Notes
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[1]
Maurice Agulhon, « La ville de l’âge industriel », Histoire de la France urbaine, 2e éd., Paris, Le Seuil, 1998, vol. IV, p. 456.
-
[2]
François Rabelais, La vie très horrificque du grand Gargantua, père de Pantagruel, Repr. de l’éd. de 1534, Paris, Le Livre de poche.
-
[3]
Que l’on songe, seulement, que la rue de la Ferronnerie, tenue pour la plus large de l’époque, connaissait des embarras qui furent fatals à Henri IV !
-
[4]
Julia Csergo, « Extension et mutation du loisir citadin, XIXe -début XXe siècle », Alain Corbin, L’Avènement des loisirs : 1850-1960, Paris, Aubier, 1995, p. 121-170.
-
[5]
Alain Corbin, « Le Secret de l’individu », Histoire de la vie privée, 2e éd., Paris, Le Seuil, 1999 vol. IV, p. 389-418.
-
[6]
« É cole flottante de natation réalisée à Bordeaux : projet de l’architecte J. Lafargue, 1844 », Revue générale de l’architecture et des travaux publics, vol. 5, pl. 25-26.
-
[7]
Jean-Pierre Goubert, La Conquête de l’eau, Paris, R. Laffont, 1986, p. 20 1.
-
[8]
É mile de Labédollière, Le Nouveau Paris : histoire de ses vingt arrondissements, Paris, G. Barba, 1860.
-
[9]
« Le Hammam ou bains turco-romains, Klein et Duclos architectes », Le Moniteur des architectes, 28 février 1877, p. 18-19, pl. 5.
-
[10]
Revue générale de l’architecture et des travaux publics, tome 25,1867, col. 234.
-
[11]
« Hygiène publique : piscines populaires, lavoirs municipaux, lingeries publiques », La Semaine des constructeurs, 11 septembre 1886, p. 122-123.
-
[12]
Le colonel Amoros crée dès 1818 le premier établissement public d’éducation physique qui enseigne aussi la natation, l’escrime et l’équitation. En 1852, deux de ses disciples, Napoléon Laisné et le colonel Louis d’Argy, créent l’É cole normale militaire de gymnastique de Joinville où l’on pratique la natation dans la Marne à partir d’un ponton.
-
[13]
De l’aveu même du proviseur, la « question d’un établissement de natation » était envisagée depuis longtemps et l’installation d’un tel équipement à l’institution voisine et privée d’Issy, qui a explicitement servi de modèle, a pu favoriser la décision (A. N., A J 16/474, Lettre du proviseur au recteur de l’Académie de Paris, 7 avril 1876).
-
[14]
Antoine Le Bas, Architectures du sport, 1870-1940, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Paris, A.P.P.I.F., Connivences, 1991 (Cahiers de l’Inventaire 23).
-
[15]
Rappelons que, créé par un décret de 1864, le lycée de Vanves s’appela, d’abord, « lycée du Prince impérial ».
-
[16]
Selon Dupont-Ferrier, l’empereur voulut créer « le lycée de l’enfance où serait recueillie la jeune garde de l’armée universitaire... Les hauts fonctionnaires de l’Empire y placèrent, d’enthousiasme, leurs enfants. Chaque semaine, une longue file d’équipages s’attardait dans les allées du parc. » (dans Les Richesses d’art de la Ville de Paris : écoles, lycées, collèges et bibliothèques, Paris, 1913).
-
[17]
Encyclopédie d’architecture, vol. 10 (1881 ), p. 94, pl. 759,767 et 768.
-
[18]
Gabriel Davioud architecte, 1824-1881, Paris, Délégation à l’Action artistique de la Ville de Paris, 1981.
-
[19]
Jacques Lacroux, La Brique ordinaire, Paris, Ducher, 1878.
-
[20]
Pierre Chabat, La Brique et la Terre cuite, Paris, Vve Morel, 1881.
-
[21]
Sur les pentes de Fleury, à Meudon, Prosper-É tienne Bobin, qui élève l’orphelinat Saint-Philippe – œuvre charitable de la duchesse de Galliera –, y prévoit gymnase intérieur et piscine de plein air. Alimentée en eau de source, cette dernière doit à ses abords rocaillés de ressembler autant à une pièce d’eau du vaste parc qu’à un équipement de sport.
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[22]
On connaît le rôle éminent du banquier Jacques Laffitte dans la vocation hippique de Maisons-Laffitte (Sophie Cueille, Maisons-Laffitte, parc, paysage et villégiature, 1630-1930, Paris, A.P.P.I.F., 1999; Cahiers du Patrimoine 53). Mais la carrière de Joseph Oller se révèle aussi exemplaire de ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une confusion des genres étrangement moderne : fondateur en 1867 du Pari mutuel qui permet au grand public de parier sur des courses, il acquiert des terrains à Maisons-Laffitte pour y établir un hippodrome. Le même crée le Nouveau Cirque (1886), les Montagnes russes (1887), le Moulin rouge (1889) et l’Olympia (1883). Après les courses, il s’intéresse aux sports et spectacles aquatiques, transformant l’ancienne Salle Valentine en Arènes nautiques où alternent, l’hiver, revues équestres et acrobaties gymniques, l’été, piscine de natation.
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[23]
L’idée était dans l’air. Françoise Hamon a retrouvé dans les archives de l’É cole centrale un concours de projets, organisé en 1875, sur le thème des immeubles industriels dotés d’une piscine rentabilisant l’eau de condensation des machines à vapeur. Joseph Oller, de son côté, récupère les eaux de condensation de l’usine Godillot pour sa piscine de la rue de Rochechouart. La piscine Hébert, construite en 1896 par l’architecte Kuffer, bénéficiait d’une eau à 26o C issue d’un puits artésien foré pour alimenter le quartier en eau potable (Philippe Artru et Rémi Rivière, Deux siècles d’architecture sportive à Paris : piscines, gymnases, Paris, Délégation à l’Action artistique de Paris, 1984, p. 30).
-
[24]
L’architecte affiché s’associe à l’ingénieur É d. Philippe pour construire les deux piscines de Chateau-Landon et du boulevard de la Gare. De même, la piscine Rochechouart est l’œuvre de l’ingénieur Solignac; la fréquente intervention d’ingénieurs montre assez la technicité de ce genre de bâtiment.
-
[25]
A. D. Val-de-Marne, série E., dépôt Saint-Maurice 1M-9.
-
[26]
Ivry est alors administré par une forte personnalité, le tailleur Ferdinand Roussel, de tendance guesdiste dont le rassemblement sur son nom des divers courants socialistes repré-sentés à Ivry lui a permis de remporter les élections de 1896. À la tête d’une commune de 25 000 habitants qui s’est industrialisée depuis 1870 grâce à la décentralisation d’industries parisiennes et au développement de son port fluvial, cet ancien communard tranche sur l’ensemble du personnel politique des communes de banlieue et préfigure celui de l’entre-deux-guerres par le dynamisme de sa politique sociale.
-
[27]
Bernard Marrey, Louis Bonnier, 1856-1946, Bruxelles, Mardaga, 1988, p. 257-286
-
[28]
La France présente alors un retard considérable dans ce domaine. D’après Le Figaro du 1 0 octobre 1922 (cité par P. Artru et R. Rivière, Deux siècles, op. cit., p. 32), elle compte vingt piscines, dont sept à Paris, quand l’Allemagne en possédait mille trois cent soixante-deux et l’Angleterre huit cent six.
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[29]
Conscient de l’avance, dans ce domaine, de nos voisins européens, L. Bonnier visita préalablement quelques établissements étrangers, parmi lesquels la piscine du groupe scolaire Josaphat à Schaerbeck (Bruxelles) ainsi que le grand établissement des bains de Strasbourg élevé alors que l’Alsace était terre allemande. Il n’est pas exclu que le complexe balnéaire du « Nancy Thermal » ait pu fournir une source d’inspiration, même si la documentation laissée par l’architecte demeure muette sur ce point. L’établissement lorrain, bâti de 1912 à 1913, présentait alors deux bassins, l’un, rectangulaire et couvert d’une voûte de béton en berceau, l’autre, circulaire et couvert d’une coupole. Le voûtement adopté par L. Bonnier offre la synthèse de ces deux partis.
-
[30]
Joseph Bassompierre, Paul Sirvin et Paul de Rutté architectes, 1929.
-
[31]
Charles-Edmond Sée, « Bassins de natation et piscines », La Construction moderne, 25 mars 1934, p. 430-439.
-
[32]
Henri Sauvage avait déjà manifesté ses préoccupations sociales en construisant pour la Société des logements hygiéniques à bon marché (1904) un ensemble d’HBM (7, rue Trétaigne, Paris 18e ) ouvertement nourri d’idéal socialiste, et appliqué ses convictions hygiénistes à l’architecture avec son premier immeuble à gradins (24, rue Vavin, Paris 6e, 1913).
-
[33]
À Toulouse, l’implantation de l’usine d’incinération des ordures ménagères sur l’île du Ramier permit également de chauffer l’eau de la piscine (Annie Noé-Dufour, L’Ile du Ramier, Toulouse, Accord éd., 1998; Itinéraires du Patrimoine no 176). L’architecte Morice Leroux, qui remodèle le centre-ville de Villeurbanne à la demande de son maire (Maurice Goujon), systématise le procédé à l’échelle urbaine : l’incinération des déchets domestiques permet à une centrale thermique d’alimenter un réseau de distribution de chaleur à usages domestique et industriel. Ce chauffage urbain assurait, en particulier, celui de tous les équipements municipaux (piscine, mairie, écoles...) ainsi que de tous les logements sociaux (J. L. Margerand, « Le Nouveau Centre de Villeurbanne », La Construction moderne, 8 juillet 1934, p. 714-740).
-
[34]
Comme architecte de la ville, Emmanuel Leray s’occupera essentiellement des crèches, des bains publics et des équipements sportifs pour une municipalité socialiste dirigée par un entrepreneur passionné d’architecture, Jean Janvier (Hélène Guénée, Odorico mosaïste art-déco, Bruxelles, Archives d’Architecture moderne, 1991, p. 86-114).
-
[35]
Claude Laroche, « Un biathlon patrimonial : les piscines de la rue Judaïque et du parc Lescure », Le Festin, no 25, p. 83-95.
-
[36]
Bordeaux et l’Aquitaine, 1920-1940 : urbanisme et architecture, éd. Académie d’architecture; Association pour l’étude de l’urbanisme et de l’architecture, Paris, Techniques et architecture, 1988.
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[37]
Claude Laroche, Un Biathlon, op. cit.
-
[38]
Hélène Guénée, Odorico, op. cit.
-
[39]
Marc Gaillard, Architectures des sports, Paris, É d. du Moniteur, 1982.
1Évoquant l’avènement de la ville industrielle au xixe siècle, Maurice Agulhon souligne le passage concomitant des jeux ruraux d’Ancien Régime aux sports modernes par cette formule : « Le sport est né à la ville et de la ville [1]. » Cette mutation s’amorce avec l’émergence d’une conception humaniste de l’éducation : Rabelais fait pratiquer à Gargantua des exercices physiques [2]. Mais, pour ce faire, son héros doit se rendre aux portes de Paris (Gentilly, Montrouge, Vanves, Boulogne, Saint-Cloud...) car la ville moderne, trop dense pour des exercices physiques de plein air, crée des besoins qu’elle ne peut satisfaire. S’il est possible d’y pratiquer chez soi des sports comme l’escrime, la lutte ou l’équitation (dans des manèges privés), courses et jeux de balle ne trouvent la place nécessaire dans une ville où les rares espaces vacants sont les cimetières et une voirie exiguë [3]; seul, le jeu de paume semble, d’ailleurs, avoir eu droit de cité sous l’Ancien Régime. L’essor de la ville industrielle, avec sa densité démographique, son univers pollué, rythmé par le travail, suscite l’émergence d’une forme éminemment urbaine de loisir, le sport moderne [4]. Car, à la diffé-rence des exercices pratiqués hors des murs, en terrain libre (le « champ de Mars »), par des soldats casernés en ville, le sport, pour s’affirmer et se constituer en discipline autonome, doit s’édicter des règlements, se doter de statuts, mais d’abord, se créer un cadre spécifique, seul à même d’authentifier la performance. Le sport repose sur la foi dans le progrès humain, ce dogme du XIXe siècle qui a ses exigences. Ainsi, des activités jusqu’alors pratiquées dans la nature et sans cadre réglementaire requiè-rent, pour gagner en efficacité, éducation et méthode; surtout, ces exercices exigent un cadre spécifique garant de la continuité de l’effort, de l’équité des compétitions et de la mesure de la performance : les bâtisseurs de la ville moderne vont ainsi engendrer piscines, gymnases, hippodromes et stades qui s’ajouteront aux lieux, plus ou moins nouveaux, du loisir urbain (cabarets, guinguettes, cirques, théâtres...). C’est, toutefois, aux seules piscines que nous nous intéresserons dans ces pages, pour observer combien cet équipement sportif doit son invention et ses métamorphoses aux progrès de la civilisation urbaine.
Baignade, bains-douches et natation
2L’invention de la piscine comme espace sportif relève moins d’une tardive redécouverte de la civilisation antique que d’une lente évolution de pratiques urbaines dont la conjonction aboutira à notre conception moderne du sport. La baignade en rivière est, certes, vieille comme le monde, mais ne ressemble ni à un sport ni à un loisir spécifiquement urbain; c’est une activité aquatique dont la motivation peut être hygié-nique ou ludique, voire les deux. Sous l’effet d’une ségrégation sociale croissante, et avec le progrès de sentiments tels que la pudeur [5], on distingue à Paris sur la Seine, à la fin de l’Ancien Régime, des bains populaires et collectifs, ainsi que des bains individuels réservés à une société aisée. Après l’interdiction de la baignade libre en Seine intra-muros (ordonnance de police du 3 juin 1783), la première moitié du XIXe siècle voit se multiplier des bains collectifs et des écoles de natation constituées de plusieurs nefs. L’assemblage de quelques embarcations détermine un bassin rectangulaire protégé des regards extérieurs par une palissade, et ceint d’une galerie intérieure portée par de fines colonnes de bois. Tous ces établissements proposent cabines de déshabillage, rotonde à usage de salon, et des services divers (restaurant, salon de massage, coiffeur...).
3Paris n’a pas l’apanage de ce genre d’établissement, et d’autres villes traversées par un fleuve en possèdent, comme cette école de natation réalisée à Bordeaux et publiée dans la presse architecturale [6]. Ces installations perdurent jusqu’à la fin du XIXe siècle – les dernières ne disparaîtront qu’à la fin du XXe siècle avec le naufrage de la piscine Deligny – mais se trouvent concurrencées dès les années 1860 par des installations tirant parti de la distinction, qui s’impose alors, entre pratique hygiénique et exercice physique. La multiplication des bains hors rivière doit alors beaucoup à l’extension du réseau d’alimentation en eau dont les progrès décisifs sont réalisés vers 1860 par l’ingénieur Belgrand [7]. Selon la clarification qui s’opère alors, bains chauds couverts, étuves et autres saunas se développent en ville pour le confort et l’hygiène des citadins, comme en atteste Labédollière [8] dont Le Nouveau Paris recense en 1860 bains hydrothérapeutiques, bains Tivoli, bains algériens, bains russes, bains turcoromains [9].
4Ailleurs, des bains publics se trouvent associés à des logements, comme ceux prévus à Mulhouse par É mile Muller pour ses cités ouvrières [10]; il s’agit là d’installations hygiéniques consistant en bains-douches, le plus souvent liées à des blanchisseries, qui se rapportent donc plus à des équipements d’hygiène et de salubrité [11] qu’à quelque construction sportive. D’autre part, l’affirmation progressive de la natation comme pratique sportive engendrant les premiers vrais bassins de natation, se révèle tributaire de l’évolution d’une société industrielle et urbaine dont rendement et progrès semblent les maîtres mots.
Des piscines novatrices pour le secteur éducatif
5Car la reconnaissance de la natation au rang des sports doit beaucoup aux réflexions et aux démarches de promoteurs (colonel Amoros, par exemple) qui ne ménagent pas leurs efforts pour la doter de méthodes et de normes susceptibles de l’imposer aux pouvoirs publics. Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, hiérarchie militaire et responsables de l’instruction publique s’intéressent, à plusieurs reprises, à l’enseignement de la natation [12]; mais, malgré des instructions multiples, l’enseignement de la natation à l’armée doit se faire en rivière, faute d’équipement.
6C’est le milieu éducatif qui introduira les bassins de natation, même si les premiers d’entre eux, découverts, n’autorisent qu’une pratique saisonnière. Souvent plus novateur, l’enseignement privé introduit le sport dans ses programmes, sans doute sous l’influence de pays étrangers comme la Grande-Bretagne ou les pays germaniques et scandinaves. Plusieurs institutions privées, sensibles aux dimensions ludique, physique et civique du sport, proposent à leurs élèves des activités sportives : dès les années 1860, à Issy-les-Moulineaux, l’institution Saint-Nicolas-d’Igny dispose d’un bassin de natation, excavé et découvert. Entouré de cabines et de planches, ce bassin d’eau froide permet – à la belle saison – aux pensionnaires l’apprentissage et l’exercice de la natation, qu’ils peuvent alterner avec les jeux pratiqués dans le parc, ou avec d’autres activités récréatives (arts plastiques, théâtre...).
7Malgré le retard de l’instruction publique dans ce type d’enseignement, quelques établissements se posent en précurseurs, tel le lycée Michelet, de Vanves, qui, dès 1876, propose l’une des premières piscines publiques [13]. Force est de constater la proximité des projets éducatifs de ces deux établissements, tant public que privé.
8La piscine scolaire de Vanves vient compléter un ensemble d’équipements sportifs [14] composé d’un gymnase (L.J. Duc, architecte, 1868), d’un manège (Signeux, architecte, 1876) servant accessoirement de salle d’armes, ainsi que d’un ensemble de terrains de sport (football, tennis) et de pistes d’athlétisme disséminés dans un parc de plusieurs hectares. À l’intérieur des bâtiments, les dortoirs étaient dotés de salles de lavabos et de bains-douches qui en faisaient, certainement, un établissement pilote en matière d’hygiène scolaire. Un tel ensemble servait un projet éducatif emprunt d’une anglophilie partagée de Napoléon III [15] et qui le réservait, d’ailleurs, à des pensionnaires de bonnes familles [16]. L’auteur de la piscine, Alfred Normand, architecte du gouvernement chargé des lycées et des collèges, conçoit et réalise « un bassin de natation pour bains froids » qui inaugure un nouveau type d’équipements publics, présenté comme tel dès 1882 dans la presse architecturale [17]. Le bassin excavé et découvert, de trente-deux mètres de long sur seize mètres de large, présente grand et petit bains, auxquels on accède par des parterres gazonnés. Tout autour, une galerie couverte abrite cent huit cabines avec pavillon-lingerie et latrines. L’appellation « bains froids » se justifiait à la fois par l’ouverture du bassin en plein air ainsi que par son alimentation en eau de source amenée par une conduite souterraine. Cependant, une chaufferie, implantée à l’écart du bassin, permettait d’obtenir une eau dégourdie. La paroi extérieure des cabines, faisant office de clôture aux regards exté-rieurs, était constituée de briques polychromes traitées « en tapisserie » évoquant à la fois l’architecture des fabriques de jardin (pavillons du bois de Boulogne de Davioud [18] ) et l’esthétique industrielle que populariseront les publications d’un Lacroux [19], puis celle d’un Chabat [20], tout comme les expositions universelles. La brique, déjà présente au gymnase, dans un emploi plus morne, prouve ici sa capacité à se muer en objet de décor pourvu que l’architecte sache habilement le mettre en scène. Cette aptitude du matériau céramique à cumuler, paradoxalement, économie, solidité et pittoresque, lui vaut son succès dans l’architecture sportive de l’époque (hippodromes de Longchamp et d’Auteuil, par exemple). De plus, les cabines, traitées en fabriques de jardin, avec leurs crêtes de tôle ajourée, s’inséraient harmonieusement dans les frondaisons du parc. En refusant à l’architecte la couverture du bassin, le ministère ne limita pas seulement la natation à « la saison des bains », il empêcha (momentanément) le maître d’œuvre de faire évoluer les piscines vers une formule assurant aux sportifs à la fois plus de confort et la possibilité d’un entraînement régulier.
9Ce type d’équipement limité à une pratique saisonnière, instrument d’un programme éducatif réservé à une élite urbaine cantonnée dans une verte banlieue, fit des émules [21]. Le lycée de Vanves devait inspirer à Anatole de Baudot, en 1886, un ensemble accompli. Sur un terrain sous-trait au parc de Sceaux, l’architecte chargé des bâtiments d’enseignement y joint un ensemble d’équipements sportifs et hygiéniques cohérent : bainsdouches et blanchisserie sont disposés à proximité des dortoirs tandis que piscine, manège et gymnase se répartissent dans les jardins du lycée, d’où les athlètes en herbe peuvent s’élancer dans le parc de Sceaux voisin. Malgré l’incomplète connaissance de la piscine disparue, en partie due à une carence iconographique, un plan de l’établissement permet, cependant, de relever les liens de cet équipement avec celui de Vanves : même bassin excavé, découvert, alimenté en eau de source, même famille d’architecte. Pour autant, Vanves inaugurait une formule qui trouve à Sceaux son point d’orgue : l’ensemble conçu d’emblée relève d’une conception élitiste, inadaptable aux nombreux établissements parisiens d’enseignement; son bassin découvert, le dernier du genre, était, comme tel, condamné à disparaître.
10Sept ans plus tard, le secteur privé proposait une adaptation parisienne de la formule. L’Association chrétienne de jeunes gens – branche française de la très américaine et protestante Young Men Christian Association – fait construire en 1893 par l’architecte É mile Bénard un foyer ouvert aux jeunes Parisiens perdus dans la capitale et menacés par les multiples formes de dégradation physique, intellectuelle et morale. Ce foyer, situé 14, rue de Trévise (Paris 9e ), adjoignait à un complexe culturel complet (avec salles de cours, bibliothèque, salle de spectacle, restaurant, buvette) un ensemble d’équipements sportifs installés en sous-sol : une piscine, couverte et disposant d’eau chaude, y voisinait avec gymnase, salle d’armes, pistes et bains-douches. De dimensions modestes (dix mètres de long sur cinq mètres de large), cette piscine de béton fut allongée en 1913 pour disposer d’un petit bain. Cet équipement, exceptionnel par son statut associatif et philanthropique, semble servir – réminiscence de l’ancienne sociabilité des bains en rivière – une démarche éducative d’inté-gration sociale par une approche conviviale, ludique et physique du sport.
Des équipements techniques pour une architecture de loisir
11C’est que les années quatre-vingt voient triompher de nouvelles pratiques sportives issues du commerce des loisirs. Les sports connaissent, souvent, un dynamisme d’autant plus grand qu’ils sont susceptibles d’être pris en charge par le monde des affaires [22]. Cette prospérité du commerce des loisirs sportifs découle à la fois d’une rationalisation rigoureuse des spectacles (sports spectaculaires comme les courses, ou les acrobaties voisines du cirque), d’une rentabilité rapide et assurée par le paiement des places et la modicité des investissements (constructions précaires, athlètes sous-payés) ainsi que d’une conception du sportspectacle où une minorité de sportifs professionnels attire une foule de spectateursclients.
12Le projet qu’Hippolyte Triat envisage en 1869 sur l’île de Billancourt, à Issy-les-Moulineaux, à partir de capitaux privés, synthétise cette ambitieuse confusion des genres, mêlant sport, spectacle et affaires. Rassemblant dans une même enceinte des disciplines (et des pratiques) aussi diverses qu’équitation, courses hippiques, gymnastique, acrobatie, tir et natation, le « Sport international » se proposait d’offrir aux visiteurs un spectacle multiforme, abolissant les frontières. Malgré son échec, faute de capitaux, le projet s’avère riche d’enseignements. D’abord, parce qu’il propose comme une photographie de l’architecture du sport vers 1870, à la veille de l’inflexion décisive des années quatre-vingt : le bassin de natation flottant ignore les bassins excavés déjà réalisés ou projetés en Ile-de-France (Gros-Caillou, Issy-les-Moulineaux, projet des Champs-É lysées); ses multiples agrès montrent bien que l’équipement se destine plus aux démonstrations d’acrobatie aquatique, en perte de vitesse, qu’à l’exercice de la natation.
13Le projet témoigne également d’une confusion des disciplines ou des pratiques sportives qui ignore l’évolution en cours; s’opère alors une distinction entre celles qui s’orientent vers le spectacle (courses hippiques) et celles qui, du fait de leur valeur éducative ou ludique, seront désormais pratiquées en masse (natation, gymnastique, athlétisme) et, parfois, prises en charge par les pouvoirs publics (gymnastique, tir). En attendant que la résurgence de l’olympisme ne fédère ces dernières disciplines, l’échec du projet illustre, sans doute, une évolution alors perceptible, que la défaite de 1870 devait accélérer dans un sursaut patriotique, et qui va changer les conditions de la pratique de la natation.
14Si le choix du site d’Issy-les-Moulineaux répondait, comme Vanves ou Sceaux, aux exigences spatiales nécessaires à l’implantation d’un complexe sportif aux portes de Paris mais extérieur à la ville, la demande des années quatre-vingt correspond à une pratique collective d’un sport dont on apprécie personnellement les valeurs hygiénique, physique et ludique : la réponse, en matière architecturale, passe, désormais, par des bassins couverts, une eau chauffée et une implantation urbaine de proximité que la constitution d’une clientèle acquise rend, à présent, rentables.
15Joseph Oller l’a bien compris qui, dès 1885, aménage à Paris (rue de Rochechouart), dans les anciennes usines Godillot, une piscine alimentée en eau chauffée par l’industrie, suivant l’exemple de Paul Christmann qui, l’année précédente, avait ouvert, à Paris (31, rue de Chateau-Landon) le premier bassin de natation couvert, bénéficiant d’une eau chauffée par les machines élévatoires de la Villette [23]. Ses affaires s’avèrent rentables puisqu’il ouvre l’année suivante un autre établissement boulevard de la Gare (alimenté en eau chaude par les machines municipales du quai d’Austerlitz). Christmann a bâti sa prospérité sur une concession obtenue de la Ville de Paris qui lui assure à bas prix l’exclusivité des eaux de condensation des machines élévatoires de la Ville. Une pratique régulière de la natation exigeant, sous le ciel d’Ile-de-France, un local clos, l’architecte Bessières [24], assisté de l’ingénieur É d. Philippe, conçoit (rue de Chateau-Landon) un bâtiment de type industriel, en pans de fer hourdés de briques, couvert d’une charpente métallique à fermes Polonceau, supportant une verrière qui dispense un éclairage zénithal. L’aération est assurée par des lanternaux mobiles. L’établissement propose également une salle de douches et de lavabos accessibles avant le bain, ainsi qu’une salle de sudation où la température de l’air et de la vapeur ambiante est maintenue à 60o C. Les bassins proprement dits (de cinquante mètres sur douze à Chateau-Landon et de soixante-cinq mètres sur quinze boulevard de la Gare) offrent grand et petit bains ainsi qu’une eau chauffée à 25o C; autour du bassin, se répartissent deux rangs de cabines. À l’étage, un restaurant doit soulager l’appétit de nageurs qui pratiquent à jeun. Le succès de cette architecture de sport et de loisir ne doit pas faire oublier que ces établissements restent rares à Paris (moins de dix jusqu’à la fin du siècle, et inexistants en banlieue) et qu’aux termes de la concession, la piscine doit être accessible aux scolaires et aux militaires certains jours de la semaine afin de satisfaire aux exigences des programmes éducatifs. Par ailleurs, l’installation de douches à l’entrée de l’établissement vise à satisfaire aussi une clientèle non sportive, seulement soucieuse d’une pratique hygiénique que ramènent ici les trop rares bains-douches municipaux (et la quasi-absence de salle de bains domestique).
16Cette ambivalence architecturale se retrouve dans le projet de piscine intercommunale dont le maire d’Ivry-sur-Seine présente le projet le 27 février 1900 [25]. Selon le schéma ternaire qui s’impose dans les piscines commerciales parisiennes des vingt dernières années, le projet commandé à l’architecte départemental Roussier organise l’édifice en autant de corps de bâtiments que de fonctions : hygiène, sport, services. L’accès à l’établissement se fait par un modeste pavillon de briques polychromes, en osmose avec la construction locale. On parvient au bassin de natation en passant par la salle des douches qui fait office de sas. La piscine elle-même consiste en un local clos et rectangulaire, cerné par les cabines de déshabillage, couvert d’une charpente métallique portant vitrage, selon une formule éprouvée à Paris. Les causes de l’échec du projet demeurent méconnues. Ce projet, porté conjointement par les communes de banlieue d’Alfortville et d’Ivry, mais dépendant d’un financement départemental, pourrait ne devoir son échec qu’au fait que la natation, comme d’autres disciplines, n’est reconnue comme un sport qu’en milieu urbain, malgré la modernité politique et sociale du maire d’Ivry [26]. Pour autant, la conjugaison de deux types de services – des douches quasi indépendantes du bassin de natation – semble moins relever d’un archaïsme que traduire la stratégie d’élus cherchant à obtenir le financement de leur projet par le Conseil général pour cause d’utilité publique. En vain ! Le conseil municipal de Paris devait se montrer plus sensible à l’argument. Lorsqu’à l’occasion du forage d’un puits artésien dans le treizième arrondissement, le service des travaux sanitaires de la Ville projette de construire un bassin précédé de bainsdouches, le projet se trouve partiellement ajourné en 1905 [27], le Conseil n’ayant voté que les crédits correspondant aux bains-douches, qui ouvriront en 1909. Il faudra attendre un après-guerre marqué par le triomphe du sport pour voir le projet aboutir.
L’architecture moderne au service du sport
17Au lendemain de l’Armistice, la reconnaissance du sport moderne, dans sa triple dimension hygiénique, ludique et spectaculaire, résulte de la volonté commune d’édifier un monde nouveau à laquelle contribueront les valeurs véhiculées par le mouvement olympique (pacifisme, égalité des races, progrès humain). Après l’échec des Jeux prévus à Berlin en 1916 (et ceux d’Anvers en 1920), l’organisation des VIIIe olympiades à Paris en 1924 stimule en France l’adhésion aux valeurs du sport et facilite la construction d’équipements nautiques [28]. La distinction, qui s’impose désormais, désigne par piscine un établissement de natation couvert, chauffé et permanent tandis qu’un bassin vise un établissement de plein air.
18Dans la perspective des Jeux de 1924, Paris se dote d’un équipement de chaque catégorie. La piscine de la Butte-aux-Cailles (Paris 13e ), reprise en 1921 sur les plans de Louis Bonnier, architecte de la Ville de Paris, inaugure des partis et des dispositifs répondant aux nouvelles normes de construction et de compétition [29]. Le bassin, favorable à l’apprentissage de la natation (petit bain) mais aussi aux compétitions (mesures homologuées), dispose de modestes tribunes pour accueillir un éventuel public.
19Pour la première fois en France, le bassin se présente comme une cuve de béton portée par des piliers afin d’assurer étanchéité et facilité d’entretien. Un revêtement céramique ajoute encore à l’imperméabilité du béton, permet de vérifier en permanence la transparence de l’eau, en même temps qu’il dessine les couloirs de compétition. Afin d’éviter tout dépôt de condensation susceptible de corroder une éventuelle ossature saillante, l’architecte aligne une succession de coupoles de béton translucide portées par sept arcs en plein cintre dégageant des lanternaux nécessaires à l’aération et à l’éclairage oblique.
20Parallèlement aux usagers des proches bains-douches indépendants, deux circuits intérieurs mènent, d’une part, le public aux tribunes, d’autre part, les baigneurs vers le bassin selon un cheminement hygié-nique qui les contraint à passer par d’incontournables vestiaires, douches et pédiluves. La commodité de cette piscine (solidité du matériau et des structures, homologation des installations, distribution ingénieuse) ainsi que sa réussite esthétique érigent bientôt le bassin de la Butte-aux-Cailles en chef de file d’une série de constructions tant parisiennes que régionales, et lui valent aussitôt un considérable succès critique. Dans la foulée, Paris réalise la piscine Blomet (1929) [30]; les communes limitrophes de Saint-Denis (1933, Gaston Dollat arch.) et de Pantin (1937, Charles Auray arch.) s’en dotent également.
21En région, des édiles convaincus des bienfaits du sport en construisent aussi, comme à Rennes (piscine Saint-Georges, 1925, E. Leray arch.) ou à Lyon (piscine Garibaldi, 1934, M. Chalumeau, ingénieur). Faute de moyens, la Ville de Paris poursuit une politique concessionnaire, pratiquée avant-guerre, au bénéfice de la société Les Bains de France qui construit quatre piscines commerciales ouvertes au public : la piscine Molitor (1929,16e arrondissement), la piscine Pontoise (1933,5e ), la piscine Pailleron (1933,19e ), la piscine de la Jonquière (1933,18e ), toutes quatre œuvres de l’architecte Lucien Pollet.
22Le stade nautique des Tourelles (Paris 20e, M. Bévières architecte), également construit en 1923 pour les VIIIe olympiades, inaugure un genre architectural mixte, alliant sport et spectacle. Si le bassin, demeuré découvert malgré les projets initiaux [31], possède les acquis de la ButteauxCailles (cuve de béton sur piles, revêtement céramique, circuit hygiénique), sa vocation spectaculaire justifie un parti délibérément théâtral : le bassin est entièrement cerné de gradins capables d’accueillir 15 000 spectateurs (sans compter la tribune du jury) desservis par huit escaliers monumentaux à doubles volées. Leur saillie régulière rythme l’austérité des façades percées de larges portes donnant accès aux gradins du public, d’une part, aux vestiaires des athlètes ménagés sous les gradins, d’autre part. Sans reprendre l’ample monumentalité du stade olympique, d’autres équipements résolvent la concurrence permanente que se livrent ces deux types architecturaux (piscine couverte/bassin découvert) en les associant (comme à Rennes, à Nancy ou à Bordeaux), en une formule assurant à la fois la régularité de l’entraînement sportif et le spectacle de la compétition, sans exclure pour autant le simple plaisir de la baignade en plein air. La complémentarité voulue, dès l’origine, entre la piscine de la ButteauxCailles et le bassin des Tourelles, semble assez vite s’être muée en une concurrence qui expliquerait, en partie, le fait que ce dernier bassin n’ait, finalement, jamais reçu la couverture initialement prévue. D’autres architectes tenteront, ailleurs, de concilier les avantages des deux partis par des formules techniques (voûtes de béton translucide, toit escamotable, paroi mobile) afin d’attirer un public toujours plus large. Dans ce contexte, la piscine Molitor, avec son bassin couvert couplé à une patinoire transformable, l’été, en bassin de plein air – façon bains de mer –, visait, à travers ses formes modulables, un public multiple, prenant en compte le récent succès des sports de glace ainsi que ceux de villégiature littorale et des voyages transatlantiques.
La piscine, pivot de l’aménagement urbain
23Parallèlement, d’autres architectes poursuivaient leurs recherches dans le domaine du logement social dont É mile Muller, avec ses installations hygiéniques pour ses cités ouvrières, avait ouvert les perspectives au siècle précédent. L’architecte Sauvage, qui s’était déjà fait remarquer pour ses réalisations sociales et hygiénistes [32], systématise son parti en construisant un ensemble d’immeubles à gradins dont la cour intérieure abrite une piscine (1926, rue Hermann-La Chapelle, Paris 18e ) tandis que des bainsdouches, indépendants (rue des Amiraux, Paris 18e ) complètent un équipement sportif et hygiénique d’abord destiné aux locataires.
24Cette notion d’équipement, déjà présente dans la Cité industrielle de Tony Garnier (1904) où stade et gymnase prolongent des équipements socio-culturels, implique l’insertion du sport dans une vision globale et hygiéniste de l’organisation urbaine; ainsi la plupart des architectes urbanistes, artisans du logement social, intègrent naturellement des constructions sportives à leurs cités nouvelles.
25À l’initiative de son maire Henri Sellier, qui administre l’Office public des HBM de la Seine depuis 1915, la ville de Suresnes organise un concours en 1920 pour la construction d’un groupe scolaire avec gymnase et piscine (actuel lycée Paul-Langevin). Le lauréat, Maurice Payret-Dortail, ordonne deux corps de bâtiments (filles d’un côté, garçons de l’autre) selon l’axe de symétrie que dessine le bâtiment commun du gymnase-piscine. Bien qu’à demi-enterrée par la déclivité du terrain, la piscine est directement accessible du parc de verdure aménagé dans l’esprit des collèges anglo-saxons. L’accès au bain s’opère selon un cheminement hygiénique. Le bassin, de dimensions intimes (douze mètres sur sept mètres cinquante), est entiè-rement revêtu de céramique colorée comme le soubassement des murs. Au-dessus, un gymnase, également accessible de l’extérieur, doit son espace ample, clair et aéré à quatre arcs paraboliques de béton armé; ceux-ci reportent le poids de la couverture en terrasse et du plancher du gymnase sur les fondations de la piscine qui peut, ainsi, prendre le jour directement entre les poteaux latéraux.
26Lorsque, six ans après son achèvement (1926), Alexandre Maistrasse se voit confier la réalisation d’un gymnase et d’une piscine pour le groupe scolaire de la cité-jardin de Suresnes, l’ancien membre du jury du groupe scolaire précédent se souvient de l’habile formule conçue par Payret-Dortail. Sans chercher à dissimuler sa dette, il lui emprunte son parti architectural selon une distribution « en abyme » : le gymnase-piscine ordonne la composition du groupe scolaire dont la symétrie détermine toute l’organisation du quartier, comme pour mieux souligner le rôle central de l’hygiène et du sport dans l’urbanisme social, à l’image de ce que devrait être sa place dans l’éducation et dans la vie des nouveaux citadins.
27En concevant la piscine de la cité-jardin de la Butte-Rouge (Châtenay-Malabry), les architectes Joseph Bassompierre, Paul de Rutté et Paul Sirvin songent moins à l’enrober dans un cocon urbain qu’à l’ériger en portedrapeau d’un hygiénisme urbain triomphant. Dressée aux portes de la nouvelle cité, la piscine s’intègre totalement à l’équipement hygiénique municipal, dont elle démontre le bienfait : accolée à l’usine d’incinération des déchets urbains, elle en exploite l’énergie thermique [33]. La simplicité de son parti technique et architectural n’a d’égale que la puissance démonstrative de la formule : le hall en quart de cercle, ponctué de la cheminée, relie les ailes perpendiculaires de la piscine et de l’usine. Le massif équilibre des volumes comme le choix du site assurent à la piscine-usine de Châtenay-Malabry valeur de symbole : tel un phare dressé aux portes de la cité moderne, elle assure le rayonnement urbain du sport et de l’hygiène.
Des collaborations fécondes
28On a pu constater, à maintes reprises, la fécondité d’une complicité nouée entre édile et architecte, tant en Ile-de-France (H. Sellier et M. Payret-Dortail à Suresnes; M. Jacotot et les frères Niermans à Puteaux) qu’en région (E. Herriot et T. Garnier à Lyon; M. Goujon et M. Leroux à Villeurbanne). D’autres municipalités de l’entre-deux-guerres, acquises aux bienfaits de l’urbanisme municipal, confirment l’efficacité d’un tel tandem. Le projet de piscine municipale de Rennes connut des péripéties analogues à celles de la Butte-aux-Cailles : le maire Jean Janvier, qui en envisage la construction dès 1913, doit attendre 1925 pour voir son successeur la réaliser selon les plans de l’architecte municipal E. Leray [34].
29À Toulouse, É tienne Billières manifeste, dès son élection (1925), son intérêt pour le sport et l’hygiène publique; pendant son second mandat (1929), il engage l’ambitieux programme d’aménagement de l’île du Ramier. Charles Baruteaud, ingénieur architecte, y réalise, en collaboration avec Jean Montariol, architecte de la ville, et Paul Barthe, un vaste complexe sportif qui juxtapose un grand stade couvert, une piscine de plein air à trois bassins distincts, enfin, un bâtiment omnisports abritant notamment une piscine d’hiver.
30Comme Toulouse, sa rivale, Bordeaux manifeste alors son volontarisme politique en matière d’éducation, d’hygiène et de sport par un ambitieux programme d’équipement dont le maire (Adrien Marquet, aux commandes de 1925 à 1944) et l’architecte en chef (Jacques d’Welles, 1883-1970) seront les principaux acteurs [35]. Des éléments les plus marquants de cette politique constructive, on ne retiendra ici que la piscine de la rue Judaïque (1931-1935, Louis Madeline arch.) tandis que s’élevaient aussi des bains-douches indépendants (place Adolphe Buscaillet) et des bains couplés avec une piscine à Bègles (1930-1932, Blanchard arch.) [36]. À l’issue d’un concours ouvert sur la base d’un programme préétabli par J. d’Welles, l’architecte Louis Madeline réalise un bassin couvert, homologué, dont les baies coulissantes ouvrent sur un bassin d’été découvert bordé de tribunes. Une claire distribution des niveaux et des circuits traduit la distinction des usages : au rez-de-chaussée, l’accueil des baigneurs; à l’étage, l’accès des visiteurs. La déclivité du terrain permit d’étager piscine couverte, bassin d’été, tennis et pistes d’entraînement de la maison cantonale d’éducation physique.
Loisirs, sport, décor
31Claude Laroche observe, justement, que l’architecte sut tirer « profit de tous les acquis techniques et plastiques de la modernité » [37] sans exclure un décor qui s’exprime ici « par l’utilisation discrète mais sophistiquée des céramiques, notamment celles vert d’eau (bassin), beiges (plages) et noires soulignées par un filet d’or (podium) du bassin d’hiver ». À côté de variations formelles réussies (coupoles de la Butte-aux-Cailles, parois vitrées de Châtenay-Malabry et de Bordeaux, terrasses de la piscine Molitor...) qu’autorise le béton armé, l’esthétique des piscines des années trente s’avère grandement redevable de la percée technique et commerciale de produits céramiques qui s’imposent alors autant comme éléments décoratifs que comme matériau de revêtement (imperméable et hygiénique).
32Si les premières piscines portent de simples carreaux de faïence blanche (Butte-aux-Cailles, Amiraux) où la couleur intervient encore dans un emploi surtout fonctionnel (et, secondairement, décoratif), très vite, la panoplie de l’industrie céramique s’impose par sa résistance, son faible coût et son aptitude à forger un décor à la fois fonctionnel et convivial : grès cérame (en carreaux ou en casse), éléments vitrifiés (en mosaïques), granito se déclinent en variations infinies pour constituer un décor ainsi qu’une parure particulièrement adaptée au béton, et recouvrent les sols comme les murs.
33La piscine Saint-Georges, à Rennes, rehausse des formes plutôt classiques d’un décor de mosaïques art-déco : porche, couloirs, douches, pédiluves et bassins se parent ici de mosaïques de grès cérame rehaussé de pointes d’émail [38]. Produits de l’industrie, les matériaux céramiques se trouvent souvent associés à d’autres éléments « modernes », comme le verre : plafond de la piscine de Bordeaux, baies vitrées (Bordeaux, Châtenay-Malabry) ouvrant sur la verdure, béton translucide (Suresnes, Butte-aux-Cailles). L’aluminium, et autres métaux chromés, qui donnent aux balustrades et aux huisseries multiples l’éclat du progrès (Suresnes, cité-jardin), renforcent l’alliance du sport et de la modernité.
34Dans l’esprit des clubs privés et des grands transatlantiques, la piscine Molitor (Paris 16e ) propose en 1929 une plage chic qui offre aux nageurs un ensemble décoratif conforme au style paquebot : avec son bassin d’hiver et sa patinoire transformable en plage d’été, l’établissement balnéaire d’Auteuil, situé à proximité de Roland-Garros, du stade Jean-Bouin et du bois de Boulogne, avait déjà de quoi séduire les adeptes de la Boat Society. Tout un ensemble décoratif tentait, en outre, d’y exprimer cet art de vivre emprunt d’urbanité sportive. La plage de sable, aux meubles de jardin bleu méditerranée, ceinturée par deux rangs de cabines et de balustrades blanches, participait d’une atmosphère balnéaire à laquelle des artistes décorateurs apportèrent leur concours : guichets de cuivre, casiers de dépôt des valeurs en bois vernis, mosaïques bleues et or des entrées, rampes intérieures de métal chromé, verrières stylisées de verre américain (dues au maître-verrier Louis Barillet) contribuaient à cette étrange atmosphère résultant de la fusion de trois concepts : urbanité, sportivité, modernité.
Un équipement de loisir redéfini
35Depuis le dernier conflit mondial, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de promouvoir l’apprentissage et la pratique de la natation, tout particulièrement au sein du public scolaire. Normes constructives et règlements sanitaires et pédagogiques se sont multipliés, accompagnant une dynamique architecturale qui a permis à la France urbaine des années soixante de rattraper son retard en matière d’équipement nautique sur ses voisins européens urbanisés. Longtemps privilège des capitales régionales, les piscines ont bénéficié des Trente Glorieuses pour se placer parmi les équipements municipaux indispensables, allant même jusqu’à tenter bien des chefs-lieux de canton. Les élus ont, à cette occasion, découvert le caractère éminemment urbain de cet équipement, dont ils n’avaient jusque-là guère pris conscience : la rentabilité (ou la justification budgétaire) d’une piscine ne se fonde que sur une pratique massive, sur la base d’un public potentiel dont se trouve désormais dépourvu le tissu rural français. En outre, les frais de construction, mais aussi d’entretien, d’une piscine réservent ce genre d’équipement aux communes urbaines, à tout le moins à des regroupements de communes associées dans cette entreprise. Dans ce domaine, l’essor des loisirs de masse aboutit paradoxalement, en milieu rural, à la multiplication de piscines de plein air, fermées neuf mois sur douze à la population locale, car uniquement destinées à attirer la ressource touristique qu’engendre une forme estivale de loisir urbain. Pour autant, si entretien et charges continuent de grever les budgets des collectivités propriétaires d’un tel équipement, le coût de sa clôture a été réduit par l’emploi de matériaux nouveaux (lamellé-collé, matériaux synthétiques), de techniques récentes comme la préfabrication ou l’assemblage de structures préfabriquées (coques de béton, charpentes tridimensionnelles...) [39]. Il reste que, dans une France globalement urbaine, la natation – comme tout loisir urbain – a de beaux jours devant elle, et la construction des piscines avec elle. Ne serait-ce que parce que les champions internationaux proviennent tous de pays fortement urbanisés (Allemagne, É tats-Unis...) et que – consécration médiatique oblige ! – tout édile rêve désormais de s’enorgueillir d’un champion local. C’est pourquoi les marches d’un podium et l’esthétique d’une piscine comptent désormais plus, aux yeux des adeptes d’une « civilisation du loisir » urbain, que nos antiques hôtels de ville avec leurs péristyles.
Notes
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[1]
Maurice Agulhon, « La ville de l’âge industriel », Histoire de la France urbaine, 2e éd., Paris, Le Seuil, 1998, vol. IV, p. 456.
-
[2]
François Rabelais, La vie très horrificque du grand Gargantua, père de Pantagruel, Repr. de l’éd. de 1534, Paris, Le Livre de poche.
-
[3]
Que l’on songe, seulement, que la rue de la Ferronnerie, tenue pour la plus large de l’époque, connaissait des embarras qui furent fatals à Henri IV !
-
[4]
Julia Csergo, « Extension et mutation du loisir citadin, XIXe -début XXe siècle », Alain Corbin, L’Avènement des loisirs : 1850-1960, Paris, Aubier, 1995, p. 121-170.
-
[5]
Alain Corbin, « Le Secret de l’individu », Histoire de la vie privée, 2e éd., Paris, Le Seuil, 1999 vol. IV, p. 389-418.
-
[6]
« É cole flottante de natation réalisée à Bordeaux : projet de l’architecte J. Lafargue, 1844 », Revue générale de l’architecture et des travaux publics, vol. 5, pl. 25-26.
-
[7]
Jean-Pierre Goubert, La Conquête de l’eau, Paris, R. Laffont, 1986, p. 20 1.
-
[8]
É mile de Labédollière, Le Nouveau Paris : histoire de ses vingt arrondissements, Paris, G. Barba, 1860.
-
[9]
« Le Hammam ou bains turco-romains, Klein et Duclos architectes », Le Moniteur des architectes, 28 février 1877, p. 18-19, pl. 5.
-
[10]
Revue générale de l’architecture et des travaux publics, tome 25,1867, col. 234.
-
[11]
« Hygiène publique : piscines populaires, lavoirs municipaux, lingeries publiques », La Semaine des constructeurs, 11 septembre 1886, p. 122-123.
-
[12]
Le colonel Amoros crée dès 1818 le premier établissement public d’éducation physique qui enseigne aussi la natation, l’escrime et l’équitation. En 1852, deux de ses disciples, Napoléon Laisné et le colonel Louis d’Argy, créent l’É cole normale militaire de gymnastique de Joinville où l’on pratique la natation dans la Marne à partir d’un ponton.
-
[13]
De l’aveu même du proviseur, la « question d’un établissement de natation » était envisagée depuis longtemps et l’installation d’un tel équipement à l’institution voisine et privée d’Issy, qui a explicitement servi de modèle, a pu favoriser la décision (A. N., A J 16/474, Lettre du proviseur au recteur de l’Académie de Paris, 7 avril 1876).
-
[14]
Antoine Le Bas, Architectures du sport, 1870-1940, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Paris, A.P.P.I.F., Connivences, 1991 (Cahiers de l’Inventaire 23).
-
[15]
Rappelons que, créé par un décret de 1864, le lycée de Vanves s’appela, d’abord, « lycée du Prince impérial ».
-
[16]
Selon Dupont-Ferrier, l’empereur voulut créer « le lycée de l’enfance où serait recueillie la jeune garde de l’armée universitaire... Les hauts fonctionnaires de l’Empire y placèrent, d’enthousiasme, leurs enfants. Chaque semaine, une longue file d’équipages s’attardait dans les allées du parc. » (dans Les Richesses d’art de la Ville de Paris : écoles, lycées, collèges et bibliothèques, Paris, 1913).
-
[17]
Encyclopédie d’architecture, vol. 10 (1881 ), p. 94, pl. 759,767 et 768.
-
[18]
Gabriel Davioud architecte, 1824-1881, Paris, Délégation à l’Action artistique de la Ville de Paris, 1981.
-
[19]
Jacques Lacroux, La Brique ordinaire, Paris, Ducher, 1878.
-
[20]
Pierre Chabat, La Brique et la Terre cuite, Paris, Vve Morel, 1881.
-
[21]
Sur les pentes de Fleury, à Meudon, Prosper-É tienne Bobin, qui élève l’orphelinat Saint-Philippe – œuvre charitable de la duchesse de Galliera –, y prévoit gymnase intérieur et piscine de plein air. Alimentée en eau de source, cette dernière doit à ses abords rocaillés de ressembler autant à une pièce d’eau du vaste parc qu’à un équipement de sport.
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[22]
On connaît le rôle éminent du banquier Jacques Laffitte dans la vocation hippique de Maisons-Laffitte (Sophie Cueille, Maisons-Laffitte, parc, paysage et villégiature, 1630-1930, Paris, A.P.P.I.F., 1999; Cahiers du Patrimoine 53). Mais la carrière de Joseph Oller se révèle aussi exemplaire de ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une confusion des genres étrangement moderne : fondateur en 1867 du Pari mutuel qui permet au grand public de parier sur des courses, il acquiert des terrains à Maisons-Laffitte pour y établir un hippodrome. Le même crée le Nouveau Cirque (1886), les Montagnes russes (1887), le Moulin rouge (1889) et l’Olympia (1883). Après les courses, il s’intéresse aux sports et spectacles aquatiques, transformant l’ancienne Salle Valentine en Arènes nautiques où alternent, l’hiver, revues équestres et acrobaties gymniques, l’été, piscine de natation.
-
[23]
L’idée était dans l’air. Françoise Hamon a retrouvé dans les archives de l’É cole centrale un concours de projets, organisé en 1875, sur le thème des immeubles industriels dotés d’une piscine rentabilisant l’eau de condensation des machines à vapeur. Joseph Oller, de son côté, récupère les eaux de condensation de l’usine Godillot pour sa piscine de la rue de Rochechouart. La piscine Hébert, construite en 1896 par l’architecte Kuffer, bénéficiait d’une eau à 26o C issue d’un puits artésien foré pour alimenter le quartier en eau potable (Philippe Artru et Rémi Rivière, Deux siècles d’architecture sportive à Paris : piscines, gymnases, Paris, Délégation à l’Action artistique de Paris, 1984, p. 30).
-
[24]
L’architecte affiché s’associe à l’ingénieur É d. Philippe pour construire les deux piscines de Chateau-Landon et du boulevard de la Gare. De même, la piscine Rochechouart est l’œuvre de l’ingénieur Solignac; la fréquente intervention d’ingénieurs montre assez la technicité de ce genre de bâtiment.
-
[25]
A. D. Val-de-Marne, série E., dépôt Saint-Maurice 1M-9.
-
[26]
Ivry est alors administré par une forte personnalité, le tailleur Ferdinand Roussel, de tendance guesdiste dont le rassemblement sur son nom des divers courants socialistes repré-sentés à Ivry lui a permis de remporter les élections de 1896. À la tête d’une commune de 25 000 habitants qui s’est industrialisée depuis 1870 grâce à la décentralisation d’industries parisiennes et au développement de son port fluvial, cet ancien communard tranche sur l’ensemble du personnel politique des communes de banlieue et préfigure celui de l’entre-deux-guerres par le dynamisme de sa politique sociale.
-
[27]
Bernard Marrey, Louis Bonnier, 1856-1946, Bruxelles, Mardaga, 1988, p. 257-286
-
[28]
La France présente alors un retard considérable dans ce domaine. D’après Le Figaro du 1 0 octobre 1922 (cité par P. Artru et R. Rivière, Deux siècles, op. cit., p. 32), elle compte vingt piscines, dont sept à Paris, quand l’Allemagne en possédait mille trois cent soixante-deux et l’Angleterre huit cent six.
-
[29]
Conscient de l’avance, dans ce domaine, de nos voisins européens, L. Bonnier visita préalablement quelques établissements étrangers, parmi lesquels la piscine du groupe scolaire Josaphat à Schaerbeck (Bruxelles) ainsi que le grand établissement des bains de Strasbourg élevé alors que l’Alsace était terre allemande. Il n’est pas exclu que le complexe balnéaire du « Nancy Thermal » ait pu fournir une source d’inspiration, même si la documentation laissée par l’architecte demeure muette sur ce point. L’établissement lorrain, bâti de 1912 à 1913, présentait alors deux bassins, l’un, rectangulaire et couvert d’une voûte de béton en berceau, l’autre, circulaire et couvert d’une coupole. Le voûtement adopté par L. Bonnier offre la synthèse de ces deux partis.
-
[30]
Joseph Bassompierre, Paul Sirvin et Paul de Rutté architectes, 1929.
-
[31]
Charles-Edmond Sée, « Bassins de natation et piscines », La Construction moderne, 25 mars 1934, p. 430-439.
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[32]
Henri Sauvage avait déjà manifesté ses préoccupations sociales en construisant pour la Société des logements hygiéniques à bon marché (1904) un ensemble d’HBM (7, rue Trétaigne, Paris 18e ) ouvertement nourri d’idéal socialiste, et appliqué ses convictions hygiénistes à l’architecture avec son premier immeuble à gradins (24, rue Vavin, Paris 6e, 1913).
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[33]
À Toulouse, l’implantation de l’usine d’incinération des ordures ménagères sur l’île du Ramier permit également de chauffer l’eau de la piscine (Annie Noé-Dufour, L’Ile du Ramier, Toulouse, Accord éd., 1998; Itinéraires du Patrimoine no 176). L’architecte Morice Leroux, qui remodèle le centre-ville de Villeurbanne à la demande de son maire (Maurice Goujon), systématise le procédé à l’échelle urbaine : l’incinération des déchets domestiques permet à une centrale thermique d’alimenter un réseau de distribution de chaleur à usages domestique et industriel. Ce chauffage urbain assurait, en particulier, celui de tous les équipements municipaux (piscine, mairie, écoles...) ainsi que de tous les logements sociaux (J. L. Margerand, « Le Nouveau Centre de Villeurbanne », La Construction moderne, 8 juillet 1934, p. 714-740).
-
[34]
Comme architecte de la ville, Emmanuel Leray s’occupera essentiellement des crèches, des bains publics et des équipements sportifs pour une municipalité socialiste dirigée par un entrepreneur passionné d’architecture, Jean Janvier (Hélène Guénée, Odorico mosaïste art-déco, Bruxelles, Archives d’Architecture moderne, 1991, p. 86-114).
-
[35]
Claude Laroche, « Un biathlon patrimonial : les piscines de la rue Judaïque et du parc Lescure », Le Festin, no 25, p. 83-95.
-
[36]
Bordeaux et l’Aquitaine, 1920-1940 : urbanisme et architecture, éd. Académie d’architecture; Association pour l’étude de l’urbanisme et de l’architecture, Paris, Techniques et architecture, 1988.
-
[37]
Claude Laroche, Un Biathlon, op. cit.
-
[38]
Hélène Guénée, Odorico, op. cit.
-
[39]
Marc Gaillard, Architectures des sports, Paris, É d. du Moniteur, 1982.