Les megachurches africaines sont des « églises providence » qui dispensent leurs « surplus sacrés » dans des sociétés où l’État redistributeur n’est pas toujours au rendez-vous. De ce fait, elles constituent des relais humanitaires, quand elles ne sont pas vectrices d’influence politique. Rappeler l’originalité du modèle de la megachurch, en plein essor depuis cinquante ans permet de comprendre, en terrain africain, la puissance contemporaine de ces églises parfois colossales. Elles sont emblématiques d’un monde où se combinent une poursuite différenciée de la sécularisation et des recompositions religieuses sous le signe de l’association volontaire, mais aussi de la polarisation. Entre aide humanitaire, prosélytisme et force de frappe convoitée, ces églises géantes sont en première ligne des transformations de la géopolitique religieuse en Afrique subsaharienne. Maîtriser les codes de ces vecteurs de soft power religieux n’est pas l’apanage de toutes les grandes puissances, comme l’illustre la comparaison des chancelleries états-uniennes et françaises.Entre les années 1970 et 1990, on est passé du temps des cathédrales au temps des megachurches. Le modèle de la mégaéglise est principalement issu du protestantisme évangélique. Il est marqué par une logique sociale dominée par la conversion, la fraternité élective et la mission. Il s’est banalisé sur tous les continents. On compte sept megachurches en France et des centaines en Afrique subsaharienne. Aux États-Unis, elles seraient autour de 1 80…