Hypothèses 2010/1 13

Couverture de HYP_091

Article de revue

La pudeur, une clé de lecture du mariage grec ancien ?

Pages 141 à 153

Notes

  • [*]
    Allocataire-monitrice à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle prépare une thèse intitulée Aspects du visible et de l’invisible dans la cité grecque de l’époque archaïque à l’époque hellénistique, sous la direction de P. Schmitt Pantel et F. Lissarrague.
  • [**]
    Toutes les dates citées sont avant J.-C. Liste des abréviations : ABL = C.H. Haspels, Attic black-figured Lekythoi, Paris, 1936 ; ABV = J. Beazley, Attic black-figure vase-painters, Oxford, 1956 ; ARV2 = J. Beazley, Attic red-figure vase-painters, Oxford, 2e édition 1963 ; Para = J. Beazley, Paralipomena. Additions to Attic black-figure vase-painters and to Attic red-figure vase-painters, Oxford, 1971 ; CVA = Corpus vasorum Antiquorum ; LIMC = Lexicon iconographicum mythologiae classicae, Zurich, 1981-1997.
  • [1]
    Xénophon, L’Économique, VII, 10.
  • [2]
    E. Benvéniste, Le Vocabulaire des institutions indo-européennes. I, Paris, 1969, p. 239.
  • [3]
    Aristote, Politique, 1253b9-10. J. Modrzedewski, « La structure juridique du mariage grec », dans Scritti in onore di Orsolina Montevecchi, E. Bresciani, G. Geraci, S. Pernigotti et G. Susini dir., Bologne, 1991, p. 231-268 ; C. Patterson, « Marriage and the Married Woman in Athenian Law », dans Women’s History and Ancient History, S. Pomeroy éd., Chapel Hill, 1991, p. 48-60.
  • [4]
    G. Ferrari, « Figures of Speech : the Picture of Aidôs », Mètis, 5 (1990), p. 188, 191 ; D. Cairns, Aidôs. The psychology and ethics of honour and shame in ancient Greek literature, Oxford, 1993, p. 5-10 ; J. Rudhardt, « Quelques remarques sur la notion d’aidôs », dans Kêpoi. Mélanges offerts à A. Motte, É. Delruelle et V. Pirenne Delforge éd., Liège, 2001, p. 3, 17.
  • [5]
    R. Sutton, The Interaction between Men and Women Portrayed on Attic Red-Figure Pottery, Chapel Hill, 1981, p. 182 ; F. Lissarrague, « Femmes au figuré », dans Histoire des femmes en Occident. I, L’Antiquité, G. Duby et M. Perrot dir., Paris, 1991, p. 162 ; J. Winkler, Désir et contraintes en Grèce ancienne, Paris, 2005, p. 308 (1re éd. 1990) ; L. Bruit Zaidman et P. Schmitt Pantel, « L’Historiographie du genre : état des lieux », dans Problèmes du genre en Grèce ancienne, V. Sébillotte Cuchet et N. Ernoult dir., Paris, 2007, p. 44-45.
  • [6]
    Les types de scènes représentées sont peu nombreux, et aucune ne représente le banquet de noces comme l’a montré F. Lissarrague, « Le banquet impossible », dans La Sociabilité à table, M. Aurell, O. Dumoulin et F. Thélamon éd., Rouen, 1992, p. 54-64. L’intimité de la toilette des mariés n’est également pas représentée, cf. V. Sabetai, The Washing Painter : a Contribution to the Wedding and Genre Iconography in the Second half of the fifth century B.C., Cincinnati, 1993, p. 64-66 ; F. Lissarrague, « Regards sur le mariage grec », dans Silence et fureur, O. Cavalier éd., Avignon, 1996, p. 426 ; V. Sabetai, « Aspects of Nuptial and Genre Imagery in Fifth-Century Athens : Issues of Interpretation and Methodology », dans Athenian Potters and Painters. The Conference Proceedings, J. Oakley, W. Coulson et O. Palagia éd., Exeter, 1997, p. 321.
  • [7]
    D. Cairns, « Introduction », dans Body Language in the Greek and Roman Worlds, id. éd., Swansea, 2005, p. IX.
  • [8]
    Aristote, Rhétorique, II, 6, 1384a34. D. Cairns, Aidôs…, op. cit., p. 186 ; F. Frontisi Ducroux, Du Masque au visage. Aspects de l’identité en Grèce ancienne, Paris, 1995, p. 26-28.
  • [9]
    G. Ferrari, « Figures… », art. cité, p. 190 ; E. Reeder, « Aidôs and Sophrosynè », dans Pandora. Women in Classical Greece, ead. dir., Baltimore-Princeton, 1995, p. 123 ; L. Llewellyn-Jones, Aphrodite’s Tortoise. The veiled Woman of Ancient Greece, Swansea, 2003, p. 158.
  • [10]
    Loutrophore attique, Copenhague, Musée national, 9080 ; peinture de Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/75 ; CVA Copenhague 8, pl. 341.2A, 341.2B, 341.2C, 342.1A, 342.1B. Il existe dix-neuf vases présentant ce type de scènes répartis sur tout le ve siècle.
  • [11]
    Voir notamment I. Jenkins, « Is there Life after Marriage ? A Study of the Abduction Motif in vase Paintings of the Athenian Wedding Ceremony », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 30 (1983), p. 140.
  • [12]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros, Desire, and the Gaze », dans Sexuality in Ancient Art, Near East, Egypt, Greece, and Italy, N. Kampen éd., Cambridge, 1996, p. 84.
  • [13]
    Euripide, Hécube, 974-975.
  • [14]
    Pyxide attique à trois pieds, Varsovie, Musée national 142319 ; c. 500 ; CVA Varsovie 1, pl. 16-1. Six autres vases suivent cette composition.
  • [15]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 90. La présence d’Aphrodite élève l’atmosphère érotique, en figurant le désir sexuel, cf. V. Sabetai, The Washing painter…, op. cit., p. 33.
  • [16]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 83 ; D. Cairns, Aidôs, op. cit., p. 307.
  • [17]
    Loutrophore attique, Amsterdam, Allard Pierson Museum 3495 ; peintre Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/76 ; CVA La Haye 1, pl. 2.1-2. Vingt-sept vases, répartis sur tout le ve siècle, présentent ce type de scènes avec une concentration dans l’œuvre du peintre des baigneuses.
  • [18]
    M. Blech, Studien zum Kranz bei den Griechen, Berlin, 1982, p. 27-145.
  • [19]
    L. Bruit Zaidman, « Les filles de Pandore. Femmes et rituels dans la cité », dans Histoire des femmes en Occident. I, op. cit., p. 387.
  • [20]
    Loutrophore attique, Athènes 1174 (CC1224) ; peintre des baigneuses ; c. 430 ; ARV2 1127/15 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding in Ancient Athens, Madison, 1993, fig. 85. Cette catégorie compte six vases, tous du peintre des baigneuses.
  • [21]
    R. Sutton, « Nuptial Eros : The Visual Discourse of Marriage in Classical Athens », The Journal of the Walters art Gallery, 55/56 (1997-1998), p. 28, 32-33. Voir également V. Sabetai, The Washing painter…, op. cit., p. 32 (n. 112), 92 ; M. Baggio, I gesti della Seduzione. Tracce di communicazione non-verbale nella ceramica greca tra VIe?IVe sec. a. C., Rome, 2003, p. 11, n. 77 parle de « réciprocité des sentiments ».
  • [22]
    F. Frontisi Ducroux et F. Lissarrague, « Char, Mariage et Mixité. Une Métaphore Visuelle », dans Reading’ Ancient Greek Images : Approaches and Modes of Perception, D. Yatromanolakis éd., p. 89-99, à paraître.
  • [23]
    A. Greifenhagen, Griechische Eroten, Berlin, 1957, p. 27 ; Z. Papadopoulou et V. Pirenne Delforge, « Inventer et réinventer l’aulos : autour de la XIIe Pythique de Pindare », dans Chanter les dieux. Musique et religion dans l’Antiquité grecque et romaine, P. Brulé et C. Vendries éd., Rennes, 2001, p. 37-58.
  • [24]
    Frg. de loutrophore attique, Oxford, Ashmolean Museum 1966.888 ; c. 420 ; LIMC Eros 639 C. Voir également Skyphos attique, Boston, MFA 13.186 ; Macron ; 500-460 ; ARV2 458/1 ; Frg. de loutrophore attique, Tampa, Museum of Art 86.78 ; 425-400 ; associé au peintre des baigneuses ; R. Sutton, « Nuptial Eros… », art. cité, fig. 14.
  • [25]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 90 ; G. Ferrari, « Figures… », art. cité, p. 200.
  • [26]
    R. Buxton, « Le voile et le silence dans Alceste », Cahiers du Gita, 3 (oct. 1987), p. 167-178 ; F. Gherchanoc, « Le(s) voile(s) de mariage. Le cas particulier des anakaluptêria », Mètis, nouvelle série, 4 (2006), p. 253-254.
  • [27]
    E. Reeder, Pandora…, op. cit., p. 125.
  • [28]
    L. Llewellyn-Jones, « Introduction », dans Women’s dress in the Ancient Greek World, id. éd., Londres, 2002, p. VII-XV ; F. Gherchanoc et V. Huet, « S’habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome. Pratiques politiques et culturelles du vêtement. Essai historiographique », Revue historique, 641 (2007), p. 10-13, 18.
  • [29]
    A. Geddes, « The Costume of Athenian Men in the Fifth Century », Classical Quarterly, nouvelle série, 37-2 (1987), p. 307-308 ; R. Sutton, « On the Classical Wedding. Two Red-Figured Loutrophoroi in Boston », dans Daidalikon. Studies in Memory of Raymond V. Schoder, id. éd., Wauconda, 1989, p. 347.
  • [30]
    Loutrophore attique, Boston, Museum of Fine Arts 03.802 ; c. 425 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 1, 105-107.
  • [31]
    A.G. Geddes, « The Costume… », art. cité, p. 319-324.
  • [32]
    G. Losfeld, L’Art grec et le vêtement, Paris, 1994, p. 432 : les plis des manteaux sont travaillés pour mettre en relief la beauté vigoureuse des poitrines nues.
  • [33]
    G. Ferrari, Figures of Speech. Men and Maiden in ancient Greece, Chicago, 2002, p. 121-124 ; V. Sebillotte Cuchet, « Représenter les sexes. Images et genres dans l’Antiquité grecque », Perspectives, 4 (2007), p. 638.
  • [34]
    Loutrophore attique, Toronto, Royal Ontario Museum 635 (929.22.3) ; Polygnote ; c. 430 ; ARV2 1031.51 ; J.H. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 82-84. Voir également loutrophore attique, Pirée, Musée ; peintre des baigneuses ; c. 420 ; ?. ???????????, ?? ???????????? ??????? ????????, Athènes, 2001, fig. 178?179 ; hydrie attique, Athènes, musée Bénaki 29753 ; successeur tardif du peintre des baigneuses ; 420-405 ; CVA Athènes, musée Bénaki, pl. 17-18.
  • [35]
    W. Lacey, The Family in Classical Greece, Londres, 1968, p. 119, n° 24 ; P. Schmitt Pantel, « Athéna Apatouria et la ceinture. Les aspects féminins des Apatouries d’Athènes », Annales ESC, 32 (1977), p. 1063-1065, repris dans ead., Aithra et Pandora. Femmes, genre et Cité dans la Grèce antique, Paris, 2009, p. 70-72 ; V. Sabetai, « Aspects of Nuptial and Genre Imagery… », art. cité, p. 321-328.
  • [36]
    Hésiode, Les Travaux et les Jours, 373-375, 703-705 ; M. Bennett, Belted Heroes and Bound Women, Oxford, 1997, p. 139-140.
  • [37]
    Eschyle, Agamemnon, 1178-1179.
  • [38]
    M. Nagler, « Towards a Generative View of the Oral Formula », Transactions of the American Philological Association, 98 (1967), p. 298-299, 304 ; D. Armstrong et E. Ratchford, « Iphigeneia’s Veil : Aeschylus, Agamemnon 228-48 », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 32 (1985), p. 2 et 6 ; A. Dipla, « Helen, the Seductress ? », dans Greek Offerings. Essays on Greek Art in honour of John Boardman, O. Palagia éd., Oxford, 1997, p. 121.
  • [39]
    Amsterdam 3495. Voir n. 17. Le total de ce type de tenue du manteau enveloppant est de vingt-quatre vases essentiellement en figures rouges (quatre en figures noires).
  • [40]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 73. Le manteau est une façon normale de représenter la déesse Aidôs : Hésiode, Les Travaux et les Jours, 197-201 ; Pausanias, III, 20, 10-11.
  • [41]
    H. Van Wees, « Clothes, class, and gender in Homer », dans Body Language in the Greek and Roman Worlds, D. Cairns éd., Swansea, 2005, p. 19 ; M. Stansbury?O’Donnel, Vase Painting, Gender, and Social Identity in Archaic Athens, Cambridge, 2006, p. 226.
  • [42]
    Cette image de la femme aux appétits sexuels insatiables est ancienne : Hésiode, au vie siècle, rapporte la vie misérable d’un petit paysan béotien usé par les appétits corporels et charnels de son épouse.
  • [43]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 54, 80.
  • [44]
    Cf. par exemple loutrophore fragmentaire attique, Athènes, musée Bénaki 37914 ; proche du peintre de Naples ; 440-430 ; CVA musée Bénaki, pl. 2. Dix vases, datés entre 460 et 420, présentent ce cas.
  • [45]
    Par exemple : cratère en calice attique, Athènes, Musée national, 1388 (CC1341) ; peintre du mariage d’Athènes ; c. 410 ; ARV2 1317.1 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 87-89. Environ dix-huit vases présentent ce type de tenue, dont six en figures noires.
  • [46]
    Lécythe attique, New York, Metropolitan Museum 56.11.1 ; peintre Amasis ; c. 540 ; Para, 66 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 59, 68-70. Tous les vases représentant ce geste sont en figures noires, sauf cinq en figures rouges du peintre des baigneuses.
  • [47]
    M. Mayo, « The Gesture of Anakalupteria », American Journal of Archaeology, 77 (1973), p. 220 ; J. Oakley, « The Anakalupteria », Archäologischer Anzeiger, 97 (1982), p. 113-118 ; F. Gherchanoc, « Le(s) voile(s) de mariage… », art. cité, p. 239-267.
  • [48]
    Voilement : L. Tartaglia, « A Depiction of Veiling in Black Figure Art », American Journal of Archaeology, 87 (1983), p. 264. Contra : L. Deubner, « epaulia », Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts, 15 (1900), p. 149 ; G. Neumann, Gesten und Gebärden in der griechischen Kunst, Berlin, 1965, p. 66 ; J. Oakley, « Anakalyperia… », art. cité, p. 114.
  • [49]
    M. Mayo, « The Gesture… », art. cité, p. 220 ; E. Pemberton, « The Gods of the East Frieze of the Parthenon », American Journal of Archaeology, 80 (1976), p. 116.
  • [50]
    J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., p. 32.
  • [51]
    D. Cairns, « Veiling, aidôs, and a Red-Figure Amphora by Phintias », Journal of Hellenic Studies, 116 (1996), p. 154.
  • [52]
    Des fragments du peintre des baigneuses ont été trouvés au sanctuaire de la Nymphe à Athènes, et longuement étudiés par V. Sabetai, The Washing Painter…, op. cit.
  • [53]
    D. Cairns, « Veiling… », art. cité, 1996, p. 152-158, p. 154. Pour L. Llewellyn-Jones, Aphrodite’s Tortoise, op. cit., p. 104-105, il s’agit de montrer sa pudeur et sa chasteté à l’époux.
  • [54]
    Cratère en calice attique, Ferrare, Museo Nazionale 2893 ; c. 430 ; peintre de Pélée ; ARV2 1038/1 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 74.
  • [55]
    A. Kauffmann Samaras, « La beauté d’Héra », dans Héra. Images, espaces, cultes. Actes du Colloque International du Centre de Recherches Archéologiques de l’Université de Lille III et de l’Association PRAC, Lille, 29-30 novembre 1993, Naples, 1997, p. 165 (Collection du Centre Jean Bérard, 15).
  • [56]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 123 : le manteau peut envelopper de jeunes hommes. Ces jeunes ne sont pas encore définis par leur identité masculine, c’est au moment où le manteau sera enlevé qu’ils changeront de genre en devenant réellement des hommes.
  • [57]
    Odyssée, VIII, 83-92.
  • [58]
    Si Ulysse cache sa nudité devant Nausicaa, c’est par peur de la castration et non par pudeur selon J. Gutgluek, « A Detestable Encounter in Odyssey VI », The Classical Journal, 83-2 (Décembre 1987-Janvier 1988), p. 101-102 ; ou en raison de circonstances inappropriées pour D. Cairns, Aidôs…, op. cit., p. 125-126.
English version

1Dans son traité L’Économique, Xénophon fait dialoguer Ischomaque et sa femme sur leur union. Il en ressort que le mariage a été arrangé avec les parents de la jeune femme en vue de trouver le meilleur associé pour leur maison [1]. Le mariage est vu comme un acte de perpétuation de la famille et de la cité, nul sentiment n’entre en compte.

2En Grèce, l’acte civil de mariage n’existe pas [2]. Les termes utilisés pour désigner le mariage sont des termes indiquant le fait de vivre ensemble, suzenein, ou des éléments du processus aboutissant à la vie commune : l’engyè, accord entre le tuteur de la jeune fille et le prétendant ; gamos, jour de cérémonie qui aboutit au transfert de la mariée dans sa nouvelle famille [3]. La cérémonie du mariage se compose de divers rituels religieux et sociaux, autorisant ainsi le contact des personnes qui ne se connaissent pas. Les attitudes des époux, l’un vis-à-vis de l’autre, sont intéressantes, en ceci qu’elles reflètent des comportements attendus où une forme de pudeur est convenue et requise.

3Le grec connaît le terme aidôs. C’est un terme complexe signifiant à la fois la pudeur, le sentiment de l’honneur, la honte, la modestie, la crainte, le respect, et pourtant non dépourvu de connotations érotiques. Il est lié au regard porté sur soi par les autres, interdisant des conduites dont on pourrait rougir. Il est l’expression de la retenue, attitude communément associée à la respectabilité [4] : vis-à-vis de soi, comme des autres.

4Dans notre société contemporaine, la pudeur se situe du côté de l’intime. Au contraire, pour les Grecs, l’aidôs relève du social et du politique, il s’apparente à un code social de comportement. Pour analyser la place de la pudeur dans le mariage, j’ai choisi d’étudier ses représentations, voire ses figurations, sur un support particulier : la céramique des vie-ve siècles représentant des scènes de mariage. Ce type de source très spécifique de la société grecque offre la mise en images d’un discours, celui des hommes [5], sur les comportements attendus, qui intéresse l’histoire des représentations. Il s’agit ici d’observer des comportements, des attitudes du corps pour essayer de comprendre, de déceler les expressions de la pudeur, tant pour les hommes que pour les femmes, dans une perspective genrée. Toutes les étapes du mariage ne sont pas représentées, seuls les moments importants, significatifs, sont figurés [6]. La pudeur étant liée au regard des autres, je m’intéresse tout particulièrement aux scènes mettant en présence les époux, seuls ou avec d’autres personnes, aux attitudes du corps, aux vêtements portés.

5Les émotions s’expriment par des réactions physiques, par des gestes, elles aiment la communication non verbale, celle du corps et des yeux [7], pouvant révéler l’existence de sentiments de pudeur. Ainsi, les yeux baissés sont les premiers signes de la manifestation de l’aidôs. Aristote mentionne un proverbe selon lequel l’aidôs réside dans les yeux [8], et les peintres grecs jouent sur le regard dans des scènes de face-à-face des époux pour rendre ce sentiment.

6Une façon d’exprimer la pudeur féminine est d’incliner la tête et de baisser les yeux [9], comme le montrent des vases à figures rouges du début du ve siècle. Sur une loutrophore de Copenhague [10], un homme se tourne vers son épouse, il la tient par la main ou le poignet en un geste rituel de cheir épi karpo, signifiant la prise de possession par le mari [11]. La mariée baisse la tête vers le sol afin de ne pas rencontrer le regard de son époux. Ce regard non partagé indique une relation inégale [12], ce qu’est le mariage grec. L’épouse adopte ainsi le comportement attendu par les hommes, elle se conforme aux normes de comportement de son sexe [13]. Ce type de représentation illustre la réserve, la modestie, la pudeur dont une jeune femme doit faire la démonstration au temps de son mariage.

7Cette attitude annonce également la sexualité à venir. Elle est parfois associée à un lit dans une image comme on peut le voir sur une pyxide de Varsovie [14], représentant le mariage d’Héraclès avec Hébé. À droite, une femme, généralement la mère du marié, attend avec deux torches au seuil de la maison. Derrière elle, deux femmes s’affairent autour d’un lit avec des oreillers : elles préparent le lit nuptial. La porte ouverte sur le lit rend explicite la finalité érotique du transfert [15]. La pudeur de la fiancée peut avoir ici pour cause la nuit de noces. L’absence d’échange visuel semble être un refus de répondre au désir de l’autre par pudeur [16], ou du moins signifier que la femme doit taire son désir.

8Baisser le regard ou la tête est un signe manifeste de pudeur de l’épouse. Pourtant, sur une autre série de vases, le couple se regarde. Pour exemple, sur une loutrophore d’Amsterdam [17] (fig. 1), les époux se font face, les yeux dans les yeux. Entre les fiancés, une couronne est accrochée dans le champ, elle a une valeur de victoire [18]. La position de cet objet n’est pas anodine : entre les deux époux, elle prend une connotation de réussite de l’union, de transformation de la parthénos en gynè[19]. L’association du regard et de la couronne signifie la réussite, et nulle pudeur n’est présente dans ce regard. Néanmoins, la jeune femme est vêtue d’une tenue particulière sur laquelle je reviendrai.

9À partir des années 450, dans la céramique attique, les peintres soulignent le regard entre le mari et la femme par la présence d’un personnage ailé, Éros. Sur une loutrophore d’Athènes [20], un couple se contemple, pendant qu’un petit garçon ailé, Éros, se dirige vers le jeune homme en jouant de la double flûte. Il semble ainsi accompagner le regard que la femme porte sur son mari, rendre explicite la nature érotique du dialogue des yeux, de l’échange entre les époux. Robert Sutton y voit un schème iconique exprimant les liens et les émotions [21]. Mais cette interprétation est débattue, car la présence régulière d’Éros peut être aussi sûrement une façon d’exprimer le rôle des dieux dans le rituel [22]. Le contact visuel entre homme et femme exprime un échange, une acceptation rendue possible grâce aux dieux, garants de l’ordre. Il ne semble pas y avoir alors de pudeur : les deux époux paraissent être sur un pied d’égalité. Impression à nuancer cependant, puisque l’aulos (sorte de flûte) dont joue Éros est un instrument envoûtant, pouvant exprimer joies et peines, et il est donc potentiellement menaçant. Il exige de maîtriser une technè[23], nécessitant de la mesure et du contrôle, et alors le musicien Éros peut signifier que le regard adressé par la femme à son mari est mesuré et contrôlé. Ainsi il ne choque pas les codes de comportement, il est pudique.

10Éros est présent visuellement d’une autre façon sur un fragment de loutrophore d’Oxford [24] (fig. 2). Il vole de l’épouse vers l’époux en tenant deux loutrophores tout en regardant la jeune femme, qui baisse les yeux. Éros se retourne vers elle, comme s’il hésitait à se diriger vers le mari. Cela peut signifier que l’épouse envoie un regard à la fois érotique et pudique à son compagnon, son futur époux, lui promettant un amour consenti et consentant dans le mariage, où seule la pudeur peut se teinter de désir, un amour tel qu’il l’attend. Aidôs est loin d’être en conflit avec Éros, il permet l’acte final en marquant la soumission [25].

11De manière générale, l’homme regarde toujours son épouse dans les yeux. C’est une façon pour lui de prendre possession de la femme par le regard [26], de construire sa position de kyrios, de tuteur de l’épouse. Nulle pudeur dans ce comportement, contrairement à la femme respectable, qui baisse le regard pour mettre en évidence son aidôs, expression de son respect et de sa soumission [27].

12La pudeur comme code social passe également par le vêtement. En effet, celui-ci permet une entrée dans la psychologie des individus et des sociétés [28]. Il faut ici distinguer les hommes des femmes.

13Sur les vases à figures noires, les hommes portent un chiton. Sur ce vêtement long qui possède des manches courtes ou longues, on peut draper un châle. Ce long chiton est typique du vie siècle, il est luxueux. Il est le vêtement des rois et des dieux dans l’art [29]. Dans ce type de scène, l’image accumule les signes de richesse, de réussite afin de montrer un accomplissement social. Le port du vêtement masculin au vie siècle n’affiche aucun signe particulier pouvant indiquer quelque souci de pudeur, au sens de réserve ou de modestie.

14La tenue masculine évolue sur les vases en figures rouges, comme on peut le voir sur une loutrophore de Boston [30] (fig. 3). Le mari porte le plus souvent un himation, manteau drapé qui entoure le corps, laissant l’épaule droite découverte et couvrant le bras gauche. L’himation peut être porté seul, sans autre vêtement, laissant une partie de la poitrine découverte, ou sur un chiton court. Ce vêtement est typique des hommes athéniens au ve siècle. L’adoption de ce costume plus modeste – l’homme n’est plus apparenté à un dieu – a une signification précise : il dit à la fois l’oisiveté des hommes, la pratique de culture physique et leur égalité [31]. Montrer une partie de son corps dit l’entretien qui en est fait et sa beauté [32]. Il y a une certaine décence dans la tenue, mais aussi une mise en valeur de l’andreia liée au dévoilement du corps [33]. Ce dévoilement n’est que partiel pour ne pas choquer la pudeur de l’épouse, la tenue des hommes est pudique au sens de décente.

15Le vêtement féminin est, quant à lui, modelé par le discours masculin qui utilise l’aidôs pour caractériser la nature féminine. Sur une loutrophore de Toronto [34], le couple se regarde, au seuil du mariage, et un élément visuel symbolise la pudeur virginale de la jeune femme. Son chiton est tenu par une zonè, ceinture, élément lié au passage à l’âge adulte, au sens de maturation sexuelle : le fait de délier la ceinture marque le passage au statut d’épouse et signifie l’accomplissement de l’acte sexuel [35]. La ceinture nouée met en avant la chasteté de l’épouse, elle est un symbole de la pudeur féminine et une part de sa grâce. Elle rend visible l’intérêt de la société dominée par les hommes à contenir les dangers imaginés des transgressions de la sexualité féminine. Cette ceinture nouée est polysémique, signifiant la pudeur, la chasteté de la femme, et enfermant sa sexualité [36].

16Autre détail, le voile est typique de la tenue de la fiancée [37]. Il est une marque de pudeur [38]. Pourtant, tout un éventail de cas existe, depuis la couverture totale de la mariée jusqu’à un non-voilement. Si l’on reprend la loutrophore d’Amsterdam [39] (fig. 1), le manteau servant de voile est ramené en écharpe. Nous avons alors affaire à une épouse drapée dans un manteau qui ne laisse rien paraître de son corps, hormis son visage. Le manteau a un sens d’enveloppe de décence [40]. Il protège la femme du regard des autres hommes et symbolise sa pudeur [41], comme réserve et marque de respect vis-à-vis de l’époux. Il restreint sa liberté de mouvement, créant une contention du corps apte à exprimer une attitude conforme à celle d’une bonne épouse. En effet, les Grecs sont effrayés par les appétits sexuels supposés de la femme [42]. L’enveloppe du vêtement enferme ces appétits, les canalisent et protège la femme de l’extérieur. Elle est la preuve d’une sexualité contenue, d’un comportement conforme aux attentes des hommes. Le manteau enveloppant est une métaphore qui rend visible l’idée d’aidôs[43]. Il dit en soi pudeur et chasteté, la femme n’a pas toujours besoin de baisser la tête sur les images [44] : un seul signe suffit à dire la pudeur de la femme, il n’est pas utile de les multiplier de façon redondante. Le regard dans les yeux peut être employé pour exprimer d’autres nuances. A contrario, baisser la tête peut caractériser une femme non voilée [45]. La lecture de cette iconographie n’est pas simple, il faut croiser les hypothèses.

17Une majorité de représentations montre une mariée avec un voile sur la tête, qu’elle écarte ou qu’elle tend, comme sur un lécythe de New York [46] (fig. 4). Ce geste est appelé anakalypsis, en référence aux anakalyptéria, cérémonie de dévoilement de la mariée [47]. Il existe un désaccord sur son sens [48] : est-il une indication du statut de la femme [49], de sa beauté [50], ou encore une expression conventionnelle de la vertu féminine [51] ? Le voile ou le manteau sur la tête, tendu sur le côté, est un élément typique des vases à figures noires [52], que l’on retrouve dans d’autres types de scènes. Le fait d’écarter l’himation n’est pas un geste spécifique du mariage ou de la fiancée, il dit plus généralement le statut marital de l’épouse [53]. La technique des figures rouges permettant une plus grande expression, ce geste disparaît au profit des autres types de représentation de voile.

18Le vêtement est également une façon de canaliser le désir, de l’idéaliser. Sur un cratère en calice de Ferrare [54], une épouse fait un geste particulier pendant que son mari est couronné par Aphrodite. Elle tient son voile à hauteur de son épaule. Ce geste rend visible la séduction que la femme veut exercer sur son mari et souligne sa beauté [55], au côté de la déesse. Ici la pudeur est érotisme, il s’agit de mettre en valeur la beauté de la mariée et son attrait physique.

19Ainsi une évolution dans les représentations est perceptible : les vases à figures noires montrent une femme que le geste d’anakalypsis oriente vers le statut matrimonial, alors que ceux à figures rouges mettent moins l’accent sur le statut que sur la pudeur et la chasteté de la femme au moyen de la figure du manteau enveloppant, tout en évoquant, vers la fin du ve siècle, la beauté et la séduction de la femme.

20Le discours des images exprime constamment la nécessité de contrôler les femmes. Pour ce faire, la pudeur est la norme de comportement attendu, caractérisant la jeune femme par le manteau qui l’enveloppe, par ses gestes, par son regard. Le comportement du mari, s’il est codifié dans la cérémonie du mariage, voire dans l’état marital, n’obéit pas ou peu au critère de la pudeur. Les prescriptions visuelles concernent essentiellement les femmes, elles sont donc fortement genrées. La pudeur est une assignation sociale construisant une identité féminine [56]. Pourtant, les femmes peuvent jouer avec les signes de la pudeur, voile et manteau/geste et regard, pour attirer l’attention et exercer leur pouvoir de séduction. Le discours sous-tendu par les images est réflexif : des représentations rituelles présentes sur des vases rituels, manipulés par des femmes ou offerts aux femmes à une occasion particulière, leur mariage, leur proposent ainsi le miroir du juste comportement.

21Par ailleurs, si dans le mariage grec, l’aidôs ne semble pas être un comportement masculin requis, il peut l’être en d’autres situations. Ainsi Ulysse se voilant devant les Phéaciens afin que ceux-ci ne voient pas ses larmes s’écouler à l’écoute du chant de l’aède racontant la chute de Troie [57]. La pudeur masculine, dans la société grecque, commande d’épargner aux autres la vue de ses émotions [58] ; pudeur des sentiments qui affecte peu les corps, alors les femmes sont vêtues de pudeur, corps et âme.


Annexe
Figure 1

Loutrophore attique, 3495 ; peintre Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/76 ; CVA La Haye 1, pl. 2.1-2. © Amsterdam, Allard Pierson Museum

Figure 1

Loutrophore attique, 3495 ; peintre Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/76 ; CVA La Haye 1, pl. 2.1-2. © Amsterdam, Allard Pierson Museum

Figure 2

Fragment de loutrophore attique, Oxford, Ashmolean Museum 1966.888 ; c. 420. © Dessin Gaëlle Deschodt

Figure 2

Fragment de loutrophore attique, Oxford, Ashmolean Museum 1966.888 ; c. 420. © Dessin Gaëlle Deschodt

Figure 3

Loutrophore attique, Boston, Museum of Fine Arts 03.802 ; c. 425 © Dessin Gaëlle Deschodt

Figure 3

Loutrophore attique, Boston, Museum of Fine Arts 03.802 ; c. 425 © Dessin Gaëlle Deschodt

Figure 4

Lécythe attique, New York, Metropolitan Museum 56.11.1 ; peintre Amasis ; c. 540 © Dessin Gaëlle Deschodt

Figure 4

Lécythe attique, New York, Metropolitan Museum 56.11.1 ; peintre Amasis ; c. 540 © Dessin Gaëlle Deschodt


Date de mise en ligne : 22/05/2012

https://doi.org/10.3917/hyp.091.0141

Notes

  • [*]
    Allocataire-monitrice à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle prépare une thèse intitulée Aspects du visible et de l’invisible dans la cité grecque de l’époque archaïque à l’époque hellénistique, sous la direction de P. Schmitt Pantel et F. Lissarrague.
  • [**]
    Toutes les dates citées sont avant J.-C. Liste des abréviations : ABL = C.H. Haspels, Attic black-figured Lekythoi, Paris, 1936 ; ABV = J. Beazley, Attic black-figure vase-painters, Oxford, 1956 ; ARV2 = J. Beazley, Attic red-figure vase-painters, Oxford, 2e édition 1963 ; Para = J. Beazley, Paralipomena. Additions to Attic black-figure vase-painters and to Attic red-figure vase-painters, Oxford, 1971 ; CVA = Corpus vasorum Antiquorum ; LIMC = Lexicon iconographicum mythologiae classicae, Zurich, 1981-1997.
  • [1]
    Xénophon, L’Économique, VII, 10.
  • [2]
    E. Benvéniste, Le Vocabulaire des institutions indo-européennes. I, Paris, 1969, p. 239.
  • [3]
    Aristote, Politique, 1253b9-10. J. Modrzedewski, « La structure juridique du mariage grec », dans Scritti in onore di Orsolina Montevecchi, E. Bresciani, G. Geraci, S. Pernigotti et G. Susini dir., Bologne, 1991, p. 231-268 ; C. Patterson, « Marriage and the Married Woman in Athenian Law », dans Women’s History and Ancient History, S. Pomeroy éd., Chapel Hill, 1991, p. 48-60.
  • [4]
    G. Ferrari, « Figures of Speech : the Picture of Aidôs », Mètis, 5 (1990), p. 188, 191 ; D. Cairns, Aidôs. The psychology and ethics of honour and shame in ancient Greek literature, Oxford, 1993, p. 5-10 ; J. Rudhardt, « Quelques remarques sur la notion d’aidôs », dans Kêpoi. Mélanges offerts à A. Motte, É. Delruelle et V. Pirenne Delforge éd., Liège, 2001, p. 3, 17.
  • [5]
    R. Sutton, The Interaction between Men and Women Portrayed on Attic Red-Figure Pottery, Chapel Hill, 1981, p. 182 ; F. Lissarrague, « Femmes au figuré », dans Histoire des femmes en Occident. I, L’Antiquité, G. Duby et M. Perrot dir., Paris, 1991, p. 162 ; J. Winkler, Désir et contraintes en Grèce ancienne, Paris, 2005, p. 308 (1re éd. 1990) ; L. Bruit Zaidman et P. Schmitt Pantel, « L’Historiographie du genre : état des lieux », dans Problèmes du genre en Grèce ancienne, V. Sébillotte Cuchet et N. Ernoult dir., Paris, 2007, p. 44-45.
  • [6]
    Les types de scènes représentées sont peu nombreux, et aucune ne représente le banquet de noces comme l’a montré F. Lissarrague, « Le banquet impossible », dans La Sociabilité à table, M. Aurell, O. Dumoulin et F. Thélamon éd., Rouen, 1992, p. 54-64. L’intimité de la toilette des mariés n’est également pas représentée, cf. V. Sabetai, The Washing Painter : a Contribution to the Wedding and Genre Iconography in the Second half of the fifth century B.C., Cincinnati, 1993, p. 64-66 ; F. Lissarrague, « Regards sur le mariage grec », dans Silence et fureur, O. Cavalier éd., Avignon, 1996, p. 426 ; V. Sabetai, « Aspects of Nuptial and Genre Imagery in Fifth-Century Athens : Issues of Interpretation and Methodology », dans Athenian Potters and Painters. The Conference Proceedings, J. Oakley, W. Coulson et O. Palagia éd., Exeter, 1997, p. 321.
  • [7]
    D. Cairns, « Introduction », dans Body Language in the Greek and Roman Worlds, id. éd., Swansea, 2005, p. IX.
  • [8]
    Aristote, Rhétorique, II, 6, 1384a34. D. Cairns, Aidôs…, op. cit., p. 186 ; F. Frontisi Ducroux, Du Masque au visage. Aspects de l’identité en Grèce ancienne, Paris, 1995, p. 26-28.
  • [9]
    G. Ferrari, « Figures… », art. cité, p. 190 ; E. Reeder, « Aidôs and Sophrosynè », dans Pandora. Women in Classical Greece, ead. dir., Baltimore-Princeton, 1995, p. 123 ; L. Llewellyn-Jones, Aphrodite’s Tortoise. The veiled Woman of Ancient Greece, Swansea, 2003, p. 158.
  • [10]
    Loutrophore attique, Copenhague, Musée national, 9080 ; peinture de Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/75 ; CVA Copenhague 8, pl. 341.2A, 341.2B, 341.2C, 342.1A, 342.1B. Il existe dix-neuf vases présentant ce type de scènes répartis sur tout le ve siècle.
  • [11]
    Voir notamment I. Jenkins, « Is there Life after Marriage ? A Study of the Abduction Motif in vase Paintings of the Athenian Wedding Ceremony », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 30 (1983), p. 140.
  • [12]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros, Desire, and the Gaze », dans Sexuality in Ancient Art, Near East, Egypt, Greece, and Italy, N. Kampen éd., Cambridge, 1996, p. 84.
  • [13]
    Euripide, Hécube, 974-975.
  • [14]
    Pyxide attique à trois pieds, Varsovie, Musée national 142319 ; c. 500 ; CVA Varsovie 1, pl. 16-1. Six autres vases suivent cette composition.
  • [15]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 90. La présence d’Aphrodite élève l’atmosphère érotique, en figurant le désir sexuel, cf. V. Sabetai, The Washing painter…, op. cit., p. 33.
  • [16]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 83 ; D. Cairns, Aidôs, op. cit., p. 307.
  • [17]
    Loutrophore attique, Amsterdam, Allard Pierson Museum 3495 ; peintre Sabouroff, c. 460 ; ARV2 841/76 ; CVA La Haye 1, pl. 2.1-2. Vingt-sept vases, répartis sur tout le ve siècle, présentent ce type de scènes avec une concentration dans l’œuvre du peintre des baigneuses.
  • [18]
    M. Blech, Studien zum Kranz bei den Griechen, Berlin, 1982, p. 27-145.
  • [19]
    L. Bruit Zaidman, « Les filles de Pandore. Femmes et rituels dans la cité », dans Histoire des femmes en Occident. I, op. cit., p. 387.
  • [20]
    Loutrophore attique, Athènes 1174 (CC1224) ; peintre des baigneuses ; c. 430 ; ARV2 1127/15 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding in Ancient Athens, Madison, 1993, fig. 85. Cette catégorie compte six vases, tous du peintre des baigneuses.
  • [21]
    R. Sutton, « Nuptial Eros : The Visual Discourse of Marriage in Classical Athens », The Journal of the Walters art Gallery, 55/56 (1997-1998), p. 28, 32-33. Voir également V. Sabetai, The Washing painter…, op. cit., p. 32 (n. 112), 92 ; M. Baggio, I gesti della Seduzione. Tracce di communicazione non-verbale nella ceramica greca tra VIe?IVe sec. a. C., Rome, 2003, p. 11, n. 77 parle de « réciprocité des sentiments ».
  • [22]
    F. Frontisi Ducroux et F. Lissarrague, « Char, Mariage et Mixité. Une Métaphore Visuelle », dans Reading’ Ancient Greek Images : Approaches and Modes of Perception, D. Yatromanolakis éd., p. 89-99, à paraître.
  • [23]
    A. Greifenhagen, Griechische Eroten, Berlin, 1957, p. 27 ; Z. Papadopoulou et V. Pirenne Delforge, « Inventer et réinventer l’aulos : autour de la XIIe Pythique de Pindare », dans Chanter les dieux. Musique et religion dans l’Antiquité grecque et romaine, P. Brulé et C. Vendries éd., Rennes, 2001, p. 37-58.
  • [24]
    Frg. de loutrophore attique, Oxford, Ashmolean Museum 1966.888 ; c. 420 ; LIMC Eros 639 C. Voir également Skyphos attique, Boston, MFA 13.186 ; Macron ; 500-460 ; ARV2 458/1 ; Frg. de loutrophore attique, Tampa, Museum of Art 86.78 ; 425-400 ; associé au peintre des baigneuses ; R. Sutton, « Nuptial Eros… », art. cité, fig. 14.
  • [25]
    F. Frontisi Ducroux, « Eros… », art. cité, p. 90 ; G. Ferrari, « Figures… », art. cité, p. 200.
  • [26]
    R. Buxton, « Le voile et le silence dans Alceste », Cahiers du Gita, 3 (oct. 1987), p. 167-178 ; F. Gherchanoc, « Le(s) voile(s) de mariage. Le cas particulier des anakaluptêria », Mètis, nouvelle série, 4 (2006), p. 253-254.
  • [27]
    E. Reeder, Pandora…, op. cit., p. 125.
  • [28]
    L. Llewellyn-Jones, « Introduction », dans Women’s dress in the Ancient Greek World, id. éd., Londres, 2002, p. VII-XV ; F. Gherchanoc et V. Huet, « S’habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome. Pratiques politiques et culturelles du vêtement. Essai historiographique », Revue historique, 641 (2007), p. 10-13, 18.
  • [29]
    A. Geddes, « The Costume of Athenian Men in the Fifth Century », Classical Quarterly, nouvelle série, 37-2 (1987), p. 307-308 ; R. Sutton, « On the Classical Wedding. Two Red-Figured Loutrophoroi in Boston », dans Daidalikon. Studies in Memory of Raymond V. Schoder, id. éd., Wauconda, 1989, p. 347.
  • [30]
    Loutrophore attique, Boston, Museum of Fine Arts 03.802 ; c. 425 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 1, 105-107.
  • [31]
    A.G. Geddes, « The Costume… », art. cité, p. 319-324.
  • [32]
    G. Losfeld, L’Art grec et le vêtement, Paris, 1994, p. 432 : les plis des manteaux sont travaillés pour mettre en relief la beauté vigoureuse des poitrines nues.
  • [33]
    G. Ferrari, Figures of Speech. Men and Maiden in ancient Greece, Chicago, 2002, p. 121-124 ; V. Sebillotte Cuchet, « Représenter les sexes. Images et genres dans l’Antiquité grecque », Perspectives, 4 (2007), p. 638.
  • [34]
    Loutrophore attique, Toronto, Royal Ontario Museum 635 (929.22.3) ; Polygnote ; c. 430 ; ARV2 1031.51 ; J.H. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 82-84. Voir également loutrophore attique, Pirée, Musée ; peintre des baigneuses ; c. 420 ; ?. ???????????, ?? ???????????? ??????? ????????, Athènes, 2001, fig. 178?179 ; hydrie attique, Athènes, musée Bénaki 29753 ; successeur tardif du peintre des baigneuses ; 420-405 ; CVA Athènes, musée Bénaki, pl. 17-18.
  • [35]
    W. Lacey, The Family in Classical Greece, Londres, 1968, p. 119, n° 24 ; P. Schmitt Pantel, « Athéna Apatouria et la ceinture. Les aspects féminins des Apatouries d’Athènes », Annales ESC, 32 (1977), p. 1063-1065, repris dans ead., Aithra et Pandora. Femmes, genre et Cité dans la Grèce antique, Paris, 2009, p. 70-72 ; V. Sabetai, « Aspects of Nuptial and Genre Imagery… », art. cité, p. 321-328.
  • [36]
    Hésiode, Les Travaux et les Jours, 373-375, 703-705 ; M. Bennett, Belted Heroes and Bound Women, Oxford, 1997, p. 139-140.
  • [37]
    Eschyle, Agamemnon, 1178-1179.
  • [38]
    M. Nagler, « Towards a Generative View of the Oral Formula », Transactions of the American Philological Association, 98 (1967), p. 298-299, 304 ; D. Armstrong et E. Ratchford, « Iphigeneia’s Veil : Aeschylus, Agamemnon 228-48 », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 32 (1985), p. 2 et 6 ; A. Dipla, « Helen, the Seductress ? », dans Greek Offerings. Essays on Greek Art in honour of John Boardman, O. Palagia éd., Oxford, 1997, p. 121.
  • [39]
    Amsterdam 3495. Voir n. 17. Le total de ce type de tenue du manteau enveloppant est de vingt-quatre vases essentiellement en figures rouges (quatre en figures noires).
  • [40]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 73. Le manteau est une façon normale de représenter la déesse Aidôs : Hésiode, Les Travaux et les Jours, 197-201 ; Pausanias, III, 20, 10-11.
  • [41]
    H. Van Wees, « Clothes, class, and gender in Homer », dans Body Language in the Greek and Roman Worlds, D. Cairns éd., Swansea, 2005, p. 19 ; M. Stansbury?O’Donnel, Vase Painting, Gender, and Social Identity in Archaic Athens, Cambridge, 2006, p. 226.
  • [42]
    Cette image de la femme aux appétits sexuels insatiables est ancienne : Hésiode, au vie siècle, rapporte la vie misérable d’un petit paysan béotien usé par les appétits corporels et charnels de son épouse.
  • [43]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 54, 80.
  • [44]
    Cf. par exemple loutrophore fragmentaire attique, Athènes, musée Bénaki 37914 ; proche du peintre de Naples ; 440-430 ; CVA musée Bénaki, pl. 2. Dix vases, datés entre 460 et 420, présentent ce cas.
  • [45]
    Par exemple : cratère en calice attique, Athènes, Musée national, 1388 (CC1341) ; peintre du mariage d’Athènes ; c. 410 ; ARV2 1317.1 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 87-89. Environ dix-huit vases présentent ce type de tenue, dont six en figures noires.
  • [46]
    Lécythe attique, New York, Metropolitan Museum 56.11.1 ; peintre Amasis ; c. 540 ; Para, 66 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 59, 68-70. Tous les vases représentant ce geste sont en figures noires, sauf cinq en figures rouges du peintre des baigneuses.
  • [47]
    M. Mayo, « The Gesture of Anakalupteria », American Journal of Archaeology, 77 (1973), p. 220 ; J. Oakley, « The Anakalupteria », Archäologischer Anzeiger, 97 (1982), p. 113-118 ; F. Gherchanoc, « Le(s) voile(s) de mariage… », art. cité, p. 239-267.
  • [48]
    Voilement : L. Tartaglia, « A Depiction of Veiling in Black Figure Art », American Journal of Archaeology, 87 (1983), p. 264. Contra : L. Deubner, « epaulia », Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts, 15 (1900), p. 149 ; G. Neumann, Gesten und Gebärden in der griechischen Kunst, Berlin, 1965, p. 66 ; J. Oakley, « Anakalyperia… », art. cité, p. 114.
  • [49]
    M. Mayo, « The Gesture… », art. cité, p. 220 ; E. Pemberton, « The Gods of the East Frieze of the Parthenon », American Journal of Archaeology, 80 (1976), p. 116.
  • [50]
    J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., p. 32.
  • [51]
    D. Cairns, « Veiling, aidôs, and a Red-Figure Amphora by Phintias », Journal of Hellenic Studies, 116 (1996), p. 154.
  • [52]
    Des fragments du peintre des baigneuses ont été trouvés au sanctuaire de la Nymphe à Athènes, et longuement étudiés par V. Sabetai, The Washing Painter…, op. cit.
  • [53]
    D. Cairns, « Veiling… », art. cité, 1996, p. 152-158, p. 154. Pour L. Llewellyn-Jones, Aphrodite’s Tortoise, op. cit., p. 104-105, il s’agit de montrer sa pudeur et sa chasteté à l’époux.
  • [54]
    Cratère en calice attique, Ferrare, Museo Nazionale 2893 ; c. 430 ; peintre de Pélée ; ARV2 1038/1 ; J. Oakley et R. Sinos, The Wedding…, op. cit., fig. 74.
  • [55]
    A. Kauffmann Samaras, « La beauté d’Héra », dans Héra. Images, espaces, cultes. Actes du Colloque International du Centre de Recherches Archéologiques de l’Université de Lille III et de l’Association PRAC, Lille, 29-30 novembre 1993, Naples, 1997, p. 165 (Collection du Centre Jean Bérard, 15).
  • [56]
    G. Ferrari, Figures of Speech…, op. cit., p. 123 : le manteau peut envelopper de jeunes hommes. Ces jeunes ne sont pas encore définis par leur identité masculine, c’est au moment où le manteau sera enlevé qu’ils changeront de genre en devenant réellement des hommes.
  • [57]
    Odyssée, VIII, 83-92.
  • [58]
    Si Ulysse cache sa nudité devant Nausicaa, c’est par peur de la castration et non par pudeur selon J. Gutgluek, « A Detestable Encounter in Odyssey VI », The Classical Journal, 83-2 (Décembre 1987-Janvier 1988), p. 101-102 ; ou en raison de circonstances inappropriées pour D. Cairns, Aidôs…, op. cit., p. 125-126.

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