Le deuil est d’actualité. Il envahit nos vies, nos journaux, nos écrans, des faits divers à la violence urbaine, de la guerre au terrorisme, de la dissémination atomique plus ou moins contrôlée à la menace écologique de destruction de la planète.
La mort est à la mode. Le « travail du deuil » se banalise. L’incendie d’une école, un accident routier surviennent-ils, on délègue une équipe de psychologues sur le terrain, chargés d’assister les victimes dans leur « travail de deuil ». La compétence ni la bonne volonté des professionnels ne sont pas en cause, mais la réponse apparaît mince, comme une sorte de pilule standardisée contre l’angoisse, au regard des enjeux dont il est question.
Le livre de Jean-Claude Métraux restitue à la notion de deuil toute sa dimension humaine, sociale et politique. Il en fait à bon droit un concept central pour l’intelligence de l’expérience et du devenir humains.
L’auteur, pédopsychiatre de formation, a acquis une vaste expérience de terrain auprès des populations souffrantes, victimes de massacres, de déplacements forcés et de persécutions, notamment au Nicaragua et à Sarajevo, ainsi qu’avec des populations d’autres régions du monde, Kosovo, Irak, Afghanistan, Ruanda… Homme d’une vaste culture, anthropologie, histoire, psychologie, philosophie, Métraux écrit un essai ambitieux, qui pose les jalons d’une véritable théorie du deuil à vocation universelle, qui englobe toutes les formes de confrontation avec la mort.
Le deuil est un processus, dans lequel des phases de perte et de destruction, sont suivies de phases de régénérescence et de création, indissolublement liées aux premières…