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Article de revue

Quelques réflexions sur la place du traumatisme collectif dans l'avènement d'une mémoire-Monde

Pages 37 à 39

Notes

  • [*]
    Maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise. Chercheur associé à l’ihtp (Institut d’histoire du temps présent).
  • [1]
    Ce texte est la postface de : Traumatisme collectif pour patrimoine : regards croisés sur un mouvement transnational, sous la direction de Vincent Auzas et Bogumil Jewsiewicki, Presses de l’université de Laval, Canada, 2008, p. 373-380.
  • [2]
    Cf. C. Grataloup, Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Paris, Armand Colin, 2007. Ce géographe définit ainsi le Monde, orthographié avec une majuscule : « L’espace ne désigne pas ici un cadre extérieur à la dynamique sociale, la scène et le décor du “théâtre du monde” comme disaient les anciens cartographes, mais l’espace des relations entre les diverses sociétés » (p. 7).
  • [3]
    Cf. H. Rousso, « Vers une mondialisation de la mémoire », présentation du dossier « Mémoires Europe-Asie », xxe siècle, revue d’histoire, n° 94, 2007-2, p. 3-10.
  • [4]
    C’est ce que propose Paul Ricœur : « J’oserai aller plus loin et suggérer que certains événements comme Auschwitz, pour la conscience européenne d’après-guerre, peut-être aussi le Goulag dans quelques années pour la prise de conscience des Soviétiques, prennent la signification d’événements fondateurs en négatif. La commémoration dans le deuil exerce alors la même action fondatrice que les événements fondateurs positifs, dans la mesure où ils légitiment les comportements et les dispositions institutionnelles capables d’en empêcher le retour. » Paul Ricœur, « Événement et sens », Raisons pratiques, n° 2, Éditions de l’ehess, 1991, p. 41-56, cit. p. 52.
  • [5]
    D. Levy, N. Sznaider, The Holocaust and Memory in the Global Age, Philadelphie, Temple University Press, 2006.
  • [6]
    L’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, dans l’entretien accordé au Journal du Dimanche le 12 juin 2005 qui a suscité le courroux du CollectifDom et la plainte déposée par cette association pour contestation de crime contre l’humanité, avait, pour sa part, affirmé : « Il n’y a pas d’échelle de Richter des souffrances. »
  • [7]
    Selon la définition du Dictionnaire de la psychanalyse, sous la direction de R. Chemama et B. Vandermersch, Paris, Larousse, 1998.
  • [8]
    D. Fassin et R. Rechtman, L’empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion, 2007, cit. p. 75.
  • [9]
    H. Rousso, Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1ère édition, 1987.
  • [10]
    Ainsi en France le « Chant du départ », composé en 1794, proclame-t-il : « La République nous appelle / Sachons vaincre ou sachons périr. Un Français doit vivre pour elle / Pour elle un Français doit mourir. »
  • [11]
    Discours prononcé lors de la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv le 16 juillet 1995.
  • [12]
    Jacques Chirac, conférence de presse du 27 juin 2000, Berlin. Souligné par moi.
  • [13]
    Selon le titre de l’ouvrage d’A. Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1999.
  • [14]
    H. Rousso, « Vers une mondialisation de la mémoire », op. cit.
  • [15]
    P. Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Le Seuil, 2000, cit. p. 89.
  • [16]
    Ibid., p. 95. Voir notre commentaire « Paul Ricœur et la guerre des mémoires », dans C. Delacroix, F. Dosse et P. Garcia (sous la direction de), Paul Ricœur et les sciences humaines, Paris, La Découverte, 2007, p. 57-76.

1Le premier intérêt de ce recueil [1] est de considérer la question du traumatisme collectif comme une question transnationale. En elle-même, cette position n’est pas absolument novatrice puisque l’échelle mondiale est de plus en plus l’échelle de réflexion des chercheurs en sciences humaines. Il n’en reste pas moins que le Monde [2] comme l’échelle d’analyse pertinente demeure un front pionnier de la recherche et qu’une forte partie de l’historiographie reste encore très enclavée, sans doute par un effet des structures qui président à l’organisation institutionnelle de la recherche et du poids de traditions nationales toujours promptes à revendiquer l’exceptionnalité de leur objet.

2Bien sûr, il ne s’agit pas de nier les spécificités nationales, régionales ou autres – au reste de quel usage serait la comparaison si le chercheur était partout confronté au même ? –, mais de mettre l’accent sur ce qui se produit à une autre échelle : ici, à celle du Monde.

3Or, de ce point de vue, toute recherche sur la mémoire collective ou sur les catégories et les formes que mobilisent les questions mémorielles induit le constat que, derrière d’évidentes spécificités nationales, transparaît une commune mesure, à savoir qu’il y a bien, pour reprendre la terminologie de Maurice Halbwachs, des « courants de mémoire ». Ceux-ci traversent la plupart des sociétés contemporaines et se structurent désormais à l’échelle mondiale, à l’émergence de laquelle ils participent d’ailleurs activement [3].

4Pour aller plus avant, l’hypothèse selon laquelle la Shoah comme « événement fondateur en négatif [4] » constitue la matrice du rapport contemporain à la mémoire et au passé paraît pertinente [5]. D’une part, elle dessine le modèle de ce que serait une reconnaissance mémorielle réussie et fixe ainsi la barre à atteindre, ce qui alimente les concurrences mémorielles. D’autre part, elle est exemplaire du mouvement d’introspection qui impose aux sociétés nationales de revenir sur les pages les plus tragiques et les moins glorieuses de leur histoire. L’extension de la référence à la Shoah, de sa commémoration, de l’entretien de son souvenir, bien au-delà des zones géographiques où elle a eu lieu en fait peut-être la première référence mémorielle en voie d’être effectivement partagée.

5Bien sûr, la mondialisation de la mémoire de la Shoah n’est pas sans rapport avec l’existence d’une diaspora juive, comme avec le mouvement d’émigration hors d’Europe des rescapés des persécutions et des camps d’extermination. Mais cet élément ne peut, à lui seul, suffire à expliquer la construction d’une mémoire mondiale de l’anéantissement des Juifs d’Europe. Si la Shoah s’impose ainsi comme mémoire-Monde, c’est aussi parce que les organisations internationales, face aux falsificateurs et aux négationnistes, ont soutenu et suscité le mouvement de mémorialisation et que, plus encore, elles ont fait de la Shoah un patrimoine commun, une ressource pour combattre la xénophobie et les tentations et tentatives d’épuration ethnique toujours présentes. La commémoration de la Shoah vaut, de ce fait, actualisation et universalisation, elle est le critérium négatif à l’aune duquel se jugent le monde, ses évolutions, ses conflits. L’usage politique de la Shoah dans le projet encore mal assumé de construire une société-Monde récuse ainsi toute réduction à sa singularité, même si c’est bien son unicité qui, en dernière instance, en fait l’étalon de l’horreur. Les multiples initiatives prises par les organisations internationales montrent également, comme le souligne Sarah Gensburger dans l’article qu’elle signe dans ce recueil, que la mémoire est à la fois l’un des domaines où celles-ci peuvent le plus aisément agir pour que le monde advienne comme une société qui se penserait comme telle et un instrument d’autolégitimation – la gestion du passé étant typiquement une attribution des États nationaux. Comme pour les États et les collectivités locales, le recours à l’histoire est pour les organisations internationales source de bénéfices symboliques majeurs à moindre frais.

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6L’universalisation de la référence à la Shoah n’est pas sans effet. Les études rassemblées dans cet ouvrage le montrent amplement : qu’il s’agisse de l’Holodomor ukrainien, de la Nakba palestinienne, la question de l’indexation, de la ressemblance, voire de l’identification avec la Shoah est devenue un facteur essentiel de reconnaissance de la souffrance. Il s’agit désormais, pour se faire entendre, d’obtenir inscription au rang des « catastrophes ». Les revendications d’avoir été victime du premier génocide dans l’ordre chronologique, voire du génocide matriciel, se multiplient depuis trente ans. Ainsi en France, la première revendication de ce type est formulée dans les années qui précèdent le bicentenaire de la Révolution française (1989) à propos de la répression du soulèvement de la Vendée et des massacres qu’elle a entraînés, renouvelant complètement l’argumentaire du souvenir vendéen tel qu’il s’était constitué depuis cent cinquante ans. Elle réapparaît à propos de la traite négrière atlantique dans l’argumentation des associations qui se donnent pour objectif de promouvoir la mémoire de l’esclavage. « Génocide » voisine avec « crime contre l’humanité ». Rappelons que, dans la construction d’un droit pénal mondial, l’imputation de « crime contre l’humanité » est retenue pour la première fois à l’encontre des accusés du procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) et que celle de « génocide » est retenue par l’onu en décembre 1946 et précisée par elle en décembre 1948, et que cette catégorie de crimes est déclarée imprescriptible.

7Il ne peut s’agir pour le chercheur en sciences sociales d’établir une hiérarchie des souffrances et de l’horreur endurées [6], mais de voir comment se construit et se diffuse un langage, un discours, de la reconnaissance ; comment certains mots, certaines images permettent de rencontrer la sensibilité collective et ainsi de se dire soi-même. Car l’histoire apparaît, en l’espèce, comme un scénario libre de droits qui fournit un registre d’argumentation, des catégories pour se penser comparativement aux autres, pour faire corps. La souffrance endurée prend valeur de patrimoine. Elle a, comme tout autre héritage, ses ayants droit, qu’ils soient reconnus pour tels ou qu’ils se posent en héritiers. Sans suspicion a priori ni déni, c’est donc bien aussi en tant qu’acteurs qu’il faut analyser le geste et le discours des porteurs de mémoire. Les mots, les catégories, avec lesquels se dit la souffrance vécue, la souffrance en héritage, méritent donc toute notre attention.

8Les auteurs de cet ouvrage ont validé, pour leur part, l’emploi du terme de « traumatisme collectif ». Cette qualification appelle quelques remarques. Ce terme, qui trouve son origine dans le grec trauma – blessure –, relève du vocabulaire médical. Il décrit le résultat d’un choc, que celui-ci soit physique ou psychologique. Si la notion de traumatisme physique est ancienne, celle de traumatisme psychologique l’est beaucoup moins. La reconnaissance de cet « événement inassimilable pour le sujet [7] » que constitue le traumatisme psychique apparaît dans la psychiatrie pendant la Première Guerre mondiale pour désigner les états de confusion et d’hébétude dans lesquels sont plongés certains combattants. Mais la notion de shell shock ne fait pas alors l’unanimité du corps médical – loin s’en faut. Le soldat traumatisé n’est-il pas, en définitive, un simulateur qui veut éviter de remonter en ligne ? Un lâche ? « En 1914, le paradigme qui domine la scène psychiatrique de la névrose traumatique reste celui de la médecine légale, avec ses conceptions soupçonneuses qui associent névrose traumatique, hystérie, sinistrose et simulation aux bénéfices de la maladie [8]. » Il faut attendre la guerre du Vietnam et ses conséquences sur les vétérans pour que la notion soit pleinement retenue par les psychiatres et qu’en 1980 le Post Traumatic Stress Disorder fasse son entrée dans la nomenclature de la psychiatrie américaine et intègre le dsm iii. À partir de ce moment, sous l’action des associations de victimes d’une part, d’une partie des psychiatres d’autre part, la suspicion se lève progressivement et le traumatisme de la victime devient une catégorie reconnue, à tel point que sa détection et son traitement sont intégrés aux dispositifs de soins d’urgence dont ils sont devenus un élément essentiel. Mieux encore, le traumatisme n’est plus pensé comme l’apanage de la victime, il concerne aussi désormais les bourreaux eux-mêmes, voire leurs enfants sur qui pèse le silence des pères.

9Cette mutation du regard porté sur le traumatisme dans les trente dernières années est essentielle pour notre propos puisque c’est à partir de la reconnaissance du traumatisme individuel que s’effectue celle du traumatisme collectif. Celui-ci devient alors une catégorie de la pathologie de la mémoire collective qui s’élabore sur d’autres terrains – précisément dans la tentative de rendre compte des effets sociaux des passés réputés « ne pas passer » –, effort qu’illustre en France le travail pionnier d’Henry Rousso sur la mémoire de Vichy [9]. Pour une large part, c’est donc à travers la reprise de la mémoire de la Shoah et sa métabolisation au tournant des années 1980 qu’émerge la notion de traumatisme collectif, que celui-ci affecte les survivants, leurs descendants, voire la société dans son ensemble.

10Ce tournant dans le regard porté sur la violence (souvent extrême) et ses effets est vraisemblablement un épisode majeur dans l’histoire culturelle du monde, peut-être même un tournant dans les sensibilités collectives. Il implique en effet une requalification du passé qui a peu de précédents en ce qu’il entraîne la démonétisation de toute une série de valeurs sur lesquelles étaient fondés les États nationaux. Il témoigne tout d’abord de l’extension, à la fin du xxe siècle, des concepts issus de la psychanalyse : refoulement, travail de deuil, névrose, obsession…, et de leur réemploi à une échelle collective. Il marque ensuite une modification d’une autre l’échelle, celle des valeurs. En effet, le regard humanitaire porté sur le monde et sur le passé opère un arasement du sens. Il pose une équivalence absolue des victimes (et donc provoque une déshistoricisation) puisque, après tout, à l’aune de ce regard, un mort vaut un mort. Dans un autre registre, à l’hommage rendu au combattant héroïque prêt à faire le sacrifice de sa vie pour la patrie [10] se substitue, au moins partiellement, la compassion envers l’individu victime. La crise du modèle héroïque dans les sociétés du centre, largement marquées par la transition démographique et l’individuation, soulève à son tour l’incompréhension des tueries passées comme des massacres qui se produisent encore dans les mondes périphériques. Tant et si bien qu’en 2000 Jacques Chirac, le président français qui a assumé la responsabilité de la France dans la déportation des juifs [11], n’hésite pas à déclarer à Berlin : « Nous nous sommes battus dans des conditions incroyables. Moi, je pensais, lorsque j’étais devant le monument où j’ai déposé une gerbe hier aux victimes des guerres et des tyrannies du xxe siècle, à ces millions de morts, trois millions de soldats allemands et français, pour la seule guerre de 1914-1918. Et pour quoi faire ? Rien[12]. »

11La perte du sens du sacrifice permet alors la requalification, de la part de l’État, des soldats en victimes. De même, non sans risque d’anachronisme, la notion de génocide est appliquée, en France, au massacre des Arméniens de 1905 par la loi du 18 janvier 2001, tandis que celle du 21 mai 2001 qualifie de crime contre l’humanité la traite négrière et l’esclavage, qui doivent désormais occuper « la place conséquente qu’ils méritent » dans l’enseignement et la recherche en histoire et sciences humaines. Comme le soutient Henry Rousso, « Nous sommes moins dans l’ère du témoin [13] que dans l’ère de la victime [14] ».

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12La notion de traumatisme s’avère ainsi être un puissant agent d’actualisation, de présentification de l’histoire. Comme l’inconscient, le traumatisme ignore le temps. Il est là, en partage, comme si la violence venait juste de se produire. Sa patrimonialisation implique sa présence, suppose qu’il pèse encore sur les épaules de ceux qui en assument, bon gré mal gré, l’héritage. Il prend valeur d’une dette imprescriptible. « Le souvenir ne porte pas seulement sur le temps : il demande du temps – un temps de deuil [15]. » Mais ce temps semble se dilater à l’infini sans que rien semble venir en laisser pressentir le terme…

13Reste une question fondamentale : peut-on guérir du traumatisme ? Par analogie avec la cure analytique, on peut se demander si la reconnaissance symbolique d’une part, l’exercice de la parole de l’autre, pourraient permettre de ne pas s’enfermer dans une identité traumatique. « Ne peut-on dire, s’interroge Paul Ricœur, que […] c’est l’espace public de la discussion qui constitue l’équivalent de ce qu’on appelait plus haut “l’arène” comme région intermédiaire entre le thérapeute et l’analysant ? [16] » La comparaison entre la cure individuelle, plus précisément entre ce que Freud appelle perlaboration et le travail collectif de mémoire est tentante, en ce qu’elle permet de penser le débat public non seulement comme une exaspération, une crispation mémorielle, mais aussi comme un cheminement nécessaire, un travail de deuil en cours que seule permet la reconnaissance. Cela étant, les contours d’une « juste mémoire » comme idéal régulateur des attentes mémorielles sont difficiles à imaginer.

14La patrimonialisation des traumatismes collectifs, leur induration sous la forme d’une guerre des mémoires et d’une concurrence des victimes, n’est-elle pas en définitive l’expression d’un double symptôme, celui d’un trop-plein de Monde et en même temps d’un déficit de Monde ? Trop-plein de Monde dans la mesure où l’émergence du niveau mondial, de ses valeurs, mine les cohérences anciennes et singulièrement les cohérences nationales – qu’il s’agisse de la justification par la raison d’État ou par l’accomplissement d’une mission historique. Mais également déficit de Monde puisque la mondialisation ne fait pas sens, qu’elle ne permet pas que se dessine un projet commun. En ce sens, le repli sur les blessures collectives témoigne, autant que d’un idéal de justice, d’un déficit d’avenir.

15Faute d’être thérapeutes, il reste alors aux chercheurs en sciences sociales, comme s’y emploient les auteurs de cet ouvrage, à écrire l’histoire de ces traumatismes collectifs, à montrer à quel moment ceux-ci ont été perçus pour tels, à réintroduire de l’historicité dans ce qui ne se décline qu’au présent. À défaut de soigner et de guérir, les sciences sociales peuvent aider à l’établissement du diagnostic. Elles peuvent aussi, par l’effet de leur travail sur les traumatismes collectifs, offrir les prises qui permettront de s’en ressaisir autrement.

Notes

  • [*]
    Maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise. Chercheur associé à l’ihtp (Institut d’histoire du temps présent).
  • [1]
    Ce texte est la postface de : Traumatisme collectif pour patrimoine : regards croisés sur un mouvement transnational, sous la direction de Vincent Auzas et Bogumil Jewsiewicki, Presses de l’université de Laval, Canada, 2008, p. 373-380.
  • [2]
    Cf. C. Grataloup, Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Paris, Armand Colin, 2007. Ce géographe définit ainsi le Monde, orthographié avec une majuscule : « L’espace ne désigne pas ici un cadre extérieur à la dynamique sociale, la scène et le décor du “théâtre du monde” comme disaient les anciens cartographes, mais l’espace des relations entre les diverses sociétés » (p. 7).
  • [3]
    Cf. H. Rousso, « Vers une mondialisation de la mémoire », présentation du dossier « Mémoires Europe-Asie », xxe siècle, revue d’histoire, n° 94, 2007-2, p. 3-10.
  • [4]
    C’est ce que propose Paul Ricœur : « J’oserai aller plus loin et suggérer que certains événements comme Auschwitz, pour la conscience européenne d’après-guerre, peut-être aussi le Goulag dans quelques années pour la prise de conscience des Soviétiques, prennent la signification d’événements fondateurs en négatif. La commémoration dans le deuil exerce alors la même action fondatrice que les événements fondateurs positifs, dans la mesure où ils légitiment les comportements et les dispositions institutionnelles capables d’en empêcher le retour. » Paul Ricœur, « Événement et sens », Raisons pratiques, n° 2, Éditions de l’ehess, 1991, p. 41-56, cit. p. 52.
  • [5]
    D. Levy, N. Sznaider, The Holocaust and Memory in the Global Age, Philadelphie, Temple University Press, 2006.
  • [6]
    L’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, dans l’entretien accordé au Journal du Dimanche le 12 juin 2005 qui a suscité le courroux du CollectifDom et la plainte déposée par cette association pour contestation de crime contre l’humanité, avait, pour sa part, affirmé : « Il n’y a pas d’échelle de Richter des souffrances. »
  • [7]
    Selon la définition du Dictionnaire de la psychanalyse, sous la direction de R. Chemama et B. Vandermersch, Paris, Larousse, 1998.
  • [8]
    D. Fassin et R. Rechtman, L’empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion, 2007, cit. p. 75.
  • [9]
    H. Rousso, Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1ère édition, 1987.
  • [10]
    Ainsi en France le « Chant du départ », composé en 1794, proclame-t-il : « La République nous appelle / Sachons vaincre ou sachons périr. Un Français doit vivre pour elle / Pour elle un Français doit mourir. »
  • [11]
    Discours prononcé lors de la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv le 16 juillet 1995.
  • [12]
    Jacques Chirac, conférence de presse du 27 juin 2000, Berlin. Souligné par moi.
  • [13]
    Selon le titre de l’ouvrage d’A. Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1999.
  • [14]
    H. Rousso, « Vers une mondialisation de la mémoire », op. cit.
  • [15]
    P. Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Le Seuil, 2000, cit. p. 89.
  • [16]
    Ibid., p. 95. Voir notre commentaire « Paul Ricœur et la guerre des mémoires », dans C. Delacroix, F. Dosse et P. Garcia (sous la direction de), Paul Ricœur et les sciences humaines, Paris, La Découverte, 2007, p. 57-76.
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