur évolution justifiait les freins mis dans leur accès à l’enseignement secondaire et supérieur tout comme aux « droits de la République. »

18La psychologie raciale eut une influence significative sur la politique de l’immigration favorisant une logique raciale et ségrégative sous couvert de la métaphore de la greffe possible en fonction de la psychologie. Les populations issues des colonies était ainsi jugées indésirables par une partie de la communauté scientifique au profit d’une immigration européenne seule compatible.

19L’étude des développement de la pensée raciale que nous propose Carole Reynaud Paligot est riche d’enseignements et permet de rester lucide sur le mythe de l’universalisme républicain ou de l’humanisme colonial qui reste empreint dans l’entre-deux-guerres d’une forte représentation inégalitaire de la différence. Cette recherche est également un outil de réflexion très utile pour le clinicien, le chercheur et le citoyen confrontés à la situation politique contemporaine et à ses enjeux.

20Yoram Mouchenik

La position dépressive au service de la vie, James Gammill. Préface de Didier Houzel et Bianca Lechevalier, Paris : Inpress ; 2007

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21James Gammill est une des figures majeures de la psychanalyse d’enfants. Il a joué un rôle essentiel dans la diffusion de la pensée kleinienne en France. Cet Américain naturalisé français – une double affiliation à laquelle il tient – posa pour la première fois le pied sur le sol français en 1945, mais c’est à Mélanie Klein qu’il doit surtout sa formation dont il a transmis les outils majeurs à des générations de psychanalystes d’enfant en France à partir de 1960. Cette transmission, essentiellement orale, demeurait peu diffusée par l’écrit et cantonnée au bouche à oreille, si l’on excepte son ouvrage À partir de Mélanie Klein écrit avec Geneviève Haag et un certain nombre d’articles et de conférences dispersés, qui sont aujourd’hui opportunément rassemblés ici. On trouvera donc dans ce recueil, introduit par une longue préface de Didier Houzel et Bianca Lechevalier, et dédié à nombre de figures anglaises et américaines qui ont stimulé et facilité le travail de James Gammill, le noyau d’une pensée et d’un enseignement.

22Comme l’indique le titre de l’ouvrage, l’ensemble de ces textes est une réflexion autour du concept de « position dépressive », issue du kleinisme, et décrit comme un processus normal, vital, depuis la petite enfance, l’adolescence jusqu’à la crise du milieu de la vie, et probablement au-delà. La vie ne serait donc possible dans sa dynamique qu’à ce prix-là. À travers des questions très techniques, comme la fréquence des séances, la mise en avant de concepts comme celui de « contrevérité psychique », ou d’attitudes comme celle de séduction de l’enfant, James Gammill apporte aux psychanalystes et psychothérapeutes de l’enfant des points de repères de grande importance.

23François Giraud

Les créances de la terre. Chroniques du pays Jamaat (Jóola de Guinée-Bissau), O. Journet-Diallo, Brepols, Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses, 2007. 386 p.

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24Au sein des populations jóola du Sénégal et de la Guinée-Bissau, entre forêts et mangroves, le pays jamaat passe pour un véritable conservatoire des institutions villageoises et des cultes voués à des puissances dont les autels quadrillent le territoire. « Jetées sur la terre » par le Créateur, maître du ciel et de la pluie, ces instances circonscrivent si finement l’espace social et symbolique que, s’ils abstiennent d’y sacrifier, même les villageois convertis ne peuvent guère se soustraire à leur juridiction. Pourtant, cette région n’a pas plus échappé aux tribulations de l’histoire moderne et à l’entreprise missionnaire que ses voisines. Comment comprendre la pérennité et la vitalité de l’activité rituelle liée à ces cultes anciens ? Dans une telle société échappant largement à l’emprise de l’administration étatique, répondre à cette question suppose d’examiner de près la manière dont, à chaque occasion, se tissent et se retissent les liens qui attachent les habitants à leur « terre » et à ses vicissitudes. Pour en suivre les méandres, le lecteur est invité à entrer dans le vif des chroniques villageoises et des observations recueillies par l’auteur lors de ses séjours répétés sur le terrain. Par « terre », les Kujamaat n’entendent pas seulement le sol, le territoire et les habitants qui le peuplent, mais aussi l’espace invisible où transitent les « âmes » du riz et des défunts à renaître et, par synecdoque, l’ensemble des puissances censées résider en ses profondeurs. Or, vis-à-vis de celles-ci, il semble que nul ne soit jamais quitte : dettes sacrificielles contractées volontairement ou à son insu, dettes héritées de parents défunts, il n’est guère de villageois, homme ou femme, qui ne vive sans « une corde attachée ». Qu’il s’agisse de pratiques cultuelles, de travail, de rites de procréation, d’homicide, de règles d’évitement ou de représentations eschatologiques, l’expression récurrente « payer la terre » subsume l’ensemble des obligations sociales et rituelles qui tout à la fois brident et instituent comme sujet chacun de ses habitants. Cet ouvrage, nourri d’une ethnographie sur le long terme, convie à l’exploration des différentes figures de cette dette.

25Directrice d’études à l’EPHE (ethnologie des religions de l’Afrique Noire), et directrice adjointe du CEMAf (Centre d’Études des Mondes Africains, UMR 8171), Odile Journet-Diallo fréquente depuis de longues années les sociétés jóola du Sénégal et de la Guinée-Bissau sur lesquelles elle a publié de nombreux articles. Elle a notamment contribué aux recherches collectives menées au sein du laboratoire « Systèmes de Pensée en Afrique Noire » sur le sacrifice, le deuil, les objets-fétiches, le totémisme et l’initiation.

26Ce livre se lit comme un roman et pourtant c’est un livre d’anthropologie rigoureux et nécessaire pour les cliniciens et les professionnels du champ transculturel.

27Marie Rose Moro

La Chine de la psychanalyse, Philippe Porret, Éditions Campagne Première 2008, Société de psychanalyse freudienne

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28Un livre foisonnant à l’écriture ciselée qui ne s’adresse heureusement pas qu’aux « psy » intéressés par la Chine puisque s’y trouvent abordées ces deux immenses questions du cheminement qui mène à la psychanalyse, et du désir de devenir soi même « analyste ». Deux interrogations pertinentes et d’actualité, vous en conviendrez, au regard de l’inquiétude liée à l’avenir de la psychanalyse en ce siècle naissant…Mais alors qu’advient-il quand la psychanalyse se fait migrante, en Chine ?

29Pour Philippe Porret, cela ne fait aucun doute (en tous les cas pour lui) : « La Chine rend savant, qui s’en approche pour la comprendre par l’immensité de son territoire, la longueur de son histoire, l’originalité par laquelle elle ne se pose pas nos questions. » L’auteur, aussi convaincant que convaincu, nous invite à faire le détour par le particulier, de la psychanalyse en Chine afin de mieux cerner la Chine de la psychanalyse. La psychanalyse s’y différencie quant à ses exigences, ses méthodes, tout en tentant de s’inscrire dans la trame complexe et serrée d’un pays qui se transforme lui-même à grande vitesse. Quoi qu’il en soit, n’hésitons surtout pas à nous approcher, ni à flâner avec l’auteur dans ces multiples sentiers de traverse bordés de bambous et de fleurs colorées aux parfums entêtants. Ici point besoin de machette, il y a de la grâce, des points de vue et de la hauteur. L’érudition est plurielle. C’est simple, il suffit de tracer sa route même si les herbes sont parfois hautes et que le départ compte plus que l’arrivée.

30La Chine de la psychanalyse, dont l’auteur parle ici avec manifestement beaucoup de plaisir, est bel et bien la psychanalyse telle que la Chine peut l’envisager aujourd’hui, quand les praticiens y ont recours, et qu’ils l’expérimentent, dans le contexte géopolitique actuel qui est désormais le leur, celui du communisme libéral.

31Une psychanalyse qui s’insère dans le champ même de ses tensions culturelles, sociales, historiques. Et c’est bien cela qui rend le propos passionnant car ce fut en effet une longue marche, pour cette passe muraille (c’est ainsi que Philippe Porret désigne la psychanalyse) qui n’a vraiment pas franchi de manière linéaire, l’autre, la Grande. Combien de détours, de contradictions émanant autant de la terre d’accueil que des pays exportateurs, comme l’Allemagne, les États-Unis, la France ?

32Cet ouvrage qui peut aussi se lire comme un roman historique extrêmement bien documenté, n’en est pas moins écrit avec tellement de soin et de précision que le lecteur ne peut qu’y savourer avec un égal plaisir, le fond et la forme. Comment en effet ne pas se réjouir d’une plume aussi fébrile qu’alerte, aussi vigoureuse qu’allégorique qui ne tombe jamais dans le piège du dogmatisme, et déploie avec autant d’art un ensemble de données parfaitement agencées ?

33Bien entendu ce mouvement de construction continue de la psychanalyse se décline ici comme ailleurs, tout à la fois dans les rencontres, les malentendus, les contretemps, les défis, les complicités qui vont ainsi permettre à chacun de se transformer dans ce contact avec l’Autre.

34C’est donc bel et bien un ouvrage qui se déroule au fil des floraisons de la transmission et c’est un immense plaisir de faire le périple aussi bien accompagné. « Comme tout serait différent si nous n’étions géographiquement séparés ! » disait Freud à Fliess dans la lettre qu’il lui adressa en décembre 1893 !

35Marion Géry

Où est le mystère de l’identité nationale ? Marcel Detienne, Paris : Panama, Collection « Cyclo » ; 2008

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36Marcel Detienne n’est pas seulement le spécialiste bien connu de la mythologie grecque mais un anthropologue comparatiste combatif, attentif à l’impact politique dans le monde contemporain des représentations parfois très anciennes. Ainsi en est-il de la notion d’autochtonie qui, depuis l’Athènes du Ve siècle, a traversé les millénaires jusqu’à l’actualité la plus proche.

37Dans ce petit livre incisif, dont la belle illustration a moins une fonction esthétique qu’une signification critique, des vases grecs aux images d’Auschwitz, il poursuit le travail développé antérieurement dans Comment être autochtone. Du pur Athénien au Français raciné et Les Grecs et nous. Anthropologie comparée de la Grèce ancienne. Le terme d’ « autochtone », que l’on retrouve aussi bien dans le manifeste des peuples autochtones de l’ONU que plus récemment dans les discours autour de l’identité nationale, soutient en quelque sorte l’idée de la légitimité d’une présence et d’un attachement à la terre aux dépens de ceux qu’on appelait « métèques » dans la Grèce classique (terme d’ailleurs repris par l’extrême droite française de l’entre deux guerres), de ceux qui n’auraient pas de « racines », qui ne seraient pas « enracinés », ne seraient pas « de souche ». Cette thèse est particulièrement illustrée par exemple en France par l’écrivain Maurice Barrès au début du XXe siècle mais persiste jusque chez des historiens récents et prestigieux comme Fernand Braudel, auteur de L’identité de la France, un livre célébré par le Front National, et même, selon Detienne, dans le célèbre ouvrage de Pierre Nora Les lieux de mémoire. Il y aurait là une filiation dans la célébration de la terre, dont il voit la matrice dans le cimetière chrétien qui contribuerait à sacraliser un tel rapport originel.

38On pourra sans doute critiquer certains arguments de Marcel De-tienne, la façon dont il embarque un peu vite dans sa critique des auteurs comme Paul Ricœur, à qui il attribue indûment d’ailleurs la paternité de l’expression « opération historiographique » créée en fait par Michel de Certeau. Que celui-ci par ailleurs, ait parlé de « tombeau » à propos du travail de l’historien, renvoie plutôt au travail de deuil (c’est un terme du vocabulaire baroque) qu’à un quelconque culte des morts et de la terre, dont on ne voit guère de trace dans son œuvre. On peut au demeurant se demander si Detienne n’a pas tendance à confondre toute pratique funéraire avec une sacralisation de la terre.

39Cet excès démonstratif n’enlève pas à l’ouvrage le mérite du tranchant de sa critique. Dans sa volonté de « comparer l’incomparable », titre d’un de ses livres précédents, c’est-à-dire de mettre en regard des sociétés très différentes et l’apport d’ethnologues travaillant dans des zones très éloignées, il entend déboulonner les représentations idéalisées de la Grèce antique. Celle-ci, selon une tradition universitaire établie bien représentée par Jacqueline de Romilly, aurait inventé « la démocratie » ou la « raison ». Mais le comparatisme montre bien que d’autres peuples très éloignés ont aussi pratiqué depuis longtemps la délibération collective et l’argumentation.

40Il souhaite ainsi que soit davantage pratiquée, y compris à l’école, une approche critique de la construction des « mythidéologies » qui sont au fondement des nations établies comme des jeunes nationalismes ou ethnicismes que peuvent guetter aussi bien des formes de fascismes identitaires. À l’exaltation de l’origine, à la sacralisation de la terre et de l’autochtonie, il serait plus sage de préférer l’idée de projets communs les transcendant, comme le projet européen, sans leur chercher de problématiques origines. C’est dans cette direction, en tout cas, que Marcel Detienne paraît regarder.

41François Giraud

La balafre, à la jeunesse désireuse… Pierre Legendre, Paris : Mille et une Nuits, coll. « Les quarante piliers » ; 2007

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42Pierre Legendre construit patiemment depuis des années, un immense pont entre le droit et la psychanalyse. Cet homme, prolixe, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (département sciences religieuses) a écrit plus d’une vingtaine d’ouvrages.

43Fondateur de l’anthropologie dogmatique Pierre Legendre est bel et bien un homme de passage.

44La promenade à laquelle il convie la jeunesse désireuse, celle qui, comme le suggère l’écrivain Joseph Conrad aperçoit devant elle une ligne d’ombre annonçant qu’il va falloir aussi laisser en arrière la région de la prime jeunesse, n’est certes pas d’un accès facile, mais en témoigne largement.

45En effet, affronter, comme il le fit luimême à ses débuts, l’Himalaya des savoirs, est aujourd’hui du côté du défi et de la de la résistance. Voilà qui suppose d’accepter de vivre pleinement sans demi mesure la perplexité. Alors emboîtons lui le pas, et accompagnons le, d’un pas alerte, dans cette énergique traversée où l’air est vif, où le passé pique bien aux joues du présent et où la chaleur du sens fourmille et pigmente si vigoureusement les pores de notre peau qu’elle prend la couleur d’un rouge flamboyant ! D’une érudition étourdissante et intarissable, cet historien du droit, psychanalyste, chercheur, enseignant, virtuose en la matière, a bien voulu jouer pour nous, une pièce inédite tout en haut de la montagne, comme John Cage, dans les années soixante-dix dans le massif de la Sainte Baume au pied de la grotte de Marie-Madeleine.

46Une musique expérimentale se déploie sur de multiples registres, et se façonne dans de nombreuses strates qui, telles des pistes concrètes, ont pour perspective semble-t-il de contribuer à nous rendre moins savants que vivants, Rien d’indigeste mais du costaud. L’adresse est claire, sans esbroufe. Elle est tenue par un indéniable désir de transmettre à tous ceux et celles (les jeunes) que l’on se complait peut-être un peu trop aujourd’hui à penser (à assigner ?) comme suspendus à une pâle destinée désertée de tous points de repères.

47Quelle chance ! La Balafre nous permet d’assister de manière indirecte à une conférence prononcée par Pierre Legendre en octobre 2006, devant les élèves des classes préparatoires du Lycée Louis Le Grand.

48Oui, bien sûr nous aurions aimé être de la partie.

49Une de ces fins de partie qui invite au mouvement de la pensée et qui semble déterminée à donner une place suffisamment conséquente au dire, pour peut-être essayer de faire autrement.

50C’est tout le mérite de continuer de s’interroger en profondeur sur les fondements langagiers de toute société humaine à une époque industrielle entrée maintenant dans le vertige de l’illimité, de la frontière repoussée.

51Alors comment continuer à tenir debout ensemble ?

52Comment pouvoir s’appuyer sur des repères stables qui ont pour fonction de s’inscrire dans un ordre de sens et de résister au temps ?

53Comment refuser la segmentation des savoirs ?

54Pierre Legendre nous donne sans doute une piste à explorer en nous nous invitant sorte à entrer dans ces multiples replis, où l’irrationalité continue d’habiter… dans tous ces rêves refroidis que sont les manifestations culturelles, qui se déploient sur l’autre scène, de l’autre côté du miroir et qui ne disparaîtront jamais tant que nous aurons besoin de continuer d’être convaincus pour exister encore en dehors des procédés d’efficacité et de rentabilité.

55Vous l’aurez compris, un texte vif, à lire de toute urgence pour prendre de la hauteur, pour se réjouir des reliefs et des vues panoramiques, pour travaillant sans relâche l’art de l’esquive, et de la ruse, cette métis qui nous permet d’échapper à ce que Joseph Conrad a appelé l’ombre sinistre de la connaissance de soi.

56En fermant ce livre qu’on a terriblement envie de laisser traîner sur la table de nuit, pour le reprendre, pour que d’autres s’en saisissent, on se sent encore plus soucieux de préserver ces espaces de pensées que nous offre la psychanalyse, l’histoire, le droit, la linguistique. Ces espaces qui sont ces lois du vivre, autrement que dans le résultat.

57Alors on peut éteindre la lumière et s’endormir sans plus se demander pourquoi Hampaté Bâ avait déjà prédit qu’il faudrait compter avec la détermination des Blancs-blancs (appellation locale des Européens sous la colonisation) à vouloir coûte que coût, nous faire vomir nos us et coutumes pour nous gaver des leurs, la petite lumière est dedans.

58Marion Géry

Bibliographie

Livres reçus

  • Anthropology today August 2008 ; 24(4). Parmi les articles : « The Muslim, the Jew and the African American. America and the production of alterity in Borat. »
  • Pierre Bourdieu Esquisses algériennes. Paris : Seuil « Liber » ; 2008.
  • Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi Conditions de l’éducation. Paris : Stock Les essais ; 2008.
  • Nancy Kentish-Barnes Mourir à l’hôpital. Paris : Seuil ; 2008.
  • Françoise Dumas-Champion Le mariage des cultures à l’île de la Réunion. Paris : Karthala ; 2008.
  • Serge Gruzinski Quelle heure est-il là-bas ? Amérique et islam à l’orée des temps modernes. Paris : Seuil ; 2008.
  • Françoise Davoine Don Quichotte, pour combattre la mélancolie. Paris : l’autre pensée Stock ; 2008.
  • Jean-Bernard Paturet Incroyables religions. Une lecture psychanalytique du phénomène religieux. Paris : CERF, l’histoire à vif ; 2008.
  • « Désirs de guerre. Espoirs de paix » La pensée de midi. Actes Sud ; 2008.
  • Anthropology today October 2008 ; 24(5). Parmi les articles : « Demedicalizing anorexia nervosa. A new cultural brokering »
  • Günther Anders Hiroshima est partout Paris : Seuil, coll. « La couleur des idées » ; 2008. 519 p.
  • Michel Terestchenko Du bon usage de la torture, Ou comment les démocraties justifient l’injustifiable. Paris : La Découverte ; 2008.
  • Pap Ndiaye La Condition noire. Paris : Calmann-Lévy ; 2008.
  • Robert Roussillon Le jeu et entre-je(u). Paris : P.U.F. ; 2008.

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