Notes
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[1]
Anna Maslakovic, « Churchyard and Civic Square. The Production of Civic Spaces in Late Medieval and Early Modern Lyon », Proceedings of the Western Society for French History, no 27, 2001, p. 190-193.
-
[2]
Michel Vovelle, Mourir autrefois. Attitudes collectives devant la mort au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Gallimard – Julliard, 1974, p. 200. Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 1975, p. 26 et sq.; ibid, L’Homme devant la mort, Paris, Le Seuil, 1977, p. 468-550. Pierre Chaunu, La mort à Paris, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1978, p. 128,321-327,397,435-444.
-
[3]
Jacques Rossiaud, La prostitution médiévale, Paris, Flammarion, Nouvelle Bibliothèque Scientifique, 1988,286 p.
-
[4]
Christine Métayer, Au tombeau des secrets. Les écrivains publics du Paris populaire. Cimetière des Saints-Innocents, XVIe -XVIIIe, Paris, Albin Michel, 2000,459 p.
-
[5]
Jacqueline Thibaut-Payen, Les morts, l’É glise et l’É tat : recherches d’histoire administrative sur la sépulture et les cimetières dans le ressort du Parlement de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1977,456 p.
-
[6]
Sabine Barles, La ville délétère. Médecins et ingénieurs dans l’espace urbain, XVIIIe - XIXe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 1999, particulièrement p. 45-62.
-
[7]
Porée, Lettres sur les sépultures dans les églises, Caen, 1745.
-
[8]
Félix Vicq d’Azyr, Essai sur les lieux et les dangers des sépultures, Paris, 1778. L’essentiel du texte de cet ouvrage consiste en une traduction du traité publié en italien en 1774 par Scipion Piattoli. Cf. Sabine Barles, op. cit. p. 35, n. 1.
-
[9]
Pierre Toussaint Navier, médecin à Chalons sur Marne, mort en 1779.
-
[10]
Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 35.
-
[11]
Olivier Zeller, « Un médecin des Lumières : Etienne-Antoine Brac (1734-1813) », Conférences d’Histoire de la Médecine, cycle 1995-1996, Université Claude Bernard Lyon I, Institut d’Histoire de la Médecine, Lyon, Collection Fondation Marcel Mérieux, 1996, p. 25-46.
-
[12]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 282-291.
-
[13]
Archives départementales du Rhône, 1 B 6, p. 3,28 février 1778 : rapport des architectes.
-
[14]
Thomas Sydenham (1624-1689), docteur de Cambridge, médecin à Londres. Ses œuvres ont été publiées à Genève en 1716 sous le titre Opera Medica. Sa Praxis Medica, imprimée à Leipzig en 1695, ne fut éditée en français qu’en 1774.
-
[15]
Bernardino Ramazzini (1633-1714), professeur de médecine à Modène, puis à Padoue, auteur notamment d’une Dissertation latine sur les maladies des artisans (Padoue, 1713); un recueil de ses œuvres a été publié à Londres en 1714.
-
[16]
Herman Boerhaave (1668-1738) professeur de médecine, de chimie et de botanique de l’université de Leyde. Il a joui d’une très grande autorité dans le milieu médical. Ses traités ont été traduits en plusieurs langues et édités à Leyde, à Londres, à Paris et à Venise.
-
[17]
John Pringle (1707-1782), médecin du roi d’Angleterre, médecin en chef des armées, auteur d’Observations sur la nature et le traitement des fièvres des hôpitaux et des prisons (1750), d’Observations sur Maladies des armées dans les camps et dans les garnisons (Paris, 1755 et 1771 ) et d’une Dissertation sur les différentes espèces d’air.
-
[18]
Owen et Caroline Hannaway, « La fermeture du cimetière des Innocents », XVIIIe siècle, 1977, no 9.
-
[19]
Le médecin de Padoue ne s’intéressait pas fondamentalement aux dangers des cimetières, mais aux maladies professionnelles, donc, entre autres, à celles des fossoyeurs. Il fait par là figure de précurseur de la médecine du travail en compagnie de Vandermonde, auteur en 1759 d’un Dictionnaire portatif de santé décrivant les pathologies propres à un grand nombre de métiers.
-
[20]
Philippe Ariès, L’Homme devant la mort, op. cit., p. 475.
-
[21]
Il avait notamment suivi les cours de François Bourguignon de Lamure (1717-1787).
-
[22]
Joseph Raulin (1708-1784), médecin ordinaire du roi, auteur de neuf traités médicaux dont un Traité des maladies occasionnées par les promptes variations de l’air (1752) et un Traité des maladies occasionnées par les excès de chaleur, de froid, d’humidité et autres intempéries de l’air, 1756.
-
[23]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 289.
-
[24]
Madeleine Lasserre, « Des aîtres paroissiaux aux cimetières municipaux : l’exemple de Lyon », Cahiers d’Histoire, t. XXXV, 1990, no 1, p. 23-44.
-
[25]
François Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles. Essai de démographie et de psychologie historiques, Paris, Mouton, 1971, p. 480-486.
-
[26]
Jean-Pierre Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les mutations d’un espace social, Paris, SEDES, 1983, p. 113-117.
-
[27]
Claude Nières dans Jean Meyer (sous la direction de), Histoire de Rennes, Toulouse, Privat, 1972, p. 243.
-
[28]
Jean-Claude Perrot, Genèse d’une ville moderne : Caen au XVIIIe siècle, Lille, service de reproduction des thèses, 1974, t. 2, p. 565-566.
-
[29]
Michel Kiener et Jean-Claude Peyronnet, Quand Turgot régnait en Limousin. Un tremplin pour le pouvoir, Paris, Fayard, 1979, p. 333
-
[30]
À pile ou face.
-
[31]
Jean-Pierre Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., p. 113-117.
-
[32]
Maurice Garden, op. cit., p. 7.
-
[33]
Je remercie Pierre-Alexandre Le Guern pour son assistance technique à la cartographie.
-
[34]
À Beauvais existaient neuf cimetières avant 1776. Si le plus grand était rempli en douze ans, le plus petit l’était en moins d’une année. Cf. Jean Ganiage, Beauvais au XVIIIe siècle. Population et cadre urbain, Paris, CNRS É ditions, 1999, p. 214.
-
[35]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 284
1L’importance des cimetières dans l’espace urbain revêtait de multiples formes à l’époque moderne. Formant une réserve foncière souvent située au cœur des villes, ils pouvaient permettre la mise en œuvre des premières formes d’urbanisme, leur désaffectation rendant possible la création de places nouvelles [1]. Sur un plan symbolique, le cimetière refermait un cycle ouvert sur les fonds baptismaux et qui inscrivait fortement les habitants stables dans le cadre paroissial. Par ailleurs, tous les historiens de la mort ont souligné la très grande proximité entre les morts et les vivants [2]. Le campo santo fut longtemps un espace de sociabilités souvent transgressives ou ludiques et, à Lyon, la prostitution trouvait là de longue date un lieu d’exercice fort commode, comme dans la paroisse Saint-Georges [3]. Divers métiers pouvaient y être exercés, à l’exemple des lingères, des libraires ou des marchandes à la toilette, le cas le plus célèbre restant celui des écrivains du cimetière parisien des Innocents, étudiés par Christine Métayer [4]. Mais la tendance longue fut de combattre les pratiques d’origine médiévale qui faisaient du cimetière l’un des séjours des vivants, hommes et bêtes, afin de le clore et de le sacraliser. Des enjeux religieux, mais également administratifs se développèrent fortement à partir du XVIIe siècle [5]. Toutefois, la transformation la plus marquante des pratiques funéraires intervint dans le second XVIIIe siècle, lorsque le discours scientifique dénonça les dangers de « la ville délétère », discours analysé par Sabine Barles [6].
Les pratiques funéraires à l’épreuve des Lumières
2La fin du XVIIIe siècle fut marquée en France par certains progrès de l’hygiène urbaine et, en particulier, par une véritable révolution funéraire. Les attitudes vis-à-vis des défunts commençaient alors à se rationaliser; le temps n’était pas si éloigné où l’on ajoutait foi à d’abominables histoires de sorcières qui, dévorant leur suaire au fond de leur tombe, provoquaient des pestes que seules l’exhumation et la décapitation du cadavre permettaient de conjurer. C’était alors l’insalubrité des cimetières qui était devenue la préoccupation majeure. Dès 1737, le parlement de Paris avait commandé une enquête aux médecins à ce sujet. Peu après, en 1745, l’abbé Porée avait donné ses Lettres sur les Sépultures dans les É glises [7]. Les parlementaires avaient pris position, et leurs arrêts de mars 1763 et de juin 1765 avaient ordonné le transfert des cimetières à l’extérieur de Paris; il fallut vingt ans pour que la tâche fût menée à bien et, dans les années 1786-1787, on organisa durant quinze mois des convois de charrettes escortées de prêtres pour effectuer la translation de quelque 1 600 000 cadavres vers les carrières de la Tombe-Issoire.
3Dans les années 1770, le mouvement intellectuel s’était pressé avec les publications successives de l’ouvrage de Maret intitulé Mémoires sur l’usage où l’on est d’enterrer les morts dans les églises et dans les enceintes des villes, de 1773, de l’Essai sur les lieux et les dangers des sépultures, de Vicq d’Azyr [8], la même année, et enfin des Réflexions sur les dangers des exhumations précipitées et sur les abus des inhumations dans les églises, par Navier [9], en 1775. De son côté, la Gazette de France du 25 juin 1773 avait divulgué la nouvelle de l’accident survenu en l’église Saint-Saturnin de Saulieu. Aussi la question fut-elle rapidement mise à l’ordre du jour par de nombreuses autorités de province, dont le parlement de Toulouse qui rendit un arrêt contre la pratique de l’enterrement dans les églises le 3 septembre 1774. L’édit royal du 10 mars 1776 prescrivit enfin le transfert extra-muros des cimetières urbains, et les parlementaires parisiens appliquèrent la réforme à l’immense ressort de leur juridiction et réitérèrent leurs prescriptions par un nouvel arrêt en date du 30 janvier 1777 concernant, entre autres, les magistrats de la Sénéchaussée de Lyon.
Lyon et ses cimetières
4La question de l’insalubrité des cimetières venait alors d’être posée au plan local par une brochure intitulée Réflexions sur les sépultures dans la ville de Lyon, de l’abbé Lacroix. Ancien obéancier de Saint-Just, membre de l’Académie, l’auteur était connu par onze années d’observations météorologiques quotidiennes et par les vingt-cinq années de relevé systématique des actes de baptême et de sépulture dressés dans l’ensemble des paroisses lyonnaises et dont les résultats firent de lui un précurseur de la démographie [10]. Rompant ouvertement avec les pratiques religieuses établies, l’abbé préconisait l’ouverture d’un cimetière unique devant se substituer à l’ensemble des aîtres paroissiaux. Restait le choix d’un emplacement idéal qui serait commandé par le régime éolien local. Le vent du nord soufflait en moyenne 197 jours par an, et celui du sud 101 jours, les localisations septentrionales et méridionales se trouvaient écartées. L’abbé Lacroix recommandait en conséquence la création d’un cimetière à l’est de la ville, d’où le vent ne pourrait apporter les vapeurs putrides que 31 jours par an. Du reste, c’était à cet endroit que les hôpitaux de la ville procédaient aux inhumations : il est peu d’années que ce coin de terre n’enfouisse en son sein huit à neuf cents personnes.
5Ainsi, quand les juges royaux de Lyon reçurent l’ordre de procéder à une visite complète des lieux de sépulture de leur ville en se faisant accompagner par experts en gens a ce cognoissants (...) et par médecins et chirurgiens qui seront nommés d’office, la question se trouvait d’ores et déjà posée en termes de pollution atmosphérique. Elle devait également l’être en termes de capacité d’inhumation. L’abbé Lacroix, qui estimait la population à 160 000 habitants, avait établi à 4 000 la moyenne annuelle du nombre des enterrements.
6Le lieutenant général en Sénéchaussée et Siège présidial Gesse de Poisieux mit donc sur pied une commission d’enquête ad hoc qui assurait à ce magistrat, flanqué de son greffier, l’assistance de deux architectes, Cyr Decrénice et Antoine Roche, de deux chirurgiens, Barthélemy Collomb, professeur au Collège royal de Chirurgie et Michel Carret, ancien major de l’Hôtel-Dieu et de deux médecins agrégés au collège de médecine : Antoine-Marie de la Bruyère et É tienne-Antoine Brac [11]. Agissant en tant que « médecins du roi députés aux rapports en justice », ces derniers exerçaient dans les faits des fonctions comparables à celles de médecins légistes. La composition de cette commission répondait aux injonctions du pouvoir, mais était caractéristique d’une grande ville; elle comprenait deux médecins et deux chirurgiens, alors qu’ailleurs, elle ne recourait qu’à un simple binôme médical. Par ailleurs, elle s’assurait les services de deux architectes réputés quand les villes de moindre importance n’appelaient que des géomètres, voire des maîtres maçons [12]. Il incomba aux huit hommes de dresser un rapport précis sur les conditions d’inhumation dans tous les lieux utilisés à cet effet : caves, catacombes, chapelles, tombeaux privés, caveaux de confrérie, églises et cimetières. La mission devait se révéler fort rude. Lyon comprenait dix pôles d’inhumation intra muros, soit dix cryptes et neuf cimetières. Sur la rive droite de la Saône se trouvaient les paroisses de Saint-Paul-et-Saint-Laurent, de Saint-Georges, de Sainte-Croix, de Saint-Pierre-le-Vieux, de Fourvière. Entre Saône et Rhône s’étendaient celles de Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin, de Notre-Dame-de-la-Platière, de Saint-Vincent, d’Ainay et surtout, de Saint-Nizier qui concentrait à peu près le tiers de la population lyonnaise. L’hôpital de la Charité et l’Hôtel-Dieu possé-daient également des lieux de sépulture, en particulier ceux qui étaient réservés aux Réformés et aux Juifs. Extra muros, il fallait visiter les aîtres de Saint-Just-et-Saint-Irénée, de Saint-Pierre-ès-Liens à Vaise, de Notre-Dame-de-Grâce à La Guillotière et, à La Madeleine, le grand cimetière des hôpitaux, occupant un terrain d’environ 18 ares. Les investigations ne devraient pas se limiter à la visite des cimetières : chaque crypte, chaque souterrain, chaque caveau serait expertisé. Seuls les couvents échapperaient à la visite des enquêteurs.
Une enquête de terrain
7La visite commença le 22 décembre 1777 pour ne s’achever que le 19 janvier suivant. Partout, les architectes procédaient à des relevés. Leurs préoccupations étaient centrées sur les possibilités de circulation de l’air : on évaluait le volume des cryptes, on notait le nombre de soupiraux et, surtout, le nombre, l’élévation et le nombre de fenêtres des immeubles donnant sur chaque cimetière. Un arpentage extrêmement précis, réalisé au pouce près, permettait de dresser le plan géométral de chaque lieu d’inhumation, fût-ce un tout petit caveau. La hauteur des murs mitoyens faisait également l’objet de mesures précises. Les hommes de santé, de leur côté, observaient la profondeur des enfouissements et, systématiquement, faisaient procéder à l’exhumation du cadavre le plus récemment enseveli afin d’apprécier la fréquence des cercueils.
8Les constatations ne varièrent pas. Après la visite d’Ainay, le procèsverbal rapporta : « nous nous rappelons encore l’odeur fétide qui s’exhale de ce caveau ». À Saint-Nizier, on parcourut les souterrains et les catacombes, et l’on constata que « tous les corps étoient sans bière, que les uns n’avoient que quatre pouces de recouvrement de terre, les autres un pouce seulement ». Au cimetière, l’on procéda à l’exhumation du dernier décédé, et l’on trouva « un corps sans bière, et avec neuf pouces de recouvrement de terre ». Pire encore fut la visite de Saint-Pierre et, surtout, de l’église Saint-Saturnin. Les médecins rapportèrent : « nous avons appercu [sic] un corps sans aucun recouvrement de terre; au premier coup de pioche que nous fîmes donner au fossoyeur, il enleva le sternum : o res horrenda ! » É tienne Brac, pourtant habitué à des situations terribles, étant par exemple requis lorsqu’un accusé était appliqué à la question, ne put s’empêcher de calligraphier les trois derniers mots en lettres capitales d’une taille volontairement exagérée.
9Toujours attentifs aux conditions d’aération, les médecins notaient soigneusement des situations qui leur paraissaient néfastes. Ainsi, le cimetière de Saint-Paul avait la forme d’un polygone très irrégulier qui entourait l’abside et se trouvait enserré par les immeubles de la rue Saint Nicolas, dont les quatre niveaux d’habitation ouvraient sur lui par 25 et 30 fenêtres. Arrivant à la paroisse Saint-Georges, les médecins écrivirent : « suivant l’usage le plus pernicieux nous n’avons vû que deux pouces de recouvrement de terre ». Le seul grand cimetière était celui de la Madeleine, dans le faubourg de la Guillotière situé sur la rive gauche du Rhône. C’était là que l’Hôtel-Dieu faisait enterrer ses nombreux morts « sous une couche de gravier d’un pouce de hauteur ». Saint-Just et Saint-Irénée ne suscitèrent pas moins des annotations étonnantes : ici, une fosse « toute couverte d’ossements mal décharnés », là, des bières « entassées cubiquement ». Le 19 janvier, il fallut se rendre à la chapelle de l’Hôtel-Dieu, qui accueillait quelques sépultures. L’horreur attendait encore les commissaires : « nous avons trouvé une tombe levée, mais quand un des frères de cette maison a voulu y descendre, la torche qu’il portait s’est éteinte en l’approchant du caveau et il s’est exhalé une odeur si fétide que nous avons été obligé de nous en éloigner et de faire replacer sur le champ la tombe... ». Les médecins ne trouvèrent quelque satisfaction qu’en visitant la chapelle des Pénitents de la Miséricorde, qui assuraient la sépulture des condamnés à mort et qui, en gens éclairés, creusaient des tombes profondes recouvertes de chaux; Etienne Brac et son confrère purent noter : « dans ces deux caveaux, on n’y respire aucune odeur infecte... ».
Le discours médical : le souci de l’air
10Cette pénible mission enfin accomplie, il restait à chaque groupe de spécialistes à dresser un rapport circonstancié. Les architectes livrèrent leurs plans dès la fin janvier, leur rapport étant achevé le mois suivant [13]. Mais, si les chirurgiens rendirent leurs conclusions le 2 mars, il fallut attendre jusqu’au premier avril 1778 pour qu’Etienne Brac et Antoine de La Bruyère résument leur mission sous la forme d’une analyse extrêmement détaillée – en vingt-quatre points – et, surtout, fortement motivée.
11La partie essentielle des préalables théoriques concernait les effets sur l’air des pratiques d’inhumation. En effet, l’air était considéré comme susceptible de se charger de toutes sortes d’émanations, et les médecins citèrent sur ce point Hippocrate, mais aussi Sydenham [14], l’école d’É dimbourg, Ramazzini [15] et Huxham. Or, selon Boerhaave [16], cet air entrait dans la composition de l’organisme humain : « contenant du feu, de l’eau, les esprits natifs des végétaux, les esprits fermentés, des esprits produits par le feu, toutes sortes d’huiles, des sels de la terre et même des parties entières des plantes (...) il n’est presque aucun corpuscule dont l’air ne puisse se charger ». Ce que nous appellerions réactions chimiques était évoqué, le fait que les « exhalaisons » puissent « se combiner les unes aux autres » aggravant de la pénétration de l’air dans les organismes et donnant un effet d’« altérations des humeurs ». En effet, l’on connaissait une foule de maladies produites par des exhalaisons d’origine végétale, à plus forte raison, les exhalaisons animales ne pouvaient produire que « des effets plus terribles ». Des observations proto-scientifiques venaient étayer ces propos : de deux morceaux de viande identiques, celui qui avait été soumis à l’haleine se corrompait le plus vite, et Huxham et Pringle [17] attribuaient au confinement dans l’air vicié les épidémies parties des hôpitaux et des prisons. Après avoir ainsi établi que les miasmes ne pouvaient qu’être à l’origine de l’« altération putride générale de nos humeurs », Brac et La Bruyère entreprirent de souligner l’aggravation du risque par leur concentration. Galien et Lucain avaient déjà noté l’infection liée à l’abandon des cadavres sur les champs de bataille, tandis que les pestes du Caire s’expliquaient par l’habitude de jeter les charognes au canal. Ainsi, l’air libre contaminé pouvant être nuisible, il devenait, toujours « a fortiori, une cause de mort très active » pour peu qu’il soit concentré dans un petit espace. Il importait donc d’assurer le renouvellement de l’air dans les lieux de sépulture. Sans ignorer les autorités les plus reconnues, dont plusieurs auteurs du XVIIe siècle, Brac et La Bruyère s’étaient appuyés sur les publications les plus récentes. Toutes développaient diverses variantes de la théorie des miasmes : largement prédéterminées par ces références, les conclusions des médecins lyonnais n’avaient donc rien d’original en privilégiant la « corruption de l’air ». Elles marquaient la même évolution que les travaux consacrés à l’époque au cimetière parisien des Innocents [18] : la corruption du sol n’était plus jugée grande responsable de l’insalubrité, la doctrine aériste ayant pris le dessus.
12Or, les églises constituaient précisément des endroits mal ventilés. Les travaux de Ramazzini en donnaient maints exemples, et elles pouvaient « infecter toute une ville, surtout dans les chaleurs de l’été et lorsque le sol se trouvera humide comme il l’est presque partout à Lyon dans la partie de la ville qui est entre deux rivières, où d’ailleurs les enterrements sont les plus nombreux ». Se place ici la description de la pathologie caractéristique du contact et de l’inhalation de miasmes : « si l’air infecté est appliqué à l’organe de la peau, il y produira des constrictions spasmodiques, des frissons altérés de chaleur d’où s’ensuivra la fièvre; si cet air pénétre dans les vaisseaux du poumon, il troublera la respiration (...) et la mort s’ensuivra ». Brac et La Bruyère pouvaient citer les travaux de Ramazzini [19], posant que les fossoyeurs « étaient sujets aux fièvres malignes, aux morts subites, a la cachexie, a l’hydropisie, au catharre suffocant ». Ils firent également état d’un professeur de la faculté de Montpellier, Haguenot, dont un mémoire de 1746 rapportait le cas resté célèbre des pénitents de cette ville [20] tués par des émanations cadavéreuses dans l’église Notre-Dame; il est vrai que Brac avait étudié la médecine à Montpellier de 1754 à 1757 [21]. La volonté d’accumuler les exemples amena les médecins à citer également Erlich, pour les « deffaillances » collectives observées dans la cathédrale de Magdebourg, puis Raulin [22], Ambroise Paré et le tout récent traité dijonnais de Maret. Ce dernier ouvrage jouissait alors d’une grande notoriété, et fut très souvent cité par les experts de 1777 [23]. Le danger cadavérique se signalait également par sa durée : des exhumations pratiquées douze, voire trente ans après le décès auraient libéré des miasmes putrides.
13Après la forte part consacrée à l’altération de l’air, la pollution des eaux ne retint que faiblement l’attention de Brac et de La Bruyère : deux points seulement sur une argumentation en comprenant vingt-quatre. L’eau était présentée comme un « dissolvant, et les miasmes peuvent se communiquer aisément aux puits qui sont dans le voisinage des cimetières et même a ceux qui en sont assez éloignés, surtout à Lyon ou le terrain qui les separe est communement forme par des terres rapportees a travers desquelles les eaux peuvent filtrer aisément ».
14Au terme de leur rapport, les médecins ne pouvaient que porter une condamnation sans appel du mode de sépulture pratiqué à Lyon, donnant à l’appui de leur jugement les exemples relevés au cours des visites. Seules étaient citées en exemple la chapelle de la Miséricorde, ainsi que l’aître des Protestants et la crypte des Juifs, tous deux à l’Hôtel-Dieu, où l’on enterrait à cinq pieds sous terre. Dans leur ensemble, les cimetières lyonnais étaient trop petits, mal aérés, trop humides, surplombés de constructions trop hautes, et l’enfouissement des corps était nettement trop hâtif. Les macabres investigations de la commission de 1778 n’eurent cependant pas de suite immédiate. La Révolution mettra un terme à la plupart des inhumations intra-muros, agrandissant le cimetière de l’Hôtel-Dieu à La Madeleine afin de les concentrer. Il faudra attendre le début du siècle suivant pour que soient ouverts des cimetières extérieurs à Lyon [24] : Loyasse en 1807, la Guillotière en 1813, la Croix-Rousse en 1823. À l’égard de l’hygiène funéraire, Lyon apparaît donc comme très en retard vis-à-vis de nombreuses villes françaises. Par exemple, Angers se dota de nouveaux cimetières extérieurs entre 1780 et 1786 [25], Rouen en 1780 [26], Rennes en 1782 [27] et Caen la même année [28]. La mauvaise volonté lyonnaise serait donc à rapprocher des réticences de villes aussi médiocrement sensibles à l’urbanisme que le fut Limoges [29].
Les pratiques d’inhumation en 1778
15La grande enquête de 1778 apparaît comme remarquable par la rigueur dont firent preuve des réalisateurs d’une indiscutable compétence. De son étude découlent trois conclusions essentielles, en particulier dans le domaine de la quantification des pratiques.
16En premier lieu, l’inhumation dans les églises restait assez courante. Certes, à l’échelle de la ville entière, huit cadavres sur dix étaient enterrés au cimetière. Mais l’usage connaissait de très fortes variations locales. Ce n’était que dans les paroisses périphériques faubouriennes que les morts se trouvaient exclus des caveaux d’église. En revanche, il n’en était pas de même dans les zones anciennement et densément urbanisées. À Sainte-Croix et à Saint-Pierre-le-Vieux, les cimetières ne représentaient que 59,6 % et 56,9 % des surfaces d’inhumation utilisées. À Notre-Dame-de-la-Platière, ils n’en formaient que 46,9%. Et, dans l’énorme paroisse de Saint-Nizier, où décédaient plus de 700 personnes par an, les sépultures avaient principalement lieu au fond de quatre « catacombes » exiguës. Une telle pratique résultait manifestement de l’insuffisance des aîtres : du cimetière de Saint-Nizier, les enquêteurs pouvaient écrire qu’il « était autrefois à niveau des rues qui l’environnent et à présent se trouve élevé de plus de sept à huit pieds par-dessus de la rue à cause de la multitude des corps qu’on y a enterrés ».
Les lieux d’inhumation: cryptes et cimetières (cercles proportionnels aux surfaces totales)
Les lieux d’inhumation: cryptes et cimetières (cercles proportionnels aux surfaces totales)
LES LIEUX D’INHUMATION : CRYPTES ET CIMETIERES
LES LIEUX D’INHUMATION : CRYPTES ET CIMETIERES
17En second lieu, l’enfouissement des corps restait plus que superficiel. Les exhumations pratiquées à titre d’essai dans quinze cimetières diffé-rents ne trouvèrent que trois fois des profondeurs supérieures à un pied. Onze des aîtres n’offraient qu’un recouvrement tout au plus égal à six pouces, soit environ dix-sept centimètres ! Encore était-il exceptionnel de trouver un corps apparent; tel n’était pas le cas dans les sépultures souterraines. Visitant quatorze nécropoles, les enquêteurs trouvèrent dix fois les corps posés à même le sol; à Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin, ils notèrent même la présence d’un corps déposé ainsi, mais sans bière. L’usage du cercueil était encore loin d’être universel. Dans les cimetières, de quinze corps exhumés à titre expérimental, sept n’avaient pas de bière. Et si tel ne fut le cas que dans cinq des quatorze cryptes funéraires, c’est que les fossoyeurs pouvaient y éviter d’enterrer les cercueils, qu’ils se contentaient souvent d’empiler dans les caves. L’inhumation en bière pouvait d’ailleurs n’être que très provisoire. Au cimetière de Saint-Saturnin, les enquêteurs purent écrire : « nous venons d’être témoins d’un spectacle hideux et affligeant pour l’humanité en surprenant les fossoyeurs dans leurs fonctions. Ils avoient récemment sorti plusieurs corps de leur biere pour jetter à croix ou pile [30] dans une cave qui est sous le cimetière. Meminisse horret ! ».
18En troisième lieu, la précision des relevés d’architecte a permis le calcul des surfaces d’inhumation au pied carré près. Rapprochées des chiffres établis par le nécrologe de l’abbé Lacroix, ces données permettent d’approcher les aspects quantitatifs des pratiques d’inhumation. Il était courant que l’espace disponible par corps fût inférieur à deux mètres carrés : 1,73 m2 à Saint-Nizier, 1,52 m2 à Saint-Pierre-le-Vieux, 1,44 m2 à Saint-Pierre et Saint-Saturnin, et même 0,97 m2 dans le caveau de la Charité, où les enquêteurs notèrent : « ce souterrain est si infect que nous n’avons eu que le temps d’en prendre les mesures ». Il s’agissait toujours de lieux d’inhumation situés au cœur de la ville. La place était plus largement disponible en périphérie. Toutefois, au faubourg de la Guillotière, l’énorme cimetière de la Madeleine où s’engloutissaient annuellement quelque 1 200 hospitalisés de l’Hôtel-Dieu n’offrait que 1,57 m2 par cadavre.
LA DENSITÉ FUNÉ RAIRE À LYON EN 1778
LA DENSITÉ FUNÉ RAIRE À LYON EN 1778
19Globalement, la surface individuelle moyenne d’inhumation s’établissait à 2,45 mètres carrés. Or, de l’avis des chirurgiens, 35 pieds carrés, soit environ quatre mètres carrés, étaient nécessaires pour assurer l’hygiène de chaque sépulture. De plus, il fallait d’après eux proscrire toute exhumation durant « trois années consécutives, temps nécessaire pour l’entière et parfaite destruction des cadavres ». Ainsi, il aurait fallu disposer d’une surface triple pour assurer l’utilisation des cimetières par roulement, à la manière des soles agricoles. D’où un besoin individuel de 105 pieds carrés, soit douze mètres carrés par inhumation en rythme triennal. Certes, les chirurgiens minoraient cette évaluation de 20 % afin de tenir compte des sépultures d’enfants. Une si faible proportion ne doit pas surprendre : les experts ne pouvaient ignorer qu’une très large part des enfants lyonnais allait mourir à la campagne du fait de la pratique massive de la mise en nourrice.
20Il reste que la surface funéraire réelle ne représentait que le quart des besoins définis par leurs calculs. Il aurait fallu quelque trois hectares et demi, alors que l’on ne disposait que de 9000 mètres carrés. L’invraisemblable entassement des défunts lyonnais ressort de la comparaison avec les cimetières ouverts en périphérie de Rouen [31] à partir de 1780. Le procureur général du parlement de Normandie souhaitait assurer un cycle d’inhumation décennal, ce qui nécessitait de figer des superficies par corps de l’ordre de 50 mètres carrés !
LA DENSITÉ FUNÉ RAIRE À ROUEN EN 1780
LA DENSITÉ FUNÉ RAIRE À ROUEN EN 1780
21Il était absolument impossible d’appliquer la même norme aux vieux cimetières lyonnais : leur potentiel d’inhumation ne représentait que le vingtième des superficies nécessaires. La pollution par les cimetières, bien réelle, n’était donc pas qu’affaire de pratiques d’inhumation. Elle était aussi affaire d’espace. L’interdiction d’enterrer dans les églises réduisait la superficie funéraire de Lyon intra muros à moins de quarante ares. Il n’était plus laissé aux morts que 0,1 % de la surface de la ville [32].
LA PART DES CIMETIÈ RES DANS LES TERRITOIRES PAROISSIAUX
LA PART DES CIMETIÈ RES DANS LES TERRITOIRES PAROISSIAUX
22Certes, les paroisses les plus densément peuplées réservaient une part plus importante de leur territoire qu’ailleurs, soit 0,27 % à Saint-Nizier et 0,23 % à Saint-Georges, tandis que les paroisses périphériques n’avaient besoin que de moindres surfaces : 0,02 % à Saint-Thomas de Fourvière, 0,07 % à Saint-Martin d’Ainay [33]. Il n’en restait pas moins que, dans la partie centrale de la ville, la place faisait cruellement défaut. Quand les édiles rouennais se donnaient les moyens de ne pas procéder aux exhumations avant dix ans, et, peut-être, voyaient assez grand pour anticiper sur la croissance démographique, les experts lyonnais en étaient encore à recommander de laisser les corps en place durant trois années entières, ce qui laisse penser que le turn over funéraire lyonnais était extrêmement rapide [34]. Il paraît significatif que des fossoyeurs aient été obligés d’extraire des corps de leur cercueil pour les empiler dans des cryptes. La verticalité de l’habitat bien spécifique des zones à haute densité démographique ne s’appliquait donc pas qu’aux vivants. Elle valait aussi pour les défunts.
23Que conclure, au terme de cette funèbre monographie ? Le retard lyonnais n’est qu’anecdotique. Que l’approche du problème de la pollution urbaine ait suivi les conceptions médicales fondées sur la théorie des humeurs apparaît surtout comme une vérification. Restent trois donc trois leçons essentielles. La première met en lumière un aspect essentiel du grand dérangement des morts : la comparaison entre Rouen et Lyon suggère que le transfert extra-muros ne visait pas qu’à purger les villes de foyers d’infection, mais à rendre possible de nouvelles pratiques funéraires permettant de prolonger le recyclage des sols que le manque d’espace interdisait jusque là. Les deux dernières sont d’ordre méthodologique. Il est possible de formuler une petite équation reliant l’effectif annuel des sépultures, la surface disponible et la durée du cycle d’inhumation pour en déduire la surface nécessaire par cadavre. L’intérêt du procédé ne relève pas d’un quantitativisme frénétique; une fois constitué un corpus de références, auquel contribue le projet rouennais, il permet de déduire le rythme moyen de réutilisation des cimetières. Si N est le nombre moyen annuel de sépultures durant une période donnée, T le rythme de réutilisation et St la surface funéraire totale, la surface nécessaire par corps Su est :
24 Su (m2 /corps-année) = St (m2 ) / [N(corps). T(années)]
25Par exemple, la situation rouennaise donne :
26Su = 73490 × 10/1514 = 4,85 m2 par corps-année.
27Si cette surface, prise comme référence, avait été appliquée à Lyon, cela aurait impliqué un rythme de réutilisation des surfaces de T = St/ [Su. N] = 9012/(4,85× 3676) = 0,5 année. Mais il ne s’agit ici que d’un délai moyen d’exhumation valable pour l’ensemble des cimetières. Or, la place manquait surtout dans les paroisses centrales, ce qui eût conduit à ouvrir les fosses encore plus tôt. La chose était manifestement impraticable : le système funéraire lyonnais était donc totalement bloqué.
28Ultime leçon : il est bien probable que des sources dispersées ont conservé les résultats des enquêtes menées partout sous l’égide des cours royales. Si le fonds Joly de Fleury paraît lacunaire à cet égard [35], les archives judiciaires et communales restent une ressource précieuse. En effet, la juriste Jacqueline Thibaut-Payen n’a pu étayer sa riche étude des pratiques de sépulture dans le ressort du parlement de Paris que sur des sources parisiennes. De ville à ville, une quantification systématique des données permettrait de saisir dans une perspective comparatiste l’inégale gravité de la question funéraire. Historiens, à vos pioches...
Notes
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[1]
Anna Maslakovic, « Churchyard and Civic Square. The Production of Civic Spaces in Late Medieval and Early Modern Lyon », Proceedings of the Western Society for French History, no 27, 2001, p. 190-193.
-
[2]
Michel Vovelle, Mourir autrefois. Attitudes collectives devant la mort au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Gallimard – Julliard, 1974, p. 200. Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 1975, p. 26 et sq.; ibid, L’Homme devant la mort, Paris, Le Seuil, 1977, p. 468-550. Pierre Chaunu, La mort à Paris, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1978, p. 128,321-327,397,435-444.
-
[3]
Jacques Rossiaud, La prostitution médiévale, Paris, Flammarion, Nouvelle Bibliothèque Scientifique, 1988,286 p.
-
[4]
Christine Métayer, Au tombeau des secrets. Les écrivains publics du Paris populaire. Cimetière des Saints-Innocents, XVIe -XVIIIe, Paris, Albin Michel, 2000,459 p.
-
[5]
Jacqueline Thibaut-Payen, Les morts, l’É glise et l’É tat : recherches d’histoire administrative sur la sépulture et les cimetières dans le ressort du Parlement de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1977,456 p.
-
[6]
Sabine Barles, La ville délétère. Médecins et ingénieurs dans l’espace urbain, XVIIIe - XIXe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 1999, particulièrement p. 45-62.
-
[7]
Porée, Lettres sur les sépultures dans les églises, Caen, 1745.
-
[8]
Félix Vicq d’Azyr, Essai sur les lieux et les dangers des sépultures, Paris, 1778. L’essentiel du texte de cet ouvrage consiste en une traduction du traité publié en italien en 1774 par Scipion Piattoli. Cf. Sabine Barles, op. cit. p. 35, n. 1.
-
[9]
Pierre Toussaint Navier, médecin à Chalons sur Marne, mort en 1779.
-
[10]
Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 35.
-
[11]
Olivier Zeller, « Un médecin des Lumières : Etienne-Antoine Brac (1734-1813) », Conférences d’Histoire de la Médecine, cycle 1995-1996, Université Claude Bernard Lyon I, Institut d’Histoire de la Médecine, Lyon, Collection Fondation Marcel Mérieux, 1996, p. 25-46.
-
[12]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 282-291.
-
[13]
Archives départementales du Rhône, 1 B 6, p. 3,28 février 1778 : rapport des architectes.
-
[14]
Thomas Sydenham (1624-1689), docteur de Cambridge, médecin à Londres. Ses œuvres ont été publiées à Genève en 1716 sous le titre Opera Medica. Sa Praxis Medica, imprimée à Leipzig en 1695, ne fut éditée en français qu’en 1774.
-
[15]
Bernardino Ramazzini (1633-1714), professeur de médecine à Modène, puis à Padoue, auteur notamment d’une Dissertation latine sur les maladies des artisans (Padoue, 1713); un recueil de ses œuvres a été publié à Londres en 1714.
-
[16]
Herman Boerhaave (1668-1738) professeur de médecine, de chimie et de botanique de l’université de Leyde. Il a joui d’une très grande autorité dans le milieu médical. Ses traités ont été traduits en plusieurs langues et édités à Leyde, à Londres, à Paris et à Venise.
-
[17]
John Pringle (1707-1782), médecin du roi d’Angleterre, médecin en chef des armées, auteur d’Observations sur la nature et le traitement des fièvres des hôpitaux et des prisons (1750), d’Observations sur Maladies des armées dans les camps et dans les garnisons (Paris, 1755 et 1771 ) et d’une Dissertation sur les différentes espèces d’air.
-
[18]
Owen et Caroline Hannaway, « La fermeture du cimetière des Innocents », XVIIIe siècle, 1977, no 9.
-
[19]
Le médecin de Padoue ne s’intéressait pas fondamentalement aux dangers des cimetières, mais aux maladies professionnelles, donc, entre autres, à celles des fossoyeurs. Il fait par là figure de précurseur de la médecine du travail en compagnie de Vandermonde, auteur en 1759 d’un Dictionnaire portatif de santé décrivant les pathologies propres à un grand nombre de métiers.
-
[20]
Philippe Ariès, L’Homme devant la mort, op. cit., p. 475.
-
[21]
Il avait notamment suivi les cours de François Bourguignon de Lamure (1717-1787).
-
[22]
Joseph Raulin (1708-1784), médecin ordinaire du roi, auteur de neuf traités médicaux dont un Traité des maladies occasionnées par les promptes variations de l’air (1752) et un Traité des maladies occasionnées par les excès de chaleur, de froid, d’humidité et autres intempéries de l’air, 1756.
-
[23]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 289.
-
[24]
Madeleine Lasserre, « Des aîtres paroissiaux aux cimetières municipaux : l’exemple de Lyon », Cahiers d’Histoire, t. XXXV, 1990, no 1, p. 23-44.
-
[25]
François Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles. Essai de démographie et de psychologie historiques, Paris, Mouton, 1971, p. 480-486.
-
[26]
Jean-Pierre Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les mutations d’un espace social, Paris, SEDES, 1983, p. 113-117.
-
[27]
Claude Nières dans Jean Meyer (sous la direction de), Histoire de Rennes, Toulouse, Privat, 1972, p. 243.
-
[28]
Jean-Claude Perrot, Genèse d’une ville moderne : Caen au XVIIIe siècle, Lille, service de reproduction des thèses, 1974, t. 2, p. 565-566.
-
[29]
Michel Kiener et Jean-Claude Peyronnet, Quand Turgot régnait en Limousin. Un tremplin pour le pouvoir, Paris, Fayard, 1979, p. 333
-
[30]
À pile ou face.
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[31]
Jean-Pierre Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., p. 113-117.
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[32]
Maurice Garden, op. cit., p. 7.
-
[33]
Je remercie Pierre-Alexandre Le Guern pour son assistance technique à la cartographie.
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[34]
À Beauvais existaient neuf cimetières avant 1776. Si le plus grand était rempli en douze ans, le plus petit l’était en moins d’une année. Cf. Jean Ganiage, Beauvais au XVIIIe siècle. Population et cadre urbain, Paris, CNRS É ditions, 1999, p. 214.
-
[35]
Jacqueline Thibaut-Payen, op. cit., p. 284