Notes
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[*]
Maître de conférences à l’Université François-Rabelais de Tours.
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[1]
Pour des raisons évidentes, il a fallu renoncer à étendre l’étude à d’autres pays et d’autres guerres qui pourraient fournir de nombreux éléments de comparaison à partir de 1850: le Danemark après 1864, l’Italie après 1866 et/ou 1898 (défaite coloniale d’Adouah, contre l’Éthiopie en 1896), l’Italie toujours avec le cas particulier de Garibaldi à l’intérieur même du processus d’unification nationale, l’Autriche-Hongrie après 1859 et 1866, la Turquie après 1877, l’Espagne après 1898 (et la guerre contre les États-Unis), les séquelles des guerres balkaniques en 1913, etc.
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[2]
Ce fut certes un État, mais s’agit-il d’une nation ?
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[3]
Pour préciser davantage : les pertes de la population adulte mâle de la Confédération sont de 20 %, celles du Nord de 6 %. On notera aussi au passage le fort taux de pertes des Noirs engagés dans l’armée de l’Union : 36 000 décès sur 180 000 hommes engagés.
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[4]
Les pertes de la période de la Commune de Paris sont incluses dans ce chiffre.
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[5]
L. Capdevila, Une guerre totale, Paraguay 1864-1870, Rennes, 2007.
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[6]
La question va au-delà de la défaite comme « question morale », comme disait le général de Gaulle en 1920 (J. Lacouture, De Gaulle, I, Paris, 1984, p. 103).
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[7]
S. Audoin-Rouzeau, 1870, la France dans la guerre, Paris, 1989.
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[8]
Sans excepter bien sûr la répression de la Commune de Paris.
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[9]
L. Capdevila, Une guerre totale, op. cit., p. 113.
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[10]
A. Corbin, Le Village des cannibales, Paris, 1990.
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[11]
Qu’il suffise de renvoyer aux « Colonnes Infernales » du général Sherman à la fin de la guerre de Sécession ou à l’exemple de Bazeilles en France (O. Roynette, « Le village de la mort, les “atrocités allemandes en 1870” », dans Imaginaire et sensibilités. Études pour Alain Corbin, A.-E. Demartini et D. Kalifa dir., Grâne, 2005, p. 257-268).
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[12]
M. Bloch, L’Étrange défaite. Témoignage écrit en 1940, Paris, 1990.
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[13]
W. Schivelbusch, The Culture of Defeat. On National Trauma, Mourning, and Recovery, New York, 2003.
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[14]
Mais elles ne représentent pas une majorité de Français.
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[15]
La meilleure synthèse sur la sortie de guerre et ses conséquences reste D. Blight, Race and Reunion. The Civil War in American Memory, Cambridge, 2001.
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[16]
Le soldat du monument de Sedan meurt dans les bras de l’ange, avec la couronne de héros (statue par Croisy, 1890).
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[17]
Aux statues à sujet militaire, il faut bien entendu ajouter les allégories de la France, du peuple (le héros de Belfort), le monument aux instituteurs de l’Aisne (Laon, 1899).
-
[18]
A. Becker, « Monuments aux morts après la guerre de Sécession et la guerre de 1870-1871 : un legs de la guerre nationale ? », Guerres mondiales et conflits contemporains, 167 (1992), p. 23-40.
-
[19]
Par exemple en 1910, dix États du Sud ont choisi le jour de la naissance de l’ancien chef de la Confédération, Jefferson Davis (le 3 juin).
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[20]
T.A. Desjardin, These Honored Dead. How the Story of Gettysburg Shaped American Memory, Cambridge (Ma.), 2003.
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[21]
K. Cox, « The Confederate monument at Arlington », dans Monuments to the Lost Cause, C. Mills et P. Simpson dir., Knoxville, 2003, p. 149-162.
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[22]
Indications dans F. Roth, La Guerre de 1870, Paris, 1989, p. 691.
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[23]
H. Puiseux, Les Figures de la guerre. Représentations et sensibilités, 1839-1996, Paris, 1997; F. Robichon, La Peinture militaire française de 1871 à 1914, thèse d’État, université Paris 4 Sorbonne, 1997. Nous n’avons pas trouvé d’analyse d’ensemble des représentations picturales de la guerre de Sécession ou de la guerre du Paraguay.
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[24]
C. Digeon, La Crise allemande de la pensée française, 1870-1914, Paris, 1959.
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[25]
Rappelons La Débâcle (É. Zola), Boule de Suif (G. de Maupassant) et Sueur de Sang (L. Bloy).
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[26]
Avec des écrivains comme C. Tourgee, S. Crane, A. Bierce.
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[27]
Battles and Leaders of the Civil War, R.U. Johnson et C.C. Buel dir., New York, 1884-1888.
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[28]
D. Blight, Race and Reunion, op. cit., p. 177 ; toutefois l’auteur signale que la mise en valeur du sacrifice des soldats s’accompagne de silences : sur les causes de la guerre, sur l’esclavage, sur les horreurs de la guerre.
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[29]
L’entreprise rapportera un million de dollars de profit, ibid., p. 179.
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[30]
Je renvoie, avec les excuses d’usage, à J.-M. Largeaud, Napoléon et Waterloo, la défaite glorieuse, Paris, 2006.
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[31]
C. Amalvi, De l’art et la manière d’accommoder les héros de l’histoire de France, Paris, 1979.
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[32]
C. Amalvi, « Penser la défaite, le recours à une histoire analogique : de la chute de Napoléon Ier à la chute de la IIIe République », dans Penser la défaite. Actes du colloque, université de Toulouse-Le Mirail, 20-21 mai 1999, P. Cabanel et P. Laborie dir., Toulouse, 2002.
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[33]
J.-M. Largeaud, « Qui se souvient de Loigny ? », article à paraître.
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[34]
La fameuse bannière des Volontaires de l’Ouest fut brodée par les religieuses de Paray-le-Monial. Destinée d’abord au général Trochu, elle est finalement envoyée au Saint Homme de Tours, M. Dupont, en octobre 1870, puis remise au colonel de Charette commandant les anciens zouaves pontificaux, voir J. Benoist, Le Sacré-Cœur de Montmartre de 1870 à nos jours, Paris, 1992, vol. 1, p. 201-203.
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[35]
M. Le Sage d’Hauteroche d’Hulst, Religion et patrie, discours prononcé à la consécration de l’église de Loigny le 18 septembre 1893, Chartres, 1893.
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[36]
L. Capdevila, Une guerre totale, op. cit., p. 180-228, pour le rôle d’O’Leary et le détail – simplifié ici pour les besoins de la cause – des relectures de la guerre et du régime de Lopez en fonction des appartenances politiques.
1Comment et pourquoi perd-on une bataille et la guerre ? Comment individus et sociétés réagissent-ils au choc de la défaite ? On voudrait ici proposer quelques remarques comparatives sur trois cas de défaites militaires irrémédiables : la Confédération des États du Sud (guerre de Sécession de 1861 à 1865), le Paraguay (guerre de la Triple Alliance 1864-1870), la France en 1870-1871 [1]. Si ces expériences guerrières ont, pour la comparaison, l’avantage de tenir dans une chronologie courte, elles sont à la fois différentes et semblables. Sans entrer dans de longues analyses, on retiendra d’abord l’écart temporel entre le conflit de moins d’un an dans le cas français et les deux longues guerres américaines. De plus, France, Confédération et Paraguay ne sont peut-être pas à situer au même niveau si l’on se réfère à la notion d’État-nation. Car si le Paraguay et la France apparaissent comme des pays et des nations vaincues, en va-t-il de même pour la Confédération des États du Sud [2] ?
2La période est caractéristique de la transition qui, par la modernisation des armes et des armées, constitue un jalon dans la marche vers la guerre totale. Dans les trois pays, l’ampleur des pertes est considérable. La guerre de Sécession reste, à ce jour, la plus meurtrière de toutes les guerres des États-Unis, avec 602 000 victimes (dont 260 000 pour la Confédération, soit 5 % de la population, alors que les pertes de l’Union représentent 1,8 %) [3]. Les Français ont à déplorer 600 000 victimes [4], dont 139 000 soldats morts au combat ou de maladie. Le Paraguay représente un cas hors norme, et doit retenir l’attention puisque, dès le début de la guerre, ce pays a mobilisé 15 à 20 % de la population totale estimée à 440 000 habitants. Les enrôlements massifs se sont poursuivis et l’armée paraguayenne a incorporé beaucoup d’enfants de plus de dix ans. Les estimations actuelles des pertes varient de 60 à 69 % de la population totale [5].
3Battus à plate couture, France, Paraguay et États confédérés font l’expérience de l’occupation. Pour la France, celle du temps de guerre et des départements contrôlés dure jusqu’en 1873, et, comme on sait, la France perd l’Alsace et une partie de la Lorraine. Au Paraguay, les vainqueurs font la loi jusqu’en 1876, après avoir amputé le pays de 40 % de son territoire. À la suite de conflits sur la Reconstruction du pays et sur la question du renouvellement du corps électoral, les vaincus de la guerre de Sécession connaissent une occupation plus longue encore : de 1867 à 1877.
Culture de défaite et culture de guerre
4La culture de défaite entretient d’étroits rapports avec la culture de guerre, elle fait partie du temps de la guerre et de la sortie de guerre. Il faut distinguer ce qui relève de l’expérience et ce qui relève des temps de défaite.
5Du côté des militaires, et bien que les sources ne soient pas toujours faciles à interpréter, c’est par une approche renouvelée du combat, voire par une anthropologie du combat, qu’il faudra tenter de passer. À ce titre, il importe de relire ce qui est du ressort des procédés de combat, des méthodes de guerre, de l’expérience peu à peu confirmée d’un volume de feu sans précédent – particulièrement en 1870 –, pour trouver des réponses à la question du « comment s’avoue-t-on vaincu ? » [6], et pour expliquer des effondrements aux conséquences dramatiques (Sedan, le plus spectaculaire, le 1er septembre 1870). Mais tout ne se joue pas sous le feu : recrutement, conditions de vie, de marche, problèmes de santé, cantonnements (dans la campagne, pour les Français, durant l’hiver 1870) ont aussi leur rôle qu’il importe de cerner au plus près [7].
6Dans ces guerres de transition, est-il clair que la violence de guerre est en train de franchir un seuil ? Sans doute, si l’on regarde le niveau des pertes des batailles et de la guerre, mais aussi si on porte quelque attention à la volonté de briser le moral de l’adversaire, aux blessés achevés, aux massacres de prisonniers annonciateurs de ce qui se passera sur une plus grande échelle à partir des guerres balkaniques et de la Grande Guerre [8]. La guerre du Paraguay est un cas particulier en raison de l’« emballement » [9] de la violence et de l’héritage postcolonial spécifique à l’Amérique du Sud.
7En ce qui concerne les civils, la distinction entre zones envahies, menacées d’invasion, ou loin des fronts tombe sous le sens. Elle ne dispense pas d’évoquer l’expérience singulière de la défaite en cours. Dans un pays ou une nation qui sont soumis à l’impossibilité de renverser la fortune de la guerre, il sera commode de distinguer le rôle de la rumeur [10] et des nouvelles, celui de la propagande et de la diversité des attitudes. L’étude de la culture de défaite devrait mettre l’accent sur les mérites respectifs de régions, de groupes sociaux, voire d’individus, en posant la question du degré d’intégration nationale, car jusqu’à quel point une défaite peut-elle être un traumatisme national ? La désertion, le refus de résister, l’attentisme ou la passivité sont de bons indicateurs de la force du rapport à la nation mis à l’épreuve de la guerre. Mais à condition aussi de prendre en compte et de peser l’expérience directe de la guerre chez les civils : destructions, poids du passage des armées, otages et massacres. L’implication des civils ressort, ici encore, du passage à la guerre totale [11]. La sagesse imposerait de conclure qu’il est rare de rencontrer un peuple prêt au sacrifice suprême quand la partie est perdue. Le Paraguay constitue une exception remarquable par l’enrôlement d’un grand nombre d’enfants combattants, de vieux, d’Indiens qui renouvellent les effectifs de l’armée paraguayenne après la défaite de Tuyuti (mai 1866).
8Une fois les armes tues, dans le temps de la prise de conscience, la variété des réactions individuelles et collectives relève d’un inventaire connu : l’atroce nausée [12], le désespoir, l’abattement, la révolte, le soulagement, la défiance, la peur. La France de l’hiver et du printemps 1871 en est un bon exemple, puisqu’elle a subi plusieurs défaites avant de perdre définitivement la guerre, malgré un changement de régime qui avait fait naître quelques espoirs. Une des difficultés est de peser ce qui relève de la psychologie. Comment rendre compte de la fin d’un monde pour la Confédération ou le Paraguay ? Les confédérés font l’expérience d’une défaite qu’aucun autre Américain n’a expérimentée et un témoin pourra se qualifier d’« esclave du gouvernement yankee ». Au Paraguay, en revanche, il est plus difficile de connaître les réactions des rescapés ; le Paraguay entame l’après-guerre dans une économie de survie qui se prolonge jusqu’en 1880.
9Dans les trois défaites, on ne retrouve pas complètement l’argument de Wolfgang Schivelbusch [13], qui assure que le choc de la défaite se matérialise par une dépression, puis par un rejet de l’autorité dans une révolution violente et dans une ambiance eschatologique. Si l’argument peut être retenu pour les Communes de province et de Paris [14], il n’est pas vérifié pour le Sud des États-Unis et le Paraguay [15].
Digérer la défaite : culture de la défaite et culture de la guerre
10Les cultures de la défaite s’inscrivent dans la moyenne ou longue durée : pour la France, de 1871 à 1914, pour la Confédération, de 1865 à 1915, pour le Paraguay, de 1870 aux années 1950. Dans le rapport entre culture de la défaite et culture de la guerre, se joue la manière dont on reconnaît la valeur des combattants, les leçons (ou supposées telles) du désastre, enfin, les représentations.
11La comparaison entre la France et les États-Unis est instructive en ce qui concerne les honneurs rendus aux morts. En France, le dispositif commémoratif se met en place progressivement avec les monuments des batailles perdues (Sedan, Le Mans, etc.), les obélisques manifestant l’organisation systématique de cimetières militaires, les ossuaires (Bazeilles, Loigny), les statues de généraux, de soldats et surtout de gardes mobiles qui forment l’essentiel de la troupe statufiée. La défaite est magnifiée et le deuil national compensé par un héroïsme patriotique [16]. L’amour de la patrie contient implicitement une leçon sur les causes de l’échec final : le nombre, les méthodes d’un ennemi moins chevaleresque, etc. [17] Le sens civique dégagé par l’ensemble de ces monuments fait partie de processus de nationalisation des masses [18]. Aux États-Unis, les monuments confédérés sont érigés après ceux de l’Union. Les vaincus se contentent d’obélisques dans les cimetières, refusent le jour de congé du Memorial Day, instauré en 1868, et choisissent d’évoquer la grandeur des disparus à des dates différentes de celles de leurs anciens adversaires [19]. L’impression donnée par l’ensemble monumental confédéré est bien celle d’une reconquête du terrain perdu, du moins au plan symbolique et idéologique. Le plus décoré des champs de bataille du monde entier, Gettysburg, a cristallisé l’effort des régiments, des familles, des États : c’est aujourd’hui une forêt de marbre et de granit, de fer et de bronze. Les monuments nordistes sont érigés assez rapidement, on en compte 300 en 1888. Les monuments sudistes commenceront à apparaître à la fin des années 1880 et, surtout, les anciens États de la Confédération ont finalement participé à l’investissement de l’espace: de 1917 (pour la Virginie) à 1982 (pour le Tennessee). La preuve est faite à Gettysburg de l’existence d’une terre sacrée, rappelant un temps héroïque de la nation entière, noyant la défaite dans la réconciliation [20]. La reconquête monumentale est parfois moins irénique et manifeste plus d’ambition. Dans le monument d’Arlington (1914), on constate la matérialisation d’une interprétation de la guerre assez surprenante, où est glorifiée l’idée que le Sud avait combattu pour un droit constitutionnel, non pour maintenir l’esclavage [21]. Autrement dit, ce monument reconnaît la défaite militaire, pas la déloyauté de la sécession, ce qui manifeste l’existence d’une culture de la défaite bien vivante en 1914.
12Donner un ou des sens à la défaite impose aux sociétés et aux États de reconnaître une place aux vétérans. Aux États-Unis, si les nombreuses associations d’anciens combattants ont très vite pris part aux cérémonies, ce n’est qu’à partir de 1887 que Bleus et Gris se retrouvent ensemble aux anniversaires et aux réunions pour délivrer un message commun, où reviennent le plus souvent l’honneur, la dévotion, le sacrifice et l’amour de la patrie. Ils finissent par incarner la partie dominante de la mémoire de la guerre dans la société américaine. Et, à la fin de la décennie 1890, ils incarnent la « vieille » Amérique, dans une période d’immigration. En France, le monde des anciens combattants est beaucoup plus mal connu. Les associations apparaissent plus tardivement (fin des années 1880). On sait qu’elles participent aux journées anniversaires et aux pèlerinages. Il reste à préciser ce qui fait l’idéologie, l’action commemorative et le nombre de ces soldats et gardes mobiles [22]. Au Paraguay, ce que l’on peut désigner sous le nom de vétérans recouvre en fait deux groupes : les ex-enfants soldats, qui ont suivi, parfois avec cruauté, les ordres du dictateur Lopez, et les adultes survivants (prisonniers, blessés, voire « retournés » contre leur propre pays, ce qui est une pratique courante dans les guerres d’Amérique du Sud). Ces vétérans ont été réintégrés progressivement dans les années 1880 et surtout 1890. En 1899, une loi fera droit aux demandes de pension. En fait, si on note, comme dans le cas français, une période de vingt ans pour la reconnaissance pleine et entière de leur place en tant que groupe dans la société, c’est que leur image a changé. On est passé de l’évocation contrastée d’après la guerre (les traîtres, les déserteurs, les bourreaux) à celle de soldats braves opposés à un chef cruel, en mettant finalement l’accent sur les services rendus à la patrie.
13Honorer les combattants et les morts n’est qu’une partie d’une culture de la défaite. D’autres moyens que la statuaire ou les monuments ont été largement utilisés pour dire ou nier la défaite, pour exalter les héros. On n’insistera pas sur les représentations picturales et l’imagerie au demeurant bien connues au moins pour la France [23]. La représentation de la guerre croise ici la représentation de la défaite sous tous ses aspects : bataille rangée, panoramas, anecdotes. Une nouvelle sensibilité à la guerre se fait jour, où l’individu, la perte et la victime sont héroïsés, où la nation meurtrie est représentée par le sacrifice, les morts, les blessés.
14La littérature française donne de la guerre de 1870 une série d’images plus contrastées encore et la dénégation de la défaite y est plus marquée qu’ailleurs [24]. Dans le roman mondain et le roman populaire, les auteurs célèbrent les francs-tireurs, les enfants, les femmes, symbolisant la résistance française durant la période républicaine de la guerre. Massive et médiocre, cette abondante littérature est combattue sporadiquement par des œuvres moins lénifiantes, dont la valeur littéraire reste [25]. Dans la littérature américaine, un écart significatif sépare une lecture acérée de la période de guerre, bien convaincue du sens du combat du côté nordiste [26], d’une littérature de réunion, de réconciliation, désignée sous le nom de Plantation Novels, où la plantation symbolise une culture européenne aristocratique spécifique du Sud. À la vision idyllique du système esclavagiste succèdent certes la période de guerre et ses dangers, la Reconstruction aussi. Mais finalement la réunion des États s’incarne dans les fréquents mariages de jeunes officiers de l’Union avec des filles de l’aristocratie sudiste qu’ils ont protégées de tous les dangers. Par ce biais, la plantation devient un mythe de l’ensemble de la nation, et la nostalgie pour la période de l’esclavage et de la guerre domine.
15Les ressemblances entre deux littératures lénifiantes ou entre les œuvres picturales comparables conduisent donc à des rapprochements à la fois produits de leur temps et de la défaite : la dénégation, les réalités de la guerre, l’héroïsme des vaincus sont présents partout. Il reste que, au-delà des convergences, l’irréductible originalité de chaque culture rend la comparaison difficile. La production à caractère militaire en est un bon exemple. L’analyse des causes des désastres et l’élaboration d’une histoire événementielle sont attendues dans toute l’histoire militaire du xixe siècle. Il est inutile ici d’insister sur le palmarès qui distinguerait les histoires médiocres des récits solides, qui furent les moins nombreux à paraître pour la guerre de 1870 comme pour la guerre de Sécession. On relèvera plutôt des spécificités nationales. Par exemple, dans leurs mémoires comme dans leurs histoires, les Français se distinguent par une moindre attention aux détails des procédés tactiques, quand on compare leurs textes à ceux de leurs homologues américains (ou allemands). Et la production américaine se révèle la plus originale par la manière dont elle fait surgir une histoire à deux voix : celle du vainqueur et celle du vaincu. Elle n’a pas d’équivalent. Les quatre épais volumes des Battles and Leaders of the Civil War ont pour origine la publication par le magazine Century des analyses croisées de tous les événements de la guerre [27]. La correspondance des éditeurs témoigne de leur souci de travailler à la réconciliation Nord-Sud [28], et de réaliser une excellente affaire commerciale [29].
16Il serait possible, ici, d’arrêter l’analyse dans la mesure où l’on peut espérer limiter la culture de la défaite à son aspect guerrier ou aux conséquences de la guerre. Mais honorer les morts, les vivants, réconcilier la nation avec une image positive de son passé et de son avenir n’illustrent qu’un des aspects des cultures de la défaite, sans doute le plus spectaculaire, mais pas le plus important.
Culture de la défaite et politique
17Car, si les cultures de la guerre ne sont pas fatalement politiques, les cultures de la défaite s’inscrivent dans le champ politique et « le » politique en est probablement le ressort principal. Bien entendu, les traditions et l’évolution politiques des pays concernés jouent leur rôle, à des échelles et selon une chronologie variables.
18Aux États-Unis on retiendra, pour son exemplarité et sa force, l’expression de « Cause perdue » (The Lost Cause), inventée dans une histoire de la guerre, dès 1866, par Edward Albert Pollard. La formule a fait fortune et a désigné un programme de reconstruction, de guerre des idées sur la base de valeurs considérées comme supérieures à celles du Nord. Les exconfédérés l’ont utilisée comme moyen d’identification à une attitude passéiste ou nostalgique, et l’ont transformée, très rapidement, en religion civile avec ses arguments spécifiques, ses rituels, etc. Le sens de la perte y est étroitement relié à une conception chrétienne de l’Histoire. Et la « Cause perdue » travaille à la réconciliation ainsi qu’au soutien (politique) nécessaire au « Vieux Sud ». Trois éléments sont constants dans son développement : le contrôle de l’histoire de la guerre, l’expression de la suprématie blanche, la place très importante des femmes dans les nombreuses organisations. En tant que mouvement, la Cause perdue participe à la lutte contre la Reconstruction pour en faire une victoire en participant à la reconquête du pouvoir local (perdu durant l’occupation « yankee »), en combattant l’égalité avec les Noirs, en bref, en effaçant les problèmes nés de la Reconstruction. C’est sur la base de ses propres arguments que la Cause perdue entend gagner politiquement la nouvelle manche et faire triompher son interprétation du sens de la guerre. Ce programme se traduit par des raisonnements surprenants. On est, en effet, un peu étonné d’apprendre que le Sud n’a pas de responsabilité dans l’institution de l’esclavage, voire que les confédérés ont été les vrais abolitionnistes. On l’est davantage encore en découvrant que le peuple du Sud bénéficiait d’une égalité parfaite entre tous ses membres et qu’à ce titre il méritait aussi d’être crédité de la christianisation de quatre millions d’esclaves. La Cause perdue illustre ainsi la persistance d’un mouvement de dénégation de la défaite, capable de prendre à son compte une reconquête politique au niveau local et au niveau des États, capable aussi de reléguer le problème Noir au second plan.
19On retrouve le politique dans la France d’après 1870. La France contemporaine a la particularité d’avoir développé dès 1815 une culture de la défaite, illustrée par le combat idéologique autour du sens de la « défaite glorieuse » de Waterloo et en fonction du rapport à Napoléon [30]. La culture politique de la défaite resurgit logiquement après la guerre de 1870, après un changement de régime, dans la gestion de la mémoire douloureuse de la guerre perdue. Cette mémoire est restée conflictuelle. Qu’il y ait certes eu des tentatives d’unification idéologique manifestant le souci d’unir les Français dans un deuil commun est une réalité. Il reste que le regard sur les défaites passées et récentes est aussi conflictuel, par exemple dans l’histoire et la production scolaire [31]. On peut y suivre une relecture de l’histoire de France, où viennent au premier plan des vaincus attendus dans le discours national : Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Napoléon. Mais le rapport au politique sert à distinguer les bons et les mauvais régimes. Si on stigmatise les deux défaites impériales, on rappelle aussi les dates d’incontestables faillites royales, comme Poitiers (1346) ou Azincourt (1415). L’un des procédés les plus courants dans l’évocation des défaites est la téléologie. Par ce biais, la gauche fait de Poitiers en 1356 une «défaite créatrice» annonçant la Révolution française parce que du désastre sortent les États généraux. La droite peut contester l’interprétation en insistant sur le « châtiment providentiel » infligé à la France : il est, comme on sait, rappelé à chaque défaite, depuis 1815 et jusqu’en 1940. Une autre technique, celle de l’analogie, permet d’expliquer l’histoire par référence aux problèmes contemporains. Elle sert à légitimer la politique contemporaine, dans tous les camps, et a la vie dure en justifiant, par exemple, la politique de Vichy par les réactions du pouvoir royal à la défaite de 1356 [32]. En outre, la culture de la défaite inclut le thème majeur, mais pas entièrement nouveau, du redressement du pays grâce à de nouvelles institutions. Là est l’ambivalence fondamentale qui peut faire trouver bonne une défaite dans un discours de rassemblement au nom de la France : c’est porter à la fois l’espoir de la revanche intérieure à venir et la résignation des temps présents.
20Pour la guerre de 1870, les divisions des Français sont manifestes dans les choix de héros ou de hauts faits. Les républicains ont, par exemple, mis en avant la résistance de Denfert-Rochereau à Belfort et celle du général Chanzy et de la IIe armée de la Loire durant la période républicaine de la guerre. En face, les légitimistes avaient un autre point de vue et d’autres références guerrières. Dans ce camp, la défaite qui permet de ne pas s’abandonner au désespoir est celle de Loigny (2 décembre 1870) [33], avec l’héroïque exemple des Volontaires de l’Ouest, les anciens zouaves pontificaux dévoués au Sacré-Cœur [34]. Il fallait à la nation catholique, à la nation française tout court, des exemples et des héros. De nombreux orateurs, souvent des maîtres en éloquence religieuse, l’ont souligné lors des pèlerinages de la bataille. Les zouaves pontificaux ont contribué à définir un modèle de héros chrétien pour l’âge des nations et à rappeler la nécessité des liens entre religion et patrie. Un évêque, Mgr d’Hulst, le dit, après d’autres, en 1893 :
« Loigny est le sanctuaire d’une religion secondaire, dépendante du culte de Dieu et nécessaire elle aussi à l’existence des nations : le patriotisme, la religion de la patrie. » [35]
22Il faut alors rouvrir le dossier des commémorations de 1870. Si on a vanté l’abnégation des gardes mobiles, ce n’est pas seulement parce qu’ils représentaient la nation en armes, c’est aussi parce qu’ils la représentaient dans toutes ses composantes politiques et, en la matière, chacun peut avoir tendance à honorer les siens. Les commémorations parisiennes montrent aussi la persistance des conflits du temps de guerre entre la Garde nationale et le commandement français lors du siège. On retrouve le même type d’opposition à propos des Garibaldiens ou de groupes de francs-tireurs. Il serait bien hasardeux de prétendre que la France a communié dans le culte des vaincus de 1870 sans rappeler ces blessures mémorielles effacées par le temps et la Grande Guerre, sans rappeler non plus que la culture de la défaite procède ici aussi par exclusion : les Communards ne peuvent y être reconnus.
23Au Paraguay, le processus de relecture de la défaite a été plus long. À partir de 1871, le nouveau régime libéral a condamné le régime vaincu du maréchal Lopez et son militarisme, et décidé que la fête nationale aurait lieu au jour anniversaire du vote de la nouvelle Constitution libérale. Dans le cadre de ce qu’on appelle le « révisionnisme historique » en Amérique Latine, on a progressivement relu une histoire où les libéraux ont le mauvais rôle, celui d’une élite dévouée aux intérêts étrangers. Et on peut faire le constat de la progression parallèle du rôle d’un intellectuel, Juan O’Leary (transformé en « historien national » parce que son œuvre transmet une conception identitaire de l’histoire nationale), et d’une progression de l’attachement au maréchal Lopez, connu sous le nom de « lopisme » dans les groupes politiques et la société paraguayenne. La réhabilitation complète, officielle, du maréchal Lopez et de sa dictature commence dès les années 1920, avec l’évocation du héros de la résistance, puis avec la naissance de l’État militaire paraguayen, en 1936, enfin avec une nouvelle dictature, celle du général Stroessner en 1954 (le 24 juillet, jour de naissance du maréchal Lopez, devient « jour du souvenir » et « jour de l’armée » [36]). Les réticences des libéraux envers l’armée de Lopez et leur rejet d’un chef odieux sont alors de l’histoire ancienne.
24Dans ces quelques remarques, on aura noté que la comparaison de défaites et de cultures associées aux défaites n’est pas simple. Cependant, elle est peut-être utile pour tenter de préciser les processus de construction idéologique qui font de cultures de la défaite des cadres identitaires nécessaires à des sociétés bouleversées par les guerres et le désastre. On admettra sans peine les limites de l’exercice (on a laissé volontairement de côté l’aspect social, les groupes, etc.) et ce que le rapprochement a d’arbitraire. De sorte qu’il a plus valeur de programme heuristique que de véritable bilan. Mais, en utilisant ce qui peut apparaître comme une facilité d’usage de la langue française, en distinguant culture « de » guerre et culture « de la » guerre, culture « de » défaite et culture « de la » défaite, nous avons tenté de montrer que, au-delà d’irréductibles différences culturelles, le cœur de la comparaison se trouvait sans doute dans le rapport au politique.
Notes
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Maître de conférences à l’Université François-Rabelais de Tours.
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[1]
Pour des raisons évidentes, il a fallu renoncer à étendre l’étude à d’autres pays et d’autres guerres qui pourraient fournir de nombreux éléments de comparaison à partir de 1850: le Danemark après 1864, l’Italie après 1866 et/ou 1898 (défaite coloniale d’Adouah, contre l’Éthiopie en 1896), l’Italie toujours avec le cas particulier de Garibaldi à l’intérieur même du processus d’unification nationale, l’Autriche-Hongrie après 1859 et 1866, la Turquie après 1877, l’Espagne après 1898 (et la guerre contre les États-Unis), les séquelles des guerres balkaniques en 1913, etc.
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[2]
Ce fut certes un État, mais s’agit-il d’une nation ?
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[3]
Pour préciser davantage : les pertes de la population adulte mâle de la Confédération sont de 20 %, celles du Nord de 6 %. On notera aussi au passage le fort taux de pertes des Noirs engagés dans l’armée de l’Union : 36 000 décès sur 180 000 hommes engagés.
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[4]
Les pertes de la période de la Commune de Paris sont incluses dans ce chiffre.
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[5]
L. Capdevila, Une guerre totale, Paraguay 1864-1870, Rennes, 2007.
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[6]
La question va au-delà de la défaite comme « question morale », comme disait le général de Gaulle en 1920 (J. Lacouture, De Gaulle, I, Paris, 1984, p. 103).
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[7]
S. Audoin-Rouzeau, 1870, la France dans la guerre, Paris, 1989.
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[8]
Sans excepter bien sûr la répression de la Commune de Paris.
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[9]
L. Capdevila, Une guerre totale, op. cit., p. 113.
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[10]
A. Corbin, Le Village des cannibales, Paris, 1990.
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[11]
Qu’il suffise de renvoyer aux « Colonnes Infernales » du général Sherman à la fin de la guerre de Sécession ou à l’exemple de Bazeilles en France (O. Roynette, « Le village de la mort, les “atrocités allemandes en 1870” », dans Imaginaire et sensibilités. Études pour Alain Corbin, A.-E. Demartini et D. Kalifa dir., Grâne, 2005, p. 257-268).
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[12]
M. Bloch, L’Étrange défaite. Témoignage écrit en 1940, Paris, 1990.
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[13]
W. Schivelbusch, The Culture of Defeat. On National Trauma, Mourning, and Recovery, New York, 2003.
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[14]
Mais elles ne représentent pas une majorité de Français.
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[15]
La meilleure synthèse sur la sortie de guerre et ses conséquences reste D. Blight, Race and Reunion. The Civil War in American Memory, Cambridge, 2001.
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[16]
Le soldat du monument de Sedan meurt dans les bras de l’ange, avec la couronne de héros (statue par Croisy, 1890).
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[17]
Aux statues à sujet militaire, il faut bien entendu ajouter les allégories de la France, du peuple (le héros de Belfort), le monument aux instituteurs de l’Aisne (Laon, 1899).
-
[18]
A. Becker, « Monuments aux morts après la guerre de Sécession et la guerre de 1870-1871 : un legs de la guerre nationale ? », Guerres mondiales et conflits contemporains, 167 (1992), p. 23-40.
-
[19]
Par exemple en 1910, dix États du Sud ont choisi le jour de la naissance de l’ancien chef de la Confédération, Jefferson Davis (le 3 juin).
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[20]
T.A. Desjardin, These Honored Dead. How the Story of Gettysburg Shaped American Memory, Cambridge (Ma.), 2003.
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[21]
K. Cox, « The Confederate monument at Arlington », dans Monuments to the Lost Cause, C. Mills et P. Simpson dir., Knoxville, 2003, p. 149-162.
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[22]
Indications dans F. Roth, La Guerre de 1870, Paris, 1989, p. 691.
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[23]
H. Puiseux, Les Figures de la guerre. Représentations et sensibilités, 1839-1996, Paris, 1997; F. Robichon, La Peinture militaire française de 1871 à 1914, thèse d’État, université Paris 4 Sorbonne, 1997. Nous n’avons pas trouvé d’analyse d’ensemble des représentations picturales de la guerre de Sécession ou de la guerre du Paraguay.
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[24]
C. Digeon, La Crise allemande de la pensée française, 1870-1914, Paris, 1959.
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[25]
Rappelons La Débâcle (É. Zola), Boule de Suif (G. de Maupassant) et Sueur de Sang (L. Bloy).
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[26]
Avec des écrivains comme C. Tourgee, S. Crane, A. Bierce.
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[27]
Battles and Leaders of the Civil War, R.U. Johnson et C.C. Buel dir., New York, 1884-1888.
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[28]
D. Blight, Race and Reunion, op. cit., p. 177 ; toutefois l’auteur signale que la mise en valeur du sacrifice des soldats s’accompagne de silences : sur les causes de la guerre, sur l’esclavage, sur les horreurs de la guerre.
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[29]
L’entreprise rapportera un million de dollars de profit, ibid., p. 179.
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[30]
Je renvoie, avec les excuses d’usage, à J.-M. Largeaud, Napoléon et Waterloo, la défaite glorieuse, Paris, 2006.
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[31]
C. Amalvi, De l’art et la manière d’accommoder les héros de l’histoire de France, Paris, 1979.
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[32]
C. Amalvi, « Penser la défaite, le recours à une histoire analogique : de la chute de Napoléon Ier à la chute de la IIIe République », dans Penser la défaite. Actes du colloque, université de Toulouse-Le Mirail, 20-21 mai 1999, P. Cabanel et P. Laborie dir., Toulouse, 2002.
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[33]
J.-M. Largeaud, « Qui se souvient de Loigny ? », article à paraître.
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[34]
La fameuse bannière des Volontaires de l’Ouest fut brodée par les religieuses de Paray-le-Monial. Destinée d’abord au général Trochu, elle est finalement envoyée au Saint Homme de Tours, M. Dupont, en octobre 1870, puis remise au colonel de Charette commandant les anciens zouaves pontificaux, voir J. Benoist, Le Sacré-Cœur de Montmartre de 1870 à nos jours, Paris, 1992, vol. 1, p. 201-203.
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[35]
M. Le Sage d’Hauteroche d’Hulst, Religion et patrie, discours prononcé à la consécration de l’église de Loigny le 18 septembre 1893, Chartres, 1893.
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[36]
L. Capdevila, Une guerre totale, op. cit., p. 180-228, pour le rôle d’O’Leary et le détail – simplifié ici pour les besoins de la cause – des relectures de la guerre et du régime de Lopez en fonction des appartenances politiques.