1Pédagogue britannique libertaire, Alexander Neill est le fondateur de la célèbre école de Summerhill. Souhaitant dégager les enfants des contraintes, sinon celle de la liberté, Neill fut d’abord un instituteur qui ne voulait pas enseigner.
2Féru de psychanalyse, mais sans scientificité obscure, il ouvre, dans les années vingt, près de Londres, une école sans aucun interdit où les cours sont facultatifs (!). La vie de l’école est gérée démocratiquement, enfants et enseignants disposant chacun d’une voix de même poids pour régler les affaires de vie communautaire.
3Lecteur et, en quelque sorte, continuateur de Rousseau, Neill croit en la bonté innée de l’enfant qui doit donc être éloigné des brutalités adultes. Sa joie de vivre, son insouciance, ses pulsions et ses désirs ne doivent en rien être brimés. À Summerhill, les élèves peuvent faire tout ce que bon leur semble, sous les seules limites de ne pas se mettre en péril physique.
4L’idée profonde de Neill réside dans le principe d’“épuisement de l’intérêt”. Absolument libres, les enfants se livreraient pendant quelques mois seulement aux activités les plus asociales. Épuisés de ces excès, ils reviendraient progressivement à des conduites et attitudes saines et véritablement épanouissantes. L’auto-responsabilité serait le gage et la condition de toute éducation humaine de qualité.
5Neill, qui n’était en rien un théoricien, savait trouver la phrase : “Je n’ai jamais vu d’acné sur le visage heureux d’un adolescent libre”. Ses articles et ouvrages relatent ses expériences d’éducation non directive où tout se pense et se fait en fonction des désirs des enfants. À côté de ses observations, on trouve aussi de nombreuses affirmations, du type “La méchanceté n’est pas fondamentale dans la nature humaine. Disciplinez un enfant et cet enfant a priori sociable deviendra mauvais, menteur et haineux”.
6Ses jolies formules (“Le rôle de l’enfant, c’est de vivre sa propre vie”), sa visée de réforme de l’humanité, ses conceptions utopiques et anarchisantes (même s’il le réfutait) lui ont attiré la sympathie de l’esprit 68.
7Les positions et options de Neill auront choqué. La nudité partagée, entre autres, a indigné. En termes d’impact, il faut relever que son appel au désengagement des adultes n’aura été entendu que par de rares subversifs très minoritaires. Quelques démêlés avec la justice, encore en 2000, auront cependant vu de libres enfants de Summerhill se mobiliser pour défendre leur école. Pour autant, on ne peut pas vraiment dire que Neill ait fait école et encore moins autorité…
Bibliographie
- Journal d’un instituteur de campagne, 1915.
- Libres enfants de Summerhill, 1962.
- Neill ! Neill ! Peau de mandarine !, 1972.