La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) se présente, du moins en Europe, comme une démarche volontaire des entreprises, en particulier des entreprises cotées et transnationales, susceptible de répondre aux défis posés par le développement durable dans un contexte de mondialisation. Les détracteurs autant que les promoteurs de cette démarche ont cessé de la considérer comme un simple phénomène de mode pour lui reconnaître une portée symbolique et pratique de grande envergure. Pourtant, l’accord est loin d’être réalisé sur la définition même de la RSE et sur son potentiel régulatoire. Nous nous interrogerons ici sur l’impossible définition de la RSE puis sur les conceptions différenciées de cette démarche, avant d’explorer les voies de recherche qui permettent d’aborder la RSE comme un champ dynamique et contesté dont l’avenir dépend des acteurs qui le construisent.
Même si certains chercheurs tentent de définir le « concept » de RSE, d’autres, de plus en plus nombreux, conçoivent la RSE comme un champ contesté (Okoye, 2009 ) où s’affrontent et coopèrent de multiples acteurs, entreprises transnationales souvent organisées en réseaux, investisseurs, syndicats, ONG, Eglises, instances publiques ou privées nationales, régionales, internationales, média, professionnels spécialisés, chercheurs…engagés dans la délimitation même du champ (Levy and Kaplan, 2008). La RSE peut donc être considérée moins comme un ensemble de nouvelles méthodes de gestion ou de « best practices » à inventer, transmettre et adopter que comme une bataille idéelle et matérielle se développant non seulement dans les organisations produisant des biens et des services mais aussi à un niveau plus large où interagissent de multiples acteurs…