Si l’on définit le terme révolution comme une rotation complète d’un corps mobile autour de son axe, il est possible, en filant la métaphore astrale, de qualifier François, premier pape sans chiffre et au prénom révélateur, de pape révolutionnaire. Élu pour redresser une Église en crise, ébranlée en profondeur par les scandales de ce qu’il appelle lui-même le cléricalisme, en plus de la corruption et des abus sexuels, François a proposé un traitement radical en interne, mais aussi, à l’extérieur, une autre philosophie de la vie internationale, qui a d’abord emporté les suffrages avant de provoquer, par ondes de choc successives, des réactions, des résistances et des critiques parfois virulentes, dont une véritable bronca au sein du catholicisme états-unien, presque au bord du schisme. Car François a apporté un regard « sudiste », voire tiers-mondiste, aux désordres du monde. En conséquence, il a renversé la parole et l’action diplomatiques du Saint-Siège. Il a vu, depuis l’autre hémisphère et les périphéries de l’humanité, un monde en crise, couvert de plaies globales et interconnectées : scandale de la pauvreté, état de guerre endémique, globalisation de l’indifférence, destruction de l’écosystème, etc. François a ainsi prophétisé une nécessaire conversion du système économique, de la logique militaire, du traitement de la mobilité humaine et de l’exploitation de la nature, appelant la communauté internationale à se mobiliser pour réaliser cette conversion. En prime, il a invité les États à bâtir entre eux une vraie éthique relationnelle, fondée sur la recherche sincère du dialogue, de la confiance et de la négociation…