Rarissimes ont été les papes qui n’ont pas apporté quelques réaménagements structurels à l’administration pontificale, désignée sous le nom de Curie romaine, afin qu’elle corresponde toujours mieux à leurs intentions et à la mission au service de l’Église universelle dont le pontife romain a reçu la charge divine.
Peu nombreux, en revanche, ont été ceux qui ont entrepris de la réformer entièrement par l’effet d’un seul et même document. L’initiateur de ce procédé fut Sixte Quint qui, par sa bulle Immensa æterni Dei du 22 janvier 1588, donna à l’organisation administrative du Saint-Siège une physionomie qu’on peut qualifier de pérenne, puisque ce modèle a perduré dans les quatre réformes générales opérées à sa suite par les constitutions apostoliques Sapienti consilio de Pie X (29 juin 1908), Regimini Ecclesiæ universæ de Paul VI (15 août 1967), Pastor bonus de Jean-Paul II (28 juin 1988), jusques et y compris la dernière en date, Prædicate Evangelium (19 mars 2022) du pape François, souverainement régnant.
Au-delà de la rareté de l’entreprise à l’échelle des siècles, se révèle au passage une incontestable accélération du temps – à moins qu’il ne s’agisse que d’une usure précoce des institutions, voire d’une impatience de la modernité romaine – puisque, en comparaison avec la réforme de Sixte Quint qui sera restée en vigueur pendant 320 ans, celle de Pie X se sera maintenue durant 59 ans, celle de Paul VI à peine 21 ans et celle de Jean-Paul II près de 34 ans. Mais il est vrai qu’aucune n’est restée intacte jusqu’à la fin, les papes successifs y ayant apporté de multiples retouches d’ajustements, de dénomination, de structure ou de compétence…