Notes
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[*]
Docteur en géopolitique de l’université Paris-VIII et consultant, professeur à l’ESG-Paris, l’auteur enseigne les relations internationales à la prép-ENA de l’Institut d’études politiques de Rennes, et a publié notamment (avec F. Thual): Géopolitique d’Israël (Seuil, Paris, 2004) et (avec E. Keslassy, coll.) Comprendre le Proche-Orient, une nécessité pour la République (Bréal, Paris, 2005).
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[1]
On notera non seulement les analogies avec la lutte des catholiques nord-irlandais et celle des indépendantistes américains face à la Couronne, mais aussi et surtout la représentation toute sioniste de la fin de l’antisémitisme par la régénérescence nationale.
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[2]
Contrairement à une idée reçue, la puissance mandataire britannique revint rapidement sur ses promesses au mouvement sioniste exprimées par la déclaration Balfour de novembre 1917. Dès le début des années de son mandat, à partir de 1921, puis à chaque trouble entre Juifs et Arabes de Palestine, Londres limitera un peu plus les espoirs et prérogatives du Yishouv (foyer national juif), en particulier sur le plan de l’immigration et dans le domaine militaire. Ainsi en 1939, le troisième Livre blanc édicté par Londres limite de manière drastique le nombre de juifs autorisés à immigrer en Palestine, et cela alors que le nazisme s’abat sur l’Europe.
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[3]
Mahal est l’acronyme hébraïque de mitnadvei houtz laaretz, soit volontaires de l’étranger (et non pas étrangers). En dépit de ses faibles effectifs – 600 hommes et femmes au plus fort de la guerre, dont plusieurs dizaines de chrétiens –, ce groupe cohérent et composé de gens souvent très aguerris aura une influence non négligeable sur le cours des opérations, notamment en Galilée orientale et dans le Néguev.
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[4]
Sur ce personnage atypique, on lira avec profit le dossier « 1948 : Quand des Français combattaient pour Israël », L’Arche, n° 481, février 1998.
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[5]
Après la guerre d’Algérie, nombre de pieds-noirs rapatriés ainsi que des officiers français – tous chrétiens – exprimeront a contrario rancœur et hostilité à l’encontre des Arabes par un soutien affiché à un État d’Israël en guerre contre des Arabes. Une sorte de revanche par procuration.
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[6]
Sur ce credo prophétique et sa lecture politique contemporaine [Encel, 2002, p. 33-40].
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[7]
Peut-être est-il nécessaire de rappeler qu’entre 1956 et 1958, l’alliance politico-militaire entre la France et Israël atteignit une profondeur supérieure à celle existant en 2005 entre... les États-Unis et l’État hébreu.
1Depuis les années 1970-1980, la forte montée en nombre de fidèles et en puissance des Églises évangéliques aux États-Unis et dans le monde (déjà plus de 40 millions d’Américains s’affirmant appartenir à l’un des nombreux courants évangéliques) se traduit par un renforcement du soutien à Israël, y compris aux courants politiques sionistes-religieux et/ou nationalistes. Or, longtemps avant l’émergence de ce courant contemporain sur lequel on reviendra, des chrétiens européens (et dans une moindre mesure nord-américains), catholiques, anglicans ou protestants, avaient déjà soutenu – par leurs discours et écrits pour certains, dans l’action militaire pour d’autres – le sionisme politique puis la création de l’État juif moderne.
2Tout au long du XIXe siècle, des personnalités non juives commencent à évoquer un retour des Juifs, perçus comme un peuple, sur la terre biblique. Parmi ces personnages politiques de premier plan figurent Napoléon Bonaparte invitant, au cours de la campagne de Syrie de 1799, « cette nation unique que pendant des milliers d’années la tyrannie avait dépouillée de ses terres ancestrales mais non pas de son existence ni de son nom [...] à se rallier sous les drapeaux pour restaurer l’antique Jérusalem » (Proclamation du Mont Thabor, 3 prairial, an VII), puis Palmerston, Shatesbury ou encore Ernest Laharanne, secrétaire personnel et conseiller de Napoléon III. Des écrivains de l’époque romantique prônent aussi ce retour physique et politique, tels lord Byron, Laurence Oliphant, George Eliot ( Daniel Deronda, en 1876) et surtout Chateaubriand, lequel écrit dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem : « Quand on voit les juifs dispersés sur la Terre, selon la parole de Dieu, on est surpris sans doute; mais pour être frappé d’un étonnement surnaturel, il faut les retrouver à Jérusalem, il faut voir ces légitimes maîtres de la Judée esclaves et étrangers dans leur propre pays : il faut les voir attendant sous toutes les oppressions un roi qui doit les délivrer. » Après plusieurs décennies, les temps ont changé; le soutien provient surtout des États-Unis, et s’inscrit désormais dans le registre d’une lutte politique et militaire aiguë menée par les sionistes de Palestine contre la puissance mandataire britannique. Il ne s’agit plus de commisération ou de considérations romantiques à l’égard d’une population misérable, mais bien de support à l’usage de la force armée en vue de la création d’un État juif souverain. On notera ainsi parmi de nombreux autres appels d’organismes chrétiens celui du puissant Comité chrétien pour la Palestine, publié en 1947 à destination du président Truman et de l’opinion américaine, moins d’un an après la fin de la Shoah et à l’aube de décisions onusiennes capitales : « Les courageux hommes et femmes du mouvement de résistance en Palestine ne sont pas plus extrémistes que les colons américains qui menèrent la “partie de thé” de Boston ou les rebelles irlandais de 1920. Ces militants sont des héros de l’histoire de demain. En outre ils font plus que quiconque pour extirper l’antisémitisme en présentant le juif au monde chrétien comme un combattant pour la libération nationale. Nous soutenons respectueusement la résistance contre la tyrannie anglaise en Palestine dans le même esprit, et avec plus de force, dans les jours difficiles à venir. Nous sommes convaincus que les Américains, descendants des héros de 1776, soutiendront les patriotes juifs en Palestine pendant cette période critique » [Katz, 1968, p. 139 [1]].
Les armes à la main
3Mais cette évocation favorable et ces encouragements ne demeurent pas que discursifs ou théoriques. En Palestine mandataire britannique, au cours des années 1930-1940, soit de la révolte arabe à la guerre d’indépendance d’Israël (ou première guerre israélo-arabe), des chrétiens se battent, en tant que tels et les armes à la main, aux côtés des combattants sionistes. L’un d’eux, l’officier écossais Charles Orde Wingate (né en Inde en 1903), mène une action militaire qui s’avérera décisive. Entre juin et octobre 1938, il reçoit l’ordre d’entraîner de jeunes recrues pour des missions de surveillance nocturne du pipe-line de l’Irak Petroleum Company courant de l’Irak à Haïfa [Bar-Zvi, 1987]. Or, chrétien fervent dévoué à l’idéal sioniste, bon connaisseur du Premier Testament et hébraïsant par conviction, Wingate parvient à convaincre le général britannique Wavel, alors commandant en chef de l’armée de Sa Majesté en Palestine, d’enrôler des juifs du Yichouv. Dès lors, Wingate va prodiguer à une centaine de ces recrues largement inexpérimentées un enseignement militaire tactique (maniement des armes, techniques d’assaut et de camouflage, corps à corps, combats nocturnes) de haut niveau, exigeant d’eux une discipline et une endurance dont ils étaient à peu près dépourvus, tout en les instruisant sur le déroulement de batailles antiques menées par des chefs et des rois hébreux ! On retrouvera nombre de ces « soldats » de la Haganah non seulement dans les unités d’élite de Tsahal lors de la guerre de 1948-1949, mais aussi et surtout à sa tête : Yaakov Dori sera ainsi le premier chef d’étatmajor, et Moshé Dayan deviendra chef d’état-major (à l’époque de Suez, en 1956) puis ministre de la Défense durant les guerres des Six-Jours de 1967 et du Kippour de 1973. Outrepassant ses prérogatives à une époque où Londres continue à durcir considérablement sa politique envers le mouvement sioniste, Wingate est muté en Éthiopie en 1939. Il mourra cinq ans plus tard en Birmanie, lors d’un bombardement japonais. En moins d’une année, il aura néanmoins contribué à forger l’ossature de la future armée israélienne, notamment à travers sa Special Night Squad, redoutable unité de contre-guérilla [2]. Après son départ, il recevra par contumace de la Haganah le surnom valorisant de HaYedid, l’ami.
4D’autres chrétiens, après la Seconde Guerre mondiale cette fois, participent militairement à la guerre d’indépendance d’Israël, se disant animés par la défense de la cause sioniste au nom de valeurs chrétiennes. Si le protestant helvétique Maurice Muhlethaler, qui, soucieux de « partager le sort des Juifs », fut l’un des responsables des transfusions sanguines en 1948 puis cofondateur de la Banque israélienne du sang, ne fut pas militaire durant la Seconde Guerre mondiale, tous les autres y participèrent directement. On doit notamment évoquer le Français Thadée Diffre, lui aussi chrétien fervent, dont le rôle sera majeur dès 1948-1949. Engagé au sein du Mahal, un groupe militaire constitué exclusivement d’étrangers, il se dit profondément marqué par le génocide juif, et manifeste son souhait de contribuer à en éviter un autre, en Palestine cette fois [3]. Diffre, administrateur des Colonies avant la Seconde Guerre mondiale, avait rejoint la France libre dès 1940. Capitaine de la 2e DB durant la guerre, il sera fait compagnon de la Libération puis deviendra chef de cabinet de René Pleven avant de conseiller officiellement le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Il mourra en France, le 30 décembre 1971, dans un accident de la route. Lors du déclenchement de la première guerre israélo-arabe de 1948, il fonde une unité d’élite dont il prend la tête, le Commando français (HaCommando Hatsarfati), laquelle unité s’illustrera en pénétrant la première dans Beersheva, point hautement stratégique car unique ville du Néguev, à l’automne 1948. (Le Commando connaîtra en outre une âpre bataille à Hashanim, au Néguev encore, contre l’armée égyptienne, en parvenant à conserver une colline au prix de 9 tués et 24 blessés sur un affectif total de 58 hommes.) Un mémorial sera bâti sur place à la mémoire de Thadée Diffre et deses hommes, le 7 septembre 1995 [4].
5Plusieurs autres chrétiens fervents, des personnages plus ou moins hauts en couleur, participeront directement à l’effort de guerre sioniste et israélien à cette époque, généralement au sein du Mahal. Il convient notamment de mentionner le Britannique anglican David Apple (Thomas Derek Bodwen de son vrai nom), officier parachutiste ayant combattu à Arnheim, mais démissionnaire car révolté par le sort subi à ses yeux par le peuple juif en Palestine sous mandat anglais; l’Américain Larry Grall (qui tombera en Corée par la suite); le Canadien Beurling dit « Buzz », as des as canadiens de la Seconde Guerre mondiale (avec trente et une victoires), mort accidentellement à Rome dans un avion chargé de matériels àdestination d’Israël; ou encore le Français Roger Tourièse, tué près de Jérusalem au printemps 1948 au cours des combats menés par les forces sionistes pour conserver la ville. Ce dernier sera enterré dignement au cimetière militaire du mont Carmel, à Haïfa.
6On connaît moins bien le parcours religieux, idéologique et militaire des autres combattants chrétiens sionistes; en revanche, un trait commun se dégage très manifestement : une authentique foi chrétienne comme variable primordiale de la prise de décision consistant à aller combattre en faveur d’un État-nation juif, au péril de sa vie. N’apparaissent en effet chez ces soldats nulle trace de démarche en vue d’une conversion au judaïsme, aucun mariage avec une femme juive en Israël, et pas davantage de haine antiarabe ou antimusulmane [5]. Assumant pleinement leur foi, plusieurs de ces soldats manifestaient leur souhait d’arborer une croix ou d’emporter une Bible en montant au front, traduction d’une démarche globale bel et bien frappée au coin d’une certaine identité chrétienne.
Corpus évangélique
7Faisant une lecture événementielle, politique et prédictive du Premier Testament, et tout particulièrement des grands Prophètes (Esaïe, Jérémie et Ézechiel notamment), les évangélistes inscrivent les Juifs en tant que peuple dans un schéma eschatologique lié à la Parousie, le retour du Christ-Roi, et à l’avènement des temps messianiques qu’il s’agit de hâter en encourageant le retour en Terre sainte de tous les « fils de Dieu » exilés [6].
8Cette manière de sionisme chrétien ne consiste donc évidemment pas à s’installer en Israël, mais bien à aider des Juifs à le faire et/ou à y rester. Ainsi entre 1994 et 2002, l’un des plus puissants mouvements sionistes chrétiens américains, la Fraternité internationale des Chrétiens et des Juifs (International Fellowship of Christians and Jews, fondée en 1983), a récolté presque 65 millions de dollars au profit de l’immigration juive en Israël, tandis qu’une autre congrégation très active baptisée Christians for Israel/USA a financé depuis 1991 l’émigration vers Israël (l’aliya) de 65 000 juifs d’ex-Union soviétique. D’autres groupes, comme l’Ambassade chrétienne à Jérusalem – qui compte de fortes ramifications en Europe, y compris en France – ou le First Pentecostal Tabernacle, mènent des actions plus portées sur le social et la communication, mais dans une perspective et à la faveur d’un objectif similaire : renforcer sur place le peuple qui, une fois son unité retrouvée, reconnaîtra Jésus comme le Messie, sauvant par là même les chrétiens incrédules.
9Ce militantisme débridé et ostensible gêne parfois considérablement les organisations juives américaines pro-israéliennes telles que l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), lesquelles constituent ce qu’on nomme à juste titre le lobby juif. En recherche constante de bonne lisibilité, elles se trouvent en effet en porte à faux sur certains sujets politiques sensibles; majoritairement situés à gauche des échiquiers politiques américain et, dans une moindre mesure, israélien, elles ont globalement soutenu les différents processus de pourparlers engagés avec l’Autorité palestinienne : conférence de Madrid ( 1991), accords intérimaires d’Oslo ( 1993-2000), feuille de route depuis 2003. Or les groupes sionistes chrétiens incarnent souvent un soutien déclaré à la droite nationaliste israélienne. Récemment, plusieurs centaines d’Américains sont ainsi partis à Gaza soutenir les implantations du Goush Katif avant leur expulsion par Tsahal, des milliers d’autres protestant depuis les États-Unis contre la « trahison » d’Ariel Sharon.
10En outre, les organisations juives américains redoutent une sorte de concurrence politique; ne perdraient-elles pas leur influence si, à moyen terme, les chapelles sionistes chrétiennes – plus royalistes que le roi sur les questions israéliennes et attirant ainsi une part substantielle de l’opinion juive américaine – venaient à peser financièrement davantage qu’elles ? Pourquoi les futurs candidats à la Chambre des représentants, au Sénat et à la Maison-Blanche continueraient-ils à afficher une telle sollicitude ? Ce problème de représentativité et, finalement, de poids politique se posera vraisemblablement dans les prochaines années.
11Pour leur part, les Premiers ministres israéliens successifs ont accueilli très favorablement cette évolution; chaque année, par exemple, se tient à Jérusalem une réunion mondiale de l’Ambassade chrétienne éponyme, reconnue officiellement et dont les leaders font l’objet d’une grande attention de la part des dirigeants israéliens. L’ancien Premier ministre Likoud et fervent admirateur des États-Unis, Benyamin Netanyahou (du reste détenteur de la double nationalité), ainsi que l’actuel chef du gouvernement, Ariel Sharon, comptent parmi les principaux amis du sionisme chrétien. Dans les deux cas, on aurait tort d’incriminer un niveau de foi ou de pratique religieuse élevé; il s’agit prosaïquement de capter tous les soutiens extérieurs d’une ligne politique plus ou moins nationaliste et, surtout, d’un sionisme très actif au plan à la fois de l’idéologie et de l’immigration.
12Côté américain, il convient d’indiquer que si l’influence de ce courant évangélique prosioniste, d’origine essentiellement protestante américaine mais diffusant sans cesse davantage dans les populations catholiques d’Amérique du Sud et d’Afrique noire, a connu un accroissement déterminant depuis deux décennies, c’est aussi parce que trois présidents américains en ont été ou en sont soit l’allié idéologique, soit un participant actif. Ainsi l’observant (non évangélique) Ronald Reagan ( 1980-1988), le baptiste tempéré Bill Clinton ( 1992-2000), et surtout le méthodiste born again George W. Bush ( 2000-), s’inscrivent, dans des registres et sur des modes opératoires différents, sur ce principe : non plus seulement soutenir avec ferveur, en tant que président américain, un État allié intéressant en vertu de critères géostratégiques traditionnels, mais aussi, en tant que chrétien, un mouvement historique juif global dont l’État hébreu n’est au fond que le fruit politique et institutionnel. Notons toutefois que jusqu’à présent, y compris sous l’égide du fervent pro-israélien Walker Bush, aucune administration américaine n’a délibérément sacrifié de réels acquis géopolitiques sur l’autel du soutien à Israël : maintien des ventes d’armes lourdes à différents régimes arabes du front du refus; exigences diplomatiques et stratégiques répétées vis-à-vis des gouvernements israéliens (ventes d’armes à la Chine); vetos présidentiels sur le transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem (votée par le Sénat en 1995); rejet systématique de toute grâce présidentielle à l’espion israélien Jonathan Pollard, etc. : un certain pragmatisme l’emporte toujours sur les représentations évangéliques, et il faut éviter de fantasmer sur des relations bilatérales certes excellentes – notamment du fait de ce prosionisme chrétien – mais ni fusionnelles ni inconditionnelles [7].
13Cela dit, il semble qu’à moyen terme, si la montée en puissance de l’évangélisme américain devait se maintenir à ce niveau quantitatif et qualitatif de progression, le lobby juif américain se verrait dépassé en termes d’influence et, plus globalement, la nature de la relation privilégiée avec Israël se trouverait durablement modifiée.
Bibliographie
Bibliographie
- BAR-ZVI Michaël (Herszlikowicz), Histoire de l’Irgoun, Périple, 1987.
- ENCEL Frédéric, « Guerre israélo-palestinienne, d’encombrants renforts religieux au profit des belligérants », Hérodote, n° 106,2002.
- KATZ Samuel, Days of Fire, Doubleday, New York, 1968.
Notes
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[*]
Docteur en géopolitique de l’université Paris-VIII et consultant, professeur à l’ESG-Paris, l’auteur enseigne les relations internationales à la prép-ENA de l’Institut d’études politiques de Rennes, et a publié notamment (avec F. Thual): Géopolitique d’Israël (Seuil, Paris, 2004) et (avec E. Keslassy, coll.) Comprendre le Proche-Orient, une nécessité pour la République (Bréal, Paris, 2005).
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On notera non seulement les analogies avec la lutte des catholiques nord-irlandais et celle des indépendantistes américains face à la Couronne, mais aussi et surtout la représentation toute sioniste de la fin de l’antisémitisme par la régénérescence nationale.
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[2]
Contrairement à une idée reçue, la puissance mandataire britannique revint rapidement sur ses promesses au mouvement sioniste exprimées par la déclaration Balfour de novembre 1917. Dès le début des années de son mandat, à partir de 1921, puis à chaque trouble entre Juifs et Arabes de Palestine, Londres limitera un peu plus les espoirs et prérogatives du Yishouv (foyer national juif), en particulier sur le plan de l’immigration et dans le domaine militaire. Ainsi en 1939, le troisième Livre blanc édicté par Londres limite de manière drastique le nombre de juifs autorisés à immigrer en Palestine, et cela alors que le nazisme s’abat sur l’Europe.
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[3]
Mahal est l’acronyme hébraïque de mitnadvei houtz laaretz, soit volontaires de l’étranger (et non pas étrangers). En dépit de ses faibles effectifs – 600 hommes et femmes au plus fort de la guerre, dont plusieurs dizaines de chrétiens –, ce groupe cohérent et composé de gens souvent très aguerris aura une influence non négligeable sur le cours des opérations, notamment en Galilée orientale et dans le Néguev.
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[4]
Sur ce personnage atypique, on lira avec profit le dossier « 1948 : Quand des Français combattaient pour Israël », L’Arche, n° 481, février 1998.
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[5]
Après la guerre d’Algérie, nombre de pieds-noirs rapatriés ainsi que des officiers français – tous chrétiens – exprimeront a contrario rancœur et hostilité à l’encontre des Arabes par un soutien affiché à un État d’Israël en guerre contre des Arabes. Une sorte de revanche par procuration.
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[6]
Sur ce credo prophétique et sa lecture politique contemporaine [Encel, 2002, p. 33-40].
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Peut-être est-il nécessaire de rappeler qu’entre 1956 et 1958, l’alliance politico-militaire entre la France et Israël atteignit une profondeur supérieure à celle existant en 2005 entre... les États-Unis et l’État hébreu.