1 Le sommeil est un état particulier du système nerveux central, alternant chez l’Homme de manière cyclique avec l’éveil. Si le sommeil présente des caractéristiques comportementales telles que l’immobilité physique, une posture stéréotypée, un seuil élevé de réponse aux stimuli et une réversibilité rapide, les états de veille et de sommeil sont définis au mieux par l’aspect de 3 types de signaux : l’électroencéphalogramme (EEG), l’électro-oculogramme (EOG) et l’électromyogramme (EMG). L’analyse de ces 3 signaux permet de distinguer le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal, qui alternent au cours d’une nuit et s’accompagnent de modifications physiologiques notamment respiratoires. Chez un adulte sain, on observe chaque nuit environ 60 % de sommeil lent léger, 20 % de sommeil lent profond et 20 % de sommeil paradoxal. En dépit de l’absence apparente de conscience du dormeur, l’activité mentale persiste au cours de la nuit (rêves, cauchemars, hallucinations…). La durée de sommeil optimale est propre à chaque individu et varie avec l’âge. Elle se distribue selon une courbe de Gauss, avec une durée moyenne entre 7 h 30 et 8 h 30 par nuit pour la majorité des adultes, avec environ 5 % de la population constituée de courts dormeurs et 5 % de longs dormeurs.
2 La régulation de l’éveil est un phénomène complexe, mettant en jeu des structures multiples et redondantes. Ces structures sont disposées en réseaux, activés par des stimulations externes et internes. L’alternance veille-sommeil s’acquiert progressivement après la naissance, résultant de deux phénomènes : l’homéostasie du sommeil ou la pression de sommeil (une diminution du temps de sommeil augmente la propension à s’endormir et inversement, un excès de sommeil gêne l’endormissement) et le rythme circadien du sommeil, sous la dépendance d’une horloge biologique, avec une synchronisation par des facteurs externes. Chez l’Homme adulte, la combinaison de ces deux processus conduit à un sommeil nocturne monophasique, dont les horaires peuvent néanmoins varier en fonction du chronotype de l’individu.
3 Le sommeil affecte toutes les fonctions de l’organisme, différemment selon le stade de sommeil. La respiration est sans doute la fonction la plus impactée par les changements physiologiques de l’état de vigilance.
4 Les explorations du sommeil ont vu le jour au début du XXe siècle et n’ont cessé de gagner en sophistication, fiabilité et portabilité, permettant à la médecine du sommeil de se développer et de gagner ses lettres de noblesse, en établissant des critères diagnostiques et des règles de prise en charge thérapeutique pour les nombreux troubles du sommeil et de la vigilance. Enfin, grâce à la recherche translationnelle, les fonctions du sommeil sont mises en évidence une à une : diminution de la pression de sommeil pour s’assurer d’une vigilance diurne optimale, récupération de la fatigue physique et psychique, synthèse protéique, réparation des tissus et des cellules, maturation du système nerveux, sécrétions hormonales, mémorisation, renforcement du système immunitaire, élimination des toxines et des déchets de l’espace intercellulaire du système nerveux central… sans parler des multiples théories sur la fonction du rêve.