Notes
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[1]
Le projet a bénéficié d’un partenariat avec les Observatoires de la vie étudiante du site et du recrutement d’un ingénieur statisticien. À l’origine, la consultation des documents numériques devait faire partie de l’étude, mais il s’est avéré impossible de récupérer les données de connexion. Cette dimension est traitée par le projet EzPaarse, encore en développement. Une étude anglaise analogue à celle de Toulouse agrège 3 types de données : les entrées à la BU, les emprunts et la consultation de documents en ligne. https://library3.hud.ac.uk/blogs/lidp
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[2]
À l’exclusion des études de santé
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1Les bibliothèques sont productrices de données et rompues à leur analyse pour mesurer leur activité, leurs performances et la qualité de leurs prestations. Ces évaluations visent à apprécier leurs résultats et à améliorer leurs services aux utilisateurs. Mais l’analyse reste généralement centrée sur les processus internes à la structure et n’aborde pas l’impact de la bibliothèque et de ses services sur l’usager.
2Si les deux missions premières de l’université sont la recherche et la formation, peut-on mesurer la valeur apportée par une bibliothèque universitaire ? Quel impact a-t-elle sur la performance de la recherche et sur la réussite des étudiants ? C’est à la question de l’impact sur la réussite des étudiants que nous avons voulu répondre, à Toulouse.
Méthodes
3On a rapproché deux types de données - les emprunts des étudiants et la réussite aux examens de ces mêmes étudiants [1] - et retenu les principes suivants :
- centrer l’analyse sur les étudiants des 3 années du cycle Licence générale [2], là où la question de la réussite est la plus cruciale, pour 4 établissements, soit les données de 23 351 étudiants ;
- inclure l’ensemble des variables pouvant déterminer la réussite, au-delà de l’emprunt : genre, année et type de baccalauréat, CSP des parents, boursier, salarié, type de logement, etc.
4La méthode statistique employée, la régression logistique, calcule l’influence de chacune de ces variables indépendamment de toutes les autres variables du modèle. L’effet observé, purgé des effets des autres variables, n’est pas dû à une corrélation avec une autre variable du modèle : c’est son effet propre.
Résultats
5L’analyse des déterminants de l’emprunt, du non lecteur au fort lecteur, souligne les différences de comportement selon la discipline (les étudiants lisent beaucoup en histoire et géographie mais peu en LEA), le niveau d’études (l’emprunt augmente fortement avec le niveau), le genre, le parcours, etc. Ces résultats, connus depuis une étude menée en 2011 [3], ont bénéficié ici d’un meilleur traitement statistique et de l’inclusion de variables non présentes dans le système des bibliothèques, ce qui a apporté des informations inédites : les étudiants ayant eu leur baccalauréat à l’étranger, les étudiants en reprise d’étude et les boursiers empruntent plus que les autres étudiants, toutes choses égales par ailleurs.
6Mais la valeur de la bibliothèque réside surtout dans l’étude de la réussite en licence, et les résultats sont sans appel [4] : les étudiants qui empruntent sont ceux qui réussissent et, parmi les emprunteurs, ceux qui empruntent le plus sont ceux qui réussissent le plus, indépendamment de toutes les autres variables du modèle. Pour éviter les biais liés au phénomène du décrochage (un étudiant qui a décroché est a priori un lecteur inactif), on a réalisé un focus sur deux sous-populations : les forts lecteurs (+ de 10 emprunts/an) par rapport aux lecteurs moyens, et les étudiants de L3 où la question du décrochage se pose très peu. Dans ces deux groupes, ceux qui lisent le plus réussissent mieux que les autres. On a démontré aussi que les étudiants qui empruntent régulièrement tout au long de l’année réussissent mieux que ceux qui concentrent leurs efforts sur la période précédant les examens, etc.
Bilan
7Par rapport à d’autres secteurs professionnels recourant à des analyses statistiques, les bibliothèques, en coopération avec d’autres services de l’université, disposent d’un nombre exceptionnel de données. La collaboration avec des statisticiens est féconde, même si elle conduit à des questions restant sans réponse : le travail en bibliothèque et la lecture de documents sont-ils des conditions de la réussite, ou de simples marqueurs de l’engagement des étudiants ? Peu importe, puisque les données sont là et résistent : un étudiant qui fréquente la bibliothèque est un étudiant qui réussit ses examens.
Notes
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[1]
Le projet a bénéficié d’un partenariat avec les Observatoires de la vie étudiante du site et du recrutement d’un ingénieur statisticien. À l’origine, la consultation des documents numériques devait faire partie de l’étude, mais il s’est avéré impossible de récupérer les données de connexion. Cette dimension est traitée par le projet EzPaarse, encore en développement. Une étude anglaise analogue à celle de Toulouse agrège 3 types de données : les entrées à la BU, les emprunts et la consultation de documents en ligne. https://library3.hud.ac.uk/blogs/lidp
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À l’exclusion des études de santé
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