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Article de revue

Art et management : une métaphorique généralisée pour approcher l'œuvre d'art et développer la créativité

Pages 19 à 32

Notes

  • [1]
    Dans la philosophie scolastique, rapporter, référer un individu à une espèce ; rapporter, référer une espèce à un genre.
In memoriam Paul Ricœur
« Le management efficace découle davantage de l’art et plus particulièrement de l’artisanat ; l’art produit la « perspicacité » et la « vision » qui est le fruit de l’intuition. »
(Mintzberg, 2011, p. 21)

Introduction

1Les situations que rencontrent les organisations présentent des faces multivoques qui exigent de la part du manager la capacité à interpréter, à imaginer des reconfigurations ou des changements appropriés aux circonstances. La création d’un sens nouveau né de la métaphore vive permet d’entrevoir un monde autre, d’imaginer des possibles dans le domaine poétique. Nous proposons d’établir une analogie entre l’image verbale qu’est la métaphore et l’image visuelle sous toutes ses formes et plus particulièrement ce que donne à voir l’art d’aujourd’hui, dit art contemporain ou autrement dit, d’instaurer une métaphorique généralisée. Une incursion dans l’esthétique philosophique avec la métaphore comme paradigme peut permettre une confrontation plus féconde avec l’œuvre d’art et peut aider à développer chez les futurs managers des qualités imaginatives et créatrices en parallèle avec la rationalité pure.

2Croiser les savoirs, c’est-à-dire instaurer une interdisciplinarité dans le temps de la formation peut donner la possibilité à l’imagination créatrice de contribuer à dominer les situations de plus en plus complexes, celles qu’imposent, par exemple, le monde des affaires. Parce que les organisations sont perçues comme étant soumises à des changements fréquents, qu’ils soient structurels ou environnementaux, il faut y être préparé pour éviter qu’un sentiment d’insécurité ait un effet inhibiteur sur la prise de décision. Il faut accepter d’être bousculé, dérangé, de perdre momentanément ses repères et il faut avoir la capacité d’imaginer d’autres modes d’action. Les arts plastiques tels qu’ils s’exposent et se donnent à voir aujourd’hui perturbent, dérangent, ils marquent une rupture avec les manières habituelles de juger, ils obligent à trouver des critères nouveaux, à faire en sorte que les façons d’approcher les œuvres évoluent en même temps que les différentes technologies. Former les futurs managers, c’est aussi leur permettre d’étendre leurs connaissances, d’affiner leurs capacités d’interprétation, d’acquérir le pouvoir d’inventer et de s’adapter. Plus est important l’éventail des domaines où la créativité s’impose dans le métier de manager qu’il s’agisse de l’éthique, de la RSE sous toutes ses formes, de la conduite du changement, plus l’esprit doit être en mesure de remettre en question les certitudes, d’interpréter les situations nouvelles, d’inventer les stratégies adaptées. Même si l’écart est grand entre une œuvre d’art et une situation managériale, le même individu confronté à l’un ou l’autre objet doit faire appel à son imagination, à sa capacité d’interprétation comme à son jugement. Je propose en accord avec le philosophe Yves Michaud : « Une forme d’expérience artistique et esthétique, qui dérange, qui fasse voir autrement, qui prolonge la vie tout en la perturbant et en la haussant de registre et d’intensité, qui éventuellement la mette en crise, qui fasse entrer une dimension poétique et pas seulement de divertissement et de passe temps. » (Michaud, 1999a, p. 55).

3La première partie fera état de la diversité des œuvres et de la difficulté à trouver des critères pour en juger. Ensuite nous verrons ce que représente une métaphorique généralisée à l’œuvre d’art sous toutes ses formes. Cette métaphorique généralisée est inspirée de Ricœur et de son ouvrage La métaphore vive dont les principaux éléments seront exposés dans la troisième partie. Puis en parallèle avec la multiplicité et la diversité des œuvres que nous propose l’art nous montrerons la complexité du monde des affaires, la diversité des théories et des principes qui en traitent, obligeant par là à faire intervenir une méthode interprétative ou herméneutique. Enfin à la lumière du portrait du manager que dresse Mintzberg, l’on peut voir qu’il est important de mettre l’imagination au pouvoir.

1 – La diversité des œuvres et la difficulté de trouver les critères pour en juger

4Il faut prendre en considération la difficulté que représente l’appréciation de l’art d’aujourd’hui. Comment trouver des critères universels répondant à toute expérience esthétique avec le champ en constante augmentation de ce qui revendique le statut d’œuvre d’art ? La notion d’art plastique s’étend à l’infini ; on peut regrouper sous un même genre un ensemble hétérogène de pratiques artistiques : la xylographie, l’infographie, le ready made, les performances, les happenings, les installations, le body art, le land art, sans omettre naturellement la peinture et la sculpture. Les théories esthétiques du passé sont devenues inadéquates. Les principes de l’esthétique kantienne ont longtemps prévalu : est beau ce qui plaît universellement et sans concept. A l’inverse du jugement déterminant qui pose la règle sous laquelle l’expérience est subsumée [1], il y a le jugement esthétique qui, lui, est singulier non par subsomption mais par appréhension directe : cela donnerait à penser que des goûts et des couleurs on ne peut discuter. Kant s’élève contre cette restriction qui enfermerait chacun dans sa contemplation et ses émotions esthétiques. Mais ce qui donne à ce jugement son caractère universel c’est la communicabilité ; comme une traînée de poudre, un accord sur le beau se propage. La communicabilité est la modalité de l’universel sans concept ; les sujets sont entraînés dans la même émotion. On ne peut nier qu’aujourd’hui l’accord sur le beau peut encore exister ; les visiteurs de certaines expositions en témoignent. Néanmoins le beau n’est plus la caractéristique de l’œuvre d’art. Par conséquent la communication a du mal à s’établir et il faut trouver des critères nouveaux pour juger de l’art. Selon Walter Benjamin : « Sur de longues périodes de l’histoire, avec tout le mode d’existence des communautés humaines, on voit également se transformer leur façon de percevoir. » (Benjamin, 1935 / 2000, p. 18). On pourrait ajouter que se transforme leur façon de créer ; c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’essence immuable de l’œuvre d’art mais une essence historique qui dépend des transformations sociales et des découvertes techniques. Il n’existe pas de système généralisateur pour approcher les œuvres, elles sont toujours sémantiquement insaturables, elles veulent toujours dire encore autre chose. Dans ce sens, elles relèvent de la méthode herméneutique, c’est-à-dire que lorsque le sens n’est pas donné d’emblée parce qu’il existe une polysémie, il faut en passer par une interprétation qui peut d’ailleurs laisser place à d’autres interprétations ultérieures. Or c’est cette méthode herméneutique inspirée de Paul Ricœur qui guidera notre approche des œuvres d’art sous la forme d’une métaphorique généralisée. Paul Ricœur à la suite de Heidegger et de Gadamer est le représentant le plus important de l’herméneutique philosophique.

2 – Paul Ricœur et la métaphore : une métaphorique généralisée

5Paul Ricœur a beaucoup écrit sur l’expérience humaine sous toutes ses formes : qu’il s’agisse de la problématique du mal, de celle du langage, de celle du temps ou encore de celle de l’historicité et de celle de l’éthique et de la foi religieuse. Et pourtant, il est un domaine où, bien qu’ayant une grande importance dans sa propre existence, il s’est peu exprimé, c’est celui de l’expérience esthétique, si l’on excepte ses analyses de la littérature dans Temps et récit (1983-1985). La notion d’image dans l’œuvre de Paul Ricœur est concentrée sur l’image verbale, comme nous l’avons dit dans l’introduction. Dans un des ouvrages qui lui est consacré et où il répond aux questions de François Azouvi et de Marc de Launay : Paul Ricœur. La critique et la conviction, il lui est demandé : « Dans votre vie, l’art a toujours tenu une place éminente ; vous fréquentez régulièrement les musées, vous écoutez beaucoup de musique. En revanche dans votre œuvre, cette dimension de l’expérience humaine est singulièrement absente. » (Azouvi et de Launay, 1995, p. 257). Dans le bref texte de La critique et la conviction qui constitue la réponse de Paul Ricœur sur l’art, il est une idée intéressante à développer et sur laquelle je voudrais fonder mon enseignement de l’esthétique. La méthode herméneutique dont elle est redevable pourrait être étendue à la pratique du métier de manager : il s’agit de l’idée de métaphore appliquée à l’art ou encore, il s’agit d’étendre la fonction métaphorique à l’art sous toutes ses formes. Qu’est-ce que cette notion de métaphore peut apporter comme solution aux multiples problèmes posés par l’art d’aujourd’hui ?

6Comment justifier dans mon enseignement ce choix du phénomène linguistique qu’est la métaphore ? Celle-ci amène une innovation sémantique c’est-à-dire la création d’un sens nouveau et la vision d’un monde autre. C’est ce à quoi nous engage l’œuvre d’art à travers une interprétation et ce même cheminement peut être adapté à la fonction managériale parce que là aussi, redisons le, il faut être en mesure d’interpréter, d’imaginer des stratégies, de construire, d’innover. Mais il faut d’abord, sans en passer par toutes les analyses complexes que développe Paul Ricœur, donner un aperçu de l’ouvrage La métaphore vive (1975 / 1997). La définition de la métaphore est empruntée à Aristote dans La poétique (Aristote, 1990, 1457 b 6-9) : « La métaphore est le transfert à une chose d’un nom qui en désigne une autre, transport de genre à l’espèce, ou de l’espèce au genre, ou de l’espèce à l’espèce ou d’après le rapport d’analogie. » La question qui sera centrale dans cette étude sur la métaphore, dont la définition a été reprise de la rhétorique classique, c’est l’opposition entre la théorie de la métaphore-mot et celle de la métaphore-énoncé ou autrement dit, pour replacer le problème dans la linguistique contemporaine, l’opposition sémantique-sémiotique. En effet, si l’image métaphorique doit redéployer un monde, objet d’interprétation, ainsi qu’il est dit à propos de l’œuvre littéraire en même temps que de l’œuvre d’art en général, elle ne peut se contenter d’être une substitution de mots, ce qui ferait d’elle un simple ornement dénué d’information ; le mot n’étant dans ce cas qu’un signe dans un code lexical comme dans la linguistique saussurienne et dans les théories structuralistes qui en découlent. L’essentiel de l’étude sur la métaphore vive est l’expression de la tension entre métaphore-mot et métaphore-énoncé.

7L’histoire de la métaphore depuis la rhétorique classique et ce qu’elle était dans la perspective d’Aristote est celle du déclin qui vient d’une erreur affectant la théorie des tropes ou figures. L’erreur c’est la dictature du mot dans une théorie de la signification. La place prépondérante du mot amène cette conséquence : la métaphore comme ornement. Ces transferts de sens fondés sur la dénomination déterminent les postulats de l’emprunt, de l’écart, de la substitution d’après lesquels le trope devient purement ornemental. La métaphore ainsi caractérisée n’enseigne rien. « Le trope n’enseignant rien a une simple fonction décorative. Il est destiné à plaire en ornant le langage, en donnant de la « couleur » au discours, un « vêtement » à l’expression de la pensée. » (Ricœur, 1975 / 1997, p. 66). Redonner à la métaphore sa fonction discursive, tel est le but poursuivi par cette étude de Paul Ricœur en faisant le détour par l’opposition sémiotique-sémantique inspirée de Benveniste. Ces deux notions sont présentes dans l’ouvrage du linguiste Benveniste Problèmes de linguistique générale. En prenant en compte les différents niveaux de la structure du langage, Benveniste établit la distinction entre les unités respectives de la langue et du discours : d’un côté les signes, de l’autre la phrase. Le signe est l’unité sémiotique, la phrase l’unité sémantique. Alors que le signe ne renvoie qu’à d’autres signes dans l’immanence d’un système, le discours est au sujet des choses, il a une référence, il renvoie à un réel extralinguistique. On peut dès maintenant comprendre que notre projet, en ce qui concerne l’œuvre d’art et sa subsomption sous la catégorie métaphore, ne peut avoir un sens que si la métaphore est conçue comme instance de discours, comme un énoncé qui ouvre la vision d’un monde possible. Goodman (1978 / 1992) lui-même dans sa conception d’une esthétique philosophique de caractère analytique parle à propos de la métaphore de manières de faire des mondes (c’est le titre de son ouvrage).

8A propos de son analyse de la métaphore, Paul Ricœur met en évidence le mouvement dialectique entre expliquer et comprendre qui jusque là dans la philosophie représentait deux processus opposés, la première de ces démarches relevant des sciences de la nature, la deuxième des sciences de l’esprit. C’est ce processus, expliquer et comprendre qui justifie l’incursion, à propos de la métaphore, dans les problèmes de la linguistique contemporaine et du structuralisme. Justement, à la lumière de la linguistique, il est plus aisé de montrer comment se situe la métaphore dans notre perspective c’est-à-dire non dans une visée substitutive où un mot remplace un autre mot mais dans une opération prédicative. La métaphore instaure une nouvelle pertinence sémantique sur la ruine du sens littéral et cette nouvelle pertinence établit une proximité ou ressemblance entre des termes qui jusque là paraissaient éloignés. Bien métaphoriser c’est voir le semblable, c’est ce qui se passe lorsqu’on dit : « La vieillesse est un naufrage » (Chateaubriand). Il s’agit d’une innovation de sens car est créée de la ressemblance là où elle n’existait pas. Créer une métaphore, consiste à parler de quelque chose dans les termes d’autre chose, malgré une apparence d’incompatibilité, c’est ce que Gilbert Ryle appelle category mistake. Cette idée de méprise catégoriale a un très grand impact, elle consiste à dépasser les frontières logiques ou habituelles pour faire naître de nouvelles ressemblances que la précédente classification ne permettait pas de voir. Dire ou montrer une chose pour en dire ou en montrer une autre fait émerger un sens nouveau ; naît une ressemblance qui auparavant n’était pas mise en évidence et là entre en jeu l’imaginaire. C’est bien évidemment grâce à l’inventivité et à l’imagination que la transgression des catégories est rendue possible. N’est-ce pas aussi ce qui se passe dans le face à face et l’interprétation de l’œuvre d’art ? Il y a distorsion du sens littéral, celui que semble montrer l’œuvre, puis passage au sens second dû au rapprochement inattendu entre des idées éloignées, qui paraissent parfois à la limite de l’incompatibilité, enfin ruine du sens littéral et émergence d’un sens nouveau. L’on pourrait prendre pour exemple des installations signées Joana Vasconcelos, exposées au musée Berardo de Lisbonne : des œuvres comme Passerelle (2005) et Today’s Specials (2001) cherchent à exprimer la violence. L’une des deux installations consiste en l’exposition d’un ensemble de réfrigérateurs usagés, vides, ouverts et équipés de désodorisants. Au-delà du sens littéral : exposition d’appareils ménagers usagés, le sens second peut être le rapport que nous entretenons avec nos animaux de compagnie ainsi qu’avec ceux que nous mangeons et dont nous utilisons la fourrure. La ressemblance implique de « voir comme » selon l’expression de Wittgenstein. L’expérience du voir comme assure l’implication de l’imaginaire dans la signification métaphorique. Une œuvre de Richard Serra exposée à la fondation Beyeler de Riehen (Bâle) (2011) donne à voir une énorme plaque d’acier dont la stabilité précaire n’est due qu’à son poids. Dans un sens littéral il s’agit d’un exploit technique sous la forme d’une plaque simple et rigide dressée dans l’espace. Or, dans un sens second, d’après le titre de l’œuvre : Fernando Pessoa (Richard Serra a lu en réalisant cette sculpture Le livre de l’intranquillité), on peut déceler la présence majeure de ce thème de l’intranquillité (Pessoa, 1999). La ressemblance est née du fait que les dimensions de la sculpture dépassent la mesure humaine et qu’on peut être envahi d’un sentiment d’inquiétude en la regardant.

9Au Zentrum Paul Klee de Bern, il est une des œuvres de 1923 qui s’appelle Le funambule. On connaît l’intérêt que Paul Klee porte au cirque et à ses acrobates. L’œuvre, Le funambule, donne à voir une jeune fille sur une corde tendue. Le funambule, c’est dans son sens métaphorique l’équilibre entre l’animalité et le surhumain illustré par l’aphorisme de Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « L’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme, une corde tendue au-dessus de l’abîme. Il est dangereux de passer de l’autre côté, dangereux de s’arrêter en chemin, dangereux de regarder derrière soi. » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra). L’homme est une corde tendue voilà la métaphore, elle est fondée sur un transfert de sens parce qu’au sens littéral l’homme n’est pas une corde tendue ; ce transfert de sens fait apparaître une ressemblance qui jusque là n’existait pas, une vision nouvelle due à une interprétation. Dans le cadre du projet Monumenta au Grand Palais (2010), l’installation de Boltanski Personnes est composée de matériaux qu’il a déjà utilisés, en particulier des vieux vêtements mais on peut en donner une interprétation autre. En effet, l’œuvre consiste en un étalage de vêtements usagés qui jonchent le sol et ce tas est accompagné d’un bruit qui rappelle celui d’un cœur qui bat. Voici pour le sens littéral ; au-delà de ce premier sens, on peut voir dans cette installation une sorte de vision d’apocalypse ou vision contemporaine du jugement dernier. Le sol est jonché de corps morts signifiés par des vêtements et quand on s’approche de ces corps, on entend des battements de cœur qui cette fois sont individuels. De plus, le crochet d’une immense grue attrape et soulève une petite quantité de vêtements et les laisse retomber en pluie, cela peut être interprété comme le jugement dernier où certains corps seront choisis d’autres non. Refaire des mondes c’est à ce point décisif que nous conduit ce parcours à travers l’étude de la métaphore. Le monde de l’art nous fournit de très nombreux exemples de ces transferts de sens qui, à l’aide d’une interprétation, nous livrent la présence d’un monde nouveau. Les artistes débordent d’imagination pour livrer à notre interprétation, à travers leurs œuvres, des messages dénonçant la société de consommation ou l’exploitation de l’homme ou encore la violence. La culture alimente cette capacité à interpréter, le procédé herméneutique permet une interprétation plus profonde au fur et à mesure que l’acquis intellectuel élargit la compréhension. Il est envisagé, en complétant l’enseignement par une incursion dans l’esthétique, d’élargir les connaissances, d’affiner les jugements, d’enrichir les interprétations, d’acquérir la capacité de créer du nouveau, de voir le monde autrement. La métaphore serait aux langages poétiques ce que le modèle est aux langages scientifiques quant à la relation au réel. Le modèle est un instrument de redescription dans le domaine scientifique (Black, 1962, 1978).

10L’enseignement enrichi d’une transdisciplinarité n’est pas accumulation de connaissances mais utilisation du savoir pour exercer créativité, jugement, esprit critique, prise de distance par rapport aux événements sur tous les plans de vie : qu’ils soient personnels ou professionnels. Pour résumer ce qu’apporterait à nos étudiants en management ce détour par les sciences humaines telles que la linguistique et l’esthétique, la réponse pourrait être donnée par Nelson Goodman (2005) : « Il faut lire l’œuvre d’art au même titre que le poème car l’expérience esthétique se caractérise par son dynamisme. Elle implique de faire des comparaisons délicates, de discerner des rapports subtils, de déceler des symboles ainsi que ce que ces symboles dénotent et exemplifient, d’interpréter des œuvres et de voir comment les œuvres réorganisent le monde. » (Goodman, 2005, p. 284).

3 – Herméneutique et management

11Comment la disponibilité d’esprit qui permet d’approcher et de comprendre l’art d’aujourd’hui, peut-elle aider le jeune manager à s’immerger efficacement et à s’épanouir dans le monde des affaires ? Quels sont les points communs entre les deux mondes ? Le domaine de l’art est marqué par la pluralité des formes, ce qui rend plus difficile l’interprétation et la compréhension des œuvres, parallèlement dans les sciences de gestion qui constituent, en quelque sorte, l’environnement intellectuel des managers, les théories sont nombreuses, les publications abondantes, les évolutions rapides mais les situations pas toujours en rapport avec les actions et les principes de ces mêmes sciences de gestion. Au sein de l’univers multivoque et changeant qui est celui des organisations, l’action et les décisions efficaces relèvent souvent d’une démarche interprétative ou herméneutique : « … décider c’est se donner la possibilité d’entrevoir un monde autre, de se projeter dans une dimension dont on n’a pas une connaissance exhaustive et de parier sur un avenir ouvert. » (Heitz, 2013, p.115). Pluralisme et importance du rôle de l’interprétation sont deux caractéristiques déjà rencontrées dans le face à face avec l’art d’aujourd’hui.

12Les futurs managers se préparent à entrer dans un monde complexe et changeant et il est d’usage d’énumérer ainsi leurs fonctions : planifier, organiser, coordonner, contrôler, j’ajouterai gérer le changement car c’est sur cet aspect du métier de manager que sera centré notre propos. En raison de la complexité de ce monde où doit s’exercer le changement organisationnel il existe de multiples théories sur le sujet et une littérature plus qu’abondante.

13Le champ d’application du changement organisationnel représente un milieu en perpétuelle mutation. Les recherches d’adaptation sont permanentes parce qu’elles concernent un monde historiquement situé et parce que les changements ne peuvent être réglés par des méthodes univoques, des concepts fixes et des théories universelles. De plus, le management du changement est fortement imbriqué dans la problématique des ressources humaines et en tant que tel il a affaire à des volontés, des aspirations, mais aussi des tensions, des inadaptations, des refus ou même des révoltes. Les raisons du changement ne manquent pas, les déséquilibres extérieurs et intérieurs qui le motivent non plus. Le marché exige sans arrêt des transformations et des adaptations : globalisation, concurrence accrue, technologies nouvelles, risques de crise, incertitude de l’avenir. A ces situations multiples, tentent de répondre des théories multiples ; mais le but ici recherché n’est pas tant d’énumérer les différentes théories que de montrer à quoi est exposé le futur manager et quels sont les termes des choix qui s’imposent à lui. Un ouvrage collectif (Soparnot et al., 2010) rend compte de la variété des écrits sur le changement ainsi que de la diversité des approches. Si l’on se rapporte à ce qui est dit dans l’introduction de ce livre, une des caractéristiques du changement et de son management, c’est sa position aux confins de plusieurs disciplines et par là sa place théorique difficile à déterminer. Plusieurs champs d’étude se croisent : l’innovation, l’apprentissage organisationnel, la gestion de projets. Entrent en jeu également le management stratégique, la gestion des ressources humaines, en même temps que doit être pris en considération l’approche dictée par les impératifs budgétaires. Des concepts variés cherchent à caractériser et à mettre en ordre les facultés d’adaptation des organisations : qu’il s’agisse de renouveau stratégique, d’agilité stratégique, de flexibilité stratégique, de capacités dynamiques. Le changement organisationnel concerne toutes les firmes à un moment ou à un autre de leur existence si ce n’est en permanence. Les multiples aspects du problème font l’objet de nombreuses études comme le montre Pettigrew (2001) et la difficulté est grande d’énoncer à ce propos une théorie unique et largement validée.

14La même multiplicité se présente lorsque le changement est mis en œuvre et que l’on se demande sur quel modèle il opère. Nombreux sont les auteurs qui ont traité, par exemple, de la question du RS ou renouveau stratégique : Kiesler et Sproull (1982), Isabella (1990), Barr et al. (1992), Gioia et Chittipeddi (1993), Crossan et Berdrow (2003). Ce n’est pas le lieu ici de détailler ces théories mais un aperçu du renouveau stratégique serait intéressant parce qu’à travers ses différentes versions et son manque de consensus théorique il dépend pour une grande part du rôle de l’interprétation. Pour les uns, l’accent est mis sur une action délibérée : « Cette approche met en évidence le caractère volontariste de certaines entreprises qui recherchent activement des changements majeurs de leur stratégie, ces derniers résultant d’une tension entre l’inertie et le stress organisationnel. » (Huff et al., 1993, cité dans R. Soparnot et L. Renard, « Les concepts relatifs à l’adaptation des firmes » 2010, p. 60). D’autres auteurs se sont démarqués de l’approche délibérée du RS et ont conclu qu’il dépendait plus des attributs entrepreneuriaux de la firme que d’une démarche volontaire (Stopford et Baden-Fuller, 1994). Comme nous l’avons énoncé, c’est ce manque de consensus théorique qui permet d’insister sur le rôle des interprétations dans les changements stratégiques. De plus, l’on peut voir dans les publications qui traitent de l’épistémologie des sciences de gestion que le courant interprétativiste se développe de plus en plus. En témoigne ce qu’en disent Vas et Soparnot dans leur article : « Quel modèle d’analyse pour appréhender les processus de changement organisationnel. » (2010, p. 79). Le paragraphe décrivant un de ces modèles s’intitule : « Le changement en tant que processus de création de sens ». Si un changement organisationnel est toujours plus ou moins un défi, il est bon qu’il ne repose pas sur de l’arbitraire mais qu’il ait un sens. Les nouvelles propositions de changement doivent faire sens si l’on veut qu’elles soient partagées par les membres de l’organisation. Au sein du courant interprétativiste, on présente l’organisation comme « a socially constructed system of shared meaning » (Burell et Morgan, 1979). Il est essentiel que le manager donne du sens aux situations nouvelles qu’opère le changement. Rompre avec des modes d’action peut apparaître destructeur si un sens nouveau n’est pas explicité et partagé avec les collaborateurs et tous ceux que le changement concerne. D’après Karl Weick, les mécanismes par lesquels les responsables interprètent le réel et donnent du sens à un projet de changement sont le sensemaking et le sensegiving. Le sensemaking montre : « Le processus par lequel les individus construisent des explications qui permettent de donner du sens aux situations nouvelles » alors que le sensegiving consiste en un « processus mis en place par certains acteurs de l’organisation afin d’orienter la vision collective du changement » (2010, p. 79).

15Conduire le changement c’est avoir une capacité d’interprétation de l’environnement et une capacité de transformation de ces interprétations en réponses organisationnelles. Le champ d’action des managers montre bien que le réel auquel ils ont affaire est surdéterminé, que les théories ne présentent pas de réponses toutes faites et que c’est sur leur capacité à interpréter les situations et à donner du sens à l’action que repose l’efficacité. Cette recherche de sens ne s’apparente-t-elle pas à l’attitude interprétativiste que nous avons décrite dans le face à face avec l’art d’aujourd’hui ? La métaphore demande sur le plan poétique dévoilement d’un monde autre, vision renouvelée du réel.

16Il n’existe pas de modèle pour être un manager parfait, efficace en toutes situations exerçant un leadership qui ne soit pas un abus de pouvoir. Mais en revanche, il importe qu’il s’interroge sur le sens de ce qui est à faire, à décider et qu’il réfléchisse sur cette fonction où domine parfois les dilemmes et les paradoxes. Le plus important des paradoxes étant comme le dit Mintzberg dans son portrait du manager : comment planifier, concevoir des stratégies, réfléchir ou prévoir alors que le poste de manager se caractérise souvent par un rythme frénétique. L’analyse précédente a montré que le management n’est pas une science exacte mais plutôt une pratique où l’expérience et l’interprétation jouent un grand rôle. S’il existe des domaines où le savoir est codifié et où il est essentiel à l’exercice d’un métier : impossible d’imaginer un médecin cherchant à exercer sans une formation exigeante. Il en va autrement du management où une grande part de la réussite est fondée sur les acquis de l’expérience ; ce qui permet d’acquérir cette expérience c’est le temps mais plus encore les qualités intellectuelles et imaginatives qu’une formation appropriée a mis en place. Cela ne veut pas dire que les connaissances théoriques soient inutiles, elles constituent un arrière plan culturel et il est des situations où ce qui a été enseigné en termes de principes et de théories peut être utile pour mener à bien ce dont l’organisation a besoin. Pour prolonger avec Mintzberg le portait du manager, il est une des idées majeures coïncidant avec ce que nous développons : « Le management efficace découle davantage de l’art et plus particulièrement de l’artisanat ; l’art produit la « perspicacité » et la « vision » qui est le fruit de l’intuition. » (Mintzberg, 2011, p. 21). Le management comme pratique selon Mintzberg est schématisé par un triangle isocèle, chaque angle représentant une des composantes entrant en jeu dans le métier de manager. Son sommet est occupé par ces composantes primordiales que sont l’art et la vision. Dans la mesure où il est admis que le management s’apparente pour une part à l’art, se trouve justifié le type de formation pour lequel je plaide. S’il est permis de considérer une situation managériale, comme si l’on était face à une œuvre d’art dont le sens n’est pas donné d’emblée, on peut considérer que l’œuvre, comme le cas, a sa part d’ombre, qu’elle demande à être observée, réfléchie, interprétée. L’important c’est la vision, pour l’art comme pour toutes situations qui se présentent dans un métier de manager. Comment initier le changement sans une vision de ce que l’on veut mettre en place ? Changer, c’est d’une certaine façon recréer un monde que l’imagination permet d’entrevoir. Changer pour un fonctionnement plus approprié au marché, c’est aussi interpréter, hasarder des hypothèses avant de s’engager dans la nouveauté. Enfin se confronter au monde déstabilisant de l’art d’aujourd’hui où l’on aborde l’œuvre sans disposer de critères définis pour en juger et où, de confrontation en confrontation, l’on affine et l’on approfondit les interprétations que l’on en donne, cela est un excellent entraînement pour un esprit qui aura à inventer un monde nouveau, né du changement. Le management par le sens met au centre de ses principes la vision qui est la force motrice de l’organisation. Loin de dire que l’enseignement de l’esthétique constituerait l’essentiel de la formation du futur manager, notre propos cherche bien plus à montrer que la confrontation avec les œuvres d’art et leur nécessaire interprétation peut développer les qualités imaginatives et créatrices indispensables dans l’exercice du métier de manager.

4 – Conclusion

17Appliquer la méthode herméneutique à une réflexion sur la formation implique que la recherche ne prenne jamais fin dans un système achevé (savoir absolu) ; par conséquent la conclusion revêtira la forme d’un bilan : bilan qui consiste à justifier le type de formation qui fait l’objet de cette recherche puis à montrer qu’aucune formation n’est parfaite. Il importe de développer chez nos étudiants un esprit critique et une véritable aptitude à penser par soi-même. Il importe de réserver dans le temps scolaire une place pour aiguiser les jeunes esprits avec la fréquentation de ce que nous propose la culture. On pourrait évoquer à ce sujet la formation telle qu’elle était comprise dans la tradition par Balthasar Gracian ou Hegel (Bildung). On objectera peut-être que les programmes sont chargés et que ces « à côtés » culturels peuvent encore les alourdir. L’objection possible est que le travail d’interprétation, commencé par l’interprétation de l’œuvre d’art, assimilé pour une part à la métaphore et appliqué à l’action, rend possible une connaissance de soi. C’est dans une recherche sans fin d’interprétation de l’action et de soi-même que s’accomplit la quête d’adéquation entre ce qui semble le meilleur pour réaliser notre vie et les choix préférentiels qui commandent nos pratiques. Et puis l’autre argument à mettre en avant c’est l’importance accordée aux qualités imaginatives que cette formation a pour objectif de développer. Il s’agit d’un projet pédagogique. Le portrait du manager a montré que l’inventivité et la créativité tiennent une grande place dans l’exercice de cette fonction. Enfin la dernière phase de ce bilan c’est d’admettre qu’une formation n’est jamais parfaite. Doit-elle l’être d’ailleurs ? On pourrait évoquer à ce propos le syndrome de la mère parfaite telle que l’a décrite le psychanalyste anglais Donald Winnicott. Winnicott souhaitait qu’une mère fut pour son enfant « une assez bonne mère ». Non pas une mauvaise mère qui met son enfant dans une situation de rejet, d’angoisse et de repli sur lui-même. Pas non plus une trop bonne mère qui rend impossible l’indispensable séparation d’avec elle et la conquête de l’autonomie. Juste une assez bonne mère qui se débrouille pour donner assez d’amour à son enfant, qui réussit tant bien que mal à sortir de la tâche contradictoire de le soigner et de le préserver tout en lui offrant la possibilité de la liberté. Ainsi parle Yves Michaud dans sa réflexion sur les écoles d’art.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : métaphore, herméneutique, management, art, innovation, esthétique, créativité

Mise en ligne 23/01/2014

https://doi.org/10.3917/hume.313.0019

Notes

  • [1]
    Dans la philosophie scolastique, rapporter, référer un individu à une espèce ; rapporter, référer une espèce à un genre.
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