Notes
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[1]
Voir aussi les noms de lieux, consignés en langue aborigène (palawa kani) par le Tasmanian Aboriginal Center et regroupé sur cette carte interactive : http://tacinc.com.au/pk/GIS/index.html#8/-43.003/147.250.
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[2]
Cette catégorie comprend les biens inscrits à l’inventaire rétrospectif du mq-bjc (ceux qui ont été prélevés sans numéro au musée de l’Homme et sont aujourd’hui enregistrés en 71.2012.0.*) ainsi que les objets enregistrés sous X par le musée de l’Homme (71.19**.0.* X). La numérotation sous X, mise en place au musée d’Ethnographie du Trocadéro à l’initiative de G.-H. Rivière dès 1929, permettait d’enregistrer à titre rétrospectif des objets ayant perdu leur numéro d’origine, de manière à pouvoir continuer à gérer et exposer ces biens orphelins. Voir Delpuech, Mész et Servain-Riviale (2017 : 262-268) sur les principes du système d’enregistrement des collections mis en place par Rivière.
-
[3]
Voir aussi les œuvres de Leonie Dickson et Verna Nichols sur http://static.tmag.tas.gov.au/tayenebe.
-
[4]
Sur lequel nous reviendrons plus loin (voir p. 162 et doc. 10).
-
[5]
De retour au « Pays » (au sens aborigène de Country, lieu auquel les populations aborigènes appartiennent et dont elles sont les gardiennes), ces quelques survivants sont placés de force dans ce qui était autrefois une colonie pénitentiaire, à Oyster Cove, au sud de Hobart. C’est d’Oyster Cove, dans ces circonstances, que provient le récipient à eau en kelp conservé au British Museum. En 1851, seuls trente-trois Aborigènes y sont recensés (Sculthorpe, 2015 : 225).
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[6]
Diplomate, voyageur, premier directeur du Louvre surnommé « l’œil de Napoléon », Dominique-Vivant Denon (1747-1825) rassembla aussi dans l’hôtel particulier du 5, quai Voltaire où il vécut les dernières années de sa vie l’une des collections les plus remarquables, par son abondance et son originalité, du premier quart du xixe siècle.
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[7]
Jacquemin (1999 : 433) a identifié quelques-uns des objets océaniens issus de la collection Denon, mais le sac en algue n’est pas alors évoqué.
-
[8]
La découverte ultérieure du sac en algue dans les collections du mqb-jc et son premier examen visuel rendront cette confusion plus explicite.
-
[9]
Il est d’abord désigné à sa création en 1827 sous le nom de musée Dauphin, avant de prendre le nom de musée naval en 1833, puis de musée de Marine (qui désigne spécifiquement le musée naval au Louvre) – à ne pas confondre avec le musée national de la Marine.
-
[10]
Cette interprétation fait écho à la mention « probablement destiné à contenir des liquides » antérieurement apportée par Denon (cf. doc. 6b).
-
[11]
Jacquemin (1991 : 40) précise qu’« après les navigateurs anglais, seuls Marion-Dufresne, D’Entrecasteaux et Baudin y firent escale ».
-
[12]
« Liste des objets d'Océanie déposés par le musée de Saint-Germain-en-Laye en 1909 et 1939, ne paraissant pas avoir été enregistrés » (archives du mqb-jc D001085/35880 p. 3/3).
-
[13]
La confusion de la Nouvelle-Hollande (Australie) avec la Nouvelle-Zélande relève d’un type d’erreur de transcription fréquent dans les inventaires et documents muséaux anciens.
-
[14]
Stéphanie Elarbi (restauratrice), Éléonore Kissel (responsable du pôle Conservation), Christophe Moulherat (chargé d’analyses).
-
[15]
ndé. – « Fucus potatorum Labillardière, 1807 : 112, pl. 257. […] The type species (lectotype) of the genus Fucus is Fucus vesiculosus Linnaeus. This name is currently regarded as a synonym of Durvillaea potatorum (Labillardière) Areschoug » (https://www.algaebase.org/search/species/detail/?tc=accept&speciesid=23056).
1Situé à près de deux cents kilomètres de la côte sud-est du continent australien dont il est séparé par le détroit de Bass, l’État de Tasmanie (lutruwita) comprend une grande île, éponyme, et de nombreuses îles plus petites qui comptent parmi les écosystèmes les plus riches et les plus originaux de la planète (carte 1).
Carte 1. – Localisation de la Tasmanie
Carte 1. – Localisation de la Tasmanie
2Les appellations modernes de nombreux sites les rattachent explicitement aux premiers voyages européens au cours desquels ces îles, ces baies et ces canaux furent mentionnés ; y compris par le navigateur néerlandais Abel Tasman en 1642. Elles ne doivent toutefois pas faire oublier l’ancienneté du peuplement autochtone (palawa) [1]. Au fil des millénaires, les populations aborigènes ont développé en Tasmanie une culture matérielle unique, d’une apparente simplicité et d’une extrême ingéniosité. Parmi les objets les plus emblématiques de ces sociétés, terriblement éprouvées par une colonisation brutale et particulièrement contraignante à leur égard (Gorringe et Gough, 2009 : 8-18), les paniers et les sacs de fabrication féminine connaissent depuis quelques décennies un regain d’attention. Sous l’impulsion d’artistes et de conservatrices locales, ils font l’objet d’une importante démarche de revitalisation. À cette fin, les artistes se tournent à la fois vers les ressources que leur offrent les écosystèmes tasmaniens, marins ou continentaux, et vers les sources historiques à leur disposition. Parmi celles-ci, les récits de voyage et les illustrations produites lors de deux expéditions françaises commandées par Antoine Bruni d’Entrecasteaux (1791-1794) et Nicolas Baudin (1800-1803) ont une importance considérable : les interactions qu’elles relatent se situent en périphérie de la période coloniale, que l’on fait symboliquement commencer en Tasmanie à la fondation de la colonie britannique de Risdon Cove (Hobart) en 1803. Dans ces images et ces écrits, il est souvent question d’un type d’objet qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Il s’agit de récipients façonnés par les femmes aborigènes dans de grandes algues laminaires et utilisés pour la collecte, le transport et la consommation de l’eau. Jusqu’en décembre 2019, il semblait qu’aucun des spécimens collectés lors de ces expéditions n’avait matériellement survécu. Le seul dont l’arrivée en France, au retour du voyage d’Entrecasteaux, était documentée, était lui aussi considéré comme perdu (Douglas et al., 2018 : 194 ; Gorringe et Gough, 2009 : 4). Cet article revient sur le travail de recherche multidisciplinaire et sur les collaborations nationales et internationales qui ont permis l’identification de ce contenant, qui se cachait parmi les biens orphelins [2] conservés au musée du quai Branly-Jacques Chirac (mqb-jc). Il s’attache aussi à montrer l’importance de cette redécouverte pour les populations aborigènes contemporaines de Tasmanie, pour l’histoire des collections françaises et pour le patrimoine de l’humanité.
Un bien emblématique de la culture matérielle de Tasmanie
« The baskets are not empty. They are full of makers, their stories, their thoughts while making. The baskets are never empty. All of the thoughts jump out of the baskets onto all of us. » (Verna Nichols, 2009)
4Ces paroles de l’artiste palawa Verna Nichols, placées en exergue du catalogue de l’exposition Tayenebe (Tasmanian Museum and Art Gallery, 2009), soulignent le rôle des paniers et d’autres contenants en matières végétales comme objets de mémoire. Elles rappellent aussi l’importance du travail féminin des fibres dans la transmission des savoirs aborigènes en Tasmanie, au-delà même des savoir-faire techniques que de telles œuvres véhiculent.
Tayenebe : échange et revitalisation
5À titre d’exemple, en 2009, l’exposition Tayenebe et son catalogue venaient clore un projet de deux ans (2006-2008) au cours desquels sept ateliers avaient été organisés à travers la Tasmanie. Lors de ces rencontres, plusieurs générations de femmes aborigènes œuvrèrent ensemble pour se réapproprier des techniques et des savoirs restés en sommeil, après avoir été mis en péril par une période coloniale longue et éprouvante (Gorringe et Gough, 2009 : 26). Le terme tayenebe signifie « échange ». Il renvoie aux transactions matérielles et aux mécanismes de transmission qui président, jusqu’à nos jours, à la création de contenants en matières végétales à forte valeur identitaire. Il s’agissait pour ces femmes de s’inscrire dans une démarche de revitalisation des arts de la fibre, engagée par leurs aînées dès le début des années 1990 sous l’impulsion d’artistes comme Ida West, Lennah Newson et Muriel Maynard, aujourd’hui décédées, et dont les œuvres se caractérisaient par une grande inventivité et un esprit d’expérimentation évident (ibid. : 27). Le projet tayenebe privilégiait explicitement un retour aux sources.
Photo 1. – Eva Richardson, Water carrier, 2005
Photo 1. – Eva Richardson, Water carrier, 2005
6À travers des œuvres produites dans le cadre du projet et, plus largement, depuis la fin du xxe siècle, l’exposition mettait en valeur les liens, propres à l’environnement insulaire tasmanien, qui unissent les gens aux plantes. Elle révélait aussi la singularité formelle et technique des paniers fabriqués par les femmes aborigènes de Tasmanie, qui utilisent une technique d’enroulement (point ou nœud) en « S » (S-Stitch) distincte de la technique de vannerie australienne la plus fréquente dite en « Z » (Z-Stitch). Plus exceptionnel encore, le façonnage dans de grandes algues laminaires appelées bull kelp en anglais (Durvillea potatorum) de contenants destinés à la collecte, au transport et à la consommation de l’eau était particulièrement bien représenté. L’exposition rappelait ainsi l’importance de ces œuvres devenues, ces dernières décennies, emblématiques de la culture matérielle tasmanienne, de mieux en mieux représentées dans les musées palawa et très médiatisées (photo 1). Le projet tayenebe mettait enfin l’accent sur les racines historiques de ces démarches contemporaines, et sur le rôle prépondérant joué par les collections muséales et les sources anciennes dans cette entreprise de revitalisation.
Documents historiques et rarissimes objets de musées
7Dans le cas des sacs en algue, c’est une gravure issue du voyage de Baudin (1800-1803) qui servit pendant longtemps de référence principale (Douglas et al., 2018 : 198), expliquant la proximité formelle des œuvres en kelp contemporaines produites jusque dans les années 2000, à l’image de cette représentation (doc. 1) [3].
Document 1. – Planche xiii « Terre de Diémen : Armes et Ornemens », gravure datée de 1807 de Claude-Marie-François Dien, d’après Charles Alexandre Lesueur (in Peron et Freycinet, 1807 : Atlas)
Document 1. – Planche xiii « Terre de Diémen : Armes et Ornemens », gravure datée de 1807 de Claude-Marie-François Dien, d’après Charles Alexandre Lesueur (in Peron et Freycinet, 1807 : Atlas)
8Il existe pourtant d’autres illustrations anciennes de ces objets, ainsi d’ailleurs qu’un certain nombre de descriptions écrites, issues notamment des voyages d’Antoine Bruni d’Entrecasteaux (1791-1794) (Douglas et al., 2018 : 45, 191) et de Nicolas Baudin (1800-1803) (Gorringe et Gough, 2009 : 4-10). Tel est le cas par exemple d’un dessin de Jean Hubert Piron, réalisé lors de l’expédition d’Entrecasteaux et aujourd’hui conservé au mqb-jc [4], mais qui n’était connu que de rares spécialistes avant sa publication en 2018. Il représente trois contenants dont un récipient à eau en algue « comme des objets ethnographiques désincarnés » (Douglas et al., 2018 : 191-192). Les descriptions et les supports visuels produits au tournant des xviiie et xixe siècles revêtent une importance particulière. Les rencontres qu’ils relatent et les objets qu’ils décrivent sont parmi les seuls, en effet, à pouvoir être considérés comme « précoloniaux ». Ces derniers n’en demeurent pas moins accessibles uniquement à travers les mots et les œuvres d’observateurs extérieurs, pour la plupart des hommes (Gorringe et Gough, 2009 : 28), contraints par leurs propres systèmes de pensées et leurs propres conventions iconographiques (Douglas et al., 2018 : 50).
9En ce qui concerne l’art de la vannerie et du façonnage des algues en Tasmanie, la difficulté est d’autant plus grande que les modèles historiques conservés font particulièrement défaut. Ils sont si rares, en fait, que chaque rescapé doit être considéré comme exceptionnellement précieux. Les informations qu’il renferme, les variantes qu’il représente sont irremplaçables (Gorringe et Gough, 2009 : 14). Dans le cadre du projet tayenebe, trente-sept paniers historiques avaient été répertoriés (ibid. : 22), collectés pour les plus anciens dans les années 1800 et conservés dans plusieurs musées à travers le monde. Au sein de ce corpus ne figurait qu’un seul contenant à eau en algue. Conservé au British Museum, il y est doté du numéro d’inventaire Oc1851,1122.2.
Le sac en kelp du British Museum, 1850
10Collecté et peut-être commandité par Joseph Milligan (1807-1884) en 1850, ce spécimen fut présenté à l’Exposition universelle de Londres en 1851, avant d’être acquis par le British Museum (photo 2). Le catalogue de l’exposition indique (Ellis, 1851 : 997) :
« 231. Model of a water-pitcher, made by the aborigines of Van Diemen's Land. This water-pitcher is made of the broad-leaved kelp, and is large enough to hold a quart or two of water. The only other vessel possessed by the aborigines for carrying a supply of water was a sea-shell, a large cymba, occasionally cast upon the northern shore of Van Diemen's Land, which contained about a quart. »
12Sur le site web du British Museum, l’objet est décrit comme un récipient à eau fait d’un seul morceau d’algue de type bull kelp (Durvillaea potatorum) de couleur brun foncé (https://www.britishmuseum.org/collection/object/EOc1851-1122-2). L’algue a été façonnée de telle sorte que les bords de la pièce se rapprochent en partie supérieure, à la façon d’une bourse. Les plis ainsi formés sont maintenus en place par deux baguettes en bois d’arbre à thé (Melaleuca sp.), qui les traversent de part et d’autre du sac. Ce dispositif est complété par des liens en fibres végétales, nouées pour former des anses. Deux d’entre elles sont positionnées en doublage des baguettes. Une autre, plus épaisse et torsadée, les relie et forme la poignée. L’objet, fabriqué à partir d’une algue souple et humide, était vraisemblablement rempli de sable pour lui permettre de sécher et de durcir en conservant la forme souhaitée (Sculthorpe, 2015 : 225).
13Chirurgien, naturaliste et administrateur colonial, J. Milligan passe près de trente ans en Tasmanie (1831-1860). De 1843 à 1855, il est surintendant (superintendent) et médecin des Aborigènes. En 1847, il supervise le retour sur la grande île de quarante-six ou quarante-sept Aborigènes survivants, qui avaient été précédemment déportés sur l’île de Flinders [5]. En 1850, J. Milligan est nommé secrétaire de la Royal Society of Van Diemen's Land (Tasmanie), et c’est à ce titre qu’il participe à la sélection des objets destinés à l’exposition universelle de Londres (https://www.britishmuseum.org/collection/object/EOc1851-1122-2. Voir aussi Gorringe et Gough (2009 : 15). À l’issue de cette dernière, il fait don au British Museum de cinq objets tasmaniens dont un récipient en algue, considéré jusqu’à ce jour comme le seul spécimen connu datant du xixe siècle.
14En 2008, le British Museum publia sur son site web une série de photos du sac en algue conservé dans ses collections. Cet accès tridimensionnel à l’objet, grâce à plusieurs angles de prise de vue, changea considérablement la compréhension que les artistes avaient du façonnage des récipients en kelp. Il donna naissance à une seconde génération de pièces contemporaines, très différentes de celles élaborées auparavant, d’après la seule gravure du voyage de Baudin (doc. 1). Selon Verna Nichols et Leonie Dickson, pionnières en la matière, mieux comprendre la façon dont les différents matériaux avaient été travaillés puis assemblés permit de créer des pièces à la fois plus faciles à réaliser et plus fonctionnelles. Au moyen, notamment, de bâtons plus courts et épointés à une seule de leurs extrémités, elles commencèrent à fabriquer des pièces plus stables et dans lesquelles l’on pouvait boire directement. De nombreuses questions subsistent néanmoins. Ainsi, les artistes s’interrogent sur un possible traitement du kelp. A-t-il été enduit de matière grasse animale ou fumé par exemple, ce qui expliquerait son excellent état de conservation 170 ans après sa collecte (Gorringe et Gough, 2009 : 59) ? Le terme model, utilisé dans le catalogue de l’exposition universelle, surprend également. Doit-on en déduire qu’il s’agit d’une pièce non fonctionnelle, fabriquée dans le seul souci d’illustrer des formes et des techniques en usage en Tasmanie ? Ses dimensions et d’autres caractéristiques, comme les matériaux ou leur traitement, diffèrent-elles de celles qui caractérisaient les objets décrits par les navigateurs français cinquante ou soixante ans plus tôt ?
15Ces éléments soulignent l’importance de confronter les descriptions et les illustrations anciennes à des objets en trois dimensions. Ils rappellent aussi qu’un spécimen historique unique – si précieux soit-il – laisse de nombreuses questions en suspens. Les conditions et l’identité des artistes ayant présidé à sa fabrication demeurent également mal connues, en dépit de recherches en cours pour les identifier (Gorringe et Gough, 2009 : 23).
Photo 2. – Récipient à eau (water vessel), British Museum (Oc1851,1122.2)
Photo 2. – Récipient à eau (water vessel), British Museum (Oc1851,1122.2)
Le sac en algue du musée de Marine du Louvre : un bien disparu ?
16Au regard de la rareté des sources, les sacs en algues collectés par les expéditions d’Entrecasteaux et Baudin apparaissent comme des trésors inestimables. Mais, jusqu’au début de l’enquête dont il est question ici, ils semblaient tous perdus. La cargaison d’objets ethnographiques du voyage de Baudin a en effet disparu, l’expédition ne laissant à la postérité que des illustrations et des spécimens d’histoire naturelle, conservés pour la plupart au muséum d’histoire naturelle du Havre. Et le seul récipient en algue dont l’arrivée en France, au retour de l’expédition d’Entrecasteaux, était documentée paraissait également manquant (Douglas et al., 2018 : 194) ; malgré les tentatives menées pour le retrouver, notamment par Julie Gough en 2016.
17La recherche de ce sac en algue historique fut relancée par un petit dessin à l’encre de la main d’Henry Balfour (1863-1939), premier conservateur du Pitt Rivers Museum à Oxford, aujourd’hui conservé dans le fond Henry Ling Roth à la bibliothèque John Rylands de l’université de Manchester, en Angleterre. Dans une courte note, datant vraisemblablement de l’extrême fin du xixe ou du début du xxe siècle, H. Balfour informe l’anthropologue H. Ling Roth, qu’il a vu au Louvre un « panier en algue exactement semblable à celui du British Museum », représenté sur la planche v de son ouvrage dédié à la Tasmanie (doc. 2). Il agrémente la remarque d’un croquis (doc. 3).
Document 2. – Récipient à eau (water vessel), planche v (Ling Roth et al., 1899 : 53)
Document 2. – Récipient à eau (water vessel), planche v (Ling Roth et al., 1899 : 53)
18C’est une copie de cette note que Gaye Sculthorpe, conservatrice au British Museum et elle-même d’ascendance aborigène de Tasmanie, montra à Stéphanie Leclerc-Caffarel, responsable de collection Océanie au mqb-jc, en avril 2019. La mention du [musée de Marine du] Louvre laissait supposer que, s’il avait survécu, l’objet devait se trouver au mqb-jc. Il apparut aussi rapidement que, si tel était le cas, il ne pouvait s’agir que d’un sac collecté en Tasmanie par l’expédition de Bruni d’Entrecasteaux, en 1792 ou 1793. Il était dès lors question de retrouver ou de ré-identifier le récipient en algue de Tasmanie le plus ancien connu et l’un des plus vieux objets ethnographiques au monde conservés dans un musée en provenance d’Australie. Dans cette démarche, l’enquête historique menée par Frédérique Servain-Riviale, chargée de la documentation des collections, se révéla décisive.
Document 3. – Note d’H. Balfour à H. Ling Roth, s.d.
Document 3. – Note d’H. Balfour à H. Ling Roth, s.d.
Enquête documentaire autour d’un bien disparu
19Jusqu’alors, toutes les recherches entreprises pour identifier le sac en algue du musée de Marine du Louvre dans les collections du mqb-jc s’étaient avérées infructueuses (Douglas et al., 2018 : 194). Il paraissait donc nécessaire, d’abord, d’en retracer la trajectoire institutionnelle. Dans cette perspective, il était indispensable d’avoir recours aux inventaires anciens ; ceux-ci étaient, de plus, susceptibles de fournir des informations sur la date et les circonstances d’entrée dans les collections nationales ou encore sur la date et les circonstances de collecte.
De la collection Denon à l’entrée dans les collections nationales
20Partant de la note d’Henry Balfour, la première étape consistait à rechercher la trace du sac en algue dans les inventaires anciens du musée de Marine du Louvre. La plupart des inventaires enregistrent les biens selon un ordre d’entrée chronologique. Le registre dressé par le conservateur Antoine Morel-Fatio, néanmoins, présente un recensement par aires géographiques des collections entrées au musée avant 1856. Parmi les objets provenant de « Nouvelle Hollande » (Australie) se trouvait un « sac fermé » enregistré sous le numéro 3098-2072 (doc. 4).
Document 4. – Extrait de l’inventaire Morel-Fatio ‘A’ [1856] (archives du musée national de la Marine, version numérique accessible aux archives du mqb-jc, série mar : D004862/48387)
Document 4. – Extrait de l’inventaire Morel-Fatio ‘A’ [1856] (archives du musée national de la Marine, version numérique accessible aux archives du mqb-jc, série mar : D004862/48387)
21Si les caractéristiques formelles du bien (sac fermé) répondaient au croquis exécuté par H. Balfour, le document n’apportait pas de précision sur le matériau. Cependant, aucun autre objet de Nouvelle-Hollande porté à cet inventaire n’était susceptible de correspondre au récipient en algue. Son inscription sur le registre Morel-Fatio indiquait par ailleurs qu’il s’agissait d’un bien entré dans les collections avant 1856.
22La consultation de l’inventaire Duhamel du Monceau, dressé en 1830, le confirma et permit d’apporter des précisions sur les modalités d’entrée dans les collections nationales. Sur la liste des objets provenant de la Maison du Roi, qui figure en préambule du registre, on trouve en effet mention, parmi les biens « achetés à la vente de Mr Denon », d’un « sac formé avec un ficus (nouvelle hollande) » enregistré sous le numéro 56 (doc. 5).
Document 5. – Extrait de la liste des objets provenant de la Maison du Roi, achetés à la vente de M. Denon, figurant en préambule de l’inventaire Duhamel Du Monceau (1830) (archives du musée national de la Marine, version numérique accessible aux archives du mqb-jc, série mar : D004864/48604 et D004864/48605)
Document 5. – Extrait de la liste des objets provenant de la Maison du Roi, achetés à la vente de M. Denon, figurant en préambule de l’inventaire Duhamel Du Monceau (1830) (archives du musée national de la Marine, version numérique accessible aux archives du mqb-jc, série mar : D004864/48604 et D004864/48605)
23L’examen de l’ouvrage intitulé Monuments des Arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes publié par Amaury Duval en 1829, après la mort de Dominique-Vivant Denon [6], et reproduisant des œuvres « tirées du cabinet de Mr Denon » a ensuite permis de confirmer que le sac faisait bien partie de sa collection [7]. L’objet figuré sous le numéro 8 (doc. 6a) présente en effet de fortes similitudes avec le croquis de H. Balfour. La légende qui l’accompagne (doc. 6b) renseigne, quoique de façon erronée, sur le matériau (« en cuir très dur » [8]) ainsi que sur l’usage (« probablement destiné à contenir des liquides »).
Document 6a. – Planche 2 « Ustensiles et meubles des sauvages » tirée des Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes
Document 6a. – Planche 2 « Ustensiles et meubles des sauvages » tirée des Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes
Document 6b. – Extrait de la légende de la planche 2 de Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes
Document 6b. – Extrait de la légende de la planche 2 de Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes
24Le rattachement du sac en algue à la collection Denon permettait, dès lors, d’éclairer la date et le mode d’entrée de l’objet dans les collections nationales françaises. Le musée de Marine [9] installé dans l’enceinte du Louvre fut créé en décembre 1827 ; il était alors placé sous la direction commune des deux ministères de la Maison du Roi et de la Marine. Les quatre-vingt-onze pièces africaines, américaines et océaniennes de la collection Denon, acquises sur le budget du ministère de la Maison du Roi lors de la vente qui s’était déroulée entre mai 1826 et janvier 1827, furent versées au musée de Marine du Louvre le 4 avril 1829 (Bresc-Vautier et Guimaraes, 1999 : 428). Elles furent inscrites, à peu d’années d’écart, sur plusieurs inventaires. La consultation de chacun de ces registres offre de précieux renseignements tant sur l’objet que sur la perception qu’en ont eu les Européens.
25Parmi les biens entrés au Louvre à la suite de la vente Denon et portés à l’inventaire Duhamel du Monceau (1830) sous les numéros 191 à 283, se trouve un « sac formé d’une liane potatorum de Nouvelle-Hollande », « donné par Mr de la Billardière » et assorti du numéro 244 (doc. 7). La mention, dans la marge, du matériau (« varec ») laisse peu de doutes sur l’identification du sac en algue, dont les dimensions (0,15 x 0,08 cm) sont également précisées. Sur l’inventaire Charles x (commencé en 1832) ne figurent plus en revanche ni le nom du donateur, ni les dimensions. L’objet décrit ici sous le numéro 240, caractérisé par sa forme (sac fermé), son usage (tasse pour boire) [10] et son matériau (varech), reste toutefois aisément reconnaissable (doc. 8). L’enregistrement du bien sur l’inventaire général des musées royaux (doc. 9) reprend à son tour une partie des données des deux précédents inventaires (caractéristiques formelles, matériau, dimensions et numéros des deux précédents inventaires). On constate ainsi une déperdition d’informations au fil des registres. Seule la confrontation de ces différents documents permet de rassembler tous les indices (diverses appellations, différentes désignations du matériau – certaines erronées –, dimensions) susceptibles de faciliter ultérieurement l’identification matérielle de l’objet disparu.
Document 7. – Extrait de l’inventaire Duhamel du Monceau (1830)
Document 7. – Extrait de l’inventaire Duhamel du Monceau (1830)
Document 8. – Extrait de l’inventaire Charles x (1832)
Document 8. – Extrait de l’inventaire Charles x (1832)
Document 9. – Extrait de l’inventaire général des musées royaux
Document 9. – Extrait de l’inventaire général des musées royaux
26La date et le mode d’entrée de l’objet dans les collections nationales étant déterminés, on s’est interrogé sur la date et les circonstances de collecte.
Une collecte de 1792 documentée par les membres de l’expédition d’Entrecasteaux
27Les recherches initiales avaient démontré que le sac recherché avait été collecté avant 1825, date de la mort de Denon. Or à cette époque, rares étaient encore les expéditions qui étaient passées en Tasmanie [11]. L’une d’entre elles, le voyage de d’Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse (1791-1794), retint particulièrement l’attention. Parmi les savants embarqués se trouvait en effet le naturaliste Jacques Houtou de La Billardière (1755-1834) – dont le nom figurait associé au sac en algue sur l’inventaire Duhamel du Monceau. On s’est alors intéressé à la documentation laissée par différents membres de cette expédition dont le dessinateur Jean Hubert Piron (1767-1800).
28Le mqb-jc conserve aujourd’hui quelques dessins de Piron provenant du voyage de d’Entrecasteaux, acquis et publiés par E.T. Hamy (1896) alors qu’il était directeur du musée d’Ethnographie du Trocadéro. Le dessin n° xi (doc. 10), intitulé « Paniers et vase à eau du Cap de Diemen », déjà mentionné, montre un objet qui présente de fortes similitudes formelles avec le croquis d’Henry Balfour.
Document 10. – Dessin de Jean Hubert Piron intitulé « Paniers et vase à eau du Cap de Diemen »
Document 10. – Dessin de Jean Hubert Piron intitulé « Paniers et vase à eau du Cap de Diemen »
29Dans la publication de E.T. Hamy, ce dessin est assorti du commentaire suivant, qui fait référence à une planche publiée en 1799 dans l’Atlas de La Billardière (doc. 11) :
« Les deux premiers de ces récipients sont des paniers de jonc à clairevoie supportés par une anse d’écorce. Un de ces paniers est posé debout au premier plan de la figure 5 de l’Atlas [de Labillardière], Sauvages du cap Diemen préparant leur repas. On voit à côté une mauvaise reproduction du troisième récipient de notre planche, sorte de bourse à coulisse du port Dentrecasteaux. On y trouva, dit Labillardière, en parlant de cette localité (t. i, p. 127) une portion de l’algue marine connue sous le nom de fucus palmatus, taillée à peu près dans la forme d’une bourse à jetons. C’était un vase à eau. Il en était encore rempli, lorsqu’on le découvrit. »
Document 11. – Planche n° 5 « Sauvages du Cap de Diemen préparant leur repas »
Document 11. – Planche n° 5 « Sauvages du Cap de Diemen préparant leur repas »
31Ce type d’objet suscita également l’intérêt d’autres membres de l’expédition. Ainsi, dans son journal (Arch. nat. MAR/5JJ/7/B), Jean-Michel Huon de Kermadec, commandant de l’une des deux frégates de l’expédition (l’Espérance), fait état de l’acquisition de « petits seaux qui servent à contenir leur provision d’eau lorsqu’ils [les Aborigènes] sont en voyage ; ils sont faits avec des algues marines desséchées et durcies […], ils ont la forme d’une bourse, semblable à celles qui servent en France à contenir des jetons » (cité par Jacquemin, 1991 : 40). Restait alors à documenter la date et les conditions de collecte du sac.
32L’expédition d’Entrecasteaux fit deux fois relâche en « Terre de Diemen » (Tasmanie) : entre le 23 avril et le 28 mai 1792, puis du 21 janvier au 27 février 1793. À plusieurs reprises, les officiers français décrivirent les usages que les Aborigènes faisaient de l’algue servant à façonner les récipients à eau. Souvent qualifiée de « goémon » elle est mentionnée dans les journaux de bord et les publications associées tantôt comme denrée alimentaire (Entrecasteaux, 1808, i : 236 ; La Billardière, 1799, ii : 11) tantôt pour un hypothétique usage vestimentaire (Entrecasteaux, 1808, i : 60). Mais plus souvent, l’algue y est décrite comme matériau de fabrication de récipients dont les femmes se servent pour puiser et transporter l’eau qu’un groupe familial se partage ensuite (ibid. : 237). Ces objets servent ainsi à la fois au transport et à la consommation de l’eau (ibid. : 56).
33En 1792, dans sa Relation du voyage à la recherche de La Pérouse (1799), J. Houtou de La Billardière évoque de brèves rencontres avec les Aborigènes. Ces derniers tendent à fuir à l’approche des Français, laissant parfois derrière eux leurs « ustensiles de ménage ». Or, ces objets font explicitement écho à ceux qui figurent sur le dessin de J.H. Piron (doc. 10). Il s’agit de « paniers grossièrement faits avec l’espèce de jonc connue sous le nom de Juncus acutus ; ils avaient aussi laissé […] leur vase à eau, qu’ils font avec un grand morceau de Fucus palmatus, coupé circulairement et plié comme une bourse à jetons » (La Billardière 1799, i : 167).
34Le 20 mai 1792 (ibid. : 177-178), en particulier, alors que plusieurs membres de l’expédition explorent la baie de l’Aventure (ainsi nommée d’après le vaisseau de J. Cook), sur la côte est de l’île de Bruny, La Billardière mentionne une collecte. Officiers, savants et marins rencontrent un groupe d’Aborigènes en train de faire cuire leur repas de homards et de coquillages. Eux aussi fuient à l’approche des Français :
« Les ustensiles de ménage qu’ils abandonnèrent consistoient à peu près en trente paniers de jonc de la forme qu’on peut voir au bas de la planche 5 […]. Ils abandonnèrent aussi plusieurs peaux de kangourou et des vases à eau. Les deux officiers empêchèrent qu’aucun des matelots ne s’emparât des effets de ces naturels ; ils prirent seulement pour le général un grand et un petit panier, une peau de kangourou et un vase de goemon qui contenoit cinq bouteilles d’eau. On peut voir la forme du vase à eau en bas de la planche 5 à côté du panier. » (La Billardière, 1799 : i, 177)
36Tous les journaux et les ouvrages conservés nous renseignent sur la nature des échanges et le souci de réciprocité que manifestent les officiers et savants français. Contre de tels objets, perçus comme des « échantillons », les marins se défont de ce dont ils disposent et qui, de leur point de vue, pourrait être utile aux Aborigènes (d’Entrecasteaux, 1808 : i, 87-88). Ainsi, J. Houtou de La Billardière de poursuivre :
« Les Sauvages n’eurent point à regretter la perte de ces différents objets car on avoit mis dans la même place quelques couteaux, plusieurs mouchoirs, du biscuit, du fromage, et un grand pot de terre trop fragile, à la vérité, pour remplacer convenablement le vase à eau que leur fournit la nature. » (La Billardière, 1799, i : 177-178)
38Force est toutefois de constater le peu de choix laissé aux Aborigènes sur la nature des biens ou des denrées pris et cédés en 1792. Quoique les Français soient globalement considérés comme bien intentionnés et respectueux, en comparaison d’autres voyageurs (Gorringe et Gough, 2009 : 7), J. Gough (ibid. : 4) souligne qu’ils initièrent ici un type d’échange récurrent en Tasmanie pendant la période coloniale et dans lequel l’appropriation et, le cas échéant, sa compensation, furent surtout l’apanage des Occidentaux. En cette même occasion, cependant, La Billardière note qu’un des hommes revint chercher « un petit panier rempli de morceaux de silex » (1799, i : 176). Il témoigne ainsi, en filigrane, d’une agentivité aborigène dans ces interactions. Celles décrites en 1793 semblent mieux équilibrées (voir par exemple La Billardière, 1799, ii : 31).
39La manière dont Denon s’est procuré ce sac en algue rapporté par La Billardière mériterait de plus amples recherches. Rappelons néanmoins que d’autres artefacts, minutieusement répertoriés par Bronwen Douglas, Wonu Veys, Billie Lythberg et al. (2018 : 71-84) ou auparavant par Jacquemin (1991 : 34-41), sont aujourd’hui identifiés dans les collections du musée du quai Branly-Jacques Chirac comme de probables collectes d’Entrecasteaux, arrivées au Louvre via la collection Denon. Tel est le cas par exemple d’un peigne (72.84.237) et d’une figure féminine en bois des îles Tonga (72.56.127) ou de deux statuettes (72.56.125 et 72.56.126) en provenance de Nouvelle-Calédonie. Au regard de l’histoire des collections et des institutions, l’ensemble des données concordaient donc avec une possible présence du sac en algue dans les collections aujourd’hui conservées au mqb-jc.
Du musée de Marine du Louvre au musée du quai Branly-Jacques Chirac
40L’itinéraire de l’objet éclairci, de sa collecte à son entrée dans les collections nationales, il fallait ensuite en retracer la trajectoire institutionnelle. Après la fermeture du musée de Marine du Louvre, en 1905, les collections ethnographiques du Louvre furent redistribuées entre le musée des Antiquités nationales (Saint-Germain-en-Laye), le musée d’Ethnographie du Trocadéro (Paris) et le musée chinois de Fontainebleau, pour les collections asiatiques. Une première période de transfert eut lieu de 1905/1907 à 1911, puis vers le musée de La Rochelle dans les années 1921-1922 (Daugeron, 2014 : 111). Le musée du Trocadéro n’étant pas prêt à les accueillir, les collections qui lui étaient destinées transitèrent par le musée des Antiquités nationales, avant de parvenir à destination par le biais d’un premier mouvement en 1909, puis d’un second en 1929 et d’intégrer par la suite le musée de l’Homme en 1937. Au cours des années 1990, d’autres collections océaniennes provenant du Louvre et enregistrées à l’inventaire du musée des Antiquités nationales furent déposées au musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie. Or, le mqb-jc a hérité des collections du musée de la porte Dorée et de celles du musée de l’Homme. Il rassemble donc aujourd’hui la majorité des objets qui composaient l’annexe ethnographique du musée de Marine du Louvre (fig. 1).
Figure 1. – La trajectoire institutionnelle des collections ethnographiques du musée de Marine du Louvre
Figure 1. – La trajectoire institutionnelle des collections ethnographiques du musée de Marine du Louvre
(1) Les objets arrivés au Trocadéro par le dépôt de 1909 (coll. 71.1909.19*D) étaient destinés au met par le musée de Marine et n’ont donc en principe, à ce titre, par reçus de numéro d’inventaire man. La règle souffre toutefois de quelques contre-exemples. La situation est plus complexe pour les objets arrivés par le biais du dépôt de 1929 (coll. 71.1930.54*D), qui inclut des objets provenant du musée de Marine (pas tous pourvus d’un numéro man) et des acquisitions du man.41Les archives conservent heureusement la trace de ces différents mouvements d’œuvres. Ainsi, parmi les documents du musée du Trocadéro liés aux collections du musée des Antiquités nationales, se trouvait une « liste des objets d’Océanie déposés par Saint-Germain en 1909 et 1929 » (et non 1939, comme indiqué par erreur sur le document) [12]. Y figurait un « sac en cuir de Nouvelle-Zélande [13] » qui attira notre attention. Ni la provenance, ni le matériau ne concordaient avec ceux de l’objet recherché. Il s’agissait pourtant bien du récipient en algue de Tasmanie, identifiable grâce au numéro 3098 qui lui était associé et qui correspondait à l’un des numéros sous lequel il avait été enregistré sur l’inventaire Morel-Fatio. On disposait là du chaînon manquant pour reconstituer l’itinéraire du sac en algue, d’abord conservé à Saint-Germain, avant de rejoindre le musée d’Ethnographie du Trocadéro, devenu ensuite musée de l’Homme, puis les collections du mqb-jc.
42Ce même document livrait une autre mention intéressante. Les objets listés ne paraissaient pas avoir été enregistrés à l’inventaire, à leur arrivée au Trocadéro. Une telle indication laissait suspecter un enregistrement ultérieur sous X ; une procédure permettant de répertorier les biens orphelins.
L’identification dans les collections d’un bien « si précieux »
43Dès lors que l’on s’était assuré par l’examen de la trajectoire institutionnelle de la présence du bien dans les collections du musée de l’Homme, et puisqu’il n’était identifiable dans aucun des dépôts du musée de Saint-Germain, le corpus des biens orphelins du mqb-jc (cf. note 2) devenait le périmètre à privilégier pour trouver le sac en algue. Grâce à la recherche documentaire, on disposait d’une iconographie de référence conséquente (le croquis de H. Balfour (doc. 3), le dessin de J.H. Piron (doc. 10), la gravure illustrant l’atlas de La Billardière (doc. 11) et la planche illustrant la collection Denon (doc. 6a) et d’un spécimen de comparaison avec le récipient en algue conservé au British Museum (photo 2). Ces documents se révélèrent déterminants dans le processus d’identification de l’objet.
La recherche du bien dans le corpus des biens orphelins
44Les premières recherches conduites sur le corpus des biens orphelins, exclusivement orientées sur les collections océaniennes, s’avérèrent infructueuses. Les investigations furent alors élargies aux autres fonds (américains, africains, etc.), avec plus de succès. Un objet en particulier, relevant alors de l’unité patrimoniale Afrique et enregistré sous le numéro 71.2012.0.4874 (photo 3), offrait une ressemblance frappante avec le dessin de J.H. Piron, malgré l’absence de poignée. En outre, ses dimensions (14.5 x 8 cm) étaient compatibles avec celles qui figuraient sur l’inventaire Duhamel du Monceau pour l’objet collecté par La Billardière (15 x 8 cm). Le matériau ainsi décrit « bâtonnets de bois retenant l’écorce pliée » posait problème, mais on pouvait envisager une erreur d’identification. De telles confusions sont fréquentes dans les inventaires, d’autant plus qu’il s’agit d’un matériau inhabituel dans les collections. Tel avait déjà été le cas, d’ailleurs, dans les Monuments des arts du dessin où il était fait mention de cuir (doc. 6b). Les données paraissaient finalement suffisantes pour soumettre l’objet à une analyse, destinée à identifier formellement le matériau.
Photo 3. – Récipient en algue de Tasmanie décrit sous l’appellation « bâtonnets de bois retenant l’écorce pliée » et enregistré parmi les collections africaines du mqb-jc sous le numéro 71.2012.0.4874
Photo 3. – Récipient en algue de Tasmanie décrit sous l’appellation « bâtonnets de bois retenant l’écorce pliée » et enregistré parmi les collections africaines du mqb-jc sous le numéro 71.2012.0.4874
Des collaborations transversales
45Cette recherche, menée à l’initiative de Stéphanie Leclerc-Caffarel sous l’impulsion de Gaye Sculthorpe (British Museum), a mobilisé de nombreux chercheurs tant parmi les équipes du mqb-jc que dans d’autres institutions parisiennes ou étrangères. Toutes ces contributions ont permis d’aborder l’objet de multiples manières, complémentaires, et, fait rare, de l’identifier avec un degré de certitude proche de 100 %.
46Il s’agissait à la fois d’entériner la proposition faite par Frédérique Servain-Riviale à l’issue de la recherche conduite dans le corpus des biens orphelins (71.2012.0.4874) et d’écarter d’autres « candidats » possibles. Une précédente hypothèse d’identification avait en effet été émise par Sarah Sudres (stagiaire auprès de l’unité patrimoniale Océanie) ; elle concernait l’objet numéroté 71.1993.0.298 X, enregistré sous X au département Afrique du musée de l’Homme et décrit comme une « pièce de cuir ». Une observation microscopique des matériaux, par plusieurs spécialistes du département de Conservation-Restauration du mqb-jc [14] et du Muséum national d’histoire naturelle, fournit de premières données importantes en permettant de distinguer un matériau animal, de type cuir (71.1993.0.298 X), d’un matériau végétal (71.2012.0.4874). Ce fut le rôle notamment de Line Le Gall, chargée de conservation des algues de l’Herbier national au Muséum national d’histoire naturelle et de Pascal Deynat, ichtyologiste, spécialiste du revêtement cutané des poissons cartilagineux. Tout au long du processus, les connaissances ethnographiques, historiques et technologiques de Gaye Sculthorpe furent également irremplaçables.
L’analyse en spectrométrie infrarouge
47Finalement, c’est la comparaison de 71.2012.0.4874 avec des échantillons d’algue de type Durvillea, issus de l’herbier du Muséum national d’histoire naturelle qui fut déterminante. Au retour de l’expédition d’Entrecasteaux, les collectes naturalistes de La Billardière intégrèrent comme il se devait le Muséum. Or, parmi elles, se trouvaient des algues provenant de Tasmanie (doc. 12) dont un échantillon put être prélevé par notre collègue Line Le Gall à des fins d’analyse comparée du matériau.
Document 12. – Planche « Fucus potatorum »
Document 12. – Planche « Fucus potatorum »
Document 12. – Planche « Fucus potatorum »
Document 12. – Planche « Fucus potatorum »
48Cette ultime étape de la recherche fut réalisée par Céline Daher, chargée d’analyses scientifiques au mqb-jc. La spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier est une technique d’analyse vibrationnelle qui permet d’obtenir des informations sur la composition moléculaire de la matière. Il s’agit d’un mode d’analyse non-invasif et sans contact avec l’objet. Le faisceau de rayonnement infrarouge extrait du spectromètre est réfléchi par la matière et le signal est interprété pour en identifier la composition moléculaire. La signature chimique des échantillons d’algues Durvillea collectés lors de l’expédition d’Entrecasteaux (et alors considérés comme appartenant au genre Fucus [15]) et celle du matériau constitutif du sac 71.2012.0.4874 étaient identiques (fig. 2).
Figure 2. – Résultats de la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier du matériau constitutif du sac et de l’échantillon de Durvillea (Céline Daher, déc. 2019). Les spectres irtf obtenus sur le sac (en noir) montrent des bandes vibrationnelles similaires (en rouge) à celles du spectre obtenu sur un échantillon d’un spécimen de Durvillea (en gris, PC0732960, mnhn)
Figure 2. – Résultats de la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier du matériau constitutif du sac et de l’échantillon de Durvillea (Céline Daher, déc. 2019). Les spectres irtf obtenus sur le sac (en noir) montrent des bandes vibrationnelles similaires (en rouge) à celles du spectre obtenu sur un échantillon d’un spécimen de Durvillea (en gris, PC0732960, mnhn)
49Ainsi, un objet passé inaperçu depuis plus d’un siècle, considéré tour à tour comme un sac de cuir ou un récipient d’écorce, successivement attribué à la Nouvelle-Zélande et plus récemment à l’Afrique, se révéla être l’un des plus vieux objets ethnographiques en provenance d’Australie conservé de par le monde. Ambassadeur irremplaçable de la Tasmanie aborigène « précoloniale » et rare témoin des collectes ethnographiques de l’expédition d’Entrecasteaux (1791-1794), il est parvenu jusqu’à nous dans un état de conservation remarquable. Seule la poignée en fibres torsadées est aujourd’hui manquante et il présente un petit éclat sur le flan.
50Au lendemain de l’identification, la première démarche fut de contacter le musée national de Tasmanie et les communautés palawa via le Tasmanian Aboriginal Centre. Afin de permettre aux communautés aborigènes et au public français d’avoir accès à ce témoin historique, artistique et ethnographique inestimable, des photos en haute définition ont été mises en ligne sur le site web du mqb-jc, sur lequel une page dédiée à cette recherche a aussi été créée (http://www.quaibranly.fr/fr/collections/vie-des-collections/actualites/le-plus-vieux-recipient-en-algue-de-tasmanie-conserve-au-monde/?fbclid=IwAR13zpSoEL2ryd5XMz5gmB09RJa4vvPZp7rMxOoYE2zvmSy1pHCsRCJ5QPg). Un scan de surface et une modélisation de l’objet sont également envisagés pour permettre, notamment aux artistes, de le découvrir en trois dimensions et, dans l’attente de le voir un jour, commencer à se nourrir des pensées qu’il renferme (Verna Nichols, in Gorringe et Gough, 2009 : exergue), des secrets matériels et techniques qu’il a scrupuleusement gardés (Gorringe et Gough, 2009 : 59). Ce récipient à eau entre en effet dans la catégorie de ces objets endormis mais jamais perdus (ibid. : 26), out of Country mais jamais complément oubliés (ibid. : 21) et « si précieux » (so precious, comm. pers., Gaye Sculthorpe, 29/11/2019).
51Cette identification fait aussi écho au travail au long cours mené par les chercheurs de musées, chargés d’études documentaires, chargés d’analyses scientifiques, conservateurs et restaurateurs, qui œuvrent chaque jour à la documentation et à la préservation des biens placés sous leur responsabilité et dont certains, au fil de leur trajectoire, sont devenus orphelins. Cette recherche tient en effet autant à la connaissance matérielle, historique et anthropologique des objets qu’à l’histoire des institutions et des collections. Elle est enfin l’illustration d’une collaboration transversale et de coopérations institutionnelles, conduites en dialogue avec les communautés qui sont les héritières et les gardiennes culturelles de ces objets.
Bibliographie
Bibliographie
- Bresc-Vautier Geneviève et Susanna Guimaraes, 1999. Monuments barbares, temps incertains, in Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon. Paris, musée du Louvre, Paris, Réunion des musées nationaux, pp. 428-429.
- Cleyet-Merle Jean-Jacques, 1982-83. L’origine des collections océaniennes du Musée des Antiquités nationales, Antiquités nationales14-15 pp. 106-116.
- Daugeron Bertrand, 2011. La paradoxale disparition des objets de type ethnographique rapportés par les Français du Pacifique (1766-1842), Journal of Pacific History 46, 1, pp. 59-74.
- Daugeron Bertrand, 2014. Les testaments perdus des premières collections “ethnographiques” rapportées par les Français du Pacifique, in A. le Goff et B. Daugeron (éds), Penser, classer, administrer. Pour une histoire croisée des collections scientifiques, Paris, Muséum national d’Histoire naturelle (Archives), pp. 95-117.
- Delpuech André, Lise Mész et Frédérique Servain-Riviale, 2017. Un chantier des collections, un musée en chantier, in A. Delpuech, C. Laurière et C. Peltier-Caroff (éds), Les années folles de l’ethnographie. Trocadéro 28-37, Paris, Muséum national d’Histoire naturelle (Archives), pp. 235-275.
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- Douglas Bronwen, Fanny Wonu Veys et Billie Lythberg (eds), 2018. Collecting in the South Sea. The voyage of Bruni D’Entrecasteaux 1791-1794, Leiden, Sidestone Press, coll. Pacific Presence 3.
- Ellis Robert (ed.), 1851. Official Descriptive and Illustrated Catalogue of the Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, vol. 2., London, Spicer brothers.
- Entrecasteaux Antoine Raymond Joseph de Bruni (chevalier d'), 1808. Voyage de D’Entrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse, Paris, Imprimerie impériale.
- Gorringe Jennie et Julie Gough, 2009. Tayenebe : Tasmanian Aboriginal women's fibre work, Hobart, Tasmanie, Tasmanian Museum and Art Gallery.
- Hamy Ernest-Théodore, 1896. Notice sur une collection de dessins provenant de l’Expédition de D’Entrecasteaux, Bulletin de la société de géographie 17, pp. 127-144.
- Jacquemin Sylviane, 1990. Origine des collections océaniennes dans les musées parisiens : le musée du Louvre, Journal de la Société des Océanistes, 1990-1, pp. 47-52 (https://doi.org/10.3406/jso.1990.2868).
- Jacquemin Sylviane, 1991. Objets des mers du sud. Histoire des collections océaniennes dans les musées et établissements parisiens, XVIIIème-XXème siècles, mémoire de recherche, Paris, école du Louvre.
- Jacquemin Sylviane, 1994. Des objets océaniens rescapés de l'expédition d'Entrecasteaux (1791-1794), Journal de la Société des océanistes 99, pp. 207-208 (https://doi.org/10.3406/jso.1994.1939).
- Jacquemin Sylviane, 1997. Marins et collections : les collectes des expéditions maritimes, in Océanie. Curieux, navigateurs et savants. La découverte du paradis, Paris, Somogy, pp. 41-50.
- Jacquemin Sylviane, 1999. La collection océanienne, in Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon. Paris, musée du Louvre, Paris, Réunion des musées nationaux, pp. 433-436.
- La Billardière Jacques Julien Houtou (de), 1799. Relation du voyage à la recherche de La Pérouse fait par ordre de l'Assemblée constituante, pendant les années 1791, 1792 et pendant la 1ère et la 2e année de la République françoise, Paris, G. H. J. Jansen, 2 vol. et 1 atlas (disponible sur Gallica).
- La Billardière Jacques Julien Houtou (de), 1804-1806. Novae Hollandiae Plantarum specimen, Paris, impr. de Mme Huzard, 2 vol.
- Ling Roth H., Marion E. Butler, James Backhouse Walker, J.G. Garson et Edward Burnett Tylor, 1899. The Aborigines of Tasmania, Halifax (Eng.), F. King et Sons.
- Peron François et Louis de Freycinet, 1807-1816. Voyage de découvertes aux Terres australes […] sur les corvettes Le Géographe, Le Naturaliste et la goélette Le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804, Paris, imprimerie impériale (vol. 1), imprimerie royale (vol. 2) ; [1807-]1811. Atlas, Langlois.
- Richard Hélène, 1982. L’expédition de d’Entrecasteaux (1791-1794) et les origines de l’implantation anglaise en Tasmanie, Revue française d’histoire d’outre-mer 69, 257, pp. 289-306.
- Sculthorpe Gaye (ed.), 2015. Indigenous Australia : Enduring Civilisation, Londres, The British Museum Press.
Notes
-
[1]
Voir aussi les noms de lieux, consignés en langue aborigène (palawa kani) par le Tasmanian Aboriginal Center et regroupé sur cette carte interactive : http://tacinc.com.au/pk/GIS/index.html#8/-43.003/147.250.
-
[2]
Cette catégorie comprend les biens inscrits à l’inventaire rétrospectif du mq-bjc (ceux qui ont été prélevés sans numéro au musée de l’Homme et sont aujourd’hui enregistrés en 71.2012.0.*) ainsi que les objets enregistrés sous X par le musée de l’Homme (71.19**.0.* X). La numérotation sous X, mise en place au musée d’Ethnographie du Trocadéro à l’initiative de G.-H. Rivière dès 1929, permettait d’enregistrer à titre rétrospectif des objets ayant perdu leur numéro d’origine, de manière à pouvoir continuer à gérer et exposer ces biens orphelins. Voir Delpuech, Mész et Servain-Riviale (2017 : 262-268) sur les principes du système d’enregistrement des collections mis en place par Rivière.
-
[3]
Voir aussi les œuvres de Leonie Dickson et Verna Nichols sur http://static.tmag.tas.gov.au/tayenebe.
-
[4]
Sur lequel nous reviendrons plus loin (voir p. 162 et doc. 10).
-
[5]
De retour au « Pays » (au sens aborigène de Country, lieu auquel les populations aborigènes appartiennent et dont elles sont les gardiennes), ces quelques survivants sont placés de force dans ce qui était autrefois une colonie pénitentiaire, à Oyster Cove, au sud de Hobart. C’est d’Oyster Cove, dans ces circonstances, que provient le récipient à eau en kelp conservé au British Museum. En 1851, seuls trente-trois Aborigènes y sont recensés (Sculthorpe, 2015 : 225).
-
[6]
Diplomate, voyageur, premier directeur du Louvre surnommé « l’œil de Napoléon », Dominique-Vivant Denon (1747-1825) rassembla aussi dans l’hôtel particulier du 5, quai Voltaire où il vécut les dernières années de sa vie l’une des collections les plus remarquables, par son abondance et son originalité, du premier quart du xixe siècle.
-
[7]
Jacquemin (1999 : 433) a identifié quelques-uns des objets océaniens issus de la collection Denon, mais le sac en algue n’est pas alors évoqué.
-
[8]
La découverte ultérieure du sac en algue dans les collections du mqb-jc et son premier examen visuel rendront cette confusion plus explicite.
-
[9]
Il est d’abord désigné à sa création en 1827 sous le nom de musée Dauphin, avant de prendre le nom de musée naval en 1833, puis de musée de Marine (qui désigne spécifiquement le musée naval au Louvre) – à ne pas confondre avec le musée national de la Marine.
-
[10]
Cette interprétation fait écho à la mention « probablement destiné à contenir des liquides » antérieurement apportée par Denon (cf. doc. 6b).
-
[11]
Jacquemin (1991 : 40) précise qu’« après les navigateurs anglais, seuls Marion-Dufresne, D’Entrecasteaux et Baudin y firent escale ».
-
[12]
« Liste des objets d'Océanie déposés par le musée de Saint-Germain-en-Laye en 1909 et 1939, ne paraissant pas avoir été enregistrés » (archives du mqb-jc D001085/35880 p. 3/3).
-
[13]
La confusion de la Nouvelle-Hollande (Australie) avec la Nouvelle-Zélande relève d’un type d’erreur de transcription fréquent dans les inventaires et documents muséaux anciens.
-
[14]
Stéphanie Elarbi (restauratrice), Éléonore Kissel (responsable du pôle Conservation), Christophe Moulherat (chargé d’analyses).
-
[15]
ndé. – « Fucus potatorum Labillardière, 1807 : 112, pl. 257. […] The type species (lectotype) of the genus Fucus is Fucus vesiculosus Linnaeus. This name is currently regarded as a synonym of Durvillaea potatorum (Labillardière) Areschoug » (https://www.algaebase.org/search/species/detail/?tc=accept&speciesid=23056).