Couverture de IDEE_157

Article de revue

L'expérience sociale du vieillissement

Pages 38 à 45

Notes

  • [1]
    Berger (Peter), Luckmann (Thomas), La construction de la réalité sociale, Paris, Armand Colin, 2006 (1re édition américaine, 1966) ; Schütz (Alfred), Le chercheur et le quotidien, Paris, Méridiens Klincksieck, 1987.
  • [2]
    Martuccelli (Danilo), Singly (François de), Les Sociologies de l’individu, Paris, Armand Colin, 2009.
  • [3]
    Ces changements en cours tiennent à la conjonction de plusieurs phénomènes : réformes des retraites, volonté politique affichée de rompre avec la culture de la sortie précoce du monde du travail, arrivée prochaine à la retraite de personnes ayant connu des trajectoires professionnelles discontinues.
  • [4]
    Parant (Alain), « Longévité et retraite », Population et Sociétés, n° 310, 1996.
  • [5]
    Crenner (Emmanuelle), « Etre retraité : tourner la page du travail », Insee Première, n° 979, 2004.
  • [6]
    Delbès (Christiane), Gaymu (Joëlle), « Passé 60 ans : de plus en plus souvent en couple ? », Population et Sociétés, n° 389, 2003.
  • [7]
    Goffman (Erving), Asiles, Paris, Minuit, 1968.
  • [8]
    Le « grand âge » est bien sûr une catégorie fort imprécise. Sans vouloir en donner une borne chronologique qui n’aurait pas grand sens dans la perspective développée ici, on peut indiquer que les analyses reposent sur des enquêtes réalisées, pour l’essentiel, auprès de personnes âgées de plus de 80 ans.
  • [9]
    Cumming (Elaine), Henry (William), Growing Old. The Process of Disengagement, Basic Books, New York, 1961.
  • [10]
    Pour reprendre et retourner une formule de Pascal qu’affectionnait Pierre Bourdieu : « Le monde me comprend, mais je le comprends ».
  • [11]
    Beaumont (J. Graham), Kenealy (Pamela) , « Quality of Life of Healthy Older People : Residential Setting and Social Comparison Processes », Growing Older Program Findings, n° 20, 2003.
  • [12]
    Baltes (Paul), « L’avenir du vieillissement d’un point de vue psychologique : optimisme et tristesse », in Dupâquier (Jacques) (ed), L’espérance de vie sans incapacités, PUF, Paris, 1997.

1 Les travaux sociologiques qui portent sur la population âgée peuvent être classés selon trois grandes postures analytiques [1]. La première consiste à étudier la construction sociale de la vieillesse, c’est-à-dire la manière dont la société pense, organise et met en forme cet âge de la vie. Dans cette perspective, on s’intéresse, par exemple, à l’« invention » des retraites et à la lente transformation, au cours du XXe siècle, des « vieillards » en « retraités » ou à l’apparition de catégories nouvelles (comme celles de « troisième âge » dans les années 1960, de « personnes âgées dépendantes » dans les années 1980 ou encore de « seniors » dans les années 1990) qui ont contribué à faire évoluer les représentations de la seconde partie de l’existence. La deuxième stratégie se fixe comme objectif de décrire, de la manière la plus adéquate possible, le groupe d’âge des « personnes âgées » (ou des « seniors », puisque le terme s’impose de plus en plus aujourd’hui) : en dressant son portrait statistique à partir d’enquêtes quantitatives, en élaborant des typologies des modes de vie à la retraite afin de cartographier sa diversité interne, en examinant comment ce groupe peut se mobiliser, ou encore en explorant plus particulièrement telle ou telle frange de la population âgée comme, par exemple les « jeunes retraités » ou encore les « personnes âgées vivant en institution ». La troisième orientation, enfin, place son dispositif d’observation au niveau des individus sociaux – et non plus des dispositifs sociétaux ou du groupe des « personnes âgées » – et cherche à rendre compte du processus et de l’expérience du vieillissement individuel au cours des années de retraite. Cette approche est en phase avec certaines perspectives théoriques – le constructivisme de Peter Berger et Thomas Luckmann et la sociologie phénoménologique d’Alfred Schütz [1] – qui se sont diffusées, en France, depuis une vingtaine d’années et ont orienté l’attention des sociologues vers l’individu – au point que l’on parle parfois de « sociologies de l’individu » [2].

2 Cette troisième approche se développe aujourd’hui dans la sociologie francophone de la vieillesse et nous nous proposons, dans cet article, de présenter deux lignes de recherches qui permettent de l’illustrer. La première consiste dans l’étude des moments de transition qui jalonnent l’avancée en âge. La seconde s’interroge sur les changements dans le rapport à soi et au monde dans le grand âge et amène à dégager les tensions identitaires qui caractérisent ce moment de l’existence.

Les transitions biographiques, étapes du vieillissement

3 La première ligne de recherche consiste donc à étudier ce qui se passe lors de moments de transition biographique qui, tels la retraite, le veuvage ou encore l’entrée en maison de retraite, ponctuent l’avancée en âge. Occasions privilégiées d’activation du processus de construction identitaire [2], ces moments de transition constituent aussi des points d’observation privilégiés du vieillissement.

Franchir le cap de la retraite

4 À la fin des années 1960, dans les premiers travaux sociologiques menés en France sur la vieillesse, la retraite apparaissait comme « une mort sociale » [3], notamment pour les retraités les plus démunis en ressources qui menaient une vie végétative, marquée par « la reproduction détériorée des comportements déjà appris » et qualifiée de « retraite-retrait ». Quelque quarante années plus tard, les analyses sociologiques sur la retraite décrivent une réalité bien différente, à la fois parce que le regard s’est fait plus optimiste (dans les années 1960 déjà, on notait, parallèlement à la « retraite-retrait », des formes de vie à la retraite plus actives, telles que la retraite « revendication » ou la retraite « troisième âge ») et parce que la transition s’opère dans un contexte beaucoup plus favorable – même si celui-ci est aujourd’hui en train de changer [3]. Les générations qui arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite se caractérisent, en effet, par un niveau d’études plus élevé, une composition sociale différente (elles comprennent davantage de cadres), une situation économique bien meilleure (au point que le niveau de vie moyen des retraités est aujourd’hui proche de celui des actifs) et une vie conjugale plus fréquente (du fait de la baisse de la mortalité). Parallèlement, c’est le sens même de la retraite qui s’est transformé. La durée moyenne de la vie à la retraite a crû de dix ans entre 1960 et la fin des années 1990 [4] (cinq ans du fait de l’augmentation de l’espérance de vie et cinq ans du fait des sorties précoces d’activité) : l’horizon de vie qui s’ouvre pour ceux qui cessent leur activité professionnelle est ainsi bien plus large qu’autrefois. Dans le même temps, la diffusion des valeurs d’épanouissement et de réalisation de soi a contribué à faire de la retraite une nouvelle étape de la vie, définie de plus en plus souvent comme un moment de reconversion, d’engagement dans de nouvelles activités et dans des rôles socialement valorisés comme ceux de grands-parents ou de bénévole, un moment aussi où il devient possible de faire ce que l’on n’a pas eu le temps de réaliser auparavant. En un mot, la retraite est aujourd’hui devenue désirable : elle n’apparaît plus comme l’antichambre de la mort, mais comme le début d’une nouvelle phase, plutôt heureuse, de l’existence. Aussi la transition de la retraite est-elle, dans l’ensemble, et contrairement à ce que l’on pense souvent, plutôt bien négociée : seul un retraité sur dix considère que ce moment a constitué pour lui une « mauvaise période » [5].

5 Si le passage à la retraite se déroule le plus souvent en douceur, c’est aussi grâce à l’activation d’un certain nombre de mécanismes psychosociaux [2] : la « désocialisation professionnelle anticipée », qui consiste, dans les derniers temps de son activité professionnelle, à prendre peu à peu ses distances avec elle ; la mobilisation par le nouveau retraité de « ressources identitaires », qu’il s’agisse de compétences professionnelles susceptibles d’être réinvesties ou de ressources en « creux » c’est-à-dire d’identités potentielles (ce qu’il a fait autrefois et qu’il a dû abandonner ou ce qu’il n’a jamais pu faire à son grand regret) qu’il transforme en identités effectivement investies ; le soutien apporté par les proches, notamment le conjoint qui encourage le nouveau retraité dans sa quête de nouveaux engagements, l’accompagne parfois dans les activités auxquelles il s’essaie et, surtout, valide les identités qu’il a adoptées ou tente d’adopter. Et c’est lorsque certains de ces mécanismes sont bloqués – par exemple quand le conjoint constitue une entrave à la redéfinition de soi ou quand l’engagement dans l’activité professionnelle est tel que la désocialisation professionnelle anticipée ne peut s’opérer – que le franchissement du cap de la retraite se révèle difficile.

Surmonter le décès de son conjoint

6 Le veuvage qui, rappelons-le, concerne davantage les femmes que les hommes (parmi les 60 ans et plus, une femme sur quatre est veuve alors qu’un homme sur dix est veuf [6]), constitue un événement autrement douloureux que la retraite. La surmortalité des personnes veuves par rapport aux personnes mariées, très forte dans la première année qui suit le décès du conjoint, en témoigne. Le contexte contemporain du veuvage est marqué par la déritualisation et la privatisation de la mort : la phase de deuil n’est plus socialement définie, les marques publiques ont disparu et la mort concerne désormais les seuls proches du défunt. Aussi est-ce à la personne veuve qu’il revient de réorganiser son existence et de reconstruire son identité, à partir de ses ressources personnelles et de celles que lui offre son environnement social.

7 L’expérience du veuvage est, tout d’abord, celle du vide, l’impression de vide dans la maison faisant écho au sentiment de vide intérieur. Elle est aussi celle de la solitude, particulièrement douloureuse pendant les repas, les soirées et en certaines circonstances comme les repas de famille. De plus, avec le conjoint disparaît non seulement un être cher, mais aussi le partenaire des activités quotidiennes et celui qui, par sa présence, donnait un sens à certaines de ces activités : préparer les repas, faire des travaux dans la maison, partir en vacances, etc. Aussi le survivant doit-il relever un double défi : trouver que faire de ses journées déstructurées et essayer de donner une nouvelle signification à son existence. Les solutions esquissées dépendent de la position dans la trajectoire de vie au moment du décès et elles sont fortement sexuées, l’univers des loisirs des femmes se rétrécissant davantage que celui des hommes [4]. La réorganisation de l’existence doit aussi beaucoup au soutien de l’entourage. Celui-ci prend d’abord la forme d’encouragements : ainsi, lorsque la personne veuve tarde à mettre un terme à la phase de deuil, un proche ou le médecin décrètent souvent qu’« il est temps de sortir ». Il se manifeste également par des sollicitations : par exemple, une fille propose à sa mère de garder ses propres enfants, un fils demande à son père de l’aider dans les travaux de sa maison ou encore un ami requiert de l’aide pour une association. Parallèlement, le décès du conjoint est un moment de restructuration des liens sociaux. Certains disparaissent : le repli sur soi qui caractérise la phase de deuil réduit les contacts et les relations antérieures ne parviennent pas toujours à se reconstruire sur des bases nouvelles (notamment les relations entretenues avec d’autres couples). A contrario, d’autres relations sont susceptibles de se développer : celles avec la famille, en particulier avec les enfants, peuvent se resserrer ; le réseau de sociabilité personnel peut être réactivé ou développé ; de nouvelles relations privilégiées peuvent apparaître. Sur ce point, une différence notable existe entre les hommes et les femmes : les veufs ont davantage tendance à trouver une nouvelle compagne, tandis que les veuves entretiennent plus fréquemment des relations amicales avec d’autres femmes – par exemple en partant en vacances avec une « amie de voyage » pour contourner la difficulté à partir seule [5].

8 Il faut insister sur la grande diversité dans les évolutions qui suivent le décès du conjoint. Elles vont du repli sur soi à l’ouverture sur autrui, de la réduction des activités au développement de centres d’intérêt nouveaux, et, d’un point de vue identitaire, du sentiment d’une amputation et d’un affaiblissement de soi à l’expression d’un certain renouveau. Le plus souvent, cependant, les transformations identitaires sont de faible ampleur et c’est la stabilité de l’identité qui prévaut. Tout d’abord, parce que les possibilités d’investissement dans de nouvelles activités – et donc d’expression de nouvelles potentialités de soi – sont d’autant moins nombreuses que le veuvage est tardif et que des conditions défavorables (des problèmes de santé, une baisse importante des revenus ou l’absence de moyen de déplacement, contraintes qui pèsent essentiellement sur les veuves) limitent la possibilité de nouveaux engagements. Par ailleurs, la stabilité identitaire renvoie à la forte présence du conjoint décédé : à travers différents objets qui le symbolisent ou qui évoquent la relation conjugale, dans les conversations et les souvenirs échangés avec la nouvelle conjointe ou l’amie veuve, parfois sous la forme d’un dialogue imaginaire entretenu avec lui, qui prolonge et se nourrit des interactions passées. Ainsi, le veuvage ne marque pas la fin du lien conjugal, mais sa reformulation. À travers le travail de la mémoire – qui n’est pas seulement mental, mais repose sur la manipulation d’objets matériels – s’établit un nouveau rapport avec le conjoint, qui est marqué le plus souvent par une grande proximité avec lui, y compris dans les cas de recomposition conjugale.

Entrer en maison de retraite

9 Dans les années 1960 et 1970, les travaux sur les structures d’hébergement pour personnes âgées ont, à la suite des analyses de Goffman sur les « institutions totalitaires » [7], souligné le processus de dépersonnalisation et les effets dévastateurs pour l’identité qui suivaient l’entrée en institution. Les travaux récents ont, dans un contexte marqué par un souci d’humanisation des établissements, por té une plus grande attention au point de vue des résidants et à la manière dont ils vivent cette transition. Ils ont notamment cherché à comprendre comment se construit la familiarité avec le nouvel environnement et de quelle manière les personnes qui entrent en institution gèrent leur identité dans ce nouveau contexte.

10 Le processus par lequel le monde étranger de la maison de retraite devient progressivement plus familier commence avant même l’installation, au moment du choix de l’établissement. En effet, les futurs résidants peuvent déjà connaître leur prochain lieu de vie. Celui-ci peut être situé dans leur quartier, ils peuvent en avoir déjà entendu parler, y avoir rendu visite à quelqu’un ou connaître, même indirectement, un membre du personnel. Ceux qui entrent dans un établissement avec lequel ils n’ont aucun lien, comme c’est souvent le cas lorsque le choix de la structure d’hébergement est fait pour se rapprocher d’un enfant, peuvent également développer un savoir préalable sur l’institution en se fondant sur les informations données par leurs enfants. La familiarisation se poursuit une fois que la personne s’est installée dans l’établissement : les membres du personnel fournissent de précieux points de repère ; les premières conversations avec les autres résidants, même si elles ne débouchent pas sur des relations approfondies, permettent au nouveau venu de situer les autres personnes, ce qui l’aide à s’orienter dans son nouvel environnement. Parallèlement, l’appropriation d’un lieu à soi en maison de retraite est plus facile aujourd’hui grâce à la création de chambres individuelles et à la possibilité de personnaliser sa chambre afin de recréer un chez-soi.

11 Cependant, comme le montre Isabelle Mallon, les résidants parviennent plus ou moins bien à se familiariser avec ce nouvel univers [6]. Certains, qui semblent avoir tourné la page de leur existence antérieure, trouvent leur équilibre en s’intégrant pleinement à l’institution, en épousant ses règles et ses rythmes, en participant aux animations proposées et en nouant des liens avec certains membres du personnel. D’autres, appartenant plutôt aux milieux culturellement favorisés et qui ont choisi d’entrer en maison de retraite dans le but de conserver leur autonomie (notamment par rapport à leurs enfants), font comme abstraction de la réalité institutionnelle et collective de l’établissement et parviennent à assurer une certaine continuité avec leur vie antérieure : investissant peu les parties communes, s’entourant de meubles et d’objets provenant de leur ancien logement et de photos de leurs proches, ils recréent dans leur chambre un monde personnel et ils cherchent à maintenir des contacts avec l’extérieur. D’autres enfin, qui ont le sentiment d’avoir été « placés », ne réussissent pas à trouver un nouvel équilibre et à recréer un chez-soi : ils conservent une forte nostalgie de leur ancienne vie, sombrent dans l’ennui et se réfugient dans leurs souvenirs et dans leurs rêves.

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12 Ceux qui entrent en maison de retraite se trouvent aussi confrontés au défi de maintenir leur identité dans un environnement marqué par la présence de personnes très âgées qui, pour une partie d’entre elles, sont physiquement ou mentalement déficientes. Ces personnes constituent une triple menace pour les résidants encore valides. Tout d’abord, elles sont l’image de ce qu’ils craignent de devenir. Ensuite, en vivant dans le même établissement, le risque existe d’être confondu avec elles. Enfin, les situations de coprésence avec ces personnes qui ne parviennent plus toujours à respecter les règles de base des interactions sont potentiellement problématiques. Face à ces multiples dangers, ceux qui sont encore valides mettent en œuvre des stratégies d’évitement visant à limiter les contacts dangereux. Ainsi, lorsque les personnes les plus handicapées sont installées dans les espaces collectifs, devant la télévision de la salle commune ou dans les couloirs, les plus valides se replient sur leur espace privé.

Les transformations et tensions iden titaires du grand âge [8]

13 L’étude des transitions biographiques qui jalonnent l’avancée en âge mérite d’être complétée par une autre approche, qui s’efforce de cerner les changements plus diffus, plus progressifs qui se produisent au cours du vieillissement, au fur et à mesure que les personnes se trouvent confrontées à des contraintes et des difficultés nouvelles : une fatigue plus prégnante ; des problèmes de santé et des limitations fonctionnelles ; une conscience accrue de leur finitude ; la disparition d’une partie de leurs contemporains ; une attitude surprotectrice des proches ; un monde extérieur de moins en moins accueillant, dans lequel elles sont exposées aux manifestations variées de l’âgisme (remarques peu amènes sur leur âge ou sur leur lenteur, qui perturbe les flux automobile et piétonnier ; absence ou insuffisance d’aménagements urbains – comme les bancs publics – qui rend difficiles les sorties). Ces difficultés croissantes qui se font jour avec l’âge conduisent à une progressive transformation du rapport à soi et au monde dont nous allons explorer trois manifestations : le processus de déprise des activités, qui nous amènera à souligner l’enjeu, pour les plus âgés, de la conservation de prises sur le monde ; le phénomène d’étrangeté croissante du monde, qui pose la question du maintien d’espaces de familiarité avec lui ; les tensions de l’identité – entre « être » et « avoir été », entre « devenir vieux » et « être vieux » – qui montrent comment les personnes très âgées cherchent à préserver le sentiment de leur propre valeur.

Au cœur du vieillissement, la déprise

14 Différents concepts ont récemment été élaborés pour appréhender le vieillissement au grand âge, comme ceux de « fragilité » [7] ou de « vulnérabilité » [8]. Nous présenterons ici celui de « déprise », que l’on doit à une équipe de sociologues toulousains qui, autour de Serge Clément et de Marcel Drulhe [9], ont réactualisé la théorie dite « du désengagement » [9] tout en corrigeant ses aspects les plus contestables.

15 La déprise peut être définie comme le processus de réaménagement de la vie qui se produit au cours de l’avancée en âge, au fur et à mesure que les personnes qui vieillissent sont confrontées aux difficultés croissantes que nous avons énoncées plus haut. Ce réaménagement de l’existence est marqué par l’abandon de certaines activités et de certaines relations, mais il ne s’y résume pas. En effet, les activités et les relations délaissées sont susceptibles d’être remplacées par d’autres qui exigent moins d’efforts. Ainsi, la déprise consiste, pour les personnes qui vieillissent, à poursuivre certaines de leurs activités antérieures sur une plus petite échelle : elles continuent à conduire, mais plus sur de longs trajets ; celle qui avait un jardin potager réduit peu à peu la surface cultivée, puis y renonce pour prendre soin de quelques plantes ; celle qui a été une parfaite ménagère tout au long de sa vie – et qui était fière de bien « tenir sa maison » – en vient à déléguer certaines tâches tout en s’efforçant d’en conserver quelques-unes sur lesquelles elle se concentre ; telle autre, qui allait régulièrement à la messe, la regarde désormais à la télévision. La déprise est ainsi un processus actif à travers lequel les personnes qui vieillissent mettent en œuvre des stratégies de reconversion de leurs activités, de manière à s’économiser et afin de continuer à faire ce qui a le plus de signification à leurs yeux.

16 Le concept de déprise présente le grand intérêt de décrire un mouvement général – un mouvement de reconversion sur fond de réduction des activités – et d’étudier de quelle manière il se décline en fonction des contextes physiologiques et sociaux, très divers, dans lesquels s’inscrivent les trajectoires individuelles de vieillissement. La déprise, en effet, se produit sous l’effet de certains « déclencheurs » et ce sont ces déclencheurs qu’il convient d’analyser avec la plus grande attention. On peut en signaler quatre. Citons, tout d’abord, les problèmes de santé et les déficiences physiques, en insistant sur le fait qu’il convient non pas de les envisager comme des déclencheurs purement personnels de la déprise, mais de les appréhender dans leur rapport à l’environnement. Car être en « prise » sur le monde suppose une adéquation avec l’environnement matériel, et c’est parfois l’incompatibilité entre les compétences physiques et l’environnement qui provoque la déprise : pensons, par exemple, aux difficultés que certaines personnes âgées éprouvent pour monter dans les bus, difficultés qui peuvent les amener à abandonner certaines de leurs activités extérieures. Deuxième déclencheur de la déprise : la fatigue, le manque d’envie, le sentiment de ne plus pouvoir suivre qu’expriment des personnes âgées qui peuvent être en bonne santé physique et mentale. En troisième lieu, la déprise provient de la raréfaction des « opportunités d’engagement ». On observe un tel phénomène au moment de la disparition de proches, notamment après le décès du conjoint, car ces disparitions ont pour conséquence l’abandon des activités qui étaient réalisées en commun et qu’il n’est pas facile de remplacer. On l’observe également lorsque les petits-enfants deviennent adolescents, puis adultes et sollicitent moins souvent leurs grands-parents. En quatrième lieu, les interactions avec les proches sont parfois décisives pour provoquer l’arrêt de certaines activités : c’est le cas notamment de la conduite automobile lorsque les enfants craignent un accident et incitent leur parent âgé à ne plus conduire. Et les interactions avec des anonymes, vécues comme potentiellement dangereuses, physiquement et symboliquement, peuvent conduire à des stratégies d’évitement de l’espace public. La déprise est ainsi un processus actif à travers lequel les personnes qui vieillissent mettent en œuvre des stratégies d’adaptation, de manière à conserver aussi longtemps que possible des activités qui font sens pour elles. L’enjeu de la déprise consiste ainsi à maintenir des « prises » signifiantes sur le monde.

17 La déprise est loin d’être un processus uniforme. Ceux qui cumulent les difficultés (problèmes de santé, moindres opportunités d’engagement, inquiétude des proches) sont contraints à des réaménagements de plus en plus importants de leur existence. L’abandon d’activités à leurs yeux essentielles (par exemple, ne plus pouvoir sortir de chez soi pour sa promenade quotidienne) fait que l’ennui envahit leur quotidien. Pour ceux qui, à l’inverse, conservent une bonne condition physique et des opportunités d’engagement, la déprise prend davantage la forme d’une reconversion d’activités, comme l’illustrent certaines carrières politiques ou artistiques prolongées. Ces différences ne tiennent pas seulement à l’équipement « personnel » de l’individu (son état de santé ou ses capacités d’adaptation), mais aussi aux caractéristiques de ses « entours sociaux » (un environnement matériel plus ou moins compatible avec les déficiences physiques ; l’aménité ou la rudesse des interactions dans l’espace public ; l’existence ou non de sollicitations qui lui sont adressées ; l’attitude de ses proches, plus ou moins soucieux de préserver son autonomie).

L’étrangeté au monde

18 Plusieurs auteurs ont souligné combien l’appartenance au monde devient problématique avec l’avancée en âge : les personnes très âgées ont souvent le sentiment qu’elles n’ont plus vraiment leur place dans la société d’aujourd’hui et éprouvent des difficultés croissantes à comprendre cet univers qui tend à ne plus les comprendre [10]. Parmi divers témoignages provenant d’entretiens de recherche ou encore de journaux d’écrivains très âgés, citons ces propos de Claude Lévi-Strauss qui déclarait, alors qu’il était âgé de 96 ans : « Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai connu, celui que j’ai aimé, avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien » (Le Monde, 22 février 2005).

19 Cette difficulté à adhérer à la société actuelle se forge à travers une pluralité de mécanismes : la disparition des contemporains qui ont traversé les mêmes époques que soi, avec lesquels il existait une connivence et qui, comme l’écrit Serge Clément, « vous comprenaient à demi-mot » ; l’éloignement des petits-enfants, engagés dans leur vie d’adulte ; les transformations de l’environnement (évolutions technologiques, passage à l’euro, changements dans les filières scolaires et universitaires qui rendent difficile l’identification des études suivies par les petits-enfants ou arrière-petits-enfants) ; l’abandon d’activités (comme la conduite automobile) qui donnaient le sentiment de rester en prise sur le monde ; la diffusion par les médias de programmes avec lesquels les plus âgés se sentent en décalage et qui leur donnent le sentiment d’appartenir à une autre époque (c’est le cas, notamment, des émissions de variétés lorsque s’y produisent des artistes de fraîche date, qu’ils ne connaissent pas, ou encore des films récents dont ils condamnent les scènes de violence et de sexe).

20 Confrontés à cette étrangeté croissante du monde, les personnes qui vieillissent mettent en œuvre diverses stratégies afin de recréer de la familiarité avec leur environnement. La première consiste à lutter contre cette étrangeté. C’est ainsi que l’on rencontre des personnes qui se sont converties aux nouvelles technologies afin de « rester dans la course ». La seconde stratégie consiste à se replier sur un espace proche, familier et sécurisant, qui fait pièce à l’étrangeté et à l’insécurité du monde extérieur. Cet espace est celui du chez-soi. Beaucoup de personnes très âgées valorisent fortement leur domicile qui est, pour reprendre la formule de Bernadette Veysset [10], à la fois un repaire et un repère : un repaire où elles se sentent protégées des agressions extérieures ; un repère identitaire (le domicile symbolise la personne dans sa continuité), spatial (il est un espace familier, intimement approprié, dont l’usage se trouve fortement ancré dans les habitudes corporelles) et temporel (car il est chargé de souvenirs). Les objets de l’environnement domestique jouent alors un rôle majeur : par leur présence, ils assurent la permanence du monde qui entoure l’individu et lui permettent ainsi de pérenniser un sentiment de stabilité alors qu’à l’extérieur, tout se transforme. Comme nous l’avons signalé plus haut, c’est d’ailleurs en s’entourant d’objets matériels – meubles et bibelots familiers, photographies de ses proches, vivants ou disparus – que les personnes qui entrent en maison de retraite parviennent parfois à recréer un « chez-soi » et à retrouver un certain équilibre [6].

Les tensions de l’identité au grand âge

21 Ces transformations dans le rapport au monde ont des répercussions sur le rapport à soi. On peut ainsi considérer que l’identité au grand âge se trouve traversée par deux grandes tensions.

22 La première tension – entre « être » et « avoir été » – renvoie à la question de savoir dans quel espace temporel les personnes très âgées peuvent ancrer le sentiment de leur propre valeur – leur « estime de soi » – afin d’établir un rapport positif à elles-mêmes. Certaines personnes, nous l’avons vu, continuent d’avoir des engagements et des responsabilités jusqu’à un âge avancé, qu’elles peuvent alors mettre en avant pour se définir. Tel est le cas, bien sûr, de ceux dont la carrière – artistique, politique, intellectuelle – se poursuit et qui bénéficient de sollicitations multiples. L’ancrage identitaire dans le présent peut cependant prendre appui sur des réalisations apparemment bien modestes – comme continuer à faire son ménage ou parvenir à monter à l’étage plusieurs fois par jour. Il faut souligner, en effet, que le jugement que les vieilles personnes portent sur elles-mêmes se forge aussi à travers la comparaison qu’elles établissent avec des gens du même âge et que, de ce point de vue, la stratégie du « contraste descendant » – la comparaison avec quelqu’un que l’on juge moins bien que soi – est, de loin, la plus fréquente des stratégies de comparaison avec autrui utilisées par les personnes âgées [11]. Cependant, lorsque les engagements présents s’étiolent, le passé devient le principal point d’appui pour sauvegarder le sentiment de sa propre valeur. Cette valorisation de soi s’enracine dans les engagements marquants de l’existence et, au-delà, prend la forme d’une identification à la société d’autrefois, qui se trouve valorisée au détriment de celle d’aujourd’hui, jugée de manière beaucoup moins favorable. La télévision constitue ici un auxiliaire précieux. D’un côté, certains programmes (de vieux films, les émissions de variétés destinées aux téléspectateurs âgés comme l’était La chance aux chansons, de Pascal Sevran) constituent de formidables machines à remonter le temps et ouvrent sur les plaisirs de la reviviscence. D’un autre côté, d’autres programmes (qui, par exemple, mettent en scène les mœurs familiales contemporaines) leur donnent l’occasion de condamner moralement la société d’aujourd’hui, de réaffirmer ainsi leurs valeurs morales et de préserver la valeur de leur être social [11]. Signalons enfin que d’autres sources de valorisation permettent d’associer le présent et le passé – ce que l’on est et ce que l’on a été. Par exemple, le recours à la valorisation indirecte de soi, à travers les succès de ses enfants ou de ses petits-enfants, signe la réussite de sa propre existence. De même, la sollicitude de son entourage familial contribue à la valorisation de soi puisqu’elle est la preuve que l’on compte pour ses proches.

23 Une autre tension identitaire apparaît à propos du positionnement adopté, au grand âge, par rapport à la vieillesse. En effet, lorsqu’on analyse les propos tenus par des octogénaires et des nonagénaires, on note que les uns considèrent qu’ils « deviennent vieux », sans l’être encore, alors que d’autres reconnaissent que désormais ils « sont » vieux. Ces deux modes de définition de soi renvoient à deux manières d’établir le lien entre le présent et le passé, et de se projeter dans l’avenir. D’un côté, ceux qui affirment qu’ils ne se sentent pas vieux tiennent un discours qui établit une continuité avec le passé : ils n’ont pas le sentiment qu’il existe une rupture radicale entre ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été. « Ça continue comme avant, malgré les difficultés » : tel est le leitmotiv de ces discours. Parallèlement, ils peuvent se projeter dans un avenir de « vieux » très différent de la réalité actuelle. De l’autre, ceux qui reconnaissent qu’ils sont vieux ont le sentiment d’une rupture dans leur existence – qu’ils parviennent souvent à dater – et d’être devenus autres qu’ils étaient. Le leitmotiv est ici : « Maintenant, je ne suis plus comme avant ». Et, n’attendant plus aujourd’hui que la mort, ils ne se projettent pas dans un avenir différent du présent. Cette définition subjective de soi n’est pas dans une relation mécanique avec la situation objective de la personne : chacun élabore, à partir de sa situation présente et de son histoire, une mise en récit singulière de son vieillissement. Aussi longtemps que possible, les personnes qui vieillissent préfèrent se définir à distance de l’identité stigmatisée de « vieux » dans laquelle elles refusent de se laisser enfermer. Elles s’appuient alors sur des éléments très divers (telle activité qu’elles continuent à pratiquer, une santé relativement bonne, des facultés intellectuelles préservées, un caractère inentamé, un intérêt maintenu pour l’actualité, etc.) pour établir une continuité avec leur passé. En tendance, cependant, la définition de soi comme « vieux » est d’autant plus probable que les changements objectifs sont importants et que la déprise est forte. Certains événements marquent plus particulièrement l’entrée dans l’« être vieux » : le manque d’envie, une hospitalisation, l’aggravation d’un problème de santé, le décès d’un proche – conjoint ou descendant – ou encore une date anniversaire marquant le passage à la dizaine supérieure.

24 Soulignons, pour conclure, l’enjeu social d’une meilleure connaissance du processus de vieillissement, notamment au grand âge. On peut en effet considérer, à l’instar de Paul Baltes [12], que les personnes très âgées ont, d’un côté, un ennemi – leur équipement biologique, qui se dégrade au cours du temps – et, de l’autre, un possible allié – l’environnement social et culturel qui peut, non seulement contribuer à leur assurer des conditions d’existence plus favorables, mais aussi les aider à donner du sens à ce qu’elles vivent. De ce point de vue, les connaissances sur le vieillissement au grand âge concourent à l’élaboration d’une « culture du vieillissement » : elles constituent des ressources culturelles pour ceux qui vieillissent, susceptibles de leur permettre de mieux affronter les épreuves qui jalonnent l’avancée en âge. Une telle culture du vieillissement peine cependant à émerger aujourd’hui, à la fois parce que l’augmentation des chances d’atteindre la grande vieillesse est très récente et parce que la force de la représentation jeuniste de l’avancée en âge conduit à envisager le vieillissement comme un phénomène contre lequel il faut lutter plutôt que comme une réalité qu’il est nécessaire de penser afin de mieux la vivre. L’enjeu n’est pas mince, cependant, à l’heure où le nombre de personnes de plus de 85 ans devrait être multiplié par quatre d’ici 2050. //

Bibliographie

  • [1]
    CARADEC V., Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Paris, Armand Colin, 2008.
  • [2]
    CARADEC V., Vieillir après la retraite. Approche sociologique du vieillissement, Paris, Puf, 2004.
  • [3]
    GUILLEMARD A.-M., La Retraite, une mort sociale, Paris, Mouton, 1972.
  • [4]
    DELBES C., GAYMU J., La Retraite quinze ans après, Paris, INED, 2004.
  • [5]
    CARADEC V., PETITE S., VANNIENWENHOVE T., Quand les retraités partent en vacances, Villeneuve d’Ascq, PU du Septentrion, 2007.
  • [6]
    MALLON I., Vivre en maison de retraite. Le dernier chez-soi, Rennes, PU de Rennes, 2005.
  • [7]
    LALIVE D’EPINAY C., SPINI D. (ET COLL.), Les Années fragiles. La vie au-delà de quatre-vingts ans, Québec, PU de Laval, 2008.
  • [8]
    BOUISSON J., Le Syndrome de vulnérabilité, Paris, Lavoisier, 2008.
  • [9]
    BARTHE J.-F., CLÉMENT S., DRULHE M., « Vieillesse ou vieillissement ? Les processus d’organisation des modes de vie chez les personnes âgées », Les Cahiers de la Recherche sur le Travail Social, n° 15, Caen, p. 11-31, 1988.
  • [10]
    VEYSSET B., (AVEC DEREMBLE J.-P.), Dépendance et Vieillissement, Paris, L’Harmattan, 1989.
  • [11]
    CARADEC V., « La Télévision, analyseur du vieillissement », Réseaux, vol. 21, n° 119, 2003.

Notes

  • [1]
    Berger (Peter), Luckmann (Thomas), La construction de la réalité sociale, Paris, Armand Colin, 2006 (1re édition américaine, 1966) ; Schütz (Alfred), Le chercheur et le quotidien, Paris, Méridiens Klincksieck, 1987.
  • [2]
    Martuccelli (Danilo), Singly (François de), Les Sociologies de l’individu, Paris, Armand Colin, 2009.
  • [3]
    Ces changements en cours tiennent à la conjonction de plusieurs phénomènes : réformes des retraites, volonté politique affichée de rompre avec la culture de la sortie précoce du monde du travail, arrivée prochaine à la retraite de personnes ayant connu des trajectoires professionnelles discontinues.
  • [4]
    Parant (Alain), « Longévité et retraite », Population et Sociétés, n° 310, 1996.
  • [5]
    Crenner (Emmanuelle), « Etre retraité : tourner la page du travail », Insee Première, n° 979, 2004.
  • [6]
    Delbès (Christiane), Gaymu (Joëlle), « Passé 60 ans : de plus en plus souvent en couple ? », Population et Sociétés, n° 389, 2003.
  • [7]
    Goffman (Erving), Asiles, Paris, Minuit, 1968.
  • [8]
    Le « grand âge » est bien sûr une catégorie fort imprécise. Sans vouloir en donner une borne chronologique qui n’aurait pas grand sens dans la perspective développée ici, on peut indiquer que les analyses reposent sur des enquêtes réalisées, pour l’essentiel, auprès de personnes âgées de plus de 80 ans.
  • [9]
    Cumming (Elaine), Henry (William), Growing Old. The Process of Disengagement, Basic Books, New York, 1961.
  • [10]
    Pour reprendre et retourner une formule de Pascal qu’affectionnait Pierre Bourdieu : « Le monde me comprend, mais je le comprends ».
  • [11]
    Beaumont (J. Graham), Kenealy (Pamela) , « Quality of Life of Healthy Older People : Residential Setting and Social Comparison Processes », Growing Older Program Findings, n° 20, 2003.
  • [12]
    Baltes (Paul), « L’avenir du vieillissement d’un point de vue psychologique : optimisme et tristesse », in Dupâquier (Jacques) (ed), L’espérance de vie sans incapacités, PUF, Paris, 1997.
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