Les défis que rencontre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’une de leurs principales conséquences, la montée du régionalisme, ont fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières années. Cet article approche la crise du multilatéralisme économique sous deux angles différents, soit la régionalisation au sein même de l’OMC et l’adaptation des firmes internationales à cette fragmentation de la géoéconomie mondiale. Sans verser dans un optimisme exacerbé, la grande force d’adaptation des acteurs internationaux face à la fluctuation de la donne économique internationale pourrait permettre un retour éventuel vers le multilatéralisme.
Le vaisseau amiral du multilatéralisme économique, l’OMC, traverse ce qu’il est convenu d’appeler une polycrise institutionnelle. La négociation d’accords commerciaux contraignants adoptés par le consensus explicite des 164 membres est quasiment à l’arrêt. Lancé en 2001, le dernier cycle de négociations commerciales multilatérales, appelé Programme de Doha pour le développement, n’a livré que des résultats minces et décevants. Il n’a, à ce jour, pas permis de s’attaquer à des enjeux qui gagnent en importance ou en urgence tels que la réforme du commerce agricole mondial, le commerce électronique ou la conciliation entre les règles et disciplines des accords commerciaux avec les impératifs de l’adaptation aux changements climatiques, les crises sanitaires ou les sensibilités sécuritaires. Seuls des accords sectoriels au contenu modeste et parsemés de dispositions d…