Est-il possible de parler aujourd’hui du plaisir de travailler ? Cette expression attire au mieux les sourires, au pire les agacements voire les accusations de manque de clairvoyance, de folie douce ou de dérive idéologique coupable. A l’heure du travail SSS (Stress, Souffrance, Suicide), comment honorer une facette du travail qui n’est pour certains que l’illusion de ceux qui n’ont pas encore perçu toutes les soumissions auxquelles le travail les condamnait.
Lier le travail au plaisir n’est pas dans l’air du temps. A l’issue d’une conférence sur « Le Plaisir de Travailler », une femme vint me demander d’intervenir lors de la rencontre annuelle des médecins du travail de sa région. En effet me dit-elle, son groupe de médecins du travail étant particulièrement ouvert, ils auraient été intéressés à ce qu’un professeur de management leur explique comment on enseigne aux jeunes et aux managers … à faire souffrir les autres. Cela me prit un peu de temps pour comprendre que ce n’était que du premier degré.
Sa vision des choses est certainement largement partagée. Elle rencontre apparemment une opinion générale sur le travail si l’on en croit le tirage des ouvrages sur le harcèlement, la souffrance au travail, voire la paresse quand Madame Meier, salariée d’EDF, vend plusieurs centaines de milliers d’exemplaires de son pamphlet sur les moyens de gagner un salaire sans travailler… Nous ne sommes plus dans le débat d’opinion mais dans le phénomène social.
Mieux encore, les discours des entreprises et des politiques sur le travail ont totalement changé ces derniers mois…