Couverture de RHU_047

Article de revue

Les animaux dans les villes de l’Égypte lagide

Pages 13 à 27

Notes

  • [*]
    Yale University.
    Ce travail est issu d’un mémoire de master 2 en histoire ancienne à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, conduit lors de l’année 2011-2012 et dirigé par M. le Pr Bernard Legras. Que celui-ci, qui m’a encouragé à en exposer une partie des résultats en soit vivement remercié. Le Simpson Family Fund de l’Université Yale a soutenu financièrement ma participation au colloque où a été présenté ce travail.
    Les abréviations utilisées pour les publications de papyrus et ostraka sont tirées de la Checklist of Editions of Greek, Latin, Demotic, and Coptic Papyri, Ostraca and Tablets, disponible en ligne à http://library.duke.edu/rubenstein/scriptorium/papyrus/texts/clist.html.
    Les noms grecs suivent l’usage lorsqu’il s’agit de souverains : Ptolémée Philadelphe ; mais sont translitérés suivant l’original grec quand il est question d’un personnage connu seulement par les papyrus, ainsi Ptolémaios fils de Glaukias.
  • [1]
    Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 83, 7-8 (édition de Pierre Bertrac, traduction d’Yvonne Vernière, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 156-157). Une anecdote de la même teneur, concernant un esclave de Cléomène de Naucratis, est rapportée par l’auteur anonyme du livre 2 des Économiques, 33b (édition de B. A. van Groningen et André Wartelle, traduction d’André Wartelle, Paris, Les Belles Lettres, 1968, p. 30). Le passage de Diodore est fréquemment cité et commenté ; par exemple, dans l’excellente synthèse d’Alan Bowman, Egypt after the Pharaohs, 332 B.C.-A.D. 642 : from Alexander to the Arab conquest, Berkeley, CA, University of California Press, 1986, p. 212.
  • [2]
    Diodore, ibid. I, 44, 1 , affirme avoir visité l’Égypte lors de la 180e olympiade.
  • [3]
    Le jugement selon lequel l’Égypte lagide « atteint le point le plus bas de son histoire » sous Ptolémée XII est dû à Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique. 323 – 30 av. J.-C., Paris, Éditions du Seuil, 2003, p. 525. Pour une interprétation de l’anecdote sous cet angle, voir Alain Charron, « Massacres d’animaux à la basse époque », Revue d’Égyptologie, no 41 , 1990, p. 212-213.
  • [4]
    La littérature portant sur l’État lagide est maintenant volumineuse. Le chef-d’œuvre inaugural de ce champ d’études est le livre de Claire Préaux, L’Économie royale des Lagides, Bruxelles, Fondation égyptologique Reine Élizabeth, 1939. Une évaluation critique de l’historiographie, ainsi qu’un modèle de l’État lagide reposant sur l’« incorporation négociée » des groupes sociaux dominants, sont proposés par Joseph G. Manning, The Last Pharaohs, Princeton et Oxford, Princeton University Press, 2010.
  • [5]
    La transition à un nouveau régime des relations entre l’homme et l’animal dans l’Égypte sous domination ottomane est excellemment décrite par Alan Mikhail, The Animal in Ottoman Egypt, New York et Oxford, Oxford University Press, 2014.
  • [6]
    En particulier les deux ouvrages d’Aurora Leone, Animali da trasporto nell’antico Egitto. Una rassegna papirologica dalla dinastia dei Lagidi ai Bizantini. Napoli, Athena, 1998 et Gli animali da lavoro, da allevamento e gli ἵπποι nell’Egitto greco-romano e bizantino, Napoli, Athena, 1992.
  • [7]
    Hélène Raïos-Chouliara., « La chasse aux animaux d’après les papyrus grecs (1re Partie) » Anagennesis 1 , 1981 , p. 45 – 88, et « La chasse aux animaux d’après les papyrus grecs (2e Partie) », ibid., p. 267 – 293. De même son étude, L’abeille et le miel en Égypte d’après les papyrus grecs, Ioannina, Université de Ioannina, 1989, et celle, rédigée en grec moderne, consacrée aux poissons : eadem, La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. 1re partie. vol. 1 , Le statut, l’organisation et les impôts de la pêche en Égypte pharaonique, ptolémaïque, romaine et byzantine, Ioannina et Athènes, 2003 ; enfin La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. Seconde partie. vol. 1 , Noms de poissons et d’animaux aquatiques, Ioannina, 2011 .
  • [8]
    Maria Cobianchi, « Ricerche di ornitologia nei papiri dell’Egitto greco-romano », Aegyptus, no 16 (1 /2), 1936, p. 91 – 147.
  • [9]
    Eugene Cruz-Uribe, Saite and Persian Demotic Cattle Documents : A Study in Legal Forms and Principles in Ancient Egypt, Chico, CA, Scholars Press (American Studies in Papyrology, v. 26), 1985.
  • [10]
    Willy Clarysse et Dorothy Thompson (ed.), Counting the People in Ptolemaic Egypt. Volume I : Population Registers (P. Count), Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Les nouveaux raccords effectués par Willy Clarysse sur ces rouleaux sont en voie de publication dans les Papyrologica Lugduno-Batava, chez l’éditeur Brill.
  • [11]
    Hérodote, Histoires, II, 65-76 (édition et traduction Philippe-Ernest Legrand, Paris, Les Belles Lettres, 1948, p. 110-116) ; Cicéron, Tusculanes, V, 27, 78 (édition de Georges Fohlen, traduction de Jean Humbert, Paris, Les Belles Lettres, 1960, p. 145).
  • [12]
    Les premiers résultats de cette découverte majeure sont présentés dans Mohamed Abd El-Maksoud, Ahmed Abd el-Fattah et Mervat Seif El-Din, « La fouille du Boubasteion d’Alexandrie : présentation préliminaire », Antoine Hermary et Céline Dubois (sous la direction de), L’enfant et la mort dans l’Antiquité III. Le matériel associé aux tombes d’enfants, Arles, Errance, 2012, p. 427- 446. Pour une présentation succincte, se reporter à la contribution de Jean-Yves Carrez-Maratray dans Charles Méla, Frédéric Mori, Sydney Aufre‘re, Gilles Dorival et Alain Le Boulluec (édité par), Alexandrie La Divine, vol. 1 , Genève, Éditions de la Baconnière, 2014, p. 268-271 .
  • [13]
    Robert Darnton, Le Grand Massacre des Chats : attitudes et croyances dans l’ancienne France, Paris, Les Belles Lettres (Le goût des idées, 14), 2011 . Cet ouvrage est la traduction d’une collection d’essais publiés pour la première fois en anglais en 1984.
  • [14]
    Les travaux d’Alain Charron font autorité sur la question des animaux dits sacrés. Voir dernièrement Alain Charron, « Les animaux sacrés du sauvage à l’élevage » dans Magali Massiera, Bernard Mathieu et Frédéric Rouffet (sous la direction de), « Apprivoiser le sauvage / Taming the Wild », Montpellier, Cahiers de l’ENIM, no 11 , 2015, p. 67-92.
  • [15]
    Sandra Lippert, Ein demotisches juristisches Lehrbuch : Untersuchungen zu Papyrus Berlin P 23757 rto, Wiesbaden, Harrassowitz, 2004. La liste est donnée aux l.25-28 du texte édité.
  • [16]
    Philippe Collombert, « Le ‘Harpiste dévoyé’ », Égypte, Afrique & Orient, no 29, juin 2003, V, 5-8.
  • [17]
    Voir, sur les porcs, Dorothy Thompson, « Ptolemaic Pigs », Bulletin of the American Society of Papyrologists, no 39, 2002, p. 121-138.
  • [18]
    Une mise au point commode est fournie par Jean-Yves Carrez-Maratray, « De l’archéologie à l’histoire sociale : recherches récentes sur les villes de la chôra égyptienne (basse époque pharaonique – époque gréco-romaine) », Histoire Urbaine, no 29, 2010, p. 161-180.
  • [19]
    Théocrite, Idylles, XVII, 82 – 85 (édition et traduction de Philippe-Ernest Legrand, Paris, Les Belles Lettres).
  • [20]
    Ces estimations sont données par Jospeh G. Manning, « Hellenistic Egypt », dans Ian Morris, Richard P. Saller et Walter Scheidel (ed.), Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 441 .
  • [21]
    Walter Scheidel, « Creating a Metropolis : A Comparative Demographic Perspective », dans William V. Harris et Giovanni Ruffini (ed.), Ancient Alexandria between Egypt and Greece, Leiden et Boston (Brill Columbia Studies in the Classical Tradition, v. 26), 2004, p. 1-31 .
  • [22]
    Dominic Rathbone, « Villages, Land, and Population in Graeco-Roman Egypt », Proceedings of the Cambridge Philological Society, no 36, 1990, p. 103-142.
  • [23]
    L’ouvrage de référence sur l’Alexandrie des Ptolémées demeure Peter M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford, Clarendon Press, 1972, et, en français, André Bernand, Alexandrie la Grande, Paris, Fayard, 2012, édition revue d’une synthèse publiée en 1966. Les travaux du Centre d’Études Alexandrines dirigé par Jean-Yves Empereur ainsi que les fouilles menées par Franck Goddio dans la baie d’Aboukir ont apporté quantité d’informations. Un résumé commode est fourni par Laurianne Martinez-Sève, « Alexandrie : travaux récents », Histoire Urbaine, no 2, 2000, p. 189-202.
  • [24]
    C’est l’interprétation avancée par Alain Bresson, La Cité Marchande, Paris, De Boccard, 2000, p. 13-64.
  • [25]
    Joseph G. Manning, « Edfu as a central place in Ptolemaic history », dans Willy Clarysse et Katelijn Vandorpe (sous la direction de), Edfu, an Egyptian Provincial Capital in the Ptolemaic Period, Bruxelles, Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten, p. 61-73.
  • [26]
    Sur cette troisième catégorie, citons, entre autres, Paola Davoli, « Reflections in Urbanism in Greco-Roman Egypt », dans Eva Subías, Pedro Azara, Jesús Carruesco, Ignazio Fiz et Rosa Cuesta (sous la direction de), The Space of the city in Graeco-Roman Egypt : image and reality, Tarragona, Institut Català d’Arqueologia Clàssica, 2012, p. 69-92, en particulier p. 70.
  • [27]
    Pierre Jouguet, La Vie municipale dans l’Égypte romaine, Paris, Éditions de Boccard (BEFAR 104), 1911 .
  • [28]
    Katja Mueller, Settlements of the Ptolemies, Louvain, Peeters, 2006, p. 96-105, en particulier p. 100-101 .
  • [29]
    Strabon, Géographie, 40 (édition, traduction et commentaire par Benoît Laudenbach, Paris, Les Belles Lettres, p. 54). De même, Krokodilopolis, capitale du Fayoum, est la « ville des crocodiles ».
  • [30]
    Sur le taureau Apis, voir en dernier lieu Dorothy Thompson, Memphis under the Ptolemies, Cambridge, Cambridge University Press, 2012 (2nde ed.), p. 177-197.
  • [31]
    Katelijn Vandorpe, « Les villages des ibis dans la toponymie tardive », Enchoria, no 18, 1991 , p. 115-122.
  • [32]
    La liste de ces nécropoles est particulièrement longue. Dieter Kessler, Die Heiligen Tiere und der König, Wiesbaden, O. Harrassowitz, (Ägypten und Altes Testament, Bd. 16), 1989, est une synthèse qui a fait date et, entre autres, examine les différents sites.
  • [33]
    Voir là-dessus Salima Ikram (ed.), Divine Creatures : Animal Mummies in Ancient Egypt, Le Caire et New York, American University in Cairo Press, 2005. Certaines de ces momies ont été présentées au public à l’occasion de l’exposition du Louvre-Lens de l’hiver 2014-2015, voir Hélène Guichard (édité par), Des Animaux et des Pharaons : le règne animal dans l’Égypte ancienne, Paris, Somogy Éditions, 2014.
  • [34]
    O. Jaoch. 1 et 13.
  • [35]
    UPZ II, 153-155, à compléter par le verso démotique édité par André Pelletier, « Planchette gréco-égyptienne du Cabinet des Médailles », Revue des Études Grecques, no 58, 1945, p. 184-195.
  • [36]
    Mélanie Flossmann, « 40 ans de recherches menées par l’Institut d’égyptologie de Munich à Touna el-Gebel : la nécropole animale et son association religieuse », Bulletin de la Société Française d’Égyptologie, no 190, 2015, p. 9-22.
  • [37]
    P. Cair. Zen. II 59251 .
  • [38]
    Louis Robert, « Les colombes d’Anastase et autres volatiles », Opera minora selecta. Epigraphie et antiquités grecques VII, Amsterdam, A. M. Hakkert, 1990, p. 84 n. 7.
  • [39]
    P. Dryton 4 : Dryton lègue à son fils Esthladas un pigeonnier à moitié achevé et à ses cinq filles d’un second mariage un terrain en friche pour la construction d’un autre pigeonnier.
  • [40]
    Les textes (P. Cair. Zen. IV 59532) des deux épitaphes en vers au chien « indien » Tauron mort à la chasse ont été retrouvés dans les archives du propriétaire de celui-ci, Zénon de Kaunos.
  • [41]
    Dorreya Saïd, « Deux mosaïques hellénistiques récemment découvertes à Alexandrie », Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale, no 94, 1994, p. 377-380. Cette mosaïque, maintenant conservée au Musée Gréco-Romain d’Alexandrie, a été présentée au public lors de deux expositions majeures, « La Gloire d’Alexandrie », à Paris au Petit Palais, et « Cleopatra of Egypt : From Myth to History », à Chicago et Londres.
  • [42]
    Anne-Marie Guimier-Sorbets « Alexandrie : les mosaïques hellénistiques découvertes sur le terrain de la nouvelle Bibliotheca Alexandrina », Revue Archéologique, N. S. no 2, 1998, p. 263-90, en particulier p. 277. Voir, en dernier lieu, François Queyrel, « Le chien au conge d’Alexandrie », Études et travaux 25, 2012 (Mélanges Kiss), p. 320-337.
  • [43]
    Diodore, Bibliothèque historique, III, 36, 3 (édition et traduction de B. Bommelaer, Paris, Les Belles Lettres).
  • [44]
    Callixène de Rhodes ap. Athénée, Les Deipnosophistes, 196a-203b.
  • [45]
    Jean Trinquier, « Localisation et fonctions des animaux sauvages dans l’Alexandrie lagide : la question du ‘zoo d’Alexandrie’ », Mélanges de l’École Française de Rome : Antiquité, no 114 (2), 2002, p. 861-919.
  • [46]
    Christophe Thiers, Ptolémée Philadelphe et les Prêtres d’Atoum de Tjékou : Nouvelle Édition Commentée de la Stèle de Pithom (CGC 22183), Montpellier, Université Paul-Valéry Montpellier III (Orientalia Monspeliensia), 2007, est une nouvelle édition de la stèle dite de Pithom, pourvue d’une mise au point sur les localisations possibles de Ptolémée des Chasses. Strabon, Géographie XVI, 4, 7 (traduction par Amédée Tardieu, Paris, Hachette, 1880) relate la fondation de Ptolémaïs des Chasses par Eumédès.
  • [47]
    Les travaux analysant les chasses lagides d’éléphants sont nombreux. Pour une tentative récente de voir dans cet approvisionnement la constitution d’un « réseau » qui fait pendant au projet de reconquête agraire du Fayoum, Joseph G. Manning, « Networks, Hierarchies, and Markets in the Ptolemaic Economy », dans Zofia Archibald, John Kenyon Davies, and Vincent Gabrielsen (sous la direction de), The Economies of Hellenistic Societies, Third to First Centuries BC, Oxford et New York, Oxford University Press, 2011 , p. 296-323.
  • [48]
    Découverte effectuée par le Centre d’Archéologie Méditerranéenne de l’Université de Varsovie, en cours de publication.
  • [49]
    Françoise Dunand et Roger Lichtenberg, Des Animaux et des hommes : Une symbiose égyptienne, Paris, Éditions du Rocher, 2005.
  • [50]
    La perspective d’une sortie de l’animal de la ville est de fait déjà nuancée par plusieurs des contributions aux actes de ce colloque.

D’un chat à Alexandrie

1 Commençons par une anecdote, tirée de Diodore de Sicile [1] :

2

« La superstition en ce qui concerne les animaux est tellement enracinée au cœur des gens et chacun est si obstinément et passionnément attaché à ce culte qu’à l’époque où le roi Ptolémée n’avait pas encore été proclamé ami par les Romains et où le peuple s’empressait avec tout le zèle possible de courtiser les Italiens qui séjournaient en Égypte et s’efforçait par crainte d’éviter tout motif de plainte et de conflit, un Romain ayant tué un chat, la foule se précipita vers la demeure du coupable et ni les magistrats envoyés par le roi pour le protéger ni la peur généralement inspirée par Rome n’eurent assez de force pour empêcher le châtiment de l’homme, bien que son acte ait été involontaire. Et c’est un incident que nous rapportons non par ouï-dire, mais pour l’avoir vu de nos propres yeux pendant notre séjour en Égypte. »

3 Cette anecdote fournit tous les éléments d’un questionnement sur la présence animale dans une ville du monde antique. Elle résulte du regard porté par un Grec de la cité d’Agyrion (Sicile) sur les représailles de la foule égyptienne contre un citoyen romain. Elle se situe au moment de la visite de Diodore, datée entre 60 et 56 av. J.-C., sous le règne de Ptolémée XII le « Nouveau » Dionysos, surnommé l’Aulète et père de la grande Cléopâtre [2]. Il fait partie des derniers Lagides, souverains macédoniens qui ont gouverné l’Égypte hellénistique de la dissolution de l’empire d’Alexandre à la bataille d’Actium. L’anecdote est souvent interprétée à la lumière du déclin, voire de l’effondrement de la puissance lagide [3]. Cet article vise à montrer comment les valeurs religieuses et économiques attachées aux animaux participent, au contraire, de l’effort des rois-pharaons visant à ériger un nouvel État en continuité avec les développements politiques et religieux de la Basse Époque. Ce faisant, il contribue au renouveau historiographique de l’histoire lagide [4]. Pour ce faire, il est nécessaire de donner dans un premier temps des définitions précises du statut de l’animal comme de la nature de la ville, tant l’un et l’autre se situent, dans le cas de cadre de l’Égypte lagide, au point de rencontre du monde grec classique et du monde pharaonique. En même temps, la grande variété des espèces animales ainsi que la juxtaposition de formes urbaines grecques et égyptiennes justifient que l’on parle « des » animaux dans « les » villes de l’Égypte lagide. Quelles espèces animales occupent tel espace urbain de préférence à tel autre, sous quelles formes – vivantes, mortes, figurées – et selon quelles finalités ? Ce tour d’horizon conduit, en dernier lieu, à souligner l’intensité des rapports entre hommes et bêtes et, de ce fait, à mettre en perspective la séparation de l’homme et de l’animal qui s’opère, selon une perspective ébauchée par les travaux de Michel Foucault, avec l’avènement de la modernité [5].

L’APPORT DES SOURCES PAPYROLOGIQUES

4 L’intérêt d’une étude des animaux dans les villes de l’Égypte lagide se justifie tout autant par la richesse des sources que par son caractère hybride. Fait unique, les papyrus et tessons écrits, dits ostraka, d’Égypte fournissent une masse documentaire sans précédent – et trop peu exploitée. Les travaux sur l’animal dans les papyrus, tant des thèses que des publications de sources, ne sont pas si nombreux. Les monographies sur les animaux de transport, puis des animaux d’élevage, dans les papyrus ont été jugées insuffisantes [6]. La thèse d’Hélène Raïos-Chouliara sur les animaux dans les papyrus grecs d’Égypte a été publiée dans une série d’articles et de livres, soit en français dans une revue difficile d’accès soit en grec moderne. Les espèces étudiées ne concernent, de surcroît, que marginalement notre sujet [7]. Les travaux de Maria Cobianchi sur les oiseaux sont déjà anciens [8]. Parmi les nombreux corpus par thèmes, qui font l’intérêt de la papyrologie, seuls les documents sur le bétail, rédigés en démotique et datés de l’époque saïte et perse, viennent pallier ce manque [9]. Encore ces études concernent-elles surtout les animaux dans le monde rural. Un renouvellement dans ce domaine a été amorcé avec les publication des registres fiscaux et comptes de la collection de l’Institut de Papyrologie de la Sorbonne [10].

5

Voir la figure en couleur, infra, p. 19.
Figure 1 : Registre fiscal en démotique au recto (P. Count 2) les populations humaines et animales d’un district du Fayoum © Université Paris-Sorbonne – Institut de Papyrologie.

L’APPORT DES SOURCES ARCHÉOLOGIQUES

6 Pourtant, ce sont les fouilles archéologiques qui, en contrepoint à l’écrit documentaire, permettent de mieux cerner la place de l’animal et l’évolution du fait urbain dans l’Égypte lagide. Pour reprendre l’anecdote de Diodore citée en introduction, de récentes découvertes archéologiques viennent en souligner le sens. De fait, l’épisode suggère les dissimilitudes de la présence animale entre la ville égyptienne et le reste du monde méditerranéen, notamment romain. Le chat, animal sacré vengé par la foule égyptienne, tout comme le lieu de l’incident – une ville dont on a toutes les raisons de penser que c’est la capitale, Alexandrie – donne selon toute apparence un exemple d’inclusion, voire de protection, de l’animal par les citadins. On objectera que l’épisode narré par Diodore trahit un art de la mise en scène, balançant en une seule période le pouvoir de Rome et l’attachement des Égyptiens aux cultes animaux. De plus, il se plie aux règles d’un des topoi des récits de voyage en Égypte, de l’Antiquité comme de l’époque moderne, selon lequel les Égyptiens honorent le monde animal de façon irrationnelle. En effet, le terme de « superstition » employé par Diodore fait écho aux pages du livre égyptien de l’Enquête où Hérodote décrit les « coutumes » à l’égard des animaux sacrés dont fait partie le chat, aux développements de Cicéron dans les Tusculanes, ou encore aux pages consacrées par Flaubert aux chiens errants de l’Égypte du milieu du XIXe siècle [11] . Mais les découvertes archéologiques effectuées à Alexandrie, au sud-est du secteur de Kom el-Dikka, sont venues donner un nouveau relief au témoignage de Diodore. Des dépôts et plaques de fondation, la trouvaille de figurines votives de chats par centaines, ont conduit à identifier un sanctuaire dédié à la déesse Bastet et vraisemblablement construit sous Ptolémée III, au milieu du IIIe siècle av. J.-C. [12]. La dévotion à cette déesse pourrait expliquer la réaction de la foule alexandrine à l’égard du visiteur romain. Le chat, avec lequel elle se trouve associée, est investi d’une valeur religieuse, politique et symbolique. En ce sens, l’anecdote présente un contraste saisissant entre le chat protégé et vénéré dans l’Alexandrie lagide et le chat menacé et honni de la ville moderne – si l’on pense au massacre des chats dont Robert Darnton a fait l’analyse dans des pages maintenant devenues classiques [13].

L’animal et la ville dans tous leurs états

7 Certaines espèces animales, comme le chat, bénéficient en effet d’un statut à part dans la religion égyptienne de la Basse Époque et de la période lagide. Hérodote et les sources grecques à sa suite font état d’« animaux sacrés » tenus par les Grecs pour une singularité égyptienne [14].

QUE SONT LES « ANIMAUX SACRÉS » ?

8 Les textes démotiques, aussi bien les documents de la pratique que les manuels juridiques ou les compositions littéraires, donnent une définition plus précise de ce groupe d’espèces sacralisées par la population. Les prêtres d’Égypte, dans leurs manifestations de reconnaissance envers les Lagides, ne manquent jamais de souligner l’attention portée par les souverains à ces « animaux sacrés ». Pour en savoir plus au sujet de ces derniers, il est nécessaire de se tourner vers les sources égyptiennes rédigées en démotique. Par exemple, les archives d’Hor de Sébennytos, datées de la première moitié du IIe siècle av. J.-C., contiennent un ostracon où l’ibis et le faucon sacrés sont qualifiés d’« âme » (ba) des dieux Thot, Horus et des autres divinités vénérées à Sakkara la nécropole située à l’ouest de Memphis. Cette conception, associant un animal et une divinité, explique les peines encourues par ceux qui s’en prennent à ces animaux. Elles sont décrites dans un manuel juridique rédigé lui aussi en démotique et conservé à Berlin [15]. L’énoncé comprend une liste de dix animaux sacrés, dont le chat, le chien, ou encore l’ichneumon. La nature de la peine pour une « offense » contre un de ces animaux est ambiguë car le paragraphe commence par la question « quelle est cette parole qu’il a prononcée dans la prison » (l.24). Un texte littéraire, Le harpiste dévoyé, décrit le comportement grossier et insolent du musicien en toutes circonstances et, en particulier, envers les animaux sacrés : « [Il déclare les animaux] bons pour le sacrifice (même) ceux qui sont sacrés devant le dieu (pour) ne pas affronter le [...] » [16]. Ces animaux inspiraient donc un respect religieux qui n’était pas seulement une règle de droit mais une norme sociale. Une seconde catégorie d’animaux est constituée par la faune qui, sans être sacralisée, auréole son propriétaire de prestige et affirme sa supériorité sociale, qu’il s’agisse d’animaux domestiques ou exotiques. En revanche d’autres espèces, vouées au travail agricole, au transport ou à l’alimentation, tel l’âne ou le porc, n’étaient pas entourées de la même aura – c’est la troisième catégorie qui est à prendre en considération [17]. Elles étaient présentes bien sûr dans les espaces ruraux, mais servaient par leur production la croissance des villes, trait caractéristique de la période lagide.

L’URBANISATION DE L’ÉGYPTE LAGIDE

9 Que l’Égypte ancienne, don du Nil, n’ait pas été une « civilisation sans villes », n’est en effet plus l’objet de débats, bien au contraire [18]. Le nom d’Égypte lui-même dérive du sanctuaire de Ptah dans l’ancienne capitale de Memphis et suggère l’importance du fait urbain. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas eux-mêmes de distinction précise entre la ville et la campagne. Pourtant, un faisceau d’indices permet de se faire une idée du degré d’urbanisation de l’Égypte sous domination lagide. Le chiffre de 33 333 cités donné par Théocrite dans son éloge de Ptolémée II Philadelphe tient de l’amplification rhétorique et accuse le symbolisme du chiffre trois [19]. Il ne s’en fait pas moins l’écho de la population nombreuse de l’Égypte lagide. La démographie historique fournit en effet des ordres de grandeur à partir du témoignage des textes anciens et des comparaisons avec les données plus récentes du XIXe siècle. Un texte du temple d’Edfou daté du roi Ptolémée V indique, par exemple, une surface cultivée totale de 9 millions d’aroures. Selon ces données, la population totale de l’Égypte devait être comprise entre 3,5 et 4,5 millions d’habitants [20]. Or une large partie de cette population habite en ville. En comparant la croissance d’Alexandrie avec celle de Londres et d’Edo à l’époque moderne, Walter Scheidel établit que la ville fondée par Alexandre a dû atteindre 200 000 habitants vers le milieu du IIIe siècle [21] . L’ancienne capitale, Memphis, devait comporter entre 50 000 et 60 000 habitants. Il existait donc une véritable mégapole antique, première ville de la Méditerranée à dépasser le seuil des 100 000 habitants, suivie de villes de taille considérable, abritant une population variée dont les textes littéraires se font l’écho. Dominic Rathbone, dans un article fondateur sur la démographie du royaume des Lagides, estime que la population urbaine de l’Égypte se situait entre 500 000 et 750 000, soit un taux d’urbanisation compris entre un septième (14,28 %), et un sixième (16,66 %) [22].

Figure 1

Registre fiscal en démotique au recto (P. Count 2) les populations humaines et animales d’un district du Fayoum

figure im1

Registre fiscal en démotique au recto (P. Count 2) les populations humaines et animales d’un district du Fayoum

© Université Paris-Sorbonne – Institut de Papyrologie.
Figure 2

Momie d’ibis, Courtesy of Peabody Museum of Natural History, ANT.006924.00 1 .

figure im2

Momie d’ibis, Courtesy of Peabody Museum of Natural History, ANT.006924.00 1 .

CITÉS, VILLES ET MÉTROPOLES

10 Ces estimations cachent d’importantes disparités quant au statut de ces villes et à leurs fonctions. Trois villes sont aussi des cités grecques (poleis) au sens plein du terme, c’est-à-dire dotées d’institutions civiques telles que magistrats, assemblée et conseil, et de leurs propres lois. Ce sont, par ordre d’importance, Alexandrie, la capitale, dont le paysage est dominé par les quartiers royaux [23] ; Ptolémaïs une capitale secondaire destinée à assurer le contrôle de la Haute Égypte ; la cité de Naukratis qui est à l’origine un comptoir datant de l’époque saïte devenu une cité sous Alexandre [24]. Les capitales des nomes (unités administratives de l’Égypte lagide), dites en grec métropoles, forment le gros des villes qui ne sont pas des cités. Elles sont en général associées, dans leur appellation grecque, à la divinité qui s’y trouve principalement honorée : ainsi Edfou, connue pour le culte rendu à Horus, devient Apollonopolis Magna, ville d’Apollon qui est l’équivalent du dieu égyptien. Un temple y est construit par les Ptolémées, mais on y trouve aussi le siège de services administratifs ainsi qu’une banque royale [25]. Les deux anciennes capitales de l’Égypte, Memphis et Thèbes, détiennent dans ce groupe une prééminence certaine. À ces capitales régionales s’ajoutent les agglomérations dont le statut de ville est plus discutable : elles résultent, dans le Fayoum, le Delta, ou la vallée du Nil, de la croissance agricole et de l’établissement de populations à vocation militaire [26]. Pierre Jouguet, dans une synthèse maintenant ancienne, qualifie ces villes de troisième catégorie du nom heureux de « bourgs » [27]. Ils se caractérisent par la présence d’équipements, tels le temple (hieron), le grenier (thesauros) et le bureau du scribe (grapheion), qui en font de véritables petites villes [28]. Par-delà ces catégories, la notion de ville-sanctuaire (Tempelstadt, temple town) est souvent mise en avant pour rendre compte de la singularité de l’urbanisme égyptien, où l’habitat et les activités se resserrent autour des temples et des voies processionnelles.

Des espèces animales aux espaces urbains

11 Ce monde urbain accueille l’animal, ne serait-ce déjà, symboliquement, que dans la toponymie. Les ouvrages des géographes ainsi que les papyrus attestent tous les noms de villes formés à partir d’un nom d’animal. Ainsi Kynopolis est la « ville des chiens », ce que Strabon explique par le culte voué au dieu Anubis, ou encore Oxyrhynchos la ville de l’oxyrhynque [29]. L’usage égyptien associe également, dans certains cas, une ville à un dieu ayant une forme animale. Ainsi, parmi les textes oraculaires rédigés en égyptien démotique, la Prophétie de l’Agneau présente Memphis comme la « ville d’Apis », le taureau sacré soigneusement choisi et faisant l’objet de soins cultuels exquis [30]. De nombreuses localités sont enfin nommées d’après la présence d’élevages d’animaux sacrés attenants à une chapelle, comme c’est le cas pour les « villages d’ibis » [31] .

LES « ANIMAUX SACRÉS » DANS L’ESPACE URBAIN

12 Les sources archéologiques, en particulier les fouilles de nécropoles animales, donnent d’autre part une idée concrète de la façon dont l’animal occupe l’espace urbain [32]. Si le chat de Diodore est à l’origine bien vivant, les innombrables momies animales des nécropoles d’Égypte sont des animaux décédés, d’abord élevés dans les enceintes des temples, puis massacrés.

13 L’étude de ces momies a fait de grands bonds en avant grâce aux scanners à rayons X [33]. L’analyse des squelettes montre, par exemple, les modalités de la mise à mort de l’animal. La fouille d’un site entier permet, ensuite, de se faire une idée de l’ampleur de ces pratiques : ainsi à Touna el-Gebel, dans le nome hermopolite en Moyenne-Égypte, où les momies d’ibis et de babouins, associés au dieu du savoir Thot, ont été retrouvées pas milliers. Ces chiffres sont de l’ordre de grandeur de ceux transmis par des ostraka datés du règne de Ptolémée XII, dits ostraka Prinz Joachim. Ils constituent deux séries de documents, suivant deux formulaires distincts, et mentionnent dans tous les cas le nombre d’animaux enterrés en des jours précis dans le nome ombite en Haute-Égypte en présence de représentants de l’État. Les chiffres donnés, pour un seul enterrement, vont d’un minimum de 357 à un maximum de 4 507 ibis [34].

14 Dans cet exemple, les motifs politiques sont évidents : les Lagides témoignent de leur respect envers les cultes égyptiens. Mais, outre les motivations religieuses et politiques, l’État pouvait tirer profit des ventes de prêtrises, ainsi que des lieux d’ensevelissement et des prébendes qui leur étaient attachés. C’est ce que montrent trois tablettes bilingues datées de 255 av. J.-C. [35]. Elles contiennent les reçus de trois paiements de 70 drachmes versés au comptable Théon par deux frères, Téôs et Zminis. Ceux-ci achètent la charge sacerdotale appelée « prophétie », le lieu d’ensevelissement et la prébende dont les revenus sont affectés à l’entretien des ibis sacrés. Les trois reçus indiquent que ces terrains cultivés pour nourrir les ibis vivants et, quand ils sont morts, les enterrer, se trouvent dans le district du Péri-Thèbes, ce qui équivaut peu ou prou à la grande agglomération thébaine. Ces indications topographiques concordent avec les résultats de la poursuite des fouilles de Touna el-Gebel, où ont été mis à jour les bâtiments en brique crues d’associations religieuses dont les activités étaient liées à la présence de la nécropole [36]. C’est dire si, comme à Alexandrie, le développement des espaces urbains, cultuels et artisanaux, allaient de pair avec l’essor du culte des dieux au moyen d’animaux momifiés.

ANIMAUX DES CHAMPS, ANIMAUX DES VILLES

15 Les animaux non sacralisés, destinés à la production alimentaire ou au travail agricole, sont présents dans l’espace urbain domestique à l’état vivant. Ainsi les animaux de basse-cour, comme les oies et les porcs, demeurent dans les dépendances de grandes maisons. C’est le cas de celle, à Philadelphie dans le Fayoum, de Diotimos, décrite dans une lettre conservée sur papyrus et datée du 13 avril 252 av. J.-C [37]. Artémidoros donne à Zénon, l’intendant du domaine, les conseils suivants, dans l’attente qu’il rentre de Syrie, où il a accompagné la princesse Bérénice jusqu’au royaume de son futur époux Antiochos II : « Les bœufs d’attelage, les cochons, les oies et tout ce qui reste là-bas, essaye de le surveiller comme tu pourras » (l. 7-8). Ces élevages de volailles et de porcs avaient pour fonction de répondre à la demande en nourriture carnée des habitants des bourgs, des capitales de nomes, voire d’Alexandrie. Un autre exemple bien attesté vient des pigeons, en partie destinés à la consommation, ou élevés pour fournir de l’engrais au moyen de leur déjections ou bien, comme le rappelle Louis Robert, servir d’animal d’agrément voire de cadeaux entre amoureux [38]. Des pigeonniers ont été retrouvés par les archéologues, comme dans le bourg du Fayoum de

16

Voir la figure en couleur, infra, p. 20.
Figure 2 : Momie d’ibis, Courtesy of Peabody Museum of Natural History, ANT.006924.001 .

17 Karanis, certes datés d’époque romaine, mais certainement identiques aux structures de l’époque lagide. Le troisième testament de Dryton, un officier de cavalerie crétois installé dans la ville de garnison de Pathyris au sud de Thèbes, possède une maison à laquelle un pigeonnier est rattaché [39]. Sa localisation est inconnue et elle peut avoir été située à l’écart de l’agglomération, mais cet état de fait est représentatif des habitations égyptiennes.

ANIMAUX D’ALEXANDRIE ET D’AILLEURS

18 Les animaux d’apparat ou de prestige occupent l’espace urbain selon des modalités là encore différentes, pouvant être logés dans de riches demeures ou être exposés au cours de processions. Les animaux de compagnie comme le chien étaient appréciés pour le haut statut social qu’ils dénotaient chez leur propriétaire [40]. Une mosaïque trouvée à Alexandrie en 1993 sur le site de la Bibliotheca Alexandrina représente un chien inscrit dans un médaillon [41] . Le lieu de la découverte, tout comme la qualité du travail du mosaïste, laissent penser que l’œuvre ornait les sols de la demeure d’un membre de la haute société alexandrine. Un récipient servant à servir le vin, appelé conge, repose à côté du chien, preuve que l’animal en question était, plutôt qu’un chien de chasse, destiné à accompagner son maître aux banquets [42]. L’étalage de luxe par les propriétaires de cette maison ne donne qu’une faible idée de la richesse, notamment animale, exposée par les souverains lagides. Diodore rapporte le goût de Ptolémée Philadelphe pour les « espèces inconnues et extraordinaires », lequel tenait sans doute autant à un choix politique qu’à une curiosité personnelle [43]. La grande procession des Ptolemaeia, festival institué en l’honneur de Ptolémée I Sôter, est un évènement révélateur de l’utilisation de l’animal à des fins de propagande. Le poète Callixène de Rhodes, qui décrit cette procession dans des passages cités par Athénée, ne mentionne pas le lieu exact où celle-ci se déroule. Il donne, cependant, maints détails sur le défilé de Dionysos et la tente de l’hospitalité dressée par Philadelphe [44]. Le règne animal est au centre du spectacle offert par le Lagide et inclut, outre les espèces venues d’Inde et d’Éthiopie, une grande ourse blanche – sans doute un individu albinos provenant de Thrace. Pour ce texte et, généralement, la question du zoo d’Alexandrie, le lecteur pourra se reporter aux analyses de Jean Trinquier, selon lequel un jardin zoologique au sens moderne pour l’Alexandrie ptolémaïque ne serait qu’un anachronisme [45]. En temps de paix comme en temps de guerre, un animal très recherché par le pouvoir lagide est l’éléphant : quoique son efficacité militaire ait été plusieurs fois démentie par la réalité des combats, il se trouve associé à la figure royale et conquérante d’Alexandre le Grand. Il constitue de ce fait un instrument de légitimation indispensable. Ptolémée Philadelphe fonde même un avant-poste, Ptolémaïs des Chasses, sur la côte de la mer Rouge pour en organiser l’approvisionnement. Cette fondation est connue par la stèle dite de Pithom, rédigé en hiéroglyphes, et le géographe Strabon, qui la qualifie non de ville mais bien de « fondation » [46]. Cet exemple montre à nouveau comment le besoin de faire transiter les animaux entraîne l’intervention du pouvoir royal pour construire une enceinte, creuser un fossé, implanter des populations indigènes et les encadrer par les agents de l’administration [47]. Une dent d’éléphant retrouvée lors des fouilles du secteur hellénistique de Bérénice, port de la Mer Rouge et terminus des convois d’éléphants venant par bateau de Ptolémaïs, donne un témoignage frappant de la présence de ceux-ci en ville [48].

L’animal, l’État et la modernité

19 Derrière ces présences multiformes des animaux dans les villes se dessine la figure de la royauté lagide. Dans chacun des cas distingués ci-dessus, la famille royale prend un intérêt aigu à l’incorporation de l’animal dans les espaces urbains : l’« animal sacré » enterré dans les nécropoles d’animaux signale la piété du roi et son respect des traditions égyptiennes ; l’animal productif sert les besoins de l’agriculture, accroît le patrimoine des clérouques (soldats installés sur des terres agricoles nouvellement conquises), et contribue à la croissance des métropoles ; l’animal de prestige manifeste la supériorité culturelle et économique du roi et de ses serviteurs. L’animal ne sert pas tant la construction d’un État moderne en Égypte, réalité anachronique pour la période lagide malgré l’abondante documentation sur les rouages bureaucratiques de l’administration, que le renforcement de la puissance du roi. L’instauration par Ptolémée I d’une monarchie hybride, constituée d’éléments grecs et égyptiens, n’a fait qu’accentuer l’utilisation de l’animal dans l’espace urbain à des fins de prestige et d’enrichissement. La « symbiose » des hommes et des animaux [49], si frappante dans l’Égypte de la Basse Époque et de la période lagide, doit être rattachée à l’histoire des institutions, du fait urbain et des représentations religieuses et politiques. Ce travail, à poursuivre, ne peut résulter que du croisement de deux disciplines, les sciences de l’Antiquité et l’égyptologie. Son intérêt principal réside, outre une compréhension plus fine des rapports entre hommes et animaux dans le monde antique, en une mise en perspective des approches et récits formulés par les historiens des époques médiévale et moderne. L’intégration de l’animal dans les espaces urbains dans l’Égypte du Ier millénaire av. J.-C. ne présente-t-elle pas un contraste singulier avec l’animal chassé des villes au nom des politiques dites hygiénistes et du fait de l’avènement d’une société moderne [50] ?


Date de mise en ligne : 01/03/2017.

https://doi.org/10.3917/rhu.047.0013

Notes

  • [*]
    Yale University.
    Ce travail est issu d’un mémoire de master 2 en histoire ancienne à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, conduit lors de l’année 2011-2012 et dirigé par M. le Pr Bernard Legras. Que celui-ci, qui m’a encouragé à en exposer une partie des résultats en soit vivement remercié. Le Simpson Family Fund de l’Université Yale a soutenu financièrement ma participation au colloque où a été présenté ce travail.
    Les abréviations utilisées pour les publications de papyrus et ostraka sont tirées de la Checklist of Editions of Greek, Latin, Demotic, and Coptic Papyri, Ostraca and Tablets, disponible en ligne à http://library.duke.edu/rubenstein/scriptorium/papyrus/texts/clist.html.
    Les noms grecs suivent l’usage lorsqu’il s’agit de souverains : Ptolémée Philadelphe ; mais sont translitérés suivant l’original grec quand il est question d’un personnage connu seulement par les papyrus, ainsi Ptolémaios fils de Glaukias.
  • [1]
    Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 83, 7-8 (édition de Pierre Bertrac, traduction d’Yvonne Vernière, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 156-157). Une anecdote de la même teneur, concernant un esclave de Cléomène de Naucratis, est rapportée par l’auteur anonyme du livre 2 des Économiques, 33b (édition de B. A. van Groningen et André Wartelle, traduction d’André Wartelle, Paris, Les Belles Lettres, 1968, p. 30). Le passage de Diodore est fréquemment cité et commenté ; par exemple, dans l’excellente synthèse d’Alan Bowman, Egypt after the Pharaohs, 332 B.C.-A.D. 642 : from Alexander to the Arab conquest, Berkeley, CA, University of California Press, 1986, p. 212.
  • [2]
    Diodore, ibid. I, 44, 1 , affirme avoir visité l’Égypte lors de la 180e olympiade.
  • [3]
    Le jugement selon lequel l’Égypte lagide « atteint le point le plus bas de son histoire » sous Ptolémée XII est dû à Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique. 323 – 30 av. J.-C., Paris, Éditions du Seuil, 2003, p. 525. Pour une interprétation de l’anecdote sous cet angle, voir Alain Charron, « Massacres d’animaux à la basse époque », Revue d’Égyptologie, no 41 , 1990, p. 212-213.
  • [4]
    La littérature portant sur l’État lagide est maintenant volumineuse. Le chef-d’œuvre inaugural de ce champ d’études est le livre de Claire Préaux, L’Économie royale des Lagides, Bruxelles, Fondation égyptologique Reine Élizabeth, 1939. Une évaluation critique de l’historiographie, ainsi qu’un modèle de l’État lagide reposant sur l’« incorporation négociée » des groupes sociaux dominants, sont proposés par Joseph G. Manning, The Last Pharaohs, Princeton et Oxford, Princeton University Press, 2010.
  • [5]
    La transition à un nouveau régime des relations entre l’homme et l’animal dans l’Égypte sous domination ottomane est excellemment décrite par Alan Mikhail, The Animal in Ottoman Egypt, New York et Oxford, Oxford University Press, 2014.
  • [6]
    En particulier les deux ouvrages d’Aurora Leone, Animali da trasporto nell’antico Egitto. Una rassegna papirologica dalla dinastia dei Lagidi ai Bizantini. Napoli, Athena, 1998 et Gli animali da lavoro, da allevamento e gli ἵπποι nell’Egitto greco-romano e bizantino, Napoli, Athena, 1992.
  • [7]
    Hélène Raïos-Chouliara., « La chasse aux animaux d’après les papyrus grecs (1re Partie) » Anagennesis 1 , 1981 , p. 45 – 88, et « La chasse aux animaux d’après les papyrus grecs (2e Partie) », ibid., p. 267 – 293. De même son étude, L’abeille et le miel en Égypte d’après les papyrus grecs, Ioannina, Université de Ioannina, 1989, et celle, rédigée en grec moderne, consacrée aux poissons : eadem, La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. 1re partie. vol. 1 , Le statut, l’organisation et les impôts de la pêche en Égypte pharaonique, ptolémaïque, romaine et byzantine, Ioannina et Athènes, 2003 ; enfin La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. Seconde partie. vol. 1 , Noms de poissons et d’animaux aquatiques, Ioannina, 2011 .
  • [8]
    Maria Cobianchi, « Ricerche di ornitologia nei papiri dell’Egitto greco-romano », Aegyptus, no 16 (1 /2), 1936, p. 91 – 147.
  • [9]
    Eugene Cruz-Uribe, Saite and Persian Demotic Cattle Documents : A Study in Legal Forms and Principles in Ancient Egypt, Chico, CA, Scholars Press (American Studies in Papyrology, v. 26), 1985.
  • [10]
    Willy Clarysse et Dorothy Thompson (ed.), Counting the People in Ptolemaic Egypt. Volume I : Population Registers (P. Count), Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Les nouveaux raccords effectués par Willy Clarysse sur ces rouleaux sont en voie de publication dans les Papyrologica Lugduno-Batava, chez l’éditeur Brill.
  • [11]
    Hérodote, Histoires, II, 65-76 (édition et traduction Philippe-Ernest Legrand, Paris, Les Belles Lettres, 1948, p. 110-116) ; Cicéron, Tusculanes, V, 27, 78 (édition de Georges Fohlen, traduction de Jean Humbert, Paris, Les Belles Lettres, 1960, p. 145).
  • [12]
    Les premiers résultats de cette découverte majeure sont présentés dans Mohamed Abd El-Maksoud, Ahmed Abd el-Fattah et Mervat Seif El-Din, « La fouille du Boubasteion d’Alexandrie : présentation préliminaire », Antoine Hermary et Céline Dubois (sous la direction de), L’enfant et la mort dans l’Antiquité III. Le matériel associé aux tombes d’enfants, Arles, Errance, 2012, p. 427- 446. Pour une présentation succincte, se reporter à la contribution de Jean-Yves Carrez-Maratray dans Charles Méla, Frédéric Mori, Sydney Aufre‘re, Gilles Dorival et Alain Le Boulluec (édité par), Alexandrie La Divine, vol. 1 , Genève, Éditions de la Baconnière, 2014, p. 268-271 .
  • [13]
    Robert Darnton, Le Grand Massacre des Chats : attitudes et croyances dans l’ancienne France, Paris, Les Belles Lettres (Le goût des idées, 14), 2011 . Cet ouvrage est la traduction d’une collection d’essais publiés pour la première fois en anglais en 1984.
  • [14]
    Les travaux d’Alain Charron font autorité sur la question des animaux dits sacrés. Voir dernièrement Alain Charron, « Les animaux sacrés du sauvage à l’élevage » dans Magali Massiera, Bernard Mathieu et Frédéric Rouffet (sous la direction de), « Apprivoiser le sauvage / Taming the Wild », Montpellier, Cahiers de l’ENIM, no 11 , 2015, p. 67-92.
  • [15]
    Sandra Lippert, Ein demotisches juristisches Lehrbuch : Untersuchungen zu Papyrus Berlin P 23757 rto, Wiesbaden, Harrassowitz, 2004. La liste est donnée aux l.25-28 du texte édité.
  • [16]
    Philippe Collombert, « Le ‘Harpiste dévoyé’ », Égypte, Afrique & Orient, no 29, juin 2003, V, 5-8.
  • [17]
    Voir, sur les porcs, Dorothy Thompson, « Ptolemaic Pigs », Bulletin of the American Society of Papyrologists, no 39, 2002, p. 121-138.
  • [18]
    Une mise au point commode est fournie par Jean-Yves Carrez-Maratray, « De l’archéologie à l’histoire sociale : recherches récentes sur les villes de la chôra égyptienne (basse époque pharaonique – époque gréco-romaine) », Histoire Urbaine, no 29, 2010, p. 161-180.
  • [19]
    Théocrite, Idylles, XVII, 82 – 85 (édition et traduction de Philippe-Ernest Legrand, Paris, Les Belles Lettres).
  • [20]
    Ces estimations sont données par Jospeh G. Manning, « Hellenistic Egypt », dans Ian Morris, Richard P. Saller et Walter Scheidel (ed.), Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 441 .
  • [21]
    Walter Scheidel, « Creating a Metropolis : A Comparative Demographic Perspective », dans William V. Harris et Giovanni Ruffini (ed.), Ancient Alexandria between Egypt and Greece, Leiden et Boston (Brill Columbia Studies in the Classical Tradition, v. 26), 2004, p. 1-31 .
  • [22]
    Dominic Rathbone, « Villages, Land, and Population in Graeco-Roman Egypt », Proceedings of the Cambridge Philological Society, no 36, 1990, p. 103-142.
  • [23]
    L’ouvrage de référence sur l’Alexandrie des Ptolémées demeure Peter M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford, Clarendon Press, 1972, et, en français, André Bernand, Alexandrie la Grande, Paris, Fayard, 2012, édition revue d’une synthèse publiée en 1966. Les travaux du Centre d’Études Alexandrines dirigé par Jean-Yves Empereur ainsi que les fouilles menées par Franck Goddio dans la baie d’Aboukir ont apporté quantité d’informations. Un résumé commode est fourni par Laurianne Martinez-Sève, « Alexandrie : travaux récents », Histoire Urbaine, no 2, 2000, p. 189-202.
  • [24]
    C’est l’interprétation avancée par Alain Bresson, La Cité Marchande, Paris, De Boccard, 2000, p. 13-64.
  • [25]
    Joseph G. Manning, « Edfu as a central place in Ptolemaic history », dans Willy Clarysse et Katelijn Vandorpe (sous la direction de), Edfu, an Egyptian Provincial Capital in the Ptolemaic Period, Bruxelles, Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten, p. 61-73.
  • [26]
    Sur cette troisième catégorie, citons, entre autres, Paola Davoli, « Reflections in Urbanism in Greco-Roman Egypt », dans Eva Subías, Pedro Azara, Jesús Carruesco, Ignazio Fiz et Rosa Cuesta (sous la direction de), The Space of the city in Graeco-Roman Egypt : image and reality, Tarragona, Institut Català d’Arqueologia Clàssica, 2012, p. 69-92, en particulier p. 70.
  • [27]
    Pierre Jouguet, La Vie municipale dans l’Égypte romaine, Paris, Éditions de Boccard (BEFAR 104), 1911 .
  • [28]
    Katja Mueller, Settlements of the Ptolemies, Louvain, Peeters, 2006, p. 96-105, en particulier p. 100-101 .
  • [29]
    Strabon, Géographie, 40 (édition, traduction et commentaire par Benoît Laudenbach, Paris, Les Belles Lettres, p. 54). De même, Krokodilopolis, capitale du Fayoum, est la « ville des crocodiles ».
  • [30]
    Sur le taureau Apis, voir en dernier lieu Dorothy Thompson, Memphis under the Ptolemies, Cambridge, Cambridge University Press, 2012 (2nde ed.), p. 177-197.
  • [31]
    Katelijn Vandorpe, « Les villages des ibis dans la toponymie tardive », Enchoria, no 18, 1991 , p. 115-122.
  • [32]
    La liste de ces nécropoles est particulièrement longue. Dieter Kessler, Die Heiligen Tiere und der König, Wiesbaden, O. Harrassowitz, (Ägypten und Altes Testament, Bd. 16), 1989, est une synthèse qui a fait date et, entre autres, examine les différents sites.
  • [33]
    Voir là-dessus Salima Ikram (ed.), Divine Creatures : Animal Mummies in Ancient Egypt, Le Caire et New York, American University in Cairo Press, 2005. Certaines de ces momies ont été présentées au public à l’occasion de l’exposition du Louvre-Lens de l’hiver 2014-2015, voir Hélène Guichard (édité par), Des Animaux et des Pharaons : le règne animal dans l’Égypte ancienne, Paris, Somogy Éditions, 2014.
  • [34]
    O. Jaoch. 1 et 13.
  • [35]
    UPZ II, 153-155, à compléter par le verso démotique édité par André Pelletier, « Planchette gréco-égyptienne du Cabinet des Médailles », Revue des Études Grecques, no 58, 1945, p. 184-195.
  • [36]
    Mélanie Flossmann, « 40 ans de recherches menées par l’Institut d’égyptologie de Munich à Touna el-Gebel : la nécropole animale et son association religieuse », Bulletin de la Société Française d’Égyptologie, no 190, 2015, p. 9-22.
  • [37]
    P. Cair. Zen. II 59251 .
  • [38]
    Louis Robert, « Les colombes d’Anastase et autres volatiles », Opera minora selecta. Epigraphie et antiquités grecques VII, Amsterdam, A. M. Hakkert, 1990, p. 84 n. 7.
  • [39]
    P. Dryton 4 : Dryton lègue à son fils Esthladas un pigeonnier à moitié achevé et à ses cinq filles d’un second mariage un terrain en friche pour la construction d’un autre pigeonnier.
  • [40]
    Les textes (P. Cair. Zen. IV 59532) des deux épitaphes en vers au chien « indien » Tauron mort à la chasse ont été retrouvés dans les archives du propriétaire de celui-ci, Zénon de Kaunos.
  • [41]
    Dorreya Saïd, « Deux mosaïques hellénistiques récemment découvertes à Alexandrie », Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale, no 94, 1994, p. 377-380. Cette mosaïque, maintenant conservée au Musée Gréco-Romain d’Alexandrie, a été présentée au public lors de deux expositions majeures, « La Gloire d’Alexandrie », à Paris au Petit Palais, et « Cleopatra of Egypt : From Myth to History », à Chicago et Londres.
  • [42]
    Anne-Marie Guimier-Sorbets « Alexandrie : les mosaïques hellénistiques découvertes sur le terrain de la nouvelle Bibliotheca Alexandrina », Revue Archéologique, N. S. no 2, 1998, p. 263-90, en particulier p. 277. Voir, en dernier lieu, François Queyrel, « Le chien au conge d’Alexandrie », Études et travaux 25, 2012 (Mélanges Kiss), p. 320-337.
  • [43]
    Diodore, Bibliothèque historique, III, 36, 3 (édition et traduction de B. Bommelaer, Paris, Les Belles Lettres).
  • [44]
    Callixène de Rhodes ap. Athénée, Les Deipnosophistes, 196a-203b.
  • [45]
    Jean Trinquier, « Localisation et fonctions des animaux sauvages dans l’Alexandrie lagide : la question du ‘zoo d’Alexandrie’ », Mélanges de l’École Française de Rome : Antiquité, no 114 (2), 2002, p. 861-919.
  • [46]
    Christophe Thiers, Ptolémée Philadelphe et les Prêtres d’Atoum de Tjékou : Nouvelle Édition Commentée de la Stèle de Pithom (CGC 22183), Montpellier, Université Paul-Valéry Montpellier III (Orientalia Monspeliensia), 2007, est une nouvelle édition de la stèle dite de Pithom, pourvue d’une mise au point sur les localisations possibles de Ptolémée des Chasses. Strabon, Géographie XVI, 4, 7 (traduction par Amédée Tardieu, Paris, Hachette, 1880) relate la fondation de Ptolémaïs des Chasses par Eumédès.
  • [47]
    Les travaux analysant les chasses lagides d’éléphants sont nombreux. Pour une tentative récente de voir dans cet approvisionnement la constitution d’un « réseau » qui fait pendant au projet de reconquête agraire du Fayoum, Joseph G. Manning, « Networks, Hierarchies, and Markets in the Ptolemaic Economy », dans Zofia Archibald, John Kenyon Davies, and Vincent Gabrielsen (sous la direction de), The Economies of Hellenistic Societies, Third to First Centuries BC, Oxford et New York, Oxford University Press, 2011 , p. 296-323.
  • [48]
    Découverte effectuée par le Centre d’Archéologie Méditerranéenne de l’Université de Varsovie, en cours de publication.
  • [49]
    Françoise Dunand et Roger Lichtenberg, Des Animaux et des hommes : Une symbiose égyptienne, Paris, Éditions du Rocher, 2005.
  • [50]
    La perspective d’une sortie de l’animal de la ville est de fait déjà nuancée par plusieurs des contributions aux actes de ce colloque.
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