Un bunker sans fenêtre rempli de consoles clignotantes, de fauteuils pivotants, d’hommes en manches courtes, micro-casque vissé sur la tête, relayant nonchalamment les informations de « Houston » vers l’espace : l’imagerie aérospatiale est bien ancrée dans l’imaginaire collectif.
Récemment, cette image d’Épinal des salles de contrôle a envahi la sphère publique. « C’est la NASA à Copacabana », commentait le New York Times en 2012, saluant le Centre d’Opérations urbaines de Rio de Janeiro comme une « expérience potentiellement lucrative qui pourrait façonner l’avenir des villes du monde entier ». L’article est illustré par une photographie d’un cadre d’IBM devant un mur, apparemment sans fin, d’écrans projetant des données provenant de 30 services de la ville, notamment des vidéos issues du réseau de transport en commun, des modèles de précipitations, des statistiques sur la criminalité, sur les accidents de voiture, les pannes de courant, etc.
Ces salles de contrôle futuristes ont proliféré dans des dizaines de villes à travers le monde. Baltimore a sa CitiStat Room, où les directeurs de service se tiennent sur un podium devant un mur d’écrans rendant compte des performances de leurs équipes. Le bureau du maire de Londres dispose d’un ensemble de 4×3 iPads montés sur un panneau de bois, qui semble être une version presque parodique, à la Terry Gilliam, du centre d’opérations brésilien. De son côté, le Premier ministre britannique David Cameron a commandé une application mobile — le « No…