Hypothèses 2009/1 12

Couverture de HYP_081

Article de revue

(Re)Faire l'histoire de la sociabilité urbaine

Pratiques, espaces et discours

Pages 239 à 250

Notes

  • [1]
    M. Agulhon, La Sociabilité méridionale. Confréries et associations dans la vie collective en Provence orientale à la fin du xviiie siècle, Aix-en-Provence, 1966. L’ouvrage est republié deux ans plus tard sous le titre Pénitents et francs-maçons dans l’ancienne Provence, Paris, 1968.
  • [2]
    Ibid., p. 9.
  • [3]
    Pour un panorama des recherches menées par des historiens sur la notion, nous invitons le lecteur à se reporter aux bilans bibliographiques dressés en 1987 par André Vauchez (« Jalons pour une historiographie de la sociabilité », dans Sociabilité, pouvoirs et société. Actes du colloque de Rouen, 24-26 novembre 1983, F. Thélamon dir., Rouen, 1987, p. 7-15) ; et en 1997 par Stéphane Van Damme (« La sociabilité intellectuelle. Les usages historiographiques d’une notion », Hypothèses 1997. Travaux de l’École doctorale d’Histoire de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, 1998, p. 128). Les travaux plus récents sont mentionnés dans le cours de cet article.
  • [4]
    La confusion s’aggrave dès que la notion est employée au pluriel : le terme de « sociabilités » désigne le plus souvent un ensemble trop vague de relations sociales ou d’horizons associatifs, et tend à être appliqué pour qualifier toutes sortes d’échanges interindividuels. Il existe un même danger de dilution du sens lorsque les historiens procèdent à l’adjonction d’une épithète – sociabilité intellectuelle ou populaire, sociabilité urbaine ou rurale, sociabilité sportive ou catholique, par exemple – ou à l’intégration du terme de sociabilité à une énumération (« savoirs, écriture et sociabilité » pour Stéphane Van Damme ; « modernité, dynamiques urbaines et sociabilité » pour Thierry Sanjuan). L’engouement contemporain pour les analyses de réseau, et la fortune de l’expression particulièrement ambiguë de « réseau de sociabilité », contribuent également au relâchement du sens de la notion. À un emploi du terme de « sociabilité » sous une forme définie et donc absolue, nous préférerons dans cette introduction et dans nos communications un usage conditionnel, ancré dans une perspective concrète, qui privilégie par exemple les pratiques et les lieux de « sociabilité » comme autant de formes particulières de relations aux autres.
  • [5]
    « L’histoire de la sociabilité, c’est un peu l’histoire conjointe de la vie quotidienne, intimement liée à celle de la psychologie collective ; autant dire qu’elle est d’une ampleur et d’une variété d’aspects décourageantes et qu’on risque d’y accumuler des notations non éclairantes, parce que non comparables. » (M. Agulhon, « La sociabilité, la sociologie et l’histoire », dans Le Cercle dans la France bourgeoise, 1810-1848. Étude d’une mutation de sociabilité, Paris, 1977, p. 11).
  • [6]
    S. Van Damme, « La sociabilité intellectuelle. Les usages historiographiques d’une notion », art. cité, p. 128.
  • [7]
    M. Agulhon, « La sociabilité, la sociologie et l’histoire », art. cité, p. 11.
  • [8]
    B. LepetitLes Villes dans la France moderne, 1740-1840, Paris, 1988.
  • [9]
    J. Freund, « La ville selon Max Weber », Espaces et sociétés, 16 (nov. 1975), p. 47-61.
  • [10]
    G. Simmel, Sociologie et épistémologie, L. Gasparini trad., Paris, 1981 (Grundfragen der Soziologie, 1912).
  • [11]
    À titre d’exemple, voir les ouvrages d’Anselm Strauss, notamment Miroirs et masques. Une introduction à l’interactionnisme, M. Falandry trad., Paris, 1992 ; et The American city. A sourcebook of urban imagery, New Brunswick, 2007.
  • [12]
    A. Berque, Du Geste à la cité. Formes urbaines et lien social au Japon, Paris, 1993, p. 229.
  • [13]
    G. Di Meo, L’Espace social, lecture géographique des sociétés, Paris, 2005.
  • [14]
    D. Gamboni, La Géographie artistique, Lausanne, 1987.
  • [15]
    B. Beaujard, La Naissance de la ville chrétienne. Mélanges en hommage à Nancy Gauthier, Tours, 2002 ; S. Van Damme, Le Temple de la sagesse. Savoirs, écriture et sociabilité urbaine (Lyon, xviie-xviiie siècles), Paris, 2005 ; B. Grésillon, Berlin, métropole culturelle, Paris, 2002.
  • [16]
    Capitales culturelles, capitales symboliques. Paris et les expériences européennes, xviiie-xxe siècles. Actes d’un colloque international, Paris, 21-23 octobre 1999, C. Charle dir., Paris, 2002 ; Capitales européennes et rayonnement culturel xviiie-xxe siècles. Actes d’une table ronde franco-italienne, 1er-2 mars 2002, C. Charle dir., Paris, 2004.
  • [17]
    S. Delattre, Les douze heures noires, la nuit à Paris (1815-1870), Paris, 2000 ; L. Bantigny, Le plus bel âge ? Jeunes et jeunesses en France de l’aube des Trente Glorieuses à la guerre d’Algérie, Paris, 2007.
  • [18]
    M. Jarvin, Vies nocturnes. Sociabilité des jeunes adultes à Paris et à Stockholm, Paris, 2007 ; L. Gwiazdzinski, La Nuit, dernière frontière de la ville, La Tour d’Aigues, 2005.
  • [19]
    R.E. Park et alii., The City, Chicago, 1925 ; R. Sennett, Classic essays on the culture of cities, Englewood Cliffs, 1969.
  • [20]
    On trouve un exemple particulièrement éclairant de ces analyses de sociologie urbaine dans l’essai de Richard Sennett (The Conscience of the Eye. The Design and Social Life of Cities, New York, 1991).
  • [21]
    P. Paravy, Recherches sur la vie religieuse en Dauphiné du milieu du xive siècle à la Réforme, Lille, 1989.
  • [22]
    G.-G. Lemaire, Cafés littéraires, vies, morts et miracles, Paris, 1997 ; id., Histoire du salon de peinture, Paris, 2004.
  • [23]
    T. Sanjuan, « Lieux et nouvelles sociabilités en Chine aujourd’hui. Les grands hôtels à l’avant-garde », dans Les grands hôtels en Asie. Modernité, dynamiques urbaines et sociabilité, id. dir., Paris, 2003, p. 210-212.
  • [24]
    Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière, Paris, 1979.
  • [25]
    S. Chalvon-Demersay, Le Triangle du XIVe. Mythologie urbaine et sociabilité dans le XIVe arrondissement de Paris, Paris, 1983.
  • [26]
    A. Vauchez, « Jalons pour une historiographie de la sociabilité », dans Sociabilité, pouvoirs et société, op. cit., p. 13.
  • [27]
    D. Roche, Le Siècle des Lumières en province : académies et académiciens provinciaux, 1680-1789, Paris, 1978 ; P.-Y. Beaurepaire, L’Espace des francs-maçons. Une sociabilité européenne au xviiie siècle, Rennes, 2003 ; A. Lilti, Le Monde des salons : sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle, Paris, 2005.
  • [28]
    S. Van Damme, Le Temple de la sagesse…, op. cit. ; id., Paris, capitale philosophique, de la Fronde à la Révolution, Paris, 2005.
  • [29]
    Sociabilité, pouvoirs et société, op. cit. ; Aux Sources de la puissance. Sociabilité et parenté. Actes du 2e colloque de Rouen, 12-13 novembre 1987, F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 1989 ; La Sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges. Actes du 3e colloque de Rouen, 14-17 novembre 1990, A. Martin, O. Dumoulin et F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 1992 ; Correspondance et sociabilité. Actes du 4e colloque de Rouen, 20 mars 1993, D.-O. Hurel dir., Mont-Saint-Aignan, 1994 ; Autour des morts. Mémoire et identité. Actes du 5e colloque de Rouen, 19-21 novembre 1998, O. Dumoulin et F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 2001 ; enfin, Dieu(x) et hommes, histoire et iconographie des sociétés païennes et chrétiennes de l’Antiquité à nos jours, Mélanges en l’honneur de Françoise Thélamon, S. Crogiez dir., Mont-Saint-Aignan, 2005.
  • [30]
    F.-A. Isambert, Le Sens du sacré. Fête et religion populaire, Paris, 1982.
  • [31]
    S. Benoist, La Fête à Rome au premier siècle de l’Empire. Recherches sur l’univers festif sous les règnes d’Auguste et des Julio-Claudiens, Bruxelles, 1999.
  • [32]
    M. Grinberg, « Carnaval et société urbaine, xive-xvie siècles : le royaume dans la ville », Ethnologie française, 3 (1974).
  • [33]
    P. Schmitt Pantel, La Cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, 1992.
  • [34]
    P. González Bernáldo de Quirós, Civilité et Politique, aux origines de la nation argentine. Les sociabilités à Buenos Aires, 1829-1862, Paris, 1999.
  • [35]
    Ibid., p. 22.
English version

1Dans la boîte à outils de l’historien d’aujourd’hui, la « sociabilité » est une notion populaire : son emploi est devenu banal, son sens s’est neutralisé, au point que l’on peut légitimement douter de l’efficacité de son utilisation conceptuelle et méthodologique pour des recherches contemporaines. Les usages, nombreux et divers, qui en ont été faits s’éloignent parfois considérablement de la définition que Maurice Agulhon en a donnée en 1966 [1]. Pour l’historien des chambrées populaires et des cercles bourgeois du Midi rouge aux xviiie et xixe siècles, l’étude des formes de sociabilité et de leur évolution a pour cadre « l’ensemble des groupes intermédiaires qui s’insèrent entre l’intimité du noyau familial et le niveau déjà abstrait de l’instance politique » [2] : un entre-deux associatif, où se développent les relations entre les individus et où se forme l’identité sociale de chacun.

2La fortune historiographique rencontrée par cette notion depuis une quarantaine d’années s’explique en partie par sa capacité à rendre compte de l’existence d’un lien entre des sphères ou des objets d’études souvent cloisonnés dans des champs différents. Il est significatif que le fort développement de l’histoire sociale et culturelle, et plus largement l’intérêt croissant des chercheurs en sciences humaines pour les pratiques et les structures réunissant et définissant des groupes au sein d’une société donnée, aient été concomitants de l’appropriation générale de la notion de sociabilité. Celle-ci a été appliquée aux mondes antique, médiéval, moderne et contemporain par des historiens, des sociologues, des géographes et des anthropologues [3].

3Le vocable est indéniablement séduisant. Il se laisse en outre facilement décliner et associer, dans une multitude de configurations qui, tout en attestant son utilité pratique, diluent son sens [4]. Le champ d’application historique de la notion de sociabilité s’est ainsi hypertrophié au point de la rendre parfois synonyme de toute « relation sociale », par un élargissement paradoxalement appauvrissant. Ces dérives, pressenties par Maurice Agulhon dès 1977 [5], mentionnées par Stéphane van Damme en 1997 [6], confirmées par la transformation achevée du terme en un topos de l’écriture professionnelle et profane de l’histoire, sont-elles pour autant rédhibitoires ? Les jeunes chercheurs n’ont-ils plus aucun bénéfice à espérer de l’utilisation d’une notion en partie éculée, ou bien est-il possible de redonner au vocable, et surtout au concept, une signification et une valeur explicative fortes ?

4Nous entendons mettre à l’épreuve la valeur heuristique de la notion de sociabilité en procédant à deux restrictions, l’une conceptuelle et l’autre méthodologique. Parce que cette notion postule des corrélations entre mutations sociales et évolutions politiques, et parce qu’elle porte sur un niveau intermédiaire entre l’intime et le public, entre le singulier et le commun, l’étude de la sociabilité doit être avant tout envisagée comme une étude dynamique des formes d’échange, des pratiques collectives et des discours engagés par un groupe donné à un moment donné. « Dégager des formes de sociabilité spécifiques, et en faire l’étude concrète » [7]. La révision raisonnée du projet entend privilégier l’analyse des actes et des discours. Elle se donne pour tâche d’expliquer la genèse, le développement et l’évolution de pratiques politiques, sociales et culturelles au sein d’un groupe. L’enjeu, moins modeste qu’il n’y paraît à première vue, consiste à mieux comprendre la nature des liens existant entre des individus et donc à définir les éléments constitutifs de leur identité commune. Ainsi se gardera-t-on des abstractions – la Sociabilité – et des dilutions – les sociabilités – en adoptant comme impératif la compréhension de l’échange par les modalités ou les « formes » de sociabilité qu’il revêt.

5L’autre restriction que nous avons choisie de poser de manière liminaire découle de la première : il n’est possible d’étudier les formes de sociabilité existant au sein d’une société qu’en limitant strictement, dans le temps et surtout dans l’espace, le cadre historique de la recherche. La spatialisation, topographique et géographique, est d’autant plus nécessaire pour qui travaille sur les formes de sociabilité qu’elle permet de quantifier et de cartographier des pratiques. Aussi le point de départ de notre réflexion porte-t-il sur des manifestations et des formes de sociabilité exclusivement urbaines, la ville étant entendue « non comme un simple site ou comme un cadre commode », mais comme un creuset, influant de façon déterminante sur les comportements des individus qui s’y meuvent [8].

6Dans cette perspective, l’étude des formes de sociabilité est un objet pluridisciplinaire. L’historien a beaucoup à retenir de démarches adoptées dans d’autres disciplines des sciences humaines et sociales, à commencer par la sociologie et la géographie, qui se proposent également, à leur manière, de penser l’articulation entre un lieu, un groupe, et les pratiques qu’institue le second au sein du premier. Dans les théories développées par Max Weber, le lien entre ville et associations fait figure d’idéal type, où les échanges à caractère social sont soumis aux processus spécifiques du développement urbain. Proposant une typologie des villes européennes, l’auteur souligne combien la force du paramètre culturel (entendu comme la somme des caractéristiques héritées et présentes) explique les variations de l’identité urbaine et de l’expression des sociabilités [9]. S’opposant comme lui aux dérives réificatrices des définitions possibles du concept de société, Simmel a mis en avant l’idée que celle-ci n’est pas autre chose que la somme de « toutes les forces et de toutes les formes particulières de liaison qui se produisent entre ses éléments », où le fait social est constitué par tout l’éventail complexe d’actions réciproques possibles entre les individus ou formes de la vie sociale. Le terme de Geselligkeit, utilisé par Georg Simmel, signifiant littéralement « le fait d’être avec d’autres personnes agréablement » et traduit par sociabilité [10], est d’ailleurs au cœur de la conception que le sociologue développe de la société. L’idée que toute formation sociale résulte d’une interaction, d’une part, et que d’autre part la forme (comme mode d’association ou de « socialisation » – Vergesellshaftung) est un élément tout aussi important, voire plus important que le contenu (entendu comme finalité, motivation, intérêt), va constituer la base de développement d’importants courants sociologiques aux États-Unis, notamment au sein de l’école de Chicago : le courant interactionniste et la sociologie des réseaux sociaux [11].

7Cette idée est aussi au fondement de l’analyse de la sociabilité telle que les chercheurs en sciences humaines la connaissent et la pratiquent en France, notamment en géographie. Le projet explicite suivi par un important courant de la géographie contemporaine, à la suite de Vidal de la Blache et des « possibilistes », est d’étudier le tissu urbain et les liens entre individus de façon concomitante afin de saisir la manière dont des sociétés jouent de l’espace pour s’organiser et se structurer. Comme le formule le géographe Augustin Berque : « il n’est de lien social qu’en référence à des lieux » [12]. La ville influence les possibilités du lien et des échanges sociaux sur son territoire. Tel est le point de départ des études menées entre autres par Dario Gamboni et Guy Di Meo, qui cherchent à développer une approche « dimensionnelle » de l’histoire des sociétés [13]. Les notions de centre et de périphérie, appliquées au fait urbain, leur permettent ainsi d’étudier le développement et le rayonnement de phénomènes sociaux et culturels à partir de leur ancrage spatial. Les développements récents de la géographie artistique, très liée à la micro-histoire, montrent l’existence d’un lien causal entre la nature de territoires urbains spécifiques et la production artistique qui en émerge : pour exemple, les milieux de sociabilité de Montmartre ou de Montparnasse, cafés, ateliers et autres structures de la vie collective de ces quartiers, entretiendraient une relation spécifique avec les œuvres que Pablo Picasso ou Alberto Giacometti y ont produites [14].

8On retrouve des enjeux similaires dans les réflexions pluridisciplinaires autour de la notion de « capitale » ou de « métropole culturelle », qui accordent une grande importance aux formes spécifiques de sociabilité que la Rome paléochrétienne, le Paris des Lumières ou le Berlin de la réunification ont vu se développer à une époque donnée [15]. Qu’il s’agisse de pratiques culturelles ou de structures de convivialité, ces éléments dynamiques particuliers sont l’expression de l’attraction exercée par la ville et contribuent de manière décisive, selon Christophe Charle, à en définir la « capitalité » [16]. Les caractéristiques concrètes de tout espace urbain influencent les formes qu’y revêtent les activités collectives.

9On en trouve une démonstration évidente dans les études portant sur le lien entre transformations urbaines et mutations de sociabilité : celles, nombreuses, consacrées aux effets de l’éclairage urbain public sur les pratiques nocturnes, celles des jeunes notamment, en fournissent un exemple particulièrement intéressant. Les préoccupations des historiens, celles de Simone Delattre sur l’apprivoisement de la nuit vers 1840 à Paris et l’apparition de nouveaux modes de sociabilité, ou celles de Ludivine Bantigny sur l’évolution des critères d’autodéfinition de la jeunesse après la Seconde Guerre mondiale [17], sont d’ailleurs dans cette perspective très proches des questionnements des sociologues, ceux de Magdalena Jarvin et de Luc Gwiazdzinski par exemple, qui s’emploient à démontrer comment, au cours du xxe siècle, l’espace-temps associé à la vie nocturne est devenu un facteur important de validation sociale pour les jeunes adultes citadins [18].

10Prendre en considération la dimension spécifiquement urbaine de certaines pratiques politiques, sociales et culturelles, c’est également pratiquer, à l’invitation ici encore des disciplines voisines de l’histoire, des variations dans l’échelle d’analyse. La spatialisation des phénomènes va de pair avec une attention constante accordée à l’inscription des échanges et des discours dans un univers familier des individus.

11Un nombre croissant d’études, réalisées principalement dans les pays anglo-saxons, mettent en évidence les limites de la problématique urbaine envisagée de façon globale et montrent la nécessité d’une approche plus fine, à petite échelle, celle du quartier par exemple. Les études urbaines ou Urban studies, qui forment une discipline à part entière dans plusieurs universités aux États-Unis, concentrent leurs analyses principalement sur la distribution des classes sociales, des groupes sociaux ou des ethnies au sein des espaces urbains. Plusieurs représentants éminents de l’école de Chicago, comme Robert E. Park et Richard Sennett, ont placé cette question au cœur de leurs réflexions [19]. Ils esquissent ainsi une cartographie de la polysegmentation sociale, constitutive d’une société urbaine dans laquelle les différents quartiers regroupent un type particulier de population ou d’activités : quartier universitaire, quartier des théâtres, quartier commerçant, quartier d’artisans, par exemple. Ils montrent également comment le refus de l’urbanisme d’assumer une spécialisation des quartiers entraîne l’émergence de discriminations, de ségrégations et de phénomènes de ghettoïsation positifs, comme dans le cas des gated communities, ou négatifs, tel le phénomène des inner-cities, qui imposent une grille de lecture toute différente de l’espace urbain [20]. Non sans un certain sens de la polémique, ces sociologues envisagent la ville comme un organisme vivant, l’organisation sociale comme une écologie, et donc les formes de sociabilité comme une économie : les quartiers urbains sont appréhendés comme un laboratoire du social.

12Les formes de sociabilité se développent dans des foyers spécifiques, espaces ou lieux fréquentés par un groupe d’individus. Un nombre important d’études sont ainsi « mono-topographiques », et se proposent de mieux comprendre des pratiques associées à un endroit unique ou à un type de lieu. Telle est la perspective qu’a retenue la médiéviste Pierrette Paravy dans sa thèse sur la vie religieuse en Dauphiné à la fin du Moyen Âge, lorsqu’elle s’attache à montrer l’importance prise par les confréries municipales dans le tissu social et politique de leur époque [21]. Telle est également celle de l’historien de l’art Gérard-Georges Lemaire, qui présente la répartition géostratégique des cafés littéraires dans les métropoles européennes et y associe une caractérisation de leur fonction sociale [22]. Tel est aussi le propos du géographe Thierry Sanjuan, qui montre comment, dans les métropoles d’Asie, les grands hôtels sont des espaces de sociabilité, avec leurs restaurants, leurs bars, leurs boutiques, clubs de sport et salles de conférence ou de mariage : l’hôtel est un lieu d’accès à la culture occidentale, et aide à construire l’identité d’une élite sociale locale qui se définit par sa capacité de consommation d’objets ou de services de luxe [23].

13La définition des formes de sociabilité comme un ensemble de pratiques partagées, plus ou moins ritualisées, constituant une communauté ou un groupe, invite à prendre en considération la dynamique propre que joue le fait urbain dans leur constitution, en faisant de la ville un creuset de formes de sociabilité spécifiques. Elle permet également, en retour, par l’étude des discours et des représentations attachées à ces lieux et à ces pratiques, de proposer une manière originale de concevoir et d’historiciser la construction des identités urbaines.

14L’un des modèles en la matière, quoique consacré à un milieu rural, est le travail d’enquête fourni par un groupe de sociologues et d’ethnologues sur le village de Minot, en Côte-d’Or. Yvonne Verdier, dans son ouvrage fondateur Façons de dire, façons de faire[24], a montré à quel point, même au sein d’un petit village, dans les années soixante du xxe siècle, le type d’habitat, sa répartition dans le finage, les trajets nécessaires aux femmes pour accomplir leurs tâches influençaient de façon décisive les rapports sociaux et, au-delà, les sociabilités féminines. À la suite du « groupe de Minot », les ethnologues se sont intéressés en 1983 à la mythologie urbaine et aux pratiques de sociabilité des habitants du XIVe arrondissement parisien [25], s’engageant dans le vaste champ des représentations collectives.

15L’analyse des formes de sociabilité invite en effet à s’éloigner d’un travail de fond portant sur le fonctionnement et le recrutement des cadres associatifs et des structures collectives publiques ou privées, pour favoriser une approche originale et féconde de l’identité d’un groupe et de ses représentations. André Vauchez, dès 1987, évoquait le renouvellement apporté par la notion de sociabilité à l’histoire des structures sociales collectives, en opposant à une tradition formaliste de nouvelles pistes privilégiant l’« informel » [26] : comment, dans l’espace de la ville, des identités urbaines et sociales sont-elles mises en scène ? Que disent les rituels qui s’y déroulent des valeurs partagées par un groupe ? Des historiens se sont penchés avec un regard nouveau sur des pratiques spécifiques au sens de lieux spécifiques, cherchant à en dégager des caractéristiques collectives autrement insaisissables. Nourrissant une réflexion collective sur les origines culturelles de la Révolution française, toute une école s’est ainsi constituée autour de Daniel Roche, à la suite de ses travaux sur les académies, prenant pour objets d’étude les lieux de l’espace public des Lumières, loges maçonniques, salons et autres clubs [27]. Stéphane Van Damme, quant à lui, dans ses ouvrages consacrés à Lyon et à Paris, articule une réflexion sur la territorialisation des savoirs dans la grande ville au xviiie siècle, portée par la dynamique des lieux de savoirs, à une réflexion sur les identités urbaines [28]. L’enjeu commun à ces différents travaux est d’étudier l’émergence et l’activité d’une « classe culturelle » nouvelle, cimentée par une communauté d’engagements culturels qui associent des lieux et des conduites particuliers, un mode de fonctionnement collectif et singulier et un projet idéologique.

16L’antiquiste Françoise Thélamon a été à l’origine d’importantes réflexions collectives autour de ces questions, en organisant plusieurs rencontres à l’Université de Rouen qui avaient pour objectif de mieux cerner, pour des périodes et des sociétés très diverses, certaines modalités de l’existence sociale des individus [29]. Elle a particulièrement insisté sur le fait que cette interprétation des formes de sociabilité doit se faire tant à travers l’étude du discours savant et profane que par celle des représentations iconographiques, en cherchant toujours à mettre en évidence la signification des discours et des images dans les sociétés étudiées. L’enjeu était de mieux comprendre la relation à l’autorité, les liens de parenté, ou encore le rapport de l’individu à la mort et aux dieux, mais également d’analyser les significations variables de certaines formes de lien social, comme la correspondance épistolaire ou la commensalité.

17Dans cette perspective, les études les plus nombreuses et les plus riches portent sur la convivialité, et plus particulièrement sur les rituels festifs. La fête, interruption de la quotidienneté, césure temporelle au sein d’une succession chronologique régulière, est le moment privilégié de « lecture » des sociabilités et de leurs enjeux, exacerbés par la mise en scène propre au rituel festif : pratique collective, la fête établit une sociabilité au cours d’un temps et pour un espace spécifiques. Cette sociabilité, quoique marquée par la transgression et les renversements, l’excès et la liesse [30], est fortement encadrée par la ritualisation des festivités, comme l’ont bien montré les travaux de l’antiquiste Stéphane Benoist sur les célébrations instituées par les Julio-Claudiens à Rome au ier siècle [31], et ceux de la médiéviste Martine Grinberg sur le carnaval et le charivari [32].

18Outre la fête, et d’ailleurs parfois avec elle, le processus de politisation des groupes sociaux retient également l’attention des historiens qui travaillent sur les formes de sociabilité. Les exemples sont nombreux en histoire ancienne et médiévale, comme le montrent entre autres les études menées par Pauline Schmitt-Pantel sur la convivialité civique dans les cités grecques, où identité des citoyens et espaces de convivialité fusionnent à l’occasion du banquet, moment festif par excellence [33]. Les historiens de l’âge contemporain, sans nul doute particulièrement stimulés par les travaux pionniers de Maurice Agulhon, semblent tenir encore particulièrement à cet enjeu. Travaillant, dans la lignée d’Agulhon, sur la politisation de la vie quotidienne des Argentins de Buenos Aires entre 1829 et 1862, Pilar González Bernaldo de Quirós a ainsi analysé les enjeux sociaux et politiques de l’obsolescence des lieux de débits de boisson populaires, les pulperias, et leur remplacement par des cafés fréquentés d’abord par une clientèle socialement favorisée, puis par une clientèle plus populaire, imitant les comportements de sociabilité des couches supérieures de la société [34]. Elle souligne à cet égard que « la question des espaces sociaux et des représentations communautaires est au cœur du problème du processus de construction d’une société nationale » [35].

19Parce que ses réflexions se trouvent au cœur des problématiques sur lesquelles nous avons choisi de nous pencher, et qu’elle était désireuse de revenir sur la notion de sociabilité en questionnant sa pertinence critique après quarante années d’usages historiographiques divers, Pilar González Bernaldo de Quirós a donné une conclusion à cette entreprise collective. Celle-ci a valeur d’encouragement à la poursuite d’une analyse des formes de sociabilité qui ait le double souci de saisir son objet dans le temps et dans l’espace, et d’inscrire son propos dans une démarche de compréhension des mutations du lien social.

20Les contributions qui suivent s’y attèlent. Robin Nadeau présente et commente les lieux de rassemblement et de partage qui définissent en Grèce ancienne à la fois les liens communautaires et le statut civique des participants. Il montre combien l’étude des banquets est riche d’enseignements, aussi bien sur l’identité des citoyens que sur les représentations que ceux-ci en ont. Travaillant également sur le sens de la fête et de ses rituels, Antoine Gailliot décortique le fonctionnement d’une fête romaine de quartier, celle des Compitalia, en relisant et en réinterprétant les sources antiques. Il cherche à déterminer combien de processions étaient organisées et quels en étaient les parcours, mettant en évidence l’importante structuration des sociabilités urbaines à la fin de la République et au début du Principat. De son côté, Rahul Markovits explique les fondements de l’opposition entre cercles et théâtre à Genève de 1758 à 1814, afin de déterminer les enjeux politiques et culturels d’une mutation profonde de sociabilité. Ses réflexions pointent ainsi les sources de la construction d’un cadre conceptuel et idéologique moderne, associant la sociabilité au processus de civilisation. Quant à Julie Verlaine, elle se penche sur le microcosme des amateurs d’art contemporain fréquentant les galeries parisiennes dans les années cinquante et soixante du xxe siècle. L’étude du cadre et des pratiques semi-rituelles qui caractérisent les soirées de vernissage lui permet d’établir certains éléments constitutifs de l’appartenance au milieu sélectif des amateurs d’art éclairés.

Notes

  • [1]
    M. Agulhon, La Sociabilité méridionale. Confréries et associations dans la vie collective en Provence orientale à la fin du xviiie siècle, Aix-en-Provence, 1966. L’ouvrage est republié deux ans plus tard sous le titre Pénitents et francs-maçons dans l’ancienne Provence, Paris, 1968.
  • [2]
    Ibid., p. 9.
  • [3]
    Pour un panorama des recherches menées par des historiens sur la notion, nous invitons le lecteur à se reporter aux bilans bibliographiques dressés en 1987 par André Vauchez (« Jalons pour une historiographie de la sociabilité », dans Sociabilité, pouvoirs et société. Actes du colloque de Rouen, 24-26 novembre 1983, F. Thélamon dir., Rouen, 1987, p. 7-15) ; et en 1997 par Stéphane Van Damme (« La sociabilité intellectuelle. Les usages historiographiques d’une notion », Hypothèses 1997. Travaux de l’École doctorale d’Histoire de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, 1998, p. 128). Les travaux plus récents sont mentionnés dans le cours de cet article.
  • [4]
    La confusion s’aggrave dès que la notion est employée au pluriel : le terme de « sociabilités » désigne le plus souvent un ensemble trop vague de relations sociales ou d’horizons associatifs, et tend à être appliqué pour qualifier toutes sortes d’échanges interindividuels. Il existe un même danger de dilution du sens lorsque les historiens procèdent à l’adjonction d’une épithète – sociabilité intellectuelle ou populaire, sociabilité urbaine ou rurale, sociabilité sportive ou catholique, par exemple – ou à l’intégration du terme de sociabilité à une énumération (« savoirs, écriture et sociabilité » pour Stéphane Van Damme ; « modernité, dynamiques urbaines et sociabilité » pour Thierry Sanjuan). L’engouement contemporain pour les analyses de réseau, et la fortune de l’expression particulièrement ambiguë de « réseau de sociabilité », contribuent également au relâchement du sens de la notion. À un emploi du terme de « sociabilité » sous une forme définie et donc absolue, nous préférerons dans cette introduction et dans nos communications un usage conditionnel, ancré dans une perspective concrète, qui privilégie par exemple les pratiques et les lieux de « sociabilité » comme autant de formes particulières de relations aux autres.
  • [5]
    « L’histoire de la sociabilité, c’est un peu l’histoire conjointe de la vie quotidienne, intimement liée à celle de la psychologie collective ; autant dire qu’elle est d’une ampleur et d’une variété d’aspects décourageantes et qu’on risque d’y accumuler des notations non éclairantes, parce que non comparables. » (M. Agulhon, « La sociabilité, la sociologie et l’histoire », dans Le Cercle dans la France bourgeoise, 1810-1848. Étude d’une mutation de sociabilité, Paris, 1977, p. 11).
  • [6]
    S. Van Damme, « La sociabilité intellectuelle. Les usages historiographiques d’une notion », art. cité, p. 128.
  • [7]
    M. Agulhon, « La sociabilité, la sociologie et l’histoire », art. cité, p. 11.
  • [8]
    B. LepetitLes Villes dans la France moderne, 1740-1840, Paris, 1988.
  • [9]
    J. Freund, « La ville selon Max Weber », Espaces et sociétés, 16 (nov. 1975), p. 47-61.
  • [10]
    G. Simmel, Sociologie et épistémologie, L. Gasparini trad., Paris, 1981 (Grundfragen der Soziologie, 1912).
  • [11]
    À titre d’exemple, voir les ouvrages d’Anselm Strauss, notamment Miroirs et masques. Une introduction à l’interactionnisme, M. Falandry trad., Paris, 1992 ; et The American city. A sourcebook of urban imagery, New Brunswick, 2007.
  • [12]
    A. Berque, Du Geste à la cité. Formes urbaines et lien social au Japon, Paris, 1993, p. 229.
  • [13]
    G. Di Meo, L’Espace social, lecture géographique des sociétés, Paris, 2005.
  • [14]
    D. Gamboni, La Géographie artistique, Lausanne, 1987.
  • [15]
    B. Beaujard, La Naissance de la ville chrétienne. Mélanges en hommage à Nancy Gauthier, Tours, 2002 ; S. Van Damme, Le Temple de la sagesse. Savoirs, écriture et sociabilité urbaine (Lyon, xviie-xviiie siècles), Paris, 2005 ; B. Grésillon, Berlin, métropole culturelle, Paris, 2002.
  • [16]
    Capitales culturelles, capitales symboliques. Paris et les expériences européennes, xviiie-xxe siècles. Actes d’un colloque international, Paris, 21-23 octobre 1999, C. Charle dir., Paris, 2002 ; Capitales européennes et rayonnement culturel xviiie-xxe siècles. Actes d’une table ronde franco-italienne, 1er-2 mars 2002, C. Charle dir., Paris, 2004.
  • [17]
    S. Delattre, Les douze heures noires, la nuit à Paris (1815-1870), Paris, 2000 ; L. Bantigny, Le plus bel âge ? Jeunes et jeunesses en France de l’aube des Trente Glorieuses à la guerre d’Algérie, Paris, 2007.
  • [18]
    M. Jarvin, Vies nocturnes. Sociabilité des jeunes adultes à Paris et à Stockholm, Paris, 2007 ; L. Gwiazdzinski, La Nuit, dernière frontière de la ville, La Tour d’Aigues, 2005.
  • [19]
    R.E. Park et alii., The City, Chicago, 1925 ; R. Sennett, Classic essays on the culture of cities, Englewood Cliffs, 1969.
  • [20]
    On trouve un exemple particulièrement éclairant de ces analyses de sociologie urbaine dans l’essai de Richard Sennett (The Conscience of the Eye. The Design and Social Life of Cities, New York, 1991).
  • [21]
    P. Paravy, Recherches sur la vie religieuse en Dauphiné du milieu du xive siècle à la Réforme, Lille, 1989.
  • [22]
    G.-G. Lemaire, Cafés littéraires, vies, morts et miracles, Paris, 1997 ; id., Histoire du salon de peinture, Paris, 2004.
  • [23]
    T. Sanjuan, « Lieux et nouvelles sociabilités en Chine aujourd’hui. Les grands hôtels à l’avant-garde », dans Les grands hôtels en Asie. Modernité, dynamiques urbaines et sociabilité, id. dir., Paris, 2003, p. 210-212.
  • [24]
    Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière, Paris, 1979.
  • [25]
    S. Chalvon-Demersay, Le Triangle du XIVe. Mythologie urbaine et sociabilité dans le XIVe arrondissement de Paris, Paris, 1983.
  • [26]
    A. Vauchez, « Jalons pour une historiographie de la sociabilité », dans Sociabilité, pouvoirs et société, op. cit., p. 13.
  • [27]
    D. Roche, Le Siècle des Lumières en province : académies et académiciens provinciaux, 1680-1789, Paris, 1978 ; P.-Y. Beaurepaire, L’Espace des francs-maçons. Une sociabilité européenne au xviiie siècle, Rennes, 2003 ; A. Lilti, Le Monde des salons : sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle, Paris, 2005.
  • [28]
    S. Van Damme, Le Temple de la sagesse…, op. cit. ; id., Paris, capitale philosophique, de la Fronde à la Révolution, Paris, 2005.
  • [29]
    Sociabilité, pouvoirs et société, op. cit. ; Aux Sources de la puissance. Sociabilité et parenté. Actes du 2e colloque de Rouen, 12-13 novembre 1987, F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 1989 ; La Sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges. Actes du 3e colloque de Rouen, 14-17 novembre 1990, A. Martin, O. Dumoulin et F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 1992 ; Correspondance et sociabilité. Actes du 4e colloque de Rouen, 20 mars 1993, D.-O. Hurel dir., Mont-Saint-Aignan, 1994 ; Autour des morts. Mémoire et identité. Actes du 5e colloque de Rouen, 19-21 novembre 1998, O. Dumoulin et F. Thélamon dir., Mont-Saint-Aignan, 2001 ; enfin, Dieu(x) et hommes, histoire et iconographie des sociétés païennes et chrétiennes de l’Antiquité à nos jours, Mélanges en l’honneur de Françoise Thélamon, S. Crogiez dir., Mont-Saint-Aignan, 2005.
  • [30]
    F.-A. Isambert, Le Sens du sacré. Fête et religion populaire, Paris, 1982.
  • [31]
    S. Benoist, La Fête à Rome au premier siècle de l’Empire. Recherches sur l’univers festif sous les règnes d’Auguste et des Julio-Claudiens, Bruxelles, 1999.
  • [32]
    M. Grinberg, « Carnaval et société urbaine, xive-xvie siècles : le royaume dans la ville », Ethnologie française, 3 (1974).
  • [33]
    P. Schmitt Pantel, La Cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, 1992.
  • [34]
    P. González Bernáldo de Quirós, Civilité et Politique, aux origines de la nation argentine. Les sociabilités à Buenos Aires, 1829-1862, Paris, 1999.
  • [35]
    Ibid., p. 22.
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