« Quelle est la différence entre les ONG et les gouvernements en Europe ? Aucune. Les ONG reçoivent de l’argent des gouvernements, puis viennent en Afrique pour prêcher. Ils [sic] accomplissent les missions des gouvernements. C’est une très bonne tactique ». M. Paul Kagame, président du Rwanda, apporte – avec ses mots – un jugement sévère sur l’action des organisations non gouvernementales (ONG) internationales. Mais l’actualité récente au Sahel, et la décision du gouvernement français de suspendre son aide au Mali puis au Niger à la suite des renversements politiques dans ces deux pays n’apportent-elles pas de l’eau au moulin du diagnostic énoncé par le chef d’État rwandais ? M. Kagame prononce une sentence péremptoire à la question au cœur du présent dossier de La Revue internationale et stratégique concernant les liens entre solidarité internationale et soft power. Chemin faisant, le président rwandais fait un lien direct et explicite entre l’origine des financements et les logiques politiques qui les sous-tendent.Dans l’introduction à son Cours de science des finances et de législation financière française, Gaston Jèze écrivait en 1922 : « Le budget est, avant tout, la mise en œuvre d’un programme d’action politique ». Il est évidemment l’instrument par lequel l’État ou les collectivités territoriales vont hiérarchiser leurs priorités politiques et les traduire en moyens d’action. C’est le parti pris de l’approche développée : l’étude d’un modèle économique constitue un support primordial pour juger des intentions politiques de ceux qui financent l’action publique, en l’occurrence l’aide internationale en tant que politique publique…