Hypothèses 2007/1 10

Couverture de HYP_061

Article de revue

Définir l'identité

Pages 155 à 167

Notes

  • [1]
    Le nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, J. Rey-Debove et A. Rey dir., Paris, 1993, entrée « identité ».
  • [2]
    C. Lévi-Strauss et J.-M. Benoist, « Conclusions », dans L’Identité, séminaire interdisciplinaire dirigé par Claude Lévi-Strauss, professeur au Collège de France, 1974-1975, C. Lévi-Strauss dir., Paris, 1977, p. 317-332 ; R. Brubaker, « Au-delà de l’“identité” », Actes de la recherche en sciences sociales, 139 (2001), p. 66-85, qui met en avant l’ambiguïté voire les contradictions dont ce terme est porteur.
  • [3]
    W. Pohl, « Aux origines d’une Europe ethnique, transformations d’identités entre Antiquité et Moyen Âge », Annales HSS, 1 (janvier-février 2005), p. 183-208.
  • [4]
    Voir les deux éditoriaux des Annales : « Histoires et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 2 (mars-avril 1988), p. 291-293 ; et « Histoire et sciences sociales : tentons l’expérience », Annales ESC, 6 (nov.-déc. 1989), p. 1317-1323.
  • [5]
    L’expression est employée pour la première fois par E. Erikson, Enfance et société, Neuchâtel-Paris, 1959 [1950].
  • [6]
    Pour une première approche, C. Halpern, « Faut-il en finir avec l’identité ? », dans Identité(s). L’individu, le groupe, la société, Auxerre, 2004, p. 11-20. Ces questions sont traitées de manière plus approfondies par P. Gleason, « Identifying identity : A Semantic History », The Journal of American History, 69/4 (1983), p. 910-931, ici p. 922-929.
  • [7]
    Y. Battistini, Trois présocratiques. Héraclite, Parménide, Empédocle, Paris, 1955.
  • [8]
    D. Iogna-Prat, « Introduction générale : la question de l’individu à l’épreuve du Moyen Âge », dans L’Individu au Moyen Âge, individuation et individualisation avant la modernité, B.M. Bedos-Rezak et D. Iogna-Prat dir., Paris, 2005, p. 7-29.
  • [9]
    Sur le contexte de l’apparition de ce terme, voir R. Langbaum, The Mysteries of Identity. A Theme in Moderne Literature, New York, 1977, p. 25.
  • [10]
    S. Chauvier, « La question philosophique de l’identité personnelle », dans Identité(s), op. cit., p. 25-32.
  • [11]
    C. Taylor, Hegel et la société moderne, Laval-Paris, 1998 [1979], p. 14-23.
  • [12]
    A. Oppenheimer, « Identité », dans Dictionnaire international de la psychanalyse, 1, A. de Mijolla dir., Paris, 2002, p. 783-784 ; A. de Mijolla, « Identification », ibid., p. 772-776.
  • [13]
    Sur A. Kardiner, M. Mead et leurs travaux, voir Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, P. Bonte et M. Izard dir., Paris, 2002 (1991), p. 403-404 et 458-459.
  • [14]
    M. Mauss, « L’âme, le nom et la personne » [1929], dans Œuvres, 2, Paris, 1969, p. 131-135 ; et id., « Une catégorie de l’esprit humain : la notion de personne, celle de “moi” » [1938], dans Sociologie et anthropologie, Paris, 1950, p. 331-362.
  • [15]
    Ethnic Groups and Boundaries. The Social Organisation of Cultural Difference, F. Barth éd., Boston, 1969.
  • [16]
    L’attention portée à l’interaction dans la constitution de l’identité a notamment été soulevée par les membres de l’école pragmatiste de Chicago dont G.H. Mead dans L’Esprit, le soi, la société, Paris, 1963 [1943]. Pour lui, le comportement de l’homme tient du « soi », lui-même opposé à l’« esprit ». L’esprit se constitue par le jeu des interactions sociales, et la conscience de soi naît dès lors d’un acte permettant le rapport conscient et contrôlé à autrui. La conscience de soi entraîne l’identité sociale partagée, née de ses expériences liées à la mémoire (le « moi »), ainsi que les activités spontanées de l’individu (le « je »). Le « je » réagit constamment sur le moi, donc sur le processus de socialisation en le transformant. À noter que la notion de mémoire est à mettre en relation avec les travaux de M. Halbwachs qui interrogent le rapport entre mémoire collective et mémoire individuelle (Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1925).
  • [17]
    E. Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi, Paris, 1973 (1re éd. 1959).
  • [18]
    E. Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, 1975 (1re éd. 1963).
  • [19]
    Ibid., p. 11-13 et p. 160.
  • [20]
    Ibid., p. 12 et p. 81-82.
  • [21]
    Ibid. p. 57-126, plus particulièrement p. 57-58, 72-74 et 81-82.
  • [22]
    La question de l’identité personnelle a été développée par P. Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, 1990. Il y distingue deux pôles de l’identité : la mêmeté, qui est d’une certaine manière la part objective de l’identité personnelle, et l’ipséité, part subjective de l’identité personnelle (ibid., p. 137-198).
  • [23]
    Ibid., p. 127.
  • [24]
    L’identité pour autrui est constituée de « l’identité personnelle et de l’identité sociale d’un individu [qui] ressortissent au souci qu’ont les autres de les définir », ibid., p. 127. Par ailleurs, il faut noter que l’opposition entre identité pour autrui et identité pour soi n’est pas stricte : « Certes, l’individu se sert pour édifier son image de lui-même des mêmes matériaux que les autres ont déjà utilisés pour lui bâtir une identification sociale et personnelle. Il n’en reste pas moins une grande liberté quant au style de la construction », ibid., p. 127-128.
  • [25]
    L’identité sociale comporte une part d’« attributs structuraux comme la “profession” », ibid., p. 12. Cette opposition reste donc schématique, mais néanmoins conforme aux principales orientations de ces courants.
  • [26]
    P. Bourdieu, Le Sens pratique, Paris, 1980, p. 87-109.
  • [27]
    Ibid., p. 100-101.
  • [28]
    P. Bourdieu précise que « l’habitus, qui, à chaque moment, structure en fonction des structures produites par les expériences antérieures les expériences nouvelles qui affectent ces structures dans les limites définies par leur pouvoir de sélection, réalise une intégration unique, dominée par les premières expériences, des expériences statistiquement communes aux membres d’une même classe », ibid., p. 101-102.
  • [29]
    P. Corcuff, « Le collectif au défi du singulier : en partant de l’habitus », dans Le Travail sociologique de Pierre Bourdieu, dettes et critiques, B. Lahire dir., Paris, 1999, p. 95-120.
  • [30]
    L’attention donnée par P. Corcuff à la pluralité des logiques d’actions doit beaucoup à l’analyse de F. Dubet qui, en filiation avec E. Goffman notamment, met l’accent sur la part subjective de l’identité, ibid., p. 111-115. La sociologie des régimes d’action à laquelle se réfère P. Corcuff repose sur l’approche initiée par la sociologie pragmatique, et sur les travaux de L. Boltanski et de L. Thévenot, ibid. p. 115-118.
  • [31]
    C. Dubar, La Crise des identités. L’interprétation d’une mutation, Paris, 2000.
  • [32]
    A. Daumard, Les Bourgeois de Paris au xixe siècle, Paris, 1970. Une critique de la méthode a été formulée par M. Gribaudi, « Échelles, pertinence, configuration », dans Jeux d’échelles. La microanalyse à l’expérience, J. Revel dir., Paris, 1996 ; avant d’être nuancée par G. Noiriel, Sur la « crise » de l’histoire, Paris, 1996, p. 162-163.
  • [33]
    M. Gribaudi, « Échelles, pertinence, configuration », art. cité, p. 116-117.
  • [34]
    Ce mouvement historiographique naît avec l’éditorial « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 2 (mars-avril 1988), p. 291-293.
  • [35]
    R. Chartier, « Le monde comme représentation », Annales ESC, 6 (novembre-décembre 1989).
  • [36]
    M. Gribaudi, Itinéraires ouvriers. Espaces et groupes sociaux à Turin au début du xxe siècle, Paris, 1987.
  • [37]
    P. Ricœur, Soi-même comme un autre, 1990, p. 137-198.
  • [38]
    B. Lepetit, « Histoire des pratiques, pratique de l’histoire », dans Les Formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, B. Lepetit dir., Paris, 1995.
  • [39]
    S. Fitzpatrick, « L’identité de classe dans la société de la NEP », Annales ESC, (mars-avril 1989), p. 251-271.
  • [40]
    C. Klapisch-Zuber, « La construction de l’identité sociale. Les magnats dans la Florence du Moyen Âge », dans Les Formes de l’expérience, op. cit., 1995.
  • [41]
    B. Lepetit, op. cit.
  • [42]
    J.-F. Bayard, L’Illusion identitaire, Paris, 1996. L’auteur affirme qu’il n’y a pas d’identités naturelles, mais seulement des stratégies identitaires.
English version

1Évoquer l’identité semble aujourd’hui relever d’un discours parfaitement banal, tant la notion est d’un emploi courant. Pourtant, si l’on se réfère volontiers à cette notion, la cerner s’avère être une entreprise malaisée. Le sens commun tend à considérer l’identité comme une donnée existant en elle-même, essentielle. Mais cette orientation est loin d’être unanimement partagée. Pour clarifier le propos, un détour par un dictionnaire de la langue française semble nécessaire. En ouvrant l’un d’eux, on constate qu’« identité » recouvre cinq sens ou nuances de sens : ils expriment la similitude, l’unité, l’identité personnelle, l’identité culturelle et la propension à l’identification [1]. Or c’est précisément le caractère polysémique de cette notion que stigmatisent un certain nombre de publications, jugeant son emploi hasardeux [2]. La pertinence du recours à l’identité comme outil d’analyse est alors posée [3]. Pourtant, de nombreux travaux appartenant à des domaines de recherche forts différents font appel à la notion d’identité afin d’appréhender la complexité des relations sociales. L’historiographie elle-même, depuis une quinzaine d’années environ, tend à montrer que l’identité est une notion parfaitement opératoire pour l’analyse historique [4]. C’est ainsi que, encouragés par cette orientation, il nous a paru souhaitable de faire de l’identité un concept clé des différentes contributions proposées ici. Toutefois, il s’agit avant tout d’essayer de préciser le sens de cette notion complexe et de justifier le choix de mettre l’accent sur l’identité sociale. Pour cela, il paraît nécessaire de considérer l’intérêt récent et les implications de la notion d’identité dans les sciences humaines en général, et leur impact dans l’écriture de l’histoire en particulier.

Genèse et développement du concept dans le champ des sciences sociales

2La notion d’identité est d’un usage massif mais récent dans le champ des sciences sociales. Associé à la psychologie et à la sociologie dans les années cinquante aux États-Unis, le terme d’identité bénéficie de l’aura de ces disciplines dont on pense alors qu’elles peuvent expliquer les secrets de la condition humaine. Les problèmes sociaux et politiques aux États-Unis durant les années soixante contribuent eux aussi au succès de la notion. Le pays est atteint par la « crise d’identité », un mal ainsi nommé depuis peu [5]. Cette période, caractérisée notamment par l’affirmation de la minorité afro-américaine, entraîne le réexamen des relations entre l’individu et la société. Dès lors, l’identité est devenue un concept incontournable. Ce phénomène se traduit par la création de départements relatifs aux identités minoritaires au sein des universités américaines et par son prolongement, l’utilisation croissante du concept d’identité dans d’autres domaines de la recherche [6]. Si le concept d’identité prend un essor considérable durant les années soixante-dix et se diffuse depuis les États-Unis, l’intérêt qu’il suscite est cependant antérieur. Aussi faut-il considérer plus précisément la genèse, le développement ainsi que les différentes acceptions prises par le concept d’identité dans le champ des sciences sociales.

3La philosophie s’empare dans un premier temps des interrogations suscitées par l’identité. En effet, la tradition philosophique est ancienne. Les philosophes présocratiques, comme Héraclite et Parménide au tournant des vie et ve siècles av. J.-C., faisaient déjà de l’identité un concept central de leurs réflexions [7]. Au Moyen Âge, le terme d’identité permet d’exprimer la conformité au groupe [8]. Plus récemment, les empiristes des xviie et xviiie siècles ont usé de ce terme pour poser le problème de l’identité personnelle [9]. John Locke, en particulier, s’est heurté à la question de l’unité de l’identité personnelle dans le temps, qu’il résolut en postulant qu’une personne est une conscience de soi incarnée capable de garder à l’esprit les phases successives de son existence [10]. Au xixe siècle, Georg Wilhelm Friedrich Hegel a déplacé la question de l’identité dans le champ des rapports sociaux. L’identité résulte alors de la reconnaissance réciproque du moi et de l’autre, elle naît d’un processus conflictuel où se construisent des interactions individuelles, des pratiques sociales objectives et subjectives [11].

4La question de l’identité s’enrichit au xxe siècle grâce à son développement dans les divers champs de la connaissance. La psychologie notamment s’empare du concept et met avant tout l’accent sur l’individu. Pour Sigmund Freud et la tradition freudienne, les identités se construisent dans le conflit : entre l’identité pour soi et l’identité pour autrui, d’une part ; entre les différentes instances de l’individu que sont le Ça, le Moi et le Surmoi, d’autre part [12]. C’est Erik Erikson surtout qui joue un rôle central dans la circulation du terme d’identité et dans l’engouement qu’il rencontre dans les sciences sociales. Psychanalyste de formation, il entre en contact avec l’école culturaliste américaine, plus particulièrement avec les écrits d’Abram Kardiner et de Margaret Mead [13]. Ces anthropologues s’attachent à relier les caractéristiques psychologiques des individus et les expressions particulières des cultures dans lesquelles ils évoluent. Influencé par ces travaux, Erik Erikson tente de dépasser la théorie freudienne dans son ouvrage Enfance et société, paru en 1950, en soulignant le rôle des interactions sociales sur la construction de la personnalité.

5Le concept tend également à se diffuser par le biais de la sociologie et de l’anthropologie selon des perspectives différentes. Au sein de l’anthropologie française du début du xxe siècle, les analyses se concentrent d’abord sur le concept de personne. La notion invite à s’interroger sur les systèmes de pensée qui confèrent à l’être humain une identité, ainsi que sur le statut de la personne. Dans cette perspective, ce sont les analyses de Marcel Mauss qui s’avèrent fondamentales. Celui-ci entend entre autres montrer comment la « personne humaine », dont la reconnaissance et l’identité peuvent varier selon les situations ou les moments sociaux traversés par l’individu, se constitue dans la société [14].

6Mais ce point de vue ne fait pas l’unanimité. Pour l’anthropologie structurale, l’identité est un concept majeur. Elle le relie d’ailleurs de manière indissociable à la notion d’ethnicité. Dans cette perspective, l’identité ethnique apparaît comme une réalité fondamentale et universelle de la vie sociale, ce qui revient à postuler de manière implicite que l’identité est une donnée immuable et naturelle. Ce postulat est remis en question à partir des années cinquante et de manière décisive en 1969, lorsque Fredrick Barth publie son ouvrage Ethnic Groups and Boundaries[15], où il montre que les identités sont créées et maintenues par le jeu des interactions entre les groupes ; lui-même s’inspire d’une théorie développée par la sociologie, l’interactionnisme symbolique.

7Même s’il n’est pas le premier à utiliser ce concept, c’est pourtant bien Erving Goffman qui en a produit les développements les plus substantiels [16]. Dès ses premiers écrits, l’interactionnisme symbolique apparaît comme une théorie visant à expliquer comment se constituent les catégories de la vie sociale au cours des activités d’ensembles complexes de groupes ou d’individus en coopération ou en opposition [17]. Mais c’est en 1963, tout particulièrement avec la parution de Stigma, qu’Erving Goffman en fait un outil d’analyse de l’identité [18]. Dans cet ouvrage, l’auteur montre que c’est par le stigmate, conçu non pas tant comme une marque ou un attribut spécifique mais bien plutôt en termes de relations, que les partenaires sont amenés à jouer un rôle [19]. Dans l’interaction, plusieurs composantes de l’identité s’élaborent et entrent alors en jeu. L’identité sociale, d’abord, résulte de la conformité ou de la non-conformité entre l’impression première produite par autrui et les signes qu’il manifeste [20]. L’identité personnelle, ensuite, s’articule autour du contrôle de l’information dans une situation relationnelle donnée [21]. À noter que c’est par cette notion que Paul Ricœur aborde la question de l’identité. Son acception en est pourtant différente et se rapproche davantage – mais en partie seulement – de la dernière composante de l’identité développée par Goffman, l’identité pour soi [22]. En filiation revendiquée avec les thèses d’Erik Erikson, cette dernière est « le sentiment subjectif de sa situation et de la continuité de son personnage que l’individu en vient à acquérir par suite de ses diverses expériences sociales » [23]. Pour Goffman, l’identité d’un individu qui s’élabore par le jeu de l’interaction résulte alors de l’opposition entre une identité définie par autrui (l’identité « pour autrui ») et une identité pour soi [24].

8Deux manières principales d’appréhender l’identité se dégagent, de façon schématique, de l’analyse du concept menée jusque-là. D’une part, l’identité apparaît comme une donnée stable, voire naturelle, et appliquée à des entités collectives dans la tradition de l’anthropologie structurale. D’un autre côté, les théories de l’interaction présentent l’identité comme un concept relatif et davantage centré sur l’individu [25].

9Pourtant, les oppositions entre identité collective et identité individuelle ainsi qu’entre identité pour soi et identité pour autrui ne sont pas irréductibles. Elles peuvent en effet trouver une résolution dans la théorie de l’habitus élaborée par Pierre Bourdieu [26]. L’habitus présente l’avantage de penser le collectif et le singulier à travers un véritable singulier collectif. Pour un individu biologique donné, Pierre Bourdieu distingue l’habitus de classe et l’habitus individuel : leur rapport est défini par une relation d’homologie « qui unit les habitus singuliers des différents membres d’une même classe », ce qui signifie que « chaque système de dispositions individuel est une variante structurale des autres » [27]. Quant aux différences constatées entre les différents habitus individuels, leur principe réside dans la « singularité des trajectoires individuelles » [28]. La théorie de l’habitus s’avère donc nettement éloignée du caractère holiste que lui prêtent ses détracteurs. Cependant, pour certains sociologues, cette théorie au demeurant parfaitement valide comporterait des angles morts susceptibles d’être réduits par d’autres apports, sans pour autant tomber dans l’éclectisme. Pour Philippe Corcuff, la théorie de l’habitus présuppose l’unité et la permanence de la personne, et n’épuise pas la singularité [29]. Il s’agirait alors d’apporter des développements à cette théorie en considérant plus largement les logiques d’action (intégration, stratégie et subjectivation) et les régimes d’action (articulations et tensions) [30].

L’identité en histoire : essai de bilan historiographique

10En histoire, l’usage du terme d’identité a également connu une inflation remarquable depuis deux décennies. Pourtant, la question de l’utilisation de cette notion dans le champ historiographique ne va pas sans difficultés. Une difficulté documentaire tout d’abord, dans la mesure où la perception des identités individuelles en sociologie passe, de façon privilégiée, par le recours à des sources orales rassemblées au terme d’entretiens menés selon des critères scientifiques rigoureux. Par ailleurs, les problématiques développées par les sociologues pour analyser la société contemporaine ne sont pas nécessairement transposables à toutes les périodes historiques. C’est ainsi que, pour nombre de sociologues, le concept d’identité serait l’une des marques de la modernité et s’appliquerait préférentiellement aux sociétés contemporaines [31].

11La notion d’identité est longtemps restée un impensé de l’histoire sociale. Pour les historiens de l’École des Annales, les catégories sociales étaient élaborées à partir de critères externes et objectifs et elles ne faisaient pas véritablement l’objet d’une étude préalable à leur intégration dans des séries statistiques destinées à servir de socle à une histoire quantitative. Par ailleurs, l’histoire ne se faisait pas à l’échelle des individus mais de groupes sociaux plus vastes. Dans ces conditions, la question de l’identification des individus à ces catégories sociales n’était pas posée explicitement. La thèse qu’Adeline Daumard a consacrée à la bourgeoisie parisienne au xixe siècle a été présentée comme révélatrice de cette démarche [32]. L’auteur, à partir de critères objectifs, comme la profession exercée, la fortune ou le revenu, parvient à distinguer différentes classes de bourgeoisie. Elle intègre certes à son analyse des études de cas particuliers, mais l’inscription des individus concernés dans les différentes classes de bourgeoisie repose sur des critères externes, et la question de leur identification à ces catégories n’est pas posée. Comme le relève Maurizio Gribaudi, « la source qualitative peut servir à illustrer la proposition générale, mais elle ne se constitue pas en tant que preuve ; elle ne peut qu’ajouter un “effet de réel” à un portrait qui, dans ses lignes de fond, n’est défini que par les données quantitatives » [33]. La méthode retenue, le choix des sources sont autant d’obstacles à une histoire de la bourgeoisie conçue non comme une catégorie préconstruite mais comme un principe identitaire.

12À la fin des années quatre-vingt, au moment de ce qu’il est convenu d’appeler le « tournant critique » [34], la situation semble changer du tout au tout. La notion d’identité devient alors centrale dans l’historiographie française. Ce renversement de perspective apparaît en réalité comme le résultat d’un processus complexe. Il est tout d’abord lié au développement, au cours des années soixante-dix, de l’histoire des représentations, qui conduit à modifier l’approche de l’histoire culturelle mais également de l’histoire sociale. Se développe alors une histoire culturelle du social, que l’on peut aussi qualifier d’histoire sociale des représentations [35]. S’impose ainsi l’idée que les groupes sociaux ne doivent plus être considérés comme des substances immuables et prédéfinies, construites artificiellement par l’historien qui les constitue en objet d’analyse, mais comme des constructions sociales qui reposent sur l’identification de ceux qui en sont membres. Leur étude requiert donc d’interroger la relation des individus aux catégories auxquelles ils sont supposés appartenir. La prise en compte par l’historien de ces sentiments d’appartenance pose fondamentalement la question de l’identité. En réalité, celle-ci n’apparaît pas encore comme un objet spécifique, dans la mesure où il n’est pas question d’étudier les identités individuelles pour elles-mêmes, mais d’élaborer un outil d’analyse pour juger de la pertinence de telle ou telle catégorie dans une société donnée. Il s’agit en définitive de faire le départ entre des catégories sociales qui ne seraient que des artefacts historiographiques et des catégories auxquelles les acteurs sociaux s’identifient et qui semblent alors opératoires pour penser le fonctionnement d’une société donnée. Catégories sociales et identités sociales tendraient, dans cette perspective, à devenir synonymes.

13L’autre facteur susceptible d’expliquer le succès de la notion d’identité au moment du « tournant critique » réside dans l’apparition en Italie, au cours des années quatre-vingt, du courant de la microhistoire. Les historiens de ce mouvement historiographique ont repensé la question de l’échelle d’analyse historique et, plus fondamentalement, des rapports entre le particulier et le général. Or de telles réflexions sont au cœur de la problématique de l’identité, qui invite précisément à penser l’inscription du général dans le particulier. Un microhistorien comme Maurizio Gribaudi a ainsi pu proposer une étude novatrice de la classe ouvrière turinoise au début du xxe siècle, en prenant en considération les stratégies des différents acteurs, en tentant de mettre au jour leurs trajectoires individuelles [36]. Cette catégorie sociale n’est donc plus considérée comme un tout homogène mais comme un faisceau d’interactions fluctuantes. Les identités sociales s’actualisent dans des interactions et ne sont pas des substances venant informer a priori les comportements des acteurs sociaux. L’histoire des groupes sociaux se fait ainsi à l’échelle des individus, et donc de leurs stratégies et de leurs identités.

14À ces deux évolutions internes au champ historiographique, vient s’ajouter l’influence exercée par d’autres disciplines. Il en va ainsi de la philosophie de Paul Ricœur et, en particulier, de la notion d’identité narrative. Selon cet auteur, l’identité personnelle est polarisée par la tension entre mêmeté et ipséité. Or, précisément, l’identité narrative – l’identité construite dans et par le récit, que celui-ci soit littéraire ou historique – sert de médiation entre ces deux pôles de l’identité [37].

15Ces différents questionnements ont été reformulés par les historiens ayant participé à l’aventure du « tournant critique ». Il en va ainsi de Bernard Lepetit, qui repose le problème dans la préface de l’ouvrage collectif Les formes de l’expérience, sorte de manifeste théorique du mouvement. L’historien affirme en effet que « les hommes ne sont pas dans les catégories sociales comme des billes dans des boîtes, et que d’ailleurs les boîtes n’ont d’autre existence que celles que les hommes, en contexte, leur donnent » [38]. En d’autres termes, toute opération de classification du social en catégories pertinentes suppose la prise en compte des identités sociales, étant entendu que celles-ci ne sont jamais que le produit d’interactions complexes et fluctuantes. La problématique des identités se trouve ainsi au cœur de nombre de travaux consécutifs au « tournant critique », auxquels il faut ajouter des travaux légèrement antérieurs, qui leur servirent de modèles. Il en va ainsi des recherches de Sarah Fitzpatrick sur les identités sociales en Union soviétique au moment de la NEP [39]. L’auteure y met au jour les rapports complexes entre classes sociales et identités. Elle montre que l’identification des individus aux catégories sociales mises en place par l’État soviétique était précaire et instable, même si des phénomènes d’intériorisation des structures sociales ont pu se produire. Il faut également évoquer les travaux de Christiane Klapisch-Zuber sur la société florentine à la fin du Moyen Âge [40]. Elle étudie en particulier la catégorie de magnat, qui apparaît alors dans les sources, et montre que celle-ci se réduisait à un statut juridique, dépourvu à l’origine de tout contenu social, une catégorie institutionnelle imposée à laquelle ne s’identifiaient pas ceux qui en faisaient partie. Le critère du sentiment d’appartenance, de la relation individuelle du sujet au groupe est donc devenu central et permet de décider de la pertinence des catégories sociojuridiques, évitant ainsi de prendre le mot pour la chose.

Problématique générale et approches individuelles

16La notion d’identité est opératoire pour analyser la formation et l’évolution des groupes sociaux. Elle permet de combiner histoire sociale et histoire des représentations, et invite à être attentif à l’importance de l’échelle d’analyse. Cette notion constitue un outil indispensable pour penser la place d’un individu à l’intérieur d’un groupe social ou de la société dans son ensemble. En d’autres termes, elle sert à faire le lien entre les différentes échelles d’analyse du social et à penser le collectif dans le singulier.

17Nous avons voulu appliquer cette approche à des sociétés très différentes : la Rome républicaine, la France du xve siècle, le Tibet des xixe et xxe siècles, et les Soninkés de la moyenne vallée du Sénégal au xxe siècle. Les objets étudiés diffèrent également : identités sociales, mais aussi identités de genre dans le cas des veuves. Au-delà de la diversité des objets et des contextes, une même question se pose, celle de la relation problématique entre des individus et leur supposée catégorie d’appartenance.

18Il s’agit ainsi de s’interroger sur la pertinence des identités prises pour objet d’étude, et donc des catégories sociales auxquelles elles sont censées renvoyer. Toutes les communications révèlent le caractère problématique des identités étudiées. Si les sources attestent l’existence d’un statut spécifique (patricien, vidual, nobiliaire, lignager…), la question de savoir si ce statut était porteur d’identité demeure. Ces identités étant mouvantes, leur pertinence à une époque donnée reste à déterminer. Et même si celle-ci est établie, il reste encore à comprendre ce qu’une telle identité recouvre exactement. Cette prudence méthodologique a pour fin d’éviter de construire un artefact historiographique, qui risque de faire écran à la réalité sociale de l’époque étudiée. La réflexion porte donc sur le contenu identitaire de ces groupes sociaux et sur la nature de la relation entre les membres de ces groupes et leur statut.

19La relation entre les individus et les catégories identitaires qui les définissent se saisit d’abord dans le langage, ce qui explique le recours à l’analyse sémantique dans la plupart des contributions. L’analyse des discours des acteurs, de la terminologie qu’ils utilisent pour se désigner, mais aussi de leur dénomination, peut constituer un préalable utile à l’étude des identités.

20La relation entre les individus et leurs groupes d’appartenance donne également lieu à des stratégies – dites identitaires – pour s’affirmer, pour être énoncée devant les autres acteurs sociaux. L’étude des stratégies sert en partie à vérifier la permanence des identités. On déduit en quelque sorte l’existence d’une identité, et donc d’un groupe susceptible d’en être porteur, de l’existence de stratégies identitaires. Ce constat rejoint d’ailleurs le point de vue de Bernard Lepetit, selon lequel les identités sociales « n’ont pas de nature, mais seulement des usages » [41]. Dans la mesure où les identités ne sont pas données une fois pour toutes, mais n’existent que dans leurs actualisations, les stratégies des acteurs constituent un moyen privilégié pour les étudier [42].

21Un autre élément de convergence entre ces différentes études, lié au précédent et témoignant d’une conception constructiviste de cette notion, réside dans la complexité des contenus identitaires analysés, qui renvoient à une multiplicité de communautés d’appartenance. Il en va ainsi des patriciens, qui se perçoivent également comme nobles et qui pensent leur identité en relation avec l’identité nobiliaire. C’est aussi bien le cas des veuves, qui se définissent aussi dans leur rapport au groupe des miserabiles personae. Autant d’éléments de convergence qui nous semblent justifier une approche commune de la notion d’identité.

Notes

  • [1]
    Le nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, J. Rey-Debove et A. Rey dir., Paris, 1993, entrée « identité ».
  • [2]
    C. Lévi-Strauss et J.-M. Benoist, « Conclusions », dans L’Identité, séminaire interdisciplinaire dirigé par Claude Lévi-Strauss, professeur au Collège de France, 1974-1975, C. Lévi-Strauss dir., Paris, 1977, p. 317-332 ; R. Brubaker, « Au-delà de l’“identité” », Actes de la recherche en sciences sociales, 139 (2001), p. 66-85, qui met en avant l’ambiguïté voire les contradictions dont ce terme est porteur.
  • [3]
    W. Pohl, « Aux origines d’une Europe ethnique, transformations d’identités entre Antiquité et Moyen Âge », Annales HSS, 1 (janvier-février 2005), p. 183-208.
  • [4]
    Voir les deux éditoriaux des Annales : « Histoires et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 2 (mars-avril 1988), p. 291-293 ; et « Histoire et sciences sociales : tentons l’expérience », Annales ESC, 6 (nov.-déc. 1989), p. 1317-1323.
  • [5]
    L’expression est employée pour la première fois par E. Erikson, Enfance et société, Neuchâtel-Paris, 1959 [1950].
  • [6]
    Pour une première approche, C. Halpern, « Faut-il en finir avec l’identité ? », dans Identité(s). L’individu, le groupe, la société, Auxerre, 2004, p. 11-20. Ces questions sont traitées de manière plus approfondies par P. Gleason, « Identifying identity : A Semantic History », The Journal of American History, 69/4 (1983), p. 910-931, ici p. 922-929.
  • [7]
    Y. Battistini, Trois présocratiques. Héraclite, Parménide, Empédocle, Paris, 1955.
  • [8]
    D. Iogna-Prat, « Introduction générale : la question de l’individu à l’épreuve du Moyen Âge », dans L’Individu au Moyen Âge, individuation et individualisation avant la modernité, B.M. Bedos-Rezak et D. Iogna-Prat dir., Paris, 2005, p. 7-29.
  • [9]
    Sur le contexte de l’apparition de ce terme, voir R. Langbaum, The Mysteries of Identity. A Theme in Moderne Literature, New York, 1977, p. 25.
  • [10]
    S. Chauvier, « La question philosophique de l’identité personnelle », dans Identité(s), op. cit., p. 25-32.
  • [11]
    C. Taylor, Hegel et la société moderne, Laval-Paris, 1998 [1979], p. 14-23.
  • [12]
    A. Oppenheimer, « Identité », dans Dictionnaire international de la psychanalyse, 1, A. de Mijolla dir., Paris, 2002, p. 783-784 ; A. de Mijolla, « Identification », ibid., p. 772-776.
  • [13]
    Sur A. Kardiner, M. Mead et leurs travaux, voir Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, P. Bonte et M. Izard dir., Paris, 2002 (1991), p. 403-404 et 458-459.
  • [14]
    M. Mauss, « L’âme, le nom et la personne » [1929], dans Œuvres, 2, Paris, 1969, p. 131-135 ; et id., « Une catégorie de l’esprit humain : la notion de personne, celle de “moi” » [1938], dans Sociologie et anthropologie, Paris, 1950, p. 331-362.
  • [15]
    Ethnic Groups and Boundaries. The Social Organisation of Cultural Difference, F. Barth éd., Boston, 1969.
  • [16]
    L’attention portée à l’interaction dans la constitution de l’identité a notamment été soulevée par les membres de l’école pragmatiste de Chicago dont G.H. Mead dans L’Esprit, le soi, la société, Paris, 1963 [1943]. Pour lui, le comportement de l’homme tient du « soi », lui-même opposé à l’« esprit ». L’esprit se constitue par le jeu des interactions sociales, et la conscience de soi naît dès lors d’un acte permettant le rapport conscient et contrôlé à autrui. La conscience de soi entraîne l’identité sociale partagée, née de ses expériences liées à la mémoire (le « moi »), ainsi que les activités spontanées de l’individu (le « je »). Le « je » réagit constamment sur le moi, donc sur le processus de socialisation en le transformant. À noter que la notion de mémoire est à mettre en relation avec les travaux de M. Halbwachs qui interrogent le rapport entre mémoire collective et mémoire individuelle (Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1925).
  • [17]
    E. Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi, Paris, 1973 (1re éd. 1959).
  • [18]
    E. Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, 1975 (1re éd. 1963).
  • [19]
    Ibid., p. 11-13 et p. 160.
  • [20]
    Ibid., p. 12 et p. 81-82.
  • [21]
    Ibid. p. 57-126, plus particulièrement p. 57-58, 72-74 et 81-82.
  • [22]
    La question de l’identité personnelle a été développée par P. Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, 1990. Il y distingue deux pôles de l’identité : la mêmeté, qui est d’une certaine manière la part objective de l’identité personnelle, et l’ipséité, part subjective de l’identité personnelle (ibid., p. 137-198).
  • [23]
    Ibid., p. 127.
  • [24]
    L’identité pour autrui est constituée de « l’identité personnelle et de l’identité sociale d’un individu [qui] ressortissent au souci qu’ont les autres de les définir », ibid., p. 127. Par ailleurs, il faut noter que l’opposition entre identité pour autrui et identité pour soi n’est pas stricte : « Certes, l’individu se sert pour édifier son image de lui-même des mêmes matériaux que les autres ont déjà utilisés pour lui bâtir une identification sociale et personnelle. Il n’en reste pas moins une grande liberté quant au style de la construction », ibid., p. 127-128.
  • [25]
    L’identité sociale comporte une part d’« attributs structuraux comme la “profession” », ibid., p. 12. Cette opposition reste donc schématique, mais néanmoins conforme aux principales orientations de ces courants.
  • [26]
    P. Bourdieu, Le Sens pratique, Paris, 1980, p. 87-109.
  • [27]
    Ibid., p. 100-101.
  • [28]
    P. Bourdieu précise que « l’habitus, qui, à chaque moment, structure en fonction des structures produites par les expériences antérieures les expériences nouvelles qui affectent ces structures dans les limites définies par leur pouvoir de sélection, réalise une intégration unique, dominée par les premières expériences, des expériences statistiquement communes aux membres d’une même classe », ibid., p. 101-102.
  • [29]
    P. Corcuff, « Le collectif au défi du singulier : en partant de l’habitus », dans Le Travail sociologique de Pierre Bourdieu, dettes et critiques, B. Lahire dir., Paris, 1999, p. 95-120.
  • [30]
    L’attention donnée par P. Corcuff à la pluralité des logiques d’actions doit beaucoup à l’analyse de F. Dubet qui, en filiation avec E. Goffman notamment, met l’accent sur la part subjective de l’identité, ibid., p. 111-115. La sociologie des régimes d’action à laquelle se réfère P. Corcuff repose sur l’approche initiée par la sociologie pragmatique, et sur les travaux de L. Boltanski et de L. Thévenot, ibid. p. 115-118.
  • [31]
    C. Dubar, La Crise des identités. L’interprétation d’une mutation, Paris, 2000.
  • [32]
    A. Daumard, Les Bourgeois de Paris au xixe siècle, Paris, 1970. Une critique de la méthode a été formulée par M. Gribaudi, « Échelles, pertinence, configuration », dans Jeux d’échelles. La microanalyse à l’expérience, J. Revel dir., Paris, 1996 ; avant d’être nuancée par G. Noiriel, Sur la « crise » de l’histoire, Paris, 1996, p. 162-163.
  • [33]
    M. Gribaudi, « Échelles, pertinence, configuration », art. cité, p. 116-117.
  • [34]
    Ce mouvement historiographique naît avec l’éditorial « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 2 (mars-avril 1988), p. 291-293.
  • [35]
    R. Chartier, « Le monde comme représentation », Annales ESC, 6 (novembre-décembre 1989).
  • [36]
    M. Gribaudi, Itinéraires ouvriers. Espaces et groupes sociaux à Turin au début du xxe siècle, Paris, 1987.
  • [37]
    P. Ricœur, Soi-même comme un autre, 1990, p. 137-198.
  • [38]
    B. Lepetit, « Histoire des pratiques, pratique de l’histoire », dans Les Formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, B. Lepetit dir., Paris, 1995.
  • [39]
    S. Fitzpatrick, « L’identité de classe dans la société de la NEP », Annales ESC, (mars-avril 1989), p. 251-271.
  • [40]
    C. Klapisch-Zuber, « La construction de l’identité sociale. Les magnats dans la Florence du Moyen Âge », dans Les Formes de l’expérience, op. cit., 1995.
  • [41]
    B. Lepetit, op. cit.
  • [42]
    J.-F. Bayard, L’Illusion identitaire, Paris, 1996. L’auteur affirme qu’il n’y a pas d’identités naturelles, mais seulement des stratégies identitaires.
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