En juin 1999, la déclaration de Bologne engageait un processus global d’harmonisation
de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne. Après avoir touché le monde
universitaire, cette normalisation à grande échelle s’applique à présent aux formations
supérieures du domaine de la création et des activités artistiques.
À l’aide d’exemples précis, les textes ici réunis montrent les effets de ce processus sur
ces cursus, particulièrement à travers la question centrale d’une définition « académique »
de la recherche, inconnue jusqu’alors dans les domaines des formations artistiques (arts
plastiques, design, danse, musique, théâtre, cinéma).
Les témoignages et analyses font ressortir les difficultés d’une stricte indexation de
la recherche en matière de création sur les modèles qui dominent l’espace épistémologique
de l’enseignement supérieur. Des dispositifs de recherche inédits se révèlent alors et affirment
leurs différences.
De ces réflexions émergent les éléments critiques d’une résistance active à un
impératif d’uniformisation considéré comme négatif pour l’identité même de ces lieux de
transmission. Cela ouvre sur les questions, fondamentales dans ces formations, de pluridisciplinarité
et d’interdisciplinarité.
Critiquer les procédures de standardisation, proposer de nouvelles formes collectives
de recherche en art(s), avec ou sans l’Université, faire l’effort de la clarification des
concepts, c’est aussi préserver des espaces de négociation et d’altérité au coeur d’un modèle
de communication.
Franck Renucci et Jean-Marc Réol