Résumé
Cet article prend appui sur une recherche qui avait pour objectif une meilleure connaissance des « processus d’insertion » des jeunes dits de « bas niveau scolaire ». Il tente d’énoncer l’actuel de ce que Alain Cottereau nomme stratégies de résistance à l’usure prématurée. Certes, contournement et retrait à temps des situations de travail les plus usantes ou dangereuses émaillent le déroulement des récits de vie. Mais de nombreux jeunes sont de moins en moins en situation de se retirer d’un poste de travail alors même qu’ils se sentent toujours plus usés ou en danger. La résistance devient plus improbable alors qu’elle devient plus nécessaire. Ils courent le risque d’être précocement usés et engagés sur la voie de l’exclusion. Cet article, in fine, souligne la nécessité de ne pas inscrire trop rapidement tout acte de résistance dans une stratégie et tente de tirer quelques enseignements pour la démarche de l’accompagnement.
Abstract
This article is based on research which aimed at a better knowledge of the “integration processes” of young people said to be “of a low scholastic level”. It tries to give an up-to-date report on what Alain Cottereau calls strategies of resistance to premature wear and tear. Certainly, any account of life is studded with avoiding and withdrawing in time from the most wearing or dangerous of work situations. But many young people are less and less in a position to withdraw from a job while feeling ever more worn out or in danger. Resistance becomes more improbable as it becomes more necessary. They run the risk of being prematurely worn out and on the way to exclusion. In the end, the article emphasises the need not to inscribe every act of resistance too rapidly in a strategy and tries to draw some lessons for the process of accompaniment.