Cet article reprend des argumentations développées de façon plus détaillée dans D. Méda, La mystique de la croissance. Comment s’en libérer, Champs Actuel et F. Jany-Catrice, D. Méda, Faut-il attendre la croissance ?, La Documentation française.
Nos sociétés sont fondées sur la croissance. Cela n’est pas sans lien avec l’ambition de la Modernité de « repousser les limites de l’empire humain » (Bacon) et de rendre les hommes « comme maîtres et possesseurs de la Nature » (Descartes). Ce projet d’humanisation de la nature s’est en effet traduit aux dix-neuvième et vingtième siècles par une expansion inédite de la production et de la consommation qui rend paradoxalement la terre de plus en plus inhospitalière pour les humains. Si nous voulons garantir « la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » selon les termes du philosophe Hans Jonas, il nous faut rompre définitivement, sinon avec le projet humaniste moderne, au moins avec la forme qu’il a prise durant les derniers siècles.
Nous sommes des sociétés fondées sur la croissance : depuis plusieurs siècles, l’augmentation de la production et des revenus est au cœur de nos préoccupations et de nos objectifs. On peut faire remonter l’expression de cette ambition à l’économiste Adam Smith qui dans ses fameuses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations publiées en 1776 rappelait que « cette grande multiplication dans les produits de tous les différents arts et métiers, résultant de la division du travail, est ce qui, dans une société bien gouvernée, donne lieu à cette opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peupl…
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