Notes
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[1]
Directeur de recherche au CNRS ; professeur et directeur, département de science politique et d’études internationales, Université baptiste de Hong Kong ; chercheur associé à Asia Centre, Paris.
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[2]
Connu sous son acronyme anglais de FOCAC (Forum on China-Africa Cooperation, zhongfei hezuo luntan), ces « conférences ministérielles » se réunissent alternativement en Chine et en Afrique : à Pékin en 2000, 2006 et 2012, à Addis-Abeba (Éthiopie) en 2006 et à Charm-el-Sheik (Égypte) en 2009. Le prochain sommet aura lieu en Afrique du Sud en 2015. Un nombre croissant de chefs d’État et de gouvernements africains y prennent part.
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[3]
En 2013, la Chine avait trente instituts Confucius dans vingt-deux pays africains (<http://cimap.chinese.cn/>).
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[4]
Cette section est en partie inspirée par Gabas et Chaponnière [2012].
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[5]
Nous utilisons ici les statistiques chinoises [National Bureau of Statistics of China, 2012].
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[6]
Le total des IDE chinois à l’étranger inclut un grand nombre d’investissements circulaires (qui reviennent en Chine), passant notamment par Hong Kong (62 % du stock fin 2011).
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[7]
Et le total de l’aide au développement (publique et privée) de la France s’élevait à 35 milliards de dollars en 2010, celle des États-Unis à 214 milliards de dollars (cf. <http://www.oecd.org/fr/cad/>).
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[8]
Au FOCAC de 2006, la Chine a aussi annoncé l’annulation de 1,4 milliard de dollars de dette.
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[9]
Estimé entre 250000 [Outre-terre, 2011, p. 414] et 450000 [Bodomo, 2012].
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[10]
En 2010, 81, 5 % des touristes chinois s’étaient rendus en Asie, 12 % en Europe, 3,2 % en Amérique et 1,9 % en Océanie selon la China National Tourism Association [Song, 2012].
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[11]
Par exemple, Huawei est le principal fournisseur de la Gambie en équipements de télécommunications.
-
[12]
En 2012, devenue la première puissance commerciale de la planète, la Chine était le premier partenaire commercial de 124 pays, et les États-Unis de 76 pays seulement.
-
[13]
Pour les années 2000-2012, 18,2 % des exportations chinoises d’armes étaient à destination de l’Afrique, soit 1866 millions de dollars constants 1990 et en valeurs tendancielles sur un montant total de ventes estimé à 10255 millions ; les principaux clients étaient pour cette période l’Égypte (421 millions), le Maroc (220 millions), la Namibie (207 millions), la Tanzanie (187 millions), le Soudan (185 millions), le Nigeria (156 millions), l’Algérie (116 millions), la Zambie (108 millions), le Ghana (83 millions) et le Zimbabwe (42 millions), <http://armstrade.sipri.org/armstrade/html/export_values.php>.
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[14]
Alex Vines, « Angola matters to the US. So what’s the problem ? », Chatham House, <http://www.chathamhouse.org/media/comment/view/191519>.
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[15]
Entendu pour la première fois à Djibouti en 2010.
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[16]
Notamment la mine de cuivre de Chambezi et la mine de charbon Collum à Sinazongwe. En février 2013, le gouvernement zambien décidait de reprendre l’exploitation de cette dernière.
-
[17]
<http://www.pewglobal.org/database/>.
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[18]
« Africa must get real about its romance with China », Financial Times, 12 mars 2013, p. 1 et p. 9.
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[19]
Xinhua, 25 août 2012.
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[20]
Le Japon (120 millions), les États-Unis (96 millions) et l’Allemagne (20 millions) ont apporté une contribution qui représente près de la moitié de la somme réunie par l’UA (456 millions). L’UA aurait besoin au total de 950 millions de dollars pour cette opération (Africa Review, 30 janvier 2013).
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[21]
Djibouti, un temps envisagé, a été abandonné ; les Seychelles ont été évoquées en 2011- 2012 ; Mombasa ou Dar-es-Salam pourraient être des options plus crédibles.
1 Les relations Chine-Afrique ont connu un développement prodigieux au cours des dix dernières années. Certes, la Chine n’est pas une nouvelle venue sur le « continent noir » [Shinn et Eisenman, 2012]. Mais l’ampleur et la nature des rapports sino-africains ont diamétralement changé depuis la fin des années 1990. Cette expansion et cette métamorphose ont été avant tout favorisées par la mise en place à Pékin d’une nouvelle politique africaine destinée à servir à la fois ses propres besoins économiques croissants et sa montée en puissance sur la scène mondiale. On connaît la suite : le commerce a explosé ; les projets d’infrastructures chinois se sont multipliés ; l’assistance de la République populaire au développement des pays africains a atteint un niveau sans précédent, talonnant l’aide plus traditionnelle apportée par l’Occident et le Japon. Cet essor des échanges et des projets de coopération a directement resserré les liens diplomatiques, voire stratégiques entre Pékin et la plupart des capitales africaines. Aujourd’hui, restant à l’écart des problèmes politiques intérieurs que ces États connaissent, la Chine est de plus en plus favorablement accueillie comme une alternative aux diplomaties sourcilleuses et autres programmes d’aide contraignants des pays occidentaux, d’autant plus que la plupart de ces derniers, atteints par la crise, offrent moins que par le passé.
2 Pour autant, le « temps de la Chine en Afrique » [Gabas et Chaponnière, 2012] n’est pas sans apporter son lot d’interrogations et de problèmes, et, pour la seconde puissance mondiale – une puissance mondiale, comme nous allons le montrer, encore à bien des égards en devenir [Shambaugh, 2013] –, de nouvelles responsabilités et de nouveaux défis. Ceux-ci sont multiples et touchent autant à la présence économique et humaine croissante de la Chine qu’aux conséquences de cette présence en matière politique, diplomatique et sécuritaire. Autant de contraintes qui affectent le poids réel de la Chine sur cette « nouvelle frontière » de son ascension mondiale qu’est l’Afrique [Bach, 2013] et sa capacité à en influencer l’avenir.
Les objectifs de la Chine en Afrique
3 Lorsque l’on compare les relations entre la Chine et l’Afrique à la haute époque maoïste et aujourd’hui, l’on ne peut qu’être frappé par leurs différences à la fois d’échelle et de nature. Il est cependant vrai que la politique de la République populaire en Afrique n’est pas sans éléments de continuité. La solidarité Sud-Sud et antihégémonique (anti-impérialiste ou anti-néocolonialiste) en est un, même si les termes ont changé. L’établissement de relations diplomatiques avec l’ensemble des capitales africaines en est un autre. Pour Pékin, de par le nombre élevé d’États (cinquante-quatre depuis l’indépendance du Sud-Soudan en 2011) que compte le « continent noir », ce dernier constitue un appui appréciable et en général aisé à mobiliser dans les arènes internationales, en particulier à l’ONU. C’est pourquoi l’éviction de Taïwan d’Afrique a longtemps été un objectif prioritaire de la diplomatie chinoise. Si la rivalité avec le régime de Taipei a perdu de son acuité du fait de l’affaiblissement de sa présence en Afrique à partir des années 2000, puis de la trêve diplomatique verbale conclue avec le gouvernement de Ma Ying-jeou en 2008, ce combat ne prendra fin que lorsque les derniers États qui reconnaissent la République de Chine, le nom officiel de Taïwan, auront capitulé (Burkina Faso, Gambie, São Tome et Principe, Swaziland). Un troisième élément de continuité est l’inclination de Pékin à réaliser des projets d’infrastructure à haute charge symbolique (palais de la présidence, stades nationaux, hôpitaux), le dernier exemple marquant étant le nouveau siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, inauguré en 2012. Autre permanence d’ailleurs, chantre officiel de l’unité africaine et du multilatéralisme, la Chine a toujours privilégié les relations bilatérales avec les États de ce continent, tant elle sait leurs différences politiques, économiques et culturelles, ainsi que les divisions qui les opposent. Enfin, comme de nombreuses diplomaties, le ministère chinois des Affaires étrangères n’envisage pas ses relations avec le continent africain comme un dossier unique. Deux départements distincts sont responsables de cette tâche : l’un est chargé de l’Asie occidentale et de l’Afrique du Nord (y compris de la Mauritanie et des deux Soudans) et l’autre de l’Afrique subsaharienne et des pays de l’océan Indien.
4 Pour le reste, la politique africaine de la Chine a connu une profonde évolution. Ses principaux objectifs actuels ont progressivement pris forme à partir du milieu des années 1990. Ils sont tout d’abord économiques : l’accès aux matières premières et produits agricoles dont son économie a de plus en plus besoin, à travers l’acquisition d’entreprises d’extraction ou de concessions d’exploitation, notamment de forêts ou de terres ; le rééquilibrage de ces importations par la vente d’une quantité croissante de produits manufacturés ou de consommation courante bon marché. Il s’agit aussi de tirer parti des besoins criants de l’Afrique en infrastructures (routes, chemins de fer, barrages, installations portuaires, etc.) pour renforcer et internationaliser les firmes chinoises actives dans ces secteurs ainsi que les domaines qui en découlent (industrie automobile), et partant y accroître l’influence diplomatique de la République populaire. Et répondant également à l’appel à « sortir du pays » (zouchuqu) lancé par l’ancien président Hu Jintao en 2005, de nombreux entrepreneurs et commerçants privés chinois ont pris le chemin de l’Afrique, à la fois relâchant quelque peu la pression sur le marché de l’emploi intérieur et stimulant les échanges économiques et humains sino-africains.
5 Les objectifs diplomatiques de Pékin n’ont donc rien perdu en importance : au contraire, plus qu’hier, la seconde puissance économique mondiale entend se présenter comme une alternative crédible aux partenariats traditionnels avec les pays européens, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud ou même avec les autres émergents. Ainsi, on le sait, la Chine a été le premier grand pays du Sud à mettre en place à partir de 2000 un sommet régulier et triennal avec l’Afrique [2]. Depuis, l’Inde puis le Brésil et la Turquie ont fait de même. Ces grandes messes à la gloire de la fraternité sino-africaine sont l’occasion pour Pékin d’annoncer de généreuses enveloppes d’aide (20 milliards de dollars de « ligne de crédit » en 2012) et de tisser des liens étroits avec un nombre croissant de partenaires. Dans ce but, Pékin a agrandi ses ambassades en Afrique, y a multiplié les instituts Confucius d’enseignement du chinois et y a renforcé la présence de ses journalistes et de ses stations de radio [3]. La recherche a été également développée sur ce continent, à travers l’établissement de nombreux instituts d’études africaines, dont celui de l’Université normale du Zhejiang situé à Jinhua en 2007 [Outre-terre, 2011].
6 Il est clair que, parmi les pays africains, la Chine privilégie ceux qui, de par leur puissance régionale ou du fait de leurs richesses en ressources naturelles, peuvent le plus contribuer à la montée de l’influence chinoise sur le « continent noir » ; dans le premier groupe, il faut citer tout d’abord l’Afrique du Sud, membre des BRICS depuis 2011, mais aussi le Nigeria, l’Égypte et l’Éthiopie [Cabestan, 2012] ; dans le second, le Soudan (et désormais le Sud-Soudan), l’Angola, l’Algérie, la République démocratique du Congo (RDC) et le Niger.
7 Mais, la République populaire a désormais les moyens diplomatiques et commerciaux d’être présente partout, y compris de manière très pragmatique chez les derniers alliés de Taïwan. On l’aura compris, la Chine mène une politique étrangère tous azimuts qui se moque de l’orientation politique ou même stratégique des pays africains qu’elle approche.
8 Longtemps ignoré ou passé sous silence, un troisième type d’objectif, plus stratégique, s’est peu à peu imposé à la Chine ces dernières années : la sécurité de ses intérêts et ressortissants en Afrique, et partant du continent. L’essor sans précédent des implantations d’entreprises et des projets de coopération chinois, la présence croissante d’une main-d’œuvre puis d’une nouvelle diaspora en provenance de la République populaire sur le continent (entre 2 millions et 5 millions aujourd’hui) ont multiplié les incidents (assassinats, prises d’otages, tensions avec la population locale), faisant prendre conscience à Pékin du besoin de renforcer la protection consulaire de ses sociétés et de ses citoyens. L’évacuation réussie de plus de 35000 Chinois de Libye en 2011 a accéléré cette prise de conscience. La participation de la Chine depuis la fin 2008 à la lutte contre la piraterie en mer au large du golfe d’Aden ou, sous l’égide de l’ONU, à diverses opérations de maintien de la paix sur le continent africain (RDC, Côte d’Ivoire, Soudan, Liberia, Sahara occidental et bientôt Mali) illustre cette montée des préoccupations sécuritaires de la République populaire.
9 Enfin, conséquence des objectifs précédents, la Chine s’efforce plus activement de neutraliser ou de désamorcer les critiques et les tensions que sa nouvelle présence en Afrique a pu faire apparaître, non seulement en mobilisant des moyens diplomatiques et financiers autrement plus importants qu’autrefois et en y associant une capacité de communication et des éléments de « puissance douce » (soft power) que nous avons brièvement évoqués. Mais aussi en s’adaptant, en ajustant constamment sa politique, en fonction des résistances rencontrées localement ou même des reproches émis par la communauté internationale. Les pressions exercées par Pékin sur le régime d’Al-Bachir pour accepter une force d’interposition mixte ONU-Union africaine en 2007 au Darfour, ou plus récemment en 2012 le rôle qu’a joué la Chine dans les négociations entre Khartoum et Djouba pour rouvrir l’oléoduc entre les deux Soudans illustrent cette capacité d’évolution. Il est vrai que ces changements servent des intérêts nationaux bien compris – le déroulement sans risques de boycott des Jeux olympiques de 2008 à Pékin, la reprise de ses approvisionnements pétroliers en provenance des Soudans (80 % des réserves sont au sud). Mais on a trop souvent négligé l’aspect dynamique et par conséquent évolutif de la politique africaine de la Chine.
10 La raison principale de ce besoin constant d’adaptation est connue : au cours de la dernière décennie, la Chine est entrée dans la cour des grands, et même des très grands partenaires économiques, politiques, voire stratégiques de l’Afrique.
L’irruption sans précédent de la présence chinoise en Afrique [4]
Un volume d’échanges commerciaux en rapide expansion
11 La présence chinoise en Afrique est d’abord économique et avant tout commerciale. En effet, les échanges bilatéraux entre la République populaire et les pays africains ont explosé, passant de 12 milliards à 200 milliards de dollars américains entre 2000 et 2012, élevant le pays au deuxième rang des partenaires commerciaux de l’Afrique (Afrique du Nord comprise) derrière l’Union européenne (439 milliards), mais devant les États-Unis depuis 2009. En 2008, ce pays était encore le premier fournisseur de l’Afrique (118 milliards) devant la Chine (56 milliards), mais en 2011 les exportations chinoises atteignaient 73 milliards tandis que ses importations s’élevaient à 93 milliards, soit un total d’échanges de 166 milliards de dollars, contre 115 milliards pour les États-Unis [5]. Officiellement encore déficitaire (20 milliards en 2011), le commerce Chine-Afrique n’inclut pas Hong Kong d’où de nombreux produits sont réexportés (268 milliards de dollars d’importations en provenance du continent en 2011, troisième place après l’UE et les États-Unis). On peut donc penser que ces échanges sont globalement plus équilibrés que ne le disent les statistiques chinoises, et que les achats africains de produits chinois ont dépassé les 100 milliards de dollars en 2012.
12 Évidemment, le commerce est plus déficitaire pour la Chine avec les pays qui lui vendent des matières premières ou des ressources naturelles, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, le Congo, la RDC, la Libye, le Soudan et la Zambie. Mais certains exportateurs de produits énergétiques, comme l’Algérie, en raison de leurs importants besoins intérieurs, ou le Nigeria, du fait aussi de la faiblesse des ventes de pétrole à la République populaire, connaissent un déficit avec la Chine. Et avec la grande majorité des États africains, de l’Éthiopie à la Tunisie, de l’Égypte au Ghana, du Maroc au Kenya, du Bénin à la Centrafrique, Pékin enregistre un fort excédent. Plus généralement, au cours des années 2000, la Chine est peu à peu devenue le premier fournisseur de la majorité des pays africains (voir tableau 1).
LES DOUZE PREMIERS PARTENAIRES DE LA CHINE EN AFRIQUE EN 2011 (EN MILLIONS DE DOLLARS AMÉRICAINS ET POURCENTAGES DES ÉCHANGES CHINE-AFRIQUE)
Pays (rang) | Exportations chinoises | Importations chinoises | Total |
Afrique du Sud (1) | 13362 (18,3 %) | 32108 (34,4 %) | 45470 (27,3 %) |
Algérie (6) | 4472 (6,1 %) | 1960 (2,1 %) | 6432 (3,9 %) |
Angola (2) | 2784 (3,8 %) | 24922 (2,7 %) | 27206 (16,4 %) |
Congo-Brazza (7) | 490 (0,7 %) | 4672 (5 %) | 5162 (3,1 %) |
Égypte (5) | 7283 (10 %) | 1518 (1,6 %) | 8801 (5,3 %) |
Ghana (11) | 3110 (4,3 %) | 363 (0,4 %) | 3473 (2,1 %) |
Liberia (8) | 4967 (6,8 %) | 41 (0,04 %) | 5008 (3 %) |
Maroc (10) | 3402 (4,7 %) | 477 (0,5 %) | 3519 (2,1 %) |
Nigeria (4) | 9204 (12,6 %) | 1584 (1,7 %) | 10788 (6,5 %) |
RD Congo (9) | 827 (1,1 %) | 3160 (3,4 %) | 3987 (2,4 %) |
Soudan (3) | 1995 (2,7 %) | 9541 (10,2 %) | 11536 (6,9 %) |
Zambie (12) | 617 (0,8 %) | 2772 (3 %) | 3389 (2 %) |
Total | 73083 (100 %) | 93240 (100 %) | 166323 (100 %) |
LES DOUZE PREMIERS PARTENAIRES DE LA CHINE EN AFRIQUE EN 2011 (EN MILLIONS DE DOLLARS AMÉRICAINS ET POURCENTAGES DES ÉCHANGES CHINE-AFRIQUE)
13 Les importations chinoises restent dominées par les ressources naturelles (80 % en 2010 comme en 2000), moins par les produits pétroliers (65 % contre 75 %) et plus par les minerais (15 % contre 5 %). L’agroalimentaire a aussi baissé (5 % contre 10 %) tandis que les achats de produits manufacturés de base n’ont connu qu’une hausse relativement modeste (15 % contre 5 %).
14 Contrairement à une idée persistante, la structure des exportations chinoises n’est plus dominée par les biens de consommations – ceux-ci ne représentent que 20 % des ventes – mais par les biens d’équipements (36 %) et les biens intermédiaires (35 %), liés aux importants besoins en infrastructures du continent.
De multiples projets d’infrastructure
15 C’est en effet l’autre volet le plus visible de la présence chinoise en Afrique. Les entreprises chinoises y signent près du tiers de leurs contrats internationaux de projets d’infrastructures. Elles y réalisent environ 40 % des projets financés par la Banque mondiale et représentent probablement 10 % de l’ensemble de l’investissement africain en infrastructures. Les contrats sont obtenus soit par appel d’offres soit selon une formule connue en anglais sous le nom d’Angola model. Pour ce qui concerne les projets de construction de routes, de voies ferrées, de barrages ou d’installations portuaires, les entreprises chinoises sont très souvent les mieux-disantes. Ces projets sont parfois financés par la Chine (l’Exim Bank ou la Banque chinoise de développement) mais aussi par la Banque mondiale, l’Union européenne ou la Banque africaine de développement.
16 L’Angola model consiste pour la Chine à acheter des matières premières, en l’occurrence du pétrole, au moyen de projets d’infrastructures financés par l’Exim Bank. Testé en Angola (en dépit de ses évolutions ultérieures) et adopté dans de nombreux pays africains, ce système contribue à attacher le pays client aux entreprises et financements chinois. Ces projets utilisent souvent une main-d’œuvre en grande partie chinoise.
17 Quoi qu’il en soit, il est devenu très difficile pour les entreprises européennes, américaines ou japonaises de concurrencer la Chine dans ces secteurs. Cela étant, il est particulièrement ardu d’estimer le nombre des projets chinois en Afrique et le montant des sommes engagées. Les spécialistes sont divisés et le débat a de fortes chances de se poursuivre tant que Pékin n’en dira pas plus sur son action et son aide financière sur ce continent. Deux erreurs sont souvent commises : la première consiste à amalgamer les projets d’infrastructures aux investissements directs (ID) chinois ; la seconde, à inscrire sous le chapitre de l’aide l’ensemble des prêts accordés par Pékin.
Des investissements directs encore modestes mais en hausse rapide
18 Les ID chinois en Afrique sont longtemps restés relativement modestes et n’ont commencé à augmenter qu’à la fin des années 2000 : 5,8 milliards en 2008, puis 2,1 milliards en 2010 et 3,2 milliards en 2011, d’après le ministère chinois du Commerce. Ainsi, le stock des investissements chinois sur ce continent est passé de 0,5 milliard de dollars en 2003 (1,5 % du total des ID chinois à l’étranger) à 16,2 milliards en 2011 (3,8 %) [6]. Il est vrai que d’autres sources contestent ces données : ainsi la Heritage Foundation évaluait en janvier 2013 le stock d’investissements chinois en Afrique subsaharienne à 97,8 milliards de dollars, contre 58,2 milliards au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ; mais ce chiffre inclut l’ensemble des projets d’investissements chinois, par définition étalés sur de nombreuses années et encore loin d’être tous réalisés : il indique donc une tendance plutôt que le stock réel d’ID chinois en Afrique (voir tableau 2).
LE STOCK D’INVESTISSEMENTS CHINOIS EN AFRIQUE À LA FIN 2011 (EN MILLIONS DE DOLLARS AMÉRICAINS)
Pays (rang, d’après les données chinoises) | Ministère chinois du Commerce | Heritage Foundation* |
Afrique du Sud (1) | 4060 (25 %) | 8600 (8,8 %) |
Algérie (5) | 1059 (6,5 %) | 10500 (10,7 %) |
Angola (13) | 401 (2,5 %) | 6500 (6,6 %) |
Botswana (17) | 200 (1, 2 %) | |
Cameroun (31) | 62 (0,4 %) | 4600 (4,7 %) |
Congo (20) | 142 (0,9 %) | 2000 (2 %) |
RD Congo (6) | 709 (4,3 %) | 7800 (8 %) |
Égypte (12) | 403 (2,5 %) | 4000 (4,1 %) |
Éthiopie (10) | 427 (2,6 %) | 7800 (8 %) |
Gabon (21) | 127 (0,8 %) | |
Ghana (15) | 270 (1,7 %) | 4400 (4,5 %) |
Guinée (18) | 168 (1 %) | 1900 (1,9 %) |
Île Maurice (7) | 606 (3,7 %) | |
Kenya (14) | 309 (1,9 %) | |
Liberia (23) | 115 (0,7 %) | 110 (0,1 %) |
Libye (29) | 68 (0,4 %) | 4300 (4,4 %) |
Mali (19) | 160 (1 %) | |
Madagascar (16) | 254 (1,6 %) | 290 (0,3 %) |
Niger (9) | 430 (2,6 %) | 5200 (5,3 %) |
Nigeria (3) | 1416 (8,7 %) | 15600 (16 %) |
Ouganda (22) | 126 (0,8 %) | 1900 (1,9 %) |
Sierra Leone (34) | 52 (0,3 %) | 4700 (4,8 %) |
Tchad (24) | 108 (0,7 %) | 6800 (7 %) |
Soudan (2) | 1526 (9,4 %) | 2500 (2,6 %) |
Sud-Soudan | 1400 (1,4 %) | |
Tanzanie (11) | 407 (2,5 %) | |
Zambie (4) | 1200 (7,4 %) | 3900 (4 %) |
Zimbabwe (8) | 576 (3,5 %) | 900 (0,9 %) |
Total Afrique subsaharienne | 97800 (100 %) | |
Total Afrique | 16244 (100 %) |
LE STOCK D’INVESTISSEMENTS CHINOIS EN AFRIQUE À LA FIN 2011 (EN MILLIONS DE DOLLARS AMÉRICAINS)
* En janvier 2013.19 Les ID chinois sont en outre concentrés dans un petit nombre de pays : l’Afrique du Sud d’abord (4,1 milliards à 8,6 milliards), le Soudan (1,5 milliard à 2,5 milliards), le Nigeria (1,4 milliard à 15,6 milliards), la Zambie (1,2 milliard à 3,9 milliards) et l’Algérie (1,1 milliard à 10,6 milliards). La RDC (République démocratique du Congo) pourrait rejoindre ce groupe si l’on s’appuie sur les annonces faites (7,8 milliards) mais prudence doit être gardée tant ce pays reste un terrain peu propice aux investissements étrangers, sauf au Katanga où cependant, mis à part le secteur du cuivre (JV de Sicomines avec Gécamines, 3 milliards d’ID), la Chine peine à pénétrer, la région étant dominée par de grands groupes occidentaux ou sud-africains. Les ID chinois restent principalement orientés vers les industries pétrolières (6 milliards de dollars en 2011) et extractives (13 milliards).
20 Afin de stimuler les ID chinois, notamment dans le secteur manufacturier, Pékin a annoncé à la FOCAC de 2006 le financement de six zones économiques spéciales (ZES) en Afrique : deux en Zambie et au Nigeria, une à l’île Maurice, et une en Éthiopie [Brautigam, Farole et Tang, 2010]. Si d’autres projets officiels de ZES, par exemple en Égypte, ont été englués dans des problèmes de corruption, les entrepreneurs chinois provinciaux ou privés ont mis en place des parcs industriels dans un certain nombre de pays comme l’Afrique du Sud, le Botswana, le Nigeria, l’Ouganda et le Sierra Leone [Brautigam et Tang, 2011, p. 31]. Ces nouvelles implantations ont permis le développement d’industries textiles, de chaussures ou même d’assemblages de motocyclettes (Tanzanie) ou de voitures (Lifan en Éthiopie). Toutefois, l’environnement reste ardu, sauf en Afrique du Sud où la Banque industrielle et commerciale de Chine a acquis 20 % de la banque Barclays locale.
21 Parmi les secteurs en plein essor, signalons celui des télécommunications qui permet à ZTE et à Huawei de gagner des parts de marché au détriment des fournisseurs traditionnels (Alcatel, Ericsson, etc.).
Un accaparement de terres encore limité
22 Du fait de la diminution des terres cultivables en Chine, Pékin cherche à développer ses industries agroalimentaires en Afrique, continent qui inclut 31 % des terres arables non cultivées de la planète [Boillot et Dembinski, 2012, P. 285]. Les opérateurs chinois sont à la fois des entreprises d’État nationales ou provinciales et des entrepreneurs privés. Ces opérateurs sont principalement engagés dans la production de céréales, de cultures industrielles (huile de palme) et dans l’élevage. Un nombre croissant d’entre eux alimente aussi en légumes, volailles et porcs les nouvelles communautés chinoises qui s’implantent un peu partout en Afrique. On a beaucoup exagéré l’accaparement des terres (ce que l’on appelle en anglais le land grabbing) par les Chinois en Afrique ; mis à part en RDC, la taille des exploitations est relativement faible. Les acquisitions chinoises de terres (souvent des locations ou des leases, c’est-à-dire des baux emphytéotiques) ne représentent que 3 % à 4 % des acquisitions de terres par les étrangers en Afrique [Chaponnière et Gabas, 2012 ; Outre-Terre, 2011, p. 151-170]. Dans certains États comme l’Éthiopie, le Kenya ou le Sénégal, les entreprises européennes et indiennes sont beaucoup plus actives. Parmi les pays où l’agrobusiness chinois s’est implanté, signalons la Zambie, la Guinée, la Tanzanie, le Gabon, le Ghana, le Mali, le Togo, la Mauritanie et le Mozambique.
Une aide encore largement « liée » et principalement fondée sur des prêts avantageux
23 Quid de l’aide chinoise à l’Afrique ? Tout d’abord, pendant longtemps, la République populaire refusait de parler d’« aide », elle préférait les termes « coopérations gagnant-gagnant » ou « assistance mutuelle » entre pays du Sud. Ce n’est que dans son Livre blanc sur l’aide au développement publié en avril 2011 que le gouvernement chinois adopta cette notion. Ce document inclut dans l’assistance officielle chinoise au développement les dons (parfois en nature comme les écoles ou les hôpitaux), les prêts sans intérêt, les prêts concessionnels (qui incluent une part de don d’au moins 25 %), les dépenses de formation et d’assistance technique, ainsi que les annulations de dettes. A priori peu de différence avec les formes d’aide des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Néanmoins, les données chiffrées sur l’aide chinoise sont peu nombreuses et les méthodes de calcul de l’aide différentes de celles de l’OCDE où la part de don (en général 30 %) est essentielle. Le Livre blanc de 2011 révélait qu’entre 1949 et 2009 la Chine avait fourni 37,7 milliards de dollars d’aide au développement (15,6 milliards de dons, 11,3 milliards de prêts sans intérêt, et 10,8 milliards de prêts concessionnels) dont la moitié à l’Afrique. Le flux annuel d’aide n’est pas connu. Il était estimé en 2011 à près de 4 milliards de dollars (dont 1 milliard de dons et environ 400 millions d’annulations de dettes et le reste de prêts concessionnels) contre 1 milliard en 2006 et 2,5 milliards en 2009 [Brautigam, 2011]. À titre de comparaison, l’aide publique au développement française s’élevait en 2010- 2011 à 14,4 milliards de dollars dont 41 % destinés à l’Afrique [7] (OCDE). De fait, sur la base des annonces faites aux FOCAC successifs, l’assistance chinoise prend surtout la forme de prêts concessionnels : 5 milliards pour la période 2009-2012 et 20 milliards pour les années 2012-2015 [8]. Pour ces raisons, on estime que la Chine n’est pas encore un grand fournisseur d’aide à proprement parler à l’Afrique : son aide ne représente que 6 % de l’ensemble de l’aide du CAD de l’OCDE. En outre, si aucune condition politique officielle (sauf l’abandon de Taïwan) ou de bonne gouvernance n’est attachée à l’aide chinoise, en revanche les prêts sont liés à des projets de développement ou d’infrastructures qui stimulent les relations économiques entre la Chine et l’Afrique et favorisent les exportations de l’une vers l’autre [Chaponnière et Gabas, chap. 2 et 3]. Contrairement à l’occidentale, l’aide chinoise est donc encore largement liée. Si la Chine refuse de rejoindre les groupes de bailleurs comme le Club de Paris, elle a adhéré à la Banque africaine de développement où sa contribution est symbolique.
24 L’aide chinoise est gérée à la fois par les ministères des Finances, des Affaires étrangères et du Commerce. Leur action n’est pas toujours bien coordonnée. La plupart des prêts sont alloués à travers l’Exim Bank et la Banque chinoise de développement. On ne connaît pas la répartition de l’aide chinoise par pays. Consacrée à près de 70 % aux projets d’infrastructures, celle-ci se concentre probablement là où les groupes d’État chinois sont les plus présents (Éthiopie, RDC, Angola, Ghana), contribuant à endetter ces pays parfois de manière préoccupante.
Des relations humaines en plein essor
25 Enfin, cette explosion des relations économiques et commerciales s’est accompagnée d’un développement sans précédent des relations humaines entre la Chine et l’Afrique. La forme principale de cet essor est l’immigration d’un nombre difficile à déterminer de Chinois vers ce continent depuis la fin des années 1990 (2 millions à 5 millions). Mais, inversement, un nombre croissant mais non plus aisé à évaluer d’Africains se rendent en Chine [9], plus tant à la Foire de Canton qu’au marché en gros de Yiwu au Zhejiang, et s’y installent pour des périodes plus ou moins longues [Bodomo, 2012]. Les mariages mixtes sino-africains ont commencé à augmenter même si, pour des raisons culturelles, ils sont encore souvent mal vus.
26 Enfin, le tourisme chinois en Afrique est apparu au cours de la dernière décennie, amenant de plus en plus de groupes vers les parcs animaliers de l’est ou du sud du continent (Kenya, Tanzanie, Botswana et surtout Afrique du Sud). Bien que la proportion de visiteurs chinois qui se rendent en Afrique (2,3 % en 2010) reste faible, la progression de leur nombre est très rapide (710000 en 2010 contre 91000 en 2000) et vouée à s’accélérer [10]. Autant d’évolutions de nature à favoriser une multiplication des vols directs entre la Chine et les principaux aéroports du continent africain (Addis-Abeba, Nairobi, Johannesburg). Mais, au-delà de cette présence économique et humaine incontournable, la Chine est-elle parvenue à accroître son influence politique en Afrique ?
Quelle influence politique ?
Un activisme diplomatique impressionnant
27 Il est clair que, déjà considérée de manière généralement positive à la fin du siècle dernier, la Chine est aujourd’hui devenue un partenaire diplomatique privilégié de l’Afrique. L’essor sans précédent des relations économiques et commerciales ainsi que la multiplication des projets de développement chinois sur ce continent ont indéniablement modifié le regard de nombreux Africains. L’irruption de la Chine a changé la donne, ouvert de nouvelles options aux gouvernements africains et leur a permis d’améliorer leur position dans les négociations avec les partenaires et donneurs traditionnels (Union européenne, États-Unis, Japon). Aucune capitale du « continent noir » ne peut aujourd’hui ignorer Pékin, pas même celles qui ont maintenu des relations officielles avec Taipei [11]. Étant devenue le premier partenaire commercial de nombreux pays africains, la Chine pèse comme jamais elle n’avait pu l’espérer sur leur politique étrangère [12]. Mais surtout, cette nouvelle emprise économique a été stimulée par un « activisme diplomatique » que l’Occident peine à concurrencer. Mobilisant l’ensemble de l’appareil du Parti-État, les autorités chinoises parviennent à envoyer chaque année en Afrique un nombre impressionnant de délégations, souvent dirigées par un membre de la direction suprême du pays, le Comité permanent du Bureau politique (sept membres depuis 2012). Restant à l’écart des problèmes politiques intérieurs que ces États connaissent et ignorant leurs atteintes aux droits de l’homme, la République populaire est de plus en plus favorablement accueillie comme une alternative aux diplomaties occidentales, rappelant mutatis mutandis, c’est-à-dire avec plus de moyens financiers ici, moins là, la rivalité Est-Ouest dans le tiers-monde à l’époque de l’Union soviétique. En retour, la plupart des pays africains, même les plus puissants, évitent désormais les sujets qui fâchent : par exemple, en 2009 et à nouveau en 2012, en dépit des critiques intérieures, le président sud-africain Jacob Zuma refusa fermement d’accorder un visa d’entrée au dalaï-lama.
28 En conséquence, sur le plan diplomatique la Chine est, d’une part, parvenue à maintenir des relations privilégiées avec ses partenaires traditionnels autrefois d’orientation socialiste comme l’Algérie, le Bénin, la Guinée-Conakry, le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe ou encore la Tanzanie et le Congo-Brazzaville – où le président Xi Jinping s’est rendu en avril 2013. Elle reste aussi active chez ses vieux complices antioccidentaux comme le Soudan. D’autre part, elle a réussi à forger des relations particulièrement étroites avec des « amis » plus ou moins récents comme l’Angola, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Niger, le Nigeria ou le Sud-Soudan et avance rapidement ses intérêts dans les nouveaux pays émergents du continent, tels le Ghana, le Maroc, l’île Maurice et le Sénégal. Elle marque en somme des points partout, de la Tunisie à la Namibie, du Cameroun à l’Ouganda, de la Mauritanie au Rwanda, de Madagascar aux Seychelles.
29 Les sommets Chine-Afrique triennaux apportent à cette relation un supplément de panache et de multilatéralisme qui contribue non seulement à rehausser le statut particulier de la Chine sur ce continent mais aussi à consolider le caractère désormais mondial de la puissance chinoise, ou tout au moins de la perception de cette puissance. Comme l’a montré la rencontre de Durban en avril 2012, les sommets des BRICS, dont l’Afrique du Sud est membre depuis 2011, concourent aussi à renforcer la connivence antioccidentale (ou non occidentale) parmi les grands émergents et, partant, à favoriser de nouvelles alternatives aux financements traditionnels (projet de banque des BRICS chaudement soutenu par la Chine).
Une coopération militaire florissante
30 Ce resserrement des liens n’a pas seulement été alimenté par les échanges et les projets d’infrastructures croissants que l’on sait ; la coopération militaire, florissante, y a aussi contribué. Ainsi, au cours de la période 2006-2010, la Chine est devenue le principal fournisseur en armements de l’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue), soit 25 % du total, devant l’Ukraine (20 %) et la Russie (11 %). Inversement, l’on estime que cette partie du « continent noir » reçoit 11 % des exportations chinoises d’armes [Wezeman, 2011] [13]. Les ventes d’armes chinoises incluent principalement des véhicules de transport, des blindés, et surtout des armes légères et de petit calibre. Néanmoins, avec certains partenaires (Égypte, Ghana, Nigeria, Soudan, Tanzanie, Zimbabwe) ces transferts comprennent aussi des avions de combat ou de transport, des hélicoptères, des bateaux, des chars et des pièces d’artillerie. Les principaux clients de la Chine sont les pays cités ci-dessus ainsi que l’Algérie, la Zambie, l’Érythrée, l’Éthiopie, la Guinée, le Maroc, la Namibie et le Tchad. La Chine a aussi aidé à la construction d’usines de munitions et d’armes légères, notamment au Mali et en Ouganda. La Chine forme régulièrement quelques officiers d’un certain nombre de pays africains, en priorité de ceux auxquels elle fournit des armements.
Le modèle chinois à l’assaut de l’Afrique ?
31 Enfin, l’on est en droit de s’interroger sur l’attractivité qu’exercent auprès des Africains aujourd’hui la République populaire et sa réussite économique. De fait, de plus en plus de gouvernements africains mettent en place des ZES et cherchent à dynamiser leurs exportations de produits manufacturés. Même si la Chine se défend de vouloir délibérément exporter son modèle de développement autoritaire, elle ne peut qu’être satisfaite de voir se diffuser en Afrique (et ailleurs), par exemple au Congo, en Éthiopie ou au Cameroun [Ateba Eyene, 2010], des idées qui découlent du fameux « consensus de Pékin » (dont l’auteur, Joshua Cooper Ramo, est toutefois américain), la principale critique antilibérale du « consensus de Washington ». Les relations que le Parti communiste chinois a développées avec un nombre croissant de formations politiques africaines, et pas uniquement dans les pays autoritaires comme l’Éthiopie ou le Congo, y contribuent. Finalement, plus qu’à l’époque de la guerre froide, bon nombre de pays africains voient dans la Chine un contrepoids utile à l’influence politique et idéologique occidentale.
32 Toutefois, il faut se méfier des généralisations abusives : l’Afrique est plurielle et fragmentée, et la densité des relations que les États et les sociétés de ce continent entretiennent avec la Chine ainsi que l’image qu’ils en ont varient et évoluent. Ces dernières sont loin d’être toujours positives. De fait, partie prenante au développement économique mais aussi politique de l’Afrique et à sa sécurité, le gouvernement chinois fait face à de nouveaux défis et devra sans doute prendre de nouvelles responsabilités. Enfin, en dépit des avancées de Pékin, l’Afrique n’est pas non plus devenue une « chasse gardée » de la République populaire, loin de là.
Les difficultés de la Chine en Afrique : un modus operandi et une image contestés
Les principales critiques et sources de tension : la Chine est-elle néocoloniale ?
33 Il est impossible dans cette courte synthèse de faire état de l’ensemble des critiques des Africains à propos de l’irruption de la Chine sur leur continent et des sources de tension que cette nouvelle présence a sécrétées. Les trois principales sont probablement l’utilisation à grande échelle de la main-d’œuvre chinoise, l’arrivée incontrôlée d’une nouvelle diaspora en provenance de République populaire et la mauvaise qualité des produits que celle-ci exporte et des infrastructures qu’elle réalise.
34 L’utilisation systématique de la main-d’œuvre chinoise sur les projets d’infrastructures a soulevé tant de critiques, en particulier au sein des pays africains qui connaissent pour la plupart un taux élevé de chômage, que la Chine semble avoir évolué. De fait, certaines entreprises de construction concentrent de plus en plus la main-d’œuvre chinoise dans les postes de responsabilité ou d’encadrement (ingénieurs, techniciens, managers) ; en outre, plusieurs entreprises, comme Huawei dans les télécommunications, affichent d’ambitieux programmes de formation du personnel local. L’augmentation rapide depuis la fin des années 2000 du coût de la main-d’œuvre chinoise contribue aussi à en réduire le nombre. Cependant, les entreprises chinoises sont encore loin de pouvoir modifier leur modus operandi. Par exemple, en 2011, les Chinois ont obtenu 258000 visas de travail de l’Angola [14]. En Éthiopie, ils seraient plus de 100000, travaillant pour la plupart sur les multiples projets d’infrastructures réalisés par la Chine [Cabestan, 2012]. Même estimation pour le Nigeria où ils seraient désormais plus nombreux que la communauté indienne locale.
35 Encouragée par la politique du zouchuqu, l’immigration chinoise vers l’Afrique semble limitée pour la Chine, mais elle pèse de manière autrement plus importante sur les sociétés où elle se répand. Non seulement parce que les pays africains sont en général peu peuplés, mais parce que ces migrants concurrencent parfois directement les acteurs économiques locaux, en particulier dans les secteurs de la distribution et du petit commerce. La porosité des frontières en Afrique, l’accueil souvent favorable réservé sur ce continent aux étrangers (y compris en provenance d’autres pays africains) et la corruption des polices locales freinent toute amélioration du contrôle de ce nouvel afflux de Chinois, multipliant les frictions et les incidents au cours de ces dernières années, de Dakar à Yaoundé, de Chambezi (Zambie) à Alger. En outre, lorsque la tension politique intérieure augmente, les Chinois peuvent rapidement devenir en Afrique, comme hier en Asie du Sud-Est, les boucs émissaires des maux que connaissent ces sociétés.
36 Concernant la qualité des produits et des infrastructures chinois, les avis sont plus partagés et le débat est loin d’être clos. Certains estiment que les importations bas de gamme en provenance de Chine ont permis à de multiples Africains d’accéder à la consommation, que les équipements télécoms fournis par ZTE ou Huawei sont adaptés aux besoins et aux moyens du continent et que, avec autant d’argent, les entreprises chinoises permettent de faire plus. Cependant, l’expression « T’achètes chinois, t’achètes deux fois ! » résume l’image des produits chinois [15] ; et les critiques contre les routes ou les ponts défectueux ou rapidement hors d’usage construits par la Chine sont assez courantes.
37 D’autres problèmes affectent négativement les relations entre l’Afrique et la Chine, au premier rang desquels il faut citer le caractère « verrouillé » de la majorité des projets d’infrastructures et « lié » de l’aide de ce pays [Sindzingre, 2011]. Dans ces cas, Pékin dit mettre en place un appel d’offres parmi les opérateurs chinois, mais le système reste particulièrement opaque. Il en est de même de l’évaluation du coût des réalisations. En ce sens, la Chine est restée plus « néocoloniale » que les partenaires traditionnels de l’Afrique.
38 D’autres questions plus débattues aujourd’hui sont le niveau d’endettement à l’égard de la République populaire, devenu aux yeux de certains Africains préoccupant, et les mauvaises conditions de travail offertes par les entreprises chinoises. Sur cette dernière question, il semble que les incidents qui ont affecté ces dernières années les mines exploitées par la Chine en Zambie ont acquis une valeur emblématique [16]. En dépit des efforts déployés par Pékin afin de battre en brèche le sentiment dominant que ses ambassades et ses entreprises agissent de manière opaque et d’abord dans leur propre intérêt, cette perception a peu de chances d’évoluer, pour deux raisons contradictoires. La première est l’impression assez tangible en Afrique que la Chine agit et place ses pions à la manière d’un vaste conglomérat politico-économique, comme une sorte de China Inc. Les liens étroits entre les représentations et les chambres de commerce et d’industrie chinoises l’attestent. En même temps, on le sait, les autorités chinoises n’exercent qu’une emprise toute relative sur leurs entreprises, que celles-ci soient publiques ou privées, tout particulièrement pour ce qui concerne le droit du travail. En outre, les projets triangulaires (Chine-Occident-Afrique) demeurent marginaux, accueillis avec réticence par les Africains qui y voient une réduction de leur marge de manœuvre.
39 Pour leur part, et ceci alimente le syndrome du China Inc., la Chine et ses principaux opérateurs hésitent à coopérer avec les gouvernements ou partenaires industriels occidentaux, considérant l’Afrique, de même que les autres parties et marchés du monde, avant tout comme autant de lieux de rivalité stratégique et de concurrence économique, et ceci en dépit d’un discours mettant en avant, tel un rideau de fumée, le caractère « gagnant-gagnant » de son action. Cette approche est de nature à compliquer les relations de la Chine avec un certain nombre de pays africains restés attachés à leurs partenaires traditionnels ou liés à ces derniers par des accords de défense et de sécurité qu’ils jugent vitaux (Sénégal, Niger). Elle affecte aussi négativement ses relations avec les poids lourds du « continent noir », notamment l’Afrique du Sud et dans une moindre mesure le Nigeria ou le Kenya.
40 En somme, l’émergence à grande échelle de la présence de la Chine en Afrique et l’apparition de nouvelles asymétries, peut-être plus saillantes encore qu’autrefois, ont contribué à modifier la perception de la République populaire sur ce continent. Certes, l’image de la Chine et des Chinois reste dans l’ensemble positive, comme d’ailleurs celle des États-Unis, en particulier depuis l’élection d’Obama. Néanmoins, celle-ci s’est en partie détériorée, notamment en Égypte, au Kenya et en Afrique du Sud [17]. Et dans certains pays comme le Nigeria pourtant autrefois très favorable à la République populaire, elle est plus contestée. Le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, n’a-t-il pas en mars 2013 accusé Pékin de « néocolonialisme [18] » ? Cette tribune était aussi un appel au réalisme et à une meilleure gouvernance, seuls moyens à ses yeux pour défendre les intérêts du continent face à une Chine conquérante. Elle met aussi en lumière combien les relations avec la Chine sont devenues un enjeu de politique intérieure en Afrique.
La Chine, enjeu de politique intérieure en Afrique
41 C’est sans doute en 2006 que cette nouvelle dimension de la présence chinoise en Afrique est apparue publiquement : cette année-là, en Zambie, le principal candidat de l’opposition à l’élection présidentielle, Michael Sata, fit campagne sur une plate-forme très critique à l’égard de la Chine, à tel point que les diplomates de Pékin menacèrent de rompre les relations avec Lusaka en cas de victoire de ce dernier. Alors battu, Sata fut élu président cinq ans plus tard, contraignant chaque partie à trouver un terrain d’entente. Sata a abandonné son discours antichinois tandis que Pékin est rapidement parvenu à l’amadouer. Mais cet épisode a montré combien les relations avec la Chine se sont peu à peu invitées dans les débats politiques africains. Si, dans les autres pays pluralistes, les lignes de fractures sont moins fortes, le niveau d’endettement à l’égard de la Chine (Ghana en 2012), les effets des importations chinoises sur l’économie locale (Kenya en mars 2013), le contrôle de l’immigration en provenance de République populaire (Nigeria, Sénégal) sont devenus d’importants sujets politiques et électoraux.
42 Comme on peut le constater, en dépit de ses efforts d’adaptation, la diplomatie chinoise fait face à de nouvelles responsabilités et de nouveaux défis.
Nouveaux défis et nouvelles responsabilités
43 Face à ces nouveaux défis, la politique africaine de Pékin devra évoluer. La Chine est déjà amenée à beaucoup plus se préoccuper à la fois de son image et de l’impact des multiples facettes de son action et de sa présence en Afrique. Elle devra aussi assouplir sa position de principe en matière de non-interférence dans les affaires intérieures et s’investir plus directement dans les problèmes de sécurité du continent.
44 Tout d’abord, la Chine est contrainte de se soucier autrement plus qu’auparavant de la sécurité de ses ressortissants et de ses entreprises installés en Afrique. Elle ne peut améliorer sa protection consulaire que si elle est capable de mieux enregistrer les uns et identifier les autres. Or, engagés parfois dans des activités douteuses (trafics de drogues ou d’ivoire, prostitution, exploitation illégale de l’or), de nombreux migrants chinois préfèrent rester loin des représentations officielles de leur pays.
45 La gestion de ces migrants a obligé les autorités chinoises à travailler plus étroitement avec les forces de sécurité locale. Ainsi, en 2012, un vaste réseau de la mafia chinoise engagé dans l’extorsion, les enlèvements et la prostitution a été démantelé en Angola et ses principaux membres ont été rapatriés avec la collaboration de la sécurité publique chinoise [19]. Des problèmes similaires sont apparus au Nigeria ou en Guinée. Au Ghana, où les chercheurs d’or chinois ont afflué ces dernières années, les conflits avec les exploitants locaux se sont multipliés, contraignant Accra à procéder régulièrement à des expulsions et Pékin à plus étroitement coopérer avec la police locale.
46 Plus largement, au regard de l’ampleur et de la diversité de son engagement, la Chine ne peut plus rester totalement westphalienne en Afrique car les Africains l’acceptent de moins en moins. Les problèmes de sécurité intérieurs ou transnationaux la concernent directement ou indirectement, que ce soit au Darfour, au Nord-Kivu ou en Ogaden. Si les autorités chinoises ont accepté de contribuer plus largement aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, elles restent plus réactives que proactives lorsque les États africains font face à des crises ou des défis de sécurité. Ainsi, en janvier 2013, elle est demeurée longtemps très discrète par rapport à l’opération militaire française au Mali, qu’elle a pourtant soutenue. À la conférence d’Addis-Abeba tenue peu après, comme l’Inde, mais à la différence des grands pays représentés, elle n’a contribué que de manière très symbolique (1 million de dollars américains) à l’effort financier demandé par l’Union africaine à la communauté internationale pour soutenir le déploiement d’un contingent africain de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) au nord du Mali [20]. Il est vrai qu’elle a accepté en mai 2013 de mettre 500 casques bleus à la disposition de la partie onusienne de cette opération. Mais cet exemple montre combien la Chine hésite encore à jouer un plus grand rôle dans la sécurité de l’Afrique, accordant la priorité à la sécurisation de ses voies d’approvisionnement maritimes et potentiellement à la mise en place de bases d’appui logistique dans certains ports de la côte orientale du continent [21].
47 Enfin, le gouvernement chinois a été accusé de manière récurrente de ne pas suffisamment contrôler ses transferts d’armements, et tout particulièrement d’armes légères vers l’Afrique, ignorant ou feignant d’ignorer leurs utilisateurs finaux. De plus, il ne respecte pas toujours les règles en matière de notification à l’ONU de ses ventes d’armes. Par exemple, en 2009, il a fourni à la RDC du matériel militaire alors que ce pays faisait à l’époque l’objet d’un embargo [SIPRI, 2010].
Conclusion : le poids de la Chine en Afrique
48 Nouvelle frontière de la Chine, l’Afrique est aussi un nouveau défi pour les autorités de Pékin. La Chine a sans conteste marqué des points en Afrique : elle y est devenue un facteur de développement indéniable et y a acquis une influence diplomatique sans précédent et de premier plan. Toutefois, elle est loin d’y être devenue un partenaire exclusif. Au contraire, l’irruption des entreprises chinoises a stimulé la concurrence entre grands groupes nationaux ou transnationaux, contraignant les Occidentaux à abandonner certains secteurs (routes) et à se concentrer sur ce qu’ils savent le mieux faire (haute technologie), ouvrant parallèlement la porte à d’autres pays émergents comme l’Inde ou le Brésil. Sur le plan diplomatique, il en est mutatis mutandis de même : la montée en influence de Pékin a contribué à élargir le jeu, permettant aux capitales africaines de négocier dans une position moins défavorable avec Washington, Bruxelles, Paris ou Londres, et de devenir plus actives [Vickers, 2013]. Ne faut-il pas s’en réjouir ?
49 Il est vrai que pour l’Europe et la France l’émergence de la Chine en Afrique constitue un nouveau défi, à la fois économique mais aussi politique, voire idéologique. Ainsi, ce que Paris a délégué à Bruxelles en matière de moyens de coopération ne s’est pas traduit par un supplément d’influence et encore moins de puissance européenne sur le « continent noir ». Au contraire, la baisse des financements français s’est accompagnée d’un recul de l’Europe [Chaponnière, 2013]. Et la montée de la Chine a affaibli le sens et la portée de nos discours sur la bonne gouvernance et les droits de l’homme.
50 Pour autant, il ne faut pas exagérer l’emprise de Pékin. Ainsi, en 2011, l’UE était encore le premier partenaire commercial de l’Afrique (20 % des échanges) devant la Chine (7 %), les États-Unis (7 %), l’Inde (3 %) et le Brésil (1,6 %). Et l’Afrique ne fait que 12,5 % de son commerce avec les BRIC. En outre, l’Afrique reste pour tous un terrain difficile et instable, fragmenté et asymétrique, et surtout pétri de traditions et d’influences structurantes, dont un grand nombre et non des moindres – par exemple la langue ou les institutions – remontent à la colonisation, autant de données qui sont appelées à maintenir un certain équilibre entre la Chine et les autres puissances présentes en Afrique. Le modèle chinois de développement autoritaire peut séduire certaines élites ou quelques pays africains. Mais il n’a pas le pouvoir de remettre en cause les traditions politiques qui s’y sont fait jour et ont dominé leur histoire. De même, la puissance douce (soft power) de la République populaire y rencontre d’évidentes limites : pour les besoins du commerce, la langue chinoise y est plus souvent apprise, mais les élites africaines continuent de porter leurs regards vers l’Europe ou les États-Unis, tant en matière de mode, de goûts, de biens culturels que d’habitudes de vie ou d’organisation politique de la vie de la cité... tout comme la Chine.
Bibliographie
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Directeur de recherche au CNRS ; professeur et directeur, département de science politique et d’études internationales, Université baptiste de Hong Kong ; chercheur associé à Asia Centre, Paris.
-
[2]
Connu sous son acronyme anglais de FOCAC (Forum on China-Africa Cooperation, zhongfei hezuo luntan), ces « conférences ministérielles » se réunissent alternativement en Chine et en Afrique : à Pékin en 2000, 2006 et 2012, à Addis-Abeba (Éthiopie) en 2006 et à Charm-el-Sheik (Égypte) en 2009. Le prochain sommet aura lieu en Afrique du Sud en 2015. Un nombre croissant de chefs d’État et de gouvernements africains y prennent part.
-
[3]
En 2013, la Chine avait trente instituts Confucius dans vingt-deux pays africains (<http://cimap.chinese.cn/>).
-
[4]
Cette section est en partie inspirée par Gabas et Chaponnière [2012].
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[5]
Nous utilisons ici les statistiques chinoises [National Bureau of Statistics of China, 2012].
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[6]
Le total des IDE chinois à l’étranger inclut un grand nombre d’investissements circulaires (qui reviennent en Chine), passant notamment par Hong Kong (62 % du stock fin 2011).
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[7]
Et le total de l’aide au développement (publique et privée) de la France s’élevait à 35 milliards de dollars en 2010, celle des États-Unis à 214 milliards de dollars (cf. <http://www.oecd.org/fr/cad/>).
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[8]
Au FOCAC de 2006, la Chine a aussi annoncé l’annulation de 1,4 milliard de dollars de dette.
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[9]
Estimé entre 250000 [Outre-terre, 2011, p. 414] et 450000 [Bodomo, 2012].
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[10]
En 2010, 81, 5 % des touristes chinois s’étaient rendus en Asie, 12 % en Europe, 3,2 % en Amérique et 1,9 % en Océanie selon la China National Tourism Association [Song, 2012].
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[11]
Par exemple, Huawei est le principal fournisseur de la Gambie en équipements de télécommunications.
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[12]
En 2012, devenue la première puissance commerciale de la planète, la Chine était le premier partenaire commercial de 124 pays, et les États-Unis de 76 pays seulement.
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[13]
Pour les années 2000-2012, 18,2 % des exportations chinoises d’armes étaient à destination de l’Afrique, soit 1866 millions de dollars constants 1990 et en valeurs tendancielles sur un montant total de ventes estimé à 10255 millions ; les principaux clients étaient pour cette période l’Égypte (421 millions), le Maroc (220 millions), la Namibie (207 millions), la Tanzanie (187 millions), le Soudan (185 millions), le Nigeria (156 millions), l’Algérie (116 millions), la Zambie (108 millions), le Ghana (83 millions) et le Zimbabwe (42 millions), <http://armstrade.sipri.org/armstrade/html/export_values.php>.
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[14]
Alex Vines, « Angola matters to the US. So what’s the problem ? », Chatham House, <http://www.chathamhouse.org/media/comment/view/191519>.
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[15]
Entendu pour la première fois à Djibouti en 2010.
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[16]
Notamment la mine de cuivre de Chambezi et la mine de charbon Collum à Sinazongwe. En février 2013, le gouvernement zambien décidait de reprendre l’exploitation de cette dernière.
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[17]
<http://www.pewglobal.org/database/>.
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[18]
« Africa must get real about its romance with China », Financial Times, 12 mars 2013, p. 1 et p. 9.
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[19]
Xinhua, 25 août 2012.
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[20]
Le Japon (120 millions), les États-Unis (96 millions) et l’Allemagne (20 millions) ont apporté une contribution qui représente près de la moitié de la somme réunie par l’UA (456 millions). L’UA aurait besoin au total de 950 millions de dollars pour cette opération (Africa Review, 30 janvier 2013).
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[21]
Djibouti, un temps envisagé, a été abandonné ; les Seychelles ont été évoquées en 2011- 2012 ; Mombasa ou Dar-es-Salam pourraient être des options plus crédibles.