Le 12 février 2022, la Maison-Blanche a publié une stratégie Indo-Pacifique très attendue, alors qu’une crise sécuritaire majeure dont elle avait souligné l’imminence se préparait en Europe. Sans surprise, le document confirme la centralité stratégique de la région pour les États-Unis et atteste de la volonté de l’administration Biden de renforcer des liens et des capacités collectives avec des alliés et partenaires qui avaient pu se sentir malmenés durant les années de la présidence Trump.
Se pose ici la question persistante de la confiance régionale dans les États-Unis et de la permanence de leur engagement. Le retrait de Washington du Partenariat transpacifique (TPP) en 2017 avait envoyé un mauvais signal en ce sens. Le Cadre économique Indo-Pacifique (IPEF), censé lui succéder, est considéré par beaucoup comme une alternative un peu faible face aux attentes de la région et aux multiples initiatives chinoises. Plus récemment, les élections de mi-mandat de novembre 2022 et l’arrivée d’une majorité républicaine au sein de la Chambre des représentants ont suscité la crainte d’une réduction de la marge de manœuvre du président Biden en politique étrangère, notamment dans la relation avec Pékin. Pour l’heure, la relation entre les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis, et dont l’impact va bien au-delà de l’Indo-Pacifique, semble faire l’objet d’un consensus bipartisan.
Un an après la publication du document, les États de la région ont pu constater la réalité de l’engagement diplomatico-militaire des États-Unis avec l’effort de modernisation des alliances historiques et la création de nouveaux formats et coalition…