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Article de revue

Les teachers du Pacifique au XIXe siècle ou l'émergence d'une nouvelle élite océanienne entre tradition et modernité

Pages 139 à 156

Notes

  • [1]
    En fidjien : « Noqu Kalou Noqu Vanua. »
  • [2]
    Archive en ligne du Congrés de la Nouvelle-Calédonie. Adresse : http://www.congres.nc/
  • [3]
    Ce terme désigne à la fois l’île et la Langue de Maré en Nouvelle-Calédonie.
  • [4]
    Ce terme désigne à la fois l’île et la Langue de Lifou en Nouvelle-Calédonie.
  • [5]
    Jean Baubérot, Histoire du protestantisme, Paris, Presse Universitaire de France, 1996 (128 p.), p. 86.
  • [6]
    Wiliam Carey (17611834) se convertit à l’âge de 18 ans et devient pasteur en 1786. Prédicateur médiocre mais passionné de langues et de géographie, ce fils de cordonnier s’installe en Inde où il exercera une activité missionnaire tout en prenant la direction d’une usine d’indigo.
  • [7]
    Sauf l’expérience missionnaire de John Wesley en Géorgie en 1836.
  • [8]
    Philosophe et théologien, calviniste et disciple de l’influent philosophe anglais John Locke.
  • [9]
    Les termes anglais exacts sont pour les deux Sociétés : London Missionary Society, AmericanBoard of Commisonners for Foreign Mission. Cette dernière société missionnaire évangélisa Hawaï en 1820.
  • [10]
    La parousie (en grec : parousia) est un terme de théologie désignant le retour glorieux du Christ sur terre à la fin des temps.
  • [11]
    Le Nouveau Petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Le Robert, 2007, article « Conversion ».
  • [12]
    Samuel Efoua Mbozo’o, La mission presbytérienne américaine et les mutations religieuses et sociales chez les peuples du sud-cameroun (1919-1939), Thèse de doctorat, Lyon, Université JeanMoulin Lyon III, 1981 (472 p.), p. 6.
  • [13]
    A. Capell, The Fijian dictionary, Suva, Government Printer, 1991, 407 p. Texte original : « a spirit, originally the dead, but nature spirits are also inclued under the designation. In modern European use, a god, and Kalou the god of Christianity. »
  • [14]
    Lifou, îles Loyautée, Nouvelle-Calédonie.
  • [15]
    Nyikeine Hallo, Comment le christianisme a-t-il instauré de nouvelles valeurs structurelles sociales et éthiques dans la société kanak ?, Faculté protestante de théologie de Montpellier, mémoire de maîtrise, 1998 (115 p.), p. 3.
  • [16]
    Notamment les méthodistes qui devancent la Lms à Samoa et à Viti-Levu (Fidji) au début du xixe siècle.
  • [17]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, Sione Lautukefu, Soroa Mataio, Sinclair Ruta, Turakiare Teauariki, Ta’unga o te tini, Polynesian missions in Melanesia from Samoa, Cook islands and Tonga to Papua New Guinea and New-Caledonia, Suva, University of South Pacific et Institute of Pacific Studies, 1982 (144 p.), p. 1. Texte original : « The reverend John Williams was the first to use native agent to pioneer the way for more cultured workers in 1821. Because of the limited numbers of European missionaries while there was a great demand for religious instructors from the many islands where new religion (and the material advantages its missionaries brought to the people) had spread, the missionaries had no choice but to send islanders although they were only recent converts with very limited knowledge of their new faith. »
  • [18]
    Maretu, Cannibals and converts Radical change in the Cook Islands, Suva, University of South Pacific et University of PapuaNewGuinea, 1983 (223 p.), p. 3. Texte original : « In 1823, when Christianity was introduced to Rarotonga by the Tahitian missionary Papeiha, Maretu father, Tuaivi, were among the first convert. Maretu was then about 11 year old. Tuaivi became a strong supporter of the Reverend Charles Pitman who lived in Ngatangiia from 1827 until 1854 when he retired to Sydney. Though Tuaivi helped Pitman build the Ngatangiia church and a school, he never realized his wish to become a communicant member of the church. He died before he could be baptized, but Maretu, with tremendous natural talents and the little education that he received from Pitman, became the London Missionary Society’s staunchest and most successful preacher of the new religion in the Cook islands. »
  • [19]
    Luc Legeard, 101 mots pour comprendre Lifou/Drehu îles Loyauté Nouvelle-Calédonie », Nouméa, édition « Île de Lumière », 2000 (266 p.), Voir p. 90.
  • [20]
    Terme qui désigne le chef traditionnel aux îles Cook.
  • [21]
    Maretu, Cannibals and converts Radical change in the Cook Islands, Suva, University of South Pacific et University of Papua-New-Guinea, 1983, 223 pages. Voir page 73. Texte original : « The ariki chose a house site for the missionaries at Takamoa for that was were they wished to live. The ariki and all the people got there to dig the foundation of the house, collecting together all the rocks to build it. »
  • [22]
    Pitman est le mentor de Ta’unga, un teacher polynésien envoyé en Nouvelle Calédonie par la Lms vers 1842.
  • [23]
    Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership in nineteenth century pacific islands Christianity, Christchurch, Macmillan Brown Center for Pacific Studies, 2005, 436 pages. Voir p. 66. Texte original en anglais : « House-Building, furniture construction and other “useful art” were important in the curriculum, and classes were also provided for the wives of married students. »
  • [24]
    Paul Fizin Magulue, Lifou 1723 – 1923 : histoire des contacts entre kanak et européens, Université de Bordeaux III, mémoire de master d’histoire contemporaine, Bordeaux 2008, 212 p. Voir p. 168.
  • [25]
    Île polynésienne située approximativement à l’Est entre Samoa et Tonga.
  • [26]
    Voir Maclancy Jeremy, « Faire de 2 pierres un coup », imprimé par Océania Printed Limited et le Centre Culturel du Vanuatu, Port-Villa 2002, 184 pages voir page 55.
  • [27]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 8. Texte original : « By 1855 the whole New Testament was translated into Samoan and distributed among church members. Five year later, the whole Bible was printed in Samoan. »
  • [28]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 8.Texte original :« Malua Theological College was established in 1844 for the training of samoan pastors. In 1895, therewere eight European men, two European women, 142 ordained native agent, 184 native preachers, 5743 church members, 209 schools, and 7715 scholars. »
  • [29]
    « Le nombre d’étudiants (hommes et femmes) est passé à 53 en 1846 et a atteint 92 en 1854 (bien que certains d’entre eux aient été dans la classe préparatoire distincte pour les garçons), niveau qui a été maintenu jusques dans les années 1880. » Texte original : « The number of student (male and female) rose to 53 in 1846, and in 1854 reached 92 (though some of these were in the separate preparatory class for boys), a level that was maintained until the 1880. » Source : Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership in nineteenth century pacific islands Christianity, Christchurch, Macmillan Brown Center for Pacific Studies, 2005 (436 p.), p. 84.
  • [30]
    Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership…, op. cit., p. 84. Texte original : « The curriculum, which remained essentially unchanged formanyyears, included general subjects such as reading, writing, arithmetic, geography and science, as well as scriptural, doctrinal and pastoral studies.The students were glad to take away with them large quantities of notes for use in their subsequent preaching work. »
  • [31]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 9. Texte original : « By 1869, the subject taught included the exposition of the Psalms, Galatians, and part of the gospel of Mark ; and scripture history from Elisha to Jeremiah. Weekly classes were also held on pastoral English theology, writing, arithmetic, geography, astronomy, natural history ; English and drawing. »
  • [32]
    Jeff Palmer, « Melanesian Mission 18761894 », Documents d’archive de l’Église anglicane d’Aotéaroa-Nouvelle-Zélande (notes, lettres journaux de bord), conservés au John Kinder Library à Auckland Nouvelle-Zélande. Voir l’année 1878.

1Aujourd’hui dans le Pacifique Sud le christianisme fait partie intégrante des traditions insulaires. À travers leurs symboles identitaires les pays de cette région affirment l’importance de la foi chrétienne. À Fidji, la devise nationale comporte la recommandation suivante : « Crains Dieu et honore la reine [1] ». L’hymne du pays Maohi comporte les paroles suivantes : « Mon pays est né de Dieu / Collier d’îles multiples / Aux délicates senteurs. » Cette primauté de la foi chrétienne s’exprime également lors d’événements solennels. Ce fut le cas le 30 août 2010, lors de l’accession de Pascalëdi Sihaze à la présidence du Sénat coutumier de la Nouvelle­Calédonie. Celui­ci déclara alors dans l’hémicycle du Congrès de la Nouvelle­Calédonie : « Il ne faut jamais oublier que l’identité culturelle kanak repose sur deux socles : la coutume et la parole de Dieu [2]. » L’appropriation du christianisme par les insulaires du Pacifique est le fruit de la rencontre entre leurs sociétés et les missions chrétiennes. Cette rencontre coïncida avec – et se heurta parfois à – l’avènement de la colonisation du Pacifique au milieu du xixe siècle. Au cours de ce siècle les insulaires du Pacifique furent à la fois acteurs et relais de la christianisation protestante. De cette histoire naquirent les premiers missionnaires océaniens que l’on nomme en « négoce [3] » Nata, en drehu [4] hna acilën, en fidjien Vakatawa, et plus généralement teachers dans le reste du grand Océan. De ces hommes­là, les traditions orales du Pacifique conservent une mémoire plus ou moins atténuée par le temps. Leur souvenir est parfois évoqué dans l’intimité des cases familiales. Nous proposons dans cet article un regard historique sur l’émergence de ces hommes et de ces femmes qui, à bien des égards, constituèrent une nouvelle élite océanienne entre tradition et modernité.

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Les origines de l’entreprise missionnaire protestante

2La première rencontre à lieu un matin de 1797 dans la baie de Matavai, sur l’île de Tahiti ou débarquent les premiers missionnaires Anglais de la London Missionary Society (Lms). Ils sont quelques parts l’aboutissement d’un long processus européen, qui débuta à l’aube du xviie siècle. Au cours de ce siècle l’Europe et plus particulièrement l’Angleterre connaît un phénomène religieux nouveau dénommé : « le réveil ». Baubérot nous donne la définition suivante :

3

« Le terme de Réveil provient de l’expression anglaise revival of religion, employé à partir du xviiie siècle. Les revivalistes cherchent à atteindre deux milieux différents : les chrétiens dont l’intensité de la vie spirituelle s’est affaiblie et les milieux plus ou moins déchristianisés, qui échappent à l’influence des organisations ecclésiastiques. […] Le réveil ne cherche pas à se séparer des Églises, il veut leur donner un souffle nouveau [5]. »

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John Wesley (1703­1791)
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William Carey (1761­1834)
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Jonathan Edwards (1703­1758)

4Dès ses débuts les mouvements du réveil insistent sur la nécessité de la conversion. Les prêches sont marqués par l’activisme c’est­à­dire l’action supposée de l’Esprit­Saint. Tout au long du xviie siècle, les Églises et les collèges théologiques vont peu à peu gagner en influence et en respectabilité dans la société anglaise. En 1788, Wesley et Whitefield dans leurs prêches encouragent l’entreprise missionnaire hors de l’Angleterre. La même année Wiliam Carey [6] écrit An enquiry into the obligation of Christians, to use means for the conversion of the Heathen qui est publié en 1792. L’idée d’une entreprise missionnaire protestante extra­européenne constitue un véritable défi, car il n’existe aucun précédent historique [7].

5Le début du second réveil s’amorce entre 1790 et 1840. Il est indissociable de la colonisation britannique, que l’entreprise missionnaire accompagne ou précède parfois. En Angleterre, tout comme de l’autre côté de l’Atlantique, en Nouvelle­Angleterre, les écrits de l’Américain Jonathan Edwards [8] contribuent à façonner une génération de nouveaux penseurs. La plupart d’entre eux, comme Edwards lui­même, avaient été touchés par le Réveil évangélique. La description du devoir du chrétien comme une « bienveillance désintéressée » jouait son rôle en formant une école de calvinistes modérés, des gens qui combinaient la très forte conscience d’un appel divin avec la curiosité scientifique. Les fondateurs des Sociétés missionnaires telle que la Société des Missions de Londres, et le Conseil américain des commissaires pour les missions étrangères[9] partagent la conviction que le monde doit être évangélisé rapidement ; non pas parce qu’ils s’attendent à une conversion universelle, mais parce qu’ils sont convaincus que leur devoir est de répandre le message évangélique. Cette action est le prélude nécessaire à la venue finale du Christ, la parousie[10], et à la fin des temps. Ce qu’ils ressentent n’est pas exactement une fièvre millénariste, bien que leur sobriété et leur sérieux habituels soient teintés d’une intense excitation ; ils vivent et prennent leurs décisions missionnaires à une époque où la foi paisible dans le triomphe de la raison avait été ébranlée en Europe par de grandes secousses politiques et sociales dont les révolutions américaine et française, suivies des guerres de Napoléon en sont l’émanation.

6Cette brève présentation des missionnaires protestants, et du mouvement spirituel dont ils sont issus, nous permet à présent de nous intéresser aux teachers. En quoi sont­ils une nouvelle élite océanienne, et quels sont les facteurs qui permirent leurs émergences ?

7Nous avons fait le choix d’orienter notre article davantage sur les contextes et les conditions qui permirent l’apparition des missionnaires océaniens. Dans un premier temps nous nous intéresserons à la conversion en elle­même, qui constitue le point de départ des mutations individuelles et sociétales. Puis dans un second temps nous développerons l’idée centrale prônée d’abord par John Williams puis reprise par les missions protestantes : celle d’une christianisation des insulaires du Pacifique par d’autres insulaires. C’est par la mise en œuvre effective de cette idéologie que les Océaniens entrent de plein pied dans leurs rôles de relais du christianisme protestant. Cette thématique est abordée dans le troisième point de notre article ou nous nous intéresserons à la « fabrique » des missionnaires océaniens. Les insulaires sont formées dans plusieurs établissements Takamoa (Rarotonga), Malua (Samoa), Kohimarama­Norfolk (Nouvelle­Zélande). Puis dans un second temps dans des écoles localisées en Mélanésie telle que Béthanie (Lifou), ou à Anatom (Vanuatu)…

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John Williams (1796­1839)
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La mémoire philatélique de John Williams aux îles Cook…

La question de la conversion : un processus complexe aux multiples racines

8Un dictionnaire de la langue française définit la conversion comme « le fait d’adopter une croyance religieuse ou de passer d’une croyance à une autre […] Changement d’opinion se traduisant par l’adhésion à un système d’idée [11] ». La christianisation protestante du Pacifique se caractérise par une relative rapidité de conversion au christianisme des sociétés insulaires. D’une manière générale il a fallu moins d’une décennie pour assister à une première conversion, généralement celle des détenteurs du pouvoir politique. Par exemple, sur l’île de Lifou, les premiers missionnaires polynésiens arrivent en 1842. Une décennie plus tard, le sud de l’île est suffisamment christianisé pour accueillir temporairement une station anglicane. Ainsi dans notre démarche les problématiques suivantes apparaissent : – Quelle furent les facteurs d’adhésion au christianisme ? – Comment peut­on expliquer la relative rapidité des conversions chrétiennes au xixe siècle ?

Une vision du monde où tout se tient

9En préalable, il nous faut tenir compte de la vision du monde qu’avait les insulaires du Pacifique au xixe siècle. La première caractéristique est celle d’un monde où le fait religieux, les institutions politiques, et les systèmes d’échanges économiques ne forment qu’un seul et même domaine. Pour illustrer notre propos nous nous référerons au terme fidjien vanua qui résume à lui seul une certaine vision insulaire. À Fidji, le concept de vanua constitue l’élément fondateur de la société : il peut se définir comme un concept spirituel qui fait de l’homme, du lieu de son origine, des éléments qui composent la nature, des ancêtres et de ceux qui ne sont pas encore nés un seul et même ensemble, un tout à la fois unique et divers dont les éléments sont reliés entre eux par des liens sacrés de droit, de devoir et d’obligations. Bénédictions et malédictions ne sont que les conséquences d’une relation que l’homme entretient avec sa terre.

10Dans le Pacifique préchrétien, politique et religion ne forment qu’une seule entité. La vie sociale est rythmée par des rites religieux qui sont en parfait accord avec les systèmes sociaux. La présence européenne, d’abord commerciale puis missionnaires, va entraîner une situation de mutation sociale, tout comme ce fut le cas en Afrique. Mbozo dans sa thèse explique l’une des raisons des conversions camerounaises :

11

« Si par exemple, dans une situation de mutation sociale, une étape du processus rituel cesse de fonctionner, elle est alors supplantée et remplacée. C’est ce que signifie la conversion religieuse. D’une manière plus large, la conversion religieuse est le processus rituel par lequel un peuple change, soit son affiliation religieuse, soi généralement les voies par lesquelles il attribue le sens religieux à l’ordre social [12]. »

La conversion réorganise le tout du monde

12La conversion religieuse est vue comme un signe de mutation sociale. Dans le Pacifique cette mutation entraine un déplacement ou une redéfinition des théogonies insulaires. Les Océaniens vont reformuler et réinterpréter leur panthéon traditionnel et le réadapter aux valeurs du christianisme.

13Cette adaptation est particulièrement perceptible dans le choix du vocabulaire religieux. À Fidji par exemple le terme kalou désigne « un esprit, à l’origine le mort, mais les esprits de la nature sont également inclus dans cette définition. Les Européens utilisent le terme Dieu, et Kalou désigne le dieu du christianisme [13] ». À Drehu [14], Akötresie est le terme adopté pour désigner Dieu. Ce terme selon Nyikeine Hallo [15] découlerait de l’expression Hna akötre hnei ang atresi que l’on traduit par « La souffrance des atresi ». Atresi ou atre isië signifie « homme qui oint ».

14En somme, la conversion apparaît comme un moyen à la disposition des autorités politique pour légitimer un nouvel ordre social. Le christianisme est avant tout la religion des Européens, et de ce fait il est une passerelle d’accès aux richesses techniques et technologiques. La nouvelle religion ou la reformulation des anciennes croyances permet d’élargir les stratégies politiques et économiques. En outre les nouveaux échanges avec le monde occidental, par le biais du christianisme, contribuent au prestige des nouvelles chefferies converties. Cette situation les place en position de leadership par rapport à leurs voisins immédiats qui généralement optent pour l’autre religion chrétienne disponible. La christianisation individuelle, quant à elle, peut être interprétée comme une opportunité pour accumuler un certain prestige social et ainsi s’élever dans la société.

Une christianisation des insulaires du Pacifique par d’autres insulaires

L’obligation de recourir aux insulaires

15Après avoir abordé la Polynésie orientale et le pays maohi, la Lms suivit d’autres sociétés missionnaires [16] et s’intéressa de plus en plus à ce vaste ensemble de terres situé à l’Est du Pacifique qu’est la Mélanésie. Forts de leurs expériences polynésiennes, les missionnaires européens savent que la tâche est particulièrement ardue dans cette partie du Pacifique. Aussi l’idée de John Williams consistant en une évangélisation des insulaires par d’autres insulaires s’impose comme préalable à toute christianisation européenne.

16Cependant cette stratégie ne vient pas uniquement de ce que l’on pense être le meilleur pour une entreprise missionnaire mais également de ce qu’imposent les contraintes logistiques, démographiques et géographiques. Sione Latukefu nous fait part de cette autre contrainte :

17

« Le révérend John Williams a été le premier à utiliser les auxiliaires océaniens de façon pionnière en 1821. En raison du nombre limité de missionnaires européens alors qu’il y avait une grande demande d’instructeurs religieux venant des nombreuses îles où la nouvelle religion (avec les avantages matériels apportés aux gens par ses missionnaires) s’était propagée, les missionnaires n’avaient pas d’autre choix que d’envoyer des insulaires bien qu’ils ne fussent que des convertis de fraîche date avec une connaissance très limitée de leur nouvelle foi [17]. »

Deux types d’auxiliaires océaniens

18Cependant, parmi ceux qui sortent des établissements de formation pour les évangélisateurs auxiliaires, il nous faut distinguer deux types d’étudiants :

  • Tout d’abord, ceux qui ont suivi une formation académique et qui sont le produit d’une formation chrétienne de quatre années. Non chrétiennes à l’arrivée de l’évangile, ces personnes sont la synthèse entre la culture insulaire et la culture judéo­chrétienne. Elles ont dû apprendre très rapidement à maîtriser la lecture et l’écriture et acquérir les bases théologiques du christianisme.
  • Ensuite, ceux que nous appellerons les « enfants de la mission », qui ont été confiés très tôt aux missionnaires européens. Notamment, dès leur dixième année, ils servaient de main­d’œuvre aux missionnaires et les aidaient dans leurs tâches quotidiennes. Pour illustrer notre propos, nous ferons référence au cas du jeune Maretu, aux îles Cook, issu du village de Ngatangiia à Rarotonga et fils de Tuaivi, un chef peu influent :
    « En 1823, lorsque le christianisme a été introduit à Rarotonga par Papeiha le missionnaire Tahitien, le père de Maretu, Tuaivi, fit partie des premiers convertis. Maretu était alors agé d’environ onze ans. Tuaivi devint un fervent partisan du révérend Charles Pitman qui a vécu à Ngatangiia de 1827 à 1854, date à laquelle il se retira à Sydney. Bien que Tuaivi ait aidé Pitman à construire l’église de Ngatangiia ainsi qu’une école, il n’a jamais réalisé son souhait de devenir membre plénier de l’Église. Il est mort avant d’avoir pu être baptisé, mais Maretu, lui, avec ses énormes talents naturels et le peu d’éducation reçue de Pitman, est devenu, dans le cadre de la London Missionary Society, le plus ardent prédicateur, et avec beaucoup de succès, de la nouvelle religion dans les îles Cook [18]. »

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Le révérend John Williams, de la London Missionary Society, après avoir apporté l’Évangile en Polynésie, continue jusqu’aux Nouvelles­Hébrides. On le voit ici revenant à Tanna – une des grandes îles de l’archipel des actuelles Vanuatu –, le 19 novembre 1839. Le lendemain, il sera massacré avec un compagnon. (Détail d’un tableau de George Baxter, 1804­1867.)

Les avantages que présentent « les enfants de la mission »

19« Les enfants de la mission » qui pour la plupart s’engagent dans les œuvres missionnaires présentent deux avantages par rapport aux autres étudiants des établissements de formation :

  • Tout d’abord ils reçoivent une éducation chrétienne dès leur plus jeune âge, ce qui leur laisse le temps d’assimiler toutes les connaissances théologiques et pratiques du monde occidental. Ils sont en outre le symbole de la rencontre entre deux mondes et, de prime abord, ils sont peu enclins à développer un esprit de syncrétisme puisqu’ils vivent quotidiennement à la mission.
  • Ils héritent de la position sociale de leur famille et conservent ainsi leur place au sein de la société traditionnelle, tout en cumulant les avantages dus à leur éducation chrétienne. Ces avantages apparaissent sous formes de connaissance du monde occidental, de maîtrise des technologies nouvelles et de savoir faire.

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Après sa mort, la London Missionary Society a donné le nom de John Williams aux bateaux de la mission : à g., le John Williams de 1844 ; à dr., le John Williams VI dans les années 1940­1950.

20Outre ces deux avantages, l’engagement missionnaire auprès des Européens, permet à ces individus souvent issus de chefferie mineure, de sortir d’une impasse sociale. En effet, dans une société ou le pouvoir ne s’acquiert que par héritage, le christianisme leur permet d’accéder, eux, à des responsabilités importantes et de bénéficier ainsi du même prestige, et de s’élever au même niveau, que les chefs du pays.

Évangéliser les Mélanésiens par les Polynésiens

21Les Occidentaux s’aperçurent qu’il existait en Mélanésie des sociétés qui relevait d’une logique polynésienne. D’où la logique prévalant au sein des sociétés missionnaires selon laquelle les communautés polynésiennes installées en Mélanésie pourraient servir de point d’appui pour la diffusion du christianisme. D’un point de vue océanien, il existait des routes coutumières, véritable chemin de la diplomatie qui permettrait la réussite de leur mission. Cette hypothèse se révéla particulièrement pertinente si l’on observe la manière dont s’est diffusé le protestantisme à Fidji et à Lifou (Nouvelle­Calédonie). En effet, dans ces deux cas, le message protestant fut d’abord confié à des groupes de populations dites polynésiennes.

22À Fidji par exemple lorsque les missionnaires Maohi abordent dans les îles du Lau en 1830. Ils sont confrontés à une société polynésienne tant dans son organisation politique que culturelle. En effet les Maohi et les insulaires de Lau, contrairement aux missionnaires européens, n’ont pas eu à recourir à des interprètes puisqu’ils partageaient une langue « commune ».

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Henry Nott (1774­1844)
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Charles Pitman (1796­1854)
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Aaron Buzacott (1800­1864)

23Dans le cas de l’île de Lifou située en Mélanésie méridionale, il existait des groupes polynésiens vivant à la cour des chefs « Boula » :

« Dans la région de Mu, au sud de Lifou, habitent plusieurs familles d’origine tongiennes. On les appelle angetre Tonga, les “gens de Tonga”. Certains se souviennent du récit que leurs grands­parents racontaient, relatant l’histoire de l’arrivée de leurs ancêtres, vraisemblablement aux alentours du xviie ou xviiie siècle [19]. »
Dans ce second cas, en 1842, lorsque le missionnaire rarotongien débarque à Lifou il trouve sur place des gens parlant sa langue. Ce qui lui facilite la tâche, notamment pour présenter son message au grand-chef Boula qui règne alors sur la partie méridionale de Lifou.

Les institutions théologiques du Pacifique, lieu de fabrique des premiers missionnaires océaniens

Rarotonga 1839 : le « Takamoa college »

24Le Takamoa college, fondé en 1839, est situéàRarotonga. Il est le fruit d’un accord tripartite entre ariki[20],missionnaires maohi et missionnaires européens. Le site de l’établissement ainsi que la main­d’œuvre nécessaire à la construction sont du ressort des autorités politiques de l’île :

25

« Les ariki ont choisi un site pour la maison des missionnaires à Takamoa là ou ils ont voulu vivre. Le ariki et tous les gens se mirent à creuser les fondations de la maison, à rassembler toutes les roches nécessaires à la construction [21]. »

26C’est sous l’impulsion de l’ariki Makatea, du district d’Avarua, que le site du Takamoa college est fixé au nord­est de Rarotonga. À ces débuts, c’est­à­dire entre 1843 et 1844, les dimensions de l’établissement restent modestes et avec le temps prennent de l’importance. Cependant, en 1830, c’est une confortable bâtisse sur deux niveaux qui abrite les missionnaires.

27La durée de formation des auxiliaires polynésiens est de quatre années. L’enseignement se compose d’une partie théologique et d’une partie « pratique » rassemblée sous le vocable de usefull art que nous traduirons par « enseignement technique ».

L’enseignement théologique

28Les élèves étudient les Écritures (la bible), ainsi que les doctrines protestantes. Ils apprennent la rhétorique ou l’art oratoire, cet enseignement est destiné à tenir des offices religieux et plus tard à convertir. L’enseignement est dispensé par le pasteur Pitman [22] qui est installé sur l’île avec le pasteur Buzacott depuis 1827. Un programme de traduction de la bible en langue locale est également mis en place par John Williams : la bible de Nott, ce travail fut achevé en 1844.

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Aux îles Cook, sur l’île de Rarotonga, l’église d’Avarua construite en 1831 par Aaron Buzacott avec des matériaux coralliens.

L’enseignement technique

29Comme le note Reaburne :

30

« La construction de maison, la fabrique de meubles et d’autres “arts utiles” ont été importants dans le programme de formation, et des cours ont également été donnés pour les épouses des étudiants mariés [23]. »

31Il est intéressant de noter que le programme d’enseignement vise à l’émergence d’une individualité nouvelle. Tant dans ses conceptions religieuses que dans ses techniques de constructions. Les méthodes de construction dites « traditionnelles », qui font une large place au végétal, ont cédé la place à des méthodes de construction européennes.

32L’expansion du christianisme protestant est également celui des nouvelles méthodes de construction mises au point par les missionnaires.

33L’objectif est double :

  • Bâtir des temples, c’est­à­dire des lieux cultuels clos contrairement aux anciennes pratiques où les cultes se déroulaient en pleine air.
  • La construction de citernes qui, pour la plupart, étaient accolées au temple.
Pour illustrer les nouvelles constructions des auxiliaires polynésiens, nous nous intéresserons aux techniques de construction qu’ils ont utilisée à Lifou. La résidence des missionnaires européens bâtis dans les années 1860 a bénéficié des techniques suivantes :

34

« À l’origine le toit se compose de feuilles de canne à sucre tressées sur des morceaux de bois appelés en drehu « Inagoe* ». Pour les murs, on fixe deux rangées de bois parallèles entre lesquelles on insère des coraux taillés à la main. Les murs sont ensuite recouverts de saetë, cette chaux que l’on recueille après avoir brûlé le corail. Un plancher en bois raboté ainsi qu’un mobilier européen orne la maison qui dispose d’une vaste cour ainsi que de vergers et de jardins d’agrément. Un mur monumental traditionnellement réservé aux résidences des angajoxue entoure la demeure [24]. »

35D’après nos investigations à Lifou, ces techniques ont été importées dans l’île. La tradition orale attribue ces méthodes aux missionnaires rarotongiens et samoans présents sur l’île de 1842 à 1859. Aidé par les étudiants de la mission, John Williams y construit une goélette : le Messenger of Peace. En 1830, c’est avec ce navire de la mission, que Willliams débarquera des « teachers » rarotongiens à Niue [25].

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Takamoa College au début du xxe siècle

Samoa 1844 : le « Malua college »

36À Samoa, le 24 septembre 1844, George Turner fonde le Malua college. Entre 1840 et 1850 Le centre de Malua constitue l’un des viviers de missionnaires originaire de Cook, Samoa et Niue et à destination du Vanuatu et de la Nouvelle­Calédonie. À partir de 1860 ils seront affectés sur les îles de Tuvalu et de Tokelau. Bien que majoritairement composé d’étudiants polynésiens Malua accueille de façon ponctuelle des étudiants mélanésiens. Après l’échec d’une implantation au Vanuatu, « la mission fut fermée en 1849 (sur l’île d’Efaté) et deux Ni­Vanuatu furent emmenés aux Samoa pour y être formés. Ils revinrent quelques années plus tard et établirent finalement l’Église au nord d’Efaté [26] ».

37À l’instar des autres établissements de formation Lms, Malua s’organise autour de trois axes de développement :

La maîtrise de l’écriture et de la lecture

38Cette maîtrise s’effectue non pas dans la langue des missionnaires, mais dans la langue propre aux autochtones. Or, d’un point de vue méthodologique, il est nécessaire en préalable de mettre au point un système d’écriture et de lecture autochtone. Puis, dans un second temps, de disposer de document écrit en langue local.

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Le Malua Theological College autrefois

La traduction de la bible

39La bible est au centre du culte et des préoccupations« philosophiques » des missionnaires protestants. Aussi, dès les premières implantations en terre « païenne », ils s’évertuent à traduire la bible dans la langue locale, en l’occurrence le Samoan. Cette volonté théorique est indissociable de l’acquisition de matériels, notamment d’imprimerie sommaire. En 1839, soit cinq années avant l’ouverture du centre, des morceaux de la bible sont déjà traduits en samoan :

40

« En 1855, l’ensemble du Nouveau Testament a été traduit en samoan et répartis entre les membres de l’église. Cinq années plus tard, toute la Bible a été imprimée en samoan [27]. »

La formation d’auxiliaires chrétiens

41Dès la fondation de Malua, la formation d’auxiliaires dont le but est de suppléer voire remplacer les missionnaires européens, constitue l’un des objectifs essentiels. Sinclair confirme notre propos :

42

« Malua Theological College a été créé en 1844 pour la formation des pasteurs samoans. En 1895, il y avait huit hommes européens, deux femmes européennes, 142 agents ordonnés indigènes, 184 prédicateurs indigènes, 5743 membres de l’Église, 209 écoles et 7715 étudiants [28]. »

43Bien que les chiffres présentés ci­dessus relèvent d’une période plus tardive, il est intéressant de noter que le développement de Malua à l’échelle du Pacifique se fait de manière exponentielle. En 1846, il y a cinquante­trois étudiants ; en 1854, ils sont près de quatre­vingt­douze [29]. Cette croissance des effectifs confirme la thèse d’un établissement à vocation régionale qui recrute ses étudiants à l’intérieur de la Polynésie chrétienne du début du xixe siècle.

44Le programme initial de formation est de quatre années. Cependant il n’est pas rare qu’au bout de deux ou trois années les étudiants soient envoyés directement en mission. Ce phénomène est dû à une « sur-consommation » d’auxiliaires samoans de la part des missionnaires européens durant les phases de christianisation des îles mélanésiennes. En effet, une fois les îles christianisées, les missionnaires samoans exercent une responsabilité de contrôle social. Reaburn nous livre le contenu du programme d’enseignement durant les années 1860 :

45

« Le programme, qui est resté essentiellement inchangé pendant de nombreuses années, portait sur des sujets généraux tels que la lecture, l’écriture, l’arithmétique, la géographie et les sciences, ainsi que sur l’étude des Écritures, de la doctrine et de la pastorale. Les élèves ont été heureux d’emporter avec eux de grandes quantités de notes pour les utiliser dans la suite de leur travail de prédication [30]. »

46Nous complétons ces données par ceux de Sinclair, qui répertorie les types d’enseignements donnés en 1869 :

47

« En 1869, les matières enseignées comprennent l’étude des Psaumes, la lettre aux Galates, et une partie de l’évangile de Marc, ainsi que l’histoire scripturaire d’Élie et de Jérémie. Des cours hebdomadaires avaient également lieu sur la théologie pastorale anglaise ; l’écriture, l’arithmétique, la géographie, l’astronomie, l’histoire naturelle, l’anglais et le dessin [31]. »

Une thèse sur les teachers polynésiens

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Le 17 novembre 2011, dans la salle des thèses de l’université de Bordeaux III, Paul Fizin Magulue – sur la photo avec Jean­Paul Jourdan, nouveau président de l’université de Bordeaux III – a soutenu sa thèse devant un jury composé de Madame Sylvie Guillaume, Professeur émérite en histoire à l’Université de Bordeaux III, Monsieur Antoine Leca, Professeur de droit à l’université d’Aix-en­Provence, Monsieur Jean­Pierre Doumenge, Professeur émérite en géographie à l’université de Montpellier, Madame Claire Laux, qui a dirigé cette thèse. Cette dernière portait sur le rôle des teachers polynésiens dans l’évangélisation du monde mélanésiens au xixe siècle. Les membres du jury ont reconnu la grande qualité de ce travail, appuyé sur des sources variées et précieuses (en particulier celles empruntées à la tradition orale), son apport à l’histoire des missions océaniennes. Les membres du jury ont décerné à Paul Fizin le titre de docteur avec la mention très honorable.
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Le triangle polynésien.

Conclusion

48En conclusion, l’avènement du christianisme au début du xixe siècle est le fruit d’une convergence d’intérêts. Pour les sociétés insulaires, il constitue une opportunité pour renouveler leurs stratégies sociales. Cette conversion chrétienne globale s’accompagne d’opportunités pour les individus, celles offertes par l’engagement missionnaire. Elle donne à chaque candidat chrétien la possibilité d’accéder à un certain prestige social, notamment par le biais de plusieurs acquisitions : celle d’une meilleure connaissance du monde occidental aussi bien au plan technologique qu’au plan spirituel, ainsi que celle de la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Mais elle offre également une expérience extra­insulaire et le développement de la possibilité pour chaque individu d’exercer un certain leadership. Outre ces acquisitions, les teachers bénéficient du même traitement que celui réservé aux chefs traditionnels. Ainsi, en 1878, lorsque les missionnaires européens visitent le teacher kanak Wadrokal aux îles Salomon, ils font le constat suivant : « Wadrokal est considéré comme un grand Aliki [chef] et il a eu des visites de personnes de toutes les îles, certaines de Santa­Cruz, et Nukapu, tous lui demandent de leur rendre visite [32]. »

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Teacher à Upolu (Samoa) fin xixe siècle. (Extrait de : Thomas Wallace Knox, The Boy Travellers in Australasia…, New York, 1889.)

Date de mise en ligne : 15/11/2012

https://doi.org/10.3917/hmc.020.0139

Notes

  • [1]
    En fidjien : « Noqu Kalou Noqu Vanua. »
  • [2]
    Archive en ligne du Congrés de la Nouvelle-Calédonie. Adresse : http://www.congres.nc/
  • [3]
    Ce terme désigne à la fois l’île et la Langue de Maré en Nouvelle-Calédonie.
  • [4]
    Ce terme désigne à la fois l’île et la Langue de Lifou en Nouvelle-Calédonie.
  • [5]
    Jean Baubérot, Histoire du protestantisme, Paris, Presse Universitaire de France, 1996 (128 p.), p. 86.
  • [6]
    Wiliam Carey (17611834) se convertit à l’âge de 18 ans et devient pasteur en 1786. Prédicateur médiocre mais passionné de langues et de géographie, ce fils de cordonnier s’installe en Inde où il exercera une activité missionnaire tout en prenant la direction d’une usine d’indigo.
  • [7]
    Sauf l’expérience missionnaire de John Wesley en Géorgie en 1836.
  • [8]
    Philosophe et théologien, calviniste et disciple de l’influent philosophe anglais John Locke.
  • [9]
    Les termes anglais exacts sont pour les deux Sociétés : London Missionary Society, AmericanBoard of Commisonners for Foreign Mission. Cette dernière société missionnaire évangélisa Hawaï en 1820.
  • [10]
    La parousie (en grec : parousia) est un terme de théologie désignant le retour glorieux du Christ sur terre à la fin des temps.
  • [11]
    Le Nouveau Petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Le Robert, 2007, article « Conversion ».
  • [12]
    Samuel Efoua Mbozo’o, La mission presbytérienne américaine et les mutations religieuses et sociales chez les peuples du sud-cameroun (1919-1939), Thèse de doctorat, Lyon, Université JeanMoulin Lyon III, 1981 (472 p.), p. 6.
  • [13]
    A. Capell, The Fijian dictionary, Suva, Government Printer, 1991, 407 p. Texte original : « a spirit, originally the dead, but nature spirits are also inclued under the designation. In modern European use, a god, and Kalou the god of Christianity. »
  • [14]
    Lifou, îles Loyautée, Nouvelle-Calédonie.
  • [15]
    Nyikeine Hallo, Comment le christianisme a-t-il instauré de nouvelles valeurs structurelles sociales et éthiques dans la société kanak ?, Faculté protestante de théologie de Montpellier, mémoire de maîtrise, 1998 (115 p.), p. 3.
  • [16]
    Notamment les méthodistes qui devancent la Lms à Samoa et à Viti-Levu (Fidji) au début du xixe siècle.
  • [17]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, Sione Lautukefu, Soroa Mataio, Sinclair Ruta, Turakiare Teauariki, Ta’unga o te tini, Polynesian missions in Melanesia from Samoa, Cook islands and Tonga to Papua New Guinea and New-Caledonia, Suva, University of South Pacific et Institute of Pacific Studies, 1982 (144 p.), p. 1. Texte original : « The reverend John Williams was the first to use native agent to pioneer the way for more cultured workers in 1821. Because of the limited numbers of European missionaries while there was a great demand for religious instructors from the many islands where new religion (and the material advantages its missionaries brought to the people) had spread, the missionaries had no choice but to send islanders although they were only recent converts with very limited knowledge of their new faith. »
  • [18]
    Maretu, Cannibals and converts Radical change in the Cook Islands, Suva, University of South Pacific et University of PapuaNewGuinea, 1983 (223 p.), p. 3. Texte original : « In 1823, when Christianity was introduced to Rarotonga by the Tahitian missionary Papeiha, Maretu father, Tuaivi, were among the first convert. Maretu was then about 11 year old. Tuaivi became a strong supporter of the Reverend Charles Pitman who lived in Ngatangiia from 1827 until 1854 when he retired to Sydney. Though Tuaivi helped Pitman build the Ngatangiia church and a school, he never realized his wish to become a communicant member of the church. He died before he could be baptized, but Maretu, with tremendous natural talents and the little education that he received from Pitman, became the London Missionary Society’s staunchest and most successful preacher of the new religion in the Cook islands. »
  • [19]
    Luc Legeard, 101 mots pour comprendre Lifou/Drehu îles Loyauté Nouvelle-Calédonie », Nouméa, édition « Île de Lumière », 2000 (266 p.), Voir p. 90.
  • [20]
    Terme qui désigne le chef traditionnel aux îles Cook.
  • [21]
    Maretu, Cannibals and converts Radical change in the Cook Islands, Suva, University of South Pacific et University of Papua-New-Guinea, 1983, 223 pages. Voir page 73. Texte original : « The ariki chose a house site for the missionaries at Takamoa for that was were they wished to live. The ariki and all the people got there to dig the foundation of the house, collecting together all the rocks to build it. »
  • [22]
    Pitman est le mentor de Ta’unga, un teacher polynésien envoyé en Nouvelle Calédonie par la Lms vers 1842.
  • [23]
    Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership in nineteenth century pacific islands Christianity, Christchurch, Macmillan Brown Center for Pacific Studies, 2005, 436 pages. Voir p. 66. Texte original en anglais : « House-Building, furniture construction and other “useful art” were important in the curriculum, and classes were also provided for the wives of married students. »
  • [24]
    Paul Fizin Magulue, Lifou 1723 – 1923 : histoire des contacts entre kanak et européens, Université de Bordeaux III, mémoire de master d’histoire contemporaine, Bordeaux 2008, 212 p. Voir p. 168.
  • [25]
    Île polynésienne située approximativement à l’Est entre Samoa et Tonga.
  • [26]
    Voir Maclancy Jeremy, « Faire de 2 pierres un coup », imprimé par Océania Printed Limited et le Centre Culturel du Vanuatu, Port-Villa 2002, 184 pages voir page 55.
  • [27]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 8. Texte original : « By 1855 the whole New Testament was translated into Samoan and distributed among church members. Five year later, the whole Bible was printed in Samoan. »
  • [28]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 8.Texte original :« Malua Theological College was established in 1844 for the training of samoan pastors. In 1895, therewere eight European men, two European women, 142 ordained native agent, 184 native preachers, 5743 church members, 209 schools, and 7715 scholars. »
  • [29]
    « Le nombre d’étudiants (hommes et femmes) est passé à 53 en 1846 et a atteint 92 en 1854 (bien que certains d’entre eux aient été dans la classe préparatoire distincte pour les garçons), niveau qui a été maintenu jusques dans les années 1880. » Texte original : « The number of student (male and female) rose to 53 in 1846, and in 1854 reached 92 (though some of these were in the separate preparatory class for boys), a level that was maintained until the 1880. » Source : Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership in nineteenth century pacific islands Christianity, Christchurch, Macmillan Brown Center for Pacific Studies, 2005 (436 p.), p. 84.
  • [30]
    Lange Reaburn, Island Ministers indigenous leadership…, op. cit., p. 84. Texte original : « The curriculum, which remained essentially unchanged formanyyears, included general subjects such as reading, writing, arithmetic, geography and science, as well as scriptural, doctrinal and pastoral studies.The students were glad to take away with them large quantities of notes for use in their subsequent preaching work. »
  • [31]
    Crocombe Ron, Crocombe Marjorie, etc., op. cit., p. 9. Texte original : « By 1869, the subject taught included the exposition of the Psalms, Galatians, and part of the gospel of Mark ; and scripture history from Elisha to Jeremiah. Weekly classes were also held on pastoral English theology, writing, arithmetic, geography, astronomy, natural history ; English and drawing. »
  • [32]
    Jeff Palmer, « Melanesian Mission 18761894 », Documents d’archive de l’Église anglicane d’Aotéaroa-Nouvelle-Zélande (notes, lettres journaux de bord), conservés au John Kinder Library à Auckland Nouvelle-Zélande. Voir l’année 1878.

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